Museo Romano, Mérida, Extremadura. Photo : T. Guinhut.
À une jeune Aphrodite de marbre.
Sonnets.
Prologue
C’était au pli du temps : ou ce marbre ou ta vue...
Tête blonde étudiant l’esprit d'agrégation,
Tu me troublas. Seuls des mots ourlés d’émotions
Embellirent tes traits, durant des mois diffus,
En mon ambre mémoire. Où je te revois mieux
En cette Aphrodite capitoline aimée
Qui fascine et trahit mon art et mes sonnets,
Emprunte ton visage et l'approche des dieux.
Transposant en l’IPhone aventure ténue,
Ces vers entre âge mûr et ta jeune étincelle
Où j’invente piano, amant et entrevues,
Le clavier court, s'enfuit, vers ta chair inconnue.
Marbre si pur du temps et Muse fictionnelle,
Où est la faille abrupte ? Au langage, au réel ?
I
L’ossature sensible aux tempes et au front,
Le crâne si mortel sous la diaphane peau,
Le regard hirondelle ont la pudeur du beau :
Caresser l’idéal, mes respects le sauront.
Praxitèlienne icône en blondeur incarnée,
Où charmer l’impossible, où les Moires calmer,
Pulpe d’ardeur sensuelle, hellénistique don,
Constante cosmologique et joie sans affront...
Or saurais-je, enthousiaste, à la sculpture absente,
Immobile, des seins, leur tendresse et frisson,
Mieux offrir que grise esquisse pour vie décente ?
Pour l’ourlet de ta lèvre et l’esprit de ton front,
Au souffle d’intellect, à ce marbre plastique,
J’offre Amour distillé, sa promesse lyrique.
II
Amour t’a façonnée de ses mots emplumés,
Paumes utérines où grandissait ton front,
A mesure des os, des muscles et des dons,
Orchis contre le mal en tes yeux assoiffés.
Précieusement sensible et si marmoréenne,
Etrangement glacée, précise et malicieuse,
Classique agrégative et mésange sereine...
A ce puzzle effacé ma mémoire oublieuse
Rature et recompose angelot de tes lèvres,
Ce pastiche du peintre et sonnettiste, fièvre
D'hormones calmées au poème qui t’effleure...
Canzoniere du web, tu es ton avenir :
A ton front je confie devoir de réunir
Racine d’art et d’humanité la meilleure.
V
Toi qui me survivras, seras maturité
Après mon soir mortel, je te donne un sonnet
Afin que ta finesse aborde après ma mort
L’éternité enclose au sein du cadre d’or
Du tableau et de l’art. Quand la fosse des corps
Broiera tous les déchets de nos vies putréfiées,
Ces quatrains rediront le nom de ta beauté,
Ton ardeur au savoir et, de ta tresse, l’or.
Au lieu des vers fouisseurs, j’offre des vers charmeurs
A ton jardin secret, goût du rock et piano,
Du penser, des bijoux, des Rita Mitsouko...
Entends-tu le sursaut des tercets cajoleurs,
D’Amour qui sait te vêtir d’un miroir sans tain ?
Souffle sur IPhone et sons élisabéthains…
X
Toi qui lis Platon et Orphée en grec ancien,
Qui traduis et Virgile et Ovide chantant,
Vingt ans séparent tes jeunes talents des miens,
Plus proches de l’inquiétude de Paul Celan,
De Rilke et de Shelley. Je me dois d’échanger
Maturité moderne et jeunesse classique.
Pour que mes vers cendreux et leur sèche panique
Puissent toucher ta lèvre et s’y sentir parler,
Pour que l’universel Eros m’offre ossature,
Pour que la transcendance envole un corps mature
Jusqu’au vernis à ongle pourpré des baisers.
C’est moi qui suis élève aux pieds de ton savoir
Quand mentor je t’offre postmodernes pensées ;
Or l’inactuel sonnet est ton bijou miroir.
XI
Chère lettrée classique et piano romantique,
Comment ne pas m’éblouir de tes qualités,
De ta blondeur qui sait justifier l’art lyrique,
Où tenter de parler la langue qui t’es née…
Il faut bien qu’un orgueil soit ton plumage d’ange,
Quand Messiaen, ses oiseaux, me séparent de toi,
Quand marbre de langage où mon verbe dérange
N’est que poussière de stuc devant ton sang froid.
Muse, t’ai-je méjugée, lorsque j’ai glissé
Mon imperfection au ventre du sonnet mièvre,
Pastiché mon Shakespeare en exaltant tes traits ?
L’inspiré clavier d’IPhone, à tes pieds si vrai,
Sculptera-t-il la fruition de nos longs baisers ?
Mes vers auraient la joie d’être gloss de tes lèvres…
XIX
Tu disparais ; tu me manques affreusement.
Si, rare, je te vois, et planètes et vents
Trouvent l’art de la fugue et le zen équilibre :
Je me délie soudain dans les liens de nos fibres...
