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1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 10:32

 

Musée Sainte-Croix, Poitiers, Vienne. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

Frigyes et Ferenc Karinthy, de père en fils :

 

Farémido, Epépé, ou les pays du langage.

 

 

Frigyes Karinthy : Farémido, le cinquième voyage de Gulliver,

Cambourakis, 80 p, 9 €.

 

Ferenc Karinthy : Epépé, Zulma, 288 p, 9,95 € ;

traduits du hongrois par Judith et Pierre Karinthy.

 

 

 

Dans la famille Karinthy, on demande le père. Mais il faut compter également avec le fils, sans oublier les descendants qui se font traducteurs. Le vingtième siècle hongrois, malgré de sérieux concurrents (Marai, Nadas ou Kostolanyi) semble outrageusement dominé par la dynastie Karinthy dont les hasards de l’édition française réunissent aujourd’hui deux romans, que le langage, entre Epépé et Farémido, qu’il soit utopiquement ouvert ou douloureusement fermé, préoccupe, en d’étranges apologues.

 

Frigyes (1887-1938) fut un polygraphe hongrois à succès dont les articles, les pièces de théâtre, les pastiches et les romans firent fureur, sans compter plus de deux mille nouvelles. Dont le recueil La Ballade des hommes muets[1] offre un choix amoureux, tour à tour tendre et satirique. Peut-on à son égard parler de surréalisme ? Malgré son goût tonitruant pour la fantaisie, son humour invétéré, ses figures et images incessamment poétiques, ce serait excessif. Mieux vaut imaginer de la classer dans la grande tradition de Swift, dans laquelle les voyages de l’esprit s’unissent à la satire. Ne serait-ce qu’en lisant son Capillaria, le pays des femmes[2], merveilleux microcosme sous-marin, où « l’homme est un animal domestique méprisé », ce pourquoi le narrateur tente d’édifier une société communiste, comme prémonitoire des mondes effrayants de George Orwell[3]. Ainsi, son Farémido, inspiré de Swift, n’hésite pas à s’adonner au genre ancestral de la réécriture. L’on sait que les chefs d’œuvre de la littérature entraînent les écrivains à les parodier, les continuer, les actualiser. Comme Gautier ou Stevenson ajoutèrent des contes aux Mille et une nuits, comme le moqueur Scarron reprit l’Enéide en son Virgile travesti, Frigyes Karinthy imagine d’ajouter aux quatre voyages originels fomentés par Jonathan Swift une autre escale. Après « Lilliput », Brobdingnac », « Laputa » et les « Houyhnhnms »[4], pays tour à tour sages ou délirants, visités par le Gulliver du XVIIIème, le cinquième se nomme « Farémido ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Entre science-fiction et conte philosophique, la satire de l’humanité, de sa bêtise et de son goût immémorial pour la guerre, va bon train, non sans retrouver quelque écho avec le Candide de Voltaire. Car le narrateur de Farémido, chirurgien sur un navire de guerre, n’hésite pas à pratiquer l’ironie : « il n’y a rien qui puisse autant faire progresser l’admirable science de la chirurgie qu’une belle guerre moderne ». Suite à un naufrage lors du premier conflit mondial, l’anglais Gulliver est jeté sur une nouvelle planète. Où l’autre humanité de Farémido a dépassé ces errements. Les « Sollasis », ces machines intelligentes minérales qui le peuplent, sont non seulement douées d’une beauté raffinée, mais d’un lange musical inouï, à l’image de la musique des sphères et de l’harmonie du cosmos, dont les quatre notes de base sont celles du titre de cette trop brève fantaisie. Peu à peu, notre nouveau Gulliver converse avec leur « tête d’or ovale », au sein de leur civilisation paisible et sophistiquée.

Les Sollasis ont alors la voix de la sagesse, se moquant de l’humain philosophe qui, comme lorsqu’un des leurs est altéré par des « substances périmées, toxiques […] voit son propre cerveau à la place de ce qu’il faudrait voir ». Il est évident que, comme chez Swift, ce voyage science-fictionnel est prétexte à une réflexion politique : le Sollasi malade, au lieu de son langage musical, prononce les mots, « matérialisme historique ». On aura compris que le marxisme n’est pas la tasse de thé du judicieux Frigyes… De même, l’espèce humaine et piètrement organique est considérée comme une maladie par ceux qui, comme le Micromégas de Voltaire, observent la terre et voient leurs habitants s’entretuer. En revanche l’ « harmonie plus pure » des Sollasis est évidemment une haute leçon morale à l’adresse du Gulliver que nous sommes tous.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si le Gulliver de Frigyes parvient à apprendre le langage des Sollasis, celui de son fils Ferenc en reste pour ses frais. Car en Epépé, point de salut pour le personnage plongé dans le vaste abîme de l’incompréhensible, fût-il linguiste émérite. En effet, Ferenc Karinthy (1921-1992), pourtant moins célèbre que son père, a commis en 1970 un roman infailliblement marquant pour le lecteur. Essai spéculatif et didactique sur les langues ? Errance kafkaïenne d’un individu condamné au silence cotonneux de l’incommunicabilité ?

Budaï, anti-héros malgré lui, s’envole pour Helsinki. Et débarque en une ville inconnue dont le langage échappe à toute pénétration, intuitive ou intellectuelle. Linguiste réputé, érudit pratiquant une dizaine de langues, familier de Champollion, des idéogrammes et des cunéiformes, travailleur obstiné et méthodique, il ne parviendra jamais, malgré son « glossaire » aussitôt incohérent, à trouver la faille qui lui permettrait de comprendre un seul mot, de déchiffrer une seule phrase de ce « parfait charabia ». Pas plus il ne comprend le sport qui se joue dans un stade bondé. Ce monde, décrit avec un réalisme fort riche, fonctionne avec ses lois propres, et procure à Budaï de nombreuses péripéties incongrues et épuisantes : une arrestation policière, un quartier de prostitution, un procès volubile, inextricable, un temple où « l’office est bizarre et violent », une librairie hallucinante, un travail de portefaix… Pourtant il aura une brève aventure amoureuse avec une jeune femme blonde attentive, liftière de l’hôtel, dont le nom parait ressembler, malgré les variantes absconses de la prononciation, à ce qu’il entend au téléphone : « Epépé ».

Dans la ville populeuse, multiethnique, surchargée d’activités, de spectacles, mais aussi de files d’attente pléthoriques, l’échec de la raison face à l’absurde est patent. Devant « l’immense beauté de cette ville […] il peut presque dire qu’il l’aime ». Démission intellectuelle ? Plutôt une inquiétante figuration du monstre collectif qu’est l’humanité, plus encore monstrueux lorsqu’il s’incarne dans le Léviathan étatique aux lois incompréhensibles et fermées. Un alphabet de plus de deux cent signes, l’absence de son passeport irrécupérable, un aéroport inaccessible, excitent les capacités de résistance de Budaï, à jamais confiné dans une cité au sens inerte, dans sa chambre d’hôtel cellulaire dont il est bientôt évincé, faute d’argent. Le pauvre vagabond devient enfin le témoin effaré d’une révolte populaire réprimée dans le sang par l’armée, ce que l’on lira comme un écho d’un roman-reportage de Ferenc Karinthy sur la révolution hongroise de 1956 : Automne à Budapest[5]. Soudain, suivant le fil d’un ruisseau, qui sait d’une rivière vers la mer, Budaï imagine, peut-être en vain, bientôt s’en sortir, et retourner chez lui. Mais jamais sans la clé de la langue d’Epépé. Il y a quelque chose de fabuleusement borgésien en cet univers profus, que ne parvient pas à baliser l’intellect du protagoniste…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Peut-être est-il regrettable qu’en cette réédition en tous points nécessaire d’Epépé, les éditions Zulma aient permis une préface trop verbeuse d’Emmanuel Carrère. Non qu’elle soit indigne, qualifiant avec pertinence ce roman de « fiction horlogère ». Mais lors de la première édition française[6], ce fut au linguiste Claude Hagège que l’on confia le soin de préfacer cette énigme littéraire non résolue et cependant haletante, palpitante. En sa trop brève préface, « où la science cohabite avec le fantastique », il loue en Ferenc Karinthy un « romancier tout autant qu’expert en langues », non sans remarquer avec la plus grande justesse que la « stupeur permanente devant un idiome très singulier est indissociable du sentiment d’oppression devant un monde absurde dans lequel les hommes et les femmes ont un comportement mécanique ou irrationnel ». Ce qui ne manque pas d’ajouter une folle dimension politique à l’époustouflant apologue. Car sous le masque de ce monde au langage inaccessible, se cache peut-être le totalitarisme socialiste qui matraquait en 1970 l’Europe de l’est et la Hongrie, quoique cette dernière fût un peu moins lourdement opprimée. L’engagement et la dissidence de Ferenc restent alors allusifs, néanmoins efficaces, dans la grande tradition de l’anti-utopie. A moins qu’il suffise de le lire comme une expérience métaphysique : celle de la solitude humaine au milieu de la foule et d’autrui, celle du noyau d’incommunicabilité niché en et autour de chacun de nous…

Nul doute que Farémido et Epépé soient à ranger parmi les utopies et les anti-utopies les plus solaires et les plus inquiétantes. En chacun de ces deux romans, les questions de la liberté individuelle et de la dimension morale de l’humanité se font criantes, bien que sous le masque de la fantaisie. Car quelle liberté a le terrien de devenir un pur Sollaci, qui semble emprunter son nom au soleil, comme le fit l’utopiste Campanella, imaginant au XVIIème une Cité du soleil[7], d’ailleurs pas si libérale puisque l’état gère les accouplements en vue de meilleures générations ? Quelle liberté a Budaï de comprendre, de communiquer et d’exister, dans la ville monstrueuse d’Epépé où l’oppression enserre chacun dans ses tentacules urbains…

 

L’incroyable singularité des Karinthy peut se mesurer grâce aux thématiques surprenantes abordées, du fantastique le plus débridé au réalisme le plus immédiatement politique. Dans L’Âge d’or[8], Ferenc oppose au chaos de Budapest en 1944, où s’affrontent le siège des Soviétiques et les exactions des « Croix fléchées », ces fascistes hongrois à la recherche des derniers Juifs, un personnage hors temps : Joseph vit en effet son donjuanisme en toute insouciance, affirmant son hédonisme salvateur au nez et à la barbe des totalitarismes meurtriers. Difficile pourtant était de s’affirmer, pour Ferenc, malgré la réussite magnétique d’Epépé, devant l’immense stature paternelle. Ce Frygies était un humoriste encyclopédique touche-à-tout ; allant jusqu’à faire de son opération d’une tumeur au cerveau un roman pour le moins déjanté : Voyage autour de mon crâne[9]. Or, qui sait si lors d’une enquête vers l’au-delà nous retrouverons les esprits visionnaires des Karinthy ? Frygies avait déjà prévu la chose. En son Reportage céleste, de notre envoyé spécial au paradis[10], il réécrivit d’une plume cocasse le voyage de Dante au travers des cercles eschatologiques, mais cette fois guidé par Diderot, l’encyclopédiste bien connu. Décidément, aucun monde, réel, fantastique, merveilleux, n’échappe à ces deux génies écrivains. Mais pour mieux lire les perspectives du nôtre.

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Editions des Syrtes, 2005.

[2] La Différence, 1976.

[4] Jonathan Swift : Voyages de Gulliver, Œuvres, Pléiade, 1995.

[5] In Fine V&O, 1992.

[6] In Fine Austral, 1996.

[7] Mille et une nuits, 2000.

[8] Denoël, 2005.

[9] Viviane Hamy, 1990.

[10] Le Passeur, 1998.

 

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 11:08

 

La chute de Phaéton, Villa Borghese, Roma.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Du destin des prisons et de l'angélisme pénal,

 

postérité de Surveiller et punir de Foucault.

 

 

Michel Foucault : Surveiller et punir. Naissance de la prison,

Gallimard, 1975, 352 p, 14,00€.

 

Alain Laurent : En finir avec l'angélisme pénal,

Les Belles Lettres, 2013, 130 p, 17,50 €.

 

 

 

       L’angélisme va-t-il rédimer les prisons ? Purger la crasse dégradante des lieux de détention parait être une évidence si l’on considère l’humanité de ceux qui y sont enfermés, à moins que l’on aille jusqu’à réclamer la disparition de ces espaces criminogènes pour les changer en agoras de la socialisation… L’apport considérable de Foucault fut bien de montrer que la prison, comme la folie et la sexualité, avait une histoire, qu’il fallait en établir la généalogie et s’interroger sur les stratégies de pouvoirs normatifs qui la légitiment. Mais pas au point de considérer cet ouvrage savant comme une Bible dont le raisonnement viserait à déconsidérer définitivement l’incarcération, coupable qu’elle est de promiscuité, de condition humaine indigne, de faire lit des crimes à venir… Nos Gardes des Sceaux font-ils preuve de réalisme ou d’angélisme dans leur éthique du « surveiller et punir » ? Reprenant à bon droit les thèses de Foucault, ne risquent-ils pas de paraître préférer l’humanité du criminel à celle de celui qui a été bafoué dans sa chair et ses biens ; en somme de faire preuve d'angélisme pénal…

 

       Ainsi, selon Foucault, psychiatrie, morale et prisons seraient tous des moyens de « surveiller et punir ». Leur légitimité serait dévaluée dans le cadre de la tyrannisation du pouvoir et de la négation arbitraire de la liberté des individus. Cependant nul ne doit douter qu’un mécanisme social juste doive mettre les victimes passées, présentes, voire potentielles, à l’abri du délinquant et du criminel.

       Du crime biblique puni sept fois à la loi du talion qui exigeait œil pour œil et dent pour dent, des grecques Furies devenues les Bienveillantes, la surimposition du délit par la peine s’est vue peu à peu humanisée. C’est au XVIII° siècle que le philosophe des Lumières italien Beccaria[1], pour qui le droit de punir ne va pas au-delà de la nécessité de protéger les citoyens des éléments perturbateurs, sépara la législation criminelle de tout lien avec la religion, préparant la transition de la punition au pardon républicain. Si l’on refuse désormais la peine de mort, qui plus est publique, voire la perpétuité, c’est parce que l’humanisme voit dans tout contrevenant aux biens et à la vie d’autrui, si responsable et pervers soit-il, un être amendable, digne d’approcher la rédemption de la réinsertion morale et sociale. A moins qu’en ce dernier point un angélisme illusoire fasse de tout criminel, qu’il soit psychopathe ou simplement intéressé au crime, dans la naïve perspective rousseauiste, un innocent perpétuel que la société a corrompu…

       Seule la prison alors peut réparer l’homme de ses errances, en le séparant de la société, en le préparant à une seconde vie meilleure. Mais en visitant nos établissements pénitentiaires, souvent immondes, à moins de considérer que l’on n’y vient pas pour de douces festivités, on ne peut que douter de la démarche pédagogique instituée en ces lieux par nos gouvernements et administrations successifs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       Connait-on assez les thèses de Michel Foucault en conclusion de son Surveiller et punir, paru en 1975 ? « Les prisons ne diminuent pas le taux de la criminalité (…) La prison provoque la récidive (…) ne peut pas manquer de fabriquer des délinquants (…) rend possible, mieux, elle favorise l’organisation d’un milieu de délinquant, solidaires les uns des autres, hiérarchisés (…) Les conditions qui sont faites aux détenus libérés les condamnent fatalement à la récidive[2] ». Rien de changé donc, trente-huit ans plus tard. Son réquisitoire a-t-il permis que l’on suive ses « sept maximes universelles de la bonne condition pénitentiaire » ? Méditons-les aujourd’hui : « 1. La détention pénale doit donc avoir pour fonction essentielle la transformation de comportement de l’individu (…) 2. Les détenus doivent être isolés ou du moins répartis selon la gravité pénale de leur acte, mais surtout selon leur âge (…) 3. Les peines dont le déroulement doit pouvoir se modifier selon l’individualité des détenus, les résultats qu’on obtient, les progrès et les rechutes (…) 4. Le travail doit être une des pièces essentielles de la transformation  et de la socialisation (…) 5. L’éducation du détenu est de la part de la puissance publique à la fois une précaution indispensable dans l’intérêt de la société et une obligation vis-à-vis du détenu (…) 6. Le régime de la prison doit être, pour une part au moins, contrôlé et  pris en charge par un personnel spécialisé possédant les capacités morales et techniques de veiller à la bonne formation des individus (…) 7. L’emprisonnement doit être suivi de mesures de contrôle et d’assistance jusqu’à la réadaptation définitive de l’ancien détenu[3] ».

       « Réadaptation définitive »… N’est-ce pas une foi digne du plus grand angélisme qui se donne pour vertu de condamner « le pouvoir normalisateur[4] ».  On se demande au passage comment dans un pays offrir du travail au détenu quand socialisme et antilibéralisme ont condamné l’offre de travail pour leurs malheureux citoyens… L’on ne saurait de plus manquer de conseiller aux Français de regarder du côté des Suédois qui en ce domaine, comme dans ceux du chômage et de l’économie sont bien plus performants…

       L’on sait également que Michel Foucault, par ailleurs propagandiste de la révolution iranienne et de bien des causes relevant de l’extrême-gauche, ce dont l’Histoire lui saura gré, espérons-le, avec circonspection, avec une justice plus humaniste que totalitaire, contribua par ses actions militantes à permettre l’entrée de la presse et de la radio dans les cellules, à permettre aux prisonniers de s’exprimer sur les conditions de leur détention. Indéniable progrès humaniste. On a beau avoir commis les pires outrages sur autrui, tant que ce dernier en est protégé, on ne peut réduire le coupable à un état larvaire dans un cachot collectif, sourd et muet.

        Pourtant la prison semble avoir oublié de convier en la sûreté de son asile les innombrables brûleurs de voitures, les auteurs des 200 viols commis par jour qui pourraient concerner une femme sur sept[5]. Ainsi que les caillasseurs, frappeurs, braqueurs, flingueurs et dealers de banlieues, qui interdisent leurs territoires à une police victimisée… Ouvrons donc les yeux sur la surabondance délinquante et criminelle. En effet, en 2011, pour la France métropolitaine, on compte 468012 « atteintes volontaires à l’intégrité physique » (soit 7,49 pour mille habitants), 2146479 « atteintes aux biens » (soit 34,36 pour mille habitants)[6], donc près de sept millions de crimes et délits (sans comprendre ceux strictement financiers)… En simplifiant grossièrement on peut justement imaginer qu’un Français sur dix est coupable et qu’un second est victime en notre République… Si les causes peuvent être psychiatriques, venues des drogues, des antidépresseurs, des intoxications au plomb, la misère sociale compte moins que pourraient l’imaginer ceux qui, pour reprendre les mots pertinents de Chalamov, « comme Victor Hugo ont tout fait pour porter aux nues l’univers des malfaiteurs. Hugo avait l’impression que le monde du crime était une couche de la société qui protestait vigoureusement, résolument et ouvertement, contre l’hypocrisie de l’ordre régnant. » Foucault, comme Hugo, aurait-il « paré la pègre d’une auréole romantique[7] » ?

        Doit-on alors lire sans ironie la déclaration suivante de la Garde des Sceaux.: « La prison de la République doit ressembler à la République, c'est-à-dire respecter  les valeurs de dignité, dans le respect des gens qui y sont détenus et des personnes qui y travaillent[8]. » Considérant qu’une personne sur mille est en état d’incarcération en France, avec une très forte majorité masculine, jeune de surcroît, ce sont 57000 places de prisons en décembre 2012, pourtant bien insuffisantes, pour un objectif de 63000 à venir, peut-être lui-même sous-évalué. Cette république carcérale est alors, en notre territoire, une ville en archipel peuplée de ses détenus et de son personnel, pour ne pas dire comme Soljenitsyne un Archipel du goulag[9], à laquelle on ne peut imposer qu’une dictature éclairée…

      Comment diminuer sans danger cette population ? Notre Garde des Sceaux propose des peines de probation à la place des courtes incarcérations (indemnisation des victimes, formation et recherche d’emploi, sevrage alcoolique et des drogues) suffiront-elles à prévenir la récidive, au lieu de recourir à une incarcération mutilante et coûteuse ? Quel personnel social et éducatif pléthorique faudra-t-il engager pour un résultat aléatoire ? « La prison est nécessaire, mais elle ne peut pas être la seule peine de référence, justement parce qu’elle est créatrice de récidive[10]. », énonce-t-elle. En effet, cinq ans après leur libération, 60% des anciens détenus retrouvent les verrous. A moins qu’il y ait confusion entre la cause et la conséquence ? La dévaluation morale de la sanction et de la punition dans une société qui n’ose plus assumer l’autorité qu’une idéologie soixante-huitarde et post-foucaldienne disqualifia comme fasciste (on connait le phénomène délétère de la reductio ad hitlerum) aboutit à une valorisation du délinquant, du rebelle forcément opprimé par l’insolence et l’oppression capitalistes… Argumentation pour le moins spécieuse qui responsabilise la société pour les crimes commis par ses membres déresponsabilisés.

      Les peines planchers pour les récidivistes, les tribunaux correctionnels pour mineurs sont dans le collimateur de la Garde des Sceaux. Est-ce forcer la main des juges que de leur intimer de ne pas jouer la carte d’une trop généreuse clémence à l’égard des pires crimes, en particuliers ceux des prédateurs sexuels attachés à des enfants ? Faut-il, devant l’impunité des mineurs, abaisser encore l’âge de la majorité pénale, créer de réelles prisons éducatives pour mineurs ?

