Ratsberg, Toblach / Dobbiaco, Südtirol / Trentino Alto-Adige.
Photo : T. Guinhut.
De l’Histoire du climat à l’idéologie écologiste :
Emmanuel Le Roy Ladurie,
Marie-Antoinette Mélières / Chloé Maréchal,
Bruno Durieux.
Emmanuel Le Roy Ladurie : Histoire du climat depuis l’an mil,
Champs Flammarion, 552 p en 2 tomes, 18 €.
Marie-Antoinette Mélières, Chloé Maréchal :
Climats. Passé, présent, futur, Belin, 432 p, 38 €.
Bruno Durieux : Contre l’écologisme. Pour une croissance au service de l’environnement,
Editions de Fallois, 266 p, 18,50 €.
À quoi servirait une pensée qui hurlerait avec les moutons et bêlerait avec les loups ? Ce serait parler comme la doxa, engager comme la propagande. Aussi faut-il remettre en question les dogmes, heurter les points de vue, confronter les analyses, en particulier s’il s’agit d’une des principales préoccupations de notre temps, comme celle du réchauffement climatique. En fait, et au risque de se précipiter sous le couperet infamant du climatosceptique honni, le scepticisme est un devoir intellectuel, politique, voire scientifique. S’il serait aberrant d’être sceptique face à la rotondité de la terre, à l’héliocentrisme, à l’efficacité des vaccins, qui sont des faits avérés, il en est tout autrement pour le réchauffement climatique d’origine humaine, que le présent confirme si peu, alors que le futur n’a aucune qualité à confirmer une telle théorie. Là s’affrontent l’Histoire du climat, les observations scientifiques d’une part et d’autre part un avenir que l’on dit si menacé. Or la prédictologie[1] a bien de la peine à être une science, c’est le moins que l’on puisse dire, alors que l’Histoire est une science humaine, elle-même faillible, partiale et révisable. Les Romains ouvraient le ventre des poulets ou voyaient venir les oiseaux de la gauche sinistre ou de la droite propice pour lire l’avenir ; aujourd’hui le GIEG dessine des courbes en crosse de hockey pour prédire de sinistres et brûlants climats à l’horizon du siècle. Cependant il est à craindre que les thèses du réchauffisme anthropique sentent le réchauffé, si l’on lit l’Histoire du climat d’Emmanuel Le Roy Ladurie et malgré la somme intitulée Climats. Passé, présent, futur, car le sceptique réquisitoire de Bruno Durieux, Contre l’écologisme, est particulièrement rafraichissant.
Nous savons que l’empire romain bénéficia d’un climat chaud et humide. En revanche l’effondrement des températures du IV° au VI° siècle contribua grandement (après les barbares et avant les épidémies de peste) à l’implosion de la civilisation romaine ; l’étude des glaciers et des cernes des arbres a permis de confirmer ce que suggéraient les historiens du temps[2]. Paru en 1983, l’essai éblouissant d’Emmanuel Le Roy Ladurie montre sans équivoque les hauts et les bas climatiques depuis l’an mil. L’Historien n’ignore pas le petit âge glaciaire modéré de – 900 à – 400, puis celui plus sévère de l’aube du Moyen Âge, alors qu’entre 900 et 1300 l’optimum médiéval fut favorable à la civilisation. Mais au XIV° siècle, un nouveau petit âge glaciaire racornit les récoltes jusqu’à la famine. La Renaissance est un peu plus clémente, quand le siècle de Louis XIV est glacial. Il faut attendre le XIX° pour trouver une embellie : les glaciers européens ont atteint leur plus grande ampleur jusqu’en 1860, date à laquelle ils commencent à refluer : l’on sait qu’aujourd’hui ils sont résiduels dans les Pyrénées.
