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18 avril 2015 6 18 /04 /avril /2015 12:24

 

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Le totalitarisme pas à pas ;

 

ou la grande oreille du renseignement.

 

 

 

      Au secours, l’Etat est devenu fou. Une grêle de lois s'abat sur la France. Mais c’est pour notre bien. « Dès lors, on ne fit pas seulement des lois pour tous, on en fit souvent contre un seul ; et plus la République était corrompue, plus les lois se multipliaient[1] », disait déjà l’historien Tacite au second siècle de notre ère. L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on. Loi sur le renseignement, interdiction des propos racistes, antisémites, islamophobes et xénophobes, sécurité sociale obligatoire, tiers-payant généralisé : l’ombre d’un totalitarisme soviétoïde et national-socialistoïde s’étend sur la France. Ainsi le Renseignement, cette vaste oreille le couteau de la censure entre les dents, censé nous protéger du terrorisme, devient une grande cause de Sécurité sociale. La lecture de L'Esprit des lois de Montesquieu serait-elle salutaire ?

 

      Un Persan de Montesquieu serait aujourd'hui stupéfait par la France. Les lois coercitives bourgeonnent à plaisir. Un problème, et hop une taxe, une contrainte et une interdiction. Interdire les mannequins trop maigres sur les podiums de la mode, interdire les distributeurs de boissons sucrées, interdire le portable au volant, obliger au contrôle technique tous les deux ans, interdire de fumer en présence d’un mineur en son habitacle, interdiction des marques sur les paquets de cigarettes, interdiction du cannabis, interdiction des bâches publicitaires sur les monuments historiques en réfection, limiter le nombre de stagiaires en entreprise, imposer 153 taxes diverses à ces mêmes entreprises. Pendant ce temps les réels délits contre les biens et les personnes, les crimes, ne sont pas poursuivis, ou avec de dommageables retards. Ainsi, pour reprendre Montesquieu, « les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires[2] ».

            La loi santé, sous couvert de rembourser sans peine les Français lors de leurs consultations et soins, ne vise qu’à étatiser au dernier degré la médecine, contrôler (c’est déjà fait) leurs tarifs, salarier comme des fonctionnaires captifs les médecins, afin que rien n’échappe à l’emprise totalitaire socialo-communiste, conjointement avec l’étau d’une Sécurité sociale obligatoire, aux dépens d’une liberté de choisir son thérapeute, de s’assurer auprès des organismes privés et concurrentiels de son choix, comme cela se pratique dans la plupart des pays européens, et qui est d’ailleurs en contradiction flagrante avec les lois européennes sur le respect de la concurrence.

       Mieux et pire, les lois sur le renseignement et la « lutte contre les propos racistes, antisémites et xénophobes » vont la main dans la main, dans leur impeccable et perfide collaboration.

 

Photo : T. Guinhut.

 

      Qu’il faille permettre à l’Etat de traquer le terrorisme, soit. Entre internet, les réseaux sociaux et les messages privés, il est loin d’être impossible que se cachent des informations permettant d’arrêter des criminels, d’empêcher que se produisent des attentats terroristes. Il serait idiot, voire suicidaire, de se priver de ces sources pour assurer notre sécurité, qui est aussi notre première liberté. Mais à la condition expresse que tout contenu sans rapport direct et avéré avec ces imputations soit effacé des grandes mémoires du Renseignement. Que les lois sur le Renseignement ne puissent être en aucun cas utilisées pour une autre fin au service d’un despotisme larvaire et à venir. Sans compter que le 13 avril dernier, seuls 35 députés étaient là pour débattre d’un projet de loi à la merci des thuriféraires les plus activistes d’un gouvernement attentatoire aux libertés. Bientôt, il sera parfaitement légal, d’écouter et épier, micros et caméras cachées, chacun d’entre nous, sans requérir l’autorisation d’un Juge. Outre que notre confiance en la justice est déjà sérieusement écornée, celle que nous pourrions avoir envers d’anonymes larbins zélés de la police étatique reste de l’ordre de la plus saine méfiance scandalisée. Notons par ailleurs que cette loi s’adresserait non seulement aux actes terroristes, donc aux propos dits terroristes, mais serait également dédié au service des intérêts économiques de la France. Disons-le tout net, de façon à ce que chacun, jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat, l’entende j’ai bien envie d’acheter israélien, allemand et américain (malgré la NSA), chilien, plutôt que qatari, voire français ! L’espionnage en ligne d’une prolifique police politique serait donc acté ! Rassurons-nous néanmoins, il n’est pas sûr que ces espions sachent lire notre prose, puisqu’ils ont désappris de lire L’Esprit des lois de Montesquieu, avec un projet de loi de plus qui n’en a plus (d’esprit, pour mettre les points sur les i). Le ridicule ne dégonfle pas l’outrecuidance étatique et socialiste, d’autant qu’une telle surveillance gonflée de milliards de données, même soigneusement filtrées par des logiciels intelligents, n’a statistiquement guère de chance de trouver l’aiguille terroriste dissimulé par la taqiya dans les camions de foin de l’Islam, religion de paix et d’amour que l’on sait.

      Qu’il faille réprimer les actes antijuifs, antimusulmans, anti tout ce que l’on voudra lorsqu’il s’agit de dégradations, d’atteintes à la propriété, de coups et blessures, personne n’en doute. Que la courtoisie la plus élémentaire et la plus humaniste nous invite à respecter l’humanité d’autrui quelque soit sa couleur de peau, sa religion, son origine géographique, soit. Quant à réprimer « tout propos haineux », voilà qui devient plus délicat. Il est certes désagréable d’en être la victime. Mais voilà qui n’entraîne aucune lésion physique sur les personnes et les biens. Outre que les vices (ici la colère) ne sont pas des crimes, à partir de quel degré de vocabulaire, vulgaire ou raffiné, le législateur va-t-il sévir, engorgeant les tribunaux qui ont bien d’autres chefs d’accusation à fouetter ? Une insulte aussi grossière que stupide sur Facebook, une généralisation abusive (« les … sont tous des … »), une argumentation raisonnée, discutable, faillible, assise sur des faits, des textes, contrevenant aux préjugés, au politiquement correct ? La critique d’une religion, voire la citation de ses versets ordonnant le meurtre et la crucifixion de tous ceux qui ne partagent pas un tel entre soi totalitaire, sera-t-il un « propos » haineux, islamophobe ?

      Oh la vilaine blague et insulte raciste, alors que les scientifiques savent pertinemment que les races humaines n’existent pas, si nous entendons ce qu’il ne faut pas entendre, que les noirs et les musulmans représentent 70 % des locataires des maisons d’arrêt françaises, que je n’aime pas le chocolat blanc, qu’un arrière-natif de l’Afrique ou de la Creuse a omis d’utiliser son gel douche…

      Quant au racisme anti-blanc, quand à la christianophobie : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir » ! disait le Tartuffe. La tartufferie va jusqu’à taxer d’actes de « déséquilibrés » les crimes judéophobes, les dégradations de cimetières, les profanations et les incendies d’églises. Surtout ne pas dire qu’il s’agit d’une guerre de religion, surtout ne pas désigner le coupable, par niaiserie tiersmondiste, par peur d’une religion intrusive et totalitaire, par islamophobie rentrée enfin.

      Bientôt notre Etat Monsieur Propre, combattant d’une main le terrorisme islamiste sur notre sol et hors-sol, aura achevé, au moyen de son autre main, de financer, via nos collectivités locales, conjointement avec les Qatar et autres nids salafistes nourris aux pétrodollars, la construction du double des 2000 mosquées déjà construites et actives, aura contribué aux rets étroits d’un Islam « de » France, aura définitivement fermé les yeux et les oreilles sur les poches de charia exponentielles qui mitent notre territoire et les libertés.

Photo : T. Guinhut.

 

      Faudra-t-il alors condamner la lecture de Montesquieu, qui, en son fleuron des Lumières, en son Esprit des lois, affirme « que le gouvernement modéré convient mieux à la religion chrétienne, et le gouvernement despotique à la mahométane » ? Que « la religion mahométane, qui ne parle que de glaive, agit sur les hommes avec cet esprit destructeur qui l’a fondée[3] » ?

      Haïr, ou, plus simplement, ne pas aimer, refuser, quelque irrationnel et mal élevé que ce soit, reste-t-il de l’ordre de la liberté d’expression ou de l’injure caractérisée ? Il faudra au législateur, aux associations dénonciatrices, au juge, à l’Etat in fine, bien du zèle collabo, bien du discernement sémantique et philosophique pour trancher. Ne doutons pas que leur compétence éclairée sera sans faille, aussi efficace que la gestion de l’économie et du chômage par notre bel et bon, saint et vénéré Etat, tel qu’il se perfectionne depuis trois décennies pour le bien de ses citoyens choyés. Encore une fois, notre Etat oublie d’entendre Montesquieu, lui qui stipule « qu’il ne faut pas décider par les principes des lois civiles les choses qui appartiennent au droit des gens[4] ».

      Un gigantesque magnétophone contre xénophobie et antisémitisme, un gigantesque Observatoire contre l’islamophobie étendent leurs filets sur les langues, sur les sites internet, les messages de nos smartphones, les propos de comptoir, bientôt les titres de nos bibliothèques publiques et privées… Nous nous aimerons tous la langue ligotée. Nous nous entrelécherons tous les papilles avec des propos aimants. Gare aux langues et aux claviers récalcitrants ! Ce sera législatif, financé (100 millions d’euros pris au fond de nos poches contribuables à merci), répressif. Et pédagogique, vous dis-je ! Comme lorsque les programmes du collège à venir ne stipulent parmi l’étude des religions qu’une seule obligatoire, l’Islam, quand le Christianisme ne doit guère mettre en avant ses réalisations morales, intellectuelles et artistiques ; n’ordonnent que l’étude de l’esclavage (européen bien sûr) et de la colonisation (forcément abjecte) aux dépens des Lumières optionnelles…

      Pédagogique, vous dis-je ! Comme un conte de bonne maman à l’usage des citoyens : « Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles ! – C’est pour mieux écouter, mon enfant. – Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux ! – C’est pour mieux voir, mon enfant. –Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents ! –C’est pour te manger ![5] » Et en disant ces mots, le méchant Etat se jeta sur le petit citoyen, et le mangea.

      La cause est entendue. Taisons nous donc. Les grandes oreilles de l’Etat-Dumbo nous écoutent. Big ear is watching you, aurait chuchoté Orwell, réécrit par Edward Snowden[6]. Vous ne m’avez pas entendu. Je n’ai rien dit. D’ailleurs « je » n’existe plus. « Dire » n’existe plus. « Rien » n’est même plus une chose. Les lois n'ont plus d'esprit. Seul reste le silence des tombes profanées. Mais remboursées par la Sécurité sociale en faillite…

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 


[1] Tacite : Annales, II, XXVII, Garnier, sans date, p 155.

[2] Montesquieu : L’esprit des lois, XXIX, XVI, Garnier 1961, t II, p 293.

[3] Montesquieu : ibidem, XXXIV, III, p 135 et 137.

[4] Montesquieu : ibidem, XXVI, XX, p 189.

[5] Charles Perrault : Le Petit Chaperon rouge, Contes des fées, Le Livre Club du Libraire, 1957, p 25.

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9 avril 2015 4 09 /04 /avril /2015 17:29

 

Lichen sur une épave, Marais de La Groie, Saint-Clément, Île de Ré.

Photo : T Guinhut.

 

 

 

 

Tout peut changer, sauf Naomi Klein :

 

Le manichéisme à l’assaut du capitalisme.

 

et à la rescousse du changement climatique.

 

 

Naomi Klein : Tout peut changer. Capitalisme & changement climatique,

traduit de l’anglais (Canada)

par Geneviève Boulanger et Nicolas Calvé,

Actes Sud / Lux, 640 p, 24,80 €.

 

 

 

      Plus tenace qu’un lichen indicateur d’absence de pollution, Naomi Klein récidive avec virulence. Au moins on ne peut lui reprocher ni son manque de constance, ni son avancée parmi de nouveaux champs politiques. Faux courage en fait que celui d’enfoncer avec vigueur des portes déjà ouvertes, de marteler les thèses à l’emporte-pièce, de statufier la doxa anticapitaliste de l’or blanc dont on fait les mausolées de marbre rouge. C’est là son troisième ouvrage de poids, cette fois pour nous persuader, si nous n’avions pas déjà connaissance de l’évidence, que le climat est à l’agonie, que la planète terre frôle l’apocalypse, et qu’il suffit de pourfendre l’éternel chevalier noir qu’est le capitalisme toujours coupable, pour que notre blanche chevalière soit le héraut du rétablissement de la pureté écologique ! Si l’on ne peut que saluer les qualités d’opiniâtreté et d’investigation de l’ambitieuse essayiste, il faut se résoudre à dénoncer son manichéisme, ses prémisses et conclusions hallucinées.

      La passionaria de l’anticapitalisme militant avait fourbi ses armes avec le fer anti-mondialisation en publiant un lourd opus, No logo[1], qui se voulait dénoncer la dictature des marques. Il suffisait de penser un instant que le consommateur peut cesser de consommer tel produit et d’afficher son crocodile, peut créer à son tour marques et non-marques, pour voir tout cet édifice pseudo-intellectuel s’écrouler dans le ridicule. C’est alors qu’elle fomenta La Stratégie du choc[2] qui fustigeait les politiques d’austérité, sans prendre conscience que nous ne souffrions pas de trop de capitalisme, mais de trop d’étatisme. Il lui restait assez de clairvoyance pour constater que les stratégies économiques et politiques n’étaient évidemment ni celles des tendres, ni celles de purs esprits seulement préoccupés du bien des populations. On est en droit aujourd’hui de se demander si cette clairvoyance n’avait qu’un œil d’aveugle, qui aurait pris chaud un jour de sursaut climatique.

      Qu’il existe des catastrophes climatiques, personne ne peut le nier. Là Naomi Klein joue sur du velours. Inondations immenses par le Mississipi ou le Brahmapoutre, assauts marins contre les côtes en Vendée… Cependant, si l’on excepte pour le second cas la déforestation excessive des pentes, bien présomptueux celui qui ferait un lien avéré de cause à effet entre l’activité humaine et ces désastres. L’urbanisation des rives, des côtes et des deltas, de plus en plus intensive, multiplie les dégâts, alors que l’Histoire ne se prive pas de mentionner, depuis le mythique déluge, des pluies, des tornades et typhons, des sécheresses, des hivers terribles. Si l’on relit l’Histoire du climat d’Emmanuel Leroy-Ladurie[3], n’apprend-on pas qu’un optimum climatique régna pendant le chaud Moyen-âge, que la Loire gelait, que le vin gelait dans les barriques, sous Louis XIV, lorsqu’une longue période froide s’abattit sur l’Europe. Sans que la main visible de l’homme y fut pour quelque chose, y compris depuis la fonte des glaciers, avérée depuis la fin du XVIIIème siècle.

      Qu’il existe également des déprédations immenses sur le paysage, du fait de vastes entreprises capitalistes, là il faut l’avouer, le dénoncer avec Naomi Klein : les sables bitumineux exploités comme par un bulldozer chtonien dans l’Alberta sont hélas assez impressionnants pour l’attester. Mais les décisions des gouvernements, prétendument écologiques, sont parfois pires que le mal contre lequel ils veulent lutter : fermer les centrales nucléaires allemandes après Fukushima est aussi irrationnel que contreproductif. En effet les centrales thermiques au charbon, les mines de lignite (dont l’une est aussi vaste dans la Rhur que la ville de Lyon) entraînent une pollution au CO2 et aux particules fines sans précédent, si l’on excepte les temps révolus du smog en Angleterre, des pluies acides venues des industries de l’ex-Allemagne de l’est.

      Le remède prôné par Naomi Klein est le suivant : « planifier et interdire ». Que l’on se laisse persuader avec elle par l’accumulation des agressions environnementales commises par les grandes entreprises d’extraction des combustibles fossiles est une chose, mais il est à craindre que le remède soit pire que le mal. Que l’on souhaite avec elle que les individus et les entreprises autogérées prennent en main la production d’autres énergies, certes, mais il faut la convaincre (quoiqu’à l’idéologue nulle argumentation ne sera audible) qu’il s’agit là de ce qu’elle abhorre : la « main invisible » du marché et du libéralisme.

      Les « guerriers du climat », les « zadistes » de la « Blocadie », sont les élus du cœur militant et rougeoyant de Naomi Klein. Que le droit naturel et celui de la propriété doivent se défendre contre une agression environnementale, nous en conviendrons. Mais nous ne sommes pas sûr qu’avec de tels acteurs que ce soit « l’amour qui sauvera la planète » (oui, il s’agit bien du titre d’une des parties de cet opus).

      De Tchernobyl à la mer d’Aral, en passant par la Chine, les pays communistes ont été et sont les pires pourvoyeurs de pollution et de destruction des espaces naturels et humains. Parce qu’un projet collectiviste chapeauté par un parti totalitaire avait pris des décisions aberrantes. Si les pays capitalistes ne sont pas à l’abri de décisions politiques et économiques aux conséquences désastreuses, ce qu’il reste de démocratie ainsi que les multiplicités des acteurs économiques indépendants, des consommateurs et propriétaires privés des terrains peuvent avoir voix au chapitre pour contester et porter des initiatives plus propices à un espace écologique vivable et productif. C’est en fait ce que réclame Noami Klein, mais sous le drapeau d’un projet iréniquement totalisant, voire absolument totalitaire : « sous l’égide d’un programme cohérent destiné à protéger l’humanité à la fois des ravages d’un système économique d’une injustice féroce et d’un système climatique déstabilisé ». Pourtant, elle n’est pas sans reconnaître « une peur légitime envers ce que certains appellent le fascisme vert ».

      Comment, dans un combat capitalisme contre climat, ce dernier donné gagnant à cent contre zéro, peut-on asséner un tel pavé sur la tête du lecteur en faisant précéder le parti-pris, la foi, avant l’enquête ? Comment en des matières aussi complexes et incertaines que le climat, qui plus est l’anticipation climatique, peut-on foncer bille en tête, sans nuances ni concessions, avec tant d’immodestie péremptoire, d’hubris en un mot ? Sans compter que l’anticapitalisme primaire, soviétoïde, libertaire, idéaliste en diable, aurait dû faire long feu, du moins pour tout cerveau doué d’un minimum de raison et de capacités d’observation de la réalité qui nous entoure…

 

 

      On n’a pas vu l’Ile de Ré, si basse sur l’eau, être submergée par la fonte des glaciers. Car si la banquise arctique s’est considérablement réduite depuis quelques décennies (ce qui n’a aucune influence sur le niveau des mers), mais semble depuis peu s’étendre de nouveau, si les glaciers, dont ceux du Groenland diminuent bien, la calotte glaciaire antarctique, elle, atteint des surfaces de plus en plus étendues. Si le siècle précédent a vu la température planétaire très légèrement s’affoler, on observe depuis deux décennies une stabilisation.

      Aussi, la foi apocalyptique du GIEC en un réchauffement climatique inexorable ne cesse de gagner des affidés, malgré les bidouillages de données, malgré l’évidence de leur industrie intellectuelle au service de leur propre domination sur les esprits et les subventions qui ne submergent que leur modestie scientifique.

      Quoique souvent ostracisés, et au premier chef par Naomi Klein, les climato-sceptiques ne sont pas que des abrutis ou d’affreux capitalistes qui s’en mettent plein les poches en sifflant « advienne que pourra ». Pourtant l’on sait bien que la longue histoire de la planète a connu bien des alternances de réchauffements tropicaux, de glaciations, aux conséquences bien pires que celles d’aujourd’hui pour les créatures vivantes. Les taux de CO2 ont pu être parfois supérieurs grâce aux seules activités de la nature. Sans compter que l’augmentation de ce taux a pour conséquence heureuse un reverdissement visible par satellite, donc une activité agricole plus propice.

