Pertuis d’Antioche, La Couarde-sur-mer, Île de Ré.
Photo : T. Guinhut.
Imposture climatique et suicide économique :
les dérives de l’écologisme
par Christian Gérondeau.
Christian Gérondeau : Ecologie, la fin.
Vingt ans de décisions ruineuses,
Editions du Toucan, 320 p, 20 €.
Christian Gérondeau : Le CO2 est bon pour la planète,
L’Artilleur, 272 p, 18 €.
Violée par plus de trente ans d’étatisme, d’idéologie socialiste et écologiste, la France - mais aussi l’Europe - s’autodétruit pour entretenir ses vices. Les moyens de ce suicide économique sont hélas connus, quoique soigneusement tus, soigneusement entretenus, entre la monstrueuse dépense publique, l’étau des normes, l’avalanche des taxes et le couperet d’une fiscalité confiscatoire. Il faut cependant compter parmi ceux-ci la sacrosainte déesse Ecologie. Non seulement l’écologisme est un empêcheur de danser économiquement en rond, mais de plus, il participe d’une psychose éhontée, dont le réchauffement climatique et le CO2 sont les agents manipulateurs. Heureusement, un scientifique, de surcroit ingénieur polytechnicien, Christian Gérondeau, ose savoir, ose penser, pour rétablir le sens des réalités. C’est ainsi qu’avec Ecologie, la fin. Vingt ans de décisions ruineuses et Le CO2 est bon pour la planète il déboulonne les mantras sur le climat et les énergies renouvelables.
L’exception culturelle française cumule les trente-cinq heures, l’Impôt Sur la Fortune qui n’est qu’en partie aboli, la retraite à 62 ans et son fantasmatique retour à 60 ans, le matraquage de l’imposition, alors que la fiscalité sur les entreprises est l’une des plus lourdes d’Europe : 62 % avant impôts. Sans compter un code du travail complexe aux pages plus nombreuses que celles du Code pénal (ce qui est hélas significatif), les tentations du protectionnisme[1] et du local, la volonté affichée de sauver par la perfusion des subventions les entreprises en faillite au lieu de débloquer les freins à la production de richesses… Partout le contrôle de l’Etat, que ce soit sur le logement ou sur la sécurité sociale, partout le keynésianisme et ses contre-productifs plan de relance, partout la grande machinerie de la redistribution par le bras épuisé de l’état providence augmentent la pieuvre de la dette (avec des emprunts jusqu’à soixante ans). Qui sont l’assurance de la pérennité d’un taux de chômage autour de 10 % (au contraire de nos voisins Suisses à 2,9 % et Américains à 3,9%), de la perte de pouvoir d’achat, hors pour quelques privilégiés. Quant à la dictature des syndicats, elle est un serre-frein terriblement efficace, qu’il s’agisse de l’Education Nationale, de la SNCF ou des dockers qui ne parviennent qu’à faire fuir notre activité portuaire vers l’étranger… Plus de trente ans de socialisme (au sens du constructivisme partagé par tous les partis et pas seulement du parti de ce nom) cumulant tous les pouvoirs, jusqu’à ceux de la presse et de l’éducation, font passer la séparation des pouvoirs selon Montesquieu pour une galéjade que l’on espère provisoire.
