Orazio Gentileschi : Diane chasseresse, 1631, Musée des arts, Nantes, Loire-Atlantique.
Photo : T. Guinhut.
Ce que la philosophie doit aux Femmes :
De Gilles Ménage
à Laurence Devillairs & Laurence Hansen-Løve,
jusqu’à Maria Zambrano.
Gilles Ménage : Histoire des femmes philosophes,
traduit du latin par Manuella Vaney, Arléa, 2021, 128 p, 8 €.
Laurence Devillard et Laurence Hansen-Løve :
Ce que la philosophie doit aux femmes,
Robert Laffont, 2024, 496 p, 22,50 €.
Maria Zambrano : Philosophie et poésie,
traduit de l’espagnol par Jacques Ancet, Corti, 2024, 128 p, 18 €.
Platon, Aristote, Thomas d’Aquin, Friedrich Nietzsche, Foucault, Peter Sloterdijk… Tous philosophes, ils n’en sont pas moins hommes. La sphère de la philosophie ne serait-elle le fait que de Messieurs ? Alors que - faut-il le rappeler ? - il n’est en rien interdit de philosopher au féminin, ce dont témoignèrent l’Antiquité et la mise au point de Gilles Ménage, il y a de cela trois siècles. Si occidentalocentrée elle est, alors combien est-elle phallocentrée ! L’histoire de la philosophie comptant pourtant nettement plus de femmes qu’attendu. Il n’est jamais trop tard, sans vouloir céder à une mode idéologique, comme lorsque les compositrices doivent certes retrouver une place centrale dans l’Histoire de la musique mais sont exhibées au service d’une démarche revancharde, de considérer « ce que la philosophie doit aux femmes », pour reprendre le titre de Laurence Devillairs et Laurence Hansen-Løve. Démarche fort judicieuse qu’il ne faudrait pas confondre avec un militantisme contre-productif. Car la philosophie, en dépit d’un Schopenhauer qui arguait d’un « sexe laid » et des « limites de leur intelligence[1] », n’est et ne doit être ni masculine ni féminine, mais humaniste. Malgré l’indéniable richesse d’un tel rachat de nos penseurs au féminin, nos deux maîtresses d’œuvre n’ont-elles pas oublié Ayn Rand et Maria Zambrano ?
Faut-il cependant rappeler que l’Antiquité et le Moyen-Âge n’étaient pas le bouge du patriarcat, mais une ère où ces dames pouvaient penser. C’est au XVII° siècle, soit en 1690, que l’humaniste Gilles Ménage écrit en latin son Histoire des femmes philosophes, précieux recueil d’ailleurs dédiée à Madame Dacier, éminente traductrice d’Homère. Songeons qu’Aspasie de Milet, « maîtresse d’éloquence », « enseigna la rhétorique à Périclès et à Socrate, et à ce dernier la philosophie », rien de moins ! Elle avait de plus une « habile connaissance de la politique » selon Plutarque. Que Diotime est l’inspiratrice de Socrate dans Le Banquet. Que Sainte Catherine d’Alexandrie était « savante dans les lettres sacrées et profanes ». Il y eut des « platoniciennes », dont Hypathie d’Alexandrie qui « succéda à Plotin » et fut assassinée par la jalousie de Chrétiens particulièrement inattentifs au message du Christ ; elle écrivit un Commentaire sur Diophante, des « règles d’astronomie et un traité sur les Coniques d’Apollon ». Mais aussi des « académiciennes », des « dialecticiennes », des « stoïciennes », des « cyniques », des « pythagoriciennes », comme Théone, qui embrasa d’amour Pythagore lui-même ! Hélas l’on sait la philosophie orale et la mortalité des papyrus ne nous permirent guère de conserver tous les talents de ces dames.
De nouveaux Gilles Ménage ne ménagent pas leur peine pour ériger une nouvelle et plus contemporaine Histoire des femmes philosophes. Qui ferait la part belle à Simone Weil, la philosophe de L’Enracinement et de l’Etude pour une déclaration des obligations envers l’être humain, dans laquelle « l’univers mental de l’homme » est habité par l’« exigence d’un bien absolu ». Il faut d’elle méditer cette judicieuse pensée : « Parmi les inégalités de fait, le respect ne peut être égal envers tous que s’il porte sur quelque chose d’identique en tous[2] ».
Vient donc à point Ce que la philosophie doit aux femmes, sous la direction de Laurence Devillairs et Laurence Hansen-Løve, magistral volume, avec le concours d’une douzaine de leurs consœurs. Elles n’oublient pas de faire allusion à Gilles Ménage, d’aller chercher « les pionnières », elles ne confondent pas « philosophe » et « féministe », ni n’auraient l’incongruité de penser d’une manière essentialiste qu’une « nature féminine » singulariserait la pensée de celles « qui ne se présentent pas en victimes ». Elles savent penser le pouvoir et la liberté, le mal et la justice, l’utopie et la vérité...