       Reste, en amont de la prison, la question l’efficacité de la justice. Des peines prononcées avec un long retard au point que le lien de causalité entre délit et peine ne soit plus perceptible, des dossiers mineurs remis ou oubliés, tout cela pose la question du nombre insuffisant des juges. Si l’état et les collectivités locales doivent réduire drastiquement l’embauche de fonctionnaires, la justice est un des rares ministères régaliens à devoir adapter la proportion de ses juges à la population. L’on sait d’ailleurs qu’à population égale, les Allemands disposent de trois fois plus de juges que nous, pour une délinquance par conséquent moindre. Sans compter chez nous la question délicate de leur laxisme devant l’afflux des jeunes délinquants, y compris mineurs, qui se voient gratifiés d’un simple rappel à l’ordre qu’ils traitent par le sarcasme. Et s’ils goûtent à la prison, c’est parfois comme un rite initiatique honorifique, dont ils se glorifient…

       Le mythe de la prison dissuasive vole alors en éclat. Non seulement dégradante par sa saleté et son mépris, par sa promiscuité elle est criminogène, elle est l’école du crime où ses studieux élèves confortent leurs techniques et leurs réseaux, sans compter leur autojustification, leur arrogance, leur radicalisme antisociétal, mafieux, sans oublier la fanatisation religieuse, lorsque l’on sait que (comme c’est le cas au Danemark) plus de 70% des prisonniers sont musulmans, et que l’Islam est la première religion des prisons, probablement assez peu dans une perspective de paix et d’amour…

    Vider les prisons en faveur de peines alternatives, éducatives serait-il de l’ordre de l’angélisme ? De l’impunité institutionnalisée ? Accompagner les sorties de prison d’une prise en charge allant jusqu’à fournir un logement, une formation, voire un emploi, serait-il affreusement discriminatoire envers ceux qui n’enfreignent pas la loi et ont bien autant de mal à s’insérer dans une vie décente, tant le contexte économique est dégradé… Reste la pertinence des bracelets électroniques, peu coûteux, mais seulement tout indiqués pour les délits mineurs et financiers.

       Faut-il voir dans cet exercice de culpabilisation des prisons une surestimation des coupables, qu’ils aient été condamnés, relâchés ou jamais inquiétés, au détriment de la victime abandonnée ? Ce qui ne manquerait pas d’expliquer, voire de justifier l’exaspération autour des propositions de notre Garde des Sceaux… 

      Loin des hystéries et de la paranoïa d’un populisme qui voit le crime à toutes les portes et va jusqu’à réclamer le retour à la peine de mort, l’essayiste Alain Laurent, par ailleurs directeur de la collection « Bibliothèque classique de la liberté » aux Belles Lettres, peaufine une argumentation aussi claire qu’informée. Le versant polémique du titre, En finir avec l’angélisme pénal, n’empêche pas de s’appuyer sur une connaissance des penseurs classiques de la justice et de l’humanisme libéral : Aristote, Erasme, Locke, Kant, Tocqueville, Bergson... Tous, ils fondent la nécessité morale de la punition sur une « éthique de la responsabilité individuelle », sur la « rétribution pénale » du délit, au lieu d’incriminer la société et les conditions socio-économiques, et « au nom du droit de l’homme de vivre en sécurité ».  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La compassion pour le délinquant devient un « irénisme ». A cet « irréalisme », il faut opposer la raison pénale. Hélas « la justice molle », qui rêve de « recycler » le criminel dans la société, qui veut « décriminaliser le crime et criminaliser le châtiment », se heurte au bon souvenir du réel : la récidive et l’insécurité insupportables à l’honnête citoyen. Quand le « laxisme moral » du pénalisme contemporain est une « incitation supplémentaire à la primo-délinquance », la prison juste peut être alors une incitation au respect des lois en société. Il n’empêche que, de toute évidence, Foucault n’est pas oublié par Alain Laurent, lorsqu’il réclame des « prisons décentes et respectueuses de la diversité des détenus ». Quoique notre essayiste lui reproche « l’amalgame entre détenus de droit commun et prisonniers politiques des régimes totalitaires ». Ce qui permet à Alain Laurent de dresser l’archéologie de l’angélisme pénal, ironique réponse au philosophe de « l’archéologie du savoir » : en passant par le mythe du bon sauvage, le sophisme spécieux de la prison intrinsèquement génératrice du crime, la dénonciation du « populisme pénal » et du « tout répressif », la « connotation infamante » tatouée sur le mot « sécuritaire », le rejet de la compassion victimaire, par lequel la victime « se trouve frappée d’illégitimité judiciaire », tout témoigne d’une inversion des valeurs pratiquée par la doxa de gauche. Le despotisme législatif viendrait-il au secours du « criminel despote », pour reprendre les mots de Beccaria…

Reste le souci de la surpopulation carcérale. Qui, comme en Suède, peut être en partie résorbée par « la dépénalisation des crimes sans victimes ni violence ». On imagine qu’Alain Laurent, en bon libéral classique, pense aux trafics de drogues, dont l’activité légalisée viderait une partie des lieux de privation de liberté, pour employer l’euphémisme des magistrats, dont l’angélisme ne nous protège plus des anges du mal. Il termine alors son brillant essai par une allusion à Platon et Juvénal, demandant : « Qui gardera les gardiens ? »

       Que faire ? S’il doit être nécessaire de penser les peines alternatives à la prison pour les délits mineurs ou strictement financiers, ne faut-il pas également repenser la prison ? La construire, aussi bien du point de vue architectural que moral, pour qu’elle trouve une digne dimension ascétique, pour qu’elle soit réellement dissuasive. Tout au moins pour assurer la sécurité et la liberté des victimes passées et potentielles…

       Construire des prisons dignes et sûres, de façon à éradiquer la surpopulation carcérale. Et non pas seulement par l’hasardeuse remise de peine, mais par la réelle adaptation du nombre de cellules au nombre des individus. Au point d’exiger que la prison soit strictement individuelle (c’est d’ailleurs une recommandation européenne), mieux encore solitaire, de façon à éviter les agressions de la promiscuité, ses tares criminogènes, mais aussi de façon à encourager un réel retour sur soi, quoique l’on dise du traumatisme de la solitude…

 

        Se pose le délicat exercice de la prévention de la récidive. Jusqu’où faut-il supposer que le déterminisme violeur et criminel d’un individu le poussera inévitablement à réitérer ses outrages ? Si le droit du citoyen libre est bien d’être à l’abri des exactions prévisibles, il ne s’agit pourtant pas de parvenir à ce paradoxe de la prévention que dépeint Philip K. Dick dans Rapport minoritaire : « Précrime a réduit la criminalité de quatre-vingt-dix-neuf virgule huit pour cent. Le meurtre ou la trahison sont devenus très rares, puisque le coupable sait que nous allons l’enfermer en camp de détention une semaine avant qu’il puisse commettre son crime[11] »

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Cesare Beccaria : Des délits et des peines, Garnier Flammarion, 1991.

[2] Michel Foucault : Surveiller et punir. Naissance de la prison, Gallimard, 1975, p 269 à 272.

[3] Ibidem p 274 et 275.

[4] Ibidem p 311.

[5] Selon Laurent Obertone : La France Orange mécanique, Ring éditions, 2012.

[6] http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/124000180/0000.pdf : link

[7] Varlam Chalamov : Essai sur le monde du crime. Récits de la Kolyma, Verdier, 2003, p 869.

[8] Le Monde, 9 01 2013.

[9] Alexandre Soljenitsyne : L’Archipel du goulag, Seuil, 1974.

[10] Le Parisien, 21 02 2013.

[11] Philip K. Dick : Rapport minoritaireNouvelles (1953-1981), Denoël, 2006, p 350.

 

Poséidon, Bolzano, Südtirol. Photo : Guinhut.

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29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 07:47

 

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

Anthony Trollope : L'Ange d'Ayala,

 

feuilleton satirique de l’amour.

 

 

Anthony Trollope : L’Ange d’Ayala,

traduit de l’anglais par Béatrice Vierne, L’Herne, 664 p, 23 €.

 

 

 

      On a reproché au prolifique Anthony Trollope (1815-1882) de n’écrire qu’à heures fixes, pour gagner de l’argent, des romans au kilomètre. Pire, on pourrait rejeter d’un revers de mépris L’Ange d’Ayala, roman rose et pavé feuilletonnesque. Grave erreur. Certes Henry James, qui lui rendit hommage, plus grand et plus énigmatique que lui, n’appréciait pas ses interventions intempestives d’auteur jouant avec sa fiction ; mais c’est un des aspects pour nous les plus séduisants de ce Victorien beaucoup plus talentueux qu’il n’y parait. Ce grâce à l’alliance du roman sentimental et de la satire sociale, pour notre plus grand plaisir

      Le drame domestique s’installe autour de deux sœurs orphelines : Ayala, la plus jolie, Lucy, plus passable. Recueillies chez leurs oncles et tantes, la première rejoint la richissime famille Tringle, quand la seconde s’installe chez de pauvres bourgeois. Entre le tourbillon des fêtes et des intrigues d’une part, et le morne quotidien d’autre part, « où jamais on n’y lisait un poème », leur destin semble fixé à jamais. Quand des différents poussent Lady Tringle à vouloir faire l’échange des sœurs ! Moment dramatique et facétieux. Evidemment la grande affaire est de trouver un mari : Ayala cherche « son Ange de lumière, même s’il ne devait jamais se manifester en chair et en os ». Malgré les embûches, Lucie est prête à une vie plus terre à terre, avec l’affection de son sculpteur.

      L’argent est une des principales préoccupations du roman réaliste, et la première pour la plupart des protagonistes, sauf ceux qui croient à la vérité de l’amour, à moins d’être fou d’amour au point de boxer leur rival et de finir au poste… Les classes sociales sont compartimentées ; seules la beauté, l’élégance et la répartie d’Ayala, certes cousine d’une famille du plus haut monde, permettent de franchir les barrières, en une sorte d’élitisme rafraichissant. La satire sociale, entre aristocratie et bourgeoisie besogneuse, reste alors bon enfant, non sans profondeur, lorsqu’il s’agit de tenir son rang, d’en être digne, de gagner de l’argent et non de le gaspiller : l’un « porte son arrogance dans ses sourcils et dans sa panse rebondie ». Ce contemporain de Dickens parait plus sucré, plus léger ; reste que le divertissement n’est pas sans enseignement.

 

Le conflit de génération, entre un père soupe au lait, cependant généreux, et ses filles entêtées, voire frondeuses jusqu’à la « sottise » est traité avec vigueur et pénétration, lors de situations hilarantes : Sir Tringle traverse la Manche pour ramener sa cadette enfuie à Ostende avec un soupirant maladroit. Ce qui nous vaut une parodie réaliste et truffée d’ironie, très réussie, de la fuite romanesque et romantique… Mais au-delà, même si tout cela aboutit à une splendide (et parfois plus mitigée) salve de mariages, ne voit-on pas poindre au cœur du XIXème siècle, l’émancipation féminine, les futures suffragettes…

Le délicieux roman-feuilleton du XIX° anglais est rythmé par des titres de chapitre alléchants : « XIII Comment la zizanie s’installa chez les Tringle », « LXII A quel point extrême il l’aimait »… Trollope alterne les destinées croisées, faisant avancer son intrigue aux multiples fils impeccables, narrateur omniscient qui ménage avec entrain ses effets, ses suspenses. Il arrive cependant qu’il ait oublié un prénom ou qu’une lettre fût déchirée et jetée ; qu’importe, le plaisir reste intact. On comprend qu’il fit fureur en son temps. Sans compter son humour, comme lorsque Tom, l’amoureux rejeté, porte « un gilet qui, à lui-seul, aurait été suicidaire ».

Le but du roman, comme le propose Trollope, qui fut également voyageur et autobiographe, est-il d’« établir une concorde universelle » ? A travers les dimensions sociale et psychologique, la résolution de situations complexes, par la fluidité du récit et de l’empathie avec les personnages, il peut servir de manuel de savoir-vivre, de guide moral, dans un monde victorien qui ne doit pas être dépourvu de « charme intellectuel »…

 

Thierry Guinhut

Article publié dans Le Matricule des Anges, juillet-août 2013

Une vie d'écriture et de photographie

 

Photo : T. Guinhut

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 16:43

 

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

La faillite du communisme cubain.

 

par Roberto Ampuero et Reinaldo Arenas :

 

Quand nous étions révolutionnaires ;

 

La Couleur de l'été.

 

 

 

Roberto Ampuero : Quand nous étions révolutionnaires,

traduit de l’espagnol (Chili) par Anne Plantagenet, JC Lattès, 496 p, 22,90 €.

 

Reinaldo Arenas : La Couleur de l’été,

traduit de l’espagnol (Cuba) par Liliane Hasson, Mille et une nuits, 576 p, 25 €.

 

 

 

 

 

Trop souvent, on a présenté le castrisme comme une espérance opprimée par le blocus des Etats-Unis. Voici, par le Chilien Roberto Ampuero, né en 1953 et par ailleurs auteur de romans policiers, une charge irréfutable et bienvenue contre le communisme cubain, un rare document, efficace, édifiant, moins élégiaque que satirique : Quand nous étions révolutionnaires. En un double « désenchantement », amoureux et politique, le second domine et rend irremplaçables ces pages autobiographiques. Quand à Reinaldo Arenas, lui Cubain, le voici préférant la satire grandguignolesque de La Couleur de l'été.

Jeune Chilien communiste balayé par la dictature infecte de Pinochet - qui d’ailleurs n’a fait que remplacer celle déjà bien mûre d’Allende - l'alter ego de Roberto Ampuero parvient à fuir son pays. Pour l’Allemagne de l’est d’abord, où quelques doutes au-devant de l’autre côté du mur de Berlin commencent à effleurer sa foi idéologique. Soudain amoureux de Margarita, belle Cubaine aux yeux verts, il la suit dans son île caraïbe pour l’épouser. Sous les yeux protecteurs de son beau-père, Cienfuegos, grand officier de Castro et assassin sans remords d’opposants et de traitres, il est sommé de participer à la construction du socialisme. Ce en quoi Margarita n’a aucun doute : « A ses yeux de fonctionnaire, la Révolution était parfaite, sans tache, et elle était persuadée qu’elle habitait le meilleur des mondes possibles, attribuant les limites du processus à l’embargo américain. » Mais au contraire de sa femme qui devient un pilier du régime, il découvre censure et médiocrité intellectuelle, mensonge, pauvreté, terreur, sans compter les privilèges éhontés des dignitaires castristes.

Cuba, grâce à Fidel et ses sbires, est en effet devenue terre de rationnement, de geôles immondes et d’absence de toute liberté politique. « La pauvreté dans laquelle se débattaient les gens depuis le triomphe de la Révolution était inexplicable et parfois effrayante », dit-il, avant d’en avoir découvert l’explication, qui tient en un seul concept : une économie dirigée par les idéologues incultes du parti communiste, en un mot, par Castro lui-même. Ce qui n’est pas sans contribuer au déboulonnage du mythe Che Guevara, meurtrier sanguinaire de surcroit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rejeté, divorcé de force et privé de son fils, le narrateur, remué par sa vocation d’écrivain, devient l’ami d’un poète dissident menacé d’être condamné pour l’ « avoir détourné du chemin révolutionnaire ». Les travaux alimentaires de traduction, mais aussi agricoles et collectifs harassants, les péripéties idéologiques et picaresques s’enchaînent avec le soin d’un réel conteur, aux notations aussi précises que colorées, qui n’omet pas les aventures érotiques : « Un spasme profond nous unit dans la pénombre parfumée de la forêt de La Havane ». Ainsi, l’écriture est sensuelle, contrastée, à l’image des touffeurs de la politique et de la nature, de ses habitants, tyranniques ou tyrannisés. Désabusé, lisant cependant « les romans interdits », il travaille à fuir cette île-prison qu’il est obligé de comparer sans ambigüité avec la dictature de Pinochet : rêvant des Etats-Unis, y parviendra-t-il grâce à une barque cachée, ou en retrouvant officiellement, quoiqu’en rusant, l’Allemagne de l’Est ?

Autobiographie, ou « roman autobiographique » (où « tout souvenir est fiction »), ce « genre le plus subversif qui soit, et le plus détesté par les dictatures », tel que le qualifie son auteur ? S’il lui a été nécessaire de changer les noms des personnages pour raison de sécurité, dissuadant ainsi de « brutales représailles », le parcours de ce narrateur nostalgique de la démocratie chilienne est bien le sien, précieux témoignage personnel et tableau exemplaire de la tyrannie castriste, d’ailleurs salué à sa juste valeur par Mario Vargas Llosa qui se fait  son préfacier. En ce récit aux riches péripéties, à l’exacte observation et analyse, presque sans faute, Roberto Ampuero, « interdit de séjour à Cuba », ne va cependant pas au bout de son raisonnement : alors qu’il n’a pas pensé à remettre en question le communisme d’Allende, lui faut-il ou non préférer le capitalisme libéral ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Romancier carnavalesque et d’avant garde, esprit critique impénitent et homosexuel, voilà en quelques mots le portrait du Cubain Reinaldo Arenas (1943- 1990). Ainsi fiché, on ne s’étonnera pas que le régime castriste le conspue comme un dangereux contre-révolutionnaire, le traque, puis l’emprisonne. Exilé aux Etats-Unis, jusqu’à ce qu’il meure du sida, il dirigeait sans cesse les armes de l’écriture contre cette dictature infâme. Parmi la quinzaine de livres publiés en français, La Couleur de l’été reste le plus énorme, le plus ambitieux et le plus abouti. Apparemment désarticulé, protéiforme, voilà un opus monstrueux, démentiel et magnifique. Sous couvert d’acte théâtral, de poèmes, de nouvelles et de « conférences » prononcées par d’autres écrivains cubains (Lezama Lima ou Virgilio Pinera) il s’agit d’un immense tableau satirique de la dictature de Fidel Castro, figuré sous les traits burlesques du « superenculeur » Fifo, « recevant l’œuvre de mâle de Che Guevara ». Quarante ans de tyrannie et « les Sept merveilles du socialisme cubain » ont réduit le peuple à la famine alors qu’il doit louer liberté et abondance… L’évasion est impossible, y compris sur un rafiot. Et si l’on rongeait la base de l’île entière pour qu’elle vogue à la rencontre du monde libre ? L’entreprise est, faute de pouvoir s’entendre, vouée à l’échec : l’île sombre sous les revendications nationalistes, les « trépignements ». Démesurément obscène, scatologique, c’est aussi un roman prodigieusement cultivé, un sommet du baroque contemporain. On ne ratera pas « L’éloge de Fidel Castro » en appendice, éloge paradoxal et ironique bien sûr. Esprits sérieux et adorateurs de la révolution cubaine sont priés de s’abstenir d’ouvrir un tel ouvrage blasphématoire…

Thierry Guinhut

La partie sur Ampuro est parue dans Le Matricule des anges, septembre 2013,

celle sur Arenas, avril 2007.

Une vie d'écriture et de photographie

 

Rue Clerc, VII°, Paris. Photo : T. Guinhut.

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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 16:55

 

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Sonnets des peintres :

 

Aphrodite, Altamira-Lascaux, Boi-Taüll, Crivelli,

 

Titien, Friedrich, Turner, Monet,

 

Rothko, Tàpies, Twombly.

 

 

 

 

Prologue

 

Approchant du bain, genou plié, innocente,

Marbre comme jade et pétale, latescente,

L’impénétrable sourire est un don sensuel,

Survivant à l’agonie de Terre et de Ciel.

 

Plénitude charnelle et sa vie suspendue,

Universelle harmonie quoiqu’humaine et nue,

L’amant t’a-t-il sculptée, femme aimée, imitée ?

Aurait-il au concept volé sa pureté ?

 

Mais le Temps t-a giflée, tient à te harceler :

Affront d’un barbare ou chute malencontreuse,

L’éclat de marbre a fui la tempe douloureuse…

 

Du Beau, conserves-tu essence et distinction ?

Praxitèlienne icône, érotisme et fruition,

Visage beau d’autant plus qu’imparfait, brisé.

 

Afrodita al bagno accovacciata, Museo Nazionale Romana.

Photo : T. Guinhut.

 

 

I

Altamira-Lascaux

 

Au boyau forestier, de terre et de fougères,

Fouillant de doigts de nuit des parois solitaires,

Entre silex et boue, ruisseau sec et calcaire,

Les initiés ouvrent un inédit repaire.

 

Lueurs inassurées, soudain dansent chevaux,

Bisons, humaine érection et cerfs affrontés,

Vulves de pourpre et mains en troupeaux,

Peints d’argiles ocres et de suie encrassée.

 

Est-ce, aux voûtes d’Altamira et de Lascaux,

Rituel chasseur, culte zoomorphe terni,

Totémisme et mythe, sinon cosmogonie ?

 

Venu de vieux millénaires et d’anciens regards,

Le geste pariétal enchevêtre un taureau.

Quand l’horreur religieuse devient-elle un art ?

 

Bardenas Reales, Navarra.

Photo : T. Guinhut.

 

 

II

Boi-Taüll

 

 

Fissures des vallées rugueuses, flancs sévères

Des montagnes, pour un écrin neigeux, sauvage ;

Là se hausse ferveur venue du Moyen âge :

Rustiques églises, travaillées dans la pierre…

 

Des maîtres anonymes ont ici porté

Besaces de pinceaux et charrois de couleurs

Parmi les voûtes, les absides et piliers,

Pour en d’humbles villages peindre leur ferveur.

 

Animaux monstrueux, Lifan, Carcoliti,

Dromadaire hurlant, loup serpentiforme et lion,

Caracolent en ocres, et jaunes, et gris.

 

Portée par quatre livresques évangélistes,

Une mandorle bleutée en lévitation

Exhausse un dieu pantocrator, suprême artiste.

 

Iglesia romanica de Taüll, Lleida, Catalunya.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

III

Carlo Crivelli

 

Se peut-il que du ciel le plus pur esprit saint

Darde son rayon sur une vierge aux traits fins ?

Que le peintre, dans une cité idéale,

Infuse à son modèle l’absence du mal ?

 

Saint Emidius offrant la ville d’Ascoli,

Gabriel archange vocalise l’infini.

Le paon si chatoyant n’est point la vanité,

Mais résurrection auprès de la déité.