Aux poisons économiques et politiques, suffisamment efficaces en matière de suicide, il faut ajouter l’écologisme. C’est alors que le livre iconoclaste de Christian Gérondeau, Ecologie, la fin. Vingt ans de décisions ruineuses, apparait comme un réquisitoire criant. Contre le GIEC et ses pseudos experts d’abord, qui vivent outrageusement de leurs richissimes subsides en exploitant la crédulité populaire et politique grâce à la falsification des études climatologiques. Ils agitent le spectre du réchauffement climatique, alors que seuls quelques dixièmes de degré ont affecté le XX° siècle, au plus 1,5 degré depuis l’aube de la Révolution industrielle à la fin du XVIII° siècle ; alors que depuis quinze ans la température du globe est étonnamment stable. Comme le montre encore Christian Gérondeau avec Le C02 est bon pour la planète, le mythe de l’envahissant CO2 est leur bras armé, imaginant que nous sommes au bord de l’étouffement, alors que bien des périodes géologiques ont vu des pics fabuleux de gaz carbonique, cela sans menacer la faune et les dinosaures, tout en favorisant la végétation et les récoltes. On en aura pour preuve l’utilisation de ce gaz dans les serres, sans nuire en rien aux employés, et la frange sahélienne qui ne cesse de verdir. Quant à la fonte des glaces du pôle nord, provisoire au vu des fluctuations climatiques historiques et naturelles, elle a probablement d’autres causes, en particulier solaire, d’autant que l'Arctique reprend aujourd'hui son extension glaciaire, d'autant qu'à l'autre extrémité du globe l’Antarctique étend vigoureusement sa calotte glaciaire.
En plus de tordre le cou à la légende de l’épuisement rapide des ressources, notre auteur dénonce la propagande antiscientifique et irréaliste d’un Al Gore et de son film Une Vérité qui dérange, alors qu’aucun rivage n’a vu de montée des eaux, sauf d’habituelles grandes marées et autres érosions de terrains côtiers. Il dénonce également, à propos de l’exploitation américaine des gaz de schiste, « un film intitulé Gasland en 2010 qui a fait le tour du monde, où l’on voit du gaz enflammé sortir d’un robinet d’eau présenté comme illustrant les risques liés aux gaz de schiste. Il devait apparaitre plus tard que l’affirmation était fausse et que le gaz concerné provenait d’une nappe d’eau phréatique où s’étaient décomposés des végétaux ». Ainsi, quand les Etats Unis deviennent exportateurs de gaz pour des décennies et créent des centaines de milliers d’emplois, nous nous privons de notre potentiel de « 6300 milliards de mètres cubes », aux dépens de l’emploi et de nos économies, ce qui contribue à la « précarité énergétique » des plus pauvres.
De même, nous nous couvrons de champs d’éoliennes et de panneaux solaires à l’erratique et très faible productivité, qu’il faut coupler outre-Rhin à des centrales gaz et charbon pour assurer une production fiable, en recourant à de massives subventions, à un accroissement du prix du kilowattheure indu pour le consommateur, et surtout le plus pauvre, au prix d’une ponction fiscale handicapante pour la libre entreprise qui seule peut assurer notre avenir : « chaque emploi créé dans le secteur des énergies renouvelables en détruisait plus de deux ailleurs dans l’économie espagnole ».
Le non écologique et étatique français est omniprésent : non aux Organismes Génétiquement Modifiés alors que sa prometteuse filière a été éradiquée. Songeons que le grand écologiste Wilson, en 1984, prônait les techniques OGM pour combattre avec succès la faim dans le monde : « Ainsi une plante alimentaire précieuse pourra recevoir l’ADN d’espèces sauvages conférant une résistance biochimique à la maladie la plus destructrice à laquelle elle est sujette[2] ».
Non encore aux gaz de schiste, non à l’exploration des nappes pétrolières au large de nos côtes méditerranéenne et de Guyane, sans compter le non au nucléaire, alors que grâce à ce dernier la France est une formidable exportatrice d’électricité. La conclusion ne se fait pas attendre : outre l’obscurantisme du principe de précaution et d’un mythique retour antiscientifique à la nature, « les dépenses inutiles consenties au nom d’une illusoire défense de la planète atteignent désormais à l’échelle nationale et planétaire un niveau stupéfiant ». De plus, ces « 2% du PIB, soit 40 milliards par an » pourraient être comptés ailleurs : « Combien d’écoles, d’hôpitaux, combien aussi de réductions d’impôts pour les entreprises ou les particuliers, c’est-à dire de créations d’emplois ? ».
