Méditation intime et lecture bien souvent posthume, le genre littéraire du Journal est également un observatoire du monde comme il va – ou ne va pas – entre retrait et projection de soi. Et quoiqu’il s’agisse d’un destin bien commun, la dernière flèche du temps l’a tué, pour reprendre l’adage « Vulnerant omnes, ultima necat », placé sur les cadrans solaires ; ou encore, « toutes blessent, la dernière tue ». S’il s’agit des heures, il peut s’agir des pages de Philippe Muray(1945-2006), diariste et romancier, essayiste nombreux, dont les flèches de la pensée ne manquèrent pas de blesser son époque et ses contemporains, cependant pour le plus grand bien de ceux qui prétendent à « l’empire du Bien », si nous reprenons un de ses titres iconiques. Affirmer par exemple dans son XIXème siècle à travers les âges que ce dernier est source du virus occultiste socialiste ne fit et ne fait toujours guère plaisir à ceux qui prétendent détenir la mainmise sur une téléologie politique. Notre dixneuvièmiste reste cependant un penseur des plus vivaces, dont notre aujourd’hui ferait bien de prendre de la graine, voire journellement, au moyen des quelques milliers de feuillets, en son Ultima necat. Intempestif, incisif, même si parfois excessif, Philippe Muray mérite bien plus que notre indulgence.
Somme érudite aux prolixes six cents pages, Le XIXème siècle à travers les âges rassemble, non sans humour et avec un talent qui tient plus du scalpel que de la plume, tout ce qui fut pensé, entre Chateaubriand, préromantique, et Huysmans, qui connut les premières technologies aéronautiques. Parmi ce bouillonnement culturel et scientifique, Philippe Muray apprécie Balzac, qui « a dit la vérité sur l’Histoire », convoque Flaubert, analyse Baudelaire ; croise Tocqueville et George Sand, non sans des retours obligés à Rousseau pourtant félon des Lumières. Ce pour déprécier avec alacrité Hugo et son « carrefour de métempsychoses en quoi il s’est métamorphosé ». Michelet, Comte, Renan, Zola, tous en prennent pour leur grade… Auteurs fort célèbres, ils sont ici rejoints par une foule de romanciers, d’essayistes apparemment mineurs, mais convoqués avec une savoureuse pertinence, une ironie parfois excessivement cruelle, par celui qui enseignait alors la littérature française à Stanford, en Californie. Ainsi, Nerval est qualifié de « capitaliste du nécrophile », la « dixneuviémité » se voit fouaillée pour sa pudibonderie, « l’école nécromantique » ridiculisée…
Car ce « siècle bourgeois », celui de la Révolution industrielle et du chemin de fer, fut également le héraut du « socialoccultisme », pour reprendre l’efficace mot-valise de l’auteur : occultisme, magie, fantasme de résurrection des morts et au-delà romantique, socialisme en pleine gestation, ce dernier faisant d’ailleurs sous des appellations diverses et en somme en tant que constructivisme politique et économique, toujours la pluie et le beau temps. « Mariage de l’occulte et du progrès », ce XIX° siècle qui fut celui du libéralisme fut aussi celui du marxisme, avec les conséquences délétères que l’on connut au XX° siècle.Ainsi notre modernité, fouillée, désossée, ne fait plus si moderne, voire digne d’un magasin d’antiquailles. Une foule de « sorcières modernistes » apparaît alors, y compris le féminisme et l’antisémitisme, quoique l’on ne soit pas certain de devoir adhérer à ce méli-mélo, en ce qui concerne ces derniers points, le premier étant, du moins en son humanisme, une nécessité, le second un phénomène bien plus ancien.
L’œuvre est profuse, touffue, en un cheminement pas toujours aisé, comme dans un musée encombré de concepts et de personnalités, montrant cependant assez combien le socialisme est en fait un au-delà romantique. Les dogmes commencent et finissent en religion : « En résumé, et pour être clair, le rationalisme moderne ne pouvait plus avaler l’occulte sous sa forme pure, il fallait que celui-ci soit dilué, désormais dans l’autre hallucinogène, dérivé semi-synthétique de l’occulte : le politique ».