      Qui, hors les associations et politiques écologistes, les scientifiques arrosés de financements destinés à gonfler leurs études acquises à la thèse du réchauffement anthropique, profite donc de la manne venue des taxations et des décisions publiques ? Eh bien le capitalisme de connivence avec les Etats et les organisations internationales, au détriment du capitalisme réellement libéral, et in fine, du consommateur et du citoyen attaché à la qualité de son environnement. Ainsi, nous risquons nous seulement de plomber notre économie, mais de retarder les recherches qui mènent à de nouvelles énergies aussi propres que rentables. La science, pourtant déontologiquement sceptique,  devient l’otage d’une doxa idéologique, dans le cadre d’une guerre contre la science[4]

      On ne peut douter que des lobbys politiques encouragent les réchauffistes, alors même que des lobbys industriels attachés aux énergies fossiles financent des climato-sceptiques... Que penser des scientifiques qui, au contraire, observant en particulier les cycles de l’activité solaire, prédisent une mini ère glaciaire à venir ? Si cela s’avérait vrai, ne doutons pas que le coupable serait tout désigné. Qui donc ? Mais bon sang, c’est bien sûr : le capitalisme lui-même tel que l’éternité le change…

      Ce sont pourtant des entreprises tout ce qu’il y a de plus capitalistes et de plus innovantes (que la « main invisible du marché soit louée !) qui inventent des composants photovoltaïques de plus en plus performants, des exploitations du gaz de schiste de plus en plus inoffensives, des moyens de recycler le pétrole, le plastique, y compris celui flottant sur les océans. Bientôt, n’en doutons pas, nos transports n’aurons plus besoin des énergies fossiles, mais d’hydrogène, d’eau, de thorium. Qui sait ce que demain inventera pour nos villes et nos forêts soient bien plus vivables…

        Est-ce à dire qu’il ne faut pas lire Naomi Klein ? Certes non. Mais avec l’œil du sceptique scientifique et politique. On lui saura gré d’accumuler des exemples de ravages de l’activité humaine sur la nature et sur la santé humaine. De dénoncer « le commerce de la pollution ». D’offrir les apparences d’une livre savant bourré de notes. Et de cirer la langue de bois, entre « décombres du néolibéralisme » et « forces progressistes ». Nous avions déjà signalé combien le discours écologiste n’avait fait que verdir les vieux habits rouge du marxisme léninisme[5], il est à craindre que le nouveau livre de messe de Naomi Klein en soit une plus indigeste preuve qu’espéré…

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 


[1] Naomi Klein : No logo. La tyrannie des marques, Actes Sud, 2001.

[2] Naomi Klein : La Stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre, Actes Sud / Leméac, 2008.

[3] Emmanuel Le Roy Ladurie : Histoire du climat depuis l’an mil, Flammarion, 1967.

[5] Voir : Pour une archéologie de l'écologie politique : d'Ovide et Rousseau à Sloterdijk

 

Anse du Martray, La Couarde, Île de Ré. Photo : T Guinhut.

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3 avril 2015 5 03 /04 /avril /2015 18:10

 

Boileau Despréaux, éd. De Saint-Marc, Changuion, Amsterdam, 1772.

Photo : T Guinhut.

 

 

 

 

 

De la bibliothèque perdue

 

aux bibliothèques de fiction,

 

jusqu’à leur crépuscule :

 

Walter Mehring, Daniel Ménager & Virgile Stark.

 

 

Walter Mehring : La Bibliothèque perdue, traduit de l’allemand

par Gilberte Marchegay, Les Belles Lettres, 2014, 272 p, 15 €.

 

Daniel Ménager : Le Roman de la bibliothèque, Les Belles Lettres, 2014, 336 p, 25,50 €.

 

Virgile Stark : Crépuscule des bibliothèques, Les belles Lettres, 2015, 210 p, 17 €.

 

Virgile Stark : Les Miscellanées d’un bouquineur,

Les belles Lettres, 2022, 160 p, 17,70 €.

 

 

      Tuer un homme c’est tuer un livre, dit-on. Qu’en est-il du meurtre d’une bibliothèque ? N’est-ce pas un génocide, comme celui de six millions de Juifs effacés, avec une égale constance, par la barbarie nazie… Walter Mehring, narrateur et polémiste brillant, a réchappé d’un autodafé qui n’a pas acquitté la bibliothèque paternelle perdue, pourtant apogée d’une civilisation. Comment la retrouver, sinon en érigeant un livre à sa mémoire ? À moins d’avoir recours, comme Daniel Ménager, aux bibliothèques de la fiction, celles que recèlent les romans, sous les yeux et les doigts de leurs personnages. Quoiqu’il soit à craindre que nous n’ayons plus rien sous les doigts, à l’occasion de la révolution numérique, et que s’éteigne jusqu’au Crépuscule des bibliothèques, pour lesquelles le pamphlet de Virgile Stark, bouquineur impénitent, n’est qu’une triste et revigorante alarme-incendie. Bibliothèque charnelle ou immatérielle ?

 

       La remémoration autobiographique de Walter Mehring, en sa Bibliothèque perdue, est à la fois nostalgique, tragique et enjouée. L’évocation du père, haute figure d’intellectuel socialiste et progressiste incarne une éthique humaniste européenne. Son côté didactique et donneur de leçons est traité avec une tendre insolence, mais finalement avec vénération : « assuré par le pacte qu’il avait conclu avec le socialisme d’être respecté des forces obscures issues des bas-fonds de la société, il s’était promis d’exorciser les cieux étoilés aussi bien que cette infernale contrainte morale qui l’habitait ». Lorsqu’il décède d’un coup, l’édition originale de la Critique de la raison pure de Kant à la main, Walter parait d’abord ne guère se soucier de l’héritage ; mais avec la montée de ce national-socialisme qu’est le fascisme, la conscience du trésor volubile, accumulé comme à la parade, pour protéger l’humanité se fait plus prégnante : « j’avais été chassé du domaine de la culture à son apogée par des barbares méthodiques, des cannibales en uniforme,  des adorateurs de l’idole la plus basse que le XIXème eût stigmatisée et contre laquelle mon père avait donné libre cours à son ironie ». Comment tromper les douaniers quant au contenu des caisses déménagées de Berlin à Vienne, sinon en exhibant les Grecs et les Latins, pour mieux dissimuler les volumes anathèmisés par le Troisième Reich : livres écrits par des Juifs, des poètes « dégénérés », des philosophes libéraux…

      Autant qu’un récit, ce volume polymorphe est cependant une sorte d’essai : les pages dévorées par les flammes revivent grâce à la fébrilité et l’enthousiasme de l’écriture de Mehring ; même si, non sans raison, il n’est pas toujours indulgent envers ceux qui n’échappèrent pas à l’autodafé : « Les marxistes et les freudiens refusent également à l’art la joie de vivre », ce qui s’applique de surcroit aux nazis, dont il disloque l’argumentation simpliste avec vigueur.

      De « l’abbaye de Thélème » venue de Rabelais, en passant par La Bataille des livres chère à Swift, sans oublier ni « Babel » ni la « vanité littéraire », les rayonnages encombrés de richesses, comme alvéoles du cerveau de la culture humaine, suscitent un flot de références, d’allusions et de métaphores. Malgré la relative modestie de la pagination du volume mémoriel de Mehring, il ambitionne « le livre universel ». La « chute aux enfers de la bibliothèque », constituée de bien des classiques, d’ouvrages érotiques, « anticapitalistes, anticléricaux »,  mais aussi de l’antisémite Protocole des sages de Sion, précède alors une résurrection, non des corps, mais des âmes des livres.

      Paru en 1951 dans une traduction anglaise, puis en allemand en 1952, et en français en 1958 dans une édition depuis longtemps épuisée (Les Lettres nouvelles) ce volume mémoriel est l’acmé de l’œuvre de Walter Mehring (1896-1981), d’abord dadaïste et poète. Collaborateur de la revue Der Sturm (La Tempête), il fut un des ténors de l’expressionisme, avant de se livrer à une critique ardente du national-socialisme incarné par Hitler. Guère en odeur de sainteté auprès du régime, il ne dut son salut qu’à son exil, en 1933. Et son salut littéraire avec ce livre profondément original, écrit aux Etats-Unis, qui parvient avec brio à malaxer en sa prose les talents de l’autobiographe et de l’essayiste ; ce que souligne le sous-titre : « Autobiographie d’une culture ». La vivacité du ton exhume l’urgence d’une mémoire qui doit rétablir la vérité autant que ramener au présent l’entier d’une bibliothèque, allégorie d’une civilisation humaniste à réinvestir.

      Il y a un présent éternel pour les bibliothèques, même détruites, dans la mémoire des livres, essais ou romans. Ainsi, Daniel Ménager, dans Le Roman de la bibliothèque, ne peut évoquer, en sa page 116, celle perdue de Mehring que comme, désormais, une fiction.

      Les bibliophiles, outre leurs trésors reliés, n’aiment rien tant que retrouver les livres dans les catalogues de libraires ; mais aussi dans les fictions qui foisonnent au rayon littérature. Et maintenant parmi un essai dans lequel Daniel Ménager explore ces bibliothèques imaginaires habitées par les personnages ; où se jouent parfois des épisodes cruciaux.

      Comment sont rangés les volumes que fréquentent les romanesques héros ? Chez Céline et Rabelais se trouve un « désordre jubilatoire ». En revanche, l’ordre est source autant des plaisirs de l’accessible connaissance que de dangers, surtout si l’on y cache « les fruits défendus ». Ainsi les jeunes gens de Stendhal, les jeunes amoureux d’Ada ou l’ardeur de Nabokov savent que là se rencontrent les corps et les mots, unissant « amour et bibliothèque ». En revanche, Hoffmann, Nodier ou France « montrent que la bibliothèque n’est vraiment fascinante que grâce à des figures féminines rêvées, fantasmées, et souvent sorties des livres eux-mêmes ».

      Deux figures incontournables attirent l’attention sur ce qui menace le plus les bibliothèques : le feu. Chez Elias Canetti, dans Auto-da-fé, le professeur Kien, rattrapé par la populace pré-nazie, voit brûler ses milliers de volumes ; chez Umberto Eco, dans Le Nom de la rose, l’aveugle bibliothécaire Jorge incendie le blasphématoire traité d’Aristote sur le rire et par voie de conséquence l’abbaye entière.

      Aux confins du voyage parmi l’histoire littéraire, l’essayiste se penche sur un romancier très contemporain : Murakami, qui permet dans Kafka sur le rivage, qu’un « jeune garçon fugueur découvre une bibliothèque commémorative ». La culture encyclopédique et la sensibilité de notre universitaire font sans cesse merveille, tant son écriture est fluide, tant son érudition est amicale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      À moins que ni Walter Mehring, ni Daniel Ménager ne soient plus lus par personne, parmi Le Crépuscule des bibliothèques. Car, cela n’a pas échappé à Virgile Stark, bibliothécaire de son état, qui a passé dix ans dans les soutes de la parisienne BNF (on admirera l’acronyme vidé de son sens), on n’y vient plus guère lire. Il s’agit là des bibliothèques publiques, dont les halls ne sont bientôt plus que fauteuils joliment avachis et nouvelles technologies aux brillantes obsolescences vitrées. Quelques « usagers » se servent des lieux comme d’un cyber-café où l’on vient consulter Internet, brancher son IMac, surfer sur son ordi ou tripoter son smartphone. Au point même que « le taux d’utilisation des ordinateurs est étonnamment faible ». Le suréquipement a conduit à une fortune jetée par les fenêtres des lieux de savoir qui ne savent plus pour grand monde. Entre les lointains rayonnages, où s’ennuient les volumes inconsultés, quelques tables reçoivent des étudiants révisant leurs cours. Par fugitive exception, un antédiluvien feuillette des pages encrées et rassemblées sous un cartonnage de format approximativement carré (une encombrante vieillerie certainement). Ce qu’a constaté le modeste auteur de ces lignes parmi les bibliothèques universitaires de La Rochelle et Poitiers, celle municipale de Poitiers encore, si vilainement nommée « Médiathèque François Mitterrand » (où l’on thèque les médias et où il n’existe même pas de catalogue exhaustif du fonds ancien, et du nom d’un mauvais plumitif à l’idéologie suspecte), celle parisienne enfin où officia Virgile Stark, parmi les quatre tours à l’architecture soviétisante, heureusement dotée de belles salles de lectures aux rayonnages généreux et cependant solitaires…

      Car Le Crépuscule des bibliothèques, au fil des pages autodégradables du pamphlet que l’on ne veut pas entendre, c’est abandonner sans regret, avec jubilation, le vieux livre pour s’engouffrer dans le jeunisme numérique, wikipédiesque et jeuvidéastique… Pour l’essayiste virulent, c’est le technocrate du numérique qui vandalise les bibliothèques : « ce geek rebellocrate » […] se proclame engagé, militant de l’accès démocratique au savoir dans un monde ouvert et connecté, et instigateur d’un nouvel esprit de partage des connaissances au sein de la Communauté virtuelle. » Détenteur d’un langage informatique aux acronymes cryptés aussi pédants que ridicules, il phagocyte l’espace du livre, et l’évacue.

      Ce nouveau Virgile se défend-il ne pas vouloir être le nouveau guide au sortir de l’enfer des bibliothèques et à l’avènement du paradis du tout écran ? Pour lui, un livre est un objet sensuel, apte à la possession, quand un texte numérique, il n’est qu’un vide effaçable sur écran éphémère, y compris des mémoires : « Ainsi s’étendent peu à peu les ruines de la lecture, pilonnée par l’image stérile et captivante des écrans de toutes sortes. » En effet, on lit de moins en moins, particulièrement nos jeunes -les garçons surtout- et des lectures de divertissement (surtout science-fiction facile et fantasy) plus que de culture savante et sérieuse. Les statistiques ici fournies sont cruelles, augurant d’un avenir d’illettrisme exponentiel : « la lecture chez les 18-24 ans s’effondre aux Etats-Unis […] En France, dans la même tranche d’âge, 41% étaient ce que l’on nomme des gros lecteurs en 1973, alors qu’ils n’étaient plus que 16% en 2008 ». Notons qu’un « gros lecteur » ne l’est plus que pour 21 livres par an ! De plus en plus d’enfants préfèrent lire sur support électronique. On lit ses sms, ses tweets et ses notifications Facebook, les news, à la rigueur Millenium et Le Trône de fer (ce qui n’est pas méprisable), mais pas les classiques : Montesquieu, Pline l’Ancien, Nietzsche et La Fontaine sont au mieux wikipédiés et braconnés, y compris par des étudiants en Lettres qui butinent à peine gallica.fr ou google-book. Exit la lecture suivie et son argumentation complexe, battue à plate couture par le pillage, le babillage et le zapping : « le picorage éphémère s’est substitué à la meditatio ».

       Bien des bibliothèques publiques anglo-américaines ferment ou fusionnent, le nombre des bibliothécaires diminue en France, qui plus est remplacés par des informaticiens et des web-spécialistes. En conséquence de la « jacklanguisation de la culture », les halls où ne finissent de palpiter que quelques magazines deviennent des « garderies ». Films, cédés, médias numériques, clubs de jeux vidéo, « discovery centers », locaux et animations cools ont gazé les étagères trop lourdement chargées de Cicéron, de Jules Verne, de Kafka, de Melville et d’Hannah Arendt tout empoussiérés, qui, au mieux, iront se pétrifier dans les réserves implosées. On a su se soumettre au nouveau public, au « diktat de la masse », des « moutons de Panurge élevés en batterie ». Aussi le bibliothécaire, scotché aux « ressources électroniques », n’est plus guère recruté en fonction de sa goûteuse bibliophilie et de sa connaissance des textes fondamentaux : il devient un geek de l’information, un « mangaphile, videophile et gamer ». La satire de celui qui ne se souvient pas « d’avoir donné une seule fois un conseil de lecture à quiconque » est acide.

 

Bibliothèque municipale, Poitiers, Vienne.

Photo : T Guinhut.

 

      Certes le texte est toujours le texte : Shakespeare et Borges gardent sous le verre des « liseuses » leurs mots, leurs sens, quoique si tristement encagés. Or la navigation la plus experte sur écran ne remplace pas les avantages immédiats de la manipulation aventureuse et studieuse d’un volume aux pages amicales, encore moins le grain d’un papier vergé, d’un maroquin ancien, la texture d’une gravure, l’éclat du papier glacé. Même si ce site a été comparé par un indulgent web-lecteur et surfeur (qu’ici je tiens à remercier) aux pages luxueuses d’une livre d’art. Ma petite vanité caressée n’a pu s’empêcher de rêver un instant d’imprimer avec luxe ce site entier en un livre splendide, rare retour du juste : le web accouchant enfin d’un livre-papier aux cahiers cousus, relié avec jaquette. Rare occurrence qui a cependant permis à La Maison des feuilles de Danielewski[1] d’exister.

      Notre pamphlétaire, au demeurant fort documenté, n’est-il qu’un ringard ? Certes non. Il concède avec grâce que nos nouvelles bibliothèques nous permettent, grâce à leurs ressources en ligne, de feuilleter sans se mouiller le doigt maints ouvrages rares, dont l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert. Il se souvient qu’en vain Platon pestait contre l’écriture, prophétisant la perte de la mémoire individuelle. Que donc la nouveauté n’est pas forcément évacuation de l’ancien. Bien qu’en 2010 naisse à l’Université de San-Antonio, au Texas, « la première bibliothèque sans livres imprimés » : l’on ne peut s’empêcher alors de penser fuir ce lieu qui emprunte abusivement le nom noble de « bibliothèque » pour n’y voir pétiller que des écrans et vagir que des fantômes… Car « l’objectif est de dématérialiser livres et bibliothèques » (c’est l’ordre du jour de l’Ecole nationale des sciences de l’information et des bibliothèques). En un génocide culturel qui n’attend plus que son définitif autodafé virtuel, lorsqu’une vaste panne électrique, un hyper bug balaieront les pixels…

      L’archaïque réquisitoire du « renégat sans-gêne de la bibliophilie » contre « la grande déchèterie numérique » peut paraître excessif. Concédons néanmoins que l’océan du web aux milliards de poissons mollement culturels peut n’aboutir qu’à une pêche vide de sens parmi des millions de contributeurs, qu’à une déshérence de l’autorité du savoir et de ses hiérarchies : « Comment ne pas être saisi de vertige face à cette frénésie de participation dénuée de toute autorité spirituelle et hiérarchique ? » La « barbarie à visage numérique » peut-elle aller jusqu’à être « l’ennemi mortel de la culture » ? Il n’est pas impossible en effet que les écrans rendent « difficile d’aller au-delà d’une lecture d’information vers une lecture d’étude ». Quant à lire encore les livres anciens…

      Le cri d’alarme sera-t-il entendu ? Et surtout sur papier ? Etrange ironie du sort lorsque sur écran ce site défend un livre qu’un éditeur courageux, d’un élitisme ouvert et accessible, ose encore publier sous forme maniable entre les doigts… Le N’espérez pas vous débarrasser des livres[2] d’Umberto Eco n’était-il qu’un vœu pieux, qu’une nostalgie démentie par les faits, par la marche inexorable de l’Histoire des technologies et des mœurs ? Virgile Stark enfonce le clou : « racontez-vous la belle histoire du livre immortel, pendant que nous préparons son éviction définitive ».

      En 1993 Karl Popper notait que « la violence, le sexe, le sensationnel sont les moyens auxquels les producteurs de télévision recourent le plus facilement[3] ». Que dirait-il aujourd’hui, quand la baveuse toile d’images s’étend pour nous coaguler ? Certes ces mêmes sujets existaient dans le livre, mais avec la distanciation du récit et de la syntaxe, de l’imagination et de la pensée, en un mot avec la hauteur philosophique. Il est à craindre que ce recul de la liberté intellectuelle soit dommageable pour la démocratie. Ce que les cadres de Facebook, Apple et Google ont cependant aux Etats-Unis compris : ils savent envoyer leurs enfants dans des écoles sans le moindre équipement numérique. Pour y apprendre à lire, à penser, à créer.