 

Fiction consolatrice et foi d’annonciation,

Circulent dans le marbre orné des sensations,

Des fleurs, des fruits, des joies, des intellections vives,

 

Où les oiseaux fluides se jouent des perspectives,

Mimant la liberté et son juste avenir.

Devant tant de beauté, la mort devrait mourir.

 

Antonio Vivarini : L'Archange Gabriel, Musée des Beaux-arts, Tours, Indre-et-Loire.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

IV

Le Titien

 

La Vierge marche sur les dallages du Beau,

Parmi d’immenses, transcendants cumulus clairs ;

Des Christs souffrent, des Amours et des angelots

Rient où flamboient des allégories sévères.

 

Vénus, l’amour sacré, l’amour profane nu,

La bacchanale des corps, les léopards émus

Elèvent le cristal rouge de la passion,

Parmi des bleus ciels d’orage et d’annonciation…

 

Violante au blonds de feu, splendeur en sentinelle,

Reste vibrante, méditative et sensuelle,

Un homme au gant regarde la pensée rêver,

 

Flora, les yeux soie, seins pudiques, lèvre ourlée,

Fleurs du toucher, vit en platonicien visage :

Peuple d’amis choisis de l’esthète et du sage.

 

 

Le Titien, Santa Maria Gloriosa dei Frari, Venezia.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

V

Caspar David Friedrich

 

Vaincue par les pas du lent marcheur, une cime

Ose affronter nuées et horizons lointains,

Elle est géologique ardeur, seuil du sublime :

Un arc-en-ciel sauvage a peint d’un doigt serein.

 

Les falaises de craie, les sommets crucifiés

Appellent l’indulgence du dieu insondable :

Crépuscule, église solitaire et vidée,

Lueurs des ruines osseuses des cathédrales.

 

Par tes pigments nacrés, tes horizons immenses,

Aux glacis vaporeux, printanières rosées,

Le paysage se dissout vers l’abstraction.

 

Depuis le silence au cimetière enneigé,

Brouillard, brume, effacement des formes et sens,

L’homme n’est que dissolution, absolution.

 

 

Gummenalp, Dallenwil, Engelberg, Schweiz.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

VI

Joseph Mallord William Turner

 

Aux effluves mouillés, aux matins vaporeux,

Turner est aquarelle. Aux Tamises en feu,

Aux Venises sauvées, la couleur éblouie

Etreint un paysage et fait rugir la vie.

 

Les vaisseaux enflammés aux gloires du couchant,

Ciels sauvages,  lavis lunaires et orient

Lavent, torrentiels, un palais et le sublime :

Un vif orage d’or rose embrase les cimes.

 

L’alchimie des pigments, de l’huile et des lumières

Instille un brouillon d’infini dans le brouillard :

Latescence, iridescence, éclats sur la mer.

 

Caresser le tableau comme en une tempête

De calme. Transmuant la matière en quête.

La transcendance est fiction. Sinon dans cet art.

 

 

Turner, Kunstmuseum Luzern.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

VII

Claude Monet

 

Palette brouillée, vague impression hachurée :

Un soleil levant effarouche les critiques,

Tôt comblés aux sableuses marines, lyriques,

Ecumeuses falaises aux rocs submergés.

 

Cathédrales changeantes aux heures du jour,

Robes blanches, ombrelles pour attendre l’amour

Savent papilloter dans un lac de lumière

Qui les poudroie au soleil d’été et d’hiver.

 

Figures disparues et formes effacées,

Pures aquarelles gouachées et huilées,

Au tableau ne bougent que des feuilles sonores.

 

Les nymphéas palpitent dans l’eau bleue et or,

Pétales de coquelicots venus du ciel,

Narcisse et miroir sensuel, cosmos arc-en-ciel.

 

Monet : Nymphéas, Kunsthaus, Zurich, Scweiz.

Photo : T. Guinhut.

 

 

VIII

Mark Rothko

 

Je nage aux yeux pigmentés, poissonneux du rouge,

Etreignant sa vibration, fibrilles d’ocelles,

Son sang lavé de carmin, sa paix d’étincelles,

Sa matité de papillon où l’esprit bouge.

 

Ton jaune ! Miel et citron, œuf et pollen,

Dont je vêts mes deux paupières et ma peau nue,

Versant sur mon sexe et intellect ce soleil

D’eau, Ariel de joie, abeilles de paix ténues.

 

Tout un bleuté lointain, et proche en l’assomption,

Papilles et Alpes d’Iris, supplice du beau,

Couette de soins et transcendance, évasion…

 

Or peut-on s’oublier dans l’art, en nirvana,

Absent à soi, neurones poudrés en ses bras,

A moins d’être don, pleurs et couleurs de Rothko ?

                                                           

 

Mark Rothko, Museo Guggenheim, Bilbao.

Photo : T. Guinhut.


 

 

IX

Antoni Tàpies

 

Graffiti, fœtus, croix, linges d’ocre et de feu,

Corps lacérés dans la terre, viandes, vieux sang,

Flèches et doigts de pourpre, empreintes et pigments,

Sont autant de stèles aux absences des dieux.

 

Comme carte mentale et cerveau écrasé,

Tes toiles, vanités, tes thorax, sont linceuls,

Où marelles de lettres sont crayons abrasés,

Où brosses et pinceaux sont sauvage écureuil.

 

Tu es ta signature et ton autoportrait,

Cher Antoni brunâtre aux mains de goudron frais,

Crabouilleur insolent et poète hirondelle…

 

Comme calligraphiant tes trainées d’aquarelle,

Tes sables et ton bistre où sèche et pleut le roux,

Tu sais, Tàpies, l’art laid, sa délicieuse boue.

 

Antoni Tàpies, Museo Guggenheim, Bilbao.

Photo : T. Guinhut.

 

 

X

Cy Twombly

 

Que vaut le crabouillis d’une main malhabile ?

Rien. Le rouge du sang mort est rabougri.

La menotte gamine ou le vieillard sénile

Font des brouillons de fleurs aux pétales pourris.

 

Poussières et coléoptères écrasés

Sont ennoyées par des coulures délavées.

Aux crayonnés des mots, perdus, calamiteux,

Les tremblotants graviers d’un art avalancheux…

 

Mais le pastel acide aux envols avortés,

Le presque rien du rose aux vortex exaltés,

Le je ne sais quoi de la course du dieu Pan

 

Emeuvent : coulures pourpres, joies en brouillon.

Le peintre aux cocons bleutés se fait papillon

Aux ailes secrètes d’une genèse enfant.

 

 

Cy Twombly, Commode, Museo Guggenheim, Bilbao.

Photo : T. Guinhut.

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

Ces Sonnets des peintres ont été publiés en guide de dernier chapitre dans :

Faillite et universalité de la beauté

La Mouette de Minerve éditeur, 2024, 348 p, 22 €.

 

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 17:56

 

Ange de bois peint XVII°. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Cher Big Brother :

 

George Orwell et Edward Snowden

 

au Prism américain et français.

 

 

 

Cher Big Brother,

 

Cher Big Brother, qui me lis au travers du programme Prism de la NSA, collectant les milliards d’informations circulant sur internet, parmi nos mails, no téléphones, nos messages, nos réseaux sociaux, viens coller la ventouse de ton oreille affamée sur ces mots. Imposant à chaque serveur de communications d’ouvrir ses portes, ses canaux, ses réseaux et ses archives à ton intrusive auscultation, peut-être même me lis-tu avant que cette page soit publiée, à chaque naissance des caractères sur mon clavier, voire en mon cortex, en ma Muse. Et vous aussi lecteur, « Big Brother vous regarde[1] ». Est-ce un hasard si un nom a la même initiale que celle d’Orwell, pour vérifier la véracité de son anticipation, pour réifier la conclusion autrefois romanesque et aujourd’hui réelle selon laquelle Orwell et Obama aiment Big Brother. Et selon laquelle chacun d’entre nous devra peut-être répéter avec la plus intime conviction les derniers mots de 1984 d’Orwell : « La lutte était terminée. Il avait emporté la victoire sur lui-même. Il aimait Big Brother[2] ».

 

Pour l’heure Edward Snowden, ex employé de la CIA et de la NSA (National Security Agency) qui a révélé au monde cette forfaiture totalitaire, n’aime pas encore Big Brother, il est provisoirement libre, ou à peu près, quelque part en Russie. Ce qui ne manque pas d’un certain sel d’ironie si l’on se souvient de la guerre froide, du monstre soviétique et communiste opposé à cet ex continent de la liberté, les Etats-Unis.

La signification de l’acronyme, ou plutôt nom de code, PRISM nous reste inconnue. A moins qu’il s’agisse du prisme du regard intrusif. Jeté sur les fonts baptismaux par l’administration Bush pour lutter contre le terrorisme, dans le cadre du « Patriot Act » et suite à l’attentat du 11 septembre, il fut renforcé par le premier Président noir et prix Nobel de la Paix. Jusqu’à ce que la NSA emploie à son service 55000 personnes, avec un budget annuel de plus de dix milliards de dollars. S’est-il assuré la main mise sur Microsoft, Google, Apple, Facebook, malgré leurs démentis ? Pour reprendre George Orwell : « Combien de fois, et suivant quel plan, la Police de la Pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque, personne ne pouvait le savoir. On pouvait même imaginer qu’elle surveillait tout le monde, constamment[3] ». Comment ne pas voir dans cette violation régulière de la vie privée une violation, sinon de la lettre, du moins de l’esprit, du premier amendement de la Constitution américaine sur la liberté d’expression ?

 

Cher Big Brother français, qui siége à la DGSE, cette émanation de notre Etat qui sait si bien prospérer en « ogre philanthropique[4] », stockes-tu tous nos mots de passe ? Est-ce bien dans le « salon de lecture » de ta « Piscine », grâce à ton millier ou deux d’employés fascinés par le « télécran » orwellien, tes satellites et tes puces branchées sur les fibres optiques, que tu croises et enregistres nos conversations, nos courriels, nos sites et blogs, nos Facebook et Twitter ? Te limiterais-tu à chercher à savoir qui communique avec qui ? Avant d’installer de plus précises écoutes téléphoniques, des filatures… Dans quelle mesure la loi naturelle, loi seule légitime, au côté d’un vide juridique qui en ce domaine n’encadre aucun usage, sans compter la dignité des citoyens, est-elle ainsi bafouée ?

On ne doute pas, cher Grand Frère français que tu uses de ces moyens précieux pour traquer, outre le crime et le terrorisme, le blanchiment d’argent et la fraude fiscale. Est-ce ajouter cette arme à la panoplie socialiste qui serre le cordon de l’étranglement fiscal autour de notre enfer d’impôts et de taxes ? Peut-on imaginer que tu t’en serviras pour contraindre la liberté d’expression politique, alors qu’au pays de l’ironie de Voltaire, auteur oublié de Mahomet ou le fanatisme et du Traité sur la tolérance, elle est déjà bien mise à mal par ta police et tes tribunaux…

 

 

Faut-il alors, cher Big Brother, que nous sombrions dans la paranoïa ? La connaissance du problème est cependant déjà un chemin vers une éventuelle solution… Pourquoi ne pas imaginer que chaque citoyen puisse avoir accès aux informations stockées à son sujet, qu’elles aient une rapide obsolescence programmée ; mieux, qu’elles ne soient espionnées et prélevées que de manière cryptée, de façon à ce que puisse n’en surgir que ce qu’en prévoira un cadre législatif sécuritaire précis et strictement attaché à la criminalité et plus particulièrement au terrorisme. Ainsi, la surveillance et l’enregistrement des données doivent-elles moins compter que la prudence et la justesse du législateur. Saura-t-il jusqu’où doivent servir les données récoltées, à quelle fragile limite se heurter ?

Comment comprendre que des organismes policiers et dévolus à la sécurité publique se soient chargé de la violation de la vie privée de tout un chacun ? Nous sommes en effet coincés entre deux impératifs catégoriques : la protection des personnes et des bien garantie par l’état et la police (même s’il n’est guère sûr qu’ils en soient complétement capables, ni qu’ils puissent nécessairement être les seuls détenteurs de ce devoir), et d’autre part la liberté et la discrétion réservées aux vies publiques et a fortiori privées. Que la police puisse avoir les devoirs et moyens de traquer les terroristes dès lors qu’ils fomentent des attentats terroristes, soit. Encore qu’il faille se demander si l’on n’approche pas là de ce que Philip K Dick, dans Rapport minoritaire avait subodoré : « Précrime a réduit la criminalité de 99,8%. Le meurtre ou la trahison sont devenus très rares, puisque le coupable sait que nous allons l’enfermer en camp de détention une semaine avant qu’il puisse commettre son crime[5] ». Reste que l’impétrant terroriste n’a pas encore fait exploser sa bombe et qu’il faut s’appuyer sur des délits d’association de malfaiteurs, de menace sur la sécurité de l’Etat, des personnes et des biens. L’inconvénient juridique est bien connu : non seulement on emprisonne l’innocent du crime qu’il n’a pas encore commis et l’on peut manipuler des armes sans jamais assassiner un ministre. Reste que voulons impérativement être protégés du terrorisme, y compris par un dôme de surveillance communicationnelle…

Quant à celui qui ne sera jamais un terroriste, il est puni sans même l’ombre de la virtualité criminelle, puisqu’y compris sans le savoir il est épié, enregistré, fiché, qui sait dans quelle perspective d’un délit d’opinion, propos racistes et discriminatoires, souvent stupides ou anodins, parfois rationnels en ce qui concerne une réflexion discriminatoire. Voire de délits d’expression que la loi n’a pas encore prévus…

 

Mais peut-être avons-nous eu la naïveté de confier en toute quiétude les secrets de nos vies à nos IPhones, la rigueur ou la folie de nos argumentations politiques à nos blogs. Valait-il mieux choisir, n’en doutons pas, ces fabuleux déploiements de liberté, ou le « recours aux forêts[6] » du fugitif, comme le préconisait Ernst Jünger, le recours aux malles de fer bourrées de livres imprimées, de carnets manuscrits, cachées dans des sous-sols, des granges lointaines, parmi des rochers montagneux…

 

On devine alors pourquoi, chez Orwell, Big Brother est à l’origine du « Novlangue ». L’hypersurveillance des communications trouve en effet son corollaire dans la traque du langage. Comment y échapper sinon en adoptant une langue nouvelle et vide, conventionnelle et politiquement correcte ? « Ne voyez-vous pas que le véritable but du Novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? A la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer[7]. » Pour beaucoup en effet, et pour l’Etat-Léviathan anthropophage qui ne saurait avaler une penser de travers, le crime par la pensée vaut pour terrorisme conceptuel. En ce sens, « La liberté c’est l’esclavage[8] ».

 

Ainsi l’état est devenu, au-delà du Léviathan, un Big Brother sans paupière qui ne dort jamais, dont les flashs rétiniens ininterrompus sont d’incessants spams, cookies et pishings, non plus commerciaux, mais politiques, policiers et judicaires. Sa bienveillance sécuritaire voudrait nous faire taire qu’elle n’agirait plus insidieusement. Il faut alors un courage titanesque à un modeste individu comme Edward Snowden pour se dresser seul contre le projet d’hégémonie planétaire du Big Brother communicationnel…

L’Etat comme « hyperutérus imaginaire pour des enfants politiques[9] », selon Sloterdijk, se veut à la fois nourricier et vampire, passant en 1918 de 9% du PBI français à 56 % en 2013. Son cordon ombilical inarrachable relie tous les citoyens par une vascularisation pléthorique en forme de poulpe, le sustentant de salaires, de subventions et d’aides sociales, l’épuisant par une ponction fiscale et taxatoire complexe et ramifiée, le surveillant enfin en restant hyperinformé du moindre battement de cœur, de la moindre activité neuronale. Au-dessus du citoyen infantilisé, règne « l’homme d’état comme chirurgien des peuples[10] », prêt à légitimement retirer du grand corps malade de la société les épines infectées du terrorisme, sans qu’il ait le courage de nous immuniser contre les bactéries délétères d’un Islam fanatique, sexiste et liberticide. La thérapie en serait alors en grande partie inefficace. Reste que le geste intrusif du thérapeute ne doit pas lobotomiser la liberté individuelle libérale, ni étaler sous le microscope antibiotique d’Etat l’intimité des individus. Nul doute que la raison d’état a accouché d’une folie. A la « société ouverte » se sont opposés deux « ennemis[11] », l’islamofaschisme et le PRISM qui devait le combattre. Des alliés objectifs ?

 

En conséquence, cher Big Brother, nous attendons justice : qu’Edward Snowden, nouvel Orwell et antidote à la tyrannie, soit reçu en invité précieux à la Maison blanche et à L’Elysée, qu’il soit de droit citoyen d’honneur des Etats-Unis et de l’humanité…

Cher George Orwell, tu comprendras très certainement mon ironie littéraire, mon amertume libérale et ma fragile jubilation intellectuelle. Tu me pardonneras de te secouer dans ta tombe, de te consoler en reconnaissant tes qualités prospectives et spéculatives. Mais de te rassurer puisque ce texte peut encore paraître, cette lettre encore être entendue, même si la modestie de ce site lui assure l’impunité de la presque invisibilité. Ou bien me tairai-je ? Fermera-t-on mon site, ma connexion, qu’elle soit internet ou neuronale ? Comme Winston, le malheureux héros rebelle, puis anti-héros définitif et niaisement heureux d’Orwell, aimerai-je Big Brother ?

Cher Edward Snowden, tu as mon amitié.

Votre attentionné Thierry Guinhut

Thierry Guinhut: une vie d'écriture et de photographie

 

[1] George Orwell : 1984, Club Français du Livre, 1956, p 12.

[2] George Orwell, ibidem p 316.

[3] George Orwell, ibidem p 13.

[4] Carlos Fuentes : La Volonté et la fortune, Gallimard, 2013, p 281.

[5] Philip K. Dick : Nouvelles, tome 2, Denoël, 2006, p 350.

[6] Ernst Jünger : Le Recours aux forêts, Christian Bourgois, 1981.

[7] George Orwell, ibidem, p 62.

[8] George Orwell, ibidem, p 14.

[9] Peter Sloterdijk : Dans le même bateau, Rivages, 1997, p 40.

[10] Peter Sloterdijk, ibidem, p 41.

[11] Allusion au titre de Karl Popper : La Société ouverte et ses ennemis, Seuil, 1979.

 

Orwell-1984.jpgOrwell 1984 Illustré

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30 août 2013 5 30 /08 /août /2013 17:12

 

Emmaüs Prahecq, Deux-Sèvres. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

L’art laid de la guerre

 

ou

 

Honni soit qui Syrie pense !

 

 

 

 

Il y a, décidément, au creux de la testostérone de l’humanité un goût pour la guerre et la tyrannie. Mais aussi, ce qui n’échappera pas au lecteur de ce mince article, une vanité pitoyable à vouloir raisonner de toute sa hauteur sur les destinées des guerres présentes et à venir. La lecture de Thucydide, de Sun Tzu, de Clausewitz et de milliers de pages d’actualités et d’opinions ne protègeront pas de la méconnaissance et de l’erreur, surtout prospectives. Il faut cependant tenter de penser l’art et les laideurs de la guerre, qu’elles soient simples rodomontades, ou actions et exactions sur le terrain ; pour l’heure syrien, moyen-oriental, sinon mondial. Honni soit qui Syrie pense ! Car à force d’y chercher le camp du bien, l’on risque fort de s’y lourdement tromper…

Quel bal des hypocrites ! La guerre ne serait sale que lorsqu’elle use d’armes non conventionnelles, interdites par la Convention de Genève. Pourquoi les gaz seraient-ils plus infâmes, moins nobles, que le fer et le feu ? Essentiellement parce que les vainqueurs, à moins de vouloir se parer d’une robe d’humanisme en tentant de protéger les femmes et les enfants qui ne sont pas censés demeurer sur le terrain de la guerre, quoiqu’ils y soient invariablement soumis, savent trop bien la volatilité de l’arme que le caprice des vents peut renvoyer vers l’émetteur, selon le principe de l’arroseur arrosé.

Certes, les guerres contemporaines, lorsqu’elles sont menées par quelques démocraties occidentales, ont vu en leur sein et leurs conséquences un réel progrès humanitaire : les frappes dites « chirurgicales », les drones ciblés, l’injonction au respect de l’ennemi, jusque dans une armée américaine capable de s’autoflageller, de condamner ses agents lorsqu’ils se conduisent en tortionnaires, épargnent une part croissante de la population. Mais seulement dans le cadre d’une conscience borgne. L’agent Orange versé sur les forêts du Vietnam par les Américains fit 400 000 morts, sans compter les malformations. Et pourtant ces guerriers ont failli dans leur mission impossible : rendre la liberté à ceux agressés par le communisme, comme ils étaient parvenus à le faire en Corée du Sud. Comme quoi un motif noble et juste ne préjuge pas de la sale laideur de la guerre ; et de son échec.

Une centaine de milliers de morts en Syrie dans le cadre d’une guerre civile ; et c’est seulement lorsque peu de milliers meurent sous les gaz qu’il faudrait se mobiliser ! L’indignation est bien sélective. Mais à moins de mettre un pur soldat de l’ONU derrière chaque paire de bras syrienne de plus de quinze ans et de sexe masculin (et encore…), sans compter les infiltrés jihadistes venus de nations voisines, voire lointaines, la cause est probablement perdue.

