(…[1]) La vie, l’expérience et la mort démoniques d’Uranos était-elle cette preuve de l’existence de Dieu ardemment réclamée par les théologiens ? Quant à la galaxie-maison d’Uranos, on pensa en faire un musée pour la postérité. Mais un musée où le misérable et le dérisoire l’emportaient bien largement sur l’exception… Une conclusion s’imposait à l’esprit des enquêteurs et de l’écrivain : si Uranos le céleste avait créé le meurtre, Dieu avait-il créé le meurtre ? »
- Hum, j’adore ton histoire d’architecte orgueilleux, Uranos ! Je suppose que tu aurais envie de me la dédicacer… Foi de Melpomos, quoique prisonnier dans le vivier aux poissons rouges et aux pieuvres de Muses Academy, je te propose mon amitié, pleine et entière ; que dis-je, complice.
- Désolé, cher confrère. Et néanmoins concurrent… Les mots semblent jetés sur le sol par l’ironie solitaire et laconique d’Uranos.
- Uranos l’orgueilleux, qui es-tu ?
La question est fichée entre les yeux de l’interpellé comme un dard au curare. Euterpia avait-elle senti en lui un concurrent redoutable, une bête à abattre… À moins que ce ne soit un homme à clouer par le désir, par l’amour…
- Oui, reprend Polymnie, glaciale, ta présence ici et ton récit sont pour le moins incohérents. Un petit réquisitoire bien senti ne va pas faire de mal à celui qui parle de lui-même à la troisième personne, comme un divin Jules, un roi Soleil. Ou tu n’es pas cet Uranos dont tu parles, ou c’est une fiction…
- Une hallu, un mytho, l’interrompt Thalios avec le coup de balai de la galéjade…
- Qu’importe, intervient l’apaisante Calliope, nous sommes tous et toutes des Muses, n’est-ce pas…
- Soit, insiste Polymnie, tu n’es pas cet Uranos que tu prétends être, et que tu ne peux être, si l’on en croit ton histoire à dormir assis, car je ne vois guère comment un architecte réduit à l’état de momie péruvienne peut venir respirer parmi nous. Soit tu es un délirant qui nous sert un conte faisandé.
Le silence blafard du visage d’Uranos n’avait pas faibli pendant ces attaques…
- Il y a une autre hypothèse, propose Calliope : notre Uranos serait bien celui du récit, mais à un stade quelconque de son développement. Il ne serait que le vainqueur de ce fameux concours d’architecture, ayant acquitté seulement deux ou trois commandes… A moins qu’il ait déjà bâti la coque encore balbutiante de l’œuf, le modèle réduit de cette galaxie-maison. Voulant par là nous avertir par avance des dangers de la démesure architecturale, de l’appétit meurtrier inhérent à…
- Pensez-vous, la coupe Thalios en verve. Ce glaçon verdâtre n’est qu’un rigolo, un frimeur, qui a barbouillé deux croquis d’archi et se prend pour le Niemeyer, non pas du Brésil, mais de l’univers entier. Foutaises et boules de gomme à souffler dans la disparition de l’air…
- Réponds, Uranos !
- Calliope a dit vrai. Ma maison est en cours.
- Combien de crimes ? Lesquels ?
- On peut les représenter sans les commettre.
- Non sans l’intention de les commettre, le chagrine Polymnie. Un innocent parmi nous ! Je rêve… Ne sais-tu pas que le péché d’intention est le plus grave de tous ? Désirer la présence du crime dans sa maison, n’est-ce pas le rendre plus sanglant, le légitimer…
- Non, l’intention n’est pas le crime ! s’insurge Clios.
- Et toi, Polymnie, se lance doucement Erato, qui es-tu pour condamner à tous bouts de chants héroïques ? Le pire des crimes reste la condamnation sans humilité, sans indulgence, sans charité.
- L’indulgence ne sert qu’à se faire manger. De la lunule de l’ongle jusqu’au bras, de l’omoplate jusqu’au cœur. Si l’on ne purifie pas totalement les eaux du crime, du moins peut-on les contenir. Je propose donc d’enfermer le pire de tous, j’ai nommé Uranos, ici présent, dans la geôle qui s’ouvre au milieu de nous, sous le tapis…
Une cascade de rires accueille alors cette proposition.