      Virgile Stark semble cependant ne pas voir que ces géants de l’Internet sont également sources de libertés de publication inouïes. Qu’Amazon n’est pas qu’un concurrent dévastateur des bibliothèques publiques et des librairies. Grâce à ce dernier, grâce à EBay, Price Minister, l’on trouve à acheter en ligne des auteurs classiques, des livres épuisés, anciens, à des prix souvent modestes, ce qui diminue la dépendance aux bibliothèques publiques et contribue aux bibliothèques personnelles. Bientôt, sur Kindle, on n’achètera plus seulement un fichier-livre, mais on le louera pour une brève période : à quoi bon s’encombrer de papier s’il ne s’agit que de lire ou de consulter une fois ? Sans oublier que les éditeurs papiers, sélectifs, mais pas toujours judicieux, sont déjà dépassés par des éditeurs numériques, dont les e-books permettent des auto-publications pourquoi pas talentueuses, qui atteignent parfois des chiffres de vente fort confortables, tout en assurant des droits d’auteurs plus rémunérateurs. Une telle mobilité du livre, du matériel à l’immatériel, stimulante pour l’esprit, ainsi que pour une nouvelle économie, condamne-t-elle à le papier au recyclage et à la poussière ? Sans doute ouvre-t-elle des portes insoupçonnées vers la créativité et la connaissance…

Mais à l’amateur passionné de livres papier et carton, qui verront peut-être face au virtuel leur retour en grâce, comme les disques vinyles sont de nouveaux objets de collection, il reste l’indéfectible quête et goût du bouquin, pour user du mot venu du néerlandais. Ainsi Virgile Stark titre-t-il son modeste volume : Les Miscellanées d’un bouquineur, alliant un terme familier à un autre spécialisé, les miscellanées étant des mélanges, des mosaïques littéraires, glanées de ci de là. Sans ordre, n’obéissant qu’à sa fantaisie, et à son humeur didactique, il réunit des notes sur l’histoire et les techniques du livre, de l’Antiquité à nos jours, de la bibliothèque perdue du Titanic à celles du général de Gaulle et de François Mitterrand, bibliophile avisé, de la censure à la « bibliomanie », divaguant des boites vertes des bouquinistes des quais de Seine au quartier immense des volumes d’occasion à Tokyo.

Voici quelques-unes de ces miscellanées. Au moyen d’une liste noire, les Nazis prévoyaient d’interdire près de trois mille auteurs en Angleterre en cas de victoire. « Chez les piétistes rhénans ashkénazes des XII°-XIV° siècles, l’encre utilisée pour écrire le mot « Dieu » sur les manuscrits ne pouvaient être réutilisée pour écrire les mots profanes ». Un « livre entièrement blanc », qui fit un succès, un indéchiffrable « manuscrit Voynich », mais aussi « un bibliothécaire idéal », qui, le soir venu, quitte sa bibliothèque pour aller combattre des idées, dont il a veillé, dans la journée, à ce qu’elles soient représentées dans les collections ». Un régal, vous dis-je !

      Puisque ces quatre volumes sont chacun à leur manière une mise en abyme des bibliothèques, on ne peut que se pencher avec amour sur leur apparence, leur emballage et design de papier, de carton. Ce pour avoir le plaisir de les retrouver et non de les perdre. Si la couverture du Mehring (et à moindre degré celle du Stark) est passablement laide, comme l’ensemble de la collection, « Le goût des idées -odyssées », à laquelle il appartient, celle du Ménager est nettement plus élégante au toucher et à la vue. Qu’est-ce que cette alliance du crabe et du papillon bleutés qui lui sert d’emblème ? N’est-ce pas l’aureus du « Festina lente » (« Hâte-toi lentement »), cet adage 3001 parmi ceux d’Erasme[4], publiés avec tant de soin par ce même éditeur, à qui il faut sans tarder ménager une place d’honneur dans nos bibliothèques, s’il en reste…

 

      À moins que la sauvegarde soit en de rares bibliothèques privées ? On se souvient de l’amusante caricature dans laquelle un homme invite une femme à découvrir sa bibliothèque : vastes rayonnages vides où ne trône qu’une liseuse, ou un Ipad. Tout Dostoïevski, tout Platon, peut-être toutes les sciences naturelles, tout Emily Dickinson… Rien si la lumière de l’esthétique objet technologique s’éteint. Rien dans l’esthétique, dans l’ordre et le désordre d’un mur de livres aux dos colorées et parlants, rien dans le feuilleté sensuel. Tout ce qui fait qu’une bibliothèque réelle aux livres choisis est un cerveau réalisé, une civilisation, en fait une civilisation diverse et libérale. Pouvons-nous gager qu’après l’ivresse consumériste et créative aux mille gadgets informatiques, dont nous serons le dernier à nier, par la vertu de ce site, l’utilité et la beauté, un nouveau luxe nécessaire revienne à la mode : comme reviennent en force les disques vinyles noirs, les beaux et bons livres, neufs et anciens, objets charnellement concrets, une culture un rien exhibitionniste, à confier entre initiés et pourtant ouverte au partage…

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[3] Karl Popper / John Condry : La Télévision : un danger pour la démocratie, Anatolia, 1995, p 27.

[4] Voir : Erasme et Aldo Manuzio, pères des adages et de l'humanisme

 

Anthony Rich : Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, Firmin Didot, 1873.

 Pline le jeune : Lettres, chez la veuve de Claude Barbin, 1702.

Photo : T Guinhut.

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 17:07

 

Valle de Aguas Limpias, Sallent de Gallego, Alto Aragon, photo T. Guinhut.

 

 

 

 

Sôseki : Rafales d’automne

 

sur un Oreiller d’herbes japonaises.

 

 

Natsumé Sôseki : Rafales d’automne,

traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, Philippe Picquier, 224 p 18 €.

 

Natsumé Sôseki : Oreillers d’herbes, 224 p, 7,50 €.

Natsumé Sôseki : Clair-obscur,

traduits par René de Ceccatty et Ryôji Nakamura, Rivages poche, 496 p, 9 €.

 

 

 

      Que peut la délicatesse de la littérature et de l’art ? se demande sans cesse Natsumé Soseki. À la lisière de la tradition japonaise et du Japon de la modernité, puisque né en 1867 et mort en 1916, il est l’enfant de l’ère Meiji et de ses bouleversements. En effet, à partir de 1868, l’Empire du soleil levant s’ouvre à l’Occident. Natsumé Soséki alla donc étudier entre 1900 et 1903 en Angleterre, pour ensuite enseigner la littérature anglaise, succédant à Lafacdio Hearn, ce après avoir baigné dans les lettres classiques chinoises, dans l’esthétique du haïkaï. Ainsi, Nakano est à Tokyo stupéfait par un concert de musique occidentale (dont une sonate de Beethoven) dans le roman Rafales d’automne. Conjointement avec la réédition bienvenue d’Oreillers d’herbes, il permettra de rencontrer, à travers ses personnages, l’intimité de l’artiste des mots au fil du pinceau. Car autant Je suis un chat[1] est d’esprit presqu’occidental, dans la lignée satirique du voyage au pays des chevaux (les « Houyhnhnms ») de Swift et du Chat Murr d’Hoffmann, autant Rafales d’automne défend les valeurs éthiques d’une tradition balayée par la puissance financière d’une nouvelle hiérarchie nippone.

      Un trio d’apprenti-écrivains forme l’ossature de Rafales d’automne. Le grand écart de leurs conditions matérielles est constitutif du roman. Si l’amour de la littérature et l’ascèse de l’écriture unissent les trois personnages, l’argent, son abondance et son manque, les différencie, les écarte douloureusement. Takayanagi est un jeune homme pauvre, bientôt malade des poumons ;  il perd son précieux manuscrit destiné à un manuel de géographie, qui aurait dû lui rapporter quelques dizaines de yens. Il a bien du mal à envisager le précieux « détachement » qui lui permettrait de trouver son équilibre. Heureusement il est soutenu par son ami Nakano, également licencié ès lettres, mais fort riche, et qui peut trouver le loisir de composer un roman poétique. Ils croisent de plus Dôya, leur ancien et intègre professeur, moqué, démissionnaire, qui peine, à la sueur de ses écrits, à nourrir son épouse.

      Quel est le destin de l’homme de lettres, quelle doit-être sa fonction ? se demandent-ils tous les trois à leur manière. Misérable pour Takayanagi, qui « rongeait chaque soir l’os de la douleur du monde » ; léger et décoratif pour Nakano. Dôya, un peu plus âgé, duquel on lit de larges extraits de son texte sur le « détachement » dans la revue « Kôko » dont il est le rédacteur, a pour « vocation » de faire avancer la société « ne serait-ce que d’un pas dans une direction plus haute et plus noble ». C’est ainsi qu’au cours d’une conférence agitée, il va défendre son « idéal » aux dépens d’une idéologie de l’occidentalisation et de la réussite financière : « De même que l’homme riche, grâce au pouvoir de l’argent, fait prospérer la société, l’homme de culture, grâce à son savoir et à sa raison, apporte le bonheur à la société ».

      Entre réalisme et atmosphère poétique, des pages précieuses émaillent ces Rafales d’automne (dont le titre vient d’un mélancolique poème chanté par une femme aimée) : conversation sur l’amour (« le cosmos qui se reflète dans le cœur d’amoureux est plein d’une compassion profonde »), description d’un « anneau d’or », satire de la richesse lors du mariage de Nakano… Chaque écrivain, et c’est là on n’en peut douter une profession de foi de Sôseki lui-même, tente de vivre « tout comme le pinceau laisse une légère trace d’encre, pour éclairer le monde aveugle d’un point lumineux ».

      Il est évident que les romans de Sôseki (mais également ses nouvelles) ne sont pas des romans d’action. Conversations, situations, observation détachée du narrateur, analyses psychologiques, méditations intellectuelles abouties, notations des images de la nature, tout cela parsème une intrigue souvent ténue, et en fait toute la richesse, rendant ainsi justice à ce pathétique propos de Takayanagi : « Quel gâchis si je mourais sans avoir donné jour à ce moi qui n’appartient qu’à moi ! » Que fera ce dernier des cent yens offert par Nakano : aller soigner sa tuberculose ou aider son maître Dôya, dont l’ « Essai sur le caractère » promet d’être son grand-œuvre ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Qui sait si Oreiller d’herbes n’est pas le plus fabuleux récit de Sôseki. Celui qui est peut-être son alter ego est cette fois un peintre. Ce dernier sait établir avec la nature une relation privilégiée, profondément lyrique : une « fleur de camélia […] attire un homme de ses yeux noirs, sans qu’il s’en rende compte et elle instille dans ses veines un poison enchanté ». Aussi se retire-t-il parmi les montagnes, lors d’un « voyage en quête d’impassibilité », pour interroger le sens de son art, entre peinture japonaise et peinture occidentale. Or l’auberge qui le loge recèle un mystère : une femme fantomatique répond à ses haïkus. Est-ce cette fameuse Nami qui, suite à un mariage forcé, aurait perdu la raison ? Celle-ci, « sourcils levés qui cherchent à tout vaincre », s’avère être d’une exceptionnelle beauté, que le peintre pensera poursuive sous ses pinceaux. Ne s’agit-il que d’un idéal pictural, d’un amour insensé, d’une scène théâtrale, ou d’une allégorie qui serait le point de fuite parfait de ce « roman-haïku », selon le mot de son auteur…

      « Dès que vous avez compris qu’il est partout difficile de vivre, alors nait la poésie et advient la peinture ». Cette phrase inaugurale est le viatique d’un sage : Sôseki tel qu’en lui-même, nostalgique de la culture nippone traditionnelle, face à une modernité dont il se méfie (son personnage déteste le train). Car sans cesse Oreiller d’herbes est un récit d’une rare finesse poétique. Il sait tout transmuer en œuvre d’art : un entremet, « yokan bleu posé sur un plat vert céladon », un moinillon zen grotesque, l’apparition d’un « ample kimono de cérémonie », un « shamisen lointain », un nu féminin au travers de la vapeur du bain, un dialogue autour d’un thé et d’une « pierre à encre » ancienne… Car ce peintre, « dans la vie, ne reconnait d’autres valeurs que celles du rêve ».

      Entre le regard ironique, éminemment satirique, d’un narrateur qui commence par affirmer « Je suis un chat », et les récits autobiographiques de Botchan[2] et d’À l’équinoxe et au-delà[3], dures années d’études et du monde du travail, Oreiller d’herbes est le plus bel univers intimiste de Sôseki, quand Rafales d’automne est un texte majeur sur la condition de l’écrivain. Condition bientôt doublée par la souffrance des dernières années de son auteur, marquées par la maladie qui ne lui permit pas d’achever son dernier et plus vaste roman, Clair-Obscur d’un drame conjugal, à la mince intrigue, mais dont on aimera l’étoffe émotionnelle aux nuances inouïes…

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie


[1] Natsumé Sôseki : Je suis un chat, Gallimard / Unesco, 1986.

[2] Natsumé Sôseki : Botchan, Le Serpent à plumes, 1993.

[3] Natsumé Sôseki : À l’équinoxe et au-delà, Le Serpent à plumes, 1995.

 

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14 mars 2015 6 14 /03 /mars /2015 10:25

 Schlen Rosengarten / Sciliar Catinaccio, TrentinoAlto-Adige / Südtirol.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

Requiem pour Anna Akhmatova.

Anna Akhmatova : Le Requiem & autres poèmes choisis,

traduit du russe par Henri Deluy, Al Dante, 216 p, 17 €.

      Tout poème est un requiem, célébrant ce qui ne peut manquer de disparaître. À moins qu’il s’envole vers le futur. Certainement le poème le plus célèbre, le plus déchirant, d’Anna Akhmatova est son Requiem. Au point d’offrir un défi aux traducteurs. Relevé une fois de plus, après celui de Mandelstam, par Henri Deluy, dans sa version du Requiem & autres poèmes choisis. En un peu plus d’un demi-siècle d’écriture lyrique, il a fallu cependant à Anna Akhmatova heurter sa Muse au rouleau compresseur de la permanente tragédie du communisme, puisque, née en 1889, sa maturité a toute entière été corsetée par les fers du totalitarisme, jusqu’à sa mort en 1966.

      Coutumière de la mort, Anna Akhmatova vit partir son premier mari, le poète Nicolaï Goumiliov, vers les affres de l’arrestation et de l’exécution par les Bolcheviks en 1921. Coutumière de la poésie depuis son enfance, son premier recueil, Le Soir[1], est publié en 1912. Le succès fut tel que durablement fut lancé le mythe de la « Sappho russe ». Elle est avec Mandelstam[2] l’un des phares de l’acméisme, ce mouvement qui récuse un symbolisme usé, son goût des obscurités, son artificialité, ainsi que ce futurisme qui, dans son « Premier manifeste » de 1909, voulait « démolir les musées, les bibliothèques[3] » ; préférant la clarté et l’authenticité, « l’engagement lyrique ». Ce qui n’empêche pas que l’œuvre d’Anna soit essentiellement intimiste, empreinte d’émotion et attentive aux valeurs morales. On devine que le réalisme socialiste lui fasse bientôt horreur.

      Après Le Rosaire, La Volée blanche, Anno Domino MCMXXI, Anna est interdite de publication par le régime soviétique pendant quatorze ans. Autour d’elle, la terreur s’amplifie. Il faut attendre les années quarante pour qu’elle puisse publier des choix de poèmes. Et pour que le rapport Jdanov la qualifie de « petite dame hystérique », en 1946. C’est seulement en 1958, après le rapport Khrouchtchev, qu’elle peut publier une anthologie. Les dernières années de sa vie lui sont plus favorables, puisqu’elle réintègre l’Union des écrivains, dont elle devient présidente, peut voyager en Italie, à Oxford, où elle est faite docteur Honoris causa. Même si la censure s’exerce encore sur La Course du temps (d’où 700 vers sont expurgés), elle peut publier à Munich son Requiem, en 1963, qui devra attendre 1988 pour atteindre Moscou.

      Ainsi, de 1909 à 1963, cette judicieuse anthologie parcourt pas à pas la trajectoire entravée de cette poétesse qui s’inscrit dans une constellation magique et tragique, en compagnie d’Ossip Mandelstam et Marina Tsvetaeva[4].

« Les buissons s’agitent dans les ravines,

La grappe du sorbier rouge et jaune se flétrit,

Et moi, je compose des vers joyeux

Sur la vie fragile, fragile et belle. »

      Ecrit-elle en 1912. Bientôt, la guerre, à la veille de laquelle, encore inconsciente, elle avoue  « Je ne guéris pas les autres de l’amour », puis le totalitarisme rouge, vont étrangler, briser cette fragilité : « Chaque jour ainsi est devenu un jour des morts » (1915). De même, en 1919, « La mort fait des croix sur les maisons ». Malgré l’étau du communisme, Anna refuse de penser à quitter la Russie. Les poèmes d’amour observent un triste repli quand elle déplore l’acharnement sur son pays « elle aime le sang, la terre russe » (1921). Si, en 1928, « La ville baigne dans une solution toxique », c’est bien le pays entier qui est empoisonné pour longtemps.

      Un bel et déchirant hommage est rendu à Mandelstam en exil, lorsqu’à « Voronej », en 1936, elle lui rend visite :

« Mais dans la chambre du poète disgracié

Veillent tour à tour la Muse et la peur.

La nuit passe

Qui ne connait pas d’aurore »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      L’on sait que le Requiem fut en 1957 composé pour honorer - et torturer - la mémoire de Pounine, l’historien d’art avec lequel Anna avait vécu. Mais cette déploration vaut pour toutes les femmes qui ont vu partir à jamais leurs maris, leurs frères, leurs fils, sous le talon du léninisme et du stalinisme.

      Quoique nous n’ayons pas la moindre compétence en langue russe, dont le texte original orne l’édition de La Dogana (L’Eglantier et autres poèmes[5]), il semble que la traduction d’Henri Deluy, par la vertu de son parti-pris elliptique, est plus efficace, plus suggestive et émouvante. Voilà ce qu’il écrit des premiers vers du Requiem, plus précisément de la « Dédicace » :

« Tant de malheur,

              Et les montagnes s’inclinent,

Le célèbre fleuve s’arrête de couler

Dans les prisons, de solides verrous,

              et, Au-delà : les tanières du bagne,

              et la tristesse mortelle.

À d’autres, le souffle et la fraîcheur du vent,

              à d’autres,

le crépuscule et sa tendresse »

      Ce poème d’une douzaine de pages, composé en 1957, s’achève sur :

« Et j’ai peur d’oublier, même dans une mort

Bienheureuse, le fracas des fourgons noirs […]

Que, des paupières de bronze, immobile,

Coule, comme des larmes, la neige fondue »

      Ce que Jean-Louis Backès, traduisait ainsi, proposant un immobile au pluriel qui change le sens de l’accord :

« Que, des paupières de bronze, immobiles,

La neige en fondant coule comme des larmes ![6] »

      Bien que bilingue, l'édition de Marion Graf et José-Flore Tappy, ne répondra pas à notre interrogation, lorsqu’elle offre :

« Et puisse la neige en fondant ruisseler

Comme des larmes à mes paupières de bronze[7] »

      Son dernier poème, en 1963, commence ainsi : « J’éteins ces chandelles intimes ». Cela ne sonne-t-il pas comme un adieu ? Tel lorsque Prospéro, dans La Tempête, annonce : « Je briserai ma baguette[8] ». Ce que l’on peut légitimement interpréter, de la part de Shakespeare, à l’occasion de sa dernière pièce, comme un adieu à son art.

      Henri Deluy a eu l’idée, autant émouvante que pertinente, d’ajouter en appendice la traduction de trois hommages d’incontournables poètes russes : Alexander Blok, Ossip Mandelstam et Boris Pasternak. De ce dernier, pour notre chère Anna, retenons son ultime quatrain de 1928 :

« Partout, comme des producteurs d’étincelles,

Dès Vos premiers livres, où les graines

D’une prose attentive se développaient,

Ils transforment les événements en choses vécues. »

      Peut-on aujourd’hui imaginer qu’Anna dut composer ses poèmes pour des voix qui les apprenaient par cœur, faute de pouvoir les diffuser sur papier ? La légèreté (pas un instant superficielle) des poèmes de jeunesse fait place, à l’acmé de sa maturité, aux accents viscéralement tragiques. « Le Poème sans héros », le Requiem sont des échos direct de la trop longue actualité du communisme meurtrier, dans lesquels émotion et réalisme confluent en une intensité folle, comme une balafre au front de la Muse. Si le poème parait sourdre d’une page d’un journal intime, il est aussi le reflet synthétique de la cruauté de l’Histoire. Au point qu’il faille lire, pour leur poids de répression, les poèmes de la série « Gloire à la paix », qui sont des hommages à Staline. Jusqu’où la langue du poète doit-elle s’abaisser pour tenter de fléchir le tyran ?

