William Cliff : Des Destins, La Table ronde, 352 p, 22 €.
Vikram Seth : Golden Gate, Grasset, 2009,
traduit de l'anglais (Inde) par Claro, 352 p, 20 €.
Au moyen des quatre marches de ses strophes, il parvient à un sommet de la pensée lumineuse, paradoxalement appelé chute. Vieille forme contrainte et figée dans l’Histoire littéraire, le sonnet ne paraissait digne plus que de figurer au magasin d’antiquités des Lettres, quoique depuis le XIV° siècle italien Pétrarque[1] lui soit indéfectiblement attaché. Serait-il capable de se ranimer, revivifier ? Sur leur vielle réglette aux quatorze vers, et de la forêt profonde du XVI° siècle français, resurgissent les sonnets d’Etienne Jodelle. Ils nous permettront une comparaison entre le genre originel et ce qu’il devient au XX° siècle, avec Eugène Guillevic, et en notre XXI° siècle, avec William Cliff, et grâce au météorique Indien et Californien Vikram Seth, à l’occasion duquel son traducteur a su respecter la forme et les alexandrins d’un sonnet revisité, curieusement moderne, voire rutilant, qui devient notre contemporain.
Avec les poètes de la Pléiade, nous voici au cœur de la floraison des sonnettistes. Qui sait d’ailleurs qui a introduit cette gemme aux quatorze vers, venu de Sicile au XIII° siècle, puis de Toscane, dans la littérature française : Clément Marot ou Mellin de Saint-Gelais ? Si l’on a évidemment retenu Ronsard, dont Les Amours ont tour à tour chanté Hélène, Cassandre et Marie, et conjointement Les Antiquités de Rome de son compère Du Bellay, Etienne Jodelle (1532-1573) est plus secret, plus abrupt. À tel point qu’au contraire de Du Bellay qui loue le « Démon de Jodelle », à sa mort Ronsard[2] crut devoir le juger indigne de sa constellation des sept poètes. Pourtant il avait auparavant reconnu ses talents :
« Jodelle le premier, d’une plainte hardie,
Françoisement chanta la Grecque Tragédie,
Puis en changeant de ton chanta devant nos Rois
La jeune Comédie en langage françois ».
Il avait en effet imaginé la première tragédie de la langue française, Cléopâtre captive, de surcroit en alexandrins, et une Eugène, certes plus proche de la farce que de la comédie. Mais ses poèmes parurent ensuite au prince de la Pléiade trop rudes, trop licencieux, s’éloignant de la tradition venue de Pétrarque, son portrait de l’amour trop rocailleux, bref d’un baroquisme précoce peu amène. La postérité lui rend aujourd’hui justice, tant il nous touche, nous stupéfie, bien que nombre de ses poèmes, qu’il savait par cœur et négligeait d’imprimer, aient hélas disparu, malgré l’édition posthume de 1574, imprimée grâce aux bons soins de Charles de La Mothe : Œuvres et meslanges poëtiques du « Sieur du Lymodin ». Edition ici reprise, quoiqu’Agnès Rees ait le bon goût d’y ajouter dix sonnets de La Priapée qui furent attribués à notre Etienne Jodelle dans divers manuscrits. Ils rejoignent ainsi les XLVII Amours et VII Contr’Amours, où les allusions mythologiques sont nombreuses, comme il était d’usage à l’ère humaniste. Puis ceux dédiés aux Rois, et les Tombeaux, enfin ceux bataillant contre les Réformés, pas moins de XXXVI. Lisons in extenso, celui dont le premier vers devient le titre de notre recueil :
« Comme un qui s’est perdu dans la forêt profonde
Loin de chemin, d’orée et d’adresse, et de gens ;
Comme un qui en la mer grosse d’horribles vents,
Se voit presque engloutir des grands vagues de l’onde :
Comme un qui erre aux champs, lors que la nuit au monde
Ravit toute clarté, j’avais perdu longtemps
Voie, route, et lumière, et presque avec le sens,
Perdu longtemps l’objet, où plus mon heur se fonde.