Ton tendre maxillaire et tes cheveux tilleul,
La courbe de ta taille, chevilles et nombril
Sont chemin de vertu, gourmandise de l’œil,
Néoplatonisme et songe de Poliphile...
Qui sait si, dieux ou terre, au-delà de nos cendres,
Réuniront nos corps, nos atomes perdus
En un duetto de Bach, en un Amour plus nu
Que la salive aimée de ta langue charnue,
Mobile en mon désir, où je voudrais t’entendre,
Bavarde en mon poème, à ton art dévolu.
XXII
Exercice de style, hommage aux vrais sonnets
De Rilke et de Shakespeare, art futile et désuet
Où seul l’amour des vers, d’une blonde inconnue
Et d’un marbre sans corps a guidé ma main nue...
C’est toi que j’ai tenté de sculpter d’adjectifs,
D’élire dans le blanc et de peindre en couleurs :
Là est ma joie modeste et baume de douleur,
Là nos sens caressés et nos amours fictifs...
Camée blond mémoriel, comment ton élégance,
Tes neurones dansants peuvent-ils là entrer ?
En l’enveloppe de ce marbre aquarellé,
Nait ce visage aux yeux apolliniens qui pensent...
Je t’offris les sonnets de Pétrarque l’intense :
Que tu rendis, dans une boite de silence.
XXVI
Le blanc de l’oreiller, l’or lissé des cheveux,
Paupières reposées, belle aux draps endormie,
Je t’observe et te veille, au doigté de mes yeux,
Idéal esthétique, attendrissante nuit...
De l’inné du sommeil, marbre animé, revis !
Dis-nous combien nous devons changer notre vie,
L’insuffler de beauté, d’autorité de l’art,
Du savoir répandu par un plus neuf regard.
Ton tympan sculptural sur une aile de lin,
L’équilibre du cœur n’est pas sans émotion
Au balancement pur des vers alexandrins.
Que les seuls pouvoirs de l’amour et du poème
Glissent, sous l’oreiller où s’apaise ton front,
Ce sonnet pour gardien et pour eau de baptême.
XLVIII
Comment être amoureux, si l’on n’a plus d’image ?
L’iconophile attend pour te ressusciter.
Ne me reste qu’un blond flouté pour ton visage,
Faute du dessin pur de la réalité.
La mémoire n’a donc pas la hauteur de l’art,
Ni l’amour la puissance où susciter les corps ?
Il me faudrait pourtant cent tableaux pour rempart
A la disparition, mille photos encor
Pour approcher le choix d’individualités,
Les cent mille émotions sachant te composer :
Animée, chaleureuse et sensuelle, attentive,
Discrète ; ou hautaine Damoiselle gâtée,
Le sourire à fleur d’ironie, la pensée vive,
Beauté calme et posée... Temps, rends-moi son portrait !
LII
Si, attentif, je collectionne ton portrait,
J’obtiens blondeur soignée, tressée, yeux caramel,
De fines lunettes aux montures dorées
Pour un Pléiade à l’agrégative fidèle.
Souple altitude de la taille et front de marbre,
Bijoux de pacotille et pierres de couleurs,
Robes longues mobiles aux verts jade et fleurs :
Ravissement du modeste pinson des arbres
Que je suis, sonnettiste impénitent du beau.
Elégante syntaxe et sensible piano,
Intellect redoutable, ou sereine ou tempêtes :
Ce blason élogieux est à mon bras la plume
Avec quoi dessiner le destin que je hume,
En l’humaine contrainte et l’amour des planètes.
LIII
A la mort du soleil, même l’art s’éteindra.
Mes sonnets parés, donc. Pire, tu t’éteindras...
J’ai voulu protéger des moisissures grises
Du Temps, ton visage blond, pour que tu me lises
Au-delà du sommeil infini de nos os...
S’il existe des dieux, qu’ils aient pour nom Eros,
Ou l’éléphant Ganesh, ou Aphrodite innée,
Comme la grenouille en jade vert étonné
Qui veille aux Japonais de ma bibliothèque,
Peut-être pourraient-ils conserver en leur bec,
Comme une mésange bleue garde à ses enfants
La jaune cicindèle où brillent cent reflets,
Le cosmos de ton front, jeune futur charmant :
Ton immortalité, pour grenat du sonnet.
LXX
Dans tous mes précieux livres, pas un qui soit toi ;
Pas une lyre qui ne résonne de toi...
Ainsi, j'ai cent cadeaux pour ton cœur dans mes bras :
Les notes de Schubert, les sables de Petra,
Les contes aux génies, les rares orchidées,
Les robes de Gucci, les nids de ton plaisir,
Les parfums chocolat et tilleul, les pensées
Des libéraux philosophes, de l’avenir...
A toi, ta liberté de m’aimer ou de fuir.
Je ne peux t’acheter, ni ne veux t’enfermer
Comme un pétale nu en vase de Gallé,
Comme en ta tresse le lien fol de mes soupirs.