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Anna Akhmatova : Le Soir, traduit par Sylvie Tecoutoff, Le Nouveau Commerce, 1986.

[3] F. T. Marinetti : Contre Venise passéiste et autres textes, Rivages poche, 2015, p 96.

[5] Anna Akhmatova : L’Eglantier et autres poèmes, traduit par Marion Graf et José-Flore Tappy, La Dogana, 2010.

[6] Anna Akhmatova : Requiem, Poèmes sans héros et autres poèmes, Poésie Gallimard, 2007, p 200.

[7] Anna Akhmatova : L’Eglantier et autres poèmes, ibidem, p 225.

[8] William Shakespeare : La Tempête, V, 1, Œuvres, t 12, traduit de l’anglais par Pierre Leyris, Club Français du Livre, 1968, p 161.

 

Lavaredo, Veneto. Photo : T. Guinhut.

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6 mars 2015 5 06 /03 /mars /2015 13:36

 

Sanxay, Vienne. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Guerres d’Etats ou guerres anthropologiques ?

 

Pour une Histoire de la guerre par John Keegan.

 

 

John Keegan : Histoire de la guerre,

traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Régina Langer, Perrin, 640 p, 26 €.

 

 

      Testostérone ou stratégie politique, la guerre est d’abord « colère », selon le premier mot de l’Iliade d’Homère. Plaisir et surexcitation virile, douleur et abomination des clans, des ethnies, des religions et des nations, cette « activité universelle » n’a pas moins une généalogie, des étapes, des métamorphoses. John Keegan put en 1993 tenter de dresser une Histoire de la guerre, sous-titrée  non sans ambition: « Du néolithique à la guerre du Golfe ». S’il ne faut pas oublier que « toutes les civilisations doivent leur origine à la guerre », les compétences et les valeurs des soldats, la culture de ces derniers ne peut, selon Keegan, « être celles de nos civilisations ». À rebours des discours iréniques et lénifiants anti-guerre, à rebours également de la survalorisation de l’éthique du guerrier, il faut se demander si elle est nécessaire, pourquoi se fait-on la guerre, et surtout comment, au cours de l’Histoire, au-delà de bien des traditions guerrières, Keegan peut affirmer qu’il n’existe plus qu’une seule culture militaire…

      À quelque chose malheur est bon, dit-on. En effet, John Keegan, réformé à cause d’une maladie d’enfance qui le laissa handicapé, ne put mettre le pied sur aucun terrain d’action militaire : à son grand regret. Bien d’autres (y compris l’auteur de ce modeste compte-rendu) auraient apprécié d’être mis à l’écart des gloires et des tragédies. Et plutôt que de se morfondre, il choisit de consacrer sa vie à l’art de la guerre, en enseignant à la Royal Military Academy de Sandhurst, en écrivant des essais sur La guerre de Sécession, sur les deux Guerres Mondiales, mais aussi sur L’Art du commandement, d’Alexandre à Hitler[1]

      L’essai de John Keegan a le mérite de poser des questions cruciales. Animaux culturels, nous sommes, dont l’une des constantes anthropologiques est d’être des « créatures sanguinaires », rarement très pacifiques, sans cesse opposées par des luttes diverses, comme l’a montré Hobbes. Aujourd’hui, si la violence paraît une « aberration culturelle », ne restera digne, pour lutter contre elle, que la « guerre civilisée ». Ce qui se définit ainsi : « le port légal d’armes –selon un strict code d’éthique militaire et dans le corpus d’une législation humanitaire- a été accepté comme une nécessité pratique » ; hors par les pacifistes, voire par les authentiques libéraux qui se méfient de la propension des Etats à s’approprier la guerre au dépens de ses citoyens qu’ils convient à des « scènes d’abattoir ».

      Hélas, la théorie clausewitzienne de la guerre comme « continuation de la politique par d’autres moyens », munie d’ « armées disciplinées et rétribuées par un Etat bureaucratique », se voit sans cesse débordée par les guerres sales, les rebelles, les terroristes de la guerre sauvage… Comme les Cosaques qui garantissaient, pendant la Campagne de Russie, « une orgie de pillages », et pour qui « la guerre n’avait rien de politique, elle était une culture et une façon de vivre ». Ce qui est également vrai pour les hordes de Gengis Kan, mais aussi pour les pillards mahométans (dont la foi commande la guerre). On apprend ici le secret de leur guerre éclair qui leur permit de conquérir, au VIIIème siècle, les deux tiers de la Méditerranée : face à des armées en lignes, leur technique de razzias, de fuite et de harcèlement fut et reste payante… Ce qui permet d’opposer les guerriers individuels, comme les samouraïs, fiers de leur courage, aux rangs des régiments de soldats désindividualisés par une tactique rationnelle et efficace, mais fauchés par la mitraille à partir du XVIIIème siècle et surtout pendant la grande guerre de 1914. Ainsi, comme le montre John Keagan, il y a bien des cultures de la guerre, et non une seule.

      Le soldat, quoique enrégimenté, ne vaut pas cher sur le terrain s’il n’est pas animé par la conviction : révolutionnaire par exemple, comme ceux de la première république et de Napoléon, résolus à libérer l’Europe des aristocraties monarchiques, ou religieuse, comme les guerriers d’Allah. La passion du combat est un fil rouge qui fait les victoires ; unie aux technologies et aux stratégies, sa gloire est assurée, non pas le bien-fondé de son éthique. Car il s’agit là également de l’histoire des techniques, avec des constantes étonnantes : le char de guerre, apparu vers 1700 avant J.C., venu d’Egypte, de Mésopotamie et des steppes d’Asie, préfigure le char de la Seconde Guerre mondiale et de celle des Six jours.

      John Keegan découpe son Histoire de la guerre en quatre grands thèmes originels, presque mythiques, qui sont autant d’âges de l’action et de la pensée : la pierre des premières armes et des fortifications (jusqu’à la muraille de Chine), la chair des chevaux et des hommes enrôlés parmi les armées, sans oublier « ravitaillement et logistique », le fer de l’armement, le feu enfin, du « feu grégeois » des Byzantins, en passant par le canon, jusqu’aux missiles et aux têtes nucléaires. Chaque partie embrasse l’Histoire du monde, décrit des moyens et des stratégies, au service de la force. Reste à se demander si cette force est celle de la vertu au service de la paix ou celle du mal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      La réflexion de John Keegan est somptueusement bourrée de faits historiques, d’anecdotes, d’impressionnants tableaux, qui ne nuisent pas un instant à sa démonstration. Comme « les morceaux d’os ou de dents provenant de leurs voisins dans les rangs », suite à l’utilisation des armes à feu, ce qui invalide toute conception romantique ou esthétique de la guerre. En-deçà du bon sauvage, « l’homme primitif avait du sang sur les mains », avec autant de fureur qu’aujourd’hui, quoique nous y consacrions bien moins de constance lorsque nous pouvons, grâce aux structures de l’Etat libéral, vivre des décennies de paix à l’échelle de continents entiers. Entre guerre prussienne de Clausewitz et stratégie « anti-clausewitzienne du Chinois Sun Tzu, entre anthropologie, historiographie et « compétition pour des ressources trop rares », « pulsion de mort » freudienne et structuralisme, entre partisans de la conscription et de l’armée de métier, entre voies romaines et chemin de fer, John Keegan marche sur un sentier de la guerre ouvert aux multiples pistes de lecture.

      Après avoir visité les contraintes géographiques des guerres terrestres et navales, le lecteur visite les Zoulous et les Maoris, les Yanomami de l’Orénoque, qui ont un « code » d’agressivité des plus terrifiants, enflammés par des hallucinogènes (on peut penser à cet égard aux islamistes du califat drogués au captagon), les Aztèques aux guerres rituelles pourvoyeuses de sacrifices humains... Les Sumériens et les Egyptiens (peu guerriers) précèdent la « phalange grecque » et « Rome, mère des armées modernes » (et créatrice des officiers de carrières : les centurions), dont les stratégies de conquêtes fondent une nouvelle ère de civilisation assise sur la guerre de frontières. Les cavaliers de la steppe, comme les Huns (guerriers pour l’amour de la guerre), menacèrent l’Empire romain, malgré son cruel impérialisme en fin de course, au point d’imposer la « barbarisation » de son armée, comme par les Wisigoths. Reste que l’on ne sait guère dater les débuts de la guerre largement organisée : à la préhistoire, à Sumer ? Peu à peu le rendement en morts va croissant, atteignant de sommets avec les conquêtes napoléoniennes, la guerre de Sécession et, bien sûr celle des tranchées. Conjointement à l’institutionnalisation de la discipline et des écoles militaires, à l’invention des mitrailleuses…

      L'on pourra évidemment discuter chez John Keegan quelques affirmations risquées, telle que la guerre « est une activité exclusivement masculine ». Certes, « la vie guerrière exerce un attrait puissant sur l’imagination masculine ». Sans compter les pas si mythiques Amazones, l’évolution de l’égalité hommes-femmes entraîne les armées de métier à incorporer ces dernières, en tout volontariat ou en termes de conscription : il n’est que de considérer les Israéliennes et les Kurdes…

      De même, on peut se demander si notre historien n’est pas exagérément optimiste lorsqu’il voit dans la première guerre du Golfe la coalition internationale évacuer les Irakiens du Koweït, « sans infliger de pertes à la population civile », comme « le premier véritable triomphe de la morale d’une guerre juste, depuis que Grotius en avait défini les règles au XVII° siècle ». Fallait-il pousser plus loin, écarter Saddam Hussein ? Et non pas attendre la seconde guerre du Golfe. Evacuer un dictateur sanguinaire parait être toujours une bonne idée ; sans compter que pire peut advenir : une Histoire, dont John Keegan ne pouvait tenir compte en publiant son livre en 1993. Pire est advenu : les métastases de l’Islam radical dévorent l’aire arabo-musulmane, sinon partout où ses coreligionnaires se sont infiltrés. Quelle guerre juste faut-il mener ?

      En digne et redoutable concurrent de Clausewitz, John Keegan fait œuvre encyclopédique et profuse, à la lisière de l’Histoire et de la philosophie politique. Mais n’est-il pas un peu trop synthétique lorsqu’il semble affirmer pour aujourd’hui l’existence d’une seule culture militaire ? Celle mondialisée de l’Occident développé, appuyée sur ses écoles de stratégies, son industrie militaire énorme, son hypertechnologie ? La « guerre primitive » des peuples pré-civilisationnels, n’a pourtant rien perdu de son actualité. Si John Keegan cite à cet égard le conflit de l’ex-Yougoslavie, on ne pourra nier que les haines interethniques et inter-religieuses récurrentes sur la planète, en particulier les forcenés du califat islamique, gardent une dimension anthropologique profondément atavique, voire congénitale à l’être humain. John Keegan nous le rappelle cependant : « L’homme civilisé a découvert quelque chose de plus intéressant que le combat » : la philosophie politique, l’amour des siens et d’autrui, l’enseignement, l’économie, les techniques et l’art. Tous arts qui sont bien plus beaux que l’art laid de la guerre, hors celui qui réclame la légitime défense d’une civilisation…

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Tous ouvrages publiés aux Editions Perrin.

 

Flavius Josephe : Histoire de la guerre des Juifs contre les Romains, Nyon, 1767 ;

Salluste : Guerre de Jugurtha, Alexis Eymery, 1813.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

Guerre di Stati o guerre antropologiche ?

 

 

      Testosterone o strategia politica, la guerra è per prima cosa "rabbia" come prima parola del dell'Iliade di Omero. Dolore e abominio clan divertimento e l'eccitazione virili, etnie, religioni e nazioni, questa "azione universale" non meno di una genealogia, passaggi, metamorfosi. John Keegan nel 1993 poteva raccontare una storia della guerra , senza sottotitoli senza ambizioni: "Dal Neolitico alla Guerra del Golfo." Non si deve dimenticare che "tutte le civiltà devono la loro origine alla guerra," le competenze e valori dei soldati, la cultura di questi ultimi non possono, secondo Keegan, "sono quelli delle nostre civiltà." Evitando il discorso contro la guerra irenico e rilassante, anche la sopravvalutazione dell'etica guerriera, si deve chiedere se è necessaria, perché abbiamo la guerra, e soprattutto come, durante la storia, al di là di molte tradizioni guerriere, Keegan non può dire che  c'è una sola cultura militare ...

      In ogni nuvola è buono, dicono. Infatti, John Keegan, riformato a causa di una malattia infantile che lo lasciò disabile, non poteva mettere piede su qualsiasi campo azione militare: per il suo rammarico. Molti altri (tra cui l'autore di questo conto modesto) avrebbe apprezzato di essere lasciato fuori le glorie e tragedie. E invece di avvilirsi, ha scelto di dedicare la sua vita all'arte della guerra, l'insegnamento presso il Royal Military Academy Sandhurst, scrivendo saggi su La guerra civile, le due guerre mondiali, ma anche L'Arte di comando, da Alessandro a Hitler 
[1] ...

      Il processo di John Keegan ha il merito di porre domande critiche. Animali culturali ci sono, una delle costanti antropologiche è di essere "creature assetate di sangue", raramente molto tranquillo, costantemente opposti da conflitti, come dimostrato da Hobbes. Oggi, se la violenza viene visualizzata  come una "aberrazione culturale", resterà degna la lotta contro di essa, invece che la "guerra civile". Che è definita come: "la realizzazione legale di armi -secondo un rigoroso codice di etica militare e il corpus legislativo umanitario- è stata accettata come una necessità pratica"; dalla pace e dai liberali autentici che sono diffidenti nei confronti della tendenza degli Stati a prendere possesso della guerra a spese dei cittadini di essere in "scena come carne da macello."

      Ahimè, la teoria clausewitziana della guerra come "la continuazione della politica con altri mezzi" dotati "armato disciplinato e retribuito dallo Stato burocratico" viene costantemente sopraffatto dalle sporche guerre, ribelli, terroristi la guerra selvaggia ... Come i cosacchi che hanno garantito durante la campagna di Russia, "un'orgia di saccheggio," e che "la guerra non era la politica, ma era una cultura e un modo di vita."

      Ciò vale anche per le orde di Gengis Khan, ma anche per i saccheggiatori maomettani(il cui comando della guerra fede). Qui si impara il segreto della loro guerra lampo che ha permesso loro di conquistare, nel VIII secolo, i due terzi del Mediterraneo: il volto di linee armate, incursioni loro carica tecnica, perdite e molestie era e rimane ... Cosa permette di opporsi ai singoli guerrieri, i samurai  fieri del loro coraggio, le file dei soldati dei reggimenti dés individualisés attraverso tattica razionale ed efficace, ma falciati dal fuoco delle mitragliatrici del Settecento e soprattutto durante la Grande Guerra del 1914. Così, come mostrato John Keagan, ci sono molte culture della guerra, non una sola.

      Il soldato, anche se irreggimentato, non vale molto per terra, se non è animata dalla convinzione: rivoluzionaria, come quelli della prima repubblica e Napoleone, determinata a liberare l'Europa aristocrazie monarchiche, o religioso, come i guerrieri di Allah.

      La battaglia di passione è un filo rosso che rende le vittorie; tecnologie e strategie uniti, la sua gloria è assicurata, non i meriti di etica. Perché è anche il luogo dove la storia della tecnologia, con costanti sorprendenti: il carro della guerra, è apparso intorno al1700 aC, in Egitto, Mesopotamia e steppe dell'Asia, prefigurano il carro armatodella Seconda guerra mondiale e dei Sei Giorni.

      John Keegan ha tagliato la Storia della guerra in quattro temi originali, quasi mitici, che sono di tutte le età di azione e di pensiero: la pietra delle prime armi e fortificazioni (la Grande Muraglia Cinese) la carne di cavalli e uomini arruolati nell'armata, per non parlare di "approvvigionamento e la logistica," armamento di ferro, il fuoco, infine, il "fuoco greco" dei Bizantini, attraverso le armi, i missili fino alle testate nucleari.Ciascuna parte abbraccia la storia del mondo, descrive i mezzi e strategie al servizio del potere. Resta da chiedersi se questa forza è quella della virtù al servizio della pace o del male.

      La riflessione di John Keegan è sontuosamente ricca di fatti storici, aneddoti, dipinti impressionanti che non danneggiano un attimo la sua dimostrazione.Come "pezzi di ossa o denti dai loro vicini nei ranghi", seguito l'uso di armi da fuoco, che invalida qualsiasi disegno romantico o estetica della guerra. Sotto il buon selvaggio ", l'uomo primitivo aveva sangue sulle sue mani", con altrettanta furia oggi, anche se con meno costanza, in modo che attraverso le strutture dello Stato liberale, oggi possiamo vivere decenni di pace attraverso interi continenti. Tra prussiana diClausewitz e strategia "anti-clausewitziano cinese Sun Tzu, tra antropologia e la storiografia" competizione per risorse scarse "," pulsione di morte " freudiana e strutturalismo tra i sostenitori della coscrizione e militari scambi tra strade romane e ferrovie, John Keegan cammina su un sentiero di guerra aperta con più tracce di riproduzione.

      Dopo aver visitato i limiti geografici di terra e guerre navali, il lettore visita le tribù Zulu e Maori, gli Yanomami del Orinoco, che hanno un "codice" aggressività dei più terrificanti, infiammato da allucinogeni (si può pensare di riguardo al califfato islamico drogato con Captagon), Aztec rituali fornitori sacrifici umani di guerre ... ISumeri e gli egiziani (pochi guerrieri) precedono la "falange greca" e "Roma, madre degli eserciti moderni" (e creativi ufficiali di carriera: i centurioni) le cui strategie militari di conquista hanno fondato una nuova era di civiltà seduta ai confini della guerra. I cavalieri della steppa, come gli Unni (guerrieri per bene della guerra), hanno minacciato l'impero romano, nonostante la fine dell'imperialismo crudele della razza, fino al punto di imporre le "barbarie" nel suo esercito, di Visigoti. 

      Tuttavia, poco si sa circa la data di inizio della guerra in gran parte organizzata: nella preistoria, in Sumer?  A poco a poco cedono e i morti  aumentano, raggiungendo altezze tragiche con le conquiste napoleoniche, la guerra civile, e, naturalmente, le trincee. Insieme con l'istituzionalizzazione della disciplina e scuole militari, con l'invenzione delle mitragliatrici ...

Sun Zi : L'Art de la guerre, Guy Trédaniel, 2011.

Photo : T. Guinhut.

 

 

      Ovviamente si può parlare di John Keegan poche le affermazioni rischiose, come la guerra "è un'attività esclusivamente maschile." Certo, "la vita da guerriero esercita una forte attrazione sulla fantasia maschile." Oltre alle mitiche Amazzoni, l'evoluzione dellaparità di genere si traduce in eserciti professionali da incorporare anche loro, in tutto o in termini di coscrizione volontaria: si può considerare solo quella israeliana e curda ...

      Allo stesso modo, ci si può chiedere se il nostro storico non è troppo ottimista quando vede nella prima guerra del Golfo la coalizione internazionale evacuare gli iracheni dal Kuwait, "senza infliggere perdite sulla popolazione civile" come "il primo trionfo della morale di una guerra giusta che il Grozio aveva definito le regole nel XVII secolo. " 

      Dovremmo andare oltre, rimuovere Saddam Hussein? E non fino alla seconda guerra del Golfo. Evacuare un dittatore sanguinario sembra ancora come una buona idea; oltre il peggio può accadere: una storia, tra cui John Keegan potrebbe prendere in considerazione la pubblicazione il suo libro nel 1993. Peggior successo: metastasi dell'Islam radicale divorano il mondo arabo-musulmano, altrimenti ovunque suoi correligionari erano infiltrati. Qual'è la richiesta di guerra giusta? 

      Un degno e formidabile concorrente di Clausewitz, John Keegan ha fatto un lavoro profuso ed enciclopedico sul bordo della storia e della filosofia politica. Ma non è un po troppo sintetica per la conoscenza d'oggi, quando sembra affermare l'esistenza di un unica cultura militare? 
Globalizzato lo sviluppo occidentale, appoggiandosi sulle sue strategie di scuola, la sua enorme industria militare, la sua è iper? La "guerra primitiva" popoli pre-civiltà, ma non ha perso nulla della sua attualità.

