Museo Casa Natal de Cervantès, Alcala de Henares, Madrid.
Photo : T. Guinhut.
Salman Rushdie
ou les libertés de l’imagination :
Quichotte, Langages de vérité
& Penser Salman Rushdie.
Salman Rushdie : Quichotte,
traduit de l’anglais (Royaume Uni) par Gérard Meudal,
Actes Sud, 2020, 432 p, 24 €.
Salman Rushdie : Langages de vérité,
traduit de l’anglais (Royaume Uni) par Gérard Meudal,
Actes Sud, 2022, 400 p, 25 €.
Penser Salman Rushdie,
coordonné par Daniel Salvator Schiffer,
L’Aube, 2022, 248 p, 20 €.
Pourquoi condamner un écrivain ? Pour érotique obscénité façon Lady Chatterley, atteinte baudelairienne aux bonnes mœurs, éloge sadien du crime, blasphème enfin… Voilà qui, à l’exception de l’incitation au meurtre, pourrait se traduire par un seul mot : l’imagination. En tout état de cause c’est bien ce qui fut, ce qui est, qui sera, reproché à Salman Rushdie, lorsqu’une iranienne fatwa, en 1989, commanda de l’assassiner au service et au nom du prophète de l’islam. Comme un seul homme, la théocratie et les masses de ses affidés hurlèrent au blasphème, ne brulèrent que de porter la main du crime sur la gorge de l’écrivain, siège de la parole, de séparer de son corps sa tête, siège de l’intelligence et de la liberté. Les Versets sataniques était-il un roman si indécent ? Il n’en reste pas moins qu’il continua de conter ses histoires, au travers d’ouvrages comme Haroun ou la mer des histoires ou L’Enchanteresse de Florence, de composer avec brio de nouvelles Mille et une nuits et un Quichotte échevelé, non sans confier sa réclusion pour échapper au totalitarisme islamique dans Joseph Anton[1]. Mais aussi de rédiger entre 2003 et 2020 divers essais sur le pouvoir d’imagination de la littérature, réunis aujourd’hui sous un titre peut-être discutable : Langages de vérité. Le merveilleux des contes invoquerait-il la vérité ? Cette vérité qui serait insupportable aux yeux des fondamentalistes. Ce pourquoi il faut, avec rien moins que vingt-six auteurs divers, Penser Salman Rushdie, au nom d’un libre humanisme et de la dignité, tant de l’individu que de la civilisation.
L’inénarrable roman de chevalerie intitulé, en 1605 puis 1615, Don Quichotte, n’a pu que fasciner notre Salman Rushdie. Au point de vouloir en découdre avec le modèle inégalé. Double décalé de Cervantès, Sam DuChamp n’est qu’un piètre auteur de romans d’espionnage qui se concocte un alter ego romanesque, Ismail Smile, au nom révélateur. Aussi Salman Rushdie fait-il de son Quichotte un représentant de commerce en produits pharmaceutiques frelatés, amateur forcené de télévision, rêveur impénitent et cependant un poil raffiné. Quelle drôle de lubie le pousse à tomber amoureux de Miss Salma R, actrice sur le retour, animatrice de talk show, star de l’écran de ses songes ? Sancho n’est que son fils imaginaire et pourtant il l’accompagne au long cours d’une quête picaresque parmi les espaces immenses des Etats-Unis. Les aventures sont sans cesse dédiées à la dulcinée qui habite l’illusion du petit écran, faisant s’entrecroiser les vies à la manière fabuleuse de Salman Rushdie.
N’en doutons pas, la chose est intensément satirique. Le personnage affirme « son intention de s'attaquer à la sous-culture abrutissante et destructrice de notre époque tout comme Cervantès était parti en guerre contre la sous-culture de son temps ». Le road trip, pour user de l’anglicisme, décrit un pays en déshérence, dégringolant les échelons du spirituel, tant la drogue, les réseaux sociaux, les violences sexuelles, la pop culture, le racisme gangrènent pêle-mêle le pays. Bouillonnant, sans cesse en mouvement, le roman amuse, inquiète, tant il est à craindre qu’au bout de la quête de ce Quichotte improbable, malgré d’hilarants moments, de cette épopée déglinguée, ne se dessine qu’un vide apocalyptique.