Etonnante encyclopédie, ce XIXe siècle à travers les âges fut d’abord publié en 1984 chez Denoël, ensuite dans la collection « Tel » par Gallimard en 1999. Même si l’on peut regretter que le plan des chapitres manque un peu de rigueur, il mérite fort bien de rejoindre son espace d’élection aux Belles Lettres ,en un fort volume de 650 pages, auprès des six tomes du Journal de l’essayiste véhément.
Dans son fondamental Empire du Bien[1], Philippe Muray dénonçait en 1991 « l'envie du pénal », parodiant ainsi « l’envie du pénis freudienne », comme s’il y avait une jouissance sexuelle maligne au sein de cette obstruction à la liberté intellectuelle ; comme en témoigne ce passage des Exorcismes spirituels[2] : « Les jeux du cirque justicier sont notre érotisme de remplacement. La police nouvelle patrouille sous les acclamations, légitimant ses ingérences en les couvrant des mots « solidarité », « justice », « redistribution ». Toutes les propagandes vertueuses concourent à recréer un type de citoyen bien dévot, bien abruti de l'ordre établi, bien hébété d'admiration pour la société telle qu'elle s'impose, bien décidé à ne plus jamais poursuivre d'autres jouissances que celles qu'on lui indique. Le voilà, le héros positif du totalitarisme d'aujourd'hui, le mannequin idéal de la nouvelle tyrannie, le monstre de Frankenstein des savants fous de la Bienfaisance, le bonhomme en kit qui ne baise qu'avec sa capote, qui respecte toutes les minorités, qui réprouve le travail au noir, la double vie, l'évasion fiscale, les disjonctages salutaires, qui trouve la pornographie moins excitante que la tendresse, qui ne peut plus juger un livre ou un film que pour ce qu'il n'est pas, par définition, c'est-à-dire un manifeste, qui considère Céline comme un salaud mais ne tolérera plus qu'on remette en cause, si peu que ce soit, Sartre et Beauvoir, les célèbres Thénardier des Lettres, qui s'épouvante enfin comme un vampire devant un crucifix quand il aperçoit un rond de fumée de cigarette derrière l'horizon ». L’on constate ici qu’au contraire d’une doxa pourtant déplumée, les ténors du marxisme et du communisme ne bénéficient pas de l’opprobre infligée à Céline. Deux poids deux mesures, n’est-ce pas ?
Quel est ce « Bien » dont Philippe Muray voit s’étendre l’empire ? Il est de gauche bien entendu, porteur de tolérance et d’égalité universels, de sécurité et de justice sociale. Pourtant démenti par les faits, hypocrite, édictant des devoirs et des interdits. Dès 1991, date de la première parution de l’ouvrage, et au moyen de l’activisme des « truismocrates », ce « petit Néron de l’altruisme […] commençait à étendre sa prison radieuse sur l’humanité ». Il est devenu « l’unique héritier du Mal », ne serait-ce qu’en effaçant subversion et rébellion qui sont devenues des routines pittoresques, à moins d’être fâcheusement disqualifiés au titre du fascisme, soit « l’hitlérisation de l’adversaire ». Seules les bonnes causes des Droits de l’homme ont droit de cité.
Aussi « le lynchage prend maintenant des masques progressistes », la liberté de penser se voit ostraciser par le « catéchisme collectif » des « militants de la Vertu », ligués contre tout abus dangereux, qu’il s’agisse de cigarettes, de contenus sexuellement explicites, de dénégation du vivre ensemble. En ce sens l’utopie d’un « univers où ne règnerait plus que la gentillesse, la tendresse, les bonnes intentions, devrait naturellement faire froid dans le dos : c’est le plus effrayant des rêves parce qu’il est irréalisable ». Sans compter le règne des Tartuffe…
L’égalitarisme, le tout se vaut, voilà qui agace notre Philippe Muray au plus haut point, y compris dans le domaine de l’art contemporain : « Tout à la moulinette collectiviste ! Plus de privilèges, même esthétiques ! » Là où les médias remplacent le monde, la grégarité commande, le message est idéologisé, le « pompiérisme » et le « collectivisme rose bonbon » règnent, dans le cadre d’une « gigantesque entreprise d’idéalisation hallucinée ». Et lorsqu’il se moque de la niaiserie du Contrat naturel[3] du philosophe Michel Serres,que dirait aujourd’hui notre essayiste face au credo climatique écologiste ?