      Se John Keegan cita a questo proposito il conflitto nella ex Jugoslavia, si può negare che l'odio inter-etnico e inter-religioso ricorrenti del pianeta, in particolare nel fanatico califfato islamico, può mantenere una dimensione antropologica profondamente atavica o congenita all'uomo


      John Keegan però ci ricorda: "L'uomo civilizzato ha scoperto qualcosa di più interessante la lotta" e la filosofia politica, l'amore della  famiglia e gli altri, l'educazione, l'economia, tecnica e l'arte. Tutte le arti sono molto più belle che la brutta arte della guerra, tranne la persona che l'afferma in caso di auto-difesa di una civiltà ...


[1] Tutti i lavori pubblicati dalle Edizioni Perrin.

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

Traduit en italien par le site Sa Defenza

http://sadefenza.blogspot.it/2015/06/storia-della-guerra-di-john-keegan.html

 

L. M. P. de Laverne :

L'Art militaire chez les nations les plus célèbres de l'Antiquité et des temps modernes,

Legras et Cordier, 1805. Photo : T. Guinhut.

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4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 08:50

 

Montesquieu : Lettres persanes, Pierre Marteau, 1754. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

L’éloge des arts et du luxe

 

dans Les Lettres persanes de Montesquieu :

 

une éthique politique et économique des Lumières.

      Le trepalium était un instrument de torture chez les Romains : il a donné notre mot « travail ». On devine que de là vient notre peu d’appétit pour ce dernier. Pourtant un Philosophe des Lumières, Montesquieu, en fait un ardent éloge, couplé avec celui des richesses, dans l’une de ses Lettres persanes. Paru en 1721 de façon anonyme, ce roman épistolaire met en scène des Persans venus visiter l’Europe, échangeant une correspondance régulière entre Perse, Paris et Venise… C’est à l’occasion de la lettre CVI que l’auteur de L’Esprit des lois entreprend de nous convaincre de la nécessité des arts et du luxe. Comment l’écrivain des Lumières conduit-il son argumentation au service des richesses de tous et de l’Etat ? Etudions la posture épistolaire, puis les procédés de l’éloge, avant d’inscrire cette lettre dans le mouvement des Lumières et du libéralisme économique.

      On connait la célèbre phrase de la lettre XXX : « Comment peut-on être Persan ? » L’étrangeté du personnage étonne le tout Paris par l’exotisme de son vêtement et son origine inusitée. La date elle-même de la lettre CVI, « le 14 de la lune de Chalval », témoigne d’un calendrier exotique, donc d’un espace divertissant. Si Montesquieu n’est pas l’inventeur de l’artifice persan et musulman (qui se ressent de l’influence de la traduction des Mille et une nuits[1] par Galland en 1704), il permet d’offrir à l’étonnement d’un regard neuf « la ville du monde la plus sensuelle » : Paris. Mais aussi de se livrer à une critique des mœurs que n’eût pas osé un Français, et que la naïveté d’un Persan excuse ; ce qui permet de ne guère risquer la censure. L’exercice moral est doublé d’une analyse politique, puisqu’il est question dans cette lettre CVI du « prince «  et de l’Etat ». Mais en relation avec la question du développement économique, puisqu’il est question des « arts », au sens technique du terme, et pas seulement des « beaux-arts ».

      Dans la lettre précédente, Rhédi déplorait que la science et les arts eussent conduit à la découverte des « bombes » et de la « poudre », dénonçant « les ravages de la chimie », ainsi à l’origine de tant de morts. Au point de s’exclamer : « Heureuse l’ignorance des enfants de Mahomet ! ». Cet angélisme faisait d’ailleurs l’impasse sur les guerres de conquête de ces derniers. Mais à une telle dépréciation des arts et des techniques, Usbek ne peut rester indifférent : c’est avec une vigoureuse contre-argumentation qu’il répond à son ami. Le procédé épistolaire permet alors d’incarner les personnages de cette fiction. L’échange est rendu vivant par le tutoiement observé par Usbek à l’égard de Rhédi, par l’insistance à répéter le « tu », à invoquer son nom à plusieurs reprises. Ce qui contribue à l’amicale persuasion, quand Usbek fait la leçon à Rhédi, employant le registre polémique puis didactique. Au point que le « je » employé par le premier permette l’identification du lecteur que nous sommes. La lettre nous est, in fine, destinée.

      Elle est également destinée à contrecarrer les préjugés du destinataire, à lui montrer ses propres contradictions : « Tu as quitté ta patrie pour t’instruire, et tu méprises toute instruction. Tu viens pour te former dans un pays où l’on cultive les beaux-arts, et tu les regardes comme pernicieux. » Anaphores, parallélisme et antithèses contribuent à ridiculiser l’incohérence de Rhédi, dans le cadre d’une écriture polémique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Ce pour nous convaincre du bienfait des arts. Là est la thèse, que Montesquieu, sous la plume d’Usbek, va assortir d’arguments et d’exemples, dans un registre didactique, puisqu’il vise à instruire son interlocuteur. Argument historique d’abord pour dénoncer l’idée selon laquelle « les arts amollissent les peuples et, par là, sont la cause de la chute des empires ». Les « Grecs », qui « cultivaient les arts », ont vaincu les Perses. Argument basé sur des faits reconnus, donc raisonnable et digne de convaincre. Montesquieu n’était pas ignorant en la matière puisqu’il écrivit des Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence.

      Dire « que les arts rendent les hommes efféminés » (ce qui est un oxymore), est renvoyé à son illogisme, puisque pour jouir d’un art, il faut « en cultiver un autre », illustration de l’adage selon lequel on n’a rien sans rien, donc sans travail, sinon la pauvreté ainsi blâmée : « honteuse ». La conséquence logique est que « l’oisiveté et la mollesse [au sens de paresse] sont incompatibles avec les arts ».

      Pour appuyer son éloge des arts, du travail, de la richesse et du luxe, Montesquieu use de l’exemple parisien : « la ville du monde la plus sensuelle ». Le champ lexical du bonheur (« plaisirs », « délicieusement ») vise à séduire et persuader. L’argument économique lui emboite le pas : « cent autres travaillent sans relâche », « cinquante artisans ne dorment plus ». Les chiffres, même exagérés, contribuent à l’éloge de l’industrie. Certes, l’on pourrait arguer qu’ « un homme », « une femme » commandent outrageusement pour profiter du luxe fourni par tant de travail. Un marxiste y verrait une outrageuse exploitation. Mais « l’intérêt est le plus grand monarque de la terre ». L’allégorie hyperbolique montre que les artisans exploitent le riche pour s’enrichir à leur tour à l’aide de leur art. Mieux, l’ « ardeur au travail », la « passion de s’enrichir » innervent toute la société, sauf la noblesse implicitement blâmée pour son mépris du travail. Même si Montesquieu, un brin satirique, et non sans ironie, se moque de celui qui travaille au point « d’accourcir ses jours », bien qu’il ait « de quoi vivre jusqu’au jour du jugement », il passe du particulier au général, par un raisonnement inductif, car « le même esprit gagne la nation : on n’y voit que travail et industrie ». Ce qui est mis en valeur par l’hypothèse à l’antithèse, selon laquelle un royaume sans arts « qui ne servent qu’à la volupté ou à la fantaisie », serait « un des plus misérables ».

      Après avoir usé du registre judiciaire (en plaidant la cause des Grecs anciens), puis épidictique (en blâmant une femme et un homme, mais surtout en faisant un éloge nombreux des arts, des artisans, du travail et de la richesse), Montesquieu conclut la lettre d’Usbek par le registre délibératif en conseillant, exhortant le prince (donc le souverain, et bientôt Louis XV) à encourager ses sujets [pour qu’ils] vivent dans les délices » ; donc dans le luxe. L’anaphore « il faut » est bien au service d’un futur meilleur : « pour qu’un prince soit puissant […] il faut qu’il travaille à leur procurer toutes sortes de superfluités, avec autant d’attention  que les nécessités de la vie ». Que nos princes d’aujourd’hui sachent entendre ces lumières !

 

Montesquieu : Oeuvres, Lequien, Paris, 1819. Photo : T. Guinhut.

 

      Ce sont là en effet les valeurs du siècle des Lumières. Montesquieu, philosophe politique de L’Esprit des lois, met ici en avant la connaissance de l’Histoire ancienne, dans la tradition humaniste, mais surtout le « travail », « l’industrie », les « arts » (au sens technique du mot) et les « beaux-arts », tout ce que la future Encyclopédie - ce Dictionnaire raisonné des arts et des métiers - sous l’égide de Diderot et d’Alembert, publiera, de par sa vocation didactique, ne serait-ce qu’au moyen de ses volumes de planches, décrivant avec précision les techniques des artisans et des artistes, de l’imprimeur au mines de fer, en passant par les ruches et l’argenterie… Bien d’autres auteurs des Lumières défendront une thèse similaire. Voltaire, dans son poème « Le mondain », en 1736, revendique son goût pour le luxe : « J’aime le luxe, et même la mollesse [au sens de confort] / Tous les plaisirs, les arts de toute espèce ». Il aime également « De voir ci l’abondance à la ronde, / Mère des arts et des heureux travaux ». L’Encyclopédie elle-même, par la voix de Saint-Lambert, consacrera en 1766, un article au « Luxe ». L’éloge de ce dernier se double alors d’une injonction à multiplier les « manufactures » qui « augmenteront encore l’aisance ». On voit augmenter « le nombre des propriétaires […] on y voit diminuer l’extrême distance et la vile dépendance du pauvre au riche », donc les inégalités. Pourquoi ? Parce le pauvre « vendra chèrement son travail au riche », dans le but de s’enrichir lui-même.

      On comprendra que, de Montesquieu à Saint-Lambert, en passant par Voltaire, qui fit l’éloge du commerce dans ses Lettres philosophiques consacrées à l’Angleterre, nous sommes également dans le siècle du libéralisme économique. Adam Smith, dans La Richesse des nations, en 1776, étendra cette thèse en faveur du commerce, de l’industrie, du luxe, dont l’égoïsme profite bientôt à tous, dans ce qui est considéré comme le premier livre moderne d’économie politique. Pour Montesquieu, le « prince » et « l’Etat », devant veiller à ce que « ses sujets vivent dans les délices », travailler « à leur procurer toutes sortes de superfluités », on se doute qu’il n’attend pas d’eux qu’ils leur applique une fiscalité confiscatoire, de peur d’étrangler la croissance, mais qu’il encourage l’enrichissement du peuple…

      Ne nous y trompons pas : l’artifice amusant du roman épistolaire exotique fait des Lettres persanes, certes une argumentation indirecte, à la manière d’un apologue, mais surtout, et particulièrement dans cette lettre CVI, une argumentation directe en faveur des arts au service des progrès de l’humanité. Auteur des Lumières et du libéralisme économique et politique, Montesquieu saura, dans L’Esprit des lois, défendre la monarchie parlementaire, donc la démocratie aux dépens de l’absolutisme, défendre la liberté, lorsqu’il use de l’ironie pour dénoncer l’esclavage. En digne écrivain engagé, défendant des valeurs universelles, il pourrait dire, comme Voltaire : « J’écris pour agir ».

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

Montesquieu : Oeuvres, Lequien, Paris, 1819. Photo : T. Guinhut.

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28 février 2015 6 28 /02 /février /2015 13:58

 

Ginkgo Biloba. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Poèmes d’Extrême-Orient :

 

Anthologie de la poésie chinoise,

 

101 poèmes du Japon d’aujourd’hui.

 

 

Anthologie de la poésie chinoise, sous la direction de Rémi Mathieu,

La Pléiade, Gallimard, 1548 p, 65 €.

 

101 poèmes du Japon d’aujourd’hui, Philippe Picquier, 182 p, 19 €.

 

 

 

 

      Une anthologie est toujours une gageure : songez à ces trois mille ans et à ce continent que quelques pages, fussent-elles 1500, ne sauraient dire. Pourtant, après les superbes anthologies de poésie consacrées en Pléiade à l’Allemagne, à l’Espagne, à l’Italie et à l’Angleterre, sans compter la France, il fallait bien franchir les anciens parapets de l’Europe. C’est évidemment à la Chine qu’il fallait songer, d’autant qu’elle est depuis la plus haute antiquité coutumière de la pratique anthologique : Confucius, au Vème siècle avant notre ère, aurait déjà compilé la sienne. En toute logique, le Japon devrait lui emboiter le pas. S’il faut combler cette attente, enjambons les millénaires pour lire en 101 poèmes du Japon d’aujourd’hui comment la tradition est revisitée, voire conspuée.

 

      De « l’aigle pêcheur » qui introduit (vers l’an -1045) une chanson d’amour, et « Laisse le soleil chasser l’aube / Bouger mon poème » qui, en 1988, ferme cette Anthologie de la poésie chinoise, la nature, son paysage de montagne et d’eau, est une constante rarement oubliée, comme chez Tao Yuanming :

« Longtemps j’ai vadrouillé par les monts et les lacs […]

L’humaine vie n’est rien, si ce n’est illusion.

Et tout doit pour finir retourner au néant. »

      Pour figurer l’ascension spirituelle, le marcheur monte vers le ciel ; non loin de la pensée du taoïsme et du bouddhisme. Ainsi, la poésie est le sceau de l’harmonie du monde, de l’homme et de la nature, au-delà même des convulsions politiques qui font changer les dynasties, depuis les Zhou, en passant par les Tang et les Song, suivis par les Yuan mongols, les Ming, et les Qing mandchous qui vinrent clore l’Histoire impériale en 1911. C’est ainsi, chronologiquement, que s’organise cette anthologie, guide des émotions par-delà les millénaires.

      En Chine, la poésie a longtemps bénéficié d’une indéfectible reconnaissance sociale, du plus humble paysan qui chante les travaux et les jours, jusqu’au plus prestigieux lettré et au souverain, qui sont des calligraphes accomplis, et connaissent les « six arts », base de l’éducation en Chine ancienne. Liberté dans un monde corseté, refuge de la paix et de la beauté dans une Histoire où cicatrisent les guerres, le poème est une sorte de sacralité, d’ivresse intime. On se réfère toujours à Li Bai (701-162), y compris chez les écoliers, pour élire une paradoxale permanence de la sensibilité : « Nuages flottants, état d’âme du voyageur ». Dire son cœur avec une portée philosophique, telle serait l’ambition du poète. Surtout au cours de la période Tang, âge d’or poétique, parmi lequel fleurissent Du Fu (712-770) et Li Bai (dont l’art virtuose n’est pas loin de celui du haïkaï du japonais Bashô[1]) :

« Au pied du lit la lune étend son vif éclat ;

On croirait presque voir du givre sur la terre.

Si je lève les yeux, c’est la lune brillante.

Si je baisse les yeux, le pays de mes pères. »

      Autres thèmes récurrents, l’exil, l’amitié, la poésie elle-même, le vin, la musique. Récurrente également l’imitation des textes anciens, en une posture cultivée obligée, ce qui n’interdit pas, comme chez Li Bai, l’invention de mots et d’images novateurs. Quand l’image picturale est souvent de la même main que celle du calligraphe et poète. La lecture de la nostalgie d’un des poètes du « Yuefu » suggère alors une peinture à venir :

« Je désire être l’un des deux cygnes jaunes,

Voler haut dans les airs et renter au pays ! »

      Quoique célébrées, aimées, surtout si elles sont chanteuses ou danseuses, peu de femmes écrivent (ou ont été retenues par le temps) en poésie chinoise : Li Qingzhao (1084-1155) ou Qiu Jin (1877-1907) disent les amours perdues. Ecoutons la première :

« Les fleurs d’elles-mêmes fanent et se dispersent, les eaux s’écoulent à leur gré,

Une seule et même pensée amoureuse,

Deux lieux à notre peine sans fin.

Ce sentiment, nul leurre ne peut l’éliminer,

Sitôt tombé entre les sourcils,

Il remonte à la pointe du cœur ».

      Vers de quatre ou sept syllabes, poèmes en prose parfois, que seraient-ils si nous traduisions littéralement ? « oiseau voler montagne forêt, lune briller tard ciel », propose en note Rémi Mathieu. Deux syntaxes, chinoise et occidentale, irréductibles, là où il faut pourtant préférer la mise en langue française, mais la plus allusive possible. Reste que les poèmes réguliers appelés « shi », sont ici en alexandrins, décasyllabes et octosyllabes : bel effort de la part de la demie douzaine de traducteurs de la langue han, qui ont œuvré pour quatre mille poèmes, et environ neuf cents auteurs. Ce sont disent les sages amateurs : « jades parmi les cailloux ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Avec le XXème siècle, la poésie chinoise connaît sa révolution : les poètes ne sont plus des fonctionnaires de l’Empire, mais de simples écrivains. À la suite du réalisme socialiste prôné par le maoïsme, la Chine de Taiwan poursuit une voie plus novatrice, bientôt rejointe par les nouveaux poètes qui n’ont pas connu la Révolution culturelle, et ceux qui écrivent en exil. Plus contemporains sont les « poèmes de Tian’anmen », que l’on devine guère officiels, quand résonne « Le brasier de la révolution détruisant l’impureté », quand des anonymes ont des « larmes en place de paroles ». Né en 1949, Bei Dao semble incarner une nouvelle ère à lui seul :

« La liberté est couvercle doré de cercueil

Suspendu au plafond de la prison […]

L’exil des mots a commencé »

      Auprès de ce volume, les Chinois adorant les anthologies, dont les visées sont autant morales, politiques, qu’esthétiques, nous nous sentons un peu Chinois, quoique avec le détachement de leurs sages qui se fient moins aux turpitudes des hommes qu’à la beauté des montagnes. Rassurons ceux que les forts et dignes volumes de La Pléiade impressionnent, effraient : cette anthologie est rafraichissante : on ne la lira pas obligé de se courber en toute son humilité devant toutes ces soigneuses pages et ces notes profuses. Mais, surpris du bonheur de ce voyage millénaire, au hasard d’une pérégrination, selon Bei Dao,

« Le verre des mots une fois bu

Donne plus soif encore. »

 

      En attendant que La Pléiade nous offre l’équivalent pour le voisin Japonais, voici que les éditions Philippe Picquier, éminentes spécialistes de l’Extrême-Orient, nous ouvrent les portes de 101 Poèmes du Japon d’aujourd’hui. Le plus anciens de ces poètes est né en 1913, le plus jeune en 1955. Il faut donc compter qu’ils écrivent depuis les années trente. Les formes prestigieuses du haïkaï et du waka ne retiennent plus prisonniers les auteurs, que l’influence occidentale a contribué à libérer : longs poèmes, parfois en prose, refrains, versets…  

      Les poèmes écrits au titre de l’effort de guerre furent, après la défaite, fort controversés, bientôt rejetés : art officiel, propagande, à quoi il fallut opposer une renaissance. Ainsi Ayukawa Nobuo est « A la recherche d’un garde-fou contre la mort », dans son « Chant du matin dans un hôtel à l’ancre ». Désespoir et scepticisme, « devant l’avenir mollet / De ces œufs fendillés », confluent lorsqu’il demande :

« Nous-même, notre dieu

L’aurions-nous pour toujours étranglé sur ce lit ? »

      S’il semble s’agir d’un dieu intime, peut-on le lire comme une allusion au Japon, à son empereur, lorsque l’ultime strophe constate :

« Naissance entre deux grandes guerres à l’ouest et à l’est

Echec de l’amour comme de la révolution »…

      De même, Yoshimoto Takaaki, croise « dans ses guenilles de victime de guerre un jeune homme », « une jeune fille d’un monde abandonné ».

