Charles-Théodore Perron : Portrait de Béhanzin, roi du Bénin, bronze, 1899.
Musée Sainte-Croix, Poitiers, Vienne. Photo : T. Guinhut.
Du péché de la couleur
à l’amour-propre de l’artiste :
John Edgar Wideman, Claudia Rankine,
Toni Morrison.
John Edgar Wideman : Mémoires d’Amérique,
traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Catherine Richard-Mas, Gallimard, 272 p, 21 €.
Claudia Rankine : Citizen. Ballade américaine,
raduit de l’anglais (Etats-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès, L’Olivier, 192 p, 21 €.
Toni Morrison : L’Origine des autres,
traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Laferrière, Christian Bourgois, 96 p, 13 €.
Toni Morrison : La Source de l’amour-propre,
traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Laferrière, Christian Bourgois, 432 p, 23 €.
Il n’y pas de péché originel, à moins qu’il s’agisse de la violence indue. Dont l’une des plus abjectes et ridicules s’attache à punir la couleur de la peau. En une vingtaine de nouvelles, John Edgar Wideman griffe de sang noir ses Mémoires d’Amérique, alors que ce sont essais et conférences que Toni Morrison choisit pour balayer les arguments du racisme, de L’Origine des autres à La Source de l’amour-propre. La combativité de ces deux écrivains trouve sa source dans un immense humanisme que nous partageons : en espérant que « l’obsession de la couleur » soit bientôt ramenée à ce qu’elle mérite : le mépris et l’oubli.
Hélas, le treizième amendement à la Constitution américaine, qui abolit l’esclavage en 1865, ne permit pas à lui seul d’assurer l’égalité et la liberté à tous ses citoyens. Ségrégation, exploitation mirent plus d’un siècle à s’effacer, si tant est qu’aujourd’hui cela soit réellement le cas. C’est pourquoi, en ses Mémoires d’Amérique, John Edgar Wideman use du dialogue philosophique, certes onirique, entre deux grandes figures historiques, John Brown, militant anti-esclavagiste, et Frederick Douglass, abolitionniste, dans son « JB & FD ». Ce dernier est un orateur « capable de mener son peuple, tous les peuples, hors des chaînes de l’esclavage », alors que « Brown pressent la victoire d’esclaves de couleurs armés de bâtons et de pierres face aux canons ». De plus Douglass (dont le profil orne la couverture française) n’hésite pas à « proclamer le droit que Dieu accorde à chaque femme, tout comme lui, de jouir de tous les Droits de l’Homme », mais avant de s’abattre, mort.
Plus discret est le dialogue entre un frère et une sœur, cependant chargé par la tragédie : pourquoi leur père a-t-il tué un homme ? « Un bon copain de mon père », témoigne le narrateur dans « Cartes et registres ». C’est ainsi qu’il « examine [son] empire. La cartographie. Couche son passé dans des registres ». Culpabilité, convulsions sociales, « hurlement » et « encore des larmes »…
Tout est prétexte à « matière noire », que ce soient les conversations de bric et de broc, « la forme du monde », la femme enceinte, le suicide du haut d’un pont et, de toute évidence, une liste inévitable : « Mes morts ». Les méditations sur le mode du monologue intérieur quittent le terrain polémique du racisme, non sans alimenter une mémoire à la fois personnelle et américaine. Les souvenirs remontent, comme des élégies adressées à Madame Cosa, « prof de CM2 », avec « ses lunettes œil-de-chat », alors qu’il s’agit maintenant pour l’écrivain de savoir « enseigner l’écriture ». Comme pour réussir un « Collage », censé sauver la vie du peintre Jean-Michel Basquiat.