Comment choisir entre un dictateur socialiste criminel contre sa propre humanité et un peuple de rares révoltés démocrates et libéraux (cette dernière catégorie étant encore plus rares), de nombreux idéologues, plus ou moins fondamentalistes, salafistes et Frères musulmans, sans compter les pléthoriques jeunes désœuvrés que le goût de la poudre et du sang surexcite, le doigt en érection sur la kalachnikov… Pire, qu’espérer de l’immémoriale détestation entre Chiites et Sunnites, venue d’une pitoyable querelle de succession dans la famille du prophète coranique ? Que penser alors du sort des Chrétiens, coincés entre l’enclume d’Assad et la faux du croissant, victimes expiatoires du jihadisme et du ressentiment, victimes outrageusement oubliées de l’aire arabe entière…

S’il pouvait paraître loisible, sinon judicieux, d’éradiquer un dictateur de la face de la terre, un Saddam Hussein, un Kadhafi, donc un Bachar Al-Assad, on n’est certainement pas confiant en la capacité de peuples que la culture de la démocratie libérale n’a guère irrigués à les remplacer par de plus humanistes régimes. Hélas, la tyrannie, plus ou moins torride, d’un seul homme, d’un seul parti, d’un seul clan, risque de n’être que petit lait devant celle d’un peuple entier contre lui-même, en particulier contre ses femmes, y compris consentantes, peuple agité par les ataviques structures claniques  éprises de conflits et par le démon de l’islam politique, 

Faut-il alors à l’Occident s’en mêler ? Incarner le bien contre l’Assad du mal ? Surtout, faites la guerre, mais avec un couteau propre ! Si chef suprême syrien a bien utilisé un gaz mortel contres ses rebelles, il est probable que ces derniers aient pu l’utilisé de même, contre lui, contre leur propre population, pour pouvoir mieux l’en accuser. Aurait-on là d’ailleurs retrouvé ces « armes de destruction massive » que Washington feignit de ne pas trouver en Irak, alors que Saddam en avait généreusement usé contre ses propres Kurdes ? Ainsi choisir un camp relève-t-il de la gageure, de l’idéalisme niais, à moins qu’il s’agisse d’un calcul politique…

Comment comprendre en effet que Paris, après avoir chassé les djihadistes du Mali, aille leur prêter main forte en Syrie ? La figure du dictateur meurtrier est-elle si haïssable, les yeux grands fermés sur l’abomination de ceux qui œuvrent à le renverser ? Mais, dans le cas malien, il s’agissait moins d’aider un pauvre pays en déliquescence, pas trop tyrannique, de trop facilement chasser une pincée de terroristes abjects, que de protéger les intérêts africains de la France, en particulier la proximité des mines d’uranium d’Areva au Niger. Ne vaudrait-il pas mieux d’ailleurs, pour un hexagone qui n’en a plus les moyens, abandonner toute présence en Afrique, son relent de néocolonialisme, vendre ces mines aux Chinois et acheter l’uranium au prix du marché…

Quant à rétablir la démocratie, la paix et la liberté en Syrie, on sait combien l’occident y a échoué en Afghanistan, en Irak, en Lybie. Il y échouera donc en Syrie ; sacrifiant des soldats (qu’heureusement il n’est guère question d’envoyer), des matériels militaires et des aides humanitaires détournées par des mafias locales, quoique l’envoi de tenues de protections, d’antidotes au gaz sarin soient d’excellentes initiatives. Pensons combien Le palais de l’Elysée est incapable de rétablir cette même paix, sécurité et liberté à Marseille, dans nos banlieues délinquantes et chariaisées, et il voudrait apparaître en chevalier blanc lavant le linge sale d’une poudrière enclavée dans les rets de conflits d’intérêts et d’idéologies du Moyen-Orient, voire du monde entier !

En effet, entre le scorpion chiite iranien et la vipère saoudienne d’une part, la menace russe qui bénéficie d’une base navale sur la côte syrienne et les velléités américaines de mettre un terme aux exactions du maître de Damas d’autre part, sans compter la poudrière libanaise et le coin israélien, cette seule démocratie réelle au succès économiques avérés, qui blesse en majesté la susceptibilité arabe, il faut craindre la réaction en chaîne. En conséquence, un égoïsme nécessaire, et peut-être une sagesse olympienne, devraient nous ordonner ne pas mettre la main, pas si propre, guère immunisée, dans le panier de crabes syrien et moyen-oriental. Il ne nous restera plus qu’une pieuse et laïque pensée pour tous les innocents sacrifiés que nous ne pouvons aider à leur juste mesure. En particulier, puisqu’il faut user d’une judicieuse discrimination, tous ces chrétiens que nous pourrions être inspirés de recueillir, en une immigration bien moins dangereuse que d’autres, comme ces Coptes d’Egypte, hélas si maltraités, quoiqu’il faudrait s’assurer que chez nous ils abandonnent cette coutume d’une barbarie inouïe : l’excision.

 

 

L’on sait, mais pas assez, que les gouvernements aux abois, incapables d’assurer l’équilibre économique et libéral de leur pays, se rabattent sur les faits d’armes, qu’ils espèrent devenir des hauts faits, pour racheter leur impéritie. Ainsi le fascisme argentin envoya ses troupes sur les Malouines, heureusement taclé par Madame Thatcher, ce qui contribua d’ailleurs à assurer la chute des militaires de Buenos Aires. Ainsi, la France, à demie ruinée, agita l’étendard du mirage en envoyant les Rafales bombarder Kadhafi. L’affaire, pour des raisons géostratégiques (il n’y avait pas grand monde pour soutenir le Richard III des sables) était certes moins risquée qu’aujourd’hui. Le Président Sarkozy réglait ainsi une vieille rancune, lorsque pour des raisons économiques il avait été forcé de recevoir les tentes luxueuses du dictateur, par ailleurs complice actif du terrorisme, sur les jardins de l’Elysée. Un infâme tyran est tombé, soit ; mais l’on ne sache pas que la Lybie s’en soit relevée, infiltrée qu’elle est par le fondamentalisme, les guérillas claniques, et les jihadistes qui ont essaimé au Mali et ailleurs. Mali provisoirement débarrassé par la geste du Président Hollande (qui voudrait dépasser Sarkozy en ses hauts faits d’armes) de ses derniers, mais sans la moindre assurance de pérennité et de paix, à moins de placer un soldat français derrière chaque grain de sable saharien, derrière chaque motte de terre sahélienne. Sans que l’on sache encore si, à long terme, le ressentiment terroriste ne frappera pas la France. Non qu’il ne faille pas lutter contre ce dernier. Mais, encore une fois, assainissons notre territoire avant de prétendre gendarmer la planète aux côtés des Américains, pas toujours mieux armés que nous en ce domaine. Et dont certains inclinent à penser que le Moyen-Orient et ses conflagrations barbares, ses printemps arabes qui courent vers des étés à quarante degrés, ne sont plus qu’une zone sale et perfide, qu’il vaudrait mieux abandonner à ses démons, en lui préférant les économies émergentes, d’autres marchés pétroliers, son propre développement, y compris de gaz de schistes.

En combattant Assad, la France voudrait-elle faire allégeance à l’Islam, pour s’assurer son indulgence, bien illusoire ? Graisser la patte de l’Arabie Saoudite et du Qatar, alliés et instigateurs de la rébellion djihadiste en Syrie, qui n’accorderont aucune clémence aux infidèles, laïcs et athées, et préféreront le couteau déterminé de l’Islam conquérant ? Se positionner dans le cadre des géostratégies énergétiques en cours, lorsque des gazoducs venus de la péninsule arabique seront en concurrence avec les immenses champs pétrolifères et gaziers sous-marins, entre Syrie, Chypre et Israël, ce dans le contexte de l’affrontement des intérêts russes et américains ?  Ou encourager cette industrie de l’armement qui est un pilier économique français, en graissant la patte des pétromonarchies elles-mêmes clientes ? Il ne faudrait pas mécontenter le Qatar, aux investissements pharaoniques et religieusement prosélytes en notre hexagone…

  En effet, hors la vanité d’incarner la splendeur du bien, les mobiles, y compris peu ragoutants, sont nombreux, y compris lorsqu’il s’agit de lécher le talon d’islam qui en France vote à gauche avant de vous écraser. C’est ainsi qu’honni soit qui Syrie pense… N’y pas penser serait peu charitable, quoique la pensée n’ait aucun effet sur ceux à qui l’on pense. Penser en gesticulant sans rien y faire ne servirait qu’une abjecte bonne conscience, à peine repentante. Penser et agir serait-il assuré d’autre chose que de la satisfaction morale sans effets, voire aux effets discordants et pire que les maux à curer ? Des frappes ciblées (sans pouvoir annihiler les armes chimiques) et symboliques sur le régime, les matériels et les sbires d’Assad, pour s’attirer l’ire de Poutine et la détermination réactive farouche des Alaouites et des Chiites qui s’estiment incompris par un Occident honni ? Une zone d’exclusion aérienne ? Des livraisons militaires ? Tout ce trop et ce presque rien pour que l’explosion civile qui tente de balayer le régime y substitue une collection de guérillas entre factions rebelles, exponentielles et contagieuses hors des frontières syriennes ; mieux, un djihadisme vainqueur ? Précipiter la Syrie de Charybde en Scylla ? Serait-ce réellement protéger les civils, lorsque s’efface la distinction entre civils et militaires ? Tout cela, qui plus est, sans l’aval de L’ONU et de son conseil de sécurité qui autorisa les frappes de l’OTAN sur la Lybie en 2011, mais qui saura se prémunir du véto russe et chinois ; pire encore, sans l’aval de la Ligue arabe ? Et pour que l’Occident, qu’il vaudra mieux taxer d’indifférence, de pusillanimité, apparaisse comme un chien dans un jeu de quilles, un agresseur indu…

Il faut hélas avec réalisme s’en accommoder et s’en prémunir : l’homme, voire la femme, aime la guerre. Pour le plaisir de la sueur et du sang, pour la satisfaction d’une volonté de puissance, d’une libido dominandi, d’une exacerbation virile de l’honneur. Et s’il ne la fait pas lui-même, comme les chefs d’état et leurs parlements abrités par les ors de leurs palais, ces derniers y envoient leurs soldats sacrifiés ; ou, tout du moins, si l’opinion consent à renâcler, ils se contentent d’une gesticulation oratoire viriloïde, idéaliste et autosatisfaite, aux frais du contribuable qui n’en peut mais.

Certes le personnage de Poutine, dangereux sécateur des libertés, devient de plus en plus autocratique et postsovétique, allant jusqu’à réhabiliter Staline. Certes, il a lui-même utilisé les armes chimiques contre les Tchétchènes ; et livré des stocks au régime syrien. A ce triste personnage, allié intéressé d’Assad, auquel il n’a pas su conseiller le dialogue au début du conflit syrien, à ce complice d’un écrasement, il faut pourtant reconnaître une salutaire absence totale de naïveté envers l’islam politique et ses séides, dont il connait trop l’activisme sur ses marches caucasiennes. Un cynique dirait qu’il vaut mieux lui laisser la manipulation des braises, plutôt que de tenter d’éteindre ce foyer dont les doses létales parcourent à des degrés divers tous les pays arabes, sans compter l’Occident qui en accueille l’immigration…

La guerre est-elle un art ? Il faut alors se demander, dans une démarche également éthique, si l’art peut être cruel. Comme une belle partie d’échec, mais, de plus, avec une conjonction de la stratégie et de la nécessité humaniste. N’y résistent que les guerres nécessaires et moralement justifiables : se défendre contre les tyrannies, comme lorsque La Fayette vint contribuer à l’indépendance et à la justesse de la constitution des Etats-Unis. Service d’ailleurs rendu lorsque les Nazis ne furent chassés d’Europe qu’avec l’aide américaine. Art éthique en ce cas et cependant forcément laid, contraignant la liberté individuelle à abdiquer devant le dilemme discutable entre raison d’état et raison politique juste. Art laid de dommages collatéraux et de bombardements iniques sur Dresde et Hiroshima, dont les conséquences vont jusqu’à Guantanamo, jusqu’aux cercueils drapés de tricolore au retour d’une veille perdue contre le terrorisme taliban dont il faut se désengager. Veille pourtant peut-être nécessaire comme l’est la veille de la civilisation contre la barbarie. Comme la neutralité suisse, armée autant d’une saine économie que des moyens d’une guerre de défense, comme la force d’Israël, malgré d’inévitables et lourdes maladresses… Art à réinventer pour que le seul ennemi de la guerre soit la guerre elle-même.

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

Photo : T. Guinhut.

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4 août 2013 7 04 /08 /août /2013 10:12

 

Hotel Tierra de Biescas, Alto Aragon. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Carlos Fuentes : La Volonté et la fortune,

 

réalisme magique et roman philosophique.

 

 

Carlos Fuentes : La Volonté et la fortune,

traduit de l’espagnol (Mexique) par Vanessa Capieu,

Gallimard, 528 p, 24,90 €.

 

 

 

 

Choisir son narrateur parait aller de soi. Il ou je s’impose, venu d’une évidence inconsciente ou fermement déterminée. Narrateur interne au récit ou vague déité plus ou moins en retrait, il n’est guère courant qu’il soit posthume, pourtant ainsi parfaitement apte à dérouler une vie. Mieux, Carlos Fuentes (1928-2012) a élu, en son roman La Volonté et la fortune, une tête coupée flottant sur les eaux du Pacifique pour narratrice. Elle appartint à Josué qui, au moyen de cette bouche irréparablement séparée de son corps, raconte toute son existence, brève, et néanmoins d’autant plus riche qu’elle est le miroir des destins et du Mexique.

 

C’est à vingt-sept ans, à la suite de coups de machette, que Josué Nadal est devenu une tête d’Orphée parlant sur les eaux. Comme le bon millier de décapités par an que compte un Mexique violent et criminel, il est le chantre et le témoin de son pays autant que de sa propre biographie, à la lisière du réalisme le plus cru et d’un fantastique halluciné. Ce en quoi nous retrouvons ce réalisme magique qui fit les grandes heures de deux des romans les plus vastes, les plus ébouriffants de Carlos Fuentes : Terra Nostra et Christophe et son œuf.

Les allusions mythologiques et bibliques parcourent et structurent le récit. Non par artifice gratuit, mais parce ces dernières sont parmi les invariants signifiants de nos destins. Ainsi, Josué forme avec son ami Jéricho un duo surnommé « Castor et Pollux », avant de devenir des « Caïn et Abel ». Pourquoi ? Ils sont lycéens, unis dans leur passion pour la culture, ils lisent tous les deux Saint-Augustin et Nietzsche, sous la bienveillante tutelle du Père Philopater, substitut paternel et professeur de philosophie, mais aussi tous deux orphelins venus de familles absentes, quoique tutélaires. Josué, par exemple, vit sous la garde d’une autoritaire servante, qui laisse sa place à une infirmière venue soigner par le repos les premières éjaculations de son « caleçon », avant de lui offrir l’éducation de son beau corps et de disparaitre. Le roman-feuilleton, à la marge du thriller, laisse dans une ombre mystérieuse son ascendance alors qu’elle commet un laconique homme de loi pour lui verser de suffisants émoluments…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Deux frères spirituels, autant en lectures qu’en bordel, peuvent-ils devenir des frères ennemis ? Josué étudie le droit, sous l’autorité initiatique d’un autre père spirituel, le professeur de droit international Sanginés. Son stage pratique a lieu parmi la sordide et effrayante prison de San Juan de Aragon, occasion de dénoncer les effarantes conditions de détention, dont des enfants. Plus tard, Jéricho, nommé assistant présidentiel, ira découvrir les ors du palais de l’état, quand Josué deviendra un proche collaborateur de Max Monroy, magnat des télécommunications. En deux miroirs opposés, si pour Jéricho « la politique est l’ultime recours de l’intelligence », Josué choisit avec Max Monroy l’économie, le développement des télécommunications au service du peuple des pauvres ; ou, plus exactement, Sanginés choisit pour eux.

Des personnages fascinants et effrayants balisent le récit : Miguel Aparecido, un assassin qui se refuse à sortir du cachot, de peur de se laisser aller au parricide ; Lucha Zapata est une « polytoxicomane », dont le nom programmatique montre bien que la lutte révolutionnaire est une drogue addictive, hallucinatoire et meurtrière. Ainsi, frayant parmi les sphères du pouvoir, Jéricho fomente bientôt la cause clandestine et risquée de la révolution. Illusion que ne partage pas Josué. Le couple désassemblé est alors le reflet des fractures internes et politiques de la population et de l’Amérique latine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sans cesse, les structures et motifs binaires structurent, innervent et opposent le puzzle du roman et le Mexique. La « volonté » est celle du personnage volontaire et libre, croit-il, de son destin, quand la « fortune » est à entendre en ses deux sens : hasard et  chance, mais aussi abondance d’argent, comme ces chèques anonymes que reçoivent les deux protagonistes, dont l’origine est, qui sait, bénéfique ou maléfique. Comme le père d’Errol, un camarade des deux compères, qui tira sa fortune, certes des meubles qu’il fabriqua, mais surtout des bordels qu’il exploita. Plus loin, c’est une splendide et dangereuse femme de pouvoir -et pivot de l’intrigue- Asunta Jordan, qui, aiguisant les convoitises amoureuses et sexuelles des deux jeunes gens, contribue à leur bifurcation inéluctable et délétère. « Volonté » politique et « fortune » économique sont les deux faces jumelles des sociétés, quand l’autoritaire Saint-Augustin et Nietzsche, chantre de la liberté intellectuelle et morale, figurent les deux extrêmes de la pensée. De même, la prison est un enfer « dantesque » opposée à l’utopie d’un pouvoir politique et économique juste.

Faute de suffisante liberté économique et de réelle autorité de l’état régalien, le Mexique, cette « Narconation », navigue entre tyrannie étatique (on connait son Parti Révolutionnaire Institutionnel, longtemps au pouvoir), clientélisme et pléthore de corruption et de criminalité. Faussement généreux, « l’Etat est un monstre philanthropique ». En conséquence, « l’état est une œuvre d’art jalouse, ennemie de l’individu libre et du pouvoir économique ». Ce pourquoi les deux héros d’abord presque jumeaux du roman bifurquent l’un vers la traitrise et le délire révolutionnaire avorté, pour Jéricho, l’autre vers la confiance dans un libéralisme économique prometteur, pour Josué. On ne peut alors qu’être surpris par la perspicacité de l’analyse d’un auteur au crépuscule de sa vie, qui, à quatre-vingts ans, balayant l’impéritie du pouvoir présidentiel, brosse des perspectives de consommation, d’éducation et d’entreprenariat, grâce, entre autres, au portable destiné aux pauvres, créé et diffusé par Max Monroy.

Nous laisserons au lecteur découvrir comment et pourquoi Josué fut décapité, quelle toile d’araignée bienveillante fut tressée par Sanginés, quel rôle vilainement machiavélique joue enfin la belle héritière Asunta, « Médée jalouse » et « Gorgone du pouvoir ». Pourtant, quand le Mexique va sans tête pensante, sans éthique, seul le romancier a toute sa tête…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La dimension fantastique transparait puis s’expose avec pétulence. Lorsque Philopater parle de Spinoza observant une toile d’araignée, ses combats et ses proies, ne s’agit-il pas d’une mise en abyme du roman et du Mexique ? Lorsque le prophète Ezéchiel s’adresse à Josué, lorsqu’ « Ancienne Conception », la mère de Max Monroy, s’adresse au même en toute franchise depuis l’outre-tombe, lorsque Machiavel (sur lequel Josué écrit sa thèse) et Piranèse prennent la parole, le réalisme magique n’est en rien futile ornementation : il est au service à la fois d’une argumentation de philosophie politique serrée et d’une esthétique baroque immensément efficace. Là où Carlos Fuentes à l’acmé de sa vie, pensait avoir écrit son meilleur roman, il faut non seulement en convenir mais l’en remercier. Il rejoint ici la force de construction, la beauté, l’acuité stylistique et d’idées, la séduction narrative et intellectuelle de ces retables romanesques que sont Terra Nostra et Christophe et son œuf. Une fois de plus, l’immense romancier mexicain, rival et complice du péruvien Mario Vargas Llosa, offre un de ces rares livres qui rendent leur lecteur plus intelligent.

 

À mille et une lieux de l’anorexie romanesque et intellectuelle de la plupart des auteurs français, ce roman de Carlos Fuentes, malgré un pardonnable manque de concision sur la fin, dégage une puissance narrative, analytique et métaphorique stupéfiante. Une langue vive, « d’un dramatisme confinant à l’opéra lyrique », tranchante, évocatrice et jamais à court d’éclairante pensée innerve l’espace narratif et le parcours exemplaire, quoique souvent déceptif des personnages. Le chatoiement des métaphores est sans cesse signifiant : comme «  Estrellita, qui avait un cadenas psychique entre les jambes », ou, pour rester dans le champ érotique, les sous-vêtements d’Asunta « bien rangés, telle une petite armée de la libido, dans leurs casiers respectifs ». Poétique romanesque, dialogue philosophique, tout concourt à une excitante réussite. De la volonté et de la fortune de deux amis devenus ennemis, notre auteur tutélaire tire un vaste chant épique au service d’une nation acéphale, au service de la juste volonté et de la bonne fortune de la littérature.

Thierry Guinhut

 

Azuelo, Navarra. Photo : T. Guinhut.
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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 08:17

 

Monasterio de Santo Estevo, Galicia.

Photo : T. Guinhut.

 

 

William Blake, un échec magnifique :
Le Mariage du ciel et de l’enfer
& autres poèmes.

 

 

 

William Blake : Le Mariage du ciel et de l’enfer et autres poèmes,

traduit de l'anglais (Grande Bretagne)

par Jacques Darras, Poésie Gallimard, 400 p, 12,90 €.