Mais quand on voit, ayant ces maux fini leur tour,
Aux bois, en mer, aux champs, le bout, le port, le jour,
Ce bien présent plus grand que son mal on vient croire.
Moi donc qui ai tout tel en votre absence été,
J’oublie, en revoyant votre heureuse clarté,
Forest, tourmente, et nuit, longue, orageuse, et noire.
Si ce sonnet, usant de la volta, ce retournement argumentatif entre quatrains et tercets, et de la chute ou pointe, reste encore passablement pétrarquiste, bientôt, tout crûment, « Amour vomit sur moi sa fureur et sa rage ». Pire peut-être, parmi les Contr’Amours : « Donc tout soudain la femme va bâtir, / Pour asservir l’homme et l’anéantir / Au faux cuider d’une volupté fausse », ce qui, à la fin du sonnet, est une pointe pour le moins frappante. Ainsi la dame est devenu Méduse à qui le poète adresse son compliment : « Fais-moi vomir contre une telle ordure, / Qui plus en cache et en l’âme, et au corps ». Egalement, l’illusion poétique est blâmée, encore en décasyllabes : « Ô traitres vers, trop traitres contre moi, / Qui souffle en vous une immortelle vie, / Vous m’appâtez et croissez mon envie, / Me déguisant tout ce que j’aperçois ».
Goûtons les sonnets de La Priapée, qui sont un sommet de la poésie érotique : « En quelle nuit, de ma lance d’ivoire, / Au mousse bout d’un corail rougissant, / Pourrai-je ouvrir ce bouton languissant, / En la saison de sa plus grande gloire ? » Plus violement salés sont les « vilains » sonnets « contre une garce qui l’avait poivré », entendez d’une vénérienne maladie. Or « C’est une étable à Vits », « Conasse où seulement Lucifer s’accommode », « Pisses chaudes, farcins, ou véroles rongeuses ». C’est moins galant, mais à la poésie satirique sied la verdeur.
Bien que les sonnets de circonstance paraissent plus négligeables, Etienne Jodelle enrichit considérablement la poésie jusque-là surtout amoureuse et élogieuse, avec ceux « politiques et polémiques », plus précisément ceux dirigés Contre les Ministres de la nouvelle opinion, soit les protestants : « Mais m’amusant sans fin contre les Antéchrists / Aux points de leur doctrine et fausse et obstinée/ Je laissais là leurs faits : aussi la secte née / D’écrits, ne peut mourir que par écrits ».
Jodelle, qui se serait réjoui du massacre de la Saint-Barthélemy, meurt dans la misère. Pourtant, peu rancunier, le poète protestant Agrippa d’Aubigné ne déroge pas à l’honnêteté littéraire en lui rendant justice dans ses Vers funèbres. Renouvelons l’éloge du à ce poète trop méconnu de la Renaissance :
Célébrons avec joie, celui qui nous enchante :
La vigueur poétique et l’ardeur virulente
D’un Jodelle qui sait, en ses Pléiades voix,
Être la vive épine et la plus souple soie.
Le sonnet perdit sa grande gloire au cours du XVIII° siècle, pour retrouver la faveur de Nerval, Baudelaire et Hérédia. Les assauts du vers libre, du poème en prose, le laissèrent ensuite dépité. Plus près de nous pourtant, un Philippe Jaccottet[3] sut lui redonner vie, par exemple dans L’Effraie.[4] Mais avant lui, le Breton Eugène Guillevic, plus célèbre pour son recueil Terraqué[5], publié en 1942, nous a légué plus de cent cinquante sonnets, depuis l’année 1954.
Si l’on est parfois charmé, hélas l’on risque trop souvent, avec Eugène Guillevic, d’être déçu. La vigueur et la beauté ont laissé place à la platitude, à la trivialité : « L’un trempe son pain blanc dans du café au lait, / L’autre boit du thé noir et mange des tartines, / L’autre prend un peu de rouge à la cantine. / L’un s’étire et se tait. L’autre chante un couplet ». C’est le premier quatrain de « Matin ». L’alexandrin est tombé bien bas.