Hélas, l’avatar rushdien a plus triste figure que son modèle. Si la verve ébouriffante de Salman Rushdie n’est pas en reste et peut ravir un lecteur complice, changer Rossinante pour une Chevrolet, Dulcinée pour une actrice, Sancho Pansa pour un ami imaginaire dont le nez s’allonge comme celui de Pinocchio, malgré l’incessante intertextualité, ne suffit pas à égaler le modèle du XVI° siècle. De plus, surcharger la fresque de péripéties et de personnages secondaires, de surcroit éphémères, finit par lasser. Sans compter que la charge contre le bric à brac peu culturel américain, les errements de la politique à l’occasion l’Amérique de Trump, n’est ni nouvelle, ni forcément nuancée. Il n’en reste pas moins que si le héros de Cervantès confondait l’illusion et la réalité[2], celui de Salman Rushdie tente de ne pas confondre une réalité peu flatteuse avec le mensonge médiatique et propagandiste. En ce sens la prouesse romanesque truculente n’est pas sans mérite.
L’on ne s’étonnera pas qu’outre Don Quichotte, Les Mille et une nuits ait également fourni la trame d’une réécriture : Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits[3]. Ce n’est évidemment pas un hasard si ces deux chefs-d’œuvre de la littérature mondiale se composent, entre autres qualités narratives, de multitudes d’histoires emboitées, technique dont est friand notre écrivain anglo-indien.
Il ne s’agit pas seulement, dans Langages de vérité, d’une collection d’essais divers. Bien qu’issus de cours donnés dans diverses universités américaines, de préfaces pour des catalogues et autres discours, et bien entendus des articles publiés dans des magazines, ils forment un tout cohérent. Comme une sorte d’infra-roman de formation, il s’agit là d’un récit des origines, tant fictionnel qu’autobiographique ; mais aussi une entreprise critique.
Comment devenir Salman Rushdie ? En vénérant le dieu indien de la littérature, l’éléphant Ganesh, scribe du Mahabharata, qu’il découvrit dès l’enfance. En trouvant dans le réservoir immense des contes une stimulation permanente, de prolixes sources d’inspiration. En s’abreuvant aux Mille et une nuits, où l’on apprécie « l’absence presque totale de la religion », et dont Shéhérazade est le modèle révéré. Sans oublier tout un corpus indien, dont le Somadeva. Océan de la rivière des contes inspira le titre d’Haroun et la mer des histoires[4]. Mais en rencontrant également la partition de l’Ide et du Bengladesh, de l’hindouisme et de l’islam, lorsqu’au passé laïque de Bombay succède un « présent amer, porté à l’oppression, la censure et le sectarisme ».
Dans le panthéon de Salman Rushdie, Cervantès côtoie un autre géant mort à quelques jours d’intervalle, en 1616, William Shakespeare, dont la « liberté de forme » le stupéfie. Dans leur « truculence », tous les deux « se refusent à moraliser, et c’est en cela qu’ils sont beaucoup plus modernes que beaucoup de leurs successeurs ».
Il faut en conséquence à l’appétit omnivore de notre romancier autre chose qu’un piètre réalisme. Ce dernier dominant les Lettres et les appauvrissant, il est l’objet du dédain, voire du mépris du prince du récit, Salman lui-même, non sans raison. Il lui faut le merveilleux, quoiqu’il emploie à cet égard le terme « fantastique » qui n’est valable que pour Kafka, dont La Métamorphose permet l’irruption du surnaturel dans un contexte réaliste. Plutôt qu’au conseil généralement donné à l’aspirant écrivain, « Parle de ce que tu connais », le développement de l’imaginaire est le credo de notre auteur qui préfère « injecter le fabuleux dans le réel pour le rendre plus vivant, et, curieusement, plus véridique ». Car « l’animal fabulateur » que nous sommes trouve dans les mythes, les fables, les contes, une raison de vivre, une morale, une évasion. Parmi le triangle formé par « l’amour, l’art, la vie », le réalisme magique peut se déployer en toute liberté.