Un fleuriste à ta porte a mission de sonner :
Ce sont, pour toi, cortège et bouquets, ces sonnets.
LXXIX
Tes ongles tu as peints comme Klimt en ses toiles,
Tes cheveux tu as noués comme des graminées
Au vent blond qui les plisse, au parfum nouveau-né,
Ta robe noire et nue n’attend plus que l’étoile
Où sa nuit se révèle, où sa chair étincelle...
Au duvet de ta tempe où je vois immortelle
La fragile roseur de l’univers entier,
Je veux prendre une plume, un pinceau raffiné.
Tes clavicules sont la branche où les oiseaux
De ma lèvre timide ont choisi nid d’affects.
Axones et neurones, en la vanité
Des bijoux de tes yeux, de ton crane bombé,
Sont le souffle où la Muse a tissé l’intellect :
Suavité de la voix et terrible du beau.
LXXXI
Te voir est un poison. Que j’aime ce poison
Qui m’abat dans les pleurs, qui tonifie mes veines,
Nourrit ma faim servile et réchauffe ma peine,
Comme une transfusion de groseille et citron,
De jus pressé d’étoile et vapeur de nuages,
De dentelle et de peau, de dents et de carnage,
D’intellect infini, d’ADN et de toi,
Ô ma sorcière exquise, ô il était une fois...
Me guérir et me tuer, hyperbole et beauté,
Je ne suis rien, sinon dire sous ta dictée
Le chiffre des quantas, les dieux des nébuleuses,
Les Muses acharnées, les Pléiades heureuses,
Ce duvet blond secret où je sais le plaisir
De te donner mourir, de te donner ravir.
LXXXV
Les rêves éveillés sans cesse me font fête,
Rocambolesques, radieux et virevoltants,
Imaginant te voir chaque demain du temps,
Jonglant péripéties d’aimer entre nos têtes...
Je t’écris sur IPhone où sonnet envoyé
Me revient, déserté, adresse non valide,
Sentiments sans échos, marbre blond invalide.
Car seule Perséphone en range les reflets
Dans sa boite envasée aux pires collections,
Dans sa corbeille noire où crient la destruction
Des rêves tous mort-nés, le désarroi des armes
D’amour. Cette stèle, et cristal, mouillée de larmes,
Cessera d’envoyer aux dieux Twitter et Ion,
Aux sites de rencontre, une palpitation...
LXXXVI
Des deux sœurs ennemies qui font un duel féroce
Dans mon cerveau, Concupiscence et Amitié,
La seconde a victoire. Quand l’une est véloce,
L’autre a toute endurance et tout savoir aimer.
Mais Amitié si tendre, aux tempes chaleureuses,
Délectation de toi, clémence généreuse :
Il me faut, avec discernement, t’estimer ;
Sans compter ce respect dû à ta liberté.
De Poros et Penia, je suis le fils ardent,
L’amoureux d’Aphrodite, en toi Dame interdite
Par ton jeune lointain et mon âge prudent.
Où sont partis les dieux ? Ne restent que redites,
Homme et femme acharnés à perpétuer l’amour,
Le sperme des sonnets et l’ovule du jour...
LXXXVII
Sur la carte de Tendre, où partager nos mains ?
Sommes-nous, au Banquet de Platon, deux moitiés ?
Suis-je affect sublimé ou intellect inné ?
Suis-je manque et désir, surabondance enfin...
Est-ce amour génital ou union avec Dieu ?
Suis-je Erato, élancée vers mon Aphrodite ?
Eros, dit-on, un jour, se blessa au milieu
De ce muscle cardiaque aux vertus inédites.
Il aima sans pouvoir contre autrui retourner
La flèche au doux poison. Que croyez-vous qu’il fît ?
Il mâcha jusqu’au sang et le cœur et l’acier.
De ce bourbier d’amour sur la terre craché,
De ce fiel liquoreux, ce champagne, naquit
Un lys blond qui est toi, le nom de mes sonnets.
CII
Narcisse en mes sonnets, je ne veux qu'un miroir :
Toi. Miroir incomplet où toute connaissance
N'est que fragment infime et facettes intenses
Où tu brises, effaces, ce que je crois voir.
Callipyge blondeur où respirer la vie,
Il me faudrait cent mystiques pour naviguer
En tes rêves, tes nuits et neurones bleutés,
Sans pouvoir concilier tes visages promis.
Je cherche une blondeur qui n'est autre que toi,
Une quête impossible et jamais achevée
Dans une multitude où seule la terreur
De te voir m'ignorer me blesse en majesté,
Où seule l'ironie égratigne ma foi :
Où je cultive encor ma compagne intérieure.
CXXV
Et pour être gâtée, quels cadeaux voudrais-tu ?
Non pas gâtée pourrie par sotte vanité,
Mais par une exigeante, attentive vertu :
Ces présents sont pour ta jeune maturité.