 

 

 

Fascinant, William Blake a quelque chose d’également répugnant. Ses aquarelles, ses gravures et ses livres enluminés étonnent le regard et bouleversent l’imaginaire, ses poèmes, plus exactement ses Chansons, ravissent. Cependant ses écrits prophétiques, pour stupéfiants qu’ils soient, laissent le lecteur fort perplexe devant tant de grandeur musculeuse, d’intransigeance et de délire postbiblique…

La peinture de Blake (1757-1827) est évidemment d’une singularité époustouflante. Avec quelque chose de maladroit et d’enfantin dans les lignes, et cependant visionnaire. Car rien de ses traits et couleurs n’est gâté par une niaise iconologie, par une pieuse imagerie conventionnelle. Son espace pictural est tout entier personnel, comme son panthéon mythologique qui, aux déités et figures de la Bible et de la Divine comédie, ajoute une divinité originale et totale : « Urizen », qui incarne la Loi et la Raison. C’est Michel-Ange, et ses fresques aux musculatures puissantes, qui l’inspire, quoique avec une sensibilité presque enfantine, dans des constructions aux symétries bourgeonnantes et ardentes. Certes, outre l’évident intérêt pour l’enluminure médiévale, avec son contemporain Fussli, ils purent s’entre-inspirer. Mais moins sombre que lui, il impressionne par la puissance de la couleur, l’évidence sublime de la lumière divine et l’horreur séduisante de ses incarnations lucifériennes du mal. Mais peut-être manque-t-il à cette imagerie une qualité précieuse : le don d’empathie qui permettrait de s’identifier à ses personnages, d’éprouver amitié et tendresse pour eux…

Dans la tradition du « ut pictura poesis » d’Horace), peinture et poésie sont liées. Loin du voyant rimbaldien, il se veut l’œil de Dieu : « Dans l’avenir, je prophétise et vois ». Halluciné, sujet à des visions grandioses, son mysticisme est à la fois régressif, jusqu’aux sources des prophètes bibliques, et romantique. En toute sincérité, lui apparaissent Ezéchiel, Moïse, les anges, Dieu lui-même, ce qu’il nous restitue sur le papier ; ce que l’on a pu longtemps prendre pour de la folie, étant donné la violence lyrique de son verbe. Dante et Swedenborg sont ses maîtres d’Enfer et de Paradis. La raison du siècle des lumières est balayée par son expérience intuitive, sa relation à la mystique lui permet de réconcilier les contraires, amour et haine, en un puissant sursaut créateur, et d’affirmer une dialectique du bien et du mal renouvelée. Son matériau biblique est recyclé, régénéré dans un syncrétisme religieux qui devient « religion de l’imagination ». La révolution française l’enthousiasme un temps, jusqu’à ce qu’elle s’effondre dans la Terreur ; c’est alors qu’il lui préfère le règne d’Albion (entendez l’Angleterre), quoique en bon réactionnaire, il la condamne pour s’être laissée défigurer par la révolution industrielle. L’une de ses rares propositions à pouvoir nous séduire encore est son exigence du droit au plaisir pour la femme (peut-être en hommage à son épouse fidèle, Catherine Boucher) : « La jeune fille / Qui se languit de l’homme ouvrira son ventre à d’immenses joies ». La beauté du désir et de la sexualité est ici en lien avec une dimension féministe non négligeable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hélas, les écrit prophétiques, lorsqu’il s’agit de la tâche impossible de réaliser le délicat Mariage du Ciel et de l’Enfer, ce nouveau décalogue, nous laissent pantois, sinon indifférent ; comme s’il s’agissait de l’échec magnifique du fondateur de secte que personne n’a suivi, dont la mythologie épique et torrentielle s’écroule sous nos yeux las. Incendies, anges, démons se bousculent, parmi de « furieux maelströms aux révolutions inarrêtables ». Les versets apocalyptiques, définitifs et grandiloquents, ponctués d’allégories, forgés d’un radicalisme religieux peu amène, fatiguent la patience du lecteur quand tout est « vision mémorable ». Le fondateur de religion cosmique et solipsiste, sans disciple aucun, parait s’époumoner dans le vide sidéral. Même si d’inévitables pépites visionnaires et borgésiennes parsèment l’ensemble : « Je me trouvai dans une imprimerie de l’Enfer », où les métaux « prenaient formes de livres & bibliothèques ». A moins que l’on lise ce pullulement d’Archanges et du Diable, dans la continuité de Milton, et dans la perspective d’un romantisme noir et gothique qui trouvera une autre incarnation avec le mal baudelairien…

 Faut-il alors balayer d’un sursaut de saine raison sa poésie ? Il faut alors se faire complice de Borges qui sut apprécier avec passion son tigre : « Tyger, tyger, burning bright, / In the forest of the night » (…) Quelle main immortelle quel œil, / Osèrent ta redoutable symétrie ? »

 

 

Ses Chansons parviennent à l’osmose entre l’enfance et le lyrisme, jouant par exemple avec l’éloge paradoxal : « je suis / Mouche de bonheur, / Que je vive, / Que je meure. » Non sans un message d’humanité, ne serait-ce qu’avec son « Petit enfant noir » : « Quand agneaux nous danserons autour du Divin Dais / Moi de mon nuage noir, lui de son blanc libérés : / Je l’abriterai de la chaleur, lui faisant accepter / De s’appuyer avec joie sur le genou de notre Père. » Chantre de l’innocence, le poète défend également celle des enfants exploités par le travail et la prostitution, ce dans une perspective humaniste qui se nourrit d’une révolte sociétale.

L’un de ses plus beaux poèmes, « Auguries of innocence » ou « Prémisses d’innocence », permet de « Découvrir l’Univers dans un grain de sable / Voir un paradis dans la fleur des champs (…) Lire l’Eternité dans une heure au cadran ». Dans lequel une prophétie, pour une fois en passe de devenir réaliste en notre aujourd’hui, annonce : « Demain l’état sort en ruine par la fenêtre »…

L’équivalence entre « génie poétique » et « esprit de prophétie » ne va plus de soi. Voire est aujourd’hui obsolète. Voilà peut-être pourquoi nous ne lirons plus guère une grande partie de l’œuvre de William Blake ; sauf en visitant un impressionnant et curieux muséum de l’art, où les antiques tyrannosaures de la religiosité fantasmatique dictatoriale voient leurs os s’effriter. Même si son œuvre plastique, puissamment et ingénument colorée, garde sans cesse son pouvoir d’étonnement démiurgique et de séduction chatoyante…

 

Voir : G. K. Chesterton : William Blake

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

Photo : T. Guinhut.

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 12:33

 

Céramique islamique, Iran médiéval, Musée d'Agesci, Niort, Deux-Sèvres.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

 

 

Vérité d’islam et vérités libérales :

 

Philippe d’Iribarne, Elisabeth Schemla,

 

Thilo Sarrazin.


 

 

 

 

 

 

Philippe d’Iribarne : L’Islam devant la démocratie,

Le Débat, Gallimard, 192 p, 16 ,90 €.

 

Elisabeth Schemla : Islam, l’épreuve française, Plon, 272 p, 14,90 €.

 

Thilo Sarrazin : L’Allemagne disparaît, Le Toucan,

traduit de l'allemand par Jean-Baptiste Offenburg, 496 p, 25 €.

 

 

 

Bienpensants, ne lisez pas ces trois livres : ils sont désespérants. Cependant indispensables. Ne censurez pas ces trois livres : ils sont choquants. Cependant réalistes. De l’exagération qui assène que « l’Allemagne disparaît », en passant par le modéré présentant l’islam comme une « épreuve française », jusqu’au plus apaisé dans lequel ce dernier répondrait présent « devant la démocratie », ce qui signifierait qu’il se présente devant elle en toute dignité, l’affaire pourrait paraître entendue, c’est-à-dire euphémisée, voilée : une hyperbole grotesque, populiste, nationaliste et xénophobe, une incapacité de la France à passer l’épreuve de la tolérance, un islam démocratiquement soluble. Pourtant, à la lecture de ces trois ouvrages, il serait plus juste d’aboutir à la vérité suivante : devant l’épreuve de la vérité de l’islam, la France, l’Allemagne, la civilisation démocratique toute entière, sont menacées, si l’on n’y prend garde, de disparition.

Si les essais de Shemla et de Sarrazin sont bien des réquisitoires, celui de d’Iribarne est plus modéré, quoique sans appel. Malgré quelque manque de concision, redites et précautions rhétoriques qui ternissent l’efficacité de l’ouvrage, cette réflexion informée, argumentée, parvient à une thèse claire et nette : l’incompatibilité atavique de l’islam et de la démocratie libérale. S’intéressant à « l’univers mental » de l’islam, et au-delà des différences, du Maroc à l’Indonésie, venues de la permanence des cultures locales, l’auteur pointe une évidente unité désastreuse. En tant que système de pensée, il est bien responsable de ses errements, de ses tyrannies : « La vision coranique de la certitude tend alors à apparaître comme une trace contingente, à laquelle il est temps de renoncer, d’une société tribale ». Dans laquelle « La crainte de l’incertitude, du doute, de la division » va de pair avec le culte d’une vérité révélée monolithique qui innerve tous les aspects aussi bien de la vie quotidienne que de la pensée. L’islam voit « l’intelligence comme s’épanouissant dans la contemplation du vrai, non dans le doute et le débat ». De plus il n’est « guère pensable que la connaissance philosophique vienne questionner l’obéissance à la lettre du Livre saint ». Ce dernier n’utilisant que l’impérieuse assertion, écartant tout doute, toute altérité, avec violence. En évidente opposition avec l’Aufklärung de Kant qui, dans « Qu’est-ce que les Lumières ? », intimait : « Ose savoir ! », et encourageait la sortie de toute tutelle de l’individu qui devra apprendre à penser par la raison et par soi-même.

La raison d’islam n’a rien à voir avec la raison occidentale : elle est divine et non humaine, elle est soumission à la tyrannie théocratique et non libération des préjugés et de l’injonction obscurantiste religieuse. Elle est unicité et non pluralisme. De plus, fondée sur l’unanimité et la tradition, la certitude de la charia ne peut en aucun cas évoluer, partageant abruptement et superstitieusement le monde entre halal et haram, le pur et l’impur. Il n’y a donc pas de salut libéral à attendre de l’islam. Ce qui n’est pas de l’ordre d’une « essence de la religion », puisque, note avec justesse D’Iribarne, citant avec abondance les quatre Evangiles, le christianisme (malgré ses tentations et crispations dogmatiques qui ont parfois été violentes au cours d’une Histoire heureusement révolue), dans le cadre de son attachement à l’esprit aux dépens de la lettre, reconnaît le pluralisme des opinions et le débat. Et, surtout, pratique le pardon. Toutes les religions ne se valent donc pas.

L’avenir de la démocratie en terres d’Islam ne peut être que sombre, malgré les aspirations des uns et des autres. En dépit du poids des Histoires coloniales (bénéfiques lorsqu’elles éradiquèrent l’esclavage, favorisèrent l’éducation, le développement) et des régimes autoritaires qui leur ont succédé, c’est bien le consensus religieux dictatorial qui, faute d’être jetée aux orties, invalide l’espérance démocratique libérale. Seuls l’individualisme et l’éducation libérale, aussi bien culturels qu’économiques, mais aussi la fascination pour les modes de vies occidentaux (à conditions qu’ils ne se suicident pas par socialisme[1] et par lâcheté devant l’islam) permettront d’ouvrir des brèches. Hélas, note d’Iribarne, l’islam est affecté par « la même tentation » que celle du « refus, pendant des décennies, de regarder en face tout ce qui troublait l’image du communisme comme force de progrès ». Comme quoi l’enracinement idéologique est profond, y compris en faveur de la prison volontaire contre la réalité des bénéfices de la liberté.

Cependant, il est évident que tous les musulmans ne sont pas des terroristes, des bâcheurs, frappeurs et exciseurs de femmes, des guerriers de la foi, des tueurs de Juifs, de Chrétiens et d’athées… Que nombre d’entre eux, y compris quelques imams, ont choisi d’oublier ces pratiques barbares pour entrer dans le monde plus ouvert de la tolérance, de la science et de la paix. Que nombre d’entre eux choisissent leur degré d’adhésion à la vulgate coranique et à ses règles, ne gardant « qu’une référence identitaire et le respect de quelques rites ». Qu’ils ont déjà fait ce qui devrait être fait du texte du Coran : le vider de tous ses commandements intolérables à l’égard des femmes, à l’égard des autres religions et de l’apostasie, le vider du jihad, de toutes ses violences. Pensons également à tout ce que les commentateurs, docteurs, imams et auteurs de fatwas surajoutent à cet atavique et obscurantiste étranglement des libertés, comme l’interdiction de la représentation du corps et de l’image du dieu et de son prophète. Sans compter que pour être réellement compatible avec la démocratie libérale il faudra adjoindre à ces versets ainsi révisés un concept fondamental : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (disait le Christ), c’est-à-dire la séparation de l’église et de l’état. Aggiornamento hélas rarement observé et difficilement concevable quand la « Déclaration islamique universelle des droits de l’homme » assène : « La rationalité en soi, sans la lumière de la révélation de Dieu, ne peut constituer un guide infaillible dans les affaires de l’humanité ». Ou encore : « Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la charia ». Risible liberté ! Dans le cadre de laquelle il ne peut y avoir de salut pour un Salman Rushdie[2] et pour la moindre réflexion de philosophie politique. A moins que l’espoir de sécularisation prenne naissance en de jeunes générations révoltées par le carcan des pères…

 

L’islam n’est évidemment pas compatible avec la démocratie. Sauf si l’on entend démocratie au sens strict, lorsque le peuple et sa volonté générale élisent un parti islamique et théocratique. L’islam est alors démocratie, c’est-à-dire tyrannie majoritairement consentie, désirée. Mais s’il s’agit d’employer le concept -seul acceptable- de démocratie libérale, alors oui, l’islam n’est pas un instant libertés. Si nous ne confondrons pas là musulmans et islam, car les premiers peuvent être parfois des individus libres réservant la religion à la sphère intime, le second est forcément -et étymologiquement- soumission à un cruel totalitarisme. Les exemples de cette vérité de l’islam imposée sont hélas légion, ne serait-ce qu’au travers du livre d’Elisabeth Shemla :

C’est au pays de Voltaire et de Tocqueville, de Proust et de San Antonio, qu’une religion veut écarter, ostraciser et lapider nos modes de vie, notre droit, jusqu’à la Déclaration universelle des droits de l’homme, éradiquant la liberté de conscience, de religion et d’athéisme. Il est alors heureux d’imaginer qu’Elisabeth Shemla, spécialiste du Proche et du Moyen-Orient, qui fut rédactrice en chef du Nouvel Observateur, ne puisse être affligée du soupçon grotesque d’islamophobie au sens primaire du terme[3]. Ce n’est ni par racisme, ni par xénophobie qu’elle assemble sous nos yeux les preuves de l’infiltration de notre société laïque et républicaine par les vagues et les poches en expansion de l’islam radical. Mais par lucidité et par amour raisonné de nos libertés déjà écorchées.

C’est moins par le terrorisme que par insidieuse influence que l’islam conquiert la France. Certes, dans le sillage de la martyrologie associée à Merah, des groupuscules s’excitent et fomentent des attentats. Le culte du héros, le goût atavique de la guerre, parfaitement cohérent avec le personnage criminel et pillard de leur prophète, est de plus en plus d’actualité parmi les jeunesses musulmanes : « Une bonne partie d’entre eux […] ont éprouvé de la satisfaction et de la fierté pour le jihad mené par Mérah », souligne Elisabeth Schemla. Leur antisémitisme est obsessionnel. On les « élève dans la haine », comme le Hamas conditionne les enfants de la bande de Gaza jusque dans leurs manuels scolaires.

Mais pour en arriver à cette criminelle extrémité, c’est par les femmes que l’islam commence son imprégnation, son chantage, son empoisonnement. Le corps et la sexualité féminines sont voilés et haram, hors dans le secret du mariage prison : « Désespérante ironie du sort : cette réislamisation des femmes immigrées et de leurs filles et petites filles françaises correspond au moment historique où les féministes pensaient avoir obtenu en vingt ans, de combat en combat, de pilule en IVG en passant par l’égalité salariale et tant d’autres droits, un bouleversement du statut de toutes les femmes, la liberté. » Elisabeth Schemla s’élève justement contre le foulard islamiste, « symbole de la soumission féminine » et, selon le mot de Khalida Messaoudi « notre étoile jaune » : « Derrière, il y a la polygamie, la répudiation, les mariages forcés », mais aussi la lapidation des femmes adultères. Sans compter la répression de toute homosexualité !

Notre auteure dénonce les imams, venus du salafisme et des Frères musulmans, la plupart du temps, « ignares », « vénéneux », délictueux, prosélytes de la charia et d’une France intégralement islamique. Elle fustige la lâcheté de nos politiques, le « bal des hypocrites », lorsque sans cesse la loi de séparation de l’église et de l’état est contournée, lorsque les collectivités locales financent les mosquées, mais aussi lorsque « les pétrodollars et le wahhabisme saoudien » forment « autour de la capitale une couronne d’obscurantisme ». Elle pointe les subventions prétendument culturelles, les baux emphytéotiques accordés aux associations, aux mosquées. Le « rap musulman » en prend pour son grade, lorsque, comme le web et les chaînes satellites, il soumet « à une triple propagande : « antioccidentale, antichrétienne et antisémite ». Les conversions de jeunes français de souche sont ramenées à un scandale terrifiant, les politiques de la ville et d’intégration de l’état, la mission de l’Education nationale dans les quartiers immigrés, les missions de la police et de la justice sont assimilées à de la poudre aux yeux, à de la démission. Où sont le courage et la force comme vertus de civilisation ?

Ce que défend à juste titre Elisabeth Shemla n’est pas un repli identitaire franchouillard, mais la dignité de la culture occidentale, cosmopolite et libérale issue des Lumières, face au cancer de l’islam. Nous ne pouvons que la conforter en ce combat humaniste. Est-elle enfin coupable d’alimenter l’islamophobie ? Au contraire, elle nous dit précisément pourquoi il faut avoir peur de manière raisonnée, pourquoi, il faut canaliser, rejeter l’islam s’il contrevient à la république, à la laïcité, au droit des femmes, des modes de vies et des consciences, s’il veut « chariaïser les sociétés »… Ainsi, l’essai informé ne prend pas de gants. C’est aussi salutaire que judicieux ; sauf lorsque sans nuances elle affirme : « Comme le christianisme et le judaïsme, l’islam est ce que son clergé et ses fidèles en font ». Nous avons montré plus haut l’irréductible différence de nature entre les religions, leurs textes.

Mais ce n’est pas le triste privilège de la France que d’être insidieusement puis frontalement assaillie. Suède, Norvège, Belgique, Royaume-Uni, Canada… Le cas de l’Allemagne, analysé avec lucidité, sans concession, par Thilo Sarazin est à cet égard éclairant. Si Elisabeth Shemla imagine avec l’imam Oubrou qu’est venu le moment « pour les musulmans de comprendre enfin qu’ils sont minoritaires dans une terre laïque à laquelle il adhère », l’auteur d’outre-Rhin craint qu’ils ne deviennent majoritaires au point de lancer haut et fort : L’Allemagne disparaît.

Economiste, historien, membre du SPD, parti socialiste allemand, Thilo Sarrazin fut ministre des finances du Land de Berlin, puis membre du directoire de la Bundesbank. Dont il dut démissionner suite au scandale déclenché par cet essai pourtant gonflé de faits, de statistiques, de références. Comme il ne fait pas bon de dire la vérité sur l’Islam ! Pourtant son livre se vendit dans le pays de Goethe à plus de deux millions d’exemplaires. Et reste le plus souvent accueilli au pays de Voltaire par le silence des yeux qui ne veulent pas voir : « J’ai renoncé à entourer de guirlandes verbales les situations qui paraissent délicates, mais je me suis efforcé de faire preuve d’objectivité -les résultats sont assez choquants comme cela », annonce Thilo Sarrazin.

Hélas l’Allemagne a un triste privilège : sa natalité a baissé de 70% depuis 1960. Du moins parmi les héritiers de Luther et de Rilke, chez qui « la population se réduit des trois quarts en soixante-dix ans » et descendra jusqu’aux vingt millions en 2100, contre trente-cinq millions de Turcs, si rien n’est fait. Car pour les musulmans, principalement d’origine turque, ce n’est évidemment pas la même chanson. Ce « grand remplacement » (pour reprendre la formule de Renaud Camus), est largement en route. Ce ne serait que billevesées si l’on s’intégrait dans la langue, dans l’éducation, dans les compétences et dans la tolérance. Car « c’est avant tout l’augmentation continue du nombre de personnes moins stables, moins intelligentes et moins compétentes qui menace l’avenir de l’Allemagne ». Le propos n’a rien de nationaliste, rien de la « nostalgie rétrograde », rien de l’assertion xénophobe, il s’appuie sur un examen argumenté et documenté du réel.

En effet, au contraire de ceux venus d’Europe et d’Extrême-Orient (ces derniers très performants), les immigrés originaires d’Afrique et surtout de Turquie et de l’aire arabe posent problème. Leur faiblesse scolaire, leur peu d’appétit au travail, leur dépendance aux aides sociales, leur addiction à la délinquance se doublent d’un accroissement démographique inéluctable.

Cependant Thilo Sarrazin ne se limite pas à lancer une réflexion défavorable aux immigrés, qui par ailleurs n’a rien d’irrespectueux envers les individus. Ce n’est pas seulement l’immigration d’Islam qui est responsable, mais aussi l’état allemand, ses prestations sociales trop généreuses qui découragent le travail et encouragent la démographie des « classes inférieures » (y compris de souche allemande) « éloignées de la culture et de la performance ». La baisse du niveau de l’intelligence (ne serait-ce qu’en se basant sur les résultats de l’enquête PISA) montre que l’éducation est à parfaire. Si les Juifs sont parmi les plus actives intelligences (voyons leurs nombreux prix Nobel), si la Corée, la Finlande et le Canada brillent au sommet de la réussite scolaire, que ne les imitons-nous ! Lorsque  l’on sait « qu’il existe une corrélation positive entre la richesse des nations et l’intelligence mesurée des peuples », il faut craindre alors de part et d’autre du Rhin la décroissance culturelle, technologique et économique.