De sa voix sépulcrale, Melpomos rabroue l’assemblée :
- Oui, qu’il pourrisse, qu’il crève comme un rat blanc gonflé de bubons rouges dans l’humidité crasseuse de nos oubliettes… Et si vous ne voulez pas l’accompagner…
- Qu’il est attendrissant dans sa sincérité, sa candeur, son exaltation, notre juge des Enfers ! Retenez-le, il va se prendre les pieds dans le tapis.
On aura reconnu Thalios, qui se tient les côtes de rire…
- Le vote est d’abord entre les Muses, en cas d’égalité de voix pour ou contre, celle qui est l’auteur du récit fait balancer le verdict, rappelle Calliope. Qui est favorable à Uranos ? Melpomos bien sûr, son fan. Ah, Clios, très fair-play, je vois. Euterpe qui je le sens, peut y voir un sujet d’opéra. C’est tout. Et moi ! Pour sa dimension d’univers. Donc quatre voix, puisque visiblement Uranos ne peut consentir à voter contre lui-même. Cela suffit tout juste à lui conférer la majorité, mais en rien une position avantageuse, je le crains… Nous pouvons disposer pour ce soir.
Je me faufilai entre les fauteuils et les corps remués pour regagner la sérénité précaire de ma chambre. J’avais bien à méditer de ce récit et de ces événements…
Sarcophage. Ostia antica, Lazio.
Photo : T. Guinhut.
Historien, me voilà bombardé Tite-Live de la Muses Academy. En quelle langue, nous Muses, parlons-nous ? Si vous m’entendez ou me lisez en français, ce n’est qu’une apparence. Il vous sera passablement aisé de nous traduire en anglais, en japonais, en espagnol, en finnois ou en hindi, mais pour vous impossible de chanter en langue des Muses… Car, en vérité, à ceux que nous inspirons, nous parlons en une langue à eux inconnue, une langue originelle venue des dieux, qui est à la fois pureté essentielle et glossolalie. Chacun nous entend et nous traduit instantanément dans son arbitraire langue créatrice, qu’elle soit récit, musique, sculpture ou danse…
Et pourtant, suffit le baratin prétentieux ! Nous le savons avec autant d’humilité que de forfanterie, nous ne sommes que des acteurs d’occasion… Des post-ados qui ont révisé pour le concours d’entrée à Muses Academy et qui jouent aux cracks pour s’exhausser dans la fiction.
Je m’étais surpris à regarder le silence de cette Muse nommée Calliope. Ou de cette femme. Réalisant que j’étais en train de coller mes yeux sur elle comme une affiche sur un panneau publicitaire pour un parfum féminin aux pouvoirs corporels, esthétiques et synesthésiques inconnus, je baissai soudain le charbon de mes cils comme un fautif lorsque sa vigilance me surprit. L’éclair ocre de son regard, venu de la courbe violence d’une faunesse, me lava jusqu’à la blancheur de la moelle. Si la Beauté avait jusque là porté un nom commun, à cet instant il s’était pour moi incarné. Des psychologues de courrier des lecteurs y verraient une passion amoureuse d’abord inconsciente et secrète de votre serviteur Clios devant une Calliope qui l’ignore ou le traite avec ce qu’il faut de condescendance, maternelle et lointaine, comme pour un bébé étranger. Il est vrai que j’ai fort à grandir pour ressembler à Plutarque ou Gibbon.