Un gigantesque parc de divertissement, ainsi va le monde. La religiosité consiste à « avoir foi dans le spectacle ». Ce dont Guy Debord avait averti à sa manière[4]. Y compris lorsque la mode des bons sentiments s’empare de causes nationales et internationales. Or « l’appel kitsch au sentiment contre la raison » est bien un signe inquiétant, une trahison de l’esprit des Lumières. Tandis l’écrivain et la littérature disparaissent au profit des livres qui « se sont mis avec allégresse au régime basses calories » !
L’aventure sexuelle par exemple succombe face au « mouvement sexuel institutionnel », en particulier homosexuel et néo-féministe, au « transexualisme de masse ». Nous constaterons cependant que, depuis, le mouvement « Metoo » a contribué à lutter contre les violences sexuelles. Même si une vague de pudibonderie s’en suit…
Quoique cet Empire du Bien n’épargne pas son diagnostic, il sait à l’occasion de sa préface de 1998, qu’il « ne suggère aucune solution ». Faut-il voir là une limite à l’efficacité de l’essai ? D’autant qu’emporté par l’élan de son indéniable talent de pamphlétaire, qui a trop pratiqué Léon Bloy, par sa verve satirique et désabusée, par son style parfois célinien bourré de points d’exclamation, il en oublie un peu trop la rigueur de l’exercice argumentatif.
Gisants de la famille d’Aliénor d’Aquitaine et sculptures de Pascal Convert,
Abbaye royale de Fontevraud, Maine-et-Loire.
Photo : T. Guinhut.
Entre les premiers et les deux derniers tomes d’Ultima necat, soit six copieux volumes, se déploient à la fois l’observateur aigu de son temps et la déontologie du genre littéraire qu’est le Journal d’un essayiste et romancier. De 1978 à 1997, deux décennies bavardes, inspirées, futiles, aigües, profondes, accumulent les appréciations et les réprobations. Il fréquente assidument Philippe Sollers, pratique la « mise en scène de toutes les crédulités contemporaines ».
Intelligence, finesse, sagacité, sens de l’observation, curiosité, sans oublier la dent dure, tout conspire à l’intérêt croissant de l’exercice. Certes, comme dans tout Journal l’on ne peut éviter l’écueil de pages trop circonstancielles, d’une intimité oiseuse. Mais le plus souvent c’est piquant, frappant, pertinent en diable. Lisons par exemple : « Ce monde écœure. Aucun monde n’a jamais écœuré les gens autant que celui-ci. L’un des arguments forts de ceux qui sont persuadés de la disparition imminente du roman, c’est que les écrivains d’aujourd’hui ne nous montrent rien d’autre que ce que nous ne connaissons déjà que trop. C’est tellement vrai que des tas de plumitifs, pour échapper à cette critique, se précipitent dans l’exotisme, le roman historique, d’autres conneries, la poésie. » Si l’analyse n’est pas sans justesse, elle s’accoude à un désabusement général parfois injuste. Ainsi, en 1978 : « on ne peut écrire que ce qui est raté ; l’érotisme étant la représentation du plus super-raté des ratages ».