En ce sens, l’on ne s’étonne pas que son personnage mythologique, allégorique et emblématique soit Protée. Car la vie, multiforme, monstrueuse, sans cesse changeante, doit trouver dans la forme et le sens romanesque, un reflet, une extrapolation de cette protéenne dimension. Ce pourquoi cette littérature « est plus réaliste que le réalisme, parce qu’elle correspond à l’irréalité du monde ».
Au côté de ce versant de la formation et surtout de l’esthétique de l’écrivain, figurent quelques belles pages plus autobiographiques, contant son enfance à Bombay, sa prodigieuse famille, ses lectures, puis son émigration vers les universités anglaises.
Une seconde partie s’intéresse à la génération de l’écrivain, ses contemporains, voire ses complices. Philip Roth[5] par exemple, dont les romans mettent en scène les Juifs américains, le maccarthysme, le racisme et la montée du wokisme : « nous vivons une époque où les événements publics affectent si directement notre vie privée que le rôle de la littérature à présent est de montrer comment fonctionne cette relation ». Qu’il s’agisse du Complot contre l’Amérique ou de La Tache, il est « un Cassandre de notre temps, nous mettant en garde contre l’avenir sans être pris au sérieux ». Sauf qu’en faisant à cet égard allusion à Donald Trump (sans le nommer), Salman Rushdie ne fait guère preuve de pénétration[6]. C’est aussi Kurt Vonnegut qui regarde la guerre « avec le masque de la comédie », dans son Abattoir 5. Faisant « face à la mort », les romans de Samuel Beckett fascinent ce lecteur prolixe, qui appelle affectueusement Gabriel Garcia Marquez « Gabo », alors qu’il était le grand ami de Fidel Castro ! Toutefois l’on reconnaît notre auteur dans cet éloge d’Harold Pinter : « un adversaire déclaré et passionné du sectarisme, des préjugés, de la censure et des abus de pouvoir commis par les puissants ». À ce égard, Slaman Rushdie ne prend-il pas fait et cause pour l’artiste chinois Ai Weiwei, arrêté par le pouvoir communiste ?
Malgré la multiplicité des vérités qui courent de par le monde, le romancier a pour but de « reconstruire la croyance de nos lecteurs dans la réalité, leur foi dans la vérité. Aussi faut-il bien du courage aux écrivains, qu’ils soient anglais ou chinois, pour affirmer la vérité de la liberté et infirmer la vérité des pouvoirs qui nous oppriment. Comme il en fit preuve à l’occasion d’un congrès du Pen Club en 1986, où il mania « la plume et l’épée ». Lors de houleuses controverses que l’on imagine, Saul Bellow répondit : « Nous n’avons pas de tâches, mais des inspirations », ce qui est remettre les pendules idéologiques à l’heure de la vitalité de l’écrivain face au monde qui nous entoure, face à ces pays où « l’imagination libre est toujours considérée comme un danger », où la censure s’impose, quoiqu’elle sache s’infiltrer dans les pays qui se prétendent libres. Y compris aux Etats-Unis où l’on peut furieusement souhaiter effacer la théorie de l’évolution de Darwin, voire la sorcellerie de J. K. Rowling et de son Harry Potter. Y compris en Inde où le fanatisme hindou concurrence celui de l’islam. Conclusion : « Se détacher des dieux, c’est la naissance de la liberté de l’individu et de la société ».
Si le titre peut être discutable tant les vérités au pluriel peuvent être le champ du relativisme, ces « vérités » restent néanmoins des défenses contre la vérité religieusement (ou politiquement) autoproclamée : « une religion définie comme la capacité pour ses adeptes de commettre des violences sur terre au nom de leur mystérieux dieu céleste ». L’allusion à l’islam étant assez claire et nous ramenant à la fatwa prononcée contre l’auteur des Versets sataniques, qui vient d’ailleurs cet automne de subir une grave agression au couteau, la férocité de ces détracteurs faisant preuve d’une mémoire têtue, depuis trois décennies. Or c’est avec pertinence que Salman Rushdie récuse le terme « islamophobie[7] » : étant donné le concours de violences et de tyrannie afférentes, « il est juste d’éprouver une véritable phobie sur de tels sujets ».