A-t-on depuis Gilles Ménage amélioré notre connaissance des dames savantes de l’Antiquité, malgré tant de textes perdus ? L’on sait que les écoles philosophiques accueillaient les femmes, que Platon faisait de Diotime de Mantinée son égérie intellectuelle à la fin du Banquet, quoiqu’elle fût peut-être fictionnelle. Grâce en particulier à des recherches anglo-saxonnes, Mary Ellen Whaite[3] ou Dorothy Rogers[4], l’on découvre bien d’autres épicuriennes, pythagoriciennes, platoniciennes, etc. Outre Diotime, Hipparchie de Maronnée voit ici sa « volonté de savoir » réhabilitée. Et si ces dames ne semblent guère dévier de la pensée en cours à leur époque, quelques traités sont plus spécifiques, tels ceux de Phyntis de Sparte ou Périctioné, dont on retient Sur l’harmonie des femmes.
Ailleurs, bien loin de la Grèce, ce sont Maitreyi en Inde, ou encore Ban Zhao en Chine, qui disserte des mœurs confucéennes, de la vertu féminine comme « centre de la vie politique ».
Cependant, il y a bien pendant l’ère médiévale une « Cité des dames », pour reprendre le titre de Christine de Pizan[5]. Ce que montre la savante mystique Hildegarde de Bingen, sans compter Catherine de Sienne et Thérèse d’Avila qui ne se contentèrent pas de visions divines, mais furent comptables de bien des avancées conceptuelles, d’une étude de l’être humain, « articulée autour des relations entre sensibilité et intellect, charnel et spirituel, désir et transcendance, bonheur et volonté ».
Et quoique la Renaissance et l’âge classique soient marqués par le sexisme de Fénelon dans son traité de l’éducation des filles, quoique Molière se moque en ses Femmes savantes, il est impératif de penser à Marie de Gournay qui ne fut pas que l’éditrice des derniers Essais de Montaigne ; mais, sachant vivre de sa plume, elle publia en 1622 une Egalité des hommes et des femmes, dans laquelle elle répond à La Servitude volontaire de La Boétie, qui fut le jeune ami de Montaigne. Ou encore à Gabrielle Suchon qui en 1693 publia rien moins qu’un Traité de la morale et de la politique, dans lequel elle dénonce la fiction de l’incapacité de gouverner attribuée aux femmes. Plus largement, elle prétendit à une utopie : vivre sans emprise ni sujétion…
Ambivalent fut le siècle des Lumières, tant un Rousseau confina dans l’ignorance la Sophie de son Emile. Mais c’est oublier Emilie du Chatelet, qui ne fut pas que l’amante de Voltaire, mais la traductrice de Newton, faisant la preuve de la théorie cinétique de Leibniz, critiquant avec pertinence Locke… Il faut cependant attendre la fin de ce même siècle pour voir émerger la malheureuse Olympes de Gouges, qui fut guillotinée par la Terreur, dont on retient la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ; également Mary Wollstonecraft (la mère de Mary Shelley) qui s’attachait à défendre les droits de la femme. Le siècle de la révolution industrielle fut celui d’un difficile affranchissement, auquel contribuèrent Germaine de Staël, Harriet Taylor Mill. Elles peuvent être des révoltées politiques, comme Flora Tristan, Louise Michel et Rosa Luxembourg, quoique la Commune et le socialisme révolutionnaire ne soient pas des voies de liberté. Car elles peuvent aussi se tromper, au même acabit que leurs homologues masculins, tant ensuite la libératrice russe des mœurs sexuelles, Alexandra Kollontaï n’abjura pas le communisme dont elle fut pourtant victime, tant la Simone de Beauvoir du Deuxième sexe se soumettait le plus volontairement du monde avec son cher Jean-Paul Sartre à l’idéologie communiste.
Prodigue fut le XX° siècle. Entre « l’étonnement philosophique » de Jeanne Hersch et « les besoins de l’âme pour Simone Weil. Mais surtout, au plus haut sommet, notre chère Hannah Arendt[6], grande dame philosophale, dont les écrits sur les totalitarismes sont indépassables, qui sut rendre compte du procès Eichman[7], qui sut assumer « responsabilité et jugement », et savait que « le vent de la pensée peut empêcher des catastrophes[8] ».
En notre période contemporaine pullulent nos philosophes. Les auteures de Ce que la philosophie doit aux femmes proposent des recensions généreuses, qui ont le mérite d’en montrer la richesse et la diversité, quoique l’on sache combien il est difficile de porter un jugement avisé sur les qualités du présent – l’auteur de ces modestes lignes n’échappant pas à la fatuité de l’exercice – au risque de ne pas voir, d’oublier, d’occulter ; de survaloriser également. Ce ne sont pas moins de trois vastes chapitres – soit la moitié de l’ouvrage – qui sont consacrés à nos contemporaines. Est-ce trop se glorifier de notre temps ? Certes la démocratisation de l’enseignement, les progrès des mœurs permettent de propulser les talents. Il faut admettre avec bonheur que cette abondance ouvre des portes de recherche stimulantes.