Certes, parfum cristal et fragrance rosée,
Disques et clairs bijoux, livres et partitions
Viennent emplir le nid blond de ton oreiller,
Là où ta tête repose ses émotions.
De mon crâne captive et libre en ton destin,
Tu as déjà trouvé un ruban à délier :
C'est le fil couleur marbre où vibrent ces sonnets.
Chacun tu les déplies, comme bonbons câlins,
Comme pensées philosophes, radieuses sciences :
A toi seule l'amour, à tous cette sapience.
CXXXVII
Ton front sur mon épaule ; et t’écouter parler...
La ligne de ta nuque et douceur de mes doigts,
Blond châtain sous ma main, enfin te révéler
Les secrets amoureux de ces vers dont tu bois
Eros et amitié, sapience et métaphore.
Appelle-moi Thierry, Silence que je sers,
Ou sonnet shakespearien et robe printanière...
C’est un rêve éveillé dont je sors comme mort.
Le poison fait effet : intacte je t’ai vue :
M’aurais-tu deviné ? Il y a si peu d’heures,
Tes lèvres répondaient à mes questions classiques,
Ton regard feu et soie me piégeait comme nu,
En folle gratitude où Bach dit le bonheur :
Le talisman perdu d’existence physique...
CXL
Je fais une retraite, en vue de te rêver,
De te penser, en ces montagnes enneigées,
Où les flocons ont vigueur glacée d’horizon,
De mots blancs, de la porcelaine de ton front.
Comme en un monastère, à son dieu consacré,
Je suis un vieil ascète à l’éros impossible
Qu’en mon for intérieur, au langage dicible,
Je cultive et affine aux sonnets envoyés
Par un IPhone noir, un Orange réseau,
Jusqu’à la suavité de la lèvre du beau.
En ma fruste cabane, en l’hôtel quatre étoiles,
Sur les sentiers poudrés, je souffle buée rebelle
De mon mythe tout blond dans l’air dur du réel,
Dans mon oreiller, confident des pleurs qu’il voile.
Aphrodite capitoline, Musée du Louvre.
Manuscrits et tapuscrits. Photo : T. Guinhut.
CLV
J’évoque un trouble marbre en ces quatrains blessés,
Platonicienne illusion et chair évanouie,
Paradoxe de l’art et du désir parlé :
Papillonne classique aux vivantes envies…
Je veux un sonnet dément, calme à ton image,
Pour que coulure d’aimer à mon œsophage
S’envenime et guérisse au bonheur de te voir
En seuls mots versifiés, substituts de l’espoir...
Finesse et ductilité au marbre impossible :
Croiser, blonde seconde, tes cheveux lâchés
Rayonne sur l’absence où tu sais me laisser.
Plus disert que Shakespeare, et pourtant moins audible,
Je broie tercets, plume et clavier en déraison...
Combien eût-il écrit s’il avait su ton front ?
CLVIII
Au grège plumetis de l’écharpe légère,
Je n’ai pas reconnu l’immatériel profil ;
Quand, soudain, le Sonnet m’a dit d’un air sévère :
« C’est elle, c’est sa queue de cheval volatile ! »
Chère amour, ta présence est si fine, qu’au fil
Du sentiment, il faut affiner tous mes sens,
Aiguiser mes paupières nues. Malgré l’avril,
J’ai froid et je t’aime. Et pourtant quelle naissance,
A chaque vision, me façonne, quelle joie
A l’expression de ta peau, perspicacité
De sensibilité, intellect bondissant...
Si j’écris pour le manque, au rival qu’est le Temps,
Il me faut cette jubilation célébrer :
A toi, cet écrin de méditation, je dois.
CLXIII
Oui, tu es ma révolution copernicienne
Où les planètes de mes sens et du savoir
Ont une giration autour de ton revoir,
Ma baroque splendeur, ma blondeur cistercienne...
Tu es mon darwinisme et mon évolution,
Car je suis né poisson fœtal à ton regard,
Conscience à ton profil, créateur à ton art,
Quand à l’amour tu repris mon éducation.
Si femme, singulière, tu es l’universel,
Science des Lumières, histoire naturelle,
Tu es relativité, physique quantique :
Je n’ai pas assez lu et pensé tous les mondes
Pour t’être Montrachet en la nanoseconde...
Tu m’instruis aux sonnets, je t’entends aux mystiques.
CLXVII
Voudrais-tu devenir personnage et symbole ?
Tu l’es déjà. Ta capacité au bonheur
Et tes mélancolies t’ont conduite en douceur
Vers la vanité de mes vers et l’hyperbole
Juste. Comme est irremplaçable la fiction
D’Aphrodite et d’Eros, ces beaux philosophèmes
Qui figurent nos pulsions, nos peur et passions,
Ainsi que l’innocence perdue du poème,
Le territoire interdit de l’amour lyrique
Où te peindre avec la caresse d’émotion…
Comme tu es la mystique et la transcendance,
Tu es raison des Lumières, cette espérance,
Cette féminine liberté politique
Qui est robe fleurie autant qu’éducation.
