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17 novembre 2018 6 17 /11 /novembre /2018 10:45

 

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Les résonances musicales, picturales et littéraires
d’Haruki Murakami :
Le Meurtre du Commandeur,
Kafka sur le rivage.

 

 

Haruki Murakami Le Meurtre du Commandeur,

traduit du japonais par Hélène Morita, Belfond,

Livre 1, 456 p, 23,90 €, Livre 2, 480 p, 23,90 €.

 

Haruki Murakami : Kafka sur le rivage,

traduit par Corine Atlan, 10/18, 640 p, 12 €.

 

 

 

 

 

      Qui sait si un autre monde s’ouvre près de nous, lorsque résonne la mystérieuse clochette à manche de bois d’un vieux sanctuaire nocturne et pierreux. De même, parmi les anfractuosités du moi, repose un autre monde auquel un rien, mais surtout une œuvre d’art, permettront d’accéder. C’est tout l’art d’Haruki Murakami que d’associer un confort de lecture particulièrement aisé avec les mystères et les béances de la personnalité, jusqu’aux ténèbres du fantastique. Un brin kafkaïen (n’a-t-il pas écrit Kafka sur le rivage ?), il ne néglige ni les nouvelles, comme L’Etrange bibliothèque, ni les vastes massifs romanesques, comme la trilogie de 1Q84. Le dernier opus, en deux volets, du romancier japonais emprunte cette fois son titre, non plus à Orwell, mais à Mozart : Le Meurtre du Commandeur. Œuvres dans lesquelles les résonances musicales s’associent aux résonances picturales et littéraires pour former un art poétique.

 

      Faussement simple, Haruki Murakami est un conteur dont la langue (et il en est probablement de même en japonais, ce pourquoi il faut remercier la traductrice Hélène Morita) coule avec une aisance remarquable. Elle prend son lecteur dans ses bras souples pour l’emporter dans le confortable fauteuil de la fiction, au point que l’on regretterait d’achever finalement cette lecture. Cependant cette simplicité recèle des interrogations infinies : « Dans vos toiles, il y a un je ne sais quoi qui stimule l’âme du spectateur d’une manière inhabituelle. À première vue, on se dit, oui, bon, ce sont des portraits ordinaires, conventionnels, mais si on les examine bien, on découvre qu’il y a quelque chose dedans ». C’est ainsi que Menshiki, amateur bientôt devenu client, commente les productions apparemment conventionnelles du jeune portraitiste.

      Une telle citation pourrait s’inscrire au fronton de l’art d’Haruki Murakami. Art d’autant plus perspicace et universel qu’il s’intéresse à celui de la peinture. En effet, le personnage principal, narrateur et modeste héros, des deux « Livres » du Meurtre du Commandeur est un peintre. Et, comme si ce n’était pas assez, il habite quelques temps dans la demeure abandonnée par un vieux peintre grandement renommé qui maintenant est « dans un état mental qui ne lui permettait pas de faire la différence entre un opéra et une poêle à frire ».

      Autre art donc, celui de l’opéra, puisque la discothèque du vieux Tomohiko Amada regorge d’interprétations remarquables, puisque le « Commandeur » est celui du Don Giovanni de Mozart. Ce sont des « correspondances » au sens baudelairien, d’autant plus qu’un tableau, celé dans le grenier du vieux peintre déchu, et habité par un hibou, attire l’attention du narrateur : « Le Meurtre du Commandeur ». Quoique peint dans le style profondément japonais du « nihonga », il représente la scène initiale de l’opus mozartien. On ne s’étonnera pas que la maison sur la montagne où s’installe le narrateur après son divorce soit l’occasion d’écoutes inspirantes. Ni que notre auteur ait publié ses entretiens avec un chef d’orchestre, Seiji Ozawa[1].

      Lui qui est devenu un portraitiste professionnel recherché, bien qu’il ne lui semble pas travailler en artiste, parviendra-t-il, en faisant le portrait de Menshiki à « capter ce qui constituait le cœur de ce qu’il était » ? Car l’homme à la chevelure « étonnamment blanche », dont le nom s’écrit comme dans « Epargné par les couleurs », et qui habite opportunément une maison blanche sur la montagne d’en face, ne laissera peut-être pas découvrir son « secret enfermé dans une petite boite fermée à clé, elle-même profondément enterrée ». De même un vieux sanctuaire pierreux dégage « une atmosphère lourde de sens caché », alors que la nuit résonne de sa mystérieuse clochette.