Emmanuel Le Roy Ladurie use de sources nombreuses, documentant avec abondance et minutie la contraction des glaciers alpestres, de Chamonix à Grindelwald, entre le XVII° et la fin du XX° siècle. Il s’intéresse aux dates des floraisons et des vendanges, aux premières neiges, aux fleuves gelés (la Loire jusqu’à Nantes au XVII° siècle), aux rendements des céréales, aux inondations et aux sécheresses, évidemment aux températures ; mais aussi à la dendrochronologie (l’étude des cercles des arbres) ou à la palynologie (des pollens conservés dans les tourbières). Ces événements et éléments seraient anecdotiques s’ils n’étaient ici considérés dans le cadre d’une période longue, car n’oublions pas que des époques fraîches peuvent avoir été frappées de canicules, comme des périodes plus douces peuvent avoir subi des froidures sévères.
Aussi Emmanuel Le Roy Ladurie peut-il conclure : « Il n’est de bonne histoire du climat qu’interdisciplinaire et comparative ». La démarche historienne a fait bien des émules, comme Emmanuel Garnier, avec Les dérangements du temps. 500 ans de chaud et de froid en Europe[3]. Reste que l’histoire climatique ne devient une histoire humaine, que si ce dernier en bénéficie ou en est affecté, voire s’il en devient un agent. L’influence des fluctuations climatiques sur la survenue, le développement et le déclin des civilisations est-elle si déterminante ? Surtout si l’on pense au petit âge glaciaire qui affecta le crépuscule de l’empire romain, et que l’on sache qu’il faille l’accoupler avec les invasions guerrières des barbares et les épidémies de peste. Les migrations des Mongols sont en partie dues aux froids qui terrassèrent leurs pâturages, quand l’expansion islamique du V° siècle bénéficia de fraicheurs qui au contraire nourrirent les chevaux…
Il n’est cependant pas inutile de noter qu’Emmanuel Le Roy Ladurie est persuadé des causes humaines dans notre réchauffement, ce en quoi il se trouve fort en phase avec les thèses du Groupement Intergouvernemental d’Etudes Climatiques.
La démarche scientifique semble assurée par une plus récente somme : Climats. Passé, présent, futur. Même si le préfacier plus que partisan Nicolas Hulot peut laisser craindre un parti-pris climato-réchauffiste d’origine humaine et industrielle, ouvrons ce volume avec pondération. Deux docteures en physique et en géochimie en sont les auteures : Marie-Antoinette Mélières et Chloé Maréchal, ce en corrélation avec le GIEC.
Depuis 2,6 millions d’années, l’on assistait à la « valse des glaciations » ; mais aussi, il y 12000 ans, à la période chaude de l’holocène, ce dont témoignait un « Sahara vert ». L’on retrouve des observations sur les glaciers, comme celui d’Aletsch, dans les Alpes suisses, avec des photographies de 1856 (son maximum) et de 2011, où il est écourté, quoique le graphique révèle qu’il fut plus court encore à l’époque romaine. La partie historique de l’ouvrage est une précieuse mine d’informations ; celle afférente au XXI° siècle, donc au futur, doit rester sujette à caution.
Pour nos deux scientifiques, la thèse est entendue : le réchauffement récent « résulte pour l’essentiel des gaz à effet de serre d’origine anthropique. La contribution la plus importante est celle du CO2, due majoritairement à l’utilisation intensive des combustibles fossiles, dont la moitié s’accumule chaque année dans l’atmosphère. » Aussi la température actuelle rejoint celles des périodes chaudes du Moyen Âge et de l’époque romaine. La conclusion se veut catastrophiste, effondriste, apocalyptique : « si les émissions actuelles continuent sur leur lancée, le réchauffement par rapport à l’époque préindustrielle atteindra 4° et 7° ».
L’ouvrage est généreux en analyses, en cartes, graphiques et photographies. Sa dimension pédagogique est nette, à la faveur d’une langue accessible, même si la conclusion et quatrième de couverture, en cela plus dignes de propagandistes que de scientifiques, fait frémir : « Cette évolution [la faculté de l’homme à modifier son comportement] se fera en fonction de la capacité des scientifiques et des enseignants à expliquer les enjeux, et de la mobilisation de la société mondiale, avec toutes ses composantes (citoyens, politiques, artistes, etc.) ».