CLXIX
Tu me manques exquisément. Non, cet adverbe
Ne permet pas que tu me laisses jouir d’absence,
De son cortège amer de monstre et de violence,
D’aimer sans retour un lointain qui n’est pas verbe
De création du monde. Un chaos, nuit aveugle,
Broie mes yeux intérieurs quand je veux te revoir
Au nid d’Arachnée étourdie de ma mémoire,
Où seule une mélancolie sans lune meugle
Comme un vieux minotaure qui ne peut mourir...
Fraîcheur de tes cheveux, tilleul de ton parfum,
Profondeur de ta voix et pudeur de tes seins ;
Un monstre au labyrinthe, en te voyant venir,
Eût aimé ta distinction, ta dure sentence,
Et se fût converti à ton intelligence.
CLXXI
A ta pléiade de visages inconnus,
En chignon, queue de cheval ou blondeur lâchée,
Je ne puis opposer que le soupir ténu
De ce vers volatile ou retenir l’aimée.
Il ne me reste qu’une œuvre d’art miniature
Pour remplacer les dieux et ton profil rosé,
Comme un blond champagne où le goût se dénature
Une fois l’explosion des bulles dispersée.
J’imagine sur ma langue le mot salé
De ta peau, de tes os, bonbon d’éternité.
Comment oublier la cause et la grâce encor
Des sonnets ? Le masque calcaire de la Mort
Ne résiste pas à tes yeux venus d’Etrange :
Nombre d’or, constante cosmologique et Ange…
CLXXIII
Beauté sophistiquée, jeune piano fragile,
Je t’offre l’équilibre au sonnet qui est toi :
Une perfection vers quoi tendre, si labile,
Cependant possible, en quoi sans cesse j’ai foi.
Qui sait si ton prénom, crypté comme le nom
De Bach, s’élève dans l’offrande poétique,
Dans la fugue en miroir du testament lyrique,
Dans l’indicible acrostiche où celer ton front,
Où décrire et chanter ton moi en vers vieillots,
Que murmures et cris sur IPhone éconduit
Changent en contemporain, en oreille ouverte.
Comme ce matin un œuf de merle a éclos,
Nouveau chanteur, bec jaune en sa coquille verte :
Son vocable est encor memento amori.
CLXXIV
Tu es ma jumelle. Comme nés d’un même œuf,
Mais séparés par une faille temporelle
Obscure, anachronique, où sont brisées les ailes
Qui devaient permettre de vivre d’un œil neuf
Ensemble. Et là où seuls une assomption des vers,
Le don des langues, m’amènent en solitaire,
Je ne trouve qu’un papillon mort aux couleurs
Poudrées, écrasées, comme boues de bonheur...
Je ne veux pas céder aux chenilles des larmes,
Mais au vert opalescent, au rouge chantant,
Au clair bleu Wedgwood, aux dentelles du blanc
Dont je veux vêtir les bijoux, les sérieux mets
Offerts à ton esprit, sa nymphose et son charme.
Au fond de la forêt, un arbre : pour pleurer.
CLXXXIII
Thanatos, vil salaud ! Ne pense pas à prendre
Ma belle... Prends-moi, si tu veux, avec retard,
Mais ne touche pas mon Aphrodite, mon art !
Je lâcherais foudre des sonnets pour t’entendre
Casser tes dents, pour étrangler tes yeux d’ébène...
Il nous faudrait alors sa fiction déflorer
Et du requiescat abuser sur la scène
Publique, en détruisant l’inutile sonnet.
Te voir mourir... Comme si l’œil avait perdu
Son iris en terre de Sienne, si l’oreille
Avait brisé son schubertien tympan, vêtue
De marbre fracassé, de gravats sans réveil.
Quand Mort a pris Shakespeare, a-t-elle, cette pute,
Elu ton visage pour arrêter sa lutte ?
CLXXXIX
Si ta brosse à cheveux conserve un or ductile,
Je deviendrais l’oiseau qui vient s’en emparer
Pour son nid attendrir. Ainsi j’aurais un fil
Pour suspendre mon cœur et lier les baisers,
Un fragile bijou, une consolation
Pour ma joue, un fil d’Ariane d’une collection
Où les perles parleraient en pleurs littéraires...
Quant au jais profond de ta broche, au songe vert
De ta robe où douze boutons d’or ont éclos
Sur tes épaules, ils sont musée du beau
Pour mon apollinien babil et goût courtois.
Aux niaiseries de la vie, j’éprouve par toi
Qualité du bonheur et joie métaphysique :
Sois caressée, amour, pour ces couleurs lyriques.
CCV
Précieux visage blond où je suis entravé,
Comme un Eros malade à des crocs de boucher,
Exquise mante religieuse aux ailes d’or
Qui s’envole aussitôt m’avoir touché à mort.
