Du luxe de la Pléiade au papier-chiottes des Beaux draps, les œuvres de Louis-Ferdinand Céline subissent un double traitement. Comment concilier l’écrivain, génial dit-on, et le pamphlétaire infâme ? Plutôt que se voiler pieusement les yeux en ne contemplant que le cuir et l’or fin des cinq Pléiades, révérant l’audace du style aux accents populaciers, faut-il en découvrir la chassie en exhumant, voire en publiant de nouveau, les pamphlets céliniens, affreusement antisémites ? Bagatelles pour un massacre en 1937, L’Ecole des cadavres en 1938, Les Beaux draps en 1941, autant d’ordures haineuses en ce triptyque d’un Auschwitz langagier. Il suffira de confronter Le Voyage au bout de la nuit et Les Beaux drapspour que dans l’indignité du génie soit avéré le voyage au bout des pamphlets antisémites…
La question revint, plus virulente que jamais, à l’occasion de l’indignation de Serge Klarsfeld et de son association, les « Fils et Filles de Déportés Juifs de France », qui se sont vigoureusement élevés à l’encontre de l’inclusion de Louis-Ferdinand Céline dans les Célébrations nationales 2011. L’insulteur de « youpins », l’antisémite professionnel et éructeur, qui par trois fois a publié les volumes les plus haineux envers les Juifs, qui plus est en 1937, quatre ans après la prise du pouvoir par Hitler pour Bagatelles pour un massacre, puis en 1938, année de la Nuit de Cristal pour L’École des cadavres, enfin en 1941, pendant la collaboration, au moment où fleurissent les étoiles jaunes et les listes qui vont bientôt nourrir les Auschwitz où les enfants auront « une tombe au creux des nuages[1] », pour Les Beaux draps. La décision du Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a, provisoirement, en écartant le fauteur de trouble et en lui préférant une année Liszt, apaisé la polémique. Car c’est sans compter que bientôt se pose la question de l’accession des œuvres, donc des trois pamphlets, de notre Louis-Ferdinand (« Quel beau bébé ! » disait sûrement sa maman) au domaine public, sinon dès l’autorisation de l’ayant-droit, Lucette Destouches, épouse Céline, pour ne pas la nommer…
Écartons tout de suite la grotesque accusation de « censure » émanant de quelques moralistes spécieux. Qu’ils ouvrent le dictionnaire, ils verront alors qu’effacer un écrivain d’une célébration des gloires littéraires de la France n’a rien à voir avec l’interdiction de publication, avec les ciseaux qui font les pages blanches, avec l’autodafé. Que l’on sache, Céline reste disponible en librairie, étudié en classe de lycée sans que l’on y voie malice. Reste que l’on pourrait parler de semi-censure lorsque les ayant-droits bloquent la réédition des dits pamphlets, même si des publications pirates ont alimenté les fonds de trésorerie des bouquinistes et la gourmandise suspecte des célinolâtres, en particulier avec le soin douteux d’un éditeur canadien qui arbore sa mauvaise foi en titrant Ecrits polémiques,[2] au lieu de pamphlets antisémites.
Plutôt que l’interdiction, mieux vaut, en conformité avec le « Sapere aude » (Ose savoir) de Kant[3], la connaissance, la libre circulation de ce qu’il faut, à l’instar de Mein Kampf, appeler des documents littéraires et historiques, y compris lorsqu’ils furent d’incomparables fauteurs d’abominations. Interdire sent trop son moralisme imbu de lui-même, voire un aveu d’incapacité à réfuter par une argumentation claire et appuyée sur des valeurs morales judicieuses. Qu’importe d’ailleurs que la France dise qui sont les grands écrivains de son patrimoine, il est à craindre, qu’à travers ses représentants politiques, elle ne soit pas plus capable de sanctifier ses génies que le Prix Nobel qui, s’il glisse en son catalogue des noms aussi solides que Thomas Mann ou Mario Vargas Llosa, n’a pas su y faire figurer, excusez du peu, un Jorge Luis Borges. Qu’importe qu’un grand éditeur français, on devine Gallimard, envisage de rééditer ces pamphlets, ce ne sera pas donner caution au furieux antisémitisme célinien, mais présenter la vérité, qui ne persuadera que les déjà persuadés de la malfaisance universelle juive, délirants chroniques, qu’ils soient d’extrême droite fascisante, d’extrême gauche anticapitaliste ou islamistes théocratiques.