Etonnamment, deux jours plus tard, le 3 février 1954, il écrit, malgré un faible premier vers, « La musique » : « De la musique. Donnez-moi de la musique. / C’est ce qu’il y aura de mieux pour moi qui meurs / Et mourant n’entend presque plus que la rumeur / De ce corps qui devient de la métaphysique ». Et son art poétique n’est pas tout à fait sans intérêt : « Je pars toujours à la recherche. Chaque fois / C’est une exploration qu’un essai de poème / Et jamais je ne sais par avance la gemme / Que je m’en vais trouver et caresser des doigts ». L’abomination peut cependant gésir au malheureux sonnet, à la rhétorique lourde et putrescente : « Or, Marx, Engels, Lénine et Staline ont prouvé. / Pour expliquer le monde il y a la méthode / Par eux élaborée et qui n’est pas un code / Mais la source de lumière à soulever ». C’était l’époque où, sous prétexte de l’oppression de la classe ouvrière par ces capitalistes qu’ils exploitaient bien maigrement, tout incapables d’entreprendre qu’ils étaient, les Aragon[6] et les Eluard léchaient les talons sanglants du communisme et de Staline, en se prétendant antifascistes bien entendu, et poètes engagés ! L’on se consolera en recueillant de parcimonieux moments de grâce chez un Guillevic dont Terraqué reste indépassé, et peut-être en feuilletant des Proses[7], suivies d’un hommage au poète Jean Follain, qui nous emmènent « boire dans le secret des grottes ».
Est-ce à dire que de tels sous-vers tachés de rouge (l’on pardonnera le calembour) ont invalidé le sonnet. Certes non ! William Cliff, notre belge contemporain, ose relever le gant. C’est un poète prolixe, avec une quinzaine de recueils, sans compter une demi-douzaine de romans, et, notons-le, une traduction des Sonnets de Shakespeare[8].
Il est un fidèle indéfectible de la forme fixe du sonnet, même s’il préfère ici celui anglais, soit avec trois quatrains et un tercet. Il en goûte la charpente assuré, la cadence musicale et argumentative. Or un cheminement autobiographique innerve Des Destins. La simplicité hésite entre trivialité, voire banalité, sinon platitude récurrente, et nécessité des émotions. Limpide, voire simpliste diront les détracteurs, et cependant non sans puissance, sa langue porte l’urgence de l’intimité, l’émotion des portraits, l’éloge des paysages wallons ordinaires, mais aussi la faveur indispensable de la quête poétique. Quoique par moment le lecteur sourcille devant des vers aux clichés éculés : « ainsi, Lydie, ma chérie, désormais ton faste / pour toujours dans ces vers brillera comme un astre ».
Les portraits familiaux, parfois acides, comme sa marraine, « une femme despotique qui avait mal au foie et criait son malheur », parfois tendres, à la façon de « bonne-Maman », qui aime les romans policiers et le tabac égyptien, précèdent d’autres visages et corps, ceux des garçons du cru et du pensionnat, avant les histoires d’amours plus prononcées de l’adulte. La vieillesse approchant (William Cliff est né en 1940), il fait une chute handicapante, et sa poésie narrative rend compte de cette fracture, des soins hospitaliers, de l’aide de sa sœur médecin, puis du retour : « À Gembloux mon frère m’attendait à la gare, / de là il ramena mon être vivipare / pour reprendre sa vie, malgré qu’il est blessé ». Le trop peu de subtilité stylistique risque de faire perdre patience au lecteur. Il faut cependant reconnaître que l’efficacité un brin misérabiliste de tels vers permet à chacun, pourvu qu’il ait une certaine expérience, de s’y reconnaître.