Cependant la prédiction est une science fort hasardeuse, comme s’il s’agissait de connaître la direction du chaos. Ainsi nos deux auteurs prétendent : « La principale inconnue dans l’évolution du climat et de l’environnement est la faculté de l’homme à modifier son comportement ». Ah, naïfs que nous sommes, il nous semblait que la première inconnue était l’évolution future du climat !
Et si « la température globale de surface » augmente de 0,15 degré par décennie (entre 1979 et 2010) selon Forster et Rahmstorf, ce rapporté par nos auteures, il faudra bien des siècles pour attendre la température de cuisson… Soit environ 1,5 degré depuis un siècle et demi… C’est au contraire une suée que s’évertue à suggérer Climats. Passé, présent, futur, dont les cartes et graphiques usent et abusent de rouges incendiaires, lorsque la température annuelle atteint les 30 degrés dans les zones équatoriales, alors qu’autour de 0 degrés nous sommes dans de doucereux verts, la persuasion jouant un rôle plus que discutable.
L’on prétend qu’un consensus de 90% des scientifiques se montre en faveur de la thèse du réchauffement climatique d’origine anthropique. Cependant, outre que la démocratie majoritaire n’a aucune valeur scientifique, ils sont une trentaine de milliers à apparaître sur une liste de climato-sceptiques raisonnés qui compte des prix Nobel, des lauréats, auteurs d’articles majeurs, que l’on découvrira sur le site de Wikklibéral[4], liste d’ailleurs fort documentée.
La Climate intelligence foundation (Clintel) a lancé une campagne pour dénoncer l’objectif européen d’atteindre zéro émission nette de CO2 d’ici 2050. Dans son courrier de 43 pages à l’ONU, ce sont 500 scientifiques et professionnels à travers 13 pays - dont des Français - qui arguent qu’« Il n’y a pas d’urgence climatique ». Montrant que l’impact du CO2 sur l’environnement est surévalué, ils prétendent que les mesures prises pour faire décroître les émissions sont fort coûteuses et dangereuses pour l’économie.
Evidemment l’on ne s’est pas fait faute de pointer que certains de ces scientifiques écrivent dans le journal Valeurs actuelles, étiqueté à droite, ou sur le site libéral Contrepoints, histoire de frôler la reductio ad hitlerum, dont Christian Gérondeau, auteur de L’Air est pur à Paris mais personne ne le sait[5], et Bruno Durieux ci-dessous. Cependant c’est peut-être confondre cause et conséquence : c’est parce qu’ils ne peuvent publier leurs analyses chez les giecquistes qu’ils sont accueillis ailleurs.
La fameuse courbe en forme de crosse de hockey, publiée en 1988 par Michaël Mann, montrant que les températures allaient irrémédiablement monter en flèche dès les prochaines décennies, et sur laquelle s’appuie la doxa du GIEC, vient de subir un revers de bâton. Son inventeur a été poursuivi en justice par un climatologue fort sceptique, Tim Ball, qui le traitait de charlatan, en montrant que le XV° siècle avait été plus chaud que notre aujourd’hui. Las, sommé de dévoiler ses preuves devant la Cour suprême de Colombie britannique, et de contrer les travaux du sceptique, Michael Mann a refusé de montrer ses données et ses chiffres ; ce pourquoi le tribunal l’a condamné à une amende qu’il a préféré payer. De plus il risque aujourd’hui un procès criminel pour avoir usé de fonds publics pour commettre et propager une fraude avérée.
