Col Tuckett, Dolomites de Brenta, Trentino Alto-Adige.
Photo : T. Guinhut.
Lovecraft, Montagne hallucinée
d’une sommitale biographie.
S. T. Joshi : Je suis Providence
& autres nouvelles nées de l'espace.
S.T. Joshi : Lovecraft. Je suis Providence,
divers traducteurs de l’anglais (Etats-Unis),
Actu SF, 2019, tome I, 712 p, 28 €, tome II, 680 p, 27 €.
Les Meilleures nouvelles de H. P. Lovecraft,
Traduites par Isabelle Barat, Nathalie Barrié et Anaïs Courdouan,
Editons Rue Saint-Ambroise, 324 p, 14,90 €.
H. P. Lovecraft : L'Appel de Chtulhu,
traduit par François Bon, Points, 96 p, 7,10 €.
Lovecraft au cœur du cauchemar,
sous la direction de Jérôme Vincent et Jean-Laurent Del Socorro, ActuSF, 464 p, 30 €.
Rencontrer à treize ans L’Abomination de Dunwich peut changer une vie, au point de la consacrer presque toute entière à l’auteur de cette horrifique nouvelle : Howard Philip Lovecraft (1890-1937). Ainsi les lovecraftiens passionnés ont enfin entre leurs mains, aux côtés de ses nouvelles, la monumentale biographie patiemment tissée et retissée par Sunand Tryambak Joshi, abrégé en S.T. Joshi. Sous les yeux du lecteur, sont dévoilés d’immenses pans inconnus de la personnalité du maître de Providence. Lequel auteur et, à un moindre degré, son biographe, apparaissent comme des Montagnes hallucinées, selon le titre d’une des œuvres maîtresses, qui voit parmi les cités de pierres de l’Antarctique surgir de « Grands Anciens » et bourgeonner la réanimation épouvantable des protoplasmiques « shoggoths ». Une énergie incroyable a poussé J.T. Joshi à réanimer un Lovecraft plus étonnant et térébrant que jamais ; sans compter qu’il a également publié des éditions annotées d’Ambrose Bierce, des essais sur Lord Dunsany et Algernon Blackwood, autres phares du fantastique prélovecraftien.
Si l’ancrage chronologique tisse en tout respect du genre l’ouvrage, et sans choir dans le systématisme de la critique biographique, il permet de cependant répondre, quoique forcément incomplètement, à la question suivante : d’où vient que Lovecraft soit le créateur du monde énorme et inquiétant de Cthulhu[1] et du Nécronomicon ? La démence du père, qui était une syphilis non diagnostiquée, puis les années de dépression qui empêchèrent l’écrivain en herbes folles d’aborder des études universitaires - ce pourquoi il est essentiellement autodidacte - son peu d’attrait pour la sexualité et le sentimentalisme, quoiqu’il fût brièvement marié avec Sonia (« mère de substitution », avance Joshi), voilà qui peut forger dans les caves de l’esprit du reclus de Providence une appétence pour l’effroi et le sombre surnaturel. Aussi, boulimique surdoué dès l’enfance, il dévore Les Mille et une nuits à cinq ou six ans, engloutit la littérature de l’Antiquité autant que la plus populaire de son temps, étudie de manière compulsive l’astronomie jusqu’à écrire de petites revues, recourt à une écriture poétique classicisante (ici longuement citée et analysée), tout en sacrifiant à un racisme dont il se départira guère : « Les habitants de l’Olympe conçurent un plan astucieux. / Ils forgèrent une bête, à la silhouette à moitié humaine, / Remplie de vice, et ils appelèrent cette chose un NEGRE. » Les créatures frustes et consanguines de villages reculés, ou difformes et monstrueuses venues des abysses des œuvres futures en sont un avatar, comme dans Le Cauchemar d’Innsmouth, ce « grand récit de dégénérescence », selon Joshi, où des êtres puants, mi-poisson mi-grenouille, soumis à « Dagon » envahissent et contaminent l’humanité, jusqu’au narrateur, Olmstead, qui, découvrant sa généalogie vénéneuse, finit par s’abîmer avec enthousiasme dans le repaire cyclopéen de « Ceux des Profondeurs ». À moins de penser à sa mère se plaignant de la « hideur de son fils » à la « mâchoire prognathe », ce qui aurait nourri un complexe physique susceptible d’engendrer des monstres. Est-ce à mettre en relation avec la presque absence de personnages féminins chez notre conteur, hors l’abominable, ténébreuse, vampirique, Asenath Waite, dans Le Monstre sur le seuil ?