La corporéité féminine est l’objet de toutes les attentions. Catherine Malabrou consacre son intelligence aux dimensions du vécu, du performé, de la plastique. Camille Froidevaux-Metterie examine un corps, qui, génitalisé, voit ainsi ses potentialités réduites. L’on ne perd pas de vue la grande théoricienne du genre, Judith Butler[9], la naissance de l’écoféminisme avec Françoise d’Eaubonne, « la crise écologique de la raison » et « la sorcière philosophe » de Starhawk, même si c’est peut-être confondre irrationnalité et philosophie. Heureusement, alors que l’hypothèse Gaïa s’empare de nombre de pensées (dont celle d’Isabelle Stengers) une Catherine Larrère enjoint de « ne pas céder au catastrophisme ».
Par ailleurs, selon peut-être une nécessité – voire un cliché – maternelle, l’éthique sociale et politique devient celle du prendre soin (ce que l’on appelle en anglais le « care »). Ainsi « répondre à la vulnérabilité, promouvoir la liberté réelle », sont l’objet de l’attention de Martha Nussbaum. Hélas une Nancy Fraser associe « travail de care » et anticapitalisme. Sait-on combien le capitalisme libéral et la généralisation des machines ont contribué à l’émancipation féminine ?
De toute évidence – à moins qu’il s’agisse plus d’actualité que de philosophie – il faut penser le monde après #Metoo. Le viol, très majoritaire masculin, doit être analysé sous tous ses aspects, y compris celui du pouvoir structurel. À cet égard émerge la voie précieuse de Geneviève Fraisse, sans cependant tomber dans un « féminisme dogmatique ». Le consentement étant bien entendu une loi éthique, la « propriété de soi » un indépassable. Les femmes d’Iran et d’ailleurs, que le voile encercle, ampute et abrutit, ne sont-elles pas digne d’une cause universelle ?
Ce que la philosophie doit aux femmes ? Mais un monde insoupçonné, que nous révèle en sa profusion le volume concocté avec scrupule et patience par Laurence Devillairs et Laurence Hansen-Løve…
Certes, personne n’a le pouvoir d’être exhaustif. Et l’on sait que, selon l’adage, la critique est facile et l’art est difficile. Mais n’aurait-on pas oublié Ayn Rand ? Outre ses grands romans, dont Atlas Shrugged – traduit sous le titre français La Grève[10] – qui mérite bien sa qualité de roman philosophique, son essai au titre en forme d’oxymore, La Vertu d’égoïsme, paru aux Etats-Unis en 1964, mérite que l’on s’y arrête. En son tropisme libéral, y compris économique, elle récuse le collectivisme, le vice de l’altruisme et de la solidarité obligatoire, arguant que chacun se doit d’abord à soi-même, et que de surcroit c’est ainsi que la société peut bénéficier des progrès et de la prospérité, en cohérence avec le principe de la « main invisible » d’Adam Smith : « L'éthique objectiviste considère que ce qui est bon pour l'homme ne nécessite pas de sacrifices humains et ne peut être accompli par le sacrifice des uns en faveur des autres. (...) Elle considère que les intérêts rationnels des hommes ne se contredisent pas, et qu'il ne peut y avoir de conflits d'intérêts entre des hommes qui ne désirent pas ce qu'ils ne méritent pas, qui ne font ni n'acceptent de sacrifices et qui traitent les uns avec les autres sur la base d'un échange librement consenti, donnant valeur pour valeur[11]. » En conséquence il n’existe pas de droit à asservir quiconque, y compris au profit de l’Etat.
De même il est nécessaire de faire une place à une dame également libérale, dont les éditions Corti viennent de remettre au jour le bel essai Philosophie et poésie. L’Espagnole Maria Zambrano (1904-1991) fut d’abord la disciple d’Ortega y Gasset, libéral résolu, ce dont témoigne son Horizon du libéralisme[12], paru en 1930, avant que ses convictions évidement antifranquistes la conduisent à l’exil en Amérique du Sud et en Europe, entre 1939 et 1982. Celle qui reçut le Prix Cervantès pour l’ensemble de son œuvre en 1988 brilla parmi les pages de L’Homme et le divin[13], à moins que l’on puisse penser que Philosophie et poésie soit, malgré sa brièveté, son opus magnum.