Les changements climatiques historiques, actuels, voire futurs, sont dus au soleil et aux mouvements de la Terre sur son orbite, voire aux champs magnétiques. À peine aux activités humaines, à la réserve de l’urbanisation. Depuis que l’on peut observer les taches solaires, soit au début du XVII° siècle, l’on peut corréler le Petit Âge Glaciaire à la faible activité du soleil, soit le minimum de Maunder (1645-1715), dont rend compte d’ailleurs Emmanuel Le Roy Ladurie. Et puisque nous sommes entrés dans une telle faiblesse solaire, des scientifiques, dont la mathématicienne astronome Valentina Zharkova, affirment qu’un nouveau et cyclique refroidissement nous attend, ce que confirmeraient les récents hivers longs et rigoureux d’Amérique du Nord, au point que le retard des semis et récoltes ait entraîné une hausse du cours des céréales à la bourse de Chicago. Ce qui montre, s’il en était besoin, qu’un refroidissement climatique est plus dangereux pour l’humanité que ces réchauffements dont nous nous sentons aussi bien que les Romains ou les Médiévaux du XII° siècle…
Selon Benjamin Deniston, chef de l'équipe de recherche scientifique de l’américaine LPAC, il n’y a pas de corrélation entre la quantité de CO2 et les changements de température ; ou plus exactement ces derniers entraînant l’accroissement du premier. Ce fameux gaz carbonique n’est guère un gaz à effet de serre, au contraire de la vapeur d’eau. De plus l’on s’échine à monter l’évidence : il ne sera un polluant qu’à force d’atteindre des concentrations inimaginables, alors qu’il compte pour au plus 0,4 % de notre atmosphère, donc 5% d’origine humaine. D’autant qu’il contribue très nettement à la végétation, à la reforestation, donc au verdissement de la planète, avéré depuis des décennies. Depuis le XIX° siècle, lorsque Maxwell l’a montré, les physiciens savent que le CO 2, qui n’est en rien un polluant[6], n’a guère de rôle dans le climat, sinon aucun. Le GIEC s’est lui basé sur le travail d’Arrhenius, également au XIX° siècle, aussitôt désavoué, mais tellement porteur pour établir les taxes carbone et profiter des subsides, ce que montre Christian Gérondeau[7] dans son essai Le CO2 est bon pour la planète[8].
Ainsi, maints scientifiques de renom contestent l’alarmisme climatique : ils s’appellent Richard Lindzen, climatologue, membre de l’Académie américaine des sciences, Mike Hulme de l’université d’East Anglia, John Christy, spécialiste des mesures de températures par satellite. Le réchauffement d’au plus 1,5° depuis le début du XIX° siècle, n’a rien d’exceptionnel dans l’Histoire climatique.
Or puisque la Chine, l’Inde, à un moindre degré les Etats-Unis, sans compter Brésil, Russie, Afrique, sont les premiers producteurs de ce gaz carbonique et de bien d’autres gaz, particules fines et autres souffre et plomb (car ce deux premiers pays n’utilisent ni essence sans plomb, ni pots catalytiques) autrement polluants, à quoi servirait de cesser en France toute émission, toute respiration, toute vie, sinon de suicider son économie en supprimant une part infinitésimale d’activité carbonée et polluante de l’humanité… Le prétendu exemple de de transition écologique, à coup d’étatisme, de surfiscalité, de subventions tortueuses, est aussi risible qu’antiscientifique, alors que l’avenir est promis aux technologies innovantes, à inventer et en cours d’invention, pour recycler les plastiques en pétrole par exemple, découvrir de nouvelles énergies, d’autant qu’il s’agit là d’un anticapitalisme envieux et forcené masqué sous la prétention d’une pureté morale exterminatrice, comme le soutient un collectif appelé « Extinction, Rébellion », qui prétend sur ces affichettes que « conduire une voiture c’est être un Nazi » !
Un record de chaleur fait la une des cris des médias, ceux de froid sont ignorés. Depuis trois ans, ce sont trois hivers inhabituellement rigoureux qui s’abattent sur l’Amérique du nord, ainsi que le rapporte la NASA ; les glaciers reprenant leur expansion, voire naissant, comme dans l’Alberta. Quant à l’Antarctique, il ne cesse de gonfler, hors la zone où son glacier est assis sur un volcan. Le Groenland n’a pas fondu comme un glaçon dans un verre estival ; il reprend même du poil de la bête.