Imaginez qu’un Prix Nobel de littérature -ou de la Paix, on n’est à l’abri de rien- appelé Louis-Ferdinand Destouches ait écrit les phrases suivantes : « La présence des Allemands les vexe ? Et la présence des juifs alors ? […] Paris, la France, plus que jamais livrés aux maçons et aux juifs plus insolents que jamais. […] Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le destin s’accomplit[4] ». Que les célinolâtres apprécient à leur juste délicatesse les propos de leur maître à penser dans Les Beaux draps…
Reprenons une cuillère à café, plus infecte que l’huile de foie de morue, des Beaux draps, cet opus rapidement illisible tellement la tartine de fiel est sans cesse jetée à la face du lecteur sans guère de cohérence argumentative ni plan : « Ils se doutent pas les Français comment ça se présente l’Amérique. Ils se font des illusions. 40 millions de blancs bien ivrognes, sous commandement juif, parfaitement dégénérés, d’âme tout au moins, effroyables, et puis 300 millions de métis, en grande partie négroïdes, qui ne demandent qu’à tout abolir. Plus la haine des Jaunes ! On n’a qu’un tout petit peu ouvrir les portes de la Catastrophe vous allez voir cette Corrida[5] ». Ou « Le petit juif s’il en boit ! Il se tient plus de violente extase, il en part tout seul dans son froc ![6] » Ou encore : « Le juif il veut bien tout ce qu’on veut, toujours d’accord avec vous, à une condition : Que ce soit toujours lui qui commande […] C’est un mimétique, un putain, il serait dissout depuis longtemps à force de passer dans les autres, s’il avait pas l’avidité, mais son avidité le sauve, il a fatigué toutes les races, tous les hommes […] il veut nos os, nos tripes en bigoudis pour installer au Sabbat, pour pavoiser au Carnaval. Il est fol à lier complètement, c’est qu’un absurde sale con, un faux sapajou hystérique, un imposteur de ménagerie, un emmerdant trémousseux, crochu hybridon à complots[7]. »
Suffit ! L’on a reconnu tous les clichés absurdes attachés aux Juifs, basses grossièretés, infâmes et grotesques propos qui pourraient d’ailleurs aujourd’hui tomber sous les coups de la loi. Au-delà de l’indignation, réfutons cette boue au moyen d’arguments : les Juifs ne sont pas des fauteurs de guerre et de génocides, ils ont su édifier un Etat qui est parmi les plus démocratiques et libéraux du monde[8], et sont d'une efficacité intellectuelle, scientifique et technologique remarquable.Tirons donc la chasse sur un tel papier célinien indigne d’approcher les toilettes du lecteur… Dans sa verve pamphlétaire, Léon Bloy[9] écrit mille fois mieux.
Photo : T. Guinhut.
Justement, Céline est-il un génie ? Indubitablement, un souffle, un rythme nulle part ailleurs lisible, emportent son lecteur dès Le Voyage au bout de la nuit jusqu’en D’un château l’autre, deux points d’orgue pour deux guerres mondiales vécues comme deuxfuites… Cette pétarade linguistique hachée, ces points d’exclamation à la décarrade, ces points de suspension saupoudrés à la régalade en font une voix éminemment reconnaissable. Un style donc. Quoique vite fatiguant, systématique, de Nord à Rigodon… Ajoutez à cela l’utilisation virtuose du langage populaire et de l’argot, le tableau des petites gens et de leurs souffrances, dont la dimension sociologique est indubitable, les portraits grinçants, la satire des puissants, l’épopée dérisoire de la fuite du collaborateur à travers l’Allemagne déchue… Au style s’ajoute alors l’ampleur du propos, ce qui devrait suffire à le placer parmi ses pairs, qu’ils se nomment Proust ou Joyce.