Cependant dans un pays comme l’Inde où les dieux sont pas moins de trois cents millions, le réalisme de l’écriture est quasiment impossible. À moins qu’il s’agisse de réalisme magique, comme dans Les Versets sataniques, qui est d’abord un livre sur l’immigration, où trois déesses antéislamiques pointent le bout de leurs nez, pour le plus grand mécontentement des monothéistes furieux, qui sont à l’origine de cette furie s’abattant sur New-York, dans le roman du même nom[8]. Ainsi Salman Rushdie, et on le comprend, préfère les polythéismes, où les histoires « sont bien meilleures » et laissent la liberté s’ébattre, alors que dans les monothéismes, « ces policiers de l’âme », elles sont « inhumaines ».
Il est évident que le rapport entre « autobiographie et roman » dépasse de loin le seul cas de notre romancier, en un temps où l’on soupçonne sans répit que l’écrivain représente ses proches, ses amis, ses connaissances dans les pages de ses romans : « De nos jours, la supposition qui prévaut c’est que tout roman est en fait une autobiographie déguisée ». Il suffirait alors de connaître l’identité de la personne pour tout savoir sur le personnage, ce que Marcel Proust ne cesse de récuser[9]. Ce qui compte, « c’est le saut imaginatif, et non les éléments de la vraie vie ». Et notre Salman de donner de nombreux exemples, y compris dans sa famille, dont les membres ne deviennent personnages qu’en changeant de personnalité, de vie, dans Les Enfants de Minuit[10]ou Furie. La solution est-elle d’éviter les narrateurs à la première personne ? Ainsi Shalimar le clown[11]et L’Enchanteresse de Florence[12] échappèrent-ils à ce déterminisme…
Il est cependant difficile de convaincre une immense part du public que l’art est supérieur à la reproduction réaliste du vécu, ce dont témoigne le succès d’un Karl Ove Knausgaard[13].
Pour Salman Rushdie, comme certainement pour Shakespeare, quoiqu’il soit risqué de les comparer, « l’anglais est l’or des langues », tant il est malléable. Si nous le lisons seulement en français, hélas, tant sa langue est touffue, nous avons conscience de cette aisance à sculpter la pâte des phrases et des mots, d’une manière particulièrement évocatrice. Même si au long cours de ses romans une lassitude peut empreindre le lecteur, lorsque que s’enchaîne la pâte du récit sans cesse renouvelé par des histoires séductrices, mais dont on ne ressent pas toujours la nécessité morale et esthétique.
Véritable boite aux trésors, même si parfois inégaux, Langages de vérité recherche par exemple celle de « l’adaptation », soit le passage d’un livre à un film, le plus souvent médiocre, quoiqu’il existe de notables exceptions, comme Le Guépard de Luchino Visconti. La réflexion est de bric et de broc, comme l’exige l’exercice de la réunions d’interventions diverses, mais rarement sans sagacité. Comme à l’occasion de « Notes sur la paresse », qui entrechoque le classique Russe de Gontcharov, Oblomov, avec les films de Fellini, un anti-héros de Thomas Pynchon et le mannequin Linda Evangelista : ainsi le lecteur saura s’il peut être « pour ou contre la paresse[14] ». Le recueil s’achevant sur des textes rendant hommage à des artistes, peintres comme Francesco Clemente ou photographe comme Sebastiano Salgado, l’éclectisme et l’ouverture d’esprit sont au rendez-vous d’un intellectuel nécessaire.