Tout est prétexte à accuser le réchauffement climatique. En témoigne le traitement de l’émotion causée par les incendies en Australie et suscitée par la mort de tant de koalas (qu’importe celle des hommes…). Si un été chaud et sec n’arrange pas les choses, sachons qu’environ 90 % de ces feux sont délibérément ou accidentellement d’origine humaine, au point que l’on doive arrêter des dizaines d’incendiaires dans tout le pays, y compris des Musulmans, pratiquant le jihad incendiaire, dont les frères Zraika près de Sidney, comme le rapporte le Daily Mail. Une fois de plus la persuasion fondée sur l’émotion, les sentiments, prétend l’emporter sur la conviction, soit l’argumentation rationnelle et multicausale. De même que n’a-t-on entendu à propos de l’aqua alta vénitienne, certes une catastrophique inondation, alors que l’on ne parle pas des aqua bassa, que les marégraphes de l’Adriatique n’enregistrent aucune montée des océans (hors quelques centimètres depuis un siècle et demi), que la ville a tendance à s’enfoncer sous son propre poids dans sa lagune.
Pic et glacier du Marboré, Gavarnie, Hautes-Pyrénées.
Photo : T. Guinhut.
S’il est permis d’en rire, souvenons-nous du catastrophisme écologique trompeté par l’ancien vice-président des Etats-Unis, Al Gore, auteur du film Une Vérité qui dérange, sorti en 2006, qui prétendait que l'humanité est assise sur une bombe à retardement. Les prophéties apocalyptiques déversées à la pelle sont toutes démenties aujourd’hui par le réel. La hausse annoncée du niveau de la mer ne l’a pas empêché d’acheter un manoir en bord de mer ! Le nombre de tornades, d’ouragans, qui devait imparablement augmenter est en déclin depuis des décennies. Le nouvel âge glaciaire européen attend toujours, l’assèchement du sud du Sahara voit au contraire la végétation gagner (en grznde partie grâce au CO2). La fonte des glaces arctiques voit au contraire une recongélation depuis des années, quand la population des ours polaires croît. Et la température planétaire reste passablement égale depuis deux décennies. L’urgence planétaire à l’horizon d’une décennie, bien que sans cesse démentie, réclame à cor et à cris des mesures draconiennes pour réduire les gaz dits à effet de serre, plus exactement pour assoir le pouvoir planétaire de tyrans dont l’écologisme est la pompe à finances publiques et privées. Ainsi The Gardian annonçait pendant l’an 2004 : « En 2020, des villes majeures d'Europe seront envahies par l'océan, l'Angleterre s'abimera dans un climat sibérien, des conflits nucléaires se déchaîneront dans un monde ravagé par la sécheresse, des émeutes et la famine » ! D’autres prévoyaient un océan arctique totalement délivré de glace en 2015, la disparition de la neige européenne, Manhattan submergée, et caetera…
Le même Al Gore déclara devant un congrès de la Geophysical Union à San Francisco, en 2008 : « Vous avez le devoir de réduire au silence ceux qui s'opposent aux avis du GIEC » ; bel attentat à l'égard de la liberté d'expression, de la recherche scientifique ; et in fine profession de foi tyrannique, sinon totalitaire, bien caractérisque de trop de Démocrates américains. Ce Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, ouvert à tous les pays membres de l’ONU, regroupant 195 États, dont de prétendus affligés climatiques, comme l’archipel polynésien Tuvalu, qui ne sont toujours pas recouvertes par les eaux. D’une part ces atolls coralliens ont tendance à s’affaisser, d’autre part au contraire l’apport des sédiments marins compense largement cet effet. Ne l’oublions pas, le GIEC est une association de gouvernements, pas de scientifiques.