Je suis le seul auteur des tourments qui me blessent,
A moins qu’Aphrodite et ses aides Phéromones
M’aient transfusé à grande pluie de sang l’icône
Où je vois le front de trop humaine déesse,
Où je ne sais pas lire... Pourquoi Amour cruel
Est-il incapable de réciprocité ?
Où trouver l’argument pour enfin te convaincre
De m’aimer ? Un sonnet va-t-il te persuader ?
Ou l’odeur de ma peau, mon charme intellectuel ?
Dévore ton amant ; viens ensuite me vaincre.
CCXIII
Confier peine au sonnet est mon plus blond souci :
A la disparition de ta chair si précieuse,
De ton vif intellect et paupière boudeuse,
Je me dessèche et pleure une vanille amie...
La thérapie des vers est vénéneuse et rose,
Elle n’accouche rien du granit du passé,
Où le cynisme du temps castre vers et prose,
Où la ruine élégiaque est goudron craquelé.
Où retrouver tes yeux de lumière et de don,
Ta réserve affichée, ta distance plastique,
Ta force sans pardon, ton audace pudique ?
Sinon aux lèvres de tes syllabes, Sonnet,
Dont la noire impuissance et l’appel insensé
N’ont en rien su faire palpiter son prénom.
CCXX
Ton marbre est remisé, Aphrodite, aux dommages ;
Attendant que des vers qui plombent ta beauté
Soient poncés les poncifs et lissés les ravages
Qui ont ton visage trop souvent effrité.
Tu n’as plus en l’IPhone, en l’absence amendable,
Qu’un atelier obscur, qu’une blonde rumeur,
Où l’active écriture ose aimer ton bonheur
Et tente retrouver une éthique impeccable.
Ainsi l’artiste affronte un Ange redoutable,
Qu’il soit diktat du Temps ou du Réel rebelle
À l’Idéal pur, cette cuillère à fantasmes.
Reste à laver les mots, leur bouche d'enthousiasme.
Comme si j’étais amoureux d’une implacable
Dont j’ignore la langue impossible et sensuelle.
CCXXXVII
Cher marbre de peau, blondeur pourtant éphémère,
Je ne verrai pas pourrir tes torves viscères,
Ni éclater tes yeux, ou suppurer tes lèvres...
Praxitèle et Muses dépassent nos vies brèves.
Marbre vivant de l'art ou vivante blondeur,
Ton corps fait de minéraux et d'eau, jeune ardeur,
Peut-il nous dire la nécessité stellaire
De nos vies ? La chimie de ton esprit sévère
Libèrerait le sens si voulait dialoguer
La cétoine dorée de tes bagues sonores...
Puis-je aimer des atomes vides ? Comme un loup
Cherche au froid du cosmos neutrinos insonores...
Au bonheur des sonnets tu restes parfumée :
Je t'aime cent douze millions de fois beaucoup.
CCXXXIX
Tenir ton front précieux entre mes mains patientes,
Où vit la formule chimique de l’amour…
Mais au puzzle incomplet de l’intouchable amante,
Je ne suis pas l’espace où tu vis avec art.
J’ai arraché la plume d’ange pour t’écrire ;
Et c’est moi qui saigne, encre blonde où je t’admire.
Un Pétrarque fossile, un Celan dans la Seine,
Peut-il séculariser ta langue sereine ?
Les plumes caressantes et griffes mordantes
De la passion ; t’écrire et souffrir jusqu’à l’ange :
Au bouvreuil de peine, mésange évaporée.
Comment as-tu changé ? Sablier d’alphabet,
J’aime une inconnue qui n’existe à peine plus,
Loin et constellation d’Andromède perdue.
CCXLI
Un zen et blond silence est peint en ton visage,
Ou nostalgie de ce qui n’aura jamais lieu…
Moins que portrait d’un front sauvage aux fictions sages,
C’est mon autoportrait que vient marquer le dieu
Eros aux vifs crocs d’or. Plénitude, évidence,
Intellect poignant de ta discrétion dorée,
Comme la douce pression de tes doigts immenses
Sur l’ivoire des os et nerfs énamourés
Qui vibrent pour toi. Car les atomes du Temps
T’attendaient… Bousculés par ta rose splendeur,
Ressuscitant les braises mortes de Shakespeare
Sous les dés de ma plume et de l’IPhone pleurant
De joie sous les ailes mentales du désir…
Oui, chaque seconde est l’ombre de ta blondeur.
CCLIV
Quand, sur le clavecin, tes sensibles empreintes,
Pour un prudent prélude, osent et s’aventurent,
Lunettes attentives, fil d’or des montures,
Reflétant en mon foie la picturale étreinte
De ton portrait charnel, je mange un fol plaisir :
Du mascara pulpeux au cambré de tes mains,
A l’amande elliptique de ta lèvre et ton rire,
Je divorce soudain de tout inquiet chagrin.
De ce lyrisme usé, sauras-tu reconnaître
Son authenticité, extraire quintessence,
Cyprine spirituelle, émotive sapience
Pour que ma syntaxe embrasse ta langue à naître ?