 

Affirmant « l’impératif d’écart entre les salaires et les transferts sociaux », Thilo Sarrazin rappelle : « le problème n’est pas la pauvreté matérielle, mais la pauvreté intellectuelle et morale » (…) Notre manière d’adoucir la misère matérielle encourage des millions de personnes à verser dans la passivité, l’indolence ». De plus « ceux qui vivent de l’aide sociale ont nettement plus d’enfants que le reste de la population », sans compter que les immigrés sont trop souvent sous-qualifiés, parfois inemployables, « ce qui les dégage de la nécessité de modifier leur mode de vie traditionnel, de s’efforcer d’acquérir la langue de leur nouveau pays et d’y trouver du travail, ainsi que de concéder à leurs épouses plus de libertés occidentales. » Enfin : « Les musulmans ont en Allemagne un taux de participation au travail nettement inférieur à la moyenne, une situation qui vaut également pour la réussite dans le système éducatif, tandis que l’on trouve dans cette catégorie un taux d’allocataires de transferts sociaux et d’implication dans la criminalité violente supérieur à la moyenne. »

Il y a en effet outre-Rhin dix fois plus de gens qui vivent des prestations sociales chez les musulmans que chez les Allemands. Et que l’on ne nous dise pas que c’est à cause du racisme : en Angleterre, par exemple, les Pakistanais accusent un lourd déficit face aux Indiens, aux traits semblables. La cause est en bien sûr la culture arabe : dogmatisme religieux, communautarisme forcené, fatalisme, rétractation culturelle, modestie du goût de l’effort, machisme et surestimation de la virilité, de la violence et des codes d’honneur. Où la radicalisation « n’a rien à voir avec la pauvreté et l’absence de culture ».

Ainsi, autant l’antisémitisme est infondé, autant l’islamophobie est fondée. Claude Lévi-Strauss n’avouait-il pas avoir peur de l’Islam à la fin de Tristes tropiques[4] ? Et nous ne la confondrons pas avec la musulmanophobie, qui s’adresserait non pas à un système de pensée et de comportements, mais à des individus. Nous n’aurons pour preuve que l’existence remarquable, et digne de notre respect, des féministes musulmanes.

Voilà ce que l’on pourrait réécrire à la puissance dix pour la France dont on sait que le taux de chômage est le double de celui allemand, même si le taux de natalité chez les femmes d’origine française est moins cruel (1,7 enfant par femme) et cependant insuffisant… Et qui serait proprement inaudible pour nos élites socialistes et bienpensantes. Il faudrait également s’inspirer des Etats-Unis, du Canada et de l’Australie, où l’immigré ne reçoit pas d’aide sociale et doit compter sur ses propres énergies positives.

Informé, avisé, perspicace et du meilleur conseil, même s’il se répète parfois, Thilo Sarazin termine son essai par deux scénarios de politique-fiction. « Un rêve et un cauchemar », parmi lesquels « l’Allemagne dans cent ans » devient au choix : un pays où les bibliothèques brûlent, les châteaux sont en ruines, les cathédrales sont devenues mosquées, où le niveau de vie décroît, où l’allemand n’est plus une langue maternelle ; ou bien : un pays où les mesures de politique familiale font remonter la natalité, où l’immigration extra-européenne est contrôlée, drastiquement diminuée, où la langue allemande est obligatoire pour tous, où les allocations sont retirées lorsque l’on ne fréquente pas l’école, ni n’accepte un travail, où l’on interdit le foulard, où l’on réduit les transferts sociaux, où « les quartiers de migrants rétrécirent »… Que ne s’en inspire-t-on en méditant cette injonction : « Faites en sorte que les gens intelligents aient plus d’enfants avant qu’il ne soit trop tard. »

Nul doute que, parmi ces solutions, outre la discipline à l’école, la force de la police et de la justice dans les enclaves ethniques, il faudrait compter sur la libération des énergies entrepreneuriales des immigrés, d’où qu’ils viennent : eux aussi doivent pouvoir être déchargés du poids de la fiscalité, des complexités administratives, de la lourdeur du code du travail et des charges et normes diverses pour mettre en valeur leurs talents ; car certains d’entre eux, malgré toutes ces chaînes aux pieds, ont déjà prouvé leur capacité de réussir dans un enrichissement judicieux.

Que l’on sache, mis à part des créations architecturales splendides comme La Alhambra de Grenade, ses poèmes arabes andalous, ses Mille et une nuits venues de bien des horizons, son Cantique des oiseaux[5], sa calligraphie -ce qui n’est pas rien- l’Islam comme civilisation c’est d’abord la conquête meurtrière et totalitaire des deux tiers du bassin méditerranéen, l’esclavage institutionnalisé (encore aujourd’hui du Soudan aux Emirats), la sujétion des femmes, la guerre perpétuelle entre Chiites et Sunnites, le Jihad, la Charia, sans compter le sabre et la dhimmitude pour ceux qui ne partagent pas leur religion. Où est l’Islam de paix et d’amour, cet Islam des Lumières, qui pourtant n’attend que de fleurir parmi des millions d’individus silencieux et eux-mêmes asservis, parfois heureusement révoltés, comme aujourd’hui en Tunisie et en Egypte ?

Nos trois auteurs n’ont pas prétendu asséner le marteau de l’ultime vérité, et l’auteur de ce modeste article encore moins ; mais ouvrir un chemin hors de la sortie de la méconnaissance et des préjugés. Quelle vérité choisir ? Celle chaude, rassurante pour ses affidés, fermée de l’islam qui ne procure le bonheur qu’à ceux qui ne veulent penser que dans le cercle étroit d’une pensée instituée, que dans les fers de l’oppression consentie ou infligée ? Ou celle des démocraties libérales issues des Lumières de Kant, assurant les libertés individuelles et les progrès de la connaissance au moyen d’une raison indépendante et pluraliste ? Le lecteur aura deviné où est la dignité de l’humanité et la nécessité de la rétablir.

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[4] Claude Lévi-Strauss : Tristes tropiques, Plon, 1955, p 466-467.

[5] Voir :  Le Cantique des oiseaux, une poétique de l’interprétation

 

Céramique islamique, Iran médiéval, Musée d'Agesci, Niort, Deux-Sèvres.

Photo : T. Guinhut.

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Une Histoire des sexualités ; Foucault : Les Aveux de la chair

 

 

 

 

 

 

Ampuero

Cuba quand nous étions révolutionnaires

 

 

 

 

 

 

 

Animaux

Elien Ursin : Personnalité et Prosopopée des animaux

Rencontre avec des animaux extraordinaires

Quand les chauve-souris chantent, les animaux ont-ils des droits ?

Jusqu'où faut-il respecter les animaux ? Animalisme et humanisme

L'incroyable bestiaire de l'émerveillement

Philosophie porcine du harcèlement

Philosophie animale, bestioles, musicanimales

Chats littéraires et philosophie féline

Apologues politiques, satiriques et familiers

Meshkov : Chien Lodok, l'humaine tyrannie

Le corbeau de Max Porter

 

 

 

 

 

 

Antiquité

Le sens de la mythologie et des Enfers

Métamorphoses d'Ovide et mythes grecs

Eloge des déesses grecques et de Vénus

Belles lettres grecques d'Homère à Lucien

Anthologies littéraires gréco-romaines

Imperator, Arma, Nuits antiques, Ex machina

Histoire auguste et historiens païens

Rome et l'effondrement de l'empire

Esthétique des ruines : Schnapp, Koudelka

De César à Fellini par la poésie latine

Les Amazones par Mayor et Testart

Le Pogge et Lucrèce par Greenblatt

Des romans grecs et latins

 

 

 

 

 

 

Antisémitisme

Histoire et rhétorique de l'antisémitisme

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Céline et les pamphlets antisémites

Wagner, Tristan und Isolde et antisémitisme

Kertesz : Sauvegarde

Eloge d'Israël

 

 

 

 

 

 

Appelfeld

Les Partisans, Histoire d'une vie

 

 

 

 

 

 

 

Arbres

Leur vie, leur plaidoirie : Wohlleben, Stone

Richard Powers : L'Arbre-monde

 

 

 

 

 

 

Arendt

Banalité du mal, banalité de la culture

Liberté d'être libre et Cahier de L'Herne

Conscience morale, littérature, Benjamin

Anders : Molussie et Obsolescence

 

 

 

 

 

 

 

Argent

Veau d'or ou sagesse de l'argent : Aristote, Simmel, Friedman, Bruckner

 

 

 

 

 

 

Aristote

Aristote, père de la philosophie

Rire de tout ? D’Aristote à San-Antonio

 

 

 

 

 

 

Art contemporain

Que restera-t-il de l’art contemporain ?

L'art contemporain est-il encore de l'art ?

Décadence ou effervescence de la peinture

L'image de l'artiste de l'Antiquité à l'art conceptuel

Faillite et universalité de la beauté

Michel Guérin : Le Temps de l'art

Théories du portrait depuis la Renaissance

L'art brut, exclusion et couronnement

Hans Belting : Faces

Piss Christ, icone chrétienne par Serrano

 

 

 

 

 

 

Attar

Le Cantique des oiseaux

 

 

 

 

 

 

Atwood

De la Servante écarlate à Consilience

Contes réalistes et gothiques d'Alphinland

Graine de sorcière, réécriture de La Tempête

 

 

 

 

 

 

Bachmann

Celan Bachmann : Lettres amoureuses

Toute personne qui tombe a des ailes, poèmes

 

 

 

 

 

 

 

Bakounine

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

L'anarchisme : tyrannie ou liberté ?

 

 

 

 

 

 

Ballard

Le romancier philosophe de Crash et Millenium people

Nouvelles : un artiste de la science-fiction

 

 

 

 

 

 

 

Bande dessinée, Manga

Roman graphique et bande-dessinée

Mangas horrifiques et dystopiques

 

 

 

 

 

 

 

Barcelo

Cahiers d'Himalaya, Nuit sur le mont chauve

 

 

 

 

 

 

 

Barrett Browning

E. Barrett Browning et autres sonnettistes

 

 

 

 

 

 

 

Bashô

Bashô : L'intégrale des haikus

 

 

 

 

 

 

Basile

Le conte des contes, merveilleux rabelaisien

 

 

 

 

 

 

Bastiat

Le libéralisme contre l'illusion de l'Etat

 

 

 

 

 

 

Baudelaire

Baudelaire, charogne ou esthète moderne ?

"L'homme et la mer", romantisme noir

Vanité et génie du dandysme

Baudelaire de Walter Benjamin

Poésie en vers et poésie en prose

 

 

 

 

 

 

Beauté, laideur

Faillite et universalité de la beauté, de l'Antiquité à notre contemporain, essai, La Mouette de Minerve éditeur

Art et bauté, de Platon à l’art contemporain

Laideur et mocheté

Peintures et paysages sublimes

 

 

 

 

 

 

Beckett 

En attendant Godot : le dénouement

 

 

 

 

 

 

Benjamin

Baudelaire par Walter Benjamin

Conscience morale et littérature

Critique de la violence et vices politiques

Flâneurs et voyageurs

Walter Benjamin : les soixante-treize sonnets

Paris capitale des chiffonniers du XIX°siècle

 

 

 

 

 

 

Benni

Toutes les richesses, Grammaire de Dieu

 

 

 

 

 

 

Bernhard

Goethe se mheurt et autres vérités

 

 

 

 

 

 

 

Bibliothèques

Histoire de l'écriture & Histoire du livre

Bibliophilie : Nodier, Eco, Apollinaire

Eloges des librairies, libraires et lecteurs

Babel des routes de la traduction

Des jardins & des livres, Fondation Bodmer

De l'incendie des livres et des bibliothèques

Bibliothèques pillées sous l'Occupation

Bibliothèques vaticane et militaires

Masques et théâtre en éditions rares

De Saint-Jérôme au contemporain

Haine de la littérature et de la culture

Rabie : La Bibliothèque enchantée

Bibliothèques du monde, or des manuscrits

Du papyrus à Google-books : Darnton, Eco

Bibliothèques perdues et fictionnelles

Livres perdus : Straten,  Schlanger, Olender

Bibliophilie rare : Géants et nains

Manguel ; Uniques fondation Bodmer

 

 

 

 

 

 

 

Blake

Chesterton, Jordis : William Blake ou l’infini

Le Mariage du ciel et de l’enfer

 

 

 

 

 

 

 

Blasphème

Eloge du blasphème : Thomas-d'Aquin, Rushdie, Cabantous, Beccaria

 

 

 

 

 

 

Blog, critique

Du Blog comme œuvre d’art

Pour une éthique de la critique littéraire

Du temps des livres aux vérités du roman

 

 

 

 

 

 

 

Bloom

Amour, amitié et culture générale

 

 

 

 

 

 

 

Bloy

Le désespéré enlumineur de haines

 

 

 

 

 

 

 

Bolaño

L’artiste et le mal : 2666, Nocturne du Chili

Les parenthèses du chien romantique

Poète métaphysique et romancier politique

 

 

 

 

 

 

 

Bonnefoy

La poésie du legs : Ensemble encore

 

Borel

Pétrus Borel lycanthrope du romantisme noir

 

 

 

 

 

 

 

Borges

Un Borges idéal, équivalent de l'univers

Géographies des bibliothèques enchantées

Poèmes d’amour, une anthologie

 

 

 

 

 

 

 

Brague

Légitimité de l'humanisme et de l'Histoire

Eloge paradoxal du christianisme, sur l'islam

 

 

 

 

 

 

Brésil

Poésie, arts primitifs et populaires du Brésil

 

 

 

 

 

 

Bruckner

La Sagesse de l'argent

Pour l'annulation de la Cancel-culture

 

Brume et brouillard

Science, littérature et art du brouillard

 

 

 

 

 

 

Burgess

Folle semence de L'Orange mécanique

 

 

 

 

 

 

 

Burnside

De la maison muette à l'Eté des noyés

 

 

 

 

 

 

Butor

Butor poète et imagier du Temps qui court

Butor Barcelo : Une nuit sur le mont chauve

 

 

 

 

 

 

Cabré

Confiteor : devant le mystère du mal

 

 

 

 

 

 

 

Canetti

La Langue sauvée de l'autobiographie

 

 

 

 

 

 

Capek

La Guerre totalitaire des salamandres

 

 

 

 

 

 

Capitalisme

Eloge des péchés capitaux du capitalisme

De l'argument spécieux des inégalités

La sagesse de l'argent : Pascal Bruckner

Vers le paradis fiscal français ?

 

 

 

 

 

 

Carrion

Les orphelins du futur post-nucléaire

Eloges des librairies et des libraires

 

 

 

 

 

 

 

Cartarescu

La trilogie roumaine d'Orbitor, Solénoïde ; Manea : La Tanière

 

 

 

 

 

 

 

Cartographie

Atlas des mondes réels et imaginaires

 

 

 

 

 

 

 

Casanova

Icosameron et Histoire de ma vie

 

 

 

 

 

 

Catton

La Répétition, Les Luminaires

 

 

 

 

 

 

Cavazzoni

Les Géants imbéciles et autres Idiots

 

 

 

 

 

 

 

Celan

Paul Celan minotaure de la poésie

Celan et Bachmann : Lettres amoureuses

 

 

 

 

 

 

Céline

Voyage au bout des pamphlets antisémites

Guerre : l'expressionnisme vainqueur

Céline et Proust, la recherche du voyage

 

 

 

 

 

 

 

Censure et autodafé

Requiem pour la liberté d’expression : entre Milton et Darnton, Charlie et Zemmour

Livres censurés et colères morales

Incendie des livres et des bibliothèques : Polastron, Baez, Steiner, Canetti, Bradbury

Totalitarisme et Renseignement

Pour l'annulation de la cancel culture

 

 

 

 

 

 

Cervantès

Don Quichotte peint par Gérard Garouste

Don Quichotte par Pietro Citati et Avellaneda

 

 

 

 

 

 

Cheng

Francois Cheng, Longue route et poésie

 

 

 

 

 

 

Chesterton

William Blake ou l'infini

Le fantaisiste du roman policier catholique

 

Chevalier

La Dernière fugitive, À l'orée du verger

Le Nouveau, rééecriture d'Othello

Chevalier-la-derniere-fugitive

 

Chine

Chen Ming : Les Nuages noirs de Mao

Du Gène du garde rouge aux Confessions d'un traître à la patrie

Anthologie de la poésie chinoise en Pléiade

 

 

 

 

 

 

Civilisation

Petit précis de civilisations comparées

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

 

 

 

 

 

 

 

Climat

Histoire du climat et idéologie écologiste

Tyrannie écologiste et suicide économique

 

 

 

 

 

 

Coe

Peines politiques anglaises perdues

 

 

 

 

 

 

 

Colonialisme

De Bartolomé de Las Casas à Jules Verne

Métamorphoses du colonialisme

Mario Vargas Llosa : Le rêve du Celte

Histoire amérindienne

 

 

 

 

 

 

Communisme

"Hommage à la culture communiste"

Karl Marx théoricien du totalitarisme

Lénine et Staline exécuteurs du totalitarisme

 

 

 

 

 

 

Constant Benjamin

Libertés politiques et romantiques

 

 

 

 

 

 

Corbin

Fraicheur de l'herbe et de la pluie

Histoire du silence et des odeurs

Histoire du repos, lenteur, loisir, paresse

 

 

 

 

 

 

 

Cosmos

Cosmos de littérature, de science, d'art et de philosophie

 

 

 

 

 

 

Couleurs
Couleurs de l'Occident : Fischer, Alberti

Couleurs, cochenille, rayures : Pastoureau

Nuanciers de la rose et du rose

Profondeurs, lumières du noir et du blanc

Couleurs des monstres politiques

 

 

 

 

 


Crime et délinquance

Jonas T. Bengtsson et Jack Black

 

 

 

 

 

 

 

Cronenberg

Science-fiction biotechnologique : de Consumés à Existenz

 

 

 

 

 

 

 

Dandysme

Brummell, Barbey d'Aurevilly, Baudelaire

 

 

 

 

 

 

Danielewski

La Maison des feuilles, labyrinthe psychique

 

 

 

 

 

 

Dante

Traduire et vivre La Divine comédie

Enfer et Purgatoire de la traduction idéale

De la Vita nuova à la sagesse du Banquet

Manguel : la curiosité dantesque

 

 

 

 

 

 

Daoud

Meursault contre-enquête, Zabor

Le Peintre dévorant la femme

 

 

 

 

 

 

 

Darger

Les Fillettes-papillons de l'art brut

 

 

 

 

 

 

Darnton

Requiem pour la liberté d’expression

Destins du livre et des bibliothèques

Un Tour de France littéraire au XVIII°

 

 

 

 

 

 

 

Daumal

Mont analogue et esprit de l'alpinisme

 

 

 

 

 

 

Defoe

Robinson Crusoé et romans picaresques

 

 

 

 

 

 

 

De Luca

Impossible, La Nature exposée

 

 

 

 

 

 

 

Démocratie

Démocratie libérale versus constructivisme

De l'humiliation électorale

 

 

 

 

 

 

 

Derrida

Faut-il pardonner Derrida ?

Bestiaire de Derrida et Musicanimale

Déconstruire Derrida et les arts du visible

 

 

 

 

 

 

Descola

Anthropologie des mondes et du visible

 

 

 

 

 

 

Dick

Philip K. Dick : Nouvelles et science-fiction

Hitlérienne uchronie par Philip K. Dick

 

 

 

 

 

 

 

Dickinson

Devrais-je être amoureux d’Emily Dickinson ?

Emily Dickinson de Diane de Selliers à Charyn

 

 

 

 

 

 

 

Dillard

Eloge de la nature : Une enfance américaine, Pèlerinage à Tinker Creek

 

 

 

 

 

 

 

Diogène

Chien cynique et animaux philosophiques

 

 

 

 

 

 

 

Dostoïevski

Dostoïevski par le biographe Joseph Frank

 

 

 

 

 

 

Eco

Umberto Eco, surhomme des bibliothèques

Construire l’ennemi et autres embryons

Numéro zéro, pamphlet des médias

Société liquide et questions morales

Baudolino ou les merveilles du Moyen Âge

Eco, Darnton : Du livre à Google Books

 

 

 

 

 

 

 

Ecologie, Ecologismes

Greenbomber, écoterroriste

Archéologie de l’écologie politique

Monstrum oecologicum, éolien et nucléaire

Ravages de l'obscurantisme vert

Wohlleben, Stone : La Vie secrète des arbres, peuvent-il plaider ?

Naomi Klein : anticapitalisme et climat

Biophilia : Wilson, Bartram, Sjöberg

John Muir, Nam Shepherd, Bernd Heinrich

Emerson : Travaux ; Lane : Vie dans les bois

Révolutions vertes et libérales : Manier

Kervasdoué : Ils ont perdu la raison

Powers écoromancier de L'Arbre-monde

Ernest Callenbach : Ecotopia

 

 

 

 

 

 

Editeurs

Eloge de L'Atelier contemporain

Diane de Selliers : Dit du Genji, Shakespeare

Monsieur Toussaint Louverture

Mnémos ou la mémoire du futur

 

 

 

 

 

 

Education

Pour une éducation libérale

Allan Bloom : Déclin de la culture générale

Déséducation et rééducation idéologique

Haine de la littérature et de la culture

De l'avenir des Anciens

 

 

 

 

 

 

Eluard

« Courage », l'engagement en question

 

 

 

 

 

 

 

Emerson

Les Travaux et les jours de l'écologisme

 

 

 

 

 

 

 

Enfers

L'Enfer, mythologie des lieux

Enfers d'Asie, Pu Songling, Hearn

 

 

 

 

 

 

 

Erasme

Erasme, Manuzio : Adages et humanisme

Eloge de vos folies contemporaines

 

 

 

 

 

 

 

Esclavage

Esclavage en Moyen âge, Islam, Amériques

 

 

 

 

 

 

Espagne

Histoire romanesque du franquisme

Benito Pérez Galdos, romancier espagnol

 

 

 

 

 

 

Etat

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Constructivisme versus démocratie libérale

Amendements libéraux à la Constitution

Couleurs des monstres politiques

Française tyrannie, actualité de Tocqueville

Socialisme et connaissance inutile

Patriotisme et patriotisme économique

La pandémie des postures idéologiques

Agonie scientifique et sophisme français

Impéritie de l'Etat, atteinte aux libertés

Retraite communiste ou raisonnée

 

 

 

 

 

 

 

Etats-Unis romans

Dérives post-américaines

Rana Dasgupta : Solo, destin américain

Bret Easton Ellis : Eclats, American psycho

Eugenides : Middlesex, Roman du mariage

Bernardine Evaristo : Fille, femme, autre

La Muse de Jonathan Galassi

Gardner : La Symphonie des spectres

Lauren Groff : Les Furies

Hallberg, Franzen : City on fire, Freedom

Jonathan Lethem : Chronic-city

Luiselli : Les Dents, Archives des enfants

Rick Moody : Démonologies

De la Pava, Marissa Pessl : les agents du mal

Penn Warren : Grande forêt, Hommes du roi

Shteyngart : Super triste histoire d'amour

Tartt : Chardonneret, Maître des illusions

Wright, Ellison, Baldwin, Scott-Heron

 

 

 

 

 

 

 

Europe

Du mythe européen aux Lettres européennes

 

 

 

 

 

 

Fables politiques

Le bouffon interdit, L'animal mariage, 2025 l'animale utopie, L'ânesse et la sangsue

Les chats menacés par la religion des rats, L'Etat-providence à l'assaut des lions, De l'alternance en Démocratie animale, Des porcs et de la dette

 

 

 

 

 

 

 

Fabre

Jean-Henri Fabre, prince de l'entomologie

 

 

 

 

 

 

 

Facebook

Facebook, IPhone : tyrannie ou libertés ?