L’âge de la méditation et du désabusement tente d’instaurer une sagesse débonnaire parmi la banalité des jours, alors que le poète avoue ses complicités avec Baudelaire et Walt Whitman. Le temps, la solitude, la vie vaille que vaille, la mort, dessinent une vanité : « j’ai été la revoir à l’état de cadavre ». Ainsi s’exhale une atmosphère ambigüe : « la putrescence des oignons quand vient l’été / est nécessaire pour la floraison des fleurs / lesquelles fécondées donneront la jetée / des semences perdues ». Si l’on consent volontiers à lire ces vers comme une métaphore de nos vies, le poète n’a-t-il pas réussit son pari d’accéder à un instant de profondeur ?
Par bonheur la langue française peut s’enorgueillir, et sans la moindre hésitation, des sonnets d’Yves Bonnefoy[9], par exemple parmi les pages des Planches courbes[10]. De même la langue des Shakespeare se pare de son sonnettiste, notre contemporain.
Quelle double gageure ! Ecrire, puis traduire un roman en vers… Dans la tradition plus que centenaire des sonnets de Pétrarque, Michel-Ange, Shakespeare, José Maria de Hérédia, ce sans exhaustivité, Vickram Seth vient respecter la forme tout en bousculant avec alacrité notre modernité. En quelques centaines de sonnets, le romancier brosse les amours de la Californie des yuppies, cet acronyme de Young Urban Professional, terme anglophone définissant les jeunes cadres et entrepreneurs de haut niveau, évoluant dans les milieux du commerce international et de la haute finance. Le lecteur contemporain s’attend à quelque chose de compassé, de solennel et d’ennuyeux, bourré des clichés scolaires de l’imitation des genres disparus. Pourtant, la magie narrative et poétique opère au plus vite.
L’écrivain indien Vickram Seth, né en 1952, se fit connaître par une immense saga pleine de perspicacité, une fresque du mariage arrangé et confronté aux mœurs nouvelles, Un Garçon convenable[11], publié en 1995. Il conçut cependant en 1986 ce premier roman en pensant à un autre roman versifié, icône de la littérature russe : Eugène Onéguine. Comme chez Pouchkine, prosaïsme et élan poétique se mêlent avec finesse dans Golden Gate, mais il ne s’agit en rien d’une servile réécriture. Comme chez son modèle, qui contait l’amour contrarié du jeune aristocrate oisif éponyme et de Tatiana, le lyrisme s’empare des aventures de jeunes Californiens à la recherche du grand amour au pied de la porte dorée de San Francisco. Mais à partir de là, tout sépare les deux poètes. L’on croise l’inquiétude et l’enthousiasme d’une jeunesse qui travaille, manifeste contre le nucléaire, cherche l’âme sœur avec force images actualisées: « Et le Dow Jones de mon cœur est au plus bas », ou « Toi seul est le DJ de ton précieux destin ».
John, « yuppie » employé dans le secteur informatique, est le personnage moteur au cœur d’un quintette. Janet, son ex, sculptrice, lui concocte une petite annonce (en vers bien entendu) grâce à laquelle il va rencontrer Liz. Les voilà amoureux, « esclaves d’Eros ». Cette dernière a un frère, Ed, qui révèle son homosexualité latente à Phil pour une autre lune de miel. C’est à peu près tout pour l’intrigue. Mais à force de détails attachants et réalistes, d’impressions et de réflexions, ce monde prend chair au point de constituer un portrait fort réussi d’une génération californienne, mais aussi de son humanité. L’humour côtoie le sérieux, le lyrisme omniprésent est à petites touches, parmi mille choses vues (y compris les graffitis autoroutiers), sans que l’ennui pointe jamais son nez froid. L’ironie, douce et parfois cruelle, permet à l’auteur d’éviter une sentimentalité qui aurait pu choir dans la niaiserie. Un clin d’œil au grand genre épique se glisse lorsque le chat de Liz nommé Gengis Khan défend son territoire, tandis que l’iguane d’Ed s’appelle benoitement Schwarzenegger, comme l’acteur de ce nom. Le pathétique sourd de manière imprévue à l’occasion d’une publicité qui « Vante les attrait du motel Cucaracha: / « Cafards, vous qui entrez, laissez toute espérance » / On dirait la morale de mon existence ! », parodie d’un vers bien connu de la Divine comédie de Dante, au fronton de l’Enfer. La satire sociale s’aiguise à l’occasion d’une soirée qui réunit parents et amis. Imaginez de plus un excès de vitesse encore une fois versifié, une élégie de Phil à sa femme aimée qui l’a laissé avec son fils, pourtant guigné par une « Militante acharnée dont la cause est la paix »… Un sommet est atteint lorsque Phil et Ed font l’amour et que « l’austère censure » écrase les vers du poète qui doit « remplacer la scène déchaînée / Que j’espérais t’offrir par le présent sonnet ». Un autre est l’annonce de la mort de Janet et d’un couple qui laisse un orphelin au seuil du treizième et dernier chant. C’est entre bonheurs et drames, « familles recomposées » et grossesse heureuse, entre réalisme et poésie que l’art de Vikram Set joue sa partition :
« C’est le dernier quatuor en ré de Mozart.