Depuis la Grèce antique, Platon et Aristote, ce sont deux versants : « Aujourd’hui poésie et pensée nous apparaissent comme deux formes insuffisantes, nous semblent être deux moitiés de l’homme : le philosophe et le poète. L’homme entier n’est pas dans la philosophie ; la totalité de l’humain n’est pas dans la poésie ». Il s’agit alors de réconcilier et transcender ce qui n’est pas en soi une opposition, au contraire des esprits chagrins. Car les poètes n’ont jamais gouverné une république ; même si l’on peut objecter que la poésie ne protège pas de l’aveuglement politique, ce dont témoigne le communisme d’Aragon ou de Neruda, ce dernier étant comptable du Prix Staline de la Paix !
Lorsqu’elle énonce que « la philosophie est une extase qu'un déchirement fait échouer », elle postule une violence nécessaire au sein de la réflexion philosophique face au monde. Lorsque nous sommes face à « une justice qui n’est que violence […] la parole de la poésie est irrationnelle, parce qu’elle détruit cette violence ». Quand le poète – qui sait « ce que le philosophe a ignoré : qu’il est impossible de se posséder soi-même » – demeure dans l’étonnement face aux événements de la vie, le philosophe doit se faire violence pour émerger de cet étonnement, de façon à appréhender le réel. Aussi faut-il, pour dépasser la dichotomie entre logos et pathos, tenter une expérience qu’elle appelle « raison poétique », car la poésie, en subissant « le martyre de la lucidité, s’approche de la raison ». Est-ce en quelque sorte, à l’instar de Lucrèce, imaginer un poème philosophique ?
En vertu de sa nature féminine, et en son scrupuleux prologue, María Zambrano qualifie d’« utopique » l’écriture de ce livre, comme l’est chez elle la vocation philosophique : « J’entends par Utopie la beauté irrésistible, et aussi l’épée d’un ange qui nous pousse vers ce que nous savons impossible, comme l’auteur de ces lignes a toujours su qu’elle ne pourrait jamais faire de Philosophie, et pas seulement parce qu’elle est une femme. » L’on constate ainsi que la prose de Maria Zambrano, à la faveur de son érudition ne perd rien de sa limpidité, et que cette dernière est une penseuse rare et précieuse…
Reste que la « poésie de la pensée », pour reprendre le titre de George Steiner, qui engage en quelque sorte un dialogue complice avec celui de Maria Zembrano, est celle qui innerve secrètement toute prose philosophique. Et quoique Platon n’aimât guère les poètes, « non moins que la poésie au sens catégorique, la philosophie a sa musique, sa pulsation tragique, ses transports, et même, bien que rarement son rire[14] ».
Le mouvement de mondialisation et de féminisation philosophiques est bien parti pour durer, du moins espérons-le, dans le cadre de démocraties libérales préservées. Si l’époque contemporaine a peu de femmes philosophes d’immense envergure, hors la sommitale Hannah Arendt, s’engage, au travers d’un bouillonnement de voix, une course à la judicieuse prétention d’être femme et philosophe, alors qu’il suffit d’être simplement humain, prétention qui ne manque pas de moyens entre Rosi Braidotti et son The Posthuman[15], ou L’Âge du capitalisme de surveillance sous le clavier de Shoshana Zuboff[16]. Prenons garde cependant que les préoccupations du temps, voire ses conjugaisons opportunistes, démagogiques et idéologiques, comme un radicalisme féminisme, le décolonialisme, ou ce que l’on appelle la crise climatique, ne donnent lieu à des livres que le recul décapera de leur opportuniste actualité pour laisser voir que le roi et la reine philosophiques sont parfois nus…
Thierry Guinhut
Une vie d'écriture et de photographie
[1] Arthur Schopenhauer : Essai sur les femmes, Parerga et paralipomena, Bouquins, Robert Laffont, 2020, p 1063.
[2] Simone Weil : Etude pour une déclaration des obligations envers l’être humain, Folio Sagesse, 2021, p 82.
[3] Mary Ellen Whaite : A History of Women Philosophers, University of Minnesota, 1992.
[4] Dorothy Rodgers : Women Philosophers. Education and Activisme in Nineteenth- Century in America, Bloomsbury Academic, 2020.
[8] Hannah Arendt : Responsabilité et jugement, Rivages, 2009.
[11] Ayn Rand : La Vertu d’égoïsme, Le Belles Lettres, 2008.
[12] Maria Zambrano : Horizonte del libéralismo, Alianza editorial, 2022.
[13] Maria Zambrano : L’Homme et le divin, Corti, 2006.
[14] George Steiner : Poésie de la pensée, Gallimard, 2011, p 17.
[15] Rosi Braidotti : The Posthuman, Polity, 2013.
[16] Voir : Surveillances étatiques et entrepreneuriales ou Le Citoyen de verre
Orazio Gentileschi : Loth et ses filles, 1628, Museo de Bellas Artes, Bilbao, Euskadi.
Photo : T. Guinhut.