Ange incertain du verbe, la poésie vient transcender la langue et nos représentations du monde. Plurivoque cependant, elle parcourt une histoire littéraire qui se cherche des bornes, des sommets et des chemins. Des noms propres côtoient des ismes, parfois artificiels et ultérieurs, promis à l’oubli ou à l’honneur de la mémoire, parfois inscrits par de hautains critiques ou jetés par leurs créateurs comme des manifestes, des coups de poing. Or les hasards des paniers 2022 de l’édition nous permettent de voyager parmi ces mouvements littéraires, du romantisme à notre contemporain, en passant par l’expressionnisme et l’esprit nouveau, le surréalisme, y compris par la Shoah. Anna de Noailles en 1901 ouvre avec cœur le bal, George Trakl creuse les noirceurs de la faute et de la guerre, Blaise Cendrars fait son cinéma cubiste alors que Luis Buñuel le préfère dalinien. Et Louis Aragon se fourvoie dans la gloire du stalinisme quand bientôt un autre totalitarisme lui répond au travers des spectres d’Auschwitz ranimés en vain par Edith Bruck. Où va la poésie ? Comment l’écrire ? Dans quelle sensibilité fleurie, quelle noire tragédie, quelle utopie délétère, quelle déploration mémorielle…
Elle ressemble à un personnage de Marcel Proust[1]. Du moins ce dernier en fera non seulement une amie, avec laquelle il échangera longtemps des lettres chaleureuses : « Bien souvent, les moindres vers des Eblouissements me firent penser à des cyprès géants, à ces sophoras roses que l’art du jardinier japonais fait tenir, hauts de quelques centimètres, dans un godet de porcelaine de Hizen ». Mais aussi le modèle de la Vicomtesse de Réveillon, dans Jean Santeuil, et celui d’une « jeune princesse d’Orient » épousée par un cousin de Saint-Loup parmi les pages du Côté de Guermantes. Sans compter quelques motifs proustiens qui n’ont peut-être pas toute leur origine, du moins une correspondance au sens baudelairien, dans les vers de sa belle amie fêtée en 1901 pour son premier recueil : Le Cœur innombrable. Comtesse et femme du monde d’origine roumaine et néanmoins poète par-dessus tout, première femme commandeur de la Légion d'Honneur, Anna de Noailles (1876-1933) fut l'égérie de toute une génération d’amateurs de vers romantiques.
Le titre lui serait venu du reproche d’un pauvre homme : au vu de la modestie de son aumône elle n’avait pas le « cœur innombrable ». Il l’ignorait, mais il fut l’auteur d’une offrande pérenne : le moteur lexical et thématique d’un recueil qui contient en germe les développements futurs d’une œuvre abondante, surtout poétique, mais aussi romanesque, parfois faite de récits et d’évocations que l’on apprécie comme des poèmes en prose : Les Innocentes ou la sagesse des femmes[2].
Dans une perspective panthéiste, ses thèmes permettent une fusion de l’être avec la nature et les choses, la beauté de la terre et des saisons : « Le charme désolé du paysage roux / Soupire un air connu des vieilles épinettes ». Une nostalgie sensuelle marque les vers de son empreinte : « Mon cœur est un palais plein de parfums flottants / Qui s’endorment parfois aux plis de ma mémoire ». Mais aussi une mélancolie prégnante : « Et c’est aussi l’extase et la pleine vigueur / Que de mourir un soir, vivace, inassouvie ». Elle goûte l’Antiquité au travers d’« Eros » et de « Pan » : « D’invisibles Erôs habitent les forêts / Et des poisons subtils montent du cœur des plantes ». En outre, l’acceptation de la condition mortelle annonce un recueil ultérieur : L’Honneur de souffrir[3]. La dimension méditative et lyrique ne se révèle jamais mieux que dans « La vie profonde », qui est peut-être l'une de ses plus belles réussites :
« Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Etendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains.
Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur,
Qui font une buée humaine dans l'espace.
Sentir, dans son cœur vif, l'air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre ;
S'élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.
Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du cœur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise... »
Le romantisme de Lamartine, de Victor Hugo et de Marceline Desbordes-Valmore est présent dans sa continuité, celui du plus sage Baudelaire, voire un relent verlainien et symboliste. Loin de l’innovation des poètes modernes, décadents et autres maudits, du virulent Baudelaire et du pur Mallarmé, sans parler des Apollinaire et Cendrars qui vont la remiser au grenier poétique, son style a quelque chose de délicieusement désuet, et cependant parfaitement singulier, comme une gageure entre passéisme et éternité. Elle reste fidèle longtemps aux quatrains, aux alexandrins, aux rimes. Sans cependant sacrifier à la forme du sonnet. Son art délicatement musical semble coller à un cliché de la poésie, mais dans le meilleurs sens du terme, tel qu’il est attendu par un public doué de sensibilité, son calme lyrisme est une sorte d’assurance contre la banalité, le prosaïsme et la vulgarité. Sa touchante inactualité lui permet d’atteindre l’universel.
Noir. Noir. Visage creusé, orbites cernées de noir. Le mot revient en sa noirceur obsessionnelle lorsque dans les années 1910, sans plus de précision, Georg Trakl (né en 1887) écrit Hélian. Ce prénom releve d’Helios, une étymologie solaire donc, alors qu’il meurt trop tôt, en 1914, miné par le contact avec les blessés et les cadavres de la Première guerre mondiale dont il fut le gardien exclusif pendant deux jours traumatiques, et par une ultime dose de cocaïne. Probablement un autobiographique alter ego, cet Hélian est une sorte de soleil mort :
« Saisissante est la déchéance d’une race !
C’est l’heure où les yeux du voyant s’emplissent
De l’or de ses étoiles.
Un carillon retombe dans le soir et ne tinte plus ;
Les murs noirs croulent sur la place.
Le soldat mort appelle à la prière.
Le fils, un ange blême,
Entre dans la maison déserte de ses pères ».
Les vers et ses proses de cet Autrichien sont chargées de visions ténébreuses, désespérées, empoisonnées par l’obsession de la culpabilité - une tradition chrétienne - et de la déchéance, par l’inéluctabilité de la mort : « Vers le soir le père devint un vieillard ; dans les chambres obscures se pétrifia le visage de la mère et sur l’enfant pesa la malédiction de sa race dégénérée. […] Vers le soir il aimait à s’en aller au cimetière en ruine, ou contemplait les morts dans la pénombre du caveau, sur leurs belles mains les taches vertes de la pourriture ». La violence des images est sépulcrale, les mots sont le cri d’un « loup rouge qu’un ange étrangle » ; le recueil s’achevant sur un poème en prose « Révélation et chute au néant », dans lequel « la terre vomit un cadavre d’enfant ».
Il n’a guère le temps d’écrire beaucoup, mais son expressionnisme, s’il assume sa dette envers Hölderlin et Rimbaud, projette une fulgurance qui se brise au contact de son époque catastrophique, au cours de laquelle tous les mythes héroïques et surtout guerriers s’écroulent : « Tous les chemins débouchent dans une noire pourriture ».
Grâce aupoète et traducteur suisse Gustave Roud, Philippe Jaccottet fit paraître en 1978 un recueil des poèmes de Georg Trakl. La présente édition est complétée des traductions inédites, des extraits de lettres de Rainer Maria Rilke, fervent défenseur de Georg Trakl, quoique d’une esthétique bien différente. Pour Gustave Roud, il appartient à la famille secrète des « voyants ». Que le destin aveugla de terre. Seule n’en reste que la matière noire de l’encre.