À l’instar de nombre de ses romans, en particulier L’Incendie de Philadelphie, ou Le Rocking-chair qui bat la mesure[1], John Edgar Wideman (né en 1941 à Washington) use d’une écriture intense, jazzée, au service de la fibre engagée. Toutefois ces Mémoires d’Amérique sont-elles, comme l’annonce la couverture, réellement des nouvelles ? Ou plutôt le fil d’une vingtaine d’essais, de proses poétiques, de pages de journaux intimes, tous bouleversants, destinés, selon l’ultime phrase désabusée de ce recueil, à « racheter le péché de la couleur ».
Si John Edgar Wideman frôle le poème en prose, Claudia Rankine (née en 1963 à La Jamaïque) en joue avec autant de vigueur que de liberté. Son livre est un objet météorique : illustré de photographies couleur, tagué de phrases rageuses et lyriques, il s’est étonnamment vendu à plus de 200 000 exemplaires aux Etats-Unis. Parce que voici une méthode inattendue, originale, de dénoncer la pléthore d’agressions racistes. Citizen est une Ballade au sens poétique du terme, comme celle « des pendus » de François Villon, et une balade au sens ironique du terme dans les rues américaines où être une personne de couleur expose au risque d’être victime de violences, verbales, policières, physiques. Quand « le moment pue », le livre agglutine reportages (sur Serena Williams et le monde du tennis), récits, coupures de presse et d’écrans, choses vues et entendues, impressions intimes, au service du malaise inhumain et du pamphlet politique : « tu te souviens qu’un ami t’a dit un jour qu’il existe un terme médical - le John Henryisme - pour désigner les personnes sujettes au stress dû aux agressions racistes ». Souvenirs de lynchages, passages à tabac, remarques biaisées, « la pire blessure est de sentir que tu ne t’appartiens pas ». Même si l’intensité de l’objet littéraire reste à démontrer, au-delà de la vague d’indignation qui porte une telle cause, saluons cette technique du collage, vocal et visuel qui lui donne une saveur roborative. Comme quoi, dans la tradition du Français Agrippa d’Aubigné et du Russe Joseph Brodsky, la poésie engagée a de beaux jours devant elle, là où « les mots agissent comme une libération ».
Judicieusement, Toni Morrison propose d’éliminer le mot « racisme » du vocabulaire, tant les races humaines n’existent pas (quoiqu’un Gobineau ou un Nietzsche entendent les races au sens des cultures), pour y substituer le « colorisme ». Parce qu’au-delà de ces romans, comme Beloved ou Délivrances, elle sait être une essayiste persuasive et rigoureuse. L’Origine des autres réunit six conférences, prononcées à l’Université d’Harvard, en 2016, à une époque où la brutalité policière ne manquait guère de toucher avec trop de gourmandise la population noire. Aux Etats-Unis en effet règne encore trop ce que la préfacière, plus militante que nuancée, Ta-Nehisi Coates, appelle « la politique identitaire du racisme ». Nous lui objecterons que malgré « la nature indélébile du racisme blanc », il en est de même du côté noir.
Ce que confirme un souvenir d’enfance de Toni Morrison, dont l’arrière-grand-mère, considérée comme « le chef, sage, incontestable et majestueux de la famille », prononça, en voyant ses petites filles, ces mots terribles : « Ces petites ont été trafiquées ». Ce qui bien plus tard amène la romancière à comprendre : « Mon arrière-grand-mère étant noire comme du goudron, ma mère savait précisément ce qu’elle voulait dire : nous ses enfants, et par conséquent notre famille immédiate, nous étions souillées, non pures ». L’anecdote est capitale.
Il est logique de dénoncer les thèses eugénistes, par exemple celles du Docteur Cartwright, en 1851 : « Le sang noir distribué au cerveau enchaîne l’esprit à l’ignorance, à la superstition et à la barbarie ». Eût-on cru une telle crétinerie possible ? Mais aussi de dénoncer un autre versant de l’argumentaire, qui consiste à « embellir l’esclavage », tel qu’il fut décrit dans un lénifiant roman d’Harriet Bercher Stowe, La Case de l’oncle Tom, paru en 1852 à Boston, et affligé de bien des stéréotypes, tels que la nature servile des nègres. Sauf qu’ici Toni Morrison est fort injuste, oubliant combien ce roman à succès attira la pitié des lecteurs blancs et contribua de beaucoup à l’éclosion de la cause abolitionnisme, à la défense des esclaves fugitifs et à la guerre de Sécession.