      Toute la difficulté du romancier est d’attirer le lecteur vers les secrets cachés et promis sans trop les déflorer. Aussi différents objets, différentes révélations, sont-ils comme les pierres d’une marelle, les balises d’un jeu de piste et d’une randonnée dans une contrée inexplorée : le hibou du grenier, le tableau caché et déballé, la clochette esseulée au fond de l’excavation, bientôt également musicale dans la nuit de l’atelier, qui est peut-être celle d’un bonze enterré vivant, momifié, et devenu « Bouddha à même le corps », ou d’une âme invisible.

      Le peintre, d’abord en panne d’inspiration, et son voisin de la montagne d’en face sont deux solitaires, décalés de la société, artiste et amateur d’art, l’un nanti de quelque amante occasionnelle, l’autre fort riche, en son élégante maison immaculée et dont les cheveux blancs luxuriants seront le motif central de son portrait. L’un a perdu sa jeune sœur, l’autre n’a jamais été le père de sa fille… Ainsi la sorte de relation d’amitié, peut-être intéressée, qui s’installe peu à peu entre le peintre et son modèle permet peu à peu la confession de Menshiki, confiant sa probable paternité émue d’une fille de treize ans, dont il observe la maison avec de puissantes jumelles, et dont le narrateur va devoir également peindre le portrait.

      Ne révélons pas toutes les chausse-trappes, n’ouvrons pas toutes les boites à mystère de ce roman et laissons le lecteur en craindre et savourer les contenus. Peut-être saura-t-il ainsi qui est ce « Commandeur », venu de l’Histoire de l’Autriche, qui est l’homme « au long visage », quels sont les chemins secrets de la fillette, comment la clochette sera un élément déclencheur, puis salvateur…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      N’en doutons pas. À l’instar de Menshiki devant la lettre posthume de son amante, le lecteur se doit d’être armé d’attention et de perspicacité : « à la manière d’un linguiste étudiant une langue antique que plus personne ne parle, il avait exploré les différentes possibilités cachées dans ces lignes ».

      À l’exploration psychologique, répond l’interrogation fantastique, là où s’ouvre « un léger décalage dans la jointure des mondes ». Certes, les explications rationnelles restent possibles, par exemple un courant d’air qui animerait la clochette sous les roches du sanctuaire, des hallucinations auditives et visuelles, des rêves intenses, comme lorsque le petit Commandeur est sorti de son tableau pour parler à notre peintre. Du moins en-a-t-il l’apparence, car il est plus exactement une « Idée ».

      Cependant le fantastique monte par paliers. Les apparitions fantomatiques sont d’abord soumises au doute du narrateur, qu’il s’agisse du « Commandeur », dont l’apparence est empruntée par la momie philosophe venue du puits sous le sanctuaire (qui devient un tableau), ou du vieux peintre Tomohiko Amada, dont la vieillesse desséchée mais attentive réinvestit un instant son atelier. Elles deviennent de plus en plus prégnantes, jusqu’à l’apogée souterraine du roman !

      Même si ce n’est qu’à l’occasion d’un rêve érotique, voire de paternités incertaines, prenons-y garde : « De multiples couches de réalité avaient fondu et s’étaient mélangées dans mon cerveau avant de se transformer en un fatras boueux. À l’image du chaos primitif du monde »...

      On l’a deviné, le mystère ne va pas sans suspense. De surcroît lorsque la petite Marié manque son cours de dessin, disparait de manière inquiétante ; ce qui permet au roman de se voir frôler le récit policier. Reste qu’il faudra en passer par le meurtre de « l’Idée » du Commandeur, là où gît peut-être « la racine du mal », et brutalement interroger l’observateur au « long visage » qui n’est « qu’une métaphore ». Or mener son enquête parmi le souterrain « chemin des métaphores » et « entre le rien et l’être » risque de ne pas être de tout repos, là où aucune police ne peut être d’aucun secours : seule l’imbrication des pièces de l’irrationnel puzzle nous rendra Marié…