Alors que la NASA claironne que 2019 fut la seconde année la plus chaude que jamais, suite à 2016, d’autres sons de cloche montrent que cette même année fut plus froide aux Etats-Unis que 2005… Plus précisément, la NASA et la National Oceanic and Atmospheric Administration affirment que l’année 2019 a été plus chaude de 0,98 degré Celsius que la moyenne des températures entre 1951 à 1980. Ce qui reste, avons-le, modeste, surtout si l’on pense que les années cinquante furent plutôt fraiches. En fait, nous l’avons vu, depuis deux siècles, la température mondiale n’a guère gagné qu’1,5 degré.
D’autant qu’il faut s’interroger sur la pertinence des relevés de température, en basse troposphère par satellite, alors qu’auparavant ils se faisaient à hauteur d’homme. Sur la multiplication exponentielle des stations météorologiques, y compris en ville, dans les aéroports, toutes zones plus chaudes. Certes il s’agit là d’une influence humaine, mais, l’on considère faussement des stations comme rurales et non urbaines, En 1880, seulement 174 stations permettaient d’établir la température moyenne, soit presque rien dans les océans, les régions polaires, donc 80 % de la surface planétaire. Avec une couverture bien plus abondante aujourd’hui, la comparaison doit être soumise à caution, décrédibilisant la notion de température globale au fil du temps. De plus, entre le thermomètre traditionnel, alcool et mercure, et les sondes électroniques, le changement des outils de mesures et des méthodes (les horaires de prélèvements par exemple, aujourd’hui en continu) rend suspecte l’évolution des températures mondiales, sans compter de subreptices modifications, comme les peintures et les tailles des cabinets météo, qui pourraient causer des écarts de quelques dixièmes de degrés. Autre problème de fiabilité, les relevés satellites, dont les données sont publiées par deux organismes, RSS (de la société privée Remote Sensing Systems) et UAH (une université américaine, située à Huntsville), ne sont pas toujours parfaitement les mêmes.
Au contraire de ce que l’on aime afficher péremptoirement, le nombre de morts dus aux catastrophes climatiques (sécheresses, inondations, tempêtes) est dix fois moindre qu’il y a un siècle[9], quoique la population mondiale ait quadruplé. Et, selon la courbe environnementale de Kuznets, « lorsqu’un pays accède au développement économique, son environnement naturel se dégrade dans la phase initiale, puis se stabilise quand son revenu s’élève, enfin se restaure lorsqu’il atteint la prospérité », pour citer Bruno Durieux.
Voilà un scientifique - et économiste - qui devra être affublé de la casquette infamante du climatosceptique par les tenants bien en cour du réchauffisme anthropique. L’on devine à ce genre d’exclusion, d’excommunication, que la doxa climatique se donne tous les atours d’une intolérante religion, comme s’il fallait à tous prix masquer les défauts de la cuirasse et colmater la chasuble de la certitude autoritaire. À raison, Bruno Durieux oppose l’écologie, qui est une science, à l’écologisme, qui est une idéologie. Son essai est polémique à souhait : Contre l’écologisme. Pour une croissance au service de l’environnement. À la réserve qu’il n’en perd jamais le sens des réalités, et ce dès son avant-propos : « L’homme ne vit que des ressources de la nature. Que celles-ci viennent à se dégrader, s’épuiser, disparaitre, et c’est sa santé, son existence qui sont en jeu ».