S’intéressait-elle à moi ? Auquel cas, fort improbable, qu’est-ce qui pourrait l’expliquer, me demandai-je de retour dans ma chambre en fixant le miroir, aussi vaste et précis que le lisse de la surface de la caméra qu’il dissimulait peut-être, ou plus exactement le reflet que mon visage me renvoie. Muses Academy ne mérite sûrement pas de recueillir mon autoportrait… Je ne sais pas à vrai dire à quoi je ressemble. Jeune homme banal, cheveux courts châtain avec l’indomptable épi, œil châtain et vif, bouche assez bien dessinée, nez droit et pommettes creuses, oreilles un peu décollées, rien qui, au-delà du stéréotype et de l’inévitable et méprisable narcissisme, mérite l’éloge ou le blâme. Sauf que dans le miroir, je vois flotter à ma place la beauté chocolat, aussi suave qu’incisive, de Calliope, comme si elle m’effaçait… J’imaginai un instant qu’elle était derrière ce miroir sans tain, devant son écran d’ordi cliquant sur mon auto-caméra, et pris peur.
Je jetai alors dans la corbeille l’image de la choupette asiatique nue qui rosissait mon fond d’écran et la changeai pour une série de dos reliés maroquin rouge de Plutarque. Aussitôt, je me mis à fatiguer mon clavier au profit de l’Histoire de la Muses Academy et de sa première journée. Car il ne me suffit plus, comme mes consœurs, d’être une Muse, mais d’être également fille de Mémoire, et donc de travailler, plus acharnée que l’attente du miracle… Tout en me demandant, maintenant que nous avons le récit d’Uranos, quelles histoires sont encore cachées dans le ventre d’Euterpe, de Terpsichore et d’Erato, de Thalios et de Melpomos, de Polymnie, et surtout, reine entre toutes, de la belle Calliope, si la chose dont elles vont accoucher va avoir une influence sur ma vie, qui en eux préside au choix et au sens de leur histoire…
Soudain, la tranquillité de ma chambrette fut troublée par cette arrivée impromptue des feuilletonistes en mal d’intrigue. La porte grinça doucement, et longuement, comme complice de l’intrus qui me laissa le temps de m’interroger sur son identité. N’avait-on pas appris à des rustres comme Melpomos ou Polymnie - mais je les connaissais trop peu, ces deux là et les autres, pour qualifier avec certitude leur psychologie, sinon leur psychose - à respecter la solitude de l’Historien… Quand une joue chocolat au lait apparut. Cette Calliope n’avait-elle pas tous les moyens de me voir et de me lire ? Fallait-il qu’elle me surveille plus étroitement ?
- Clios, je t’ai apporté un oiseau.
- Un oiseau ? Mais pourquoi… Elle avait en effet à la main une cage d’or en forme de pagode contenant un plumitif bleu et jaune. Etourdi, il me sembla qu’il manquait à sa robe…
- Parfois, seulement parfois, s’il t’aime bien, il chante. Il te suffira de changer l’eau, de débarrasser ses rares déjections. Je viendrai chaque jour t’apporter ses graines.
- Merci. Et s’il ne m’aime pas ?
- Il se taira pour toujours, voilà tout.
- Que dois-je faire pour en être aimé ?
- Être toi-même. A lui seul de décider de son amour. Mais… je manque à tous mes devoirs, as-tu besoin de quelque chose pour ton travail ?
Je n’avais que deux réponses à cette question. Qu’on me fiche la paix avec cette puérile histoire d’oiseau générateur de saletés et qu’on me laisse travailler, ou qu’elle approche son visage du mien pour je puisse lui consacrer ma libre et pleine attention. Mais aucune que je pusse dire.
- Non, merci. Je suppose que les frigos étant pleins, je n’ai aucun besoin de demander le room service.
Son sourire se ferma aussitôt. Elle tourna les talons. « A plus tard », entendis-je comme résonne un verdict.
Quel butor je venais d’être ! Mais comment peut-on être aussi bête, macho, maladroit, timide, à couvrir de ronces et d’excréments pour m’en faire un chapeau de fou !
Ouf, il me restait une chance : l’oiseau. J’osai le regarder avec libre et pleine attention. Il parut me considérer de même, avec trois quart de méfiance et un quart de ce que l’on pourrait appeler chez les volatiles, aménité. Mais avec un silence contraint.
Sarcophage. Ostia antica, Lazio.
Photo : T. Guinhut.