Au-delà de la mortalité des idiomes,
Que nos mots enlacent leurs bouches, vifs rhizomes…
CCLXII
Suis-je responsable de t’aimer ? Chère engeance…
Culture impressionnante, épure, intelligence
Eblouissante sont tes sensuelles beautés.
Séparé de toi, je suis, de tes qualités.
Il faudrait conserver, intacte en ma pupille,
Ta vie, tes joues, jusqu’à l’argile de mes yeux,
Jusqu’à l’extinction des atomes et des dieux.
Je ne suis pas ta menace, adorée tranquille…
Tu es belle comme les pleurs cristallisés,
Comme l’or de Gucci et la pensée, l’aria,
Belle comme la canine de cruauté
Où je suis mordu. Comme fin amour courtois
Pour l’étoile dans le bleu vif, comme la soif
De la pierre où j’ai léché l’aura de tes pas.
CCLXVIII
N’aie crainte, l’amour est une veille intérieure ;
Mes sonnets sont tissés par des claviers de fleurs,
Des bouquets de plumes et pollens pour tes reins.
J’aimerais dormir avec ton nom dans mes mains.
Pourtant tu es ma cécité, mon agraphie,
Ma surdité, ma mutité, mon agnosie
Où je tente d’aimer ta lame de beauté,
Parmi le cosmos organisé, incomplet.
Nul n’ignorera que d’être aimée tu mérites,
Même si ton marbre de papier clair s’effrite
Dans une seule bibliothèque où l’IPhone,
Dernière stèle d’une civilisation,
Rayée de sable, est promis à ton émotion.
J’aimerais mourir avec ton visage icône.
CCLXX
Basalte gris je suis, devant le cher séisme
De sphinge de beauté, jade rose et lyrisme…
Tu es l’énigme d’or, la plaie d’intranscendance :
Sens-tu mes yeux t’envelopper, ivresse où danse
L’intellect ? Toi, le fouet caressant de ma vue,
La fibule du Temps que Gucci sculpte nue
Au revers de ta veste ; où je connais le sens
Du mot aimer. Et ma fragile inconséquence…
Quand l’inquiétude de l’amour cessera-t-elle ?
Mélancolie menthe… Ou me propulsera-t-elle
Vers la soie de ton os temporal ? Là, vibrer…
Elizabeth Barrett Browning, Louise Labé
Ont écrit des sonnets. N’en es-tu pas capable ?
T’entendre et te lire ! Lyre et langue imparables…
CCLXXII
Tu es la lumière au miroir de ton IPhone,
Comme sainte éclairée par Georges de la Tour :
Le spectacle rieur des joues magnifiées trône
Dans la pupille de ma mémoire et du jour…
Cher orchis blond, je suis une syntaxe infime
Où sont tes ferveurs, soies et mésanges intimes ;
Toi, corolle de peau, esprit vif, monde ouvert.
Je. Souffle. Cendre et orchis noir de l’art sans terre.
Je suis bague vide dont tu es le doigt d’ange
Et d’âme. Tu es Joie d’où je suis arraché.
Je. Bonheur. Pétales de sonnets colorés.
Comme l’ambre conserve en son or les étranges
Coléoptères du temps, je suis ton rituel.
De l’amour, tu es la légende et le réel.
CCLXXIV
Se peut-il qu’un prénom soit blotti, au secret,
Dans le mot Aphrodite, ou marbre satiné ?
Chiffre, algorithme où espérer t’entendre naître…
Lis-tu mes vers sur IPhone pour me connaître ?
Connaître la pointure de tes escarpins,
Sonate de ton cœur, ton argumentation
Politique, de ta clavicule un parfum,
Le miroir de mon ridicule ; et tes passions…
Cher cosmos féminin, tu es cruel emblème
De tes grands yeux froncés et tendresse sensible :
L’innocence et la peur, finesse intelligible,
La racine du Mal et notre onction du Bien,
Les siècles de culture et l’ambre du divin,
Je caresse les oiseaux de tes doigts. Je t’aime.
CCLXXXIV
Quand, en manque d’amour, j’ai vu ravissement,
Ta sagesse et blondeur, j’ai, comme ange, implosé ;
De sa gueule vanille Eros m’a dessillé :
La pression de tes yeux offrit lyrisme au Temps.
Un fleuve d’exégèse ose être à ton service,
Une ascèse joie pleurs est mon cœur tellurique,
Eviscérant ma gorge où l’esprit est orphisme.
Ton doigté syntaxique et ton feu pianistique
Sur ma chair érogène ont jeté leur scalpel.
Je veux tisser le masque mortuaire des dieux
Avec les rimes de tes cheveux, de l’IPhone,
Pour qu’à mes deux lèvres ton cher front s’abandonne,
Offrir un sac Gucci entre tes mains rebelles,
Où choyer le recueil de nos sonnets précieux…
CCLXXXVIII
Voici un nouvel ambre au lyrisme amoureux,
Cristallisant les faillibles mésanges bleues
Des vocables, dont ta syntaxe aura pitié,
Que l’ombre des sonnets tente de préserver.