Or l’écologisme est une force politique montante, émergeant dans le milieu hippie et la gauche américaine des années soixante-dix, qui à l’anticapitalisme hérité du rousseauisme et du marxisme, ajoute un « biocentrisme qui pose que toutes les vies se valent », cette foi anti-anthropocentriste et radicalement opposé à ce judéo-christianisme qui vit Dieu confier la nature à la gouvernance de l’homme. La chute du communisme, quoique loin d’être comprise comme ce qu’elle fut, un aveu d’échec de la doctrine[10], fut un accélérateur des opposants au capitalisme libéral qui s’engouffrent en cet anti-humanisme, non sans que des relents de la passion fascisante pour la terre s’unissent au culte de Gaïa, cette nature qui est forcément bonne[11], sans juger de ces poisons et pollutions naturelles. Le « gauchisme réactionnaire » retrouve les thèses de ceux qui adulaient la pureté du paysage germanique. Ce qu’analysait en 1992 Luc Ferry, en son brillant et fondateur essai Le Nouvel ordre écologique : « les thèses philosophiques qui sous-tendent les législations nazies recoupent souvent celles que développera la deep ecology et ce, pour une raison qu’on ne saurait sous-estimer : dans les deux cas c’est à une même représentation romantique et/ou sentimentale des rapports de la nature et de la culture que nous avons affaire, liée à une revalorisation de l’état sauvage contre celui de (prétendue) civilisation[12] ».
Bruno Durieux déplie les prophéties apocalyptiques qui n’ont jamais mûri, ces réserves pétrolières et minières qui devraient être déjà rigoureusement épuisées et ne cessent de se multiplier, voire de se renouveler, la population croissante qui devait succomber à la famine, alors que l’humanité ne cesse de mieux (ou trop) se nourrir, se développer, s’éduquer, que les inégalités ne cessent de décroitre, comme le rappelle Hans Rosling[13], sauf si les étatismes et autres socialismes, sans compter les guerres, brident l’économie libérale. Si réchauffement anthropique il y a (et Bruno Durieux semble à cet égard crédule), seules la croissance économique et les développements technologiques permettront d’y pourvoir : « Nul besoin des recettes malthusiennes de l’écologisme, rationnements et taxations généralisées », qui sont des méthodes typiquement socialistes, constructivistes et totalitaires par excellence puisque la planète entière est l’argument ultime.
En effet, la multiplication des « taxe carbone » (quoique absurdement Bruno Durieux plaide pour « une taxation raisonnable du carbone) et autres règlementations, sans oublier le principe de précaution, pèse sur la compétitivité des entreprises, contribue au chômage, donc à la paupérisation, sauf des fonctionnaires, des élus de l’écologie et de leurs associations subventionnées. Au point que la France criant haro sur « l’extractivisme[14] » s’interdise toute recherche sur le pétrole et le gaz de schiste, alors que l’on sait les exploiter proprement, interdit les Plantes Génétiquement Modifiées, rêve d’interdire le glyphosate hors de toute rationalité scientifique…
Tous les démentis du monde n’arrêteront pas les tenants d’une religion, pour qui « l’écologisme est à la question environnementale ce que fut le communisme à la question sociale ». « Nouveau paganisme » et « monothéisme » de la biosphère, l’idéologie a ses fidèles, sa Bible, écrite par le GIEC, ses officiants, ses prosélytes ; et ses excommuniés. L’Onu est « le Saint-Siège de l’écologisme », quand ses ONG sont des évêchés. L’on prétend que renoncer à un enfant, comme les prêtres, c’est 120 tonnes d’équivalent C02 en moins aux Etats-Unis. En toute logique du péché originel, il faut à tout homme psalmodier sa contrition, dépasser sa culpabilité environnementale, en faisant allégeance à la foi naturelle et antihumaniste.