Les romans gothiques[2], Allan Edgar Poe[3], Arthur Machen sont pour lui les prémices de sa création. Ainsi, à partir de 1903, ses premières nouvelles notables sont La Bête de la caverne et L’Alchimiste, puis Les Rats dans les murs qui permet au narrateur de découvrir sa parentèle d’essence morbide, même s’il faudra attendre 1926 pour que cette veine souvent macabre soit résolument dépassée avec L’Appel de Cthulhu, dont les récits emboités agrègent une statuette irréductiblement ininterprétable, une orgiaque cérémonie vaudou, messe noire et brutale, au cœur des marais, une déambulation dans la cité maudite de R’lyeh, puis un combat désespéré contre « la face grouillante de tentacules » de Cthulhu. L’isolement du conteur, assis sur une bibliothèque immense, contribue alors au bouillonnement neuronal qui engendre la création de ces « Grands Anciens » revenus au jour pour menacer et saccager l’existence et la civilisation humaines. À moins qu’ils soient le signe d’une nostalgie de la mythologie grecque ressentie par un écrivain vivant dans d’américaines contrées où il n’existe guère d’équivalent ; d’où la nécessité d’avoir recours à une création toute personnelle et d’autant plus vaste car d’origine extraterrestre. Aussi la « chose » venue du fond de l’univers et cachée au tréfonds de L’Horreur dans le musée - une nouvelle d’Hazel Heald totalement révisée par Lovecraft - mérite-t-elle un sacrifice sanglant et un culte passionné : « C’est un Dieu et je suis le dernier prêtre de sa hiérarchie du dernier jour. Iâ ! Shub-Niggurath ! Le Bouc aux Milles Jeûnes ! » Quoique S. T. Joshi trouve ces pages au mieux parodiques, et « particulièrement grotesques », nous serons beaucoup moins sévères, voire élogieux à l’égard de leur construction et de la figure du créateur de figures de cire littéralement possédé par le dieu venu d’ailleurs.
La maîtrise lovecraftienne exige cependant une culture et un esprit de synthèse rigoureux lorsqu’il rédige son essai novateur : Epouvante et surnaturel en littérature. Les Montagnes hallucinées de ses récits unissent la folle déflagration d’un fantastique qui dévore les êtres et l’univers à une rigoureuse narration de la montée des périls : souvent un jeune homme (un alter ego ?), féru d’archéologie et de généalogie, doué d’une érudition compulsive, mène une dangereuse enquête concernant un de ses ancêtres qui aurait été happé par des forces inconnues et leurs séides, qui ont la puissance cosmique d’une « anti-mythologie ». Ainsi c’est non seulement la santé physique de l’imprudent qui risque la dévastation mais également son équilibre mental soufflé par la terreur éprouvée à l’ouverture des portes débouchant sur un monde qui balaie nos représentations. Seul parmi ses héros, Randolph Carter, échappe à la folie, à la destruction, voire à la liquéfaction, dans La Quête onirique de Kadath l’inconnue.
Des traits curieux frappent le lecteur : sa « haine de la machine à écrire », son « matérialisme mécaniste et athéiste », le contraste entre le reclus de Providence et une correspondance pléthorique avec une foule d’écrivains amateurs et professionnels, voire des artistes peintres, son Journal de 1925 tout récemment publié attestant de sa « terrible pauvreté », mais aussi une vie sociale étonnement fourmillante, en particulier à New-York, entre clubs littéraires, amis, disciples, puis de nouveau, contrastant avec sa « boulimie intellectuelle », la pauvreté sordide, « dangereusement proche de la soupe populaire ». Sans oublier, hélas, sa pathétique agonie, au cours de laquelle il tient encore un « journal de mort », sous le coup d’un cancer, à 47 ans, alors qu’il n’avait jamais vu son œuvre publiée sous forme de livre, hors The Shadow over Innsmooth, « une débâcle jalonnée d’erreurs » et un désastre financier…
Le créateur de Nyarlathotep, aux avatars bulbeux et griffus, demeure une énigme de la créativité géniale, quoique cette biographie soit aussi méticuleuse que passionnante ; hors le premier chapitre sur la généalogie familiale du maître du fantastique, voire celui des déboires journalistiques. Le travail de deux décennies, remis sans trêve sur le métier, est scrupuleusement documenté, en particulier en consultant les dizaines de milliers de lettres de son modèle. Ainsi l’on saura tout sur les voyages en bus entre Floride et Québec, à la recherche de cités historiques, sur son amour des chats, jusqu’au coût des costumes après qu’ils lui aient été volés, et ses repas tristement insipides, voire malsains, et son asexualité, corollaire de l’absence de tout érotisme dans ses récits. Non sans surprise, il s’avère qu’outre ses lectures fantastiques, il met au-dessus de tous Balzac et Proust.