Pour me distraire de ma bêtise proprement abyssale, pour agiter mes doigts et mes yeux, sinon mes pensées, j’allais sur la page téléréalité de Muses Academy. Parmi la trentaine d’icônes, neuf permettaient d’accéder aux images venues de chacune des chambres… Vous vous en doutez, je cliquai d’abord, sur celle de Calliope. Elle était vide. Où boudait-elle ? Encore aurais-je de la chance si c’était le cas. Probablement avait-elle déjà remisé au garage du néant mon indélicatesse. Mademoiselle son Indifférence était où je ne la trouvais pas, si belle, précieusement orfévrée dans la goutte de ma larme perdue…
Chez Erato, le vide également, hors un bric à brac d’atelier, de toiles, de seaux, de tubes et de palettes, des couleurs encore incompréhensible sur un chef d’œuvre inconnu où seul était reconnaissable parmi l’abstrait chaos, un œil grand ouvert. Les internautes devaient trouver le programme rasoir.
Je trouvai Erato chez Euterpe. Car au-delà du pupitre à la partition abandonnée, le mouvement circulaire de l’indiscrète caméra me jeta devant un lit aux draps explosés, sur lesquels ces deux Muses, plus nues que la paume de ma main, jouaient à des jeux qui devaient réjouir des milliers de télévoyeurs : l’une passait et repassait en douceur l’archet d’un violoncelle sur la cuisse et le ventre de sa consœur, tandis l’autre peignait d’un coquin pinceau au manche démesurément long une ligne qui alla lentement, mais avec une précision anatomique et sensuelle, que je ne saurais décrire sans me ressentir une érection déjà menaçante, du talon d’Achille à ce creux parfumé qui est sous l’oreille, en passant par des monts galbées et des vallées intimes joliment frissonnées… Ces deux là allaient sûrement se garder pour longtemps l’estime de fans inconditionnels. À moins que quelque ligue de vertu vaticane ou coranique ne leur tombe sur le poil que l’une avait fort fourni.
Chez Thalios, je vis un acteur grimé en Buster Keaton faire ses gammes gestuelles devant une monstrueuse caméra à l’ancienne, aux rouleaux ronronnants, probablement venue d’une brocante spécialisée. Ce ne pouvait être que lui. Comme si les œilletons de Muses Academy ne suffisaient pas à séduire son narcissisme ! Soudain, il se déshabilla, jetant ses vêtements sur les meubles - ouf, il lui resta un caleçon à fleurs de courgettes- pour enfiler la chemise et le bonnet de nuit du Malade imaginaire, se mettre au lit comme un arthritique, brasser les bras et la tête sur son oreiller bouffant, appelant « Toinette ! » et agitant en forcené une clochette de cuivre…
Terpsichore ayant dansé toute la journée, dormait déjà toute alanguie dans ses draps remontés jusqu’au menton, un chou à la crème sur sa table de nuit, une paire de chausson de danse contre sa joue, un léger filet de salive de bébé souillant le satin pastel… Je ne savais si une telle vision attisait les fantasmes des internautes scotchés à Muses Academy, mais j’imaginai qu’ils auraient préféré la voir danser en tenue plus légère…
Il n’y avait qu’un visage, crispé d’attention pour illustrer le travail acharné de Polymnie, penché sur l’ardeur absconse de son clavier cliquetant, les émotions, s’il elle en avait, claquemurées derrières ses paupières… On pouvait lire si l’on voulait sa savante analyse en cours de la rhétorique de charmants personnages, d’Hitler à Marx, en passant par le Christ…
Melpomos, lui, était plus impressionnant, voire effrayant. Dans une sorte de caverne illisible, il brouettait des livres en charpies, comme venus des fosses communes de la tragédie, des livres par centaines, par milliers, ou plus exactement des fagots de papelures, noirâtres, verdâtres si un surplus de lumière consentait à caresser cette marée temporelle et sans cesse renouvelée… Il essuyait la sueur qui le maculait, comme un pelleteur de diamants dans une mine sud-africaine, avec le torchis venus des recueils de destinées perdues qu’il rangeait sur des cases pariétales. Bientôt, il parut s’effondrer sur les déjections de son art. Tout cette pantomime emphatique pour rêvasser en fumant un cigare gros comme le poing et que l’on pouvait supposer puant comme l’enfer. Les traînantes volutes d’une fumée violacée avaient peine à s’élever, tels de lourds phylactères au-dessus des saints des retables gothiques, masquant peu à peu toute visibilité dans ce que l’on hésiter à appeler encore une chambre.