Voilà bien « quelqu’un qui ne croit ni en Dieu ni au diable », alors qu’il était né dans une famille sunnite et auprès de l’hindouisme. Insupportable apostasie, que la cohérence coranique et ses sbires se jurent de châtier. Aussi faut-il penser la tolérance, les droits de l’homme et de l'irréligion, autrement dit Penser Salman Rushdie, selon le titre d’un hommage, plus exactement d'un recueil de brèves et pertinentes mises au point, sous les plumes croisées de vingt-cinq essayistes engagés, dont les interventions ont été coordonnées par Daniel Salvatore Schiffer.
Ils viennent d’horizons divers et sont de vifs défenseurs du « cou de Salman Rushdie », comme Eric Fottorino en son poème en vers libres, de son athéisme, comme Catherine Clément, voire de vigoureux procureurs d’un « islam inexistant », pour Guy Sorman. Remarquons des argumentaires appréciables, à la manière de Véronique Bergen : « La danse de la plume contre le couteau », le réquisitoire contre les « fanatiques de Thanatos » par Robert Redeker : « Humilier la liberté de penser est le seul blasphème », voire d’inquiétantes complicités : « Un nouveau négationnisme : l’islamo-gauchisme face à l’islamo-fascisme » sous la gouverne de Nathalie Heinich. Enfin le pertinent préfacier se fait, si l’on nous pardonne le néologisme, postfacier, en traçant une ligne directe depuis l’affaire Calas, rendue célèbre par Voltaire, jusqu’à notre écrivain si menacé, en passant par l’affaire Dreyfus. Être condamné à mort pour une fiction, au nom d’une autre fiction, l’une romanesque, l’autre religieuse, devrait pourtant dépasser tous les sommets de l’improbable et du ridicule. Mais Dieu est si souvent un tel vice humain…
Si le Coran n’avait été composé que de versets sataniques, et c’est l’hypothèse formée par le roman incriminé, les portes du polythéisme et de l’interprétation n’auraient pu être fermées. Dans la même perspective, et au-delà du seul cas Rushdie, ce volume multiplumes se propose d’être une ardente plaidoirie en faveur de la liberté, « contre toute tentation fasciste », pour reprendre les mots de Daniel Salvatore Schiffer, préfacier de ce courageux ouvrage.
Ce dernier n’échappe pas hélas à l’approximation. En effet Stéphane Barsacq cite en défense d’un islam tolérant un verset célèbre (V 32) qui s’adresse aux Juifs : « Voici, qui tue quelqu’un qui n’a tué personne ni semé de violence sur terre est comme s’il avait tué tous les hommes. Et qui en sauve un est comme s’il avait sauvé tous les hommes ». Mais il ne faut pas, au prix d’une grave erreur, omettre la suite : « Mais voici, après cela, il est sur terre un grand nombre de transgresseurs. Mais ceux qui guerroient contre Allah et ses envoyés, semant sur terre la violence, auront pour salaire d’être tués et crucifiés[15] ». Il faut alors se garder de ne prendre le verbe guerroyer qu’au sens militaire, ce que confirment de nombreux versets virulents, affirmant ainsi la dimension génocidaire d’une telle religion et l’affreuse cohérence de la condamnation à l’égorgement de notre écrivain, à l’instar d’un Samuel Paty. Malgré une telle approximation l’ouvrage mérite d’être médité, goûté. Il est à craindre cependant que de telles pages restent lettre morte, inaudibles, sinon proprement scandaleuses aux oreilles dans lesquelles a coulé le fiel de l’islam…
Pourquoi condamner un écrivain ? Il serait naïf de ne voir dans le péché capital de blasphème[16] que la condamnation aux mains d’une religion séculaire et de ses mortifères affidés. D’autres engeances ont aujourd’hui le doigt sur la gâchette de la reductio ad hitlerum, de l’anti-progressisme, du crime de lèse woke[17], lèse anticolonialisme, anti-néoféminisme, anti-écologiste, en somme pléthore de grigous obscurantistes violents. Certes ce sont des groupuscules ; mais en somme tous des tenants d’un activisme forcené empreint de religiosité bouffie : ils sont bien plus redevables de la pulsion tyrannique, de la pulsion de mort, que de la raison et de l’humaniste tolérance qui devraient nous conduire et libérer l’humanité.
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Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.