      Aussi faut-il se demander quelle fonction remplit l’épisode démesurément fantastique de l’onirique descente souterraine de notre jeune peintre. Catabase orphique avec son passeur, initiation à la mort et à la renaissance, épreuves pour accéder aux métaphores de l’art, monnaie d’échange pour ramener au jour la petite Marié enfermée dans l’inconscient de la maison de Menshiki, où elle respire longtemps l’odeur ancienne des vêtements de sa mère dans le dressing…

      Ce qui peut-être nous convainc le plus parmi les deux volets de ce roman, ce sont les récurrentes réflexions sur l’art, en particulier pictural ; ce dès le matinal degré zéro de la conception : « J’appelais ce moment « le zen de la toile ». Rien encore n’était dessiné, mais ce n’était pas encore du vide qu’il y avait là. Sur cette surface immaculée se dissimulait la forme sur le point d’advenir ». À cette esthétique zen s’ajoute une dimension platonicienne, ce que confirme à sa manière la mention de « l’Idée », qui définit le petit Commandeur.

      En outre, l’art est partout saupoudré dans ce roman, qu’il s’agisse de la simple attention envers un acte culinaire quotidien ou de l’élégance de Menshiki : « il appuya alors sur la sonnette. En prenant son temps, prudemment, comme un poète lorsqu’il choisit un mot précis à placer à un endroit clé du vers ». Alors que ce dernier sait pertinemment qu’il n’atteint pas à la qualité d’artiste : « À ma façon j’ai une certaine intuition, mais malheureusement je n’ai pas le moyen de l’extérioriser. Si aigüe que soit cette intuition, je suis incapable de la transposer en une forme universelle, autrement dit, en œuvre d’art ».

      C’est aussi l’histoire de la métamorphose du peintre. Une fois réussi le portrait de Menshiki, le narrateur a trouvé sa voie : le « portrait « abstrait » en quelque sorte ». Il sait aussi percevoir la vertu du non finito : « En demeurant inachevée, cette peinture était achevée », médite-t-il devant l’inquiétant portrait de « l’homme à la Subaru Forester blanche ». Si la capacité créatrice qui explore et expose la nature intime et explosive des choses s’épanouit, parfois dangereusement, sur les nouveaux tableaux du narrateur, la fin est à cet égard un peu décevante puisqu’il se cantonne de nouveau aux portraits de commande. Comme quoi, il n’a côtoyé qu’un moment le monde de « l’Idée » et le « chemin des métaphores »... Heureusement pour son lecteur, Haruki Murakami est en la matière un expert.

      Le premier livre, sous-titré « Une Idée apparait », est plus riche intellectuellement ; le second, « La métaphore se déplace » est empreint d’un suspense plus haletant ; ce qui induit la seule et bien modeste réserve que l’on puisse amener auprès d’un tel diptyque de l’artiste et de la paternité. Il reste un de ces livres dont la lecture rend progressivement plus sensible et intelligent.

      Aux références occidentales, comme les opéras de Mozart et de Richard Strauss, s’associent celles à des classiques de la littérature japonaise, Les Contes de pluie et de lune d’Akinari Ueda ; comme dans Kafka sur le rivage (titre qui vient d’une chanson) l’écrivain éponyme croise le Dit du Gengi de Murasaki-shikibu[2]. Explorant les pages du Meurtre du Commandeur, l’on frôle Alice au pays des merveilles, une allusion au cinéaste Akira Kurosawa, une autre à George Orwell, qui est évidemment un ricochet de 1Q84[3].

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      À l’instar de notre diptyque aimé, Kafka sur le rivage est une « tempête métaphysique et symbolique ». Un ami nommé « Corbeau », une noire « prédiction », un destin comparé à une « tempête de sable », tout semble orchestré pour que le doigt de la fatalité inscrive le signe de la tragédie sur le front du jeune narrateur. L’adolescent projette une fugue dans une « ville lointaine et inconnue », un « refuge dans une petite bibliothèque ». Car il se fait appeler « Kafka Tamura » et se dirige vers la bibliothèque Komura, où l’on conserve des volumes anciens de poésie. L’un des employés, Oshima, le recueille, le loge dans un refuge de montagne sommaire, et parlant de Sôseki[4] et de Schubert, lui confie : « les œuvres qui possèdent une sorte d’imperfection sont celles qui parlent le plus à nos cœurs, précisément parce qu’elles ont imparfaites ». Est-ce l’une des seules vertus de Kafka sur le rivage, dont le titre vient d’une étonnante chanson, qui fut jadis un fabuleux succès, de la belle bibliothécaire, Mlle Saeki, dont l’amoureux disparut tragiquement…