Les essais de Christian Gérondeau (par ailleurs polytechnicien et expert ès questions environnementales qui n’en est pas à son coup d’essai[3]) informés, salutaires, pêchent cependant parfois par manque de précision et de concision ; il se répète en effet beaucoup. Sans compter qu’élogieux pour le nucléaire français il ne fait pas mention du coût du retraitement de ses déchets toxiques et du démantèlement des centrales qui deviendront probablement obsolètes un jour, quels que soient les soins apportés à leur modernisation, à leur sécurisation croissantes. Même s’il milite à juste titre pour les centrales nucléaires de nouvelles générations, capables d’ingurgiter et exploiter des déchets nucléaires, plus sûres et plus productives ; sans cependant faire mention du thorium, qui au lieu de l’uranium, outre son incapacité militaire, est beaucoup plus abondant, donc moins cher, d’un rendement plus élevé et d’une dangerosité incomparablement plus faible.
Faut-il espérer que le titre de Christian Gérondeau, Ecologie, la fin, soit programmatique, de l’ordre du possible et du réalisme enfin accepté, assumé ? La faillite des fabricants d’éoliennes (Vestas au Danemark) et de panneaux photovoltaïques (Q-cells en Allemagne, Photowatt en France…) acculés par la concurrence chinoise (elle aussi subventionnée et provisoire) et par une subventionnite idéologique qui n’a plus les moyens de se répandre, devraient ramener la France et l’Europe à la raison économique.
Le réchauffement climatique d’origine anthropique (devenu « dérèglement », comme si le climat pouvait être naturellement réglé) est non seulement un mythe, si faible au regard d’une Histoire du climat[4] qui en a vu bien d’autres, mais une manipulation du GIEC (Groupement Intergouvernemental sur le Changement Climatique en anglais - et non d’Experts) aux chiffres maquillés. L’on sait que la planète ne s’est réchauffée que d’1,5° depuis le début de la révolution industrielle, sans qu’une relation de cause à effet soit certaine.Certes il faut admettre que localement les déforestations et le bétonnage puissent induire une élévation des températures. Cependant les taches solaires, qui explosèrent pendant le réchauffement du XIX° et du XX° siècles, furent fort paresseuses pendant l’hiver du règne de Louis XIV, soit entre 1645 et 1715. Ce que l'on appelle le minimum de Maunder est en train de se reproduire aujourd’hui, faisant craindre à maints réels scientifiques plutôt un refroidissement planétaire. Pour toutes ces raisons, il est parfaitement compréhensible que Donald Trump[5] et Vladimir Poutine[6] soient profondément sceptiques. D’autant qu’il s’agit d’autoriser les pays émergents dont la Chine à souffler le CO2, et de réduire les émissions occidentales, handicapant ainsi leurs industries.
Pourquoi voudrions-nous que les pays en développement n’accèdent pas au confort et à la prospérité ? Aussi il est nécessaire de les voir se couvrir de centrales thermiques au gaz et au charbon, puis nucléaires, comme en Chine, où elles deviennent de moins en moins polluantes. Ce de façon à se débarrasser des « barbecues de la mort », tous ces foyers de bois, charbon et excréments animaux, sur lesquels les familles cuisent leur nourriture et dont la fumée induit une pollution toxique et une mortalité considérables, qui se compte par millions d’individus.
En conséquence, aux prises avec une hallucinante ignorance scientifique, nous nous trompons d’ennemi : « non seulement l’accroissement du C02 dans l’atmosphère n’a aucune influence majeure sur le climat, mais il joue un rôle fondamentalement bénéfique pour la photosynthèse, et, en améliorant les rendements agricoles, contribue à la lutte contre la faim dans le monde ». Des millions de kilomètres carrés verdissent, accroissant les surfaces forestières, en particulier dans le Sahel. Combien de chercheurs sont alors dévoyés ? Combien de dizaines de milliards d’euros sont-ils jetés par les fenêtres en luttant contre le C02, autrement dit ce gaz carbonique que nous inhalons et respirons, que nous consommons dans nos boissons gazeuses, qui sert dans nos réfrigérants. Notons, ô ironie, qu’une pénurie de CO2 menace des entreprises industrielles !