Hélas, force est de constater que le fiel antisémite délirant ne trouve pas sa source dans les seuls pamphlets incriminés. Relisant le Voyage au bout de la nuit, et si l’on veut bien ôter ses œillères idéologiques, on aperçoit la cohérence haineuse qui lie comme un sale mortier l’œuvre toute entière. On veut bien que Bardamu, le narrateur, crache le venin de son ressentiment contre les gradés et la hiérarchie militaire qui ont conduit la première guerre mondiale. Mais, chez Céline, tout est ressentiment. Même les pauvres sont des infâmes, veules, et la mort ignoble de Robinson n’est que le fin du fin de la déconfiture générale de l’humanité. On veut bien encore que son antinationalisme et son anticolonialisme soient tout à fait judicieux, même s’il est à craindre qu’emporté par l’élan de son dégout généralisé, à l’évidence de l’ordre d’une burtonienne[10], sinon psychiatrique, mélancolie, il aille jusqu’à jeter le bébé avec l’eau du bain ; son sens des nuances n’imaginant pas un instant que le nationalisme et le colonialisme, malgré leurs excès rédhibitoires, puissent être jugés dans une démarche un peu plus dialectique. Quant à son anticapitalisme (« le juif il est Rothschild[11]», dit Les Beaux draps) n’est-il pas pétri jusqu’à la moelle d’antiaméricanisme éhonté, comme il était de mode (et comme il l’est toujours) ; n’est-il pas cohérent avec la haine des banquiers juifs qui ont contribué à l’expansion économique des États-Unis, voire de l’Occident ? « Quand les fidèles entrent dans leur Banque, faut pas croire qu’ils peuvent se servir comme ça selon leur caprice. Pas du tout. Ils parlent à Dollar en lui murmurant des choses à travers un petit grillage, ils se confessent quoi[12] », dit Le Voyage au bout de la nuit. On appréciera l’ironie à sa juste valeur, sachant de plus que le lieu suivant, au cœur de cette découverte de Manhattan, est celui des toilettes publiques : « les hommes déboutonnés au milieu de leurs odeurs et bien cramoisis à pousser leurs sales affaires devant tout le monde, avec des bruits barbares[13] ». Il est bien évident que ces deux temples sont le reflet l’un de l’autre. En dépit de la satire plus que talentueuse, de l’humour ploutocratique et scatologique qui sont du meilleur Céline, on ne peut que constater que tout ceci « dut s’ajouter si possible à (s)on marasme[14] », que « sortir dans la rue, ce petit suicide[15] » est une variante de son credo : « La vérité de ce monde, c’est la mort[16] ». Ce qui est cohérent avec le « On n’échappe pas au commerce américain[17] ». Quand on sait que le commerce est ce qui a permis l’accession d’une bonne partie de l’humanité à l’aisance et à la culture (pensons à la lettre « Sur le commerce » de Voltaire[18]), merci Céline !
De même, son anarchisme, sa désobéissance perpétuelle, ne sont-ils pas le masque de sa veulerie, de son incapacité viscérale à contribuer au développement de l’humanité, malgré son hypocrite profession de médecin des pauvres, lui qui gérait si bien le magot de ses droits d’auteur ? Ce que confirme André Rossel-Kirschen [19], qui montre que son antisémitisme était moins sincère qu’opportuniste. Son anti-idéalisme, s’il est légitime de résister aux sirènes de l’idéalisation, son nihilisme enfin, ne sont-ils pas la marque de son incapacité à respecter l’élan vers le meilleur qui doit caractériser l’humanité ?
L’écrivain, en effet, comme tout artiste, n’a-t-il pas quelque part pour mission et fin la vertu, y compris par le biais de la satire ? Qu’il présente des personnages infects, de splendides Satan ou de pleutres médiocres, une dimension morale doit se profiler. Qu’il ne s’agisse pas d’une morale rassie et corsetée va de soi, mais de celle qui choisit les libertés et la justice, la tolérance et le travail créateur, toutes valeurs éminemment préférables à l’immoralité foncière de la haine, des fanatismes et de l’antisémitisme militant, acharné et pour le moins complice, sinon propagandiste de la Shoah. Ce qui reste, hélas, d’actualité, lorsque des incendiaires spirituels clament au Moyen-Orient que le seul défaut d’Hitler fut de ne pas avoir terminé le travail… Nous aurons donc du mal à célébrer les vertus autres que stylistiques du fresquiste des mœurs de son temps que fut l’auteur de Mort à Crédit. « Car rien n’est plus aimable que la vertu, rien n’inspire autant d’attachement », disait Cicéron[20].
En ce sens il est légitime de penser que l’œuvre romanesque et celle pamphlétaire de Céline sont les deux mailles d’un même filet. La haine contre celui qui a réussi, contre le pouvoir - qu’il soit justifié ou non - contre les riches et les puissants trouve son exutoire naturel vers un bouc émissaire éminemment partagé à l’époque par un large consensus (et encore aujourd’hui où le mythe palestinien fascine) : le Juif. Ce qui n’est pas contradictoire avec l’admiration pour ce régime nazi qui sut imprimer à Céline, à celui qui au fond est un faible, l’admiration pour la force. Certes, il serait abusif de confondre l’homme Céline et ses personnages, mais quand l’homme est pire que ses personnages, que dire ? À moins d’imaginer que l’abjection des personnages céliniens puisse être un abaissement volontaire qui jouerait le rôle de la contrition… Sauf que le monde de Céline est un monde sans Dieu ni grâce.
