Albine Novarino-Pothier : Une Vie de chat, De Borée, 2018, 205 p, 24,90 €.
Michèle Sacquin : Des Chats parmi les livres,
BNF/Officina Libraria, 2010, 208 p, 23 €.
John Gray : Philosophie féline,
traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Fanny Quémant,
Gaïa, 2022, 128 p, 16,50 €.
Haruki Murakami : Abandonner un chat,
traduit du japonais par Hélène Morita, Belfond, 2021, 86 p, 17 €.
Autant ils assurent aujourd’hui pléthore de « j’aime » sur Instagram et Facebook, autant ils inspirent de longtemps les poètes, les écrivains, les philosophes. Charles Baudelaire, en 1857, parmi ses Fleurs du mal, ne les considérait-il pas comme des « Amis de la science et de la volupté » alors qu’ « Ils prennent en songeant les nobles attitudes / Des grands sphinx allongés au fond des solitudes »… Du fauve sans pitié au chat de maison étonnamment manipulateur, il est une essayiste pour décrypter cette évolution : Julie Delfour, qui a L’œil du chat. Tandis qu’Albine Novarino-Pothier décline les portraits complices de nombreux écrivains qui agréent les chatteries ; à l’instar des Chats littéraires de Michèle Sacquin. Cependant, félin féroce et chat caressant, il n’est pas sans leçons philosophiques à l’adresse de celui qu’il domestiqua, soit son compagnon humain, comme le postule John Gray dans sa Philosophie féline. L’on comprend alors combien l’on ne peut « abandonner un chat », tant ce dernier accompagne le fil à déplier de la relation qu’entretint Haruki Murakami avec son père. Ami cher, modèle philosophique, maître de la paix du foyer et de l’inspiration littéraire, tel est notre maître chat.
Prédateur, indépendant et cependant domestique… Le paradoxe ajoute au mystère et à l’attrait du chat. C’est bien ce que, dans L’œil du chat, tente de démêler Julie Delfour, car ne s’agit-il pas de « faire ami-ami » avec un fauve ? Voire pour l’animal de fêter son influence, tant son faciès à fourrure presque enfantin, et cependant armé de dents aigües, a permis de changer notre perception : nous étions programmés pour craindre et fuir le félin agile et griffu, nous voici sous l’emprise d’un « prestidigitateur de génie » bénéficiant d’un empire sur le genre humain sans pareil parmi le monde animal. Il s’est coulé dans la maison, où toute porte, toute fenêtre, lui est chatière, où tout canapé de salon et fauteuil de bibliothèque lui est trône et baldaquin. Croquettes, pâtée, morceaux friands lui sont dus, en échange de caresses câlines et de ronronnement follement bénéfiques à notre santé, physique, morale, affective. L’observateur aux yeux brillants dans l’obscurité est la vigie de nos fenêtres, le fauve miniature de nos jardins et des champs.
L’essayiste nous rappelle qu’il est de ces prédateurs aux dents de sabre que l’on peignait au fond des cavernes, mais qu’il bénéficie également de sa constellation, dont l’étoile la plus brillante fut baptisée « Felis ». Dans l’ancienne Egypte, Sekhmet, la plus antique déesse, est un lion féroce qui « se mue en félin docile ». Cette mutation est le fil conducteur qui anime l’essai de Julie Delfour. Du carnivore aux dents carnassières, avide de proies frémissantes, doué d’une vue crépusculaire et d’une ouïe infaillible, au jouet domestique, le chat montre d’incroyables facultés d’adaptation. Lorsque l’homme devient l’animal dominant, la souris domestique menace ses récoltes. Or notre « Felis silvestris catus » s’aventure près de lui et « tire son épingle du jeu » en croquant maints souriceaux, quoiqu’il soit bien peu efficace face au rat, alors que le chat sauvage est fort rétif et préfère le fond des forêts aux douceurs de la literie. La paléogénétique permet de reconstituer un long parcours, depuis l’Anatolie au sixième millénaire avant notre ère, en passant par les routes commerciales terrestres puis maritimes ; ainsi conquiert-il l’empire romain et le monde en son entier. Se révéler « pourfendeur de rongeurs » vaut bien mille éloges et caresses. Son patrimoine génétique variant moins que celui du chien, qui peut se révéler incapable de se défendre dans la nature, il garde sa capacité à survivre. Sa « résistance éthologique » lui permet de balancer entre sociabilité et farouche indépendance, faisant de lui un « domestique infidèle ». Où va-t-il vaquer la nuit, vivant de rocambolesques aventures, refusant ou quêtant la caresse de passants inconnus ? Car chaque félin des villes et des campagnes a sa personnalité singulière, ses préférences, ses goûts, son langage, sa connaissance des humains qui l’entourent, ses ruses enfin. Au point que le naturaliste Buffon, au XVIII° siècle, dénonçait sa « fausseté ». Et s’il peut jouer avec nous, il résiste à tout dressage, préférant la chasse, car « 4 milliards d’oiseaux et 22 milliards de petits mammifères finissent chaque année sous leurs dents », quoique 56 % des proies ne soient pas consommées. Oh, le cruel !