Deux derniers tomes, sur six, du Journal complet, les ultimes Ultima necat, sont peut-être les plus brillants. Philippe Muray s’y montre acéré, voire féroce. Ce sont toujours des rencontres plus ou moins littéraires, des conversations prises sur le vif, des projets romanesques et éditoriaux. Mais surtout une position affirmée de moraliste sans concession. L’on ne s’étonnera pas, lorsqu’un écrivain digne de ce nom est « quelqu’un qui, pour un temps, vient trancher, couper, dénouer le moutonnant », qu’il soit un aficionado de Balzac et de Bernanos, de Bloy et de Céline[5] auquel il a consacré un essai, de Gracian et de Nietzsche, pour n’en citer qu’une poignée, cependant bien suffisante en terme de panthéon indicateur.
Aussi, alors que la Cancel culture[6] et ses wokistes, acharnés à surprotéger les sensibilités et les susceptibilités prétendument opprimées au moyen d’une bruyante censure, étaient à l’époque encore en gestation, Philippe Muray se montre-t-il d’une rare clairvoyance, presque de l’ordre du prophétisme. Il dénonce à l’envie ce qu’il appelle, en une vivifiante pratique du néologisme, le « cordicolisme », soit la mise en scène du cœur, du ressenti, du sentiment, au dépend du rationalisme. À sa suite, vient l’égalitarisme, de façon à ménager les sensibleries et les idéologies de chacun, toutes également tolérées, au risque de tolérer l’intolérable, encensées, sauf bien entendu s’il s’agit d’opinions et de convictions politiquement incorrectes. En ce sens, au lieu de pratiquer l’exercice de la pensée et du jugement, en d’autres termes la discrimination judicieuse, l’on veille à éliminer les impuretés, les dissidences dangereuses, en une « purification éthique », une culpabilisation à outrance, une judiciarisation sans appel. La victime – plus ou moins avérée d’ailleurs – du racisme, de l’homophobie et autres grossophobies, devient un substitut du prolétariat auquel l’on associe d’autres victimes, celles du tour de passe-passe de l’islamophobie, au point d’engendrer un avatar du totalitarisme communiste.
En ce sens la littérature n’a pas pour fonction de devenir un « catéchisme concordataire » qui ne froisserait plus personne. Ce que Philippe Muray a tenté de faire advenir en ses romans, comme Postérité[7], qui n’eut pas l’ombre d’un succès, puis On ferme[8], opus dont ce Journal permet de découvrir les genèses. Genèses d’autant plus heurtées que le doute ne cesse de miner l’écrivain, qui au lieu de littérature voit autour de lui pulluler des volumes émotionnels qui ne parviennent qu’à l’« épanchement de rêve infantile ».
Or, la littérature ne nourrissant pas son homme, il faut à Philippe Muray, bien qu’il en peste, réécrire des articles pour la revue Détective, s’employer comme « nègre » (un terme que le wokisme veut blanchir) pour le romancier aux succès de gare, Gérard de Villiers, dont les séries de S.A.S. sont prolixes d’érotisme machiste, de policier et d’espionnage au grand pied !
Le polémiste y va, lui, de pied ferme. Brocardant le Président du moment, « Mitterrand apothéose lyrique du carnaval de toute une époque ». Dans la lignée de son Homo festivus[9], il se gausse de la « festivisation » qui suivit mai 1968, du « dernier homme » occidental, « rebelle rémunéré », symptôme de la décadence programmée. Ainsi, la culture n’est rien d’autre qu’une fête « d’autant plus hystériquement festive qu’elle se sait sans fond et sans raison ». De surcroit il tacle la « fête comme giron égalitaire de tout art ramené à sa clownerie de base ». L’abattage, souvent réjouissant, finit cependant par exsuder l’amertume de qui ne se sent pas reconnu à sa juste valeur.
Alors qu’il va délaisser, deux ans plus tard, le Journal pour ses romans et ses chroniques, fin 1995, il se demande quel est « le propre du roman aujourd’hui ». Autour de lui, ce sont « bénitiers romanesques », « fanatisme exquis de la transparence », « prédication écologiste », vaticination émotive », « tourisme fraternitaire »… Trente ans plus tard, la tendance n’a fait que s’accentuer.