Nous ne signifierons pas qu’il ne faut pas lire Céline, au contraire. Mais avec discernement. Jamais il n’a été un humaniste, un homme des Lumières, et quels que soient ses talents stylistiques et esthétiques, ils restent entachés par une éthique désastreuse. Hélas, l’esprit critique à l’encontre de Céline est trop souvent ressenti comme un crime de lèse-majesté par ses inconditionnels. Le génie du style ne protège pas de la bêtise, ni l’ampleur romanesque de la haine humaine, trop humaine… Ce n’est pas seulement en écrivant Les Beaux draps que Céline s’est mis dans de sales draps : qu’il y reste, même sous le suaire puant des rééditions des pamphlets.
Je tiens à vous remercier de cette analyse qui pose les problèmes éthiques dans l'oeuvre de Céline. Oeuvre est sans doute un grand mot mais certains le lui accordent. Je partage avec vous cette nécessité de connaitre l'ensemble des écrits pour pouvoir justement les comprendre. Il ne pourra pas ainsi être dit que Céline n'a pas écrit des horreurs immondes et nauséabondes. Que les enseignants qui font étudier Voyage au bout de la nuit, n'hésitent pas à citer quelques passages de Les beaux draps . Et qu'ils accompagnent cette étude d'analyses historiques et morales.
Merci beaucoup de votre lecture et de votre mise au point, Velado, que je partage. Permettez-moi de vous suggérer de lire mon plus récent article sur "Guerre" de Céline : http://www.thierry-guinhut-litteratures.com/2022/05/guerre-a-celine-ou-l-expressionnisme-vainqueur.html<br />
<br />
Cordialement<br />
Thierry Guinhut
P
Professeur Y
28/06/2020 20:48
Céline continue d’interroger; il le mérite. <br />
La question de savoir s’il faut rééditer les pamphlets ne me semble se poser que si l’on acceptait ce faisant de les intégrer à l’œuvre entière. Or les pamphlets sont singuliers au-delà de leurs (penibles) éructations : écrits en quelques semaines quand il fallait des années à Céline pour achever un roman, ils ont aussi une forme de fluidité - de logorrhée - qui les différencie des romans.<br />
Non que Céline fût schizophrène : on retrouve effectivement dans Mort à Crédit l’obsession de la corruption (des Pereires étant la collusion entre l’enfer du progrès mécanisé et le Capital des frères dont il porte le nom...), la ruine des boutiquiers par les grands magasins; l’esprit comploteur du conteur celte (le début du roman est à cet égard très étrange)....<br />
Ayant dit tout cela, et sachant que les complotistes et antisemites de tout acabit trouvent déjà sur internet de quoi satisfaire leurs sottes lubies, on voit mal ce qui empêche de rééditer les pamphlets avec un appareil critique adapté.<br />
Il se pourrait même que cela constitue une salutaire mise en garde contre ceux qui ont trop écouté la petite musique victimaire que Céline a entonné dans les entretiens accordés à la fin de sa vie. Et qui, pour le coup, laissent un authentique sentiment de malaise tant l’intéressé ignore ce que furent les persécutions antisemites en Europe et leur horrible conclusion a Auschwitz, Maidanek... que Céline, qui a été traité quoiqu’on en dise avec une extrême mansuétude puisse s’afficher en prophète rejeté par son temps à quelque chose d’obscène. Je prétends que cela serait plus apparent si on désacralisait les pamphlets, logorrhée assez indisgeste et effarante nourrie par la monomanie délirante d’un homme atteint d’un délire de persécution....