Il ne se suffit pas de sa météorique Prose du Transsibérien, publiée de manière si précoce en 1913. D’autant remarquable par la dynamique de ses vers libres que par les « couleurs simultanées » de Sonia Delaunay qui accompagnèrent la première édition. Six ans plus tard, soit en 1919, il offre aux éditions de la Sirène La Fin du monde filmée par l’ange N.-D., cette fois avec le peintre Fernand Léger. C’est un fac simile magnifique au généreux format que nous proposent les éditions Denoël, rééditant à l’occasion l’œuvre poétique entière[4].
Le Suisse Frédéric Louis Sauser (1887-1961) est sous le pseudonyme de Blaise Cendrars un écrivain fugueur, voyageur et aventurier. Est-il allé à Moscou et en Chine comme le prétend sa Prose du Transsibérien ? Il a bien cependant baroudé dans la Légion Etrangère, qui lui valut de perdre un bras, et sans nul doute bourlingué de boulots divers rédactions de romans aventureux. La typographie souvent colorée de sa Fin du monde, filmée par l’ange M.D. semble mimer ce déplacement perpétuel. Il n’y eut pas de hasard dans cette publication réellement originale : Blaise Cendrars était alors un collaborateur des éditions de la Sirène ; ce qui lui permit d’en superviser la fabrication. Caractères amples, pochoirs et dessins au trait, tout est fait pour magnifier l’hybride poétique et scénaristique.
Aussi brillant que le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel, le texte du poète manchot jette sur la page 55 paragraphes où se défoule la virtuosité d’un Dieu le Père en homme d’affaires américain. L’espace s’élance depuis Paris jusqu’à Mars, dépassant la Terre. La « fugue lyrique », jaillie en une seule nuit d’écriture, est également satirique, l’on s’en doute. Car une fois par an, Dieu fait son bilan. Il convoque ses « chefs de rayon » : le Pape, le Grand Rabbin, la Grand Lama, Raspoutine, entre autres, et le bilan est bon, car « la Grande Guerre rapporte ». Après une vaste énumération ferroviaire et industrielle, « le Barnum des religions » a lieu sur Mars. L’on est subjugué par « Les sortilèges, la réclame criarde, la musique tintamarresque, toute la mise en scène chamarrée, l’or des costumes, la violence des parfums, le tragique, l’horreur de certains spectacles ». Dieu fomente de rameuter ses prophètes et d’ouvrir un cinéma des plus grandioses faits de guerre au dépend des pacifiques Martiens. À Paris, l’ange N. D. souffle la fin du monde dans son clairon. Si la nature semble reprendre ses droit, ce n’est que brièvement. Le poète, second Saint-Jean de l’Apocalypse, réécrit avec feu une Genèse rembobinée, dans un déluge de plan-séquences simultanéistes.
Entre esprit nouveau poétique à l’intrépide déroulement et cubisme pictural, un tel volume, qui n’avait jamais été réédité depuis un siècle, prend toute sa place de jalon poétique et artistique nécessaire dans la bibliothèque.
En vers libres ou en prose, les poèmes du Chien andalou datent peu ou prou de la même année, 1929, que le film du même nom réalisé avec Salvador Dali. Si nous le connaissons comme un étonnant cinéaste, de Viridiana au Fantôme de la liberté, Luis Buñuel (1900-1983) fut à Madrid puis à Paris, un poète insolent, de surcroit ami de Federico García Lorca[5] et Salvador Dalí. Ici augmenté de textes épars et sans le moindre chien, Le chien andalou brille comme un joyau de l’univers surréaliste, libre, facétieux, imaginatif en diable, non loin de l’univers du pape du mouvement : André Breton. Les métaphores aléatoires et cependant expressives en sont bien caractéristiques : « les ongles des morts / qui doivent ressusciter avec les doigts changés en fleurs / en fleurs d’agonie éteinte et de salut », image qui rappelle le catholicisme espagnol. Néanmoins ces textes des années 1920 témoignent d’une révolte libertaire contre les mœurs et la raison.