Les manipulations de l’écologisme sont monnaie courante, comme cet ours malade sur un glaçon photographié par le National Geographic, symbole d’une extinction de la banquise et des ours blancs qui n’existe pas. Cette escroécologie que Bruno Durieux va jusqu’à appeler avec pertinence « l’écocensure » ne cesse de frapper. L’on ne dira pas que l’accident nucléaire de Tchernobyl n’a fait que 74 morts selon l’Office Mondial de la Santé, que la résilience de la nature est extraordinaire, que celui de Fukushima n’en a fait aucun qui soit d’origine nucléaire, sans que le nombre des cancers de la thyroïde ait augmenté. Le nombre de décès causés par la pollution de l’air a été divisé par deux depuis 1990, selon l’Institute for Health Metrics and Evaluation de Seattle. Le glyphosate se retrouvait dans les urines lorsque la détection se faisait au moyen du test allemand « Elisa », par un laboratoire, « Biotech », appartenant à un groupe partisan ; sa présence devient nulle à Brest, chez « Labocéa », avec la spectrographie de masse. L’on cache que l’air parisien, grâce aux progrès techniques, s’est à peu près débarrassé du plomb, du souffre, de tant de particules fines ; or les seuils de tolérance prétendus sont tellement infinitésimaux qu’ils sont forcément brandis comme des menaces pour éradiquer la voiture (sans penser au tabac) par des idéologues et des politiques dont la profession est la tyrannie, qui leur est source de finances, d’électeurs et de postes prestigieux. Une fois de plus les pouvoirs, et leur religiosité politique, prennent soin, grâce à leurs litanies et mantras, de réduire au silence médiatique les scientifiques dont la profession est l’analyse, le doute et la recherche de la vérité.
Rigoureux, affichant une progression argumentative impeccable, l’essai de Bruno Durieux va de « la résistible ascension de l’écologisme », en passant par « l’écologisme triomphant » à « la croissance plutôt que l’écologisme pour la planète ». Ainsi, au-delà de son réquisitoire, pointe-t-il des initiatives innovantes : cultiver des champignons sur des rebus de fibres, exploiter le bambou, les algues, pratiquer l’aquaculture, penser au nucléaire avec le thorium, aux Organismes Génétiquement modifiés, sans compter les ressources surabondantes que ne savons pas encore en être. En ce sens les écologistes perçoivent un monde fermé, tel qu’il ne peut évoluer. Et il est à craindre que le concept fumeux de justice climatique ne soit qu’au service de la tyrannie de ses justiciers autoproclamés.
Laissons le lecteur juger, qui des deux thèses, affirmative, catastrophiste, ou sceptique, est la bonne ; ou mieux le futur, de nouveaux esprits scientifique et critiques. Si nous avons le plus grand respect pour la science et ses savoirs, ses progrès et ses réussites, n’oublions pas pour autant que bien des scientifiques se sont trompés, entraînés par l’habitude ou l’idéologie, comme ceux qui repoussèrent les thèses de Copernic et de Galilée (moins catégorique était d’ailleurs l’Eglise), ou les adeptes du lyssenkisme en Union Soviétique, cette grotesque « science prolétarienne » de l’agronomie et de la génétique. Et que l’auteur de ces lignes, bien peu scientifique, devrait ne pas oublier l’adage : « Errare humanum est, perseverare diabolicum est ». Qui sait si les glaciers vont enfler, si l’humanité saura faire le ménage, tant en terme de propreté de la planète qu’en terme de salissure idéologique au service d’intérêts partisans et politiques ? Et qui sait surtout, si un écologisme libéral ne répondrait pas aux défis environnementaux ?
Thierry Guinhut
Une vie d'écriture et de photographie
[3] Emmanuel Garnier, Les dérangements du temps. 500 ans de chaud et de froid en Europe, Plon, 2009.
[4] https://www.wikiberal.org/wiki/Liste_de_scientifiques_sceptiques_sur_le_r%C3%A9chauffement_climatique
[5] Christian Gérondeau : L’Air est pur à Paris… Mais personne ne le sait, Editions du Toucan, 2018.
[8] Christian Gérondeau : Le CO2 est bon pour la planète, Editions du Toucan, 2019.
[9] OFDA/CRED International Database, www.emdat.be
[12] Luc Ferry : Le Nouvel ordre écologique, Grasset, 1992, p 185.
[13] Voir : Factualité, catastrophisme et post-vérité ou comment penser le monde avec esprit critique
[14] Anna Bednik : Extractivisme, Le Passager clandestin, 2019.
Giacchio di Cevedale, Bormio, Brescia.
Photo : T. Guinhut.