      Au-delà de « la gare transparente du passé » vue par Tanikawa Shuntarô, il faut alors redécouvrir la vie, écrire avec conscience et sans naïveté :

« Si je n’ai jamais éprouvé de haine à leur égard

Je n’ai pas eu non plus d’affection pour les mots

Certains font dresser le poil de la honte

D’autres, par leur transparence, font oublier qu’ils sont des mots

D’autres encore, au terme d’une longue réflexion, peuvent déboucher sur un génocide. »

      On croirait entendre un écho des « Moines », chargé de tous les péchés par le poème satirique de l’irrévérencieux Yoshioka Minoru. L’humour ancestral des habitant de l’archipel du soleil levant reprend ses droits, y compris lorsqu’Itô Himori « prépare des boulettes de farine de riz enrobées de sucre qu’à mon ami / Je vais porter » et qui sont « lisses comme des fesses »…

      Cette poésie contemporaine, malgré le dynamisme économique et civilisationnel du Japon, est volontiers désespérée, quoique inventive ; elle a quitté les clichés zen parmi les brumes des montagnes. Quelle distance étonnante avec nos préjugés envers l’Extrême-Orient poétique ! Ces 101 poèmes nous révèlent un Japon d’aujourd’hui pour le moins inattendu, comme la beauté soudaine d’une fêlure dans un bol à thé…

 

      « Il y a là dans ces vers et si légère / Toute ma vie », écrit en 1970, le Japonais Kuroda Saburô. Ces deux vers pourraient parler au nom de tous les poètes de ces deux anthologies, de Chine et de Japon. Comment si bien voyager dans un fauteuil, sinon dans le temps et l’espace lointain, devenus intérieurs de ces deux anthologies de l’humanité ? Comme l’écrit vers 1368, la Chinoise Yifenr, ce sont des « Feuilles rouges répandues » :

« Feuilles rouges répandues : dragon de feu laisse tomber ses écailles ;

Pins verts délicatement tordus : un python montre ses crocs.

Il y a là de quoi faire des vers,

Matière à peindre, non moins ! »

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Voir : Basho Seigneur ermite : L'integrale des haikus

 

Photo : T. Guinhut.

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14 février 2015 6 14 /02 /février /2015 16:41

 

Emmaüs, Niort, Deux-Sèvres. Photo : T. Guinhut.
 

 

 

 

 

Eleanor Catton : La Répétition

 ou le petit théâtre de la pédophilie ;

suivi des Luminaires

du roman d'aventures néo-zélandaises.

 

 

 

 

 

Eleonor Catton : La Répétition,

traduit de l’anglais (Nouvelle Zélande) par Erika Abrams, Denoël, 448 p, 22 €.

 

Eleanor Catton : Les Luminaires,

traduit de l’anglais (Nouvelle Zélande) par Erika Abrams, Buchet-Chastel, 992 p, 27 €.

 

 

 

 

      Pour assurer un minime succès de curiosité au roman de mœurs contemporain, il faut au moins pointer l’un des tabous les plus puissants. Ce sera celui de la pédophilie, du moins celui de la sexualité des adolescentes confrontée à la sujétion des adultes dans l’univers d’un lycée. Pourtant, Eleonor Catton, dès ses 23 ans, a su aller au-delà des clichés moralisateurs comme de la seule provocation en proposant un roman aussi dynamique que d’analyse, intitulé La Répétition. Après cette réussite aux allures fort contemporaines, la jeune néo-zélandaise née en 1985 retrouve les fondamentaux des romanciers victoriens. La surprise est alors grande de lire avec Les Luminaires un pastiche des grandes narrations anglaises du XIXème siècle. Avec sûreté, à l’aide de narrateurs à la douzaine, la romancière de 30 ans est aux commandes d'un vaste puzzle de voyage et d’investigation parmi les mers et les terres lointaines de l'Océanie.

      La Répétition est fait de deux intrigues qui courent, finalement se rejoignent et dont la seconde est la « répétition » de la première, au sens propre et au sens théâtral. D’abord, l’histoire de Victoria, enregistrée par une étrange professeur de saxophone qui recueille les commentaires et impressions de ses élèves et de leurs parents ; ensuite, celle de l’école de théâtre dont le concours et le cursus sont le centre de l’univers du jeune Stanley. L’on devine que les ados et les profs sont peu conventionnels, que la problématique de la pédophilie y était traitée avec audace, en y mêlant d’habiles masques théâtraux.

      S’il ne s’agissait que de la relation sexuelle entretenue par Mr Saladin et Victoria, son élève mineure, l’anecdote vaudrait à peine la peine d’être rapportée. Mais Eleanor Catton sait donner un relief, une incroyable épice de vérité à ses personnages. Elle les fait parler avec une langue acérée, sans concession, nourrie d’images coruscantes, en particulier cette prof de saxo dont le franc parler, les qualités d’analyse voisines du cynisme ne s’embarrassent pas de politiquement correct : elle enseigne «  la langue du saxophone » comme celle « des orphelins et des bâtards et des putains », elle veut des élèves « duvetées et pubescentes », elle voit le « péché » de Victoria comme « un état, une maladie fourrée tout au fond d’elle », conception certes discutable. Elle va jusqu’à comparer l’initiation de Victoria avec celle par « un copain », « un garçon sans caractère », et pas au bénéfice de ces derniers. La dimension provocatrice pourra choquer…

      La satire du monde des adultes est criante En particulier le grotesque psychologue qui fait subir à la classe de Terminale des séances moralisatrices bêlantes d’ennui, parfois dynamitées par l’ironie de Julia, l’élève hors normes. Ou encore le père de Stanley, également psychologue et amateur de blagues lourdement scabreuses ; sans compter les mères abusives. Mais elle est dépassée par un tableau sans fard de la perception des adolescentes assez peu horrifiées, surtout curieuses, voire jalouses de l’expérience menée par le trentenaire et sa tendre élève. D’autant que cette dernière continue, après l’éclatement du scandale, de voir en cachette son amoureux renvoyé du collège, à qui Julia ne reproche que de n’avoir pas su attendre les quelques mois qui la séparaient de ses dix-huit ans.

      Certes, ce chiffre est arbitraire. Mais il en faut bien un, d’autant plus que la séduction, si apparemment consentie, s’accompagne d’abus de pouvoir : « Monsieur Saladin, en tant qu’enseignant, a abusé de son autorité en cherchant à nouer une relation avec une élève », requiert avec justesse le psychologue, malgré l’hypocrite euphémisme, même si l’analyse du « risque » proposée par Julia le dépasse visiblement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Il est indéniable que ce livre, s’il n’avait été écrit par une femme, aurait pu valoir à son auteur quelque soupçon de complaisance envers la pédophilie. Eleonor Catton vient cependant dénoncer le « culte de la victime », cette « rumeur » infondée selon laquelle Victoria « finira en sérial coucheuse » en « loque émotionnelle ». De plus, son sens de la suggestion fait merveille. Elle sait nous faire deviner une tendresse à tous inconnue entre Victoria et Mr Saladin, ainsi que l’émotion de Stanley, brisé par le double jeu de la petite sœur de Victoria, cette trop jeune Isolde (pour les dix-huit ans passés du garçon) qui ressent « cette panique écorchée du désir en abysses » qui lui aura permis de réaliser le rêve lesbien de Julia.

      Même si son goût de l’ambiguïté peut laisser perplexe, rien d’obscène en ce roman aux fines analyses psychologiques. Sauf peut-être les franges de la perversion et de la manipulation mentale exercés par les maîtres de théâtre qui n’hésitent pas à laisser leurs élèves s’aventurer sur le territoire dangereux de la représentation du scandale, autre « répétition » de la manipulation de Saladin, au nom venu des troubles magies des Mille et une nuits…       

      Car les « Maître d’Interprétation » et du « Mouvement », la « Maîtresse d’improvisation » règnent sur cette école extrêmement sélective où ils forment des acteurs, comme d’étranges gourous, semi-sensés, semi-hallucinés : « Le théâtre est un concentré de la vie ordinaire », « Il acceptera d’être laid si son art l’exige », « Nous vous encourageons à soigner votre condition physique, à tomber amoureux, à vous masturber. » Quant à « l’exercice inspiré du Théâtre de la Cruauté », il franchit les bornes de la violence et de l’humiliation publique…

      Ainsi, les coups de griffe contre les systèmes éducatifs sont nombreux. En témoigne cette diatribe de Julia à méditer : « ce n’est plus le meilleur qu’on distingue. Au contraire, il n’y en a que pour les classes de rattrapage et de soutien, l’enseignement spécialisé et les enfants à problèmes… »

      L'on pourra reprocher à ce parti-pris narratif de n’avoir qu’une fin partielle. Ou apprécier au contraire sa conclusion ouverte qui laisse toute liberté aux personnages de se développer selon leurs choix et nos imaginaires. En ce roman de formation en forme de points de suspensions, on choisira le point de vue du lecteur adulte à moins de celui des adolescentes effrayées ou séduites jusqu’à la jalousie par l’expérience hors-normes vécue avec audace par leur consœur… Quel jugement moral la romancière veut-elle porter sur ses personnages ? Au lecteur de répondre par son propre verdict, s’il peut être nuancé.

      La richesse stylistique, même si les parties consacrées aux leçons de théâtre ronronnent parfois dans la facilité d’une narration factuelle à l’intérêt discutable, l’angle d’attaque de son sujet -les analyses des adolescents et celui de profs non conventionnels- nous laissent espérer que ce jeune roman n’est que le premier d’une longue chaîne de surprises. Surtout, qu’Eleanor Catton n’abandonne pas son exigence de vérité intérieure, la vigueur déstabilisante de son regard sur nos motivations secrètes et les failles de nos sociétés. Que notre néo-zélandaise demeure, en gagnant encore de la puissance, une réelle romancière. Qu’elle nous épargne de devenir une faiseuse de scénarios convenu à l’écriture neutre…

      Un séduisant roman d’aventure, où « le châtiment est à la mesure du crime », s’ouvre sous nos yeux ébahi par ces Luminaires. À mi-chemin des traversées maritimes et exotiques de Stevenson[1], des quêtes minières de Jack London et des investigations de Sherlock Holmes… Le voyage narratif est traversé de pluviosités record, de tempêtes et naufrages, de bars appelés « La Poudre et la Pépite », d’escrocs et de courtiers, d’espérances mirifiques. La côte sud-ouest de Nouvelle-Zélande, assaillie par les chercheurs d’or, voit se multiplier « les fortunes montantes ou déjà au faîte du succès, les fortunes déclinantes, tombées, en suspens ». Le capitalisme en accéléré donc. Or, au cœur de cette suractivité, un nœud de mystères réunit une douzaine de personnages dans le fumoir d’un hôtel ; au premier chef Balfour, menacé de chantage, environné de « scélérats ». Autour de lui, un révérend, un politicien, un prospecteur, un trafiquant d’opium, un Maori évidemment tatoué… On y évoque Anna, une prostituée qui s’adonne à l’opium et manie un pistolet pour dames, un capitaine Carver à l’identité fluctuante. Des malles égarées, un notable fortuné disparu, un trésor en or dans une cabane perdue où meurt un ivrogne, et l’enchaînement des péripéties devient vertigineux, malgré les efforts des tenants de la loi : « où peut-on mieux cacher un cadavre que dans la tombe d’un autre ? »

      En ce roman historique, situé autour de 1860, la sagacité psychologique est   sans faute lorsque l’on sonde son narcissisme, son estime de soi, ses interrogations, ses travers ; comme le Maori Te Rau qui « se mit en quête de la sagesse, afin d’apprendre à douter de lui-même ». Le narrateur omniscient se charge de nous guider parmi les protagonistes de l’intrigue, ménageant les fils de son labyrinthe, les ressorts du suspense, en cette « quête de la vérité »…

      L’on devine que l’indubitable talent d’Eleanor Catton a séduit les lecteurs d’un pays aux deux îles australes, grâce auquel ils retrouvent, magnifiée, l’Histoire de leur nation, ses paysages marins et montagnards, ses habitants, colons et Maoris. Au point que la réputation de ce modèle romanesque à l’ancienne se soit répandue parmi les contrées anglo-saxonnes, qui lui ont attribué le prestigieux Man Booker Prize. Notons d’ailleurs qu’elle en est la plus jeune récipiendaire avec le livre le plus volumineux : un roman écrit « par déférence pour l’harmonie des sphères tournantes du temps ».

      Car au-delà de cette histoire aux facettes nombreuses, chacun des personnages, tour à tour prenant en son chapitre le fauteuil du conteur, se voit affublé d’un signe du zodiaque : Thomas Balfour est le Sagittaire, Te Rau est Aries. Ils sont douze à être figurés par des constellations, sans compter les sept planètes associées aux acteurs des machinations  criminelles : Vénus pour Lydia Wells-Carver, Mars pour le martial Francis Carver, escroc et peut-être meurtrier… La composition est cosmique, habile et curieuse.

      Au-delà de l'indéniable réussite de la distribution et du drame romanesque, l’intermittente ironie du narrateur, qui chapeaute l’ensemble, et cette construction zodiacale et planétaire qui explique les Luminaires du titre, suffisent-elles à assurer à ce vaste et ambitieux roman une aura postmoderne parfaitement convaincante ? Le risque étant d’associer à la rigueur compositionnelle de ce beau volume les séductions artificielles de la superstition. Aussi l’on est en droit de préférer La Répétition : quoique écrit par une plus jeune écrivaine, le roman révèle une fraicheur, une acuité plus révélatrice des psychologies humaines, de leurs beautés et de leurs travers.

 

Thierry Guinhut

À partir d'articles publiés dans Le Matricule des anges, octobre 2011 et janvier 2015

Une vie d'écriture et de photographie

 

La Serrurerie, Poitiers. Photo : T. Guinhut.

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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 20:17

 

San Giacomo / Sankt Jakob, Trentino Alto-Adige / Südtirol.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

Bethsabée, la muse charnelle de Rembrandt,

 

par Claude-Louis-Combet

 

& Simone van der Vlugt.

 

 

 

 

Claude Louis-Combet : Bethsabée, au clair comme à l'obscur,

José Corti, 2015, 194 p, 21 €.

 

Simone van der Vlugt : La Maîtresse du peintre,

traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Guillaume Deneufbourg,

Philippe Rey, 2020, 304 p, 20 €.

 

Le peintre tient d'une main ferme le pinceau de la féminité. Hélas, une tragédie fend la vie de Rembrandt en deux : la mort de son épouse Saskia. De plus, il doit se séparer de la servante Geertghe, qui lui fit un procès faute d'une promesse de mariage non honorée, et fut internée à cause de ses violences, y compris contre les enfants du maître. Fort heureusement, en cette période noire, le destin de l'artiste fut illuminé par l’arrivée d’Henrdrickje Stoffels (1626-1663) qui, outre l’entrée à son service, devint sa maîtresse, et son modèle. C’est à cet accord parfait, quoique tragique, que Claude Louis-Combet consacre un récit somptueux, profond comme les ombres, lumineux comme le pinceau du styliste. Cependant Geertghe Dircx n’a peut-être pas dit son dernier mot et se voit en passe d’être réhabilitée par le roman de Simone van der Vlugt : La Maîtresse du peintre. Être un génie protège-t-il du mal ?

L’on connaît, au Louvre, le portrait d’Henrdrickje Stoffels au béret de velours, peint de pâtes tendres aux couleurs assourdies par le temps. Or elle devint également le modèle de toiles mythologiques : « Danaé », « Bethsabée », d’où le titre choisi par notre prosateur. Ce n'était pourtant qu'une servante, qui « ne savait pas lire », mais qui sut écouter le peintre lui lire la Bible, pour comprendre comment prendre la pose de son personnage : cette Bethsabée au bain qui tenta le roi David et lui donna deux héritiers, dont le futur roi Salomon.

L'art et l'érotisme, autant que les deux personnages, se complètent :« Le Maître aimait l'éclat solaire des chairs dénudées, les seins gonflés de vie, les cuisses palpitantes dans la lumière. » Non content d'apaiser le désir, « la ferveur sexuelle » permet également « la fusion du charnel et du spirituel [qui] consistait exclusivement dans la beauté de l'oeuvre ». Au point de se demander qui féconde qui… Les allusions mythologiques nourrissent la fertilité du peintre autant que du ventre de la femme qui, après avoir été la nourrice de son fils préféré, Titus, lui donne bientôt une fille nommée Cornelia : « comme Pasiphaé, Hendricjke avait été visitée, et, dans les abysses de sa chair, travaillée d'une violence bestiale qui lui avait arrachée de longs gémissements ». Ce qui permet à Rembrandt de produire une de ses « toiles refusées et interdites », hélas ravagée plus tard, lors d'un incendie. Hendrijcke restera un fidèle soutien de celui qui sera bientôt accablé de dettes...

Rien n'empêche le narrateur de prendre de la hauteur, spirituelle et temporelle, en particulier lorsqu'il compare les portraits de la femme, de la servante (au sens noble du terme), de la muse, à la « Beata Beatrix » de Rossetti, à « Mademoiselle Rose » de Delacroix. On se doute alors que la profession de foi de l'écrivain n'est pas loin : « Les figures de l'art semblaient anticiper les expériences de la vie et en tracer les promesses ».

Témoin et démiurge de son œuvre-miroir de l'artiste et de la vie, Claude Louis-Combet termine en mélancolie, enterrant, après celui de l'aimée, le corps de son peintre. Il est « à quelques pas en arrière […] le Prosator, appelé Homme du Texte, appliqué à ne rien perdre du spectacle de cet enterrement furtif et désolant ».

Après Blesse, ronce noire et Le Livre du fils1, l'univers de Claude Louis-Combet est une fois de plus totalement inactuel ; en ce sens intemporel. Le corps, la chair, le désir, l'art et la transcendance peut-être possible sont des thèmes obsessionnels caressés avec la paume d'une langue intensément sensuelle et chargée de sens. Y compris s'il use (voire abuse) des métaphores du « clair » et de « l'obscur », pour reprendre son évocateur et profondément mystique sous-titre. Il est évident que l'écrivain cherche -et parvient- à peindre une œuvre d'art, au sens où, représentant les tableaux de Rembrandt, et les faisant palpiter de vie, il réalise des ekphrasis : en écrivant comme peint son maître, changeant tout ce qu'il narre et décrit en tableau.

Si Claude Louis-Combet n’est pas le seul à avoir écrit sur un tel sujet (Paul de Roux offrit à cet égard un roman, Une Double absence2, et Pierre Benoît un Bethsabée en 1938) il sait à merveille envelopper son lecteur dans un monde profus et touffu, aux lumières chaudes, aux ombres brutales. Récit ? Plutôt « mythobiographie », dit-il. Eloge et blason de l'amour et de l'art ? Plutôt un vaste poème en prose, dans une lointaine consanguinité splendide avec cet autre amant de l'art : Charles Baudelaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec le roman de Simone van der Vlugt, La Maîtresse du peintre, le point de vue est radicalement différent. C’est un pan ignoré de la personnalité du peintre, de sa vie sentimentale et domestique qui est ici éclairé de sombre manière. Rembrandt van Rijn vécut plusieurs années avec Geertje Dircx, gouvernante de son fils Titus après la disparition de son épouse Saskia Uylenburgh. Une telle liaison s’est conclue par l'arrestation puis l'emprisonnement de Geertje en maison de correction. Ce fut bien à la demande du peintre que le forfait, si l’on peut appeler cela ainsi, s’accomplit.

S’appuyant sur des recherches historiques, Simone van der Vlugt peint à son tour le portrait moins d’un peintre que d'un homme, auquel elle contribue par un brin d’imaginaire pour se glisser dans la psyché du personnage féminin. Loin du mythe et de l’aura picturale, la réalité serait plus retorse. Sombre et manipulateur, ainsi apparait le génial peintre qui écarte une femme, la condamne au silence faute d’avoir vécu selon le souhait du maître, comme de nombreuses femmes de leur temps. Le roman fait résonner les cordes sensibles du pathétique et de la pitié, penchant - un peu trop ? - vers la compassion à l’égard d’une gouvernante bafouée.

Car Geertje avait joui des bijoux de Saskia que lui avait confiés Rembrandt. Et lorsque le mariage qui paraissait miroiter à ses yeux se voit remplacé par une plus jeune servante, Henrdrickje Stoffels, la presque promise se rebelle, exigeant une pension. Et alors qu’il lui avait interdit de vendre les bijoux, il découvre qu’elle les avait mis mis en gage. Voilà le corps du délit qui contraignit  Rembrandt à faire enfermer Geertje, qui ne sortira de la maison de correction qu’au bout de six ans. Triste destin.

Reste que l’écriture, fluide et attachante de ce roman réaliste, n’a pas la puissance poétique et métaphysique de l’art de Claude Louis-Combet.