Force est cependant de constater que de telles pages tombent le plus souvent à plat, au mieux résonnent comme des blagues de potaches : « Que les cache-sexes reposent en paix !!! ». Quelques nouvelles curieuses (« Pourquoi je n’ai pas de montre »), quelques parodies théâtrales (« Hamlet. Tragédie comique ») rallument l’intérêt. Ce Chien andalou se veut selon son auteur un « passionné appel au meurtre ». De « La lame du rasoir traverse l’œil de la jeune fille en le sectionnant » à la « main, au centre de laquelle grouillent les fourmis qui sortent d’un trou noir », l’on reconnait de célèbres plans cinématographiques, dont l’iconicité peut laisser de marbre. À moins que l’on y reconnaisse un fantasme sadique…
La poésie ancienne étant évacuée comme tabula rasa, le surréalisme jubile. Il peut paraître gratuit, finalement vain, sinon grotesquement fantasmatique, il n’en est pas moins le lieu d’une réelle vivacité poétique, et comptera de plus des épigones qui sauront s’en détacher pour élire leur univers propre, certainement plus intelligent, tel, et non des moindres, le Mexicain Octavio Paz.
Promoteur du langage surréaliste, héritier du futurisme russe de Vladimir Maïakovski, des épopées de Blaise Cendrars, en voilà un qui fut capable du meilleur et du pire. Pourtant garant en quelques occasions d’une qualité poétique réelle, le nom d’Aragon ne résiste pas toujours à l’examen. Le Paysan de Paris fut en 1926 une belle déambulation urbaine et surréaliste ; les vers de « La Tapisserie de la grande peur[6] » (sur l’exode de mai 1940) sont parmi les plus intenses qu’il écrivit, au contraire de ceux démesurément gonflés des Yeux d’Elsa. Certainement son talent s’est couché pour sucer la poussière devant la puérile et militariste idéologie, l’esprit de parti (s’il reste là une bride d’esprit), l’aveuglement marxiste et communiste, la science infuse du matérialisme historique.
Peut-on parler de qualités littéraires à l’occasion de Hourra l’Oural, lorsque toute éthique politique s’est dissoute devant la foi marxiste ? Comment peut-on voyager en 1932 au travers des régions de l’Oural, alors en pleine industrialisation, sans quitter les lunettes rouges fournies par ses hôtes, par les édiles du parti, par les frais payés et rester un thuriféraire du communisme ?
L’esthétique du réalisme socialiste (un oxymore !) fige cette suite de vingt-six poèmes dans le propagandisme le plus éhonté. C’est chaleureux comme un haut-fourneau et galvanisé comme une matraque : « Partisan Rouge prends les armes / nouvelles de l’habileté / Donne / Pour que vive à jamais Lénine / Que le Plan soit exécuté ». L’on croise l’éloge du « mélangeur de béton », en d’autres termes du stakhanovisme. « L’hymne » chante : « Gloire sur la terre et les terres / au soleil des jours bolcheviks / Et gloire aux Bolcheviks ». L’épopée pointe son nez immonde : « Le paysage est un géant enchaîné avec des clous d’usine ». Le dernier mot est grand comme de l’Antique : « Salut au Parti Bolchevik […] et à son chef le camarade Staline ».