Mais la cruauté de l’homme à son égard n’est guère excusable, tant l’Histoire garde ou non la mémoire des maltraitances, des abandons. Faut-il stériliser les chats errants ? Ils ont heureusement leurs défenseurs, en la personne d’associations. Souvenons-nous que, de longtemps, ils furent associés au diable, aux sorcières, en particulier par le pape Grégoire IX, père de l’Inquisition au XIII° siècle. Si cette ère de diabolisation est révolue, et bien que les chatons soient les favoris du monde numérique, d’Instagram à YouTube, ne croyons pas ne plus devoir rester à cet égard vigilants ! Méfions-nous d’ailleurs de la toxoplasmose, contractée au trop près de ses excréments, qui, bien qu’apparemment bénigne, aurait un impact neurologique, voire jusqu’à la schizophrénie…
Quoique ses photographies de faciès félins soient un peu univoques de par le cadrage trop serré - malgré les couleurs variées des pelages - l’essai de Julie Delfour, zoologue et historienne, est aussi rigoureux qu’attachant. De Pline l’Ancien aux plus récentes recherches scientifiques, d’Aristote à Paul Léautaud, fort « dévoué à la cause féline », ce livre est si nourrissant qu’il faut craindre que, comme notre favori, nous n’en digérerons que 56% ; aussi mérite-t-il une seconde lecture...
Chasseurs ou câlineurs, ils séduisent tant Albine Novarino-Pothier qu’elle semble envier « une vie de chat », pour reprendre le titre de son livre, généreusement illustré de photographies. Parallèlement il s’agit de cent vies d’écrivains, si souvent conquis par leur beauté, leur indépendance, leur incroyable capacité à nous nous tenir compagnie, à se tenir tranquille près de la plume et du livre. Qu’ils soient de décoratifs compagnons de leurs ouvrages ou des personnages à part entière de leurs récits, ils sont collectés par l’anthologiste attentive, qui n’omet pas de commencer par un rappel de l’égyptienne vénération pour nos chers félins. Mais ce qui l’occupe surtout ce sont les façons dont la littérature du XIXème siècle les honore, avec Baudelaire, puis celle du XX° siècle avec Léautaud ou Colette.
Les textes ainsi collectés nous content de belles histoires d'amitiés entre les chats et les hommes, au point que les premiers deviennent inséparables de leurs maîtres : Victor Hugo, Raymond Poincaré, Alexandre Dumas, Pierre Loti, Prosper Mérimée, sans oublier le célèbre et parisien Cabaret du Chat Noir. Cueillons de délicieuses citations. Selon Léonard de Vinci : « Le plus petit des félins est une œuvre d'art » ; Colette affirme avec raison que « le temps passé avec un chat n'est jamais perdu » ; Aldous Huxley conseille les apprentis écrivains : « Si vous voulez écrire, ayez des chats ». N’omettons pas, chez Lewis Carroll, le passablement surréaliste « chat du Cheshire » venu d’Alice au pays des merveilles, et capable d’apparaitre et de disparaître à tout moment. Ce don de métamorphose est d’ailleurs pointé par Chateaubriand : « J'aime dans le chat cette indifférence avec laquelle il passe des salons à ses gouttières natales ». Ainsi Une Vie de chat, sous la vigilance d’Albine Novarino-Pothier, est-il l’un de ces ouvrages, qui sait, capables d’apprendre à lire à nos amis ronronnant. S’ils ne le savent déjà sans nous le dire, tant ils sont de coquins cachotiers…
François-Augustin Paradis de Moncrif : Les Chats, Contes, Quantin, 1979.
Photo : T. Guinhut.
Et pour mieux parcourir les plumes des amants de nos bêtes à poils, voici Michèle Sacquin, commentatrice avisée Des Chats passant parmi les livres. Combien peut-elle fureter à patte de velours parmi les réserves de la Bibliothèque Nationale de France, puisqu’elle en est conservateur ! Car voilà ces chères bêtes se faufilant dans les marges des enluminures médiévales, aux pieds d’Adam et Eve dans le tableau d’Albrecht Dürer. Et bien entendu chez les naturalistes, au premier chef Buffon, dont la langue est perfide à leur encontre. Illustrateurs, comme Grandville ou Steinlein, ils en raffolent, romanciers ils leurs font des chatteries, comme Hoffmann et son Chat Murr, Colette et sa Chatte, fabulistes, d’Esope à la Fontaine et Florian, ils jouent à les anthropomorphiser, à les changer en moralistes.