Souvenons-nous de telles erreurs tragiques. On interdit en 1972 le DDT, un insecticide connu pour éradiquer les moustiques, au prétexte qu’il menaçait des oiseaux. Or « 25 millions de personnes, essentiellement des enfants africains, sont mortes du paludisme », jusqu’à ce qu’il soit de nouveau autorisé en 2006.
Alors que le monde va mieux, que les ressources augmentent, que la faim et la pauvreté diminuent, faut-il agiter les épouvantails ridicules de la surconsommation de la planète ? Certes la pollution par les plastiques et autres substances nocives, par l’excès des pesticides, doit être combattue, mais science et conscience doivent aller de concert au secours, non seulement de l’humanité, mais de la planète, grâce à de nouvelles innovations technologiques et jusqu'à des reforestations urbaines qui apaiseront l'air que nous respirons et notre sérénité.
Très documenté, Christian Gérondeau dénonce également « la grande illusion » de la transition énergétique. Vouloir nous imposer les sources d’énergies renouvelables, éoliennes et solaires, revient à ne plus compter que sur des approvisionnements erratiques, sur des rentabilités négatives, dont les surcoûts sont payés in fine par les contribuables et consommateurs. Au point qu’après avoir abandonné le nucléaire, l’Allemagne, couverte de panneaux solaires et d’éoliennes, doive le plus souvent, du fait d’une production insuffisante et peu fiable, racheter du courant à la France ; et de surcroit se trouve contrainte de payer pour que l’on déleste son réseau dangereusement excédentaire, à cause de journées de grand vent et de soleil !
Il y a encore pour bien des décennies, sinon des siècles, d’énergies fossiles, aux rejets de plus en plus inoffensifs, avant que des alternatives inventives et vraiment rentables ne manquent d’apparaître. Or que ferons-nous de cette quincaillerie de mats, de moteurs et d’hélices, de panneaux de verre, de plus fragiles, sans compter les pléthoriques raccordements, bientôt obsolètes…
Revenir à la raison ? Hélas rien n’est moins sûr. Comme l’affirme Jean De Kervasdoué[7], nous l’avons perdue en même temps que le sens scientifique. De l’écologisme suicidaire des « progressistes anti-progrès[8] », il est peu probable que l’on voit rapidement la fin. Les mentalités françaises et européennes, inféodées à l’étatisme, au marxisme et à la pensée magique, les corporatismes syndicaux et idéologiques, l’enthousiasme pour les grandes causes supra-humaines comme le marxisme, la justice sociale et l’écologisme, et donc anti-humanistes, voire pré-totalitaires, sont autant de freins au principe de réalité. Plutôt que de regarder avec modestie comment s’en sortent avec succès l’Allemagne et la Suisse sur le front de l’emploi, et plus encore les Etats-Unis qui de plus se délivrent de l’arnaque des grandes messes diplomatiques que sont les accords sur le climat. Quand 56 % du PIB français est consacré aux dépenses de l’Etat, cet étouffant Léviathan dopé à l’écologisme, ne faut-il pas donner de l’air, y compris avec C02, à la liberté d’entreprendre et au mérite récompensé ? Justice sociale confiscatrice, plan de relance pour la croissance et écologisme, ce nouveau lyssenkisme, recyclage de l'anticapitalisme dans l'écologisme, sont des religions perverses. Une autre écologie, plutôt qu'apocalyptique et messianique, est-elle alors possible ? Celle du bon sens et du respect de la nature au point de respecter l’homme et son développement économique, termes en aucune manière antinomiques. L'Etat et l'écologisme persistant dans leurs ressorts habituels, interdictions, taxes et subventions absurdes, ne vaut-il pas mieux ouvrir les portes de la recherche et de l'innovation au service d'une planète plus propre et d'une humanité plus heureuse… Que l'on trouve par exemple le moyen de stocker efficacement l'électricité, de changer le plastique en carburant (ce qui est déjà en vue), et la donne énergétique sera bouleversée. La France mérite-t-elle de ne pas mourir ?
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Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.