Aimé-je un souvenir plutôt que ton réel ?
Je te ravive, comme poursuivant une aile
D’ange érogène, don perdu de blonde aura.
Je ne saurai jamais le parfum de tes bras.
Je mets à tes pieds coléoptères du soir,
Le décalage vers le rouge d’un cœur sage
Et des astres, jusqu’à l’explosion du langage…
Visage de bonbon, rire et libre fierté,
Tu es le lichen de couleur de ma mémoire,
La théologie négative et le duende.
CCXCV
Quand les autres blondes sont ta caricature,
J’ai le regret tranchant de ne trouver peinture
De toi, exacte et mobile, ni dans Mémoire,
Ni dans l’art du Titien, ni dans le piètre espoir
De la valse des vers. Qui sait si le pouvoir,
De ces sonnets offerts à l'effacé miroir,
Leur torrentiel lyrisme, où l'éthique est sauvée,
Saura trouver l’or ravi d’une nuque aimée ?
Quand trois cents variations sur l’absence du nom
Auront trop peu séduit ta blondeur intouchable,
Quand le sang de mon crane et ton inattaquable
Marbre auront par instants pensé à l'unisson,
Quand ta disparition, Moire, est pour moi sévère,
Ne devrais-je pas abandonner l’art des vers ?
Epilogue
Chère marbre de nuit, jamais je n’ai revu
Le Sienne incisif et pulpeux noir de tes yeux,
Ni ta chair, ni tes robes, sinon dans les vœux
De ces vibrants sonnets aux passables vertus.
N’aurais-je à présenter qu’un visage excavé,
Os et cendre en tempête, atome sans futur,
Talweg où seule émerge Aphrodite scarifiée ;
Comme un vieux merle enfoui dans un buisson de mûres…
Aimer serait l’erreur du naïf, des passions,
D’une folie d’hormones née en rhétorique :
Moderne, je n’ai joint l’Aphrodite lyrique
En ne palpant que gouge et ciseau des fictions,
Buées évaporées au toucher de l’IPhone.
Devrais-je être amoureux d’Emily Dickinson ?
Colophon
Dès l'adolescence entamée, jusqu'en décembre
Deux mille douze, comme illusoire relique,
Ecrite en l’état de lévitation lyrique,
L’œuvre de Thierry nous offre un réel fait ambre.
Il ne faut à l’Aimée chercher quelque semblance,
Où toute identité n’est que coïncidence,
Car idéal, fiction s’en vont ici de pair
Pour figurer nos purs désirs et nos travers.
Aphrodite mobile que j’ai statufiée,
Qu’à force d’encre si blonde j’ai rédimée,
Plus inconnue que défaillance de Mémoire,
Tu as su pardonner ces vers attentatoires
Où tes vertus intactes, dont je suis copiste,
Ont mon fidèle amour, malgré l’art solipsiste.
(c)Thierry Guinhut
Le sonnet CXCI est publié sur le site de Poetry Life & Time : link
Une vie d'écriture et de photographie
Quatre autres sonnets ont été publiés par : Le Phénix renaissant de ses cendres, The Phoenix Rising from the Ashes, Anthologie de sonnets du début du troisième millénaire
Museo Romano, Mérida, Extremadura.
Photo : T Guinhut.
To a young marble Aphrodite.
Prologue
It was ten years ago: either this marble or your sight ...
Fair head also studying the agrégation,
You moved me. Only emotion hemmed words
Lingered your features, during diffuse months,
Within my amber memory. Where I see you better
In this beloved Capitoline Aphrodite
Who enforces my art, who covers my sonnets,
Borrow your face and approach it to the gods.
Transposing in the iPhone a tenuous adventure,
These verses between middle age and your young spark,
Where I invent piano, lover and encounters,
The keyboard run, flee toward thy flesh unknown.
Marble so pure of time and fictional Muse,
Where is the steep fault ? In language, in reality ?
I
The sensible frame at the temples and forehead,
The skull so deadly under diaphanous skin,
The swallow-like gaze have beauty’s modesty:
An ideal to caress, my respects will know how to.
Praxitelian icon in fairness embodied,
Where to charm the impossible, where to calm the Fates,
Pulp of sensual ardour, hellenistic gift,
Cosmological constant and joy without affront...
But could I enthusiastically to the missing sculpture,
Still, of breasts’ tenderness and quiver,
Offer better than grey sketch of decent life ?
For the hem of your lips and the spirit of your forehead,
To the breath of intellect, to this plastic marble
I offer distilled Love, its lyrical promise.
Thierry Guinhut
Une vie d'écriture et de photographie
Translated from french by Jo-Elle
Traduction également publiée sur artvilla.com/ : link
Photo : T. Guinhut.