Cependant « l’origine des autres » est très vite un ressenti injustement discriminant qui vise à nier à autrui son statut de personne ». Les écrivains les plus honorés ne sont pas forcément indemnes de clichés à cet égard, tels Hemingway peu amène envers l’individualité des gens de couleur en son roman viriloïde En avoir ou pas et Faulkner hanté par « l’inceste et le métissage », dans Absalon, Absalon ! C’est « l’horreur d’une unique goutte mystique de sang noir » qui assied la « supériorité blanche innée ». Voire conduit au lynchage, jusqu’au cœur du XX° siècle, ce dont notre conférencière donne une liste non exhaustive, parmi les Etats du Sud, dans ses « Configurations de la noirceur ». Souvenons-nous également que le Code pénal de 1847 interdisait à quiconque de réunir « des esclaves ou des nègres libres dans le but de leur apprendre à lire ou à écrire », que celui de Birmingham de 1944 ordonnait la ségrégation en refusant les jeux de cartes, de domino, de dames, s’ils étaient mixtes…
À la lecture de ces conférences résolument engagées, dans lesquelles les références aux romans de l’auteure sont récurrentes, de façon à expliquer et justifier son travail, à mi-chemin de l’Histoire et des histoires humaines où la couleur ne peut s’effacer, l’on balancera entre l’admiration envers un combat nécessaire, stimulant, humaniste enfin, et un soupçon d’agacement à l’occasion d’une systématisation parfois trop sensible : celle d’une conscience qui risquerait, en traquant avec vigueur les traces du pouvoir blanc, de laisser les coudées franches à un pouvoir noir, quoique cela ne soit probablement pas ce que Toni Morrison, née en 1931 et décédée en 2019, aurait voulu. N’a-t-elle pas imaginé dans Paradis[2] une dystopie de la pureté noire ?
Il n’est pas difficile d’imaginer que Toni Morrison plaide pour résister « aux pressions qui peuvent nous faire nous raccrocher frénétiquement à notre propre culture, à notre propre langue, tout en rejetant celles d’autrui […] et résister à mort au caractère universel de l’humanité ». Elle aurait notre pleine et entière approbation s’il n’était pas nécessaire, au nom de cette dimension universelle, de résister à une culture religieuse qui fait profession de rejeter et d’éradiquer toutes celles qui ne sont pas la sienne. Rappelons le paradoxe de la tolérance selon Karl Popper : « Si nous étendons la tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas disposés à défendre une société tolérante contre l'impact de l'intolérant, alors le tolérant sera détruit, et la tolérance avec lui[3]».
Plus divers et plus copieux est La Source de l’amour-propre, puisqu’il agglutine une quarantaine d’« essais choisis, discours et méditations », venus de plusieurs décennies, entre 1976 et 2011, quoiqu’ils ne soient pas classés par ordre chronologique. Mais en trois grandes parties, qui se veulent ascendantes : « La patrie de l’étranger », où elle montre la parenté du racisme et du fascisme, puis « Black Matter(s) où rôde « la construction de la noirceur et de la servitude », enfin « Le langage de Dieu », où s’invite « une foi stimulante » dans le paradis, qu’il soit religieux ou littéraire, chez Dante et Milton, autant que dans le roman de notre auteure intitulé Paradis, contant l’assassinat d’une communauté de femmes par des hommes noirs au point de suspecter toute peau trop claire. Chacun de ces textes s’adressait à des publics précis : étudiants diplômés, comités d' Amnesty International, associations de journalistes, visiteurs du Louvre ou de l'America's Black Holocaust Museum de Milwaukee… Ce qui n’empêche en rien qu’ils parlent à l’oreille de tout lecteur un tant soit peu sensible aux humanités politiques. Même si la dimension circonstancielle de certains textes ne contribue pas à leur force, ce dont témoigne une page sur « Les morts du 11 septembre ».