Quand S. T. Joshi n’omet jamais les résumés et les pertinentes analyses de chaque œuvre, les chapitres les plus étonnants sont ceux où l’on voit notre auteur fétiche sculpter une poésie encore méconnue de ce côté-ci de l’Atlantique, où il polit ses horreurs païennes pour un « pulp », Weird Tales, qui publia 279 numéros, où les suiveurs enclenchent la série des « dérivés » du maître, comme le Rôdeur devant le seuil, un roman plutôt réussi (malgré la répugnance de S. T. Joshi) venu d’une discutable « collaboration posthume » aux bons soins d’August Derleth, pasticheur en chef parmi les multiples imitateurs.
Se détache alors un homme prodigieusement polymorphe, hostile au monde moderne et à l’industrialisation, exalté par les vieilles pierres et les monts forestiers, graphomane et bibliomane, antisémite quoiqu’il eût bien des amis Juifs, passablement fascisant, tout en professant une indulgence spécieuse envers Hitler, puis, à la suite de la crise économique de 1929, penchant vers le socialisme, sans être un instant marxiste ni communiste, ce que confirme l’utopie de la « Grande Race », dans L’abîme du temps, l’un de ses tout derniers récits : « Le système politique de chaque unité était une sorte de socialisme mâtiné de fascisme, où les ressources les plus importantes étaient réparties de manière rationnelle, et le pouvoir placé entre les mains d’un petit conseil gouvernemental élu par les suffrages de ceux qui avaient réussi certains tests culturels et psychologiques […] L’industrie, hautement mécanisée, laissait beaucoup de temps libre à tous les concitoyens, ; et les nombreuses heures de loisirs ainsi dégagées étaient consacrées à une infinité d’activités intellectuelles ou artistiques. »
Cependant, il est toujours prêt à aider un jeune auteur de ses conseils, corrigeant, réécrivant les productions de ses clients au point d’en faire des œuvres dignes de son génie, au bout du compte étonnamment rationnel au regard de la déflagration surnaturelle qui structure ses récits. Un Lovecraft émouvant s’élève depuis cette biographie, qui, à la fin de sa vie, a de moins en moins confiance dans la valeur de ce qu’il écrit, au vu des critiques négatives et des échecs éditoriaux : « D’ici une décennie, à moins que je ne puisse trouver un travail qui me rapporterait au moins dix dollars par semaine, je devrai choisir le chemin du cyanure, puisque je ne pourrai plus garder les livres, les meubles et autres objets familiers qui sont ma raison de vivre », écrit-il dans une lettre à Helen V. Sully. Si bien des coquilles affectent l’ouvrage de S. T. Joshi (mais beaucoup moins dans le second volume) elles restent sans conséquence, pardonnables, dans ce massif aux deux volets totalisant 1400 pages dont les aficionados se délecteront, en attendant la publication de l’œuvre intégrale chez Mnémos au début 2020.
Fantastique et Fantasy, horreur et science-fiction confluent parmi les pages du conteur, entre nouvelles et novellas, qui frôlent la dimension d’un roman. En une créativité qui n’est réductible à aucun de ces genres, d’autant que les repoussants univers destinés à contaminer et remplacer l’espèce humaine peuvent être à part égales des civilisations qui relèvent de l’utopie pré-humaine, comme celle de « K’n-yan » dans Le Tertre. Il ne faut pas à cet égard ignorer que Lovecraft, conscient de la mortalité des sociétés, fût un lecteur du Déclin de l’Occident d’Oswald Spengler.
Pourquoi accorder tant de crédit à des fictions aussi improbables ? L’homme n’est pas sans ressentir autant la beauté que les menaces de l’univers, ne seraient que celles de sa précarité et de sa mort et bien entendu du mal. Or, et au-delà encore de bien des maîtres du fantastique, qu’ils s’appellent Edgar Allan Poe ou Arthur Machen, Lovecraft excelle à figurer la peur, y compris celles des démons qu’elle engendre et que dans sa folie il prend pour véritables : « L’émotion la plus ancienne et la plus forte chez l’homme est la peur, et la peur la plus forte et la plus ancienne est celle de l’inconnu », écrit-il. Ainsi les prodiges de l’imaginaire et du fantasme peuvent engendrer chez le créateur doué, voire de génie, de vivantes purulences macabres et maudites, des antimondes gisant dans un passé prêt à se réveiller, soit des horreurs jaillies du subconscient et des terreurs cosmiques grouillantes de vies souveraines aux formes inqualifiables, là où l’on assiste, impuissant, à « l’arrêt ou la défaite, pernicieuses et précises, des lois établies de la nature, qui sont notre seule sauvegarde contre les assauts du chaos et les démons de l’espace insondé[4] ». En-deçà du temps et au-delà de l’espace, gisent des forces que Lovecraft parvient à nous faire avaler, sans l’ombre d’un ridicule, mais avec l’ombre d’un soupçon : serait-ce possible ? Restent, de toutes manières, l’insinuation et la vigueur de l’escalade des périls jusqu’aux montagnes les plus hallucinées de la psyché, de l’espace, du temps, et la qualité esthétique de tels mythes nés de l’esprit paradoxal d’un écrivain que l’on pourrait imaginer plus prolifique si les dieux incompétents de l’édition de son époque ne l’avaient tant desservi. Il ne faut cependant ne pas ignorer que Lovecraft débordait « d’un profond rire intérieur » si l’on prétendait croire à l’existence réelle de ses dieux…