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

1 José Corti, 1995 et 2010.

2 Paul de Roux : Une Double absence, Gallimard, 2000.

 

Ostia antica, Latium. Photo : T. Guinhut.

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Destin des prisons et angélisme pénal

 

 

 

 

 

 

 

Fragoso

Le Tigre de la pédophilie

 

 

 

 

 

 

 

France

Identité française et immigration

Eloge, blâme : Histoire mondiale de la France

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

Antilibéralisme : Darien, Macron, Gauchet

La France de Sloterdijk et Tardif-Perroux

 

 

 

 

 

 

France Littérature contemporaine

Blas de Roblès de Nemo à l'ethnologie

Briet : Fixer le ciel au mur

Haddad : Le Peintre d’éventail

Haddad : Nouvelles du jour et de la nuit

Jourde : Festins Secrets

Littell : Les Bienveillantes

Louis-Combet : Bethsabée, Rembrandt

Nadaud : Des montagnes et des dieux

Le roman des cinéastes. Ohl : Redrum

Eric Poindron : Bal de fantômes

Reinhardt : Le Système Victoria

Sollers : Vie divine et Guerre du goût

Villemain : Ils marchent le regard fier

 

 

 

 

 

 

Fuentes

La Volonté et la fortune

Crescendo du temps et amour faustien : Anniversaire, L'Instinct d'Inez

Diane chasseresse et Bonheur des familles

Le Siège de l’aigle politique

 

 

 

 

 

 

 

Fumaroli

De la République des lettres et de Peiresc

 

 

 

 

 

 

Gaddis

William Gaddis, un géant sibyllin

 

 

 

 

 

 

Gamboa

Maison politique, un roman baroque

 

 

 

 

 

 

Garouste

Don Quichotte, Vraiment peindre

 

 

 

 

 

 

 

Gass

Au bout du tunnel : Sonate cartésienne

 

 

 

 

 

 

 

Gavelis

Vilnius poker, conscience balte

 

 

 

 

 

 

Genèse

Adam et Eve, mythe et historicité

La Genèse illustrée par l'abstraction

 

 

 

 

 

 

 

Gilgamesh
L'épopée originelle et sa photographie


 

 

 

 

 

 

Gibson

Neuromancien, Identification des schémas

 

 

 

 

 

 

Girard

René Girard, Conversion de l'art, violence

 

 

 

 

 

 

 

Goethe

Chemins de Goethe avec Pietro Citati

Goethe et la France, Fondation Bodmer

Thomas Bernhard : Goethe se mheurt

Arno Schmidt : Goethe et un admirateur

 

 

 

 

 

 

 

Gothiques

Frankenstein et autres romans gothiques

 

 

 

 

 

 

Golovkina

Les Vaincus de la terreur communiste

 

 

 

 

 

 

 

Goytisolo

Un dissident espagnol

 

 

 

 

 

 

Gracian

L’homme de cour, Traités politiques

 

 

 

 

 

 

 

Gracq

Les Terres du couchant, conte philosophique

 

 

 

 

 

 

Grandes

Le franquisme du Cœur glacé

 

 

 

 

 

 

 

Greenblatt

Shakespeare : Will le magnifique

Le Pogge et Lucrèce au Quattrocento

Adam et Eve, mythe et historicité

 

 

 

 

 

 

 

Guerre et violence

John Keegan : Histoire de la guerre

Storia della guerra di John Keegan

Guerre et paix à la Fondation Martin Bodmer

Violence, biblique, romaine et Terreur

Violence et vices politiques

Battle royale, cruelle téléréalité

Honni soit qui Syrie pense

Emeutes et violences urbaines

Mortel fait divers et paravent idéologique

Violences policières et antipolicières

Stefan Brijs : Courrier des tranchées

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

 

 

 

 

 

Guinhut Muses Academy

Muses Academy, roman : synopsis, Prologue

I L'ouverture des portes

II Récit de l'Architecte : Uranos ou l'Orgueil

Première soirée : dialogue et jury des Muses

V Récit de la danseuse Terpsichore

IX Récit du cinéaste : L’ecpyrose de l’Envie

XI Récit de la Musicienne : La Gourmandise

XIII Récit d'Erato : la peintresse assassine

XVII Polymnie ou la tyrannie politique

XIX Calliope jeuvidéaste : Civilisation et Barbarie

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Philosophie politique

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Faillite et universalité de la beauté, de l'Antiquité à notre contemporain, essai

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Au Coeur des Pyrénées

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Pyrénées entre Aneto et Canigou

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Haut-Languedoc

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Montagne Noire : Journal de marche

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Triptyques

Le carnet des Triptyques géographiques

 

 

 

 

 

 

Guinhut Le Recours aux Monts du Cantal

Traversées. Le recours à la montagne

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Le Marais poitevin

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut La République des rêves

La République des rêves, roman

I Une route des vins de Blaye au Médoc

II La Conscience de Bordeaux

II Le Faust de Bordeaux

III Bironpolis. Incipit

III Bironpolis. Les nuages de Titien 

IV Eros à Sauvages : Les belles inconnues

IV Eros : Mélissa et les sciences politiques

VII Le Testament de Job

VIII De natura rerum. Incipit

VIII De natura rerum. Euro Urba

VIII De natura rerum. Montée vers l’Empyrée

VIII De natura rerum excipit

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Les Métamorphoses de Vivant

I Synopsis, sommaire et prologue

II Arielle Hawks prêtresse des médias

III La Princesse de Monthluc-Parme

IV Francastel, frontnationaliste

V Greenbomber, écoterroriste

VI Lou-Hyde Motion, Jésus-Bouddha-Star

VII Démona Virago, cruella du-postféminisme

 

 

 

 

 

 

Guinhut Voyages en archipel

I De par Marie à Bologne descendu

IX De New-York à Pacifica

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

Sonnets des paysages

Sonnets de l'Art poétique

Sonnets autobiographiques

Des peintres : Crivelli, Titien, Rothko, Tàpies, Twombly

Trois requiem : Selma, Mandelstam, Malala

 

 

 

 

 

 

Guinhut Trois vies dans la vie d'Heinz M

I Une année sabbatique

II Hölderlin à Tübingen

III Elégies à Liesel

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Le Passage des sierras

Un Etat libre en Pyrénées

Le Passage du Haut-Aragon

Vihuet, une disparition

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Ré une île en paradis

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Photographie

 

 

 

 

 

 

Guinhut La Bibliothèque du meurtrier

Synospsis, sommaire et Prologue

I L'Artiste en-maigreur

II Enquête et pièges au labyrinthe

III L'Ecrivain voleur de vies

IV La Salle Maladeta

V Les Neiges du philosophe

VI Le Club des tee-shirts politiques

XIII Le Clone du Couloirdelavie.com.

 

 

 

 

 

 

Haddad

La Sirène d'Isé

Le Peintre d’éventail, Les Haïkus

Corps désirable, Nouvelles de jour et nuit

 

 

 

 

 

 

 

Haine

Du procès contre la haine

 

 

 

 

 

 

 

Hamsun

Faim romantique et passion nazie

 

 

 

 

 

 

 

Haushofer

Albrecht Haushofer : Sonnets de Moabit

Marlen Haushofer : Mur invisible, Mansarde

 

 

 

 

 

 

 

Hayek

De l’humiliation électorale

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Tempérament et rationalisme politique

Front Socialiste National et antilibéralisme

 

 

 

 

 

 

 

Histoire

Histoire du monde en trois tours de Babel

Eloge, blâme : Histoire mondiale de la France

Statues de l'Histoire et mémoire

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Rome du libéralisme au socialisme

Destruction des Indes : Las Casas, Verne

Jean Claude Bologne historien de l'amour

Jean Claude Bologne : Histoire du scandale

Histoire du vin et culture alimentaire

Corbin, Vigarello : Histoire du corps

Berlin, du nazisme au communisme

De Mahomet au Coran, de la traite arabo-musulmane au mythe al-Andalus

L'Islam parmi le destin français

 

 

 

 

 

 

 

Hobbes

Emeutes urbaines : entre naïveté et guerre

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

 

 

 

 

 

 

 

Hoffmann

Le fantastique d'Hoffmann à Ewers

 

 

 

 

 

 

 

Hölderlin

Trois vies d'Heinz M. II Hölderlin à Tübingen

 

 

 

 

 

 

Homère

Dan Simmons : Ilium science-fictionnel

 

 

 

 

 

 

 

Homosexualité

Pasolini : Sonnets du manque amoureux

Libertés libérales : Homosexualité, drogues, prostitution, immigration

Garcia Lorca : homosexualité et création

 

 

 

 

 

 

Houellebecq

Extension du domaine de la soumission

 

 

 

 

 

 

 

Humanisme

Erasme et Aldo Manuzio

Etat et utopie de Thomas More

Le Pogge : Facéties et satires morales

Le Pogge et Lucrèce au Quattrocento

De la République des Lettres et de Peiresc

Eloge de Pétrarque humaniste et poète

Pic de la Mirandole : 900 conclusions

 

 

 

 

 

 

 

Hustvedt

Vivre, penser, regarder. Eté sans les hommes

Le Monde flamboyant d’une femme-artiste

 

 

 

 

 

 

 

Huxley

Du meilleur des mondes aux Temps futurs

 

 

 

 

 

 

 

Ilis 

Croisade des enfants, Vies parallèles, Livre des nombres

 

 

 

 

 

 

 

Impôt

Vers le paradis fiscal français ?

Sloterdijk : fiscocratie, repenser l’impôt

La dette grecque,  tonneau des Danaïdes

 

 

 

 

 

 

Inde

Coffret Inde, Bhagavad-gita, Nagarjuna

Les hijras d'Arundhati Roy et Anosh Irani

 

 

 

 

 

 

Inégalités

L'argument spécieux des inégalités : Rousseau, Marx, Piketty, Jouvenel, Hayek

 

 

 

 

 

 

Islam

Lettre à une jeune femme politique

Du fanatisme morbide islamiste

Dictatures arabes et ottomanes

Islam et Russie : choisir ses ennemis

Humanisme et civilisation devant le viol

Arbre du terrorisme, forêt d'Islam : dénis

Arbre du terrorisme, forêt d'Islam : défis

Sommes-nous islamophobes ?

Islamologie I Mahomet, Coran, al-Andalus

Islamologie II arabe et Islam en France

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Vérité d’islam et vérités libérales

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

Averroès et al-Ghazali

 

 

 

 

 

 

 

Israël

Une épine démocratique parmi l’Islam

Résistance biblique Appelfeld Les Partisans

Amos Oz : un Judas anti-fanatique

 

 

 

 

 

 

 

Jaccottet

Philippe Jaccottet : Madrigaux & Clarté

 

 

 

 

 

 

James

Voyages et nouvelles d'Henry James

 

 

 

 

 

 

 

Jankélévitch

Jankélévitch, conscience et pardon

L'enchantement musical


 

 

 

 

 

 

Japon

Bashô : L’intégrale des haïkus

Kamo no Chômei, cabane de moine et éveil

Kawabata : Pissenlits et Mont Fuji

Kiyoko Murata, Julie Otsuka : Fille de joie

Battle royale : téléréalité politique

Haruki Murakami : Le Commandeur, Kafka

Murakami Ryû : 1969, Les Bébés

Mieko Kawakami : Nuits, amants, Seins, œufs

Ôé Kenzaburô : Adieu mon livre !

Ogawa Yoko : Cristallisation secrète

Ogawa Yoko : Le Petit joueur d’échecs

À l'ombre de Tanizaki

101 poèmes du Japon d'aujourd'hui

Rires du Japon et bestiaire de Kyosai

 

 

 

 

 

 

Jünger

Carnets de guerre, tempêtes du siècle

 

 

 

 

 

 

 

Kafka

Justice au Procès : Kafka et Welles

L'intégrale des Journaux, Récits et Romans

 

 

 

 

 

 

Kant

Grandeurs et descendances des Lumières

Qu’est-ce que l’obscurantisme socialiste ?

 

 

 

 

 

 

 

Karinthy

Farémido, Epépé, ou les pays du langage

 

 

 

 

 

 

Kawabata

Pissenlits, Premières neiges sur le Mont Fuji

 

 

 

 

 

 

Kehlmann

Tyll Ulespiegle, Les Arpenteurs du monde

 

 

 

 

 

 

Kertész

Kertész : Sauvegarde contre l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

 

Kjaerstad

Le Séducteur, Le Conquérant, Aléa

 

 

 

 

 

 

Knausgaard

Autobiographies scandinaves

 

 

 

 

 

 

Kosztolanyi

Portraits, Kornél Esti

 

 

 

 

 

 

 

Krazsnahorkaï

La Venue d'Isaie ; Guerre & Guerre

Le retour de Seiobo et du baron Wenckheim

 

 

 

 

 

 

 

La Fontaine

Des Fables enfantines et politiques

Guinhut : Fables politiques

 

 

 

 

 

 

Lagerlöf

Le voyage de Nils Holgersson

 

 

 

 

 

 

 

Lainez

Lainez : Bomarzo ; Fresan : Melville

 

 

 

 

 

 

 

Lamartine

Le lac, élégie romantique

 

 

 

 

 

 

 

Lampedusa

Le Professeur et la sirène

 

 

 

 

 

 

Langage

Euphémisme et cliché euphorisant, novlangue politique

Langage politique et informatique

Langue de porc et langue inclusive

Vulgarité langagière et règne du langage

L'arabe dans la langue française

George Steiner, tragédie et réelles présences

Vocabulaire européen des philosophies

Ben Marcus : L'Alphabet de flammes

 

 

 

 

 

 

Larsen 

L’Extravagant voyage de T.S. Spivet

 

 

 

 

 

 

 

Legayet

Satire de la cause animale et botanique

 

 

 

 

 

 

Leopardi

Génie littéraire et Zibaldone par Citati

 

 

 

 

 

 

 

Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam

 

 

 

 

 

 

 

Libertés, Libéralisme

Pourquoi je suis libéral

Pour une éducation libérale

Du concept de liberté aux Penseurs libéraux

Lettre à une jeune femme politique

Le libre arbitre devant le bien et le mal

Requiem pour la liberté d’expression

Qui est John Galt ? Ayn Rand : La Grève

Ayn Rand : Atlas shrugged, la grève libérale

Mario Vargas Llosa, romancier des libertés

Homosexualité, drogues, prostitution

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Tempérament et rationalisme politique

Front Socialiste National et antilibéralisme

Rome du libéralisme au socialisme

 

 

 

 

 

 

Lins

Osman Lins : Avalovara, carré magique

 

 

 

 

 

 

 

Littell

Les Bienveillantes, mythe et histoire

 

 

 

 

 

 

 

Lorca

La Colombe de Federico Garcia Lorca

 

 

 

 

 

 

Lovecraft

Depuis l'abîme du temps : l'appel de Cthulhu

Lovecraft, Je suis Providence par S.T. joshi

 

 

 

 

 

 

Lugones

Fantastique, anticipation, Forces étranges

 

 

 

 

 

 

Lumières

Grandeurs et descendances des Lumières

D'Holbach : La Théologie portative

Tolérer Voltaire et non le fanatisme

 

 

 

 

 

Machiavel

Actualités de Machiavel : Le Prince

 

 

 

 

 

 

 

Magris

Secrets et Enquête sur une guerre classée

 

 

 

 

 

 

 

Makouchinski

Un bateau pour l'Argentine

 

 

 

 

 

 

Mal

Hannah Arendt : De la banalité du mal

De l’origine et de la rédemption du mal : théologie, neurologie et politique

Le libre arbitre devant le bien et le mal

Christianophobie et désir de barbarie

Cabré Confiteor, Menéndez Salmon Medusa

Roberto Bolano : 2666, Nocturne du Chili

 

 

 

 

 

 

 

Maladie, peste

Maladie et métaphore : Wagner, Maï, Zorn

Pandémies historiques et idéologiques

Pandémies littéraires : M Shelley, J London, G R. Stewart, C McCarthy

 

 

 

 

 

 

 

Mandelstam

Poésie à Voronej et Oeuvres complètes

Trois requiem, sonnets

 

 

 

 

 

 

 

Manguel

Le cheminement dantesque de la curiosité

Le Retour et Nouvel éloge de la folie

Voyage en utopies

Lectures du mythe de Frankenstein

Je remballe ma bibliothèque

Du mythe européen aux Lettres européennes

 

 

 

 

 

 

 

Mann Thomas

Thomas Mann magicien faustien du roman

 

 

 

 

 

 

 

Marcher

De L’Art de marcher

Flâneurs et voyageurs

Le Passage des sierras

Le Recours aux Monts du Cantal

Trois vies d’Heinz M. I Une année sabbatique

 

 

 

 

 

 

Marcus

L’Alphabet de flammes, conte philosophique

 

 

 

 

 

 

 

Mari

Les Folles espérances, fresque italienne

 

 

 

 

 

 

 

Marino

Adonis, un grand poème baroque

 

 

 

 

 

 

 

Marivaux

Le Jeu de l'amour et du hasard

 

 

 

 

 

 

Martin Georges R.R.

Le Trône de fer, La Fleur de verre : fantasy, morale et philosophie politique

 

 

 

 

 

 

Martin Jean-Clet

Philosopher la science-fiction et le cinéma

Enfer de la philosophie et Coup de dés

Déconstruire Derrida

 

 

 

 

 

 

 

Marx

Karl Marx, théoricien du totalitarisme

« Hommage à la culture communiste »

De l’argument spécieux des inégalités

 

 

 

 

 

 

Mattéi

Petit précis de civilisations comparées

 

 

 

 

 

 

 

McEwan

Satire et dystopie : Une Machine comme moi, Sweet Touch, Solaire

 

 

 

 

 

 

Méditerranée

Histoire et visages de la Méditerranée

 

 

 

 

 

 

Mélancolie

Mélancolie de Burton à Földenyi

 

 

 

 

 

 

 

Melville

Billy Budd, Olivier Rey, Chritophe Averlan

Roberto Abbiati : Moby graphick

 

 

 

 

 

 

Mille et une nuits

Les Mille et une nuits de Salman Rushdie

Schéhérazade, Burton, Hanan el-Cheikh

 

 

 

 

 

 

Mitchell

Des Ecrits fantômes aux Mille automnes

 

 

 

 

 

 

 

Mode

Histoire et philosophie de la mode

 

 

 

 

 

 

Montesquieu

Eloge des arts, du luxe : Lettres persanes

Lumière de L'Esprit des lois

 

 

 

 

 

 

 

Moore

La Voix du feu, Jérusalem, V for vendetta

 

 

 

 

 

 

 

Morale

Notre virale tyrannie morale

 

 

 

 

 

 

 

More

Etat, utopie, justice sociale : More, Ogien

 

 

 

 

 

 

Morrison

Délivrances : du racisme à la rédemption

L'amour-propre de l'artiste

 

 

 

 

 

 

 

Moyen Âge

Rythmes et poésies au Moyen Âge

Umberto Eco : Baudolino

Christine de Pizan, poète feministe

Troubadours et érotisme médiéval

Le Goff, Hildegarde de Bingen

 

 

 

 

 

 

Mulisch

Siegfried, idylle noire, filiation d’Hitler

 

 

 

 

 

 

 

Murakami Haruki

Le meurtre du commandeur, Kafka

Les licornes de La Fin des temps

 

 

 

 

 

 

Musique

Musique savante contre musique populaire

Pour l'amour du piano et des compositrices

Les Amours de Brahms et Clara Schumann

Mizubayashi : Suite, Recondo : Grandfeu

Jankélévitch : L'Enchantement musical

Lady Gaga versus Mozart La Reine de la nuit

Lou Reed : chansons ou poésie ?