Evidemment l’apport culturel des Afro-Américains, les tiraillements sociaux et raciaux sont abordés ; mais sans empêcher que la dynamique de l’imagination littéraire, que le pouvoir de l’artiste irrigue en ces pages nos sociétés. Car la nécessité de l’artiste est dès l’abord affirmée haut et clair : « La répression historique des écrivains est le tout premier signe avant-coureur de la privation régulière d’autres droits et libertés qui s’ensuivra ». Outre l’interdiction, l’incarcération et la mort, il faut craindre la « peur paralysante […] l’effacement d’autres voix, des romans non-écrits, des poèmes chuchotés […] des questions d’essayistes bravant l’autorité et qui ne seraient jamais posées ». Qu’il s’agisse de censure, d’autodafé[4] ou de doxa morale[5], l’œuvre ne s’écrit que pour ne pas être éditée, ni lue, voire ne s’ose même plus s’écrire. Saluons alors en Toni Morrison une défenderesse de la liberté d’expression.
En une sorte de melting-pot intellectuel, l’on croise l’élan du jazz, la littérature afro-américaine, si tant est que l’on puisse en faire une catégorie séparée, la condition des femmes noires, radiographiée dans « Femmes, race et mémoire ». Mais un fil d’or relie secrètement toutes ces raisonnements : l’art, d’être et d’écrire. Car c’est au service de l’émotion qu’elle écrit, celle qui réprouve au premier chef les injustices. Par exemple lorsque sa lecture de « Cendrillon » lui permet de réprouver la contre-éducation que reçoivent ses demi-sœurs, entraînées par leur mère à mépriser et opprimer la jeune fille. La chaîne de la tyrannie domestique et politique pourrait-elle se briser ? Ou lorsqu’il faut se demander quelle est la légitimité de « l’amour-propre d’une esclave », celle de Beloved qui tue ses propres enfants pour leur épargner l’abomination de l’esclavage ». Il n’en reste pas moins qu’au-delà de l’émotion, de la persuasion donc, il s’agit de parvenir à la juste conviction : « Nous passons des données aux informations, puis aux connaissances, puis à la sagesse. Séparer les unes des autres, savoir distinguer entre elles et parmi elles, c’est-à-dire connaître les limites et le danger de l’exercice des unes sans les autres tout en respectant chaque catégorie d’intelligence, voilà ce dont il est généralement question dans une éducation sérieuse ». Soit une éducation libérale[6].
Certes l’afflux de concepts pas toujours limpides pénalise un peu ce recueil. Ainsi l’on abuse de « mondialisme », « suprématisme », « africanisme », somme toute une revendication identitaire passablement creuse et vaniteuse. Peut-être est-ce dû, sinon à la traductrice, à la nature circonstancielle de nombre de ces textes, qui, bien que réunis du vivant de l’écrivaine, ne font pas un essai réellement construit. Être une propagandiste dans le meilleur sens du terme ne fait pas une philosophe. Parler de « la civilisation noire qui fonctionne à l’intérieur de la blanche », ne rend pas service à la cause de l’antiracisme, qui devient d’ailleurs un racisme inversé, d’autant que les notions sont aussi pâteuses que ridicules, fermant la pensée à toute analyse digne de ce nom, les choses étant bien plus complexes, et certainement pas réductibles à de telles clôtures.