Certes, nous direz-vous, en 1934, les crimes du stalinisme n’étaient pas tous connus en Occident. Mais les procès de Victor Serge entre 1928 et 1933, le clairvoyant Retour d’URSS d’André Gide, également invité, quoiqu’en 1936, sans oublier la méfiance nécessaire envers le collectivisme, la connaissance de la révolution bolchevique et des dix mesures totalitaires du Manifeste communiste de Karl Marx de 1848[7] auraient dû suffire à un esprit éclairé. Faut-il attribuer à la naïveté, à la servitude volontaire, au pleutre goût de la tyrannie commune et à la recherche de la collusion honorifique avec le pouvoir un tel enthousiasme ? Et si Louis Aragon s’est passablement engagé dans la résistance antinazie, ce n’est qu’après la fin du Pacte germano-soviétique, et jamais dans l’anticommunisme…
Nanti d’une couverture laide comme une affiche soviétique, ce recueil n’a qu’une qualité, et finalement pas des moindres, celle du documentaire historique et du repoussoir politique et éthique en quoi peut se mirer l’engagement malheureux du poète. Pendant ce temps d’admirables poètes russes, Ossip Mandelstam[8], Marina Tsvetaeva[9], Anna Akhmatova[10], moururent au Goulag, ou virent leurs proches y mourir, leurs poèmes interdits, traqués.
Un totalitarisme nouveau dut nécessairement engendrer des poètes justement engagés, du moins s’ils avaient survécus. La parole restant aux témoins. Au-delà de Paul Celan[11]et des Brasiers d’énigmes de Nelly Sachs[12], de Yitskhok Katzenelson et son Chant du peuple juif assassiné[13], qui tous déplorèrent la Shoah, une Hongroise, détentrice de la nationalité italienne, doit attirer notre attention. Née en 1932 dans un village hongrois, elle fut en tant que Juive déportée à Auschwitz en 1944, dont elle réchappa. Fatalement, elle devait être une amie de Primo Levi - celui qui honora la littérature concentrationnaire de son Si c’est un homme[14]. Edith Bruck publia une poignée de recueils entre 1975 et 2021, dans la langue de Dante qu’elle choisit de faire sienne. Ils s’appellent Le Tatouage, Pour la défense du père ou Temps. Les voici réuni dans cette anthologie intitulée La Voix de la vie, après Pourquoi aurais-je survécu ?[15] Selon la préface de l’auteure même, la poésie « dit la vérité qui trouble les consciences ».
Entre prières, portraits et rêves, il y a place pour les aphorismes d’une sagesse empreinte de la douleur infligée à l’humanité par l’humanité :
« Elle n’a plus peur
que sa mère la découvre en ma compagnie
elle est nue chauve légère
je la traîne au sommet d’une pyramide
de squelettes pour l’installer près de Dieu
(auquel elle croyait tellement) recherché pour les crimes
Commis sous ses yeux ».
L’interrogation métaphysique sans réponse innerve la pensée, pour qui « le mal est indélébile ». Cependant elle se répand au travers de cette « mendiante d’affection », avec qui elle entretient un émouvant dialogue : « tu as eu de la chance / tu n’es pas un arbre / parmi six millions d’arbres ». La déploration est un art, même si elle n’a « pas de tombe / où pleurer / où apporter des fleurs ». Car sa mère « n’imaginait pas / qu’elle n’aurait pas plus / que des millions d’innocents / ce mouchoir de terre ». Témoigner n’empêche en rien la beauté peut-être salvatrice de la langue.
Ce sont diverses manières d’envisager l’écriture de la poésie qui sont proposées ici. Le lyrisme du cœur nombreux pour Anna de Noailles, la défaite devant la tragédie humaine et guerrière pour Georg Trakl, et si l’on considère que le temps des grands récits historique a passé, l’épopée parodique de Blaise Cendrars. Mais devant le sens de l’Histoire à remettre en cause, s’affrontent les thuriféraires d’un engagement social, matérialiste, politique et finalement totalitaire assumé par la plupart des surréalistes tour à tour staliniens et trotskystes, et plus encore par l’une des hontes de la poésie : Louis Aragon. Que ceux qui peuvent encore lire en liberté apprécient tout le prix des quatre précédents auteurs ; et bien entendu de la « voix de la vie », dont put témoigner une Edith Bruck. Chaque poème, y compris traitant d’un brin d’herbe au vent plus précieux que les idéologies comminatoires, y compris de l’écologisme, ne doit-il pas interroger son éthique ?
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Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.