Liberté et contrainte : ainsi triomphe l’art !
Ah Mozart, digne prince des compositeurs
Que de miracles tu nous as fait partager
Toi qui mourus ruiné avant que d’être âgé !
Tous les grands de ce monde, empereurs et seigneurs,
Roitelets et videurs, ont fini en rondelles,
Tandis que ta magie nous donne encor des ailes ».
N’est-il pas absolument nécessaire de jeter un œil à l’original anglais, pour lequel nous nous contenterons de peu de vers ?
« Daybreak. John wakes to sunlight streaming
Across an unfamiliar bed.
« A cream duvet ? I must be dreaming »
Au moyen de cette comparaison, l’on saura combien l’alliance de la fidélité nécessaire et de la trahison inventive permet de faire vivre le prosaïsme, la facétie et l’émotion qui anime la poésie de Vikram Seth :
« Le jour se lève et c’est sur un lit inconnu
Que John revient à lui, inondé de soleil.
« Une couette lilas ? Quel rêve saugrenu…
Des motifs bleus, hexagonaux - moi qui m’éveille
Chaque jour des dans draps unis ! et ce plafond :
Le clair rectangle d’un Velux qui se confond
Avec un bout de ciel. Et là, sur mes pieds, qu’est-ce ?
Un chat ! Mon Dieu ! » Son cœur bat à toute vitesse…
Il sursaute alors qu’apparait, en négligé
Négligeable, une Liz épanouie, munie
D’un plateau. Odeur de café, de pain de mie.
Elle remplit sa tasse et l’invite à manger.
Les yeux encor tout embrumés par le sommeil
Et l’amour, ils songent aux baisers de la veille. »
Comme André Markowicz, traduisant en strophes de quatorze vers rimés le chef-d’œuvre de Pouchkine[12], Claro, le titanesque Claro, qui nous offrit (excusez du peu, parmi bien d’autres pavés subtils) le Contre-jour de Pynchon[13], s’est attaché à restituer les 594 sonnets de Vikram Seth en alexandrins rimés. Si l’on n’a pas entre les mains le texte original, l’on peut néanmoins s’extasier devant la prouesse, la belle infidèle, devant la légèreté et la gravité mêlées d’un texte fluide, musical et animé. Et comme Vikram Seth a offert la dédicace de ses « sonnets tyranniques » à Timothy Steele en vers, ainsi qu’une biographie express du même souffle, Claro ajoute un sonnet qui est la « Note du traducteur » dans laquelle il justifie son travail, ses libertés avec l’original, non sans préciser : « Mais la langue pour moi est tout sauf un caniche ». Qui sait si Vikram Set et Claro ne vont pas contribuer à lancer une mode bien rafraîchissante…
Qu’importe en définitive la forme si le poète est réellement poète. Il n’en reste pas moins que l’écrin aux quatorze réglettes permet de justifier et magnifier une pensée lyrique. Que l’on s’appelle Etienne Jodelle ou Vikram Seth, ils se lèveront d’entre les morts, et par-delà quatre siècles, pour échanger une main complice.
Thierry Guinhut
La partie sur Vikram Seth parut dans Le Matricule des anges, juin 2009
:
Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.