Merveilleusement illustré, cet ouvrage témoigne de l’inventivité humaine certes, mais aussi de la qualité inspiratrice du matou, voire d’un certain fétichisme lorsque le dos de reliures rouges porte un fer doré à la forme féline ! De la plus noble peinture à la caricature, du papyrus à l’estampe japonaise, de la calligraphie ornée à la photographie, tout est pâtée pour le félin qui a colonisé l’esprit et les arts. Songez qu’il suffit à François-Augustin Paradis de Moncrif, en 1727, de publier son charmant ouvrage, Les Chats, pour être reçu en 1733 à l’Académie française ! À tel point qu’il s’en suivit une parodie, Le Miaou ou Très Docte et Très Sublime Harangue miaulée par le seigneur Raminagrobis. La « félinomanie » ne désarme pas. Ainsi le « Chat botté » est magnifié par Charles Perrault puis Gustave Doré, alors que notre hardi et caressant minet, à la queue opportunément dressée, devient au XVIII° siècle symbole d’érotisme, taquinant et câlinant une dame aux appâts rebondis et demi-dévêtue en son lit.
Il est bon de choyer un chat dans une bibliothèque, n’est-ce pas, ne serait-ce que pour chasser les bestioles papivores, mais surtout comme « Chat Muse » et gage de sérénité…
Savant en psychologie humaine, domestiquant l’homme depuis la plus haute Antiquité, il lui fournit de surcroit rien moins qu’un modèle philosophique… Pourquoi le chat plutôt que tout autre animal ? Sa sérénité, sa propension au sommeil, son agilité et son attention patiente au kairos[1], soit le moment décisif des Grecs, au moment d’assaillir la proie nécessaire, voilà qui en fait un modèle de vie, presque un esprit au sens philosophique du terme. Car selon John Gray, essayiste britannique, le « sens de l’existence », selon son sous-titre, appartient tout entier à notre cher minet, bien digne que lui soit consacrée une Philosophie féline.
Notre félin préféré, dont on n’idéalisera pas la nature paisible tant il sait se montrer féroce au besoin, voire cruel en jouant avec sa proie condamnée, serait-il le modèle de cette ataraxie recherchée par les épicuriens antiques ? Peut-être… Serait-il l’animal-machine selon Descartes, autant privé de conscience que de sensibilité ? Que non ! Il est tout bonnement le compagnon de Montaigne qui, ayant perdu son cher ami Etienne de La Boétie, auteur de La Servitude volontaire[2], avait bien besoin d’une ronronnante fourrure en sa librairie.
La conscience de la mort n’effleurant pas les animaux, hors peut-être les éléphants, alors qu’elle conduit Pascal à la foi, les chatons et autres matous ont quelque chose de salvateur. Ainsi l’avance John Gray : « N’ayant aucunement besoin de cette obscurité intérieure, les chats sont au contraire des créatures de la nuit qui vivent au grand jour ». Samuel Johnson, essayiste anglais du XVII° siècle, soignait son inquiétude, voire sa myopie, avec de félins compagnons. Dans une sorte de conte, Rasselas, Prince d’Abyssinie[3], publié en 1759, il met en scène une quête destinée à l’échec : quitter la « Vallée heureuse », ne permet en rien de trouver le bonheur poursuivi. Au contraire du chat auquel il portait affection, Samuel Johnson avait bien du mal à « supporter sa propre compagnie ».
Reste que ce sont « des créatures amorales ». Le sens du bien et du mal étant un apanage humain, le souverain bien est-il humain, est-il félin ? Vivre selon sa nature était l’idéal des Grecs, non loin de celui du taoïsme. Et si la moralité peut s’appuyer sur des faits utiles ou dommageables pour l’humanité, elle peut cependant varier : « Il n’y a pas si longtemps, la moralité exigeait d’étendre le pouvoir impérial pour civiliser le monde. De nos jours elle condamne toute forme d’impérialisme ». Dans l’absolu, les humains ne valent pas plus que les animaux ; ce qui ne signifie pas, ajouterons-nous, qu’il faille subordonner les premiers aux second, et ainsi choir dans un relativisme antihumaniste.
Cependant si pour Spinoza « le bonheur consiste pour l’homme à conserver son être », selon son Ethique[4], nul doute que la maxime s’applique à notre chasseur de souris, alors que « les êtres humains ne comprennent pas qui ils sont, ni quelle est leur place dans le monde ». Rien alors de la « volonté de puissance » nietzschéenne, rien de l’altruisme sauf de la part de la chatte pour ses petits, rien de la chimère du « moi », telle que la dénonçait Nietzsche ; au point que le test du miroir les laisse indifférents, au contraire des cochons, pies et chimpanzés qui font ainsi preuve d’une conscience au moins partielle.