Schubert : Voyage d'hiver par Ian Bostridge

Grozni : Chopin contre le communisme

Wagner : Tristan und Isold et l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

Mythes

La Genèse illustrée par l'abstraction

Frankenstein par Manguel et Morvan

Frankenstein et autres romans gothiques

Dracula et autres vampires

Testart : L'Amazone et la cuisinière

Métamorphoses d'Ovide

Luc Ferry : Mythologie et philosophie

L’Enfer, mythologie des lieux, Hugo Lacroix

 

 

 

 

 

 

 

Nabokov

La Vénitienne et autres nouvelles

De l'identification romanesque

 

 

 

 

 

 

 

Nadas

Mémoire et Mélancolie des sirènes

La Bible, Almanach

 

 

 

 

 

 

Nadaud

Des montagnes et des dieux, deux fictions

 

 

 

 

 

 

Naipaul

Masque de l’Afrique, Semences magiques

 

 

 

 

 

 

 

Nietzsche

Bonheurs, trahisons : Dictionnaire Nietzsche

Romantisme et philosophie politique

Nietzsche poète et philosophe controversé

Les foudres de Nietzsche sont en Pléiade

Jean-Clet Martin : Enfer de la philosophie

Violences policières et antipolicières

 

 

 

 

 

 

Nooteboom

L’écrivain au parfum de la mort

 

 

 

 

 

 

Norddahl

SurVeillance, holocauste, hermaphrodisme

 

 

 

 

 

 

Oates

Le Sacrifice, Mysterieux Monsieur Kidder

 

 

 

 

 

 

 

Ôé Kenzaburo

Ôé, le Cassandre nucléaire du Japon

 

 

 

 

 

 

Ogawa 

Cristallisation secrète du totalitarisme

Au Musée du silence : Le Petit joueur d’échecs, La jeune fille à l'ouvrage

 

 

 

 

 

 

Onfray

Faut-il penser Michel Onfray ?

Censures et Autodafés

Cosmos

 

 

 

 

 

 

Oppen

Oppen, objectivisme et Format américain

Oppen

 

Orphée

Fonctions de la poésie, pouvoirs d'Orphée

 

 

 

 

 

 

Orwell

L'orwellisation sociétale

Cher Big Brother, Prism américain, français

Euphémisme, cliché euphorisant, novlangue

Contrôles financiers ou contrôles étatiques ?

Orwell 1984

 

Ovide

Métamorphoses et mythes grecs

 

 

 

 

 

 

 

Palahniuk

Le réalisme sale : Peste, L'Estomac, Orgasme

 

 

 

 

 

 

Palol

Le Jardin des Sept Crépuscules, Le Testament d'Alceste

 

 

 

 

 

 

 

Pamuk

Autobiographe d'Istanbul

Le musée de l’innocence, amour, mémoire

 

 

 

 

 

 

 

Panayotopoulos

Le Gène du doute, ou l'artiste génétique

Panayotopoulos

 

Panofsky

Iconologie de la Renaissance

 

 

 

 

 

 

Paris

Les Chiffonniers de Paris au XIX°siècle

 

 

 

 

 

 

 

Pasolini

Sonnets des tourments amoureux

 

 

 

 

 

 

Pavic

Dictionnaire khazar, Boite à écriture

 

 

 

 

 

 

 

Peinture

Traverser la peinture : Arasse, Poindron

Le tableau comme relique, cri, toucher

Peintures et paysages sublimes

Sonnets des peintres : Crivelli, Titien, Rohtko, Tapiès, Twombly

 

 

 

 

 

 

Perec

Les Lieux de Georges Perec

 

 

 

 

 

 

 

Perrault

Des Contes pour les enfants ?

Perrault Doré Chat

 

Pétrarque

Eloge de Pétrarque humaniste et poète

Du Canzoniere aux Triomphes

 

 

 

 

 

 

 

Petrosyan

La Maison dans laquelle

 

 

 

 

 

 

Philosophie

Mondialisations, féminisations philosophiques

 

 

 

 

 

 

Photographie

Photographie réaliste et platonicienne : Depardon, Meyerowitz, Adams

La photographie, biographème ou oeuvre d'art ? Benjamin, Barthes, Sontag

Ben Loulou des Sanguinaires à Jérusalem

Ewing : Le Corps, Love and desire

 

 

 

 

 

 

Picaresque

Smollett, Weerth : Vaurien et Chenapan

 

 

 

 

 

 

 

Pic de la Mirandole

Humanisme philosophique : 900 conclusions

 

 

 

 

 

 

Pierres

Musée de minéralogie, sexe des pierres

 

 

 

 

 

 

Pisan

Cent ballades, La Cité des dames

 

 

 

 

 

 

Platon

Faillite et universalité de la beauté

 

 

 

 

 

 

Poe

Edgar Allan Poe, ange du bizarre

 

 

 

 

 

 

 

Poésie

Anthologie de la poésie chinoise

À une jeune Aphrodite de marbre

Brésil, Anthologie XVI°- XX°

Chanter et enchanter en poésie 

Emaz, Sacré : anti-lyrisme et maladresse

Fonctions de la poésie, pouvoirs d'Orphée

Histoire de la poésie du XX° siècle

Japon poétique d'aujourd'hui

Lyrisme : Riera, Voica, Viallebesset, Rateau

Marteau : Ecritures, sonnets

Oppen, Padgett, Objectivisme et lyrisme

Pizarnik, poèmes de sang et de silence

Poésie en vers, poésie en prose

Poésies verticales et résistances poétiques

Du romantisme à la Shoah

Anthologies et poésies féminines

Trois vies d'Heinz M, vers libres

Schlechter : Le Murmure du monde

 

 

 

 

 

 

Pogge

Facéties, satires morales et humanistes

 

 

 

 

 

 

 

Policier

Chesterton, prince de la nouvelle policière

Terry Hayes : Je suis Pilgrim ou le fanatisme

Les crimes de l'artiste : Pobi, Kellerman

Bjorn Larsson : Les Poètes morts

Chesterton father-brown

 

Populisme

Populisme, complotisme et doxa

 

 

 

 

 

 

 

Porter
La Douleur porte un masque de plumes

 

 

 

 

 

 

 

Portugal

Pessoa et la poésie lyrique portugaise

Tavares : un voyage en Inde et en vers

 

 

 

 

 

 

Pound

Ezra Pound, poète politique controversé par Mary de Rachewiltz et Pierre Rival

 

 

 

 

 

 

Powers

Générosité, Chambre aux échos, Sidérations

Orfeo, le Bach du bioterrorisme

L'éco-romancier de L'Arbre-monde

 

 

 

 

 

 

 

Pressburger

L’Obscur royaume, ou l’enfer du XX° siècle

Pressburger

 

Proust

Le baiser à Albertine : À l'ombre des jeunes filles en fleurs

Illustrations, lectures et biographies

Le Mystérieux correspondant, 75 feuillets

Céline et Proust, la recherche du voyage

 

 

 

 

 

 

Pynchon

Contre-jour, une quête de lumière

Fonds perdus du web profond & Vice caché

Vineland, une utopie postmoderne

 

 

 

 

 

 

 

Racisme

Racisme et antiracisme

Pour l'annulation de la Cancel culture

Ecrivains noirs : Wright, Ellison, Baldwin, Scott Heron, Anthologie noire

 

 

 

 

 

 

Rand

Qui est John Galt ? La Source vive, La Grève

Atlas shrugged et La grève libérale

 

 

 

 

 

 

Raspail

Sommes-nous islamophobes ?

Camp-des-Saints

 

Reed Lou

Chansons ou poésie ? L’intégrale

 

 

 

 

 

 

 

Religions et Christianisme

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Catholicisme versus polythéisme

Eloge du blasphème

De Jésus aux chrétiennes uchronies

Le Livre noir de la condition des Chrétiens

D'Holbach : Théologie portative et humour

De l'origine des dieux ou faire parler le ciel

Eloge paradoxal du christianisme

 

 

 

 

 

 

Renaissance

Renaissance historique et humaniste

 

 

 

 

 

 

 

Revel

Socialisme et connaissance inutile

 

 

 

 

 

 

 

Richter Jean-Paul

Le Titan du romantisme allemand

 

 

 

 

 

 

 

Rios

Nouveaux chapeaux pour Alice, Chez Ulysse

 

 

 

 

 

 

Rilke

Sonnets à Orphée, Poésies d'amour

 

 

 

 

 

 

 

Roman 

Adam Thirlwell : Le Livre multiple

Miscellanées littéraires : Cloux, Morrow...

L'identification romanesque : Nabokov, Mann, Flaubert, Orwell...

Nabokov Loilita folio

 

Rome

Causes et leçons de la chute de Rome

Rome de César à Fellini

Romans grecs et latins

 

 

 

 

 

 

 

Ronsard

Pléiade & Sonnet pour Hélène LXVIII

 

 

 

 

 

 

 

Rostand

Cyrano de Bergerac : amours au balcon

 

 

 

 

 

 

Roth Philip

Hitlérienne uchronie contre l'Amérique

Les Contrevies de la Bête qui meurt

 

 

 

 

 

 

Rousseau

Archéologie de l’écologie politique

De l'argument spécieux des inégalités

 

 

 

 

 

 

 

Rushdie

Joseph Anton, plaidoyer pour les libertés

Quichotte, Langages de vérité

Entre Averroès et Ghazali : Deux ans huit mois et vingt-huit nuits

Rushdie 6

 

Russell

De la fumisterie intellectuelle

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Russell F

 

Russie

Islam, Russie, choisir ses ennemis

Golovkina : Les Vaincus ; Annenkov : Journal

Les dystopies de Zamiatine et Platonov

Isaac Babel ou l'écriture rouge

Ludmila Oulitskaia ou l'âme de l'Histoire

Bounine : Coup de soleil, nouvelles

 

 

 

 

 

 

 

Sade

Sade, ou l’athéisme de la sexualité

 

 

 

 

 

 

 

San-Antonio

Rire de tout ? D’Aristote à San-Antonio

 

 

 

 

 

 

 

Sansal

2084, conte orwellien de la théocratie

Le Train d'Erlingen, métaphore des tyrannies

 

Schlink

Filiations allemandes : Le Liseur, Olga

 

 

 

 

 

 

Schmidt Arno

Un faune pour notre temps politique

Le marcheur de l’immortalité

Arno Schmidt Scènes

 

Sciences

Agonie scientifique et sophisme français

Transhumanisme, intelligence artificielle, robotique

Tyrannie écologique et suicide économique

Wohlleben : La Vie secrète des arbres

Factualité, catastrophisme et post-vérité

Cosmos de science, d'art et de philosophie

Science et guerre : Volpi, Labatut

L'Eglise est-elle contre la science ?

Inventer la nature : aux origines du monde

Minéralogie et esthétique des pierres

 

 

 

 

 

 

Science fiction

Philosopher la science fiction

Ballard : un artiste de la science fiction

Carrion : les orphelins du futur

Dyschroniques et écofictions

Gibson : Neuromancien, Identification

Le Guin : La Main gauche de la nuit

Magnason : LoveStar, Kling : Quality Land

Miller : L’Univers de carton, Philip K. Dick

Mnémos ou la mémoire du futur

Silverberg : Roma, Shadrak, stochastique

Simmons : Ilium et Flashback géopolitiques

Sorokine : Le Lard bleu, La Glace, Telluria

Stalker, entre nucléaire et métaphysique

Théorie du tout : Ourednik, McCarthy

 

 

 

 

 

 

 

Self 

Will Self ou la théorie de l'inversion

Parapluie ; No Smoking

 

 

 

 

 

 

 

Sender

Le Fugitif ou l’art du huis-clos

 

 

 

 

 

 

 

Seth

Golden Gate. Un roman en sonnets

Seth Golden gate

 

Shakespeare

Will le magnifique ou John Florio ?

Shakespeare et la traduction des Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

La Tempête, Othello : Atwood, Chevalier

 

 

 

 

 

 

 

Shelley Mary et Percy Bysshe

Le mythe de Frankenstein

Frankenstein et autres romans gothiques

Le Dernier homme, une peste littéraire

La Révolte de l'Islam

Frankenstein Shelley

 

Shoah

Ecrits des camps, Philosophie de la shoah

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Paul Celan minotaure de la poésie

 

 

 

 

 

 

Silverberg

Uchronies et perspectives politiques : Roma aeterna, Shadrak, L'Homme-stochastique

 

 

 

 

 

 

 

Simmons

Ilium et Flashback géopolitiques

 

 

 

 

 

 

Sloterdijk

Les sphères de Peter Sloterdijk : esthétique, éthique politique de la philosophie

Gris politique et Projet Schelling

Contre la « fiscocratie » ou repenser l’impôt

Les Lignes et les jours. Notes 2008-2011

Elégie des grandeurs de la France

Faire parler le ciel. De la théopoésie

Archéologie de l’écologie politique

 

 

 

 

 

 

Smith Adam

Pourquoi je suis libéral

Tempérament et rationalisme politique

 

 

 

 

 

 

 

Smith Patti

De Babel au Livre de jours

 

 

 

 

 

 

Sofsky

Violence et vices politiques

Surveillances étatiques et entrepreneuriales

 

 

 

 

 

 

 

Sollers

Vie divine de Sollers et guerre du goût

Dictionnaire amoureux de Venise

Sollersd-vers-le-paradis-dante

 

Somoza

Daphné disparue et les Muses dangereuses

Les monstres de Croatoan et de Dieu mort

 

 

 

 

 

 

Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

Barrett Browning et autres sonnettistes 

Marteau : Ecritures  

Pasolini : Sonnets du tourment amoureux

Phénix, Anthologie de sonnets

Seth : Golden Gate, roman en vers

Shakespeare : Six Sonnets traduits

Haushofer : Sonnets de Moabit

Sonnets autobiographiques

Sonnets de l'Art poétique

 

 

 

 

 

 

Sorcières

Sorcières diaboliques et féministes

 

 

 

 

 

 

Sorokine

Le Lard bleu, La Glace, Telluria

 

 

 

 

 

 

 

Sorrentino

Ils ont tous raison, déboires d'un chanteur

 

 

 

 

 

 

 

Sôseki

Rafales d'automne sur un Oreiller d'herbes

Poèmes : du kanshi au haïku

 

 

 

 

 

 

 

Spengler

Déclin de l'Occident de Spengler à nos jours

 

 

 

 

 

 

 

Sport

Vulgarité sportive, de Pline à 0rwell

 

 

 

 

 

 

 

Staël

Libertés politiques et romantiques

 

 

 

 

 

 

Starobinski

De la Mélancolie, Rousseau, Diderot

Starobinski 1

 

Steiner

Oeuvres : tragédie et réelles présences

De l'incendie des livres et des bibliothèques

 

 

 

 

 

 

 

Stendhal

Julien lecteur bafoué, Le Rouge et le noir

L'échelle de l'amour entre Julien et Mathilde

Les spectaculaires funérailles de Julien

 

 

 

 

 

 

 

Stevenson

La Malle en cuir ou la société idéale

Stevenson

 

Stifter

L'Arrière-saison des paysages romantiques

 

 

 

 

 

 

Strauss Leo

Pour une éducation libérale

 

 

 

 

 

 

Strougatski

Stalker, nucléaire et métaphysique

 

 

 

 

 

 

 

Szentkuthy

Le Bréviaire de Saint Orphée, Europa minor

 

 

 

 

 

 

Tabucchi

Anges nocturnes, oiseaux, rêves

 

 

 

 

 

 

 

Temps, horloges

Landes : L'Heure qu'il est ; Ransmayr : Cox

Temps de Chronos et politique des oracles

 

 

 

 

 

 

 

Tesich

Price et Karoo, revanche des anti-héros

Karoo

 

Texier

Le démiurge de L’Alchimie du désir

 

 

 

 

 

 

 

Théâtre et masques

Masques & théâtre, Fondation Bodmer

 

 

 

 

 

 

Thoreau

Journal, Walden et Désobéissance civile

 

 

 

 

 

 

 

Tocqueville

Française tyrannie, actualité de Tocqueville

Au désert des Indiens d’Amérique

 

 

 

 

 

 

Tolstoï

Sonate familiale chez Sofia & Léon Tolstoi, chantre de la désobéissance politique

 

 

 

 

 

 

 

Totalitarismes

Ampuero : la faillite du communisme cubain

Arendt : banalité du mal et de la culture

« Hommage à la culture communiste »

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Karl Marx, théoricien du totalitarisme

Lénine et Staline exécuteurs du totalitarisme

Mussolini et le fascisme

Pour l'annulation de la Cancel culture

Muses Academy : Polymnie ou la tyrannie

Tempérament et rationalisme politique 

Hayes : Je suis Pilgrim ; Tejpal

Meerbraum, Mandelstam, Yousafzai

 

 

 

 

 

 

 

Trollope

L’Ange d’Ayala, satire de l’amour

Trollope ange

 

Trump

Entre tyrannie et rhinocérite, éloge et blâme

À la recherche des années Trump : G Millière

 

 

 

 

 

 

 

Tsvetaeva

Poèmes, Carnets, Chroniques d’un goulag

Tsvetaeva Clémence Hiver

 

Ursin

Jean Ursin : La prosopopée des animaux

 

 

 

 

 

 

Utopie, dystopie, uchronie

Etat et utopie de Thomas More

Zamiatine, Nous et l'Etat unitaire

Huxley : Meilleur des mondes, Temps futurs

Orwell, un novlangue politique

Margaret Atwood : La Servante écarlate

Hitlérienne uchronie : Lewis, Burdekin, K.Dick, Roth, Scheers, Walton

Utopies politiques radieuses ou totalitaires : More, Mangel, Paquot, Caron

Dyschroniques, dystopies

Ernest Callenbach : Ecotopia

Herland parfaite république des femmes

A. Waberi : Aux Etats-unis d'Afrique

Alan Moore : V for vendetta, Jérusalem

L'hydre de l'Etat : Karlsson, Sinisalo

 

 

 

 

 

 

Valeurs, relativisme

De Nathalie Heinich à Raymond Boudon

 

 

 

 

 

 

 

Vargas Llosa

Vargas Llosa, romancier des libertés

Aux cinq rues Lima, coffret Pléiade

Littérature et civilisation du spectacle

Rêve du Celte et Temps sauvages

Journal de guerre, Tour du monde

Arguedas ou l’utopie archaïque

Vargas-Llosa-alfaguara

 

Venise

Strates vénitiennes et autres canaux d'encre

 

 

 

 

 

 

 

Vérité

Maîtres de vérité et Vérité nue

 

 

 

 

 

 

Verne

Colonialisme : de Las Casas à Jules Verne

 

 

 

 

 

 

Vesaas

Le Palais de glace

 

 

 

 

 

 

Vigolo

La Virgilia, un amour musical et apollinien

Vigolo Virgilia 1

 

Vila-Matas

Vila-Matas écrivain-funambule

 

 

 

 

 

 

Vin et culture alimentaire

Histoire du vin et de la bonne chère de la Bible à nos jours

 

 

 

 

 

 

Visage

Hans Belting : Faces, histoire du visage

 

 

 

 

 

 

 

Vollmann

Le Livre des violences

Central Europe, La Famille royale

Vollmann famille royale

 

Volpi

Volpi : Klingsor. Labatut : Lumières aveugles

Des cendres du XX°aux cendres du père

Volpi Busca 3

 

Voltaire

Tolérer Voltaire et non le fanatisme

Espmark : Le Voyage de Voltaire

 

 

 

 

 

 

 

Vote

De l’humiliation électorale

Front Socialiste National et antilibéralisme

 

 

 

 

 

 

 

Voyage, villes

Villes imaginaires : Calvino, Anderson

Flâneurs, voyageurs : Benjamin, Woolf

 

 

 

 

 

 

 

Wagner

Tristan und Isolde et l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

 

Walcott

Royaume du fruit-étoile, Heureux voyageur

Walcott poems

 

Walton

Morwenna, Mes vrais enfants

 

 

 

 

 

 

Welsh

Drogues et sexualités : Trainspotting, La Vie sexuelle des soeurs siamoises

 

 

 

 

 

 

 

Whitman

Nouvelles et Feuilles d'herbes

 

 

 

 

 

 

 

Wideman

Trilogie de Homewood, Projet Fanon

Le péché de couleur : Mémoires d'Amérique

Wideman Belin

 

Williams

Stoner, drame d’un professeur de littérature

Williams Stoner939

 

 

Wolfe

Le Règne du langage

 

 

 

 

 

 

Wordsworth

Poésie en vers et poésie en prose

 

 

 

 

 

 

 

Yeats

Derniers poèmes, Nôs irlandais, Lettres

 

 

 

 

 

 

 

Zamiatine

Nous : le bonheur terrible de l'Etat unitaire

 

 

 

 

 

 

Zao Wou-Ki

Le peintre passeur de poètes

 

 

 

 

 

 

 

Zimler

Lazare, Le ghetto de Varsovie

 

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