Toutefois il y a bien à revoir dans les catégorisations venues du monde blanc : « À une ou deux exceptions près, l’Afrique littéraire était un terrain de jeux inépuisable pour touristes et étrangers. Dans les œuvres de Joseph Conrad, de Karen Blixen, de Saul Bellow et d’Ernest Hemingway, qu’ils aient été imprégnés d’idées occidentales classiques d’une Afrique plongée dans l’ignorance ou qu’ils les aient combattues, les protagonistes trouvaient le continent aussi vide que le plateau pour la quête : un récipient attendant toutes les petites pièces de cuivre ou d’argent que l’imagination était contente d’y déposer ». Cependant s’intéresser aux écrivains noir-américains, par exemple James Baldwin, auquel elle consacre un « éloge funèbre », ne signifie pas qu’il faille les lire selon le seul colorisme. Dans la bibliothèque, ils ne revendiquent pas leur dos noirs opposés aux dos blancs. Si l’on veut bien « permettre au corps noir de participer au corps culturel dominant sans lui faire d’ombre », s’il s’agit de prendre en compte « la présence afroaméricaine dans la littérature américaine », sans « massacre, ni réification » sans se limiter à un universel occidental, il reste à souhaiter de pouvoir lire, hors des livres engagés sur ces questions colorées et encore nécessaires, sans pouvoir se voir jeter à la tête la couleur de l’auteur, sans pouvoir même la deviner. Aussi faut-il apprécier à sa juste valeur une telle profession de foi : Je voulais sculpter un monde à la fois spécifique à une culture et « sans race » », écrit l’auteure de L’Oeil le plus bleu.
En ce sens, L’Origine des autres est peut-être plus rigoureux, à moins de revenir à son Discours de Stockholm[7], lorsqu’elle fut en 1993 récipiendaire du Prix Nobel de littérature. Là elle louait le pouvoir du conte, blâmait « le langage sexiste, le langage raciste, le langage théiste » (quoique sur ce dernier point c’est oublier la dimension philosophique et charitable de certaines religions, en particulier le Judaïsme et le Christianisme). Là elle affirmait avec une fine pertinence : « nous faisons le langage, c’est peut-être la mesure de nos vies ». Ce qu’il est permis de compléter en revenant à une page de La Source de l’amour-propre : « Je suis écrivain et ma foi dans le monde de l’art est intense, mais non irrationnelle et naïve. L’art nous invite à faire un voyage au-delà du prix, au-delà des coûts, pour témoigner du monde tel qu’il est et tel qu’il devrait être. L’art nous invite à reconnaître la beauté et à la faire naître des circonstances les plus tragiques ».
L’une des grandes forces de l’essayiste est d’en appeler à la responsabilité individuelle : « Ce ne sont pas vos parents qui vous ont rêvés : c'est vous. Je ne fais que vous inciter à poursuivre le rêve que vous avez commencé. Car rêver n'est pas irresponsable : c'est une activité humaine de premier ordre. Ce n'est pas du divertissement : c'est du travail ». Rêver avec la plume de la conscience, avec la langue de l’oratrice, dont les mots ont indubitablement une réalité politique que l’on espère agissante. Le pouvoir sur un monde apaisé est au bout du langage.
Alors que John Edgar Wideman use de l’écriture pour bâtir et questionner les stratifications de la mémoire, en un sens personnel, intime, qui cependant dévoile le creuset historique et tragique des Etats-Unis d’Amérique, c’est sans emphase ni cuistrerie que Toni Morrison, dont l’histoire de l’esclavage et de la ségrégation fait la chair de ses romans, emprunte la posture morale du sage. Ecrire est une responsabilité, qu’elle n’assume pas à la légère. Il s’agit pour elle de vaincre les démons du racisme, plus précisément, redisons-le, du colorisme, et d’une ignorance noire, qui n’a pas la couleur noble de la peau. La connaissance du monde et l’amour des autres sont pour elle des destinations éthiques, dans la tradition des Lumières. Sauf si l’on fait de celle que Barack Obama qualifia de « trésor national » une icône au point que les Universités l’enseignent à toutes les sauces, (« on vous enseigne dans vingt-trois cours distincts de ce campus »), en une sorte de lecture politique obligée, ce qui ferait paradoxalement d’une ouverture culturelle une source de fermeture culturelle à tant d’autres champs d’investigation. Soit, encore une fois, la nécessité d’une éducation libérale.
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Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.