      En ce mince refuge, des étagères sont chargées de livres, au service de l’autodidacte. Il lit ce que l’on devine être Eichmann à Jérusalem[5], médite sur l’accident dont il se réveilla ensanglanté, quoiqu’il ne s’en souvienne pas le moins du monde, puis, note : « Ce que j’imagine a peut-être beaucoup d’importance en ce monde ». Comme s’il s’agissait de la devise de notre écrivain.

      Deux histoires parallèles se nouent : des enfants étrangement évanouis en 1944, celle du vieux Nakata qui sait parler aux chats. Evidemment elles sont liées. Le réalisme jusque-là omniprésent, se fissure légèrement, éclate, devant l’homme qui éventre et rassemble « des âmes de chats », que Nakata doit, sur sa demande, tuer, et qui se révèle avoir été un célèbre sculpteur, Koichi Tamura, donc le père de notre adolescent. Des pluies de poissons et de sangsues se produisent, mais « c’est peut-être une métaphore ». Le vieux, resté « idiot », mais pas si bête, doit partir en quête de la « pierre blanche » du sanctuaire (ce qui est un autre leitmotiv), avec le concours du jeune Hoshino (qui se métamorphosera grâce à son guide et au trio « À l’Archiduc » de Beethoven) et du « Colonel Sanders » (qui est un « concept »), alors que l’enquête policière est sur la piste de Nakata et de Kafka…

      Le roman d’éducation d’un jeune homme le conduit à travailler et loger dans la bibliothèque, à être troublé par le jeune fantôme de Mlle Saeki, qui a cependant cinquante ans : « Ce qu’on nomme l’univers du surnaturel ne sont que les ténèbres de notre propre esprit ». Et, qui sait, à obéir à la prophétie paternelle : « Un jour, tu tueras ton père de tes mains, et tu coucheras avec ta mère », mais aussi avec sa sœur. Bien qu’il se découvre amoureux de la jeune fille du passé, l’oedipéenne tragédie se produira-t-elle ? Se changera-t-elle en sérénité ? Ce sont cette fois-ci des résonances littéraires, entre Sophocle et Kafka, qui irriguent l’univers profondément émouvant d’Haruki Murakami. De plus, comme le dit le poète William Butler Yeats, « la responsabilité commence dans les rêves ». Aussi, « ton sperme est absorbé dans l’autre monde ». Les personnages s’aventurent dans le lacis de la filiation, des vies antérieures et des réincarnations, mais aussi dans une forêt initiatique où il faut laisser Eurydice. En un roman exponentiel, là « où tu devras vivre dans ta propre bibliothèque », là également sont les résonances…

 

      La délicatesse du réalisme onirique d’Haruki Murakami (né en 1949 à Kyoto) fait ici et là merveille, non loin d’ailleurs de l’écriture de Yoko Ogawa[6], mieux semble-t-il que dans le triptyque formé par 1Q84. Mieux encore que dans la nouvelle térébrante titrée L’Etrange bibliothèque[7], où, des leitmotivs parcourant le patrimoine de l’écrivain, l’on croise une fillette consolatrice, un « homme-mouton » (renvoyant à La Course du mouton sauvage[8]), où un vieux bibliothécaire entraîne un enfant au fond d’un labyrinthe et l’oblige à lire des ouvrages abscons qu’il mémorise cependant parfaitement, sous peine de relégation perpétuelle. Il serait en tous cas pour le moins risqué d’être enfermé à perpétuité dans un livre d’Haruki Murakami. Pourtant même la peur qui peut y régner semble enchanteresse…

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Haruki Murakami : De la musique. Conversations avec Seiji Ozawa, Belfond, 2018.

[2] Murasaki-shikibu : Le Dit du Genji, Diane de Selliers, 2007.

[3] Haruki Murakami : 1Q84, Belfond, 2011.

[7] Haruki Murakami : L’Etrange bibliothèque, 10-18, 2016.