Mais à trop pratiquer la dépréciation du contemporain, le risque est d’emporter le bébé avec l’eau du bain, et prétendre, fin 1996, faussement bien sûr, comme si l’auteur était l’alpha et l’oméga non seulement de lui-même, « si sombre, si aboulique », mais du monde, à la fin de tout : « Non seulement l’Histoire est achevée, mais on ne peut même pas dire qu’elle est pourrie, elle ne pue même plus ». L’ironie est-elle encore un art salutaire ?
L’un des points les plus pertinents du diariste est sans aucun doute les pages, les aphorismes, qu’il consacre à l’usage, la fonction, l’esthétique et l’éthique du genre du Journal, en particulier en janvier 1995. Ce dernier est une « confession tout de suite », il permet de « me créer à moi-même un autre et à mon œuvre. Un antagoniste ». Il s’agit en quelque sorte d’une « activité journalistocratique » : « j’ai choisi de me plaire », ajoute-t-il., avec la complicité de l’égotisme de Stendhal. Le Journal offre enfin « l’art de l’inavouable, la mise en scène de l’impubliable sans masque », ce pourquoi la publication posthume, fut assurée par les soins de son épouse Anne Sefrioui, dont il faut louer le dévouement scrupuleux. Pour que le lecteur puisse le déguster continument, ou au moyen de pincées de hasard, cependant régulières, quoique prudentes.
L’un des « exorcismes spirituels » les plus marquants, et finalement pathétique, est son exercice d’ironie : Chers djihadistes[10], en forme de lettre adressée aux auteurs des attentats du 11 septembre 2001 à l’encontre des tours newyorkaises, tout en dressant un réquisitoire aigu contre le malaise occidental : « Vous apprendrez les infinis délices de la repentance, qui est un nom sublime pour désigner et encourager la destruction de tout le passé ». L'homme occidental posthistorique, en phase civilisationnelle terminale, est en butte à l'ennemi islamique qui fomente sa destruction. Cependant l’effarante et grandiose attaque est paradoxalement, pour Philippe Muray, l’aveu du processus de démocratisation et de pacification de l'Islam au dépend des terroristes islamiques, sans compter la progressive désacralisation du monde engageant la mort de Dieu, quel qu’il soit. S’il est facile, deux décennies plus tard de faire la critique d’une telle analyse, il faut néanmoins douter – ou peut-être espérer – en la « fin de l’Histoire », comme le prétendait Francis Fukuyama[11], constatant et prônant l’extension de la démocratie libérale. De surcroit la force immémoriale de la foi fanatique, qui plus est chevillée dans une religion visant originellement à la destruction de tout impie et à la conquête de ses territoires, ne semble pas prête de céder le pas, puissance financière pétrolifère et démographie aidant. La prophétie de la « bonne nouvelle » de la victoire prochaine du post-historique et de l’« Homo festivus », semble démesurément optimiste ; d’autant que notre essayiste ne nous avait pas habitués à fêter ce en quoi il voyait un totalitarisme en devenir, fomenté par la société marchande, gagnant le village planétaire, sous l’œil vigilant de l'Empire du Bien... Reste toutefois sous cette plume étonnante, une leçon vigoureusement assénée au déclin consenti de l’Occident ; qui ne l’entend guère.
Un auteur de chevet auquel il faut de temps et temps revenir, tel doit apparaître l'intempestif Philippe Muray, même si sa culture du dégoût peut paraître, malgré sa capacité de régénération de la pensée face au monde qui nous entoure, risquer de conduire à la stérilité créatrice. Pour nous rappeler combien nous vivons sous un voile d’illusions, combien l’esprit critique doit être mordant. Etre civilisée et transmettre une civilisation digne de ce nom doit se garder de s’amollir. Cet « homo festivus » qui nage comme un poisson dans l’eau de sa piscine climatisée devra prendre garde que l’Empire du Bien ne veuille pas son bien, mais sa soumission replète, en un dévoiement du capitalisme libéral finalement inféodé aux lubies idéologiques, aux religiosités malignes…
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Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.