 

 

 

 

 

 

Fallada

Seul dans Berlin : résistance antinazie

 

 

 

 

 

 

Fantastique

Dracula et autres vampires

Lectures du mythe de Frankenstein

Montgomery Bird : Sheppard Lee

Karlsson : La Pièce ; Jääskeläinen : Lumikko

Michal Ajvaz : de l'Autre île à l'Autre ville

Morselli Dissipatio, Longo L'Homme vertical

Présences & absences fantastiques : Karlsson, Pépin, Trias de Bes, Epsmark, Beydoun

 

 

 

 

 

 

Fascisme

Histoire du fascisme et de Mussolini

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Haushofer : Sonnets de Moabit

 

 

 

 

 

 

 

Femmes

Lettre à une jeune femme politique

Humanisme et civilisation devant le viol

Harcèlement et séduction

Les Amazones par Mayor et Testart

Christine de Pizan, féministe du Moyen Âge

Naomi Alderman : Le Pouvoir

Histoire des féminités littéraires

Rachilde et la revanche des autrices

La révolution du féminin

Jalons du féminisme : Bonnet, Fraisse, Gay

Camille Froidevaux-Metterie : Seins

Herland, Egalie : républiques des femmes

Bernardine Evaristo, Imbolo Mbue

 

 

 

 

 

 

Ferré

Providence du lecteur, Karnaval capitaliste ?

 

 

 

 

 

 

Ferry

Mythologie et philosophie

Transhumanisme, intelligence artificielle, robotique

De l’Amour ; philosophie pour le XXI° siècle

 

 

 

 

 

 

 

Finkielkraut

L'Après littérature

L’identité malheureuse

 

 

 

 

 

 

Flanagan

Livre de Gould et Histoire de la Tasmanie

 

 

 

 

 

 

 

Foster Wallace

L'Infinie comédie : esbroufe ou génie ?

 

 

 

 

 

 

 

Foucault

Pouvoirs et libertés de Foucault en Pléiade

Maîtres de vérité, Question anthropologique

Herculine Barbin : hermaphrodite et genre

Les Aveux de la chair

Destin des prisons et angélisme pénal

 

 

 

 

 

 

 

Fragoso

Le Tigre de la pédophilie

 

 

 

 

 

 

 

France

Identité française et immigration

Eloge, blâme : Histoire mondiale de la France

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

Antilibéralisme : Darien, Macron, Gauchet

La France de Sloterdijk et Tardif-Perroux

 

 

 

 

 

 

France Littérature contemporaine

Blas de Roblès de Nemo à l'ethnologie

Briet : Fixer le ciel au mur

Haddad : Le Peintre d’éventail

Haddad : Nouvelles du jour et de la nuit

Jourde : Festins Secrets

Littell : Les Bienveillantes

Louis-Combet : Bethsabée, Rembrandt

Nadaud : Des montagnes et des dieux

Le roman des cinéastes. Ohl : Redrum

Eric Poindron : Bal de fantômes

Reinhardt : Le Système Victoria

Sollers : Vie divine et Guerre du goût

Villemain : Ils marchent le regard fier

 

 

 

 

 

 

Fuentes

La Volonté et la fortune

Crescendo du temps et amour faustien : Anniversaire, L'Instinct d'Inez

Diane chasseresse et Bonheur des familles

Le Siège de l’aigle politique

 

 

 

 

 

 

 

Fumaroli

De la République des lettres et de Peiresc

 

 

 

 

 

 

Gaddis

William Gaddis, un géant sibyllin

 

 

 

 

 

 

Gamboa

Maison politique, un roman baroque

 

 

 

 

 

 

Garouste

Don Quichotte, Vraiment peindre

 

 

 

 

 

 

 

Gass

Au bout du tunnel : Sonate cartésienne

 

 

 

 

 

 

 

Gavelis

Vilnius poker, conscience balte

 

 

 

 

 

 

Genèse

Adam et Eve, mythe et historicité

La Genèse illustrée par l'abstraction

 

 

 

 

 

 

 

Gilgamesh
L'épopée originelle et sa photographie


 

 

 

 

 

 

Gibson

Neuromancien, Identification des schémas

 

 

 

 

 

 

Girard

René Girard, Conversion de l'art, violence

 

 

 

 

 

 

 

Goethe

Chemins de Goethe avec Pietro Citati

Goethe et la France, Fondation Bodmer

Thomas Bernhard : Goethe se mheurt

Arno Schmidt : Goethe et un admirateur

 

 

 

 

 

 

 

Gothiques

Frankenstein et autres romans gothiques

 

 

 

 

 

 

Golovkina

Les Vaincus de la terreur communiste

 

 

 

 

 

 

 

Goytisolo

Un dissident espagnol

 

 

 

 

 

 

Gracian

L’homme de cour, Traités politiques

 

 

 

 

 

 

 

Gracq

Les Terres du couchant, conte philosophique

 

 

 

 

 

 

Grandes

Le franquisme du Cœur glacé

 

 

 

 

 

 

 

Greenblatt

Shakespeare : Will le magnifique

Le Pogge et Lucrèce au Quattrocento

Adam et Eve, mythe et historicité

 

 

 

 

 

 

 

Guerre et violence

John Keegan : Histoire de la guerre

Storia della guerra di John Keegan

Guerre et paix à la Fondation Martin Bodmer

Violence, biblique, romaine et Terreur

Violence et vices politiques

Battle royale, cruelle téléréalité

Honni soit qui Syrie pense

Emeutes et violences urbaines

Mortel fait divers et paravent idéologique

Violences policières et antipolicières

Stefan Brijs : Courrier des tranchées

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

 

 

 

 

 

Guinhut Muses Academy

Muses Academy, roman : synopsis, Prologue

I L'ouverture des portes

II Récit de l'Architecte : Uranos ou l'Orgueil

Première soirée : dialogue et jury des Muses

V Récit de la danseuse Terpsichore

IX Récit du cinéaste : L’ecpyrose de l’Envie

XI Récit de la Musicienne : La Gourmandise

XIII Récit d'Erato : la peintresse assassine

XVII Polymnie ou la tyrannie politique

XIX Calliope jeuvidéaste : Civilisation et Barbarie

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Philosophie politique

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Faillite et universalité de la beauté, de l'Antiquité à notre contemporain, essai

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Au Coeur des Pyrénées

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Pyrénées entre Aneto et Canigou

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Haut-Languedoc

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Montagne Noire : Journal de marche

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Triptyques

Le carnet des Triptyques géographiques

 

 

 

 

 

 

Guinhut Le Recours aux Monts du Cantal

Traversées. Le recours à la montagne

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Le Marais poitevin

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut La République des rêves

La République des rêves, roman

I Une route des vins de Blaye au Médoc

II La Conscience de Bordeaux

II Le Faust de Bordeaux

III Bironpolis. Incipit

III Bironpolis. Les nuages de Titien 

IV Eros à Sauvages : Les belles inconnues

IV Eros : Mélissa et les sciences politiques

VII Le Testament de Job

VIII De natura rerum. Incipit

VIII De natura rerum. Euro Urba

VIII De natura rerum. Montée vers l’Empyrée

VIII De natura rerum excipit

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Les Métamorphoses de Vivant

I Synopsis, sommaire et prologue

II Arielle Hawks prêtresse des médias

III La Princesse de Monthluc-Parme

IV Francastel, frontnationaliste

V Greenbomber, écoterroriste

VI Lou-Hyde Motion, Jésus-Bouddha-Star

VII Démona Virago, cruella du-postféminisme

 

 

 

 

 

 

Guinhut Voyages en archipel

I De par Marie à Bologne descendu

IX De New-York à Pacifica

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

Sonnets des paysages

Sonnets de l'Art poétique

Sonnets autobiographiques

Des peintres : Crivelli, Titien, Rothko, Tàpies, Twombly

Trois requiem : Selma, Mandelstam, Malala

 

 

 

 

 

 

Guinhut Trois vies dans la vie d'Heinz M

I Une année sabbatique

II Hölderlin à Tübingen

III Elégies à Liesel

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Le Passage des sierras

Un Etat libre en Pyrénées

Le Passage du Haut-Aragon

Vihuet, une disparition

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Ré une île en paradis

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Photographie

 

 

 

 

 

 

Guinhut La Bibliothèque du meurtrier

Synospsis, sommaire et Prologue

I L'Artiste en-maigreur

II Enquête et pièges au labyrinthe

III L'Ecrivain voleur de vies

IV La Salle Maladeta

V Les Neiges du philosophe

VI Le Club des tee-shirts politiques

XIII Le Clone du Couloirdelavie.com.

 

 

 

 

 

 

Haddad

La Sirène d'Isé

Le Peintre d’éventail, Les Haïkus

Corps désirable, Nouvelles de jour et nuit

 

 

 

 

 

 

 

Haine

Du procès contre la haine

 

 

 

 

 

 

 

Hamsun

Faim romantique et passion nazie

 

 

 

 

 

 

 

Haushofer

Albrecht Haushofer : Sonnets de Moabit

Marlen Haushofer : Mur invisible, Mansarde

 

 

 

 

 

 

 

Hayek

De l’humiliation électorale

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Tempérament et rationalisme politique

Front Socialiste National et antilibéralisme

 

 

 

 

 

 

 

Histoire

Histoire du monde en trois tours de Babel

Eloge, blâme : Histoire mondiale de la France

Statues de l'Histoire et mémoire

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Rome du libéralisme au socialisme

Destruction des Indes : Las Casas, Verne

Jean Claude Bologne historien de l'amour

Jean Claude Bologne : Histoire du scandale

Histoire du vin et culture alimentaire

Corbin, Vigarello : Histoire du corps

Berlin, du nazisme au communisme

De Mahomet au Coran, de la traite arabo-musulmane au mythe al-Andalus

L'Islam parmi le destin français

 

 

 

 

 

 

 

Hobbes

Emeutes urbaines : entre naïveté et guerre

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

 

 

 

 

 

 

 

Hoffmann

Le fantastique d'Hoffmann à Ewers

 

 

 

 

 

 

 

Hölderlin

Trois vies d'Heinz M. II Hölderlin à Tübingen

 

 

 

 

 

 

Homère

Dan Simmons : Ilium science-fictionnel

 

 

 

 

 

 

 

Homosexualité

Pasolini : Sonnets du manque amoureux

Libertés libérales : Homosexualité, drogues, prostitution, immigration

Garcia Lorca : homosexualité et création

 

 

 

 

 

 

Houellebecq

Extension du domaine de la soumission

 

 

 

 

 

 

 

Humanisme

Erasme et Aldo Manuzio

Etat et utopie de Thomas More

Le Pogge : Facéties et satires morales

Le Pogge et Lucrèce au Quattrocento

De la République des Lettres et de Peiresc

Eloge de Pétrarque humaniste et poète

Pic de la Mirandole : 900 conclusions

 

 

 

 

 

 

 

Hustvedt

Vivre, penser, regarder. Eté sans les hommes

Le Monde flamboyant d’une femme-artiste

 

 

 

 

 

 

 

Huxley

Du meilleur des mondes aux Temps futurs

 

 

 

 

 

 

 

Ilis 

Croisade des enfants, Vies parallèles, Livre des nombres

 

 

 

 

 

 

 

Impôt

Vers le paradis fiscal français ?

Sloterdijk : fiscocratie, repenser l’impôt

La dette grecque,  tonneau des Danaïdes

 

 

 

 

 

 

Inde

Coffret Inde, Bhagavad-gita, Nagarjuna

Les hijras d'Arundhati Roy et Anosh Irani

 

 

 

 

 

 

Inégalités

L'argument spécieux des inégalités : Rousseau, Marx, Piketty, Jouvenel, Hayek

 

 

 

 

 

 

Islam

Lettre à une jeune femme politique

Du fanatisme morbide islamiste

Dictatures arabes et ottomanes

Islam et Russie : choisir ses ennemis

Humanisme et civilisation devant le viol

Arbre du terrorisme, forêt d'Islam : dénis

Arbre du terrorisme, forêt d'Islam : défis

Sommes-nous islamophobes ?

Islamologie I Mahomet, Coran, al-Andalus

Islamologie II arabe et Islam en France

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Vérité d’islam et vérités libérales

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

Averroès et al-Ghazali

 

 

 

 

 

 

 

Israël

Une épine démocratique parmi l’Islam

Résistance biblique Appelfeld Les Partisans

Amos Oz : un Judas anti-fanatique

 

 

 

 

 

 

 

Jaccottet

Philippe Jaccottet : Madrigaux & Clarté

 

 

 

 

 

 

James

Voyages et nouvelles d'Henry James

 

 

 

 

 

 

 

Jankélévitch

Jankélévitch, conscience et pardon

L'enchantement musical


 

 

 

 

 

 

Japon

Bashô : L’intégrale des haïkus

Kamo no Chômei, cabane de moine et éveil

Kawabata : Pissenlits et Mont Fuji

Kiyoko Murata, Julie Otsuka : Fille de joie

Battle royale : téléréalité politique

Haruki Murakami : Le Commandeur, Kafka

Murakami Ryû : 1969, Les Bébés

Mieko Kawakami : Nuits, amants, Seins, œufs

Ôé Kenzaburô : Adieu mon livre !

Ogawa Yoko : Cristallisation secrète

Ogawa Yoko : Le Petit joueur d’échecs

À l'ombre de Tanizaki

101 poèmes du Japon d'aujourd'hui

Rires du Japon et bestiaire de Kyosai

 

 

 

 

 

 

Jünger

Carnets de guerre, tempêtes du siècle

 

 

 

 

 

 

 

Kafka

Justice au Procès : Kafka et Welles

L'intégrale des Journaux, Récits et Romans

 

 

 

 

 

 

Kant

Grandeurs et descendances des Lumières

Qu’est-ce que l’obscurantisme socialiste ?

 

 

 

 

 

 

 

Karinthy

Farémido, Epépé, ou les pays du langage

 

 

 

 

 

 

Kawabata

Pissenlits, Premières neiges sur le Mont Fuji

 

 

 

 

 

 

Kehlmann

Tyll Ulespiegle, Les Arpenteurs du monde

 

 

 

 

 

 

Kertész

Kertész : Sauvegarde contre l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

 

Kjaerstad

Le Séducteur, Le Conquérant, Aléa

 

 

 

 

 

 

Knausgaard

Autobiographies scandinaves

 

 

 

 

 

 

Kosztolanyi

Portraits, Kornél Esti

 

 

 

 

 

 

 

Krazsnahorkaï

La Venue d'Isaie ; Guerre & Guerre

Le retour de Seiobo et du baron Wenckheim

 

 

 

 

 

 

 

La Fontaine

Des Fables enfantines et politiques

Guinhut : Fables politiques

 

 

 

 

 

 

Lagerlöf

Le voyage de Nils Holgersson

 

 

 

 

 

 

 

Lainez

Lainez : Bomarzo ; Fresan : Melville

 

 

 

 

 

 

 

Lamartine

Le lac, élégie romantique

 

 

 

 

 

 

 

Lampedusa

Le Professeur et la sirène

 

 

 

 

 

 

Langage

Euphémisme et cliché euphorisant, novlangue politique

Langage politique et informatique

Langue de porc et langue inclusive

Vulgarité langagière et règne du langage

L'arabe dans la langue française

George Steiner, tragédie et réelles présences

Vocabulaire européen des philosophies

Ben Marcus : L'Alphabet de flammes

 

 

 

 

 

 

Larsen 

L’Extravagant voyage de T.S. Spivet

 

 

 

 

 

 

 

Legayet

Satire de la cause animale et botanique

 

 

 

 

 

 

Leopardi

Génie littéraire et Zibaldone par Citati

 

 

 

 

 

 

 

Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam

 

 

 

 

 

 

 

Libertés, Libéralisme

Pourquoi je suis libéral

Pour une éducation libérale

Du concept de liberté aux Penseurs libéraux

Lettre à une jeune femme politique

Le libre arbitre devant le bien et le mal

Requiem pour la liberté d’expression

Qui est John Galt ? Ayn Rand : La Grève

Ayn Rand : Atlas shrugged, la grève libérale

Mario Vargas Llosa, romancier des libertés

Homosexualité, drogues, prostitution

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Tempérament et rationalisme politique

Front Socialiste National et antilibéralisme

Rome du libéralisme au socialisme

 

 

 

 

 

 

Lins

Osman Lins : Avalovara, carré magique

 

 

 

 

 

 

 

Littell

Les Bienveillantes, mythe et histoire

 

 

 

 

 

 

 

Lorca

La Colombe de Federico Garcia Lorca

 

 

 

 

 

 

Lovecraft

Depuis l'abîme du temps : l'appel de Cthulhu

Lovecraft, Je suis Providence par S.T. joshi

 

 

 

 

 

 

Lugones

Fantastique, anticipation, Forces étranges

 

 

 

 

 

 

Lumières

Grandeurs et descendances des Lumières

D'Holbach : La Théologie portative

Tolérer Voltaire et non le fanatisme

 

 

 

 

 

Machiavel

Actualités de Machiavel : Le Prince

 

 

 

 

 

 

 

Magris

Secrets et Enquête sur une guerre classée

 

 

 

 

 

 

 

Makouchinski

Un bateau pour l'Argentine

 

 

 

 

 

 

Mal

Hannah Arendt : De la banalité du mal

De l’origine et de la rédemption du mal : théologie, neurologie et politique

Le libre arbitre devant le bien et le mal

Christianophobie et désir de barbarie

Cabré Confiteor, Menéndez Salmon Medusa

Roberto Bolano : 2666, Nocturne du Chili

 

 

 

 

 

 

 

Maladie, peste

Maladie et métaphore : Wagner, Maï, Zorn

Pandémies historiques et idéologiques

Pandémies littéraires : M Shelley, J London, G R. Stewart, C McCarthy

 

 

 

 

 

 

 

Mandelstam

Poésie à Voronej et Oeuvres complètes

Trois requiem, sonnets

 

 

 

 

 

 

 

Manguel

Le cheminement dantesque de la curiosité

Le Retour et Nouvel éloge de la folie

Voyage en utopies

Lectures du mythe de Frankenstein

Je remballe ma bibliothèque

Du mythe européen aux Lettres européennes

 

 

 

 

 

 

 

Mann Thomas

Thomas Mann magicien faustien du roman

 

 

 

 

 

 

 

Marcher

De L’Art de marcher

Flâneurs et voyageurs

Le Passage des sierras

Le Recours aux Monts du Cantal

Trois vies d’Heinz M. I Une année sabbatique

 

 

 

 

 

 

Marcus

L’Alphabet de flammes, conte philosophique

 

 

 

 

 

 

 

Mari

Les Folles espérances, fresque italienne

 

 

 

 

 

 

 

Marino

Adonis, un grand poème baroque

 

 

 

 

 

 

 

Marivaux

Le Jeu de l'amour et du hasard

 

 

 

 

 

 

Martin Georges R.R.

Le Trône de fer, La Fleur de verre : fantasy, morale et philosophie politique

 

 

 

 

 

 

Martin Jean-Clet

Philosopher la science-fiction et le cinéma

Enfer de la philosophie et Coup de dés

Déconstruire Derrida

 

 

 

 

 

 

 

Marx

Karl Marx, théoricien du totalitarisme

« Hommage à la culture communiste »

De l’argument spécieux des inégalités

 

 

 

 

 

 

Mattéi

Petit précis de civilisations comparées

 

 

 

 

 

 

 

McEwan

Satire et dystopie : Une Machine comme moi, Sweet Touch, Solaire

 

 

 

 

 

 

Méditerranée

Histoire et visages de la Méditerranée

 

 

 

 

 

 

Mélancolie

Mélancolie de Burton à Földenyi

 

 

 

 

 

 

 

Melville

Billy Budd, Olivier Rey, Chritophe Averlan

Roberto Abbiati : Moby graphick

 

 

 

 

 

 

Mille et une nuits

Les Mille et une nuits de Salman Rushdie

Schéhérazade, Burton, Hanan el-Cheikh

 

 

 

 

 

 

Mitchell

Des Ecrits fantômes aux Mille automnes

 

 

 

 

 

 

 

Mode

Histoire et philosophie de la mode

 

 

 

 

 

 

Montesquieu

Eloge des arts, du luxe : Lettres persanes

Lumière de L'Esprit des lois

 

 

 

 

 

 

 

Moore

La Voix du feu, Jérusalem, V for vendetta

 

 

 

 

 

 

 

Morale

Notre virale tyrannie morale

 

 

 

 

 

 

 

More

Etat, utopie, justice sociale : More, Ogien

 

 

 

 

 

 

Morrison

Délivrances : du racisme à la rédemption

L'amour-propre de l'artiste

 

 

 

 

 

 

 

Moyen Âge

Rythmes et poésies au Moyen Âge

Umberto Eco : Baudolino

Christine de Pizan, poète feministe

Troubadours et érotisme médiéval

Le Goff, Hildegarde de Bingen

 

 

 

 

 

 

Mulisch

Siegfried, idylle noire, filiation d’Hitler

 

 

 

 

 

 

 

Murakami Haruki

Le meurtre du commandeur, Kafka

Les licornes de La Fin des temps

 

 

 

 

 

 

Musique

Musique savante contre musique populaire

Pour l'amour du piano et des compositrices

Les Amours de Brahms et Clara Schumann

Mizubayashi : Suite, Recondo : Grandfeu

Jankélévitch : L'Enchantement musical

Lady Gaga versus Mozart La Reine de la nuit

Lou Reed : chansons ou poésie ?