[8] Haruki Murakami : La Course du mouton sauvage, Seuil, 1982.

 

Photo : T. Guinhut.

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1 octobre 2018 1 01 /10 /octobre /2018 16:50

 

La Vueltona, Camaleño, Picos de Europa, Cantabria.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

À l’ombre de Tanizaki :

de l’Eloge de l’ombre au Noir sur blanc.

 

 

 

Tanizaki Jun’ichiro : Louange de l’ombre, traduit du japonais

par Ryoko Sekiguchi et Patrick Honoré, Philippe Picquier, 112 p, 13 €.

 

Tanizaki Jun’ichiro : Noir sur blanc, traduit du japonais

par Ryoko Sekiguchi et Patrick Honoré, Philippe Picquier, 256 p, 19,50 €.

 

 

      Il est des ombres esthétiques chez le japonais Tanizaki, celles de Louange de l’ombre, et d’autres plus vénéneuses, dans un récit écrit « noir sur blanc », ou comme dans sa célèbre Confession impudique, ou encore le Journal d’un vieux fou. L’on croyait tout connaitre de Tanizaki Jun’ichiro (1886-1765) grâce aux deux volumineux Pléiades proposant ses Œuvres, là où son essai ombreux, qui bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle traduction, le dispute en réputation avec une production romanesque profuse. Etonnamment, il restait au moins un inédit, du moins en traduction française, un roman divertissant et un brin pervers. Disons-le tout net : il ne s’agit là en rien d’un fond de tiroir. Noir sur blanc, publié en 1928, est un titre mystérieux, quoique il nous entraîne vers les rives du roman noir, ce qui n’est ni tout à fait faux, ni tout à fait vrai. Assassiner ses personnages conduirait-il à faire de l’écrivain un réel tueur ?

 

      Ouvrez-nous vos toilettes, nous vous dirons qui vous êtres, ou du moins de quelle culture vous relevez. Une fois passé le premier chapitre de Louange de l’ombre consacré aux nécessaires et cependant gênantes nouveautés technologiques (chauffage et électricité), à l’occasion desquelles il faut « sacrifier le pratique à l'esthétique » traditionnelle de la maison nippone, il peut paraître surprenant qu'en la demeure Tanizaki entre dans le vif du sujet en nous entretenant de ce lieu d’aisance, intime et peu ragoutant. Au rebours de nos lieux aseptisés, blancs et brillants, il préfère entrer « en méditation » en un cabanon : « Pour goûter cette volupté, il n'est de lieu plus adéquat que des toilettes japonaises, entouré de murs sobres et de bois joliment veiné, un œil sur le bleu du ciel et le vert des arbres ». Là, dans une juste pénombre, comment ne pas composer un bouquet d'haïkus ? Notons qu’à l’occasion d’une première traduction‌ sous le titre d’Eloge de l'ombre[1], René Sieffert proposait : « à l’abri de murs tout simples, à la surface nette », ce qui est fort différent, voire de l’ordre du contresens, quoique nous ne lisions pas le japonais. Comment faire la Louange de l'ombre sinon au travers des mots de Tanizaki ? L'on pourrait imaginer qu'en telle labile matière le doigté du traducteur serait essentiel. Certes. Mais qu'il s'agisse de la plus ancienne, parue en 1977, ou de celle-ci par Ryoko Sekiguchi et Patrick Honnoré, une ombre soyeuse passe ; même si la blancheur trop immaculée des pages est passablement blessante pour la vue. Aussi intense, fluide et richissime qu’apparemment mince, l’ouvrage enveloppe son lecteur dans une délicieuse atmosphère.

      L'attention de l'écrivain est curieuse, attentive, omnivore : « même un banal objet de bureau a une influence infinie ». Or la luminosité la plus propre à l’expression ne peut être que primordiale, mais c’est celle de l’ombre : « Notre musique est discrète et mouvante par nature […] De même pour nos arts oratoires : nos voix sont délicates, nos paroles sont mesurées »… Car « ce qui brille trop fort ne procure pas la paix de l’esprit ». Ainsi le vert du jade est-il préférable aux éblouissements du diamant ou du rubis, si l’on sait « trouver du charme à ces pierres mystérieusement opaques jusque dans leurs tréfonds d’une lumière mate et onctueuse, comme la coalescence d’une lumière vieille de plusieurs siècles ». Si hélas nous ne lisons pas le japonais, une telle phrase semble procurer la sensation de la perfection poétique…