J'ai été un de vos anciens élèves et je suis attristé et assez surpris de vous voir écrire sur mon écrivain préféré.<br />
Parler de Céline avec une telle distance, un tel ton tutélaire qui se faufile entre les lignes, c'est à chialer.<br />
Céline a tout. Il a le style, c'est vrai. Mais il est probablement le seul auteur à avoir autant tout, avec Dosto et Shakespeare, pourquoi pas. L'humour, le rire, la tendresse, la nostalgie, le<br />
brulant, le mystique, la beauté, la tragédie, le social. Il a tout et mieux que les autres. Parler de Céline en opposant grossièrement son style purement stylistique et son "antisémitisme" c'est<br />
dégueulasse.<br />
D'ailleurs tout l'argumentaire selon lequel Céline est un ignoble antisémite dans lequel on se sert des mots de lumières comme "Shoah" et "camps" pour l'humilier, c'est simplet et ridicule.<br />
Ce chantage à l'antisémitisme digne d'sos racisme me débecte. Quel affront à la littérature. Pour un homme comme vous, un marcheur, un montagnard, un esthète, c'est incompréhensible. Quel piège<br />
!<br />
Céline, c'est bien plus fin que ça. Vous le pensez donc fou, ignoble, suicidaire, inconscient, enfantin.<br />
Chez Céline, c'est de l'esthétisme. Marc-Edouard Nabe en parle très bien (vous ne devez pas aimer...) ! En plus d'en parler bien, il a essayé le même exercice littéraire avec son premier livre et<br />
son intervention chez Pivot en 85.<br />
C'est volontaire, c'est littéraire, c'est mystique, c'est le grand chamboulement, ce sont des vérités déguisés dans la gerbe humaine pour n'en ressortir que magnifiées.<br />
Il avait inventé une façon de parler pour se moquer des journalistes. Céline n'avait pas du tout cette bouche pateuse, hésitante et amusante en vrai. Sa femme Lucette le dit, Arletty aussi,<br />
beaucoup de témoins. Il était très vif. Ce fût simplement un exercice de plus pour lui, comme son look de clodo. Tout se tient, rien ne vous vient.<br />
<br />
Parler de Céline sans évoquer ce trait de son oeuvre alors que c'est le principal, quel fend le coeur. Les danseuses, la provocation, son amour de Beethoven, les voyages, la majesté de Mort à<br />
crédit, son enfance, son influence...<br />
Et surtout, Arletty l'a dit, Céline est avant tout un poète. Quel sens de l'image. Il a des phrases magnifiques.<br />
<br />
C'est amusant, à l'époque je ne me doutais pas qu'un jour j'aurais l'impression de mieux comprendre la littérature des génies que mon professeur. Quelle naiveté !<br />
Passer autant à côté d'un géant et à côté d'autant de profondeur, ça me déchire vraiment les tripes.<br />
<br />
Si j'avais su, je n'aurais pas joué le jeu scolaire comme je l'ai fait dans votre classe et nous en aurions parlé. Quoique, je devais avoir 16 ou 17 ans, pas 22.<br />
<br />
Bien à vous,<br />
David
<br />
<br />
Merci de votre lecture. Je ne retire rien à mon texte sur Céline. Même si je n'ai pas prétendu en ce cours essai rendre compte de tous les aspects de cet écrivain, en particulier de son "sens de<br />
l'image", comme vous le notez si bien. J'ai la faiblesse de croire qu'une oeuvre immense ne peut pas l'être tout à fait si elle n'a pas une dimension éthique suffisante...<br />
Cordialement Thierry Guinhut<br />
<br />
<br />
<br />
C
Clemence
27/01/2011 16:44
<br />
Et "quel beau bébé" se disait la maman d'Hitler ! Est-ce un manque cruel de pinçouillis au derrière et de zigouigouis aux joues qui provoquèrent cette folie ?<br />
<br />
Je ne suis pas pour la censure non plus Et je suis bien contente d'avoir eu entre les mains un des textes antisémites de Céline. Je ne crains pas la contamination, et avoir lu ce texte m'a bien<br />
fait comprendre que la haine n'a pas de logique. Qu'en serait-il alors des prospectus des Témoins de Jéhovah que je reçois dans ma boîte au lettre ? On ne censure pas celui qui exhorte les paysans<br />
européens à continuer à travailler même s'ils cela ne leur rapporte plus rien, car "l'homme est à la terre et il retournera à la terre". Ou celui qui propose de soigner les tourments de l'âme de<br />
l'homme qui se sent déraper vers l'homosexualité en lui proposant d'espérer la rédemption de Jéhovah... On ne censure pas cette femme qui m'a déposé une lettre écrire à la main dans ma boîte au<br />
lettre me proposant sa solution miracle. J'ai lu, mais je n'ai pas cru.<br />
<br />
Gros bisous !<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
C'est juste. C'est me semble-t-il ce que j'ai signifié. Merci de votre lecture.<br />
<br />
<br />
<br />
Présentation
:
thierry-guinhut-litteratures.com
:
Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.