Pour entrer dans l’univers de Lovecraft, sans risquer sa santé physique et mentale - voire - rien ne vaut un bon fauteuil de lecture et une anthologie soigneusement choisie. C’est le cas des Meilleures nouvelles de H.P. Lovecraft, volume dans lequel huit récits forment une excellente initiation aux espaces de terreur et à leurs créatures, orchestrés par notre iconique écrivain, que la traduction sert avec efficacité. En témoigne « La malepeur », cet ancien mot médiéval pour « The Lurkig Fear », ce qui est plus expressif et térébrant que « La peur qui rôde ». Il s’agit d’explorer une « tombe archaïque », où l’on sent se resserrer « les vrilles d’une horreur cancéreuse qui prenaient racine dans les passés incommensurables et les insondables abîmes de la nuit qui ressassent au-delà du temps » ; cette dimension immémoriale étant une constante lovecraftienne, d’où jaillissent des menaces terrifiantes, des entités vénéneuses. « Le festival » est celui qu’entraîne, dans une pièce de l’ancienne maison familiale, la lecture de « livres chenus de moisissures », dont l’infâme Necronomicon, cet ouvrage fictif et diabolique qui est le point nodal de l’œuvre du maître de Cthulhu. À la suite de cette mise en bouche, le narrateur se laisse entraîner en un temple où se déroule « le rite de Yule », avec le secours d’une « horde de choses ailées, dressées, hybrides, dont aucun œil raisonnable ne saurait jamais complètement saisir la nature ».
Comme un noir et fangeux missel, s’ouvre « L’appel de Cthulhu », texte-pieuvre qui tient en ses tentacules nombre de thématiques lovecraftiennes. Sur la trace d’une statuette de pierre incompréhensible, l’enquête parcourt un musée, un marais de Louisiane, puis des îles du Pacifique ; pour deviner la récurrence du culte abject de Cthulhu et autres divinités mi-chtoniennes, mi-aquatiques dont « R’lyeh », venus d’un antédiluvien univers où régnaient les « Grands Anciens », susceptibles de se réveiller. Cette nouvelle séminale, faisant partie du « Cycle d’Arkham », en compagnie de « Dagon » et « Dans les montagnes hallucinées », se lit et se relit non sans fascination ; à moins de la posséder - au sens démoniaque du terme - sous la belle couverture cartonnée des éditions Points, traduite cette fois par François Bon.
À la vénéneuse destruction de « La couleur née de l’espace », à un « Prêtre maléfique » dont il va falloir prendre l’apparence pour longtemps, il faut ajouter cette cité toute entière en la possession de créatures mi-humaines, mi-poissons, parmi « Les ombres d’Innsmouth », où le narrateur, encore un enquêteur trop curieux, prend le risque de découvrir combien il est mystérieusement associé à cette lignée.
Nous ne saurions assez recommander cette édition, qui est une initiation à la puissance imparable, même si, hélas, la couverture n’est en rien représentative de la fantasmagorie « polypeuse » de notre cher Lovecraft ; quoiqu’il s’agisse d’une collection des « meilleures nouvelles » de Virginia Woolf ou d’Anton Tchekov.
Il est également permis d’entrer dans l’univers lovecratftien d’une manière encyclopédique, grâce au volume joliment relié et illustré intitulé : Lovecraft. Au cœur du cauchemar. Il présente un triptyque de lectures : d’abord « L’homme », ensuite « L’œuvre » et enfin « L’univers étendu », soit les produits dérivés, en d’autres termes tous les médias où essaime la légende du maître de Cthulhu : bande dessinée, illustration, cinéma, jeux de rôles et jeux vidéo… Les contributions de maints auteurs perspicaces, essayistes ou traducteurs, éclairent tout ou partie des problématiques afférentes au créateur du Nécronomicon, cet ouvrage mythique qui n’existe qu’au travers de ses écrits et non en tant que tel comme d’opportunistes éditeurs veulent le faire croire. L’on s’interroge sur « Lovecraft et la science, sur « l’anti-heroic fantasy », sur la pertinence des nombreuses « traductions françaises[5] », l’on découvre un cycle de 36 sonnets intitulé Fungi de Yuggoth (« l’apogée de la poésie fantastique de Lovecraft », selon S. T. Joshi) en confrontant deux traductions du premier d’entre eux, « Le livre », dans lequel se cache :
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Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.