Schubert : Voyage d'hiver par Ian Bostridge

Grozni : Chopin contre le communisme

Wagner : Tristan und Isold et l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

Mythes

La Genèse illustrée par l'abstraction

Frankenstein par Manguel et Morvan

Frankenstein et autres romans gothiques

Dracula et autres vampires

Testart : L'Amazone et la cuisinière

Métamorphoses d'Ovide

Luc Ferry : Mythologie et philosophie

L’Enfer, mythologie des lieux, Hugo Lacroix

 

 

 

 

 

 

 

Nabokov

La Vénitienne et autres nouvelles

De l'identification romanesque

 

 

 

 

 

 

 

Nadas

Mémoire et Mélancolie des sirènes

La Bible, Almanach

 

 

 

 

 

 

Nadaud

Des montagnes et des dieux, deux fictions

 

 

 

 

 

 

Naipaul

Masque de l’Afrique, Semences magiques

 

 

 

 

 

 

 

Nietzsche

Bonheurs, trahisons : Dictionnaire Nietzsche

Romantisme et philosophie politique

Nietzsche poète et philosophe controversé

Les foudres de Nietzsche sont en Pléiade

Jean-Clet Martin : Enfer de la philosophie

Violences policières et antipolicières

 

 

 

 

 

 

Nooteboom

L’écrivain au parfum de la mort

 

 

 

 

 

 

Norddahl

SurVeillance, holocauste, hermaphrodisme

 

 

 

 

 

 

Oates

Le Sacrifice, Mysterieux Monsieur Kidder

 

 

 

 

 

 

 

Ôé Kenzaburo

Ôé, le Cassandre nucléaire du Japon

 

 

 

 

 

 

Ogawa 

Cristallisation secrète du totalitarisme

Au Musée du silence : Le Petit joueur d’échecs, La jeune fille à l'ouvrage

 

 

 

 

 

 

Onfray

Faut-il penser Michel Onfray ?

Censures et Autodafés

Cosmos

 

 

 

 

 

 

Oppen

Oppen, objectivisme et Format américain

Oppen

 

Orphée

Fonctions de la poésie, pouvoirs d'Orphée

 

 

 

 

 

 

Orwell

L'orwellisation sociétale

Cher Big Brother, Prism américain, français

Euphémisme, cliché euphorisant, novlangue

Contrôles financiers ou contrôles étatiques ?

Orwell 1984

 

Ovide

Métamorphoses et mythes grecs

 

 

 

 

 

 

 

Palahniuk

Le réalisme sale : Peste, L'Estomac, Orgasme

 

 

 

 

 

 

Palol

Le Jardin des Sept Crépuscules, Le Testament d'Alceste

 

 

 

 

 

 

 

Pamuk

Autobiographe d'Istanbul

Le musée de l’innocence, amour, mémoire

 

 

 

 

 

 

 

Panayotopoulos

Le Gène du doute, ou l'artiste génétique

Panayotopoulos

 

Panofsky

Iconologie de la Renaissance

 

 

 

 

 

 

Paris

Les Chiffonniers de Paris au XIX°siècle

 

 

 

 

 

 

 

Pasolini

Sonnets des tourments amoureux

 

 

 

 

 

 

Pavic

Dictionnaire khazar, Boite à écriture

 

 

 

 

 

 

 

Peinture

Traverser la peinture : Arasse, Poindron

Le tableau comme relique, cri, toucher

Peintures et paysages sublimes

Sonnets des peintres : Crivelli, Titien, Rohtko, Tapiès, Twombly

 

 

 

 

 

 

Perec

Les Lieux de Georges Perec

 

 

 

 

 

 

 

Perrault

Des Contes pour les enfants ?

Perrault Doré Chat

 

Pétrarque

Eloge de Pétrarque humaniste et poète

Du Canzoniere aux Triomphes

 

 

 

 

 

 

 

Petrosyan

La Maison dans laquelle

 

 

 

 

 

 

Philosophie

Mondialisations, féminisations philosophiques

 

 

 

 

 

 

Photographie

Photographie réaliste et platonicienne : Depardon, Meyerowitz, Adams

La photographie, biographème ou oeuvre d'art ? Benjamin, Barthes, Sontag

Ben Loulou des Sanguinaires à Jérusalem

Ewing : Le Corps, Love and desire

 

 

 

 

 

 

Picaresque

Smollett, Weerth : Vaurien et Chenapan

 

 

 

 

 

 

 

Pic de la Mirandole

Humanisme philosophique : 900 conclusions

 

 

 

 

 

 

Pierres

Musée de minéralogie, sexe des pierres

 

 

 

 

 

 

Pisan

Cent ballades, La Cité des dames

 

 

 

 

 

 

Platon

Faillite et universalité de la beauté

 

 

 

 

 

 

Poe

Edgar Allan Poe, ange du bizarre

 

 

 

 

 

 

 

Poésie

Anthologie de la poésie chinoise

À une jeune Aphrodite de marbre

Brésil, Anthologie XVI°- XX°

Chanter et enchanter en poésie 

Emaz, Sacré : anti-lyrisme et maladresse

Fonctions de la poésie, pouvoirs d'Orphée

Histoire de la poésie du XX° siècle

Japon poétique d'aujourd'hui

Lyrisme : Riera, Voica, Viallebesset, Rateau

Marteau : Ecritures, sonnets

Oppen, Padgett, Objectivisme et lyrisme

Pizarnik, poèmes de sang et de silence

Poésie en vers, poésie en prose

Poésies verticales et résistances poétiques

Du romantisme à la Shoah

Anthologies et poésies féminines

Trois vies d'Heinz M, vers libres

Schlechter : Le Murmure du monde

 

 

 

 

 

 

Pogge

Facéties, satires morales et humanistes

 

 

 

 

 

 

 

Policier

Chesterton, prince de la nouvelle policière

Terry Hayes : Je suis Pilgrim ou le fanatisme

Les crimes de l'artiste : Pobi, Kellerman

Bjorn Larsson : Les Poètes morts

Chesterton father-brown

 

Populisme

Populisme, complotisme et doxa

 

 

 

 

 

 

 

Porter
La Douleur porte un masque de plumes

 

 

 

 

 

 

 

Portugal

Pessoa et la poésie lyrique portugaise

Tavares : un voyage en Inde et en vers

 

 

 

 

 

 

Pound

Ezra Pound, poète politique controversé par Mary de Rachewiltz et Pierre Rival

 

 

 

 

 

 

Powers

Générosité, Chambre aux échos, Sidérations

Orfeo, le Bach du bioterrorisme

L'éco-romancier de L'Arbre-monde

 

 

 

 

 

 

 

Pressburger

L’Obscur royaume, ou l’enfer du XX° siècle

Pressburger

 

Proust

Le baiser à Albertine : À l'ombre des jeunes filles en fleurs

Illustrations, lectures et biographies

Le Mystérieux correspondant, 75 feuillets

Céline et Proust, la recherche du voyage

 

 

 

 

 

 

Pynchon

Contre-jour, une quête de lumière

Fonds perdus du web profond & Vice caché

Vineland, une utopie postmoderne

 

 

 

 

 

 

 

Racisme

Racisme et antiracisme

Pour l'annulation de la Cancel culture

Ecrivains noirs : Wright, Ellison, Baldwin, Scott Heron, Anthologie noire

 

 

 

 

 

 

Rand

Qui est John Galt ? La Source vive, La Grève

Atlas shrugged et La grève libérale

 

 

 

 

 

 

Raspail

Sommes-nous islamophobes ?

Camp-des-Saints

 

Reed Lou

Chansons ou poésie ? L’intégrale

 

 

 

 

 

 

 

Religions et Christianisme

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Catholicisme versus polythéisme

Eloge du blasphème

De Jésus aux chrétiennes uchronies

Le Livre noir de la condition des Chrétiens

D'Holbach : Théologie portative et humour

De l'origine des dieux ou faire parler le ciel

Eloge paradoxal du christianisme

 

 

 

 

 

 

Renaissance

Renaissance historique et humaniste

 

 

 

 

 

 

 

Revel

Socialisme et connaissance inutile

 

 

 

 

 

 

 

Richter Jean-Paul

Le Titan du romantisme allemand

 

 

 

 

 

 

 

Rios

Nouveaux chapeaux pour Alice, Chez Ulysse

 

 

 

 

 

 

Rilke

Sonnets à Orphée, Poésies d'amour

 

 

 

 

 

 

 

Roman 

Adam Thirlwell : Le Livre multiple

Miscellanées littéraires : Cloux, Morrow...

L'identification romanesque : Nabokov, Mann, Flaubert, Orwell...

Nabokov Loilita folio

 

Rome

Causes et leçons de la chute de Rome

Rome de César à Fellini

Romans grecs et latins

 

 

 

 

 

 

 

Ronsard

Pléiade & Sonnet pour Hélène LXVIII

 

 

 

 

 

 

 

Rostand

Cyrano de Bergerac : amours au balcon

 

 

 

 

 

 

Roth Philip

Hitlérienne uchronie contre l'Amérique

Les Contrevies de la Bête qui meurt

 

 

 

 

 

 

Rousseau

Archéologie de l’écologie politique

De l'argument spécieux des inégalités

 

 

 

 

 

 

 

Rushdie

Joseph Anton, plaidoyer pour les libertés

Quichotte, Langages de vérité

Entre Averroès et Ghazali : Deux ans huit mois et vingt-huit nuits

Rushdie 6

 

Russell

De la fumisterie intellectuelle

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Russell F

 

Russie

Islam, Russie, choisir ses ennemis

Golovkina : Les Vaincus ; Annenkov : Journal

Les dystopies de Zamiatine et Platonov

Isaac Babel ou l'écriture rouge

Ludmila Oulitskaia ou l'âme de l'Histoire

Bounine : Coup de soleil, nouvelles

 

 

 

 

 

 

 

Sade

Sade, ou l’athéisme de la sexualité

 

 

 

 

 

 

 

San-Antonio

Rire de tout ? D’Aristote à San-Antonio

 

 

 

 

 

 

 

Sansal

2084, conte orwellien de la théocratie

Le Train d'Erlingen, métaphore des tyrannies

 

Schlink

Filiations allemandes : Le Liseur, Olga

 

 

 

 

 

 

Schmidt Arno

Un faune pour notre temps politique

Le marcheur de l’immortalité

Arno Schmidt Scènes

 

Sciences

Agonie scientifique et sophisme français

Transhumanisme, intelligence artificielle, robotique

Tyrannie écologique et suicide économique

Wohlleben : La Vie secrète des arbres

Factualité, catastrophisme et post-vérité

Cosmos de science, d'art et de philosophie

Science et guerre : Volpi, Labatut

L'Eglise est-elle contre la science ?

Inventer la nature : aux origines du monde

Minéralogie et esthétique des pierres

 

 

 

 

 

 

Science fiction

Philosopher la science fiction

Ballard : un artiste de la science fiction

Carrion : les orphelins du futur

Dyschroniques et écofictions

Gibson : Neuromancien, Identification

Le Guin : La Main gauche de la nuit

Magnason : LoveStar, Kling : Quality Land

Miller : L’Univers de carton, Philip K. Dick

Mnémos ou la mémoire du futur

Silverberg : Roma, Shadrak, stochastique

Simmons : Ilium et Flashback géopolitiques

Sorokine : Le Lard bleu, La Glace, Telluria

Stalker, entre nucléaire et métaphysique

Théorie du tout : Ourednik, McCarthy

 

 

 

 

 

 

 

Self 

Will Self ou la théorie de l'inversion

Parapluie ; No Smoking

 

 

 

 

 

 

 

Sender

Le Fugitif ou l’art du huis-clos

 

 

 

 

 

 

 

Seth

Golden Gate. Un roman en sonnets

Seth Golden gate

 

Shakespeare

Will le magnifique ou John Florio ?

Shakespeare et la traduction des Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

La Tempête, Othello : Atwood, Chevalier

 

 

 

 

 

 

 

Shelley Mary et Percy Bysshe

Le mythe de Frankenstein

Frankenstein et autres romans gothiques

Le Dernier homme, une peste littéraire

La Révolte de l'Islam

Frankenstein Shelley

 

Shoah

Ecrits des camps, Philosophie de la shoah

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Paul Celan minotaure de la poésie

 

 

 

 

 

 

Silverberg

Uchronies et perspectives politiques : Roma aeterna, Shadrak, L'Homme-stochastique

 

 

 

 

 

 

 

Simmons

Ilium et Flashback géopolitiques

 

 

 

 

 

 

Sloterdijk

Les sphères de Peter Sloterdijk : esthétique, éthique politique de la philosophie

Gris politique et Projet Schelling

Contre la « fiscocratie » ou repenser l’impôt

Les Lignes et les jours. Notes 2008-2011

Elégie des grandeurs de la France

Faire parler le ciel. De la théopoésie

Archéologie de l’écologie politique

 

 

 

 

 

 

Smith Adam

Pourquoi je suis libéral

Tempérament et rationalisme politique

 

 

 

 

 

 

 

Smith Patti

De Babel au Livre de jours

 

 

 

 

 

 

Sofsky

Violence et vices politiques

Surveillances étatiques et entrepreneuriales

 

 

 

 

 

 

 

Sollers

Vie divine de Sollers et guerre du goût

Dictionnaire amoureux de Venise

Sollersd-vers-le-paradis-dante

 

Somoza

Daphné disparue et les Muses dangereuses

Les monstres de Croatoan et de Dieu mort

 

 

 

 

 

 

Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

Barrett Browning et autres sonnettistes 

Marteau : Ecritures  

Pasolini : Sonnets du tourment amoureux

Phénix, Anthologie de sonnets

Seth : Golden Gate, roman en vers

Shakespeare : Six Sonnets traduits

Haushofer : Sonnets de Moabit

Sonnets autobiographiques

Sonnets de l'Art poétique

 

 

 

 

 

 

Sorcières

Sorcières diaboliques et féministes

 

 

 

 

 

 

Sorokine

Le Lard bleu, La Glace, Telluria

 

 

 

 

 

 

 

Sorrentino

Ils ont tous raison, déboires d'un chanteur

 

 

 

 

 

 

 

Sôseki

Rafales d'automne sur un Oreiller d'herbes

Poèmes : du kanshi au haïku

 

 

 

 

 

 

 

Spengler

Déclin de l'Occident de Spengler à nos jours

 

 

 

 

 

 

 

Sport

Vulgarité sportive, de Pline à 0rwell

 

 

 

 

 

 

 

Staël

Libertés politiques et romantiques

 

 

 

 

 

 

Starobinski

De la Mélancolie, Rousseau, Diderot

Starobinski 1

 

Steiner

Oeuvres : tragédie et réelles présences

De l'incendie des livres et des bibliothèques

 

 

 

 

 

 

 

Stendhal

Julien lecteur bafoué, Le Rouge et le noir

L'échelle de l'amour entre Julien et Mathilde

Les spectaculaires funérailles de Julien

 

 

 

 

 

 

 

Stevenson

La Malle en cuir ou la société idéale

Stevenson

 

Stifter

L'Arrière-saison des paysages romantiques

 

 

 

 

 

 

Strauss Leo

Pour une éducation libérale

 

 

 

 

 

 

Strougatski

Stalker, nucléaire et métaphysique

 

 

 

 

 

 

 

Szentkuthy

Le Bréviaire de Saint Orphée, Europa minor

 

 

 

 

 

 

Tabucchi

Anges nocturnes, oiseaux, rêves

 

 

 

 

 

 

 

Temps, horloges

Landes : L'Heure qu'il est ; Ransmayr : Cox

Temps de Chronos et politique des oracles

 

 

 

 

 

 

 

Tesich

Price et Karoo, revanche des anti-héros

Karoo

 

Texier

Le démiurge de L’Alchimie du désir

 

 

 

 

 

 

 

Théâtre et masques

Masques & théâtre, Fondation Bodmer

 

 

 

 

 

 

Thoreau

Journal, Walden et Désobéissance civile

 

 

 

 

 

 

 

Tocqueville

Française tyrannie, actualité de Tocqueville

Au désert des Indiens d’Amérique

 

 

 

 

 

 

Tolstoï

Sonate familiale chez Sofia & Léon Tolstoi, chantre de la désobéissance politique

 

 

 

 

 

 

 

Totalitarismes

Ampuero : la faillite du communisme cubain

Arendt : banalité du mal et de la culture

« Hommage à la culture communiste »

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Karl Marx, théoricien du totalitarisme

Lénine et Staline exécuteurs du totalitarisme

Mussolini et le fascisme

Pour l'annulation de la Cancel culture

Muses Academy : Polymnie ou la tyrannie

Tempérament et rationalisme politique 

Hayes : Je suis Pilgrim ; Tejpal

Meerbraum, Mandelstam, Yousafzai

 

 

 

 

 

 

 

Trollope

L’Ange d’Ayala, satire de l’amour

Trollope ange

 

Trump

Entre tyrannie et rhinocérite, éloge et blâme

À la recherche des années Trump : G Millière

 

 

 

 

 

 

 

Tsvetaeva

Poèmes, Carnets, Chroniques d’un goulag

Tsvetaeva Clémence Hiver

 

Ursin

Jean Ursin : La prosopopée des animaux

 

 

 

 

 

 

Utopie, dystopie, uchronie

Etat et utopie de Thomas More

Zamiatine, Nous et l'Etat unitaire

Huxley : Meilleur des mondes, Temps futurs

Orwell, un novlangue politique

Margaret Atwood : La Servante écarlate

Hitlérienne uchronie : Lewis, Burdekin, K.Dick, Roth, Scheers, Walton

Utopies politiques radieuses ou totalitaires : More, Mangel, Paquot, Caron

Dyschroniques, dystopies

Ernest Callenbach : Ecotopia

Herland parfaite république des femmes

A. Waberi : Aux Etats-unis d'Afrique

Alan Moore : V for vendetta, Jérusalem

L'hydre de l'Etat : Karlsson, Sinisalo

 

 

 

 

 

 

Valeurs, relativisme

De Nathalie Heinich à Raymond Boudon

 

 

 

 

 

 

 

Vargas Llosa

Vargas Llosa, romancier des libertés

Aux cinq rues Lima, coffret Pléiade

Littérature et civilisation du spectacle

Rêve du Celte et Temps sauvages

Journal de guerre, Tour du monde

Arguedas ou l’utopie archaïque

Vargas-Llosa-alfaguara

 

Venise

Strates vénitiennes et autres canaux d'encre

 

 

 

 

 

 

 

Vérité

Maîtres de vérité et Vérité nue

 

 

 

 

 

 

Verne

Colonialisme : de Las Casas à Jules Verne

 

 

 

 

 

 

Vesaas

Le Palais de glace

 

 

 

 

 

 

Vigolo

La Virgilia, un amour musical et apollinien

Vigolo Virgilia 1

 

Vila-Matas

Vila-Matas écrivain-funambule

 

 

 

 

 

 

Vin et culture alimentaire

Histoire du vin et de la bonne chère de la Bible à nos jours

 

 

 

 

 

 

Visage

Hans Belting : Faces, histoire du visage

 

 

 

 

 

 

 

Vollmann

Le Livre des violences

Central Europe, La Famille royale

Vollmann famille royale

 

Volpi

Volpi : Klingsor. Labatut : Lumières aveugles

Des cendres du XX°aux cendres du père

Volpi Busca 3

 

Voltaire

Tolérer Voltaire et non le fanatisme

Espmark : Le Voyage de Voltaire

 

 

 

 

 

 

 

Vote

De l’humiliation électorale

Front Socialiste National et antilibéralisme

 

 

 

 

 

 

 

Voyage, villes

Villes imaginaires : Calvino, Anderson

Flâneurs, voyageurs : Benjamin, Woolf

 

 

 

 

 

 

 

Wagner

Tristan und Isolde et l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

 

Walcott

Royaume du fruit-étoile, Heureux voyageur

Walcott poems

 

Walton

Morwenna, Mes vrais enfants

 

 

 

 

 

 

Welsh

Drogues et sexualités : Trainspotting, La Vie sexuelle des soeurs siamoises

 

 

 

 

 

 

 

Whitman

Nouvelles et Feuilles d'herbes

 

 

 

 

 

 

 

Wideman

Trilogie de Homewood, Projet Fanon

Le péché de couleur : Mémoires d'Amérique

Wideman Belin

 

Williams

Stoner, drame d’un professeur de littérature

Williams Stoner939

 

 

Wolfe

Le Règne du langage

 

 

 

 

 

 

Wordsworth

Poésie en vers et poésie en prose

 

 

 

 

 

 

 

Yeats

Derniers poèmes, Nôs irlandais, Lettres

 

 

 

 

 

 

 

Zamiatine

Nous : le bonheur terrible de l'Etat unitaire

 

 

 

 

 

 

Zao Wou-Ki

Le peintre passeur de poètes

 

 

 

 

 

 

 

Zimler

Lazare, Le ghetto de Varsovie

 

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