Et lorsque la vie bonne dépend des vertus, si l’on suit Aristote, le courage n’en est-il pas la plus vigoureuse, chez celui qui, dans la nature, doit batailler pour sa nourriture et sa vie…
Amour humain et amour félin sont parfois comparés. John Gray nous rappelle la jalousie de Saha, héroïne féline du roman de Colette : La Chatte[5]. Nombre d’écrivains aiment les chats d’un « amour passionnel », comme Patricia Highsmith, dont le chat siamois Ming se venge de l’homme qui fréquente sa maîtresse[6]. Anthropomorphisme sans nul doute, car il n’y a pas l’ombre d’une vie amoureuse dans l’accouplement félin. Ce qui n’empêche pas le philosophe chevronné de trop s’attacher, comme le Russe Nicolas Berdiaeff, qui espérait la rédemption de son Mourry. L’on eut d’ailleurs un peu trop tendance à diaboliser ou diviniser nos petits félins, lorsque sorcières médiévales étaient dit-on accompagnées de chats maléfiques, que l’on brûlait trop volontiers, lorsque l’Egypte ancienne momifiait des chats, et dressait des stèles au « Grand chat » : « Les Egyptiens avaient de bonnes raisons de vouloir que les chats les accompagnent dans leur voyage vers l’au-delà ».
Autre vision morale à mettre en avant : « L’éthique féline est une sorte d’égoïsme désintéressé ». Mais c’est peut-être ce qui chez les chats nous convient ; voire ce qui devrait faire d’eux des modèles. Car la vertu d’égoïsme - pour reprendre le titre d’Ayn Rand[7] - ferait bien d’être un peu plus présente chez cet être humain dont l’altruisme mal placé consiste à se mêler des affaires de ses contemporains et voisins pour les contraindre en religion, en politique…
En une demi-douzaine de chapitres répartis peu ou prou chronologiquement selon l’histoire philosophique, la pensée suit un chemin de promenade, non sans profondeur. Certes, la réflexion de notre essayiste est parfois un peu tirée par les poils des moustaches - que l’on appelle des vibrisses - tant il s’ingénie à faire voisiner une petite histoire de la philosophie avec son animal préféré ; mais la chose est toute entière roborative. L’on ne saurait oublier de conseiller à notre lecteur de se délecter de l’ouvrage de John Gray, mais impérativement de l’accompagner d’une soyeuse fourrure attentive à portée de caresse, de façon à ce que s’en dégage un suave ronronnement : musique si grave et douce, apaisante, chaleureuse et, à l’encontre des déboires et agressions humaines, si consolatrice, si bienheureuse.
Vivre la vie philosophique du chat est chose sage ; cependant bien limitée, car ce faisant l’on se priverait de toute philosophie politique, de tout art, de toute liberté, tant à cet égard il faut souligner que John Gray, en philosophe, a écrit sur la liberté humaine[8], sur l'athéisme [9], en le distribuant selon sept types.
Apprendre à vivre grâce au chat est un peu ce que met en avant le romancier japonais Haruki Murakami. Récit autobiographique, Abandonner un chat est sous-titré « Souvenirs de mon père ». Souvenirs ordinaires certes, parmi lesquels l’élément fondateur et déclencheur est la décision d’abandonner une chatte sur la plage, vers l’an 1955. Le voyage sur le vélo paternel parait être couronné de succès, quand, au retour, l’animal est déjà revenu à la maison. Admirable, n’est-ce pas ! Aussi est-elle réintégrée à la maisonnée. Pour l’enfant unique, les « compagnons les plus précieux étaient les livres et les chats ».
De ce retour symbolique à la maison découle la remémoration de la vie du père enseignant, qui faillit devenir prêtre bouddhiste comme le grand-père, qui survécut à la guerre sino-japonaise, qu’il passa dans un régiment d’infanterie, réputé pour avoir été particulièrement « sanguinaire ». A-t-il décapité un prisonnier ? Ce qui ne l’empêcha pas, malgré d’autres mobilisations, d’écrire des haïkus avec ferveur. Mais il fut déçu du peu d’ardeur du jeune Haruki Murakami pour les études, même si ce dernier devint écrivain.
Plutôt que d’abandonner un chat, le romancier a choisi d’abandonner ses souvenirs à ses lecteurs, d’oser un « transfert d’héritage » et d’offrir un touchant gage d’amour filial. Joliment illustré par Emiliano Ponzi, ce récit témoigne de la sensibilité d’Haruki Murakami, pas le moins du monde superficielle. Ce qui ajoute à la variété de la palette d’un écrivain attentif à une féline mémoire, qui nous avait pourtant brillamment habitués au fantastique, avec, entre autres réussites, La Fin des temps[10].
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Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.