Un signal clignotant et pépiant m’annonça un message urgent. Comme il ne pouvait venir de l’extérieur, il émanait forcément d’une de mes consœurs : c’était Calliope. M’avait-elle pardonné ce pourquoi je ne m’étais pas donné la peine, certes délicate, de m’excuser ? Non, plus simplement, d’une manière assez raide, comme une lettre officielle, elle accusait réception de mes travaux, et me félicitait (était-ce mérité ?) de la bonne tenue de mon journal de Muses Académy. Je la remerciai sur le même ton emprunté, espérant que quelque implicite de l’écriture dirait combien je me sentais penaud, combien j’aimerais retrouver le bonheur confiant de sa présence… Même au prix d’un oisillon chassieux qui dormait, recroquevillé, petit comme un sexe que l’érection, dans le froid nocturne, fuyait. Pauvre bestiole. Soudain, je m’ébouriffai la tignasse : Bon sang, mais c’est bien sûr, elle est le rouage intérieur entre Montalotti, Angélina & consorts et nous. Le comité de surveillance à soi seule de Muses Academy. Qui se prenait pour une maîtresse d’école et qui me corrigeai comme un élève studieux, mais désastreusement maladroit. La traîtresse !
Je cliquai sur l’icône de sa chambre. Comment faisait-elle cela ? Je la voyais de dos, son chignon serré jusqu’à l’étranglement, une nuque chocolat à se damner… Pouvait-elle couper le contact de la webcam de son ordi, sachant que je la regardais ? Ou alors elle boudait ! Je déteste les boudeuses. A moins que ce soit à cause de ma vilaine personne… Oh, Calliope !
Aï, et si elle était en train de me lire ? Inutile, impossible même, d’effacer. De dépit, je fermai l’ordi. Je me jetai sur mon lit.
C’est ça, le boulot d’Historien ? Se débattre dans le bocal aux poissons rouges et aux méduses de Muses Academy ? Là où la télévisuelle surveillance ne cesse pas un instant au-dessusde moi et des Neuf Muses que nous sommes…
Je dois supposer que l’on m’a observé, commenté, moqué au travers des caméras et des liens internet, que ce soit mes huit consœurs après tout dans le même bateau que moi, ou la foule des télévoyeurs qui moins que l’art et la pensée cherchent parmi nous les maladresses, les fautes et les vices. J’avoue que je croyais un peu la chose. Mais je ne vois pas ces regards collés sur moi, je n’entends pas ces commentaires sarcastiques. Alors pourquoi s’en inquiéter Pour vivre heureux vivons cachés, y compris dans l’inconscience des yeux qui nous visent comme des fusils lasers. Après tout ils peuvent bien me placarder sur leurs écrans, me démonter par leurs sarcasmes. Je les laisse braire les ânes et suis ce que je suis. Tout ça parce que j’ai été plus goujat qu’il n’est permis. Ce que les ânes regardent et conspuent est leur miroir. Je ne vis rien que de normal. Qu’importe d’être épié. On verra bien s’il y a retour de bâton après muses Academy. Mais l’indifférence sera si rapide après le rouleau d’une autre émission et d’une célébrité plus éphémère encore. Le problème n’est pas d’être regardé par une omniprésente vidéosurveillance mais les lois qui y sont attachés quant à l’utilisation de la vie privée. Je suis ce que je suis et que j’assume froidement. Et je ne sache pas que le délit de vie privée soit à l’honneur, du moins pas encore.
C’est ça, le boulot d’Historien ? Pas si facile que je le pensais. Peut-être déjà la vérité - quelle vérité ? - me bouche-t-elle la vue ?
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Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.