      Ainsi traduite, la prose de Tanizaki parait pouvoir être lue comme un poème. Il use d’oxymores sans violence : « nous préférons le brillant ombré au clinquant superficiel ». Comme lorsqu’à la cassure d’un humble bol, plutôt qu’un neuf, le Japonais esthète préfère fondre un éclair d’or mat pour lui rendre sa concavité. De même les couleurs de la laque ne s’apprécient qu’au moyen « de couches de ténèbres ». De surcoît « la peau du papier occidental donne presque l’impression de renvoyer la lumière, là où celle du papier chinois ou du hôsho, comme un doux duvet de première neige, l’absorbe en elle »…

      Toutes les composantes de la culture japonaise la plus raffinée sont baignées par ce lait d’ombre. La cuisine par exemple : elle « est faite pour être méditée ». Goûtant une « pâte de fruit yôkan », il faut au préalable goûter avec les yeux de la méditation « sa surface translucide et nuageuse comme du jade ». Toute une émotion spirituelle se glisse dans les sens : « Lorsqu’on porte en bouche cette chose fraîche et lisse, c’est comme si la pénombre de la pièce entière se transformait en une masse de douceur fondant sous la langue ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      De la pénombre d’un temple à celle de d’une demeure abritée de l’excessive insolence solaire par un auvent, une fragile et durable cohérence relie les fils d’ombre d’une esthétique : « la beauté ne réside pas dans les objets mais dans le jeu d’ombres qui se crée entre les objets, dans le clair-obscur ». Jusqu’à la femme japonaise, aux dents soigneusement noircies : « nos ancêtres ont considéré les femmes comme des laques parsemées de poudre d’or ou de nacre, inséparables de l’ombre, et les ont plongées autant que faire se peut dans le noir, les ont couvertes de longs vêtements à longues manches, d’où seule dépassait la tête, distinguée du reste », blanche et poudrée comme l’on sait. Certes la condition de la femme japonaise n’est pas toujours enviable, mais la condition de la beauté, si. Il nous faudra, à nous autres béotiens occidentaux, une remise en question profonde et une souplesse mentale hors pair pour savoir l’apprécier comme il se doit selon Tanizaki : « Je n’imagine pas visage plus blanc que celui d’une jeune femme qui sourit en laissant apparaître de temps à autre ses dents d’une noir de laque entre ses lèvres vertes comme un feu follet, dans l’ombre tremblotante d’une lanterne ». Il faut aller jusqu’au bout de l’essai, et de la démarche, pour trouver ceci : « Je voudrais allonger l’avant-toit du sanctuaire qu’est la littérature, assombrir ses murs, plonger dans le noir ce qui est trop visible, en éliminer les décorations intérieures inutiles ». Ainsi se dessine un art d’écrire…

      Composé en 1933, ce traité d'esthétique profondément délicieux, outre sa leçon d’humilité, parait d'abord un éloge paradoxal, de ces éloges qui vantent un objet déplaisant au premier regard, comme « L'éloge de la mouche[2] », chez le philosophe Grec de l’Antiquité Lucien. D’autant paradoxal que selon l’un deux traducteurs et préfacier, « une telle esthétique de l’ombre subsiste davantage en Occident qu’au Japon, où l’on est en permanence assailli par une lumière blanche et crue ». Semble-t-il, du moins en Occident, où l’on peut jouir d’un dîner aux chandelles, que nous devions préférer la lumière à l'ombre ? Loin d'être angoissante ou dépressive, celle-là est fraîche, paisible. Aussi Tanizaki prend soin de transmettre une sensibilité japonaise pérenne, cependant déjà ancienne à son époque gagnée par l’occidentalisation. Ce qu’il poursuivra en traduisant en japonais moderne le Roman du Genji, venu du XI° siècle, où « chaque expression se trouve légèrement voilée, dit-il, comme la lune entourée d’un halo[3] ».

Meiryusai et Sensai : Vues diverses des dix mille choses, Tokyo, 1880.

Photo : T. Guinhut.

 

      Hors la symbolique du bien et du mal, ce Noir sur blanc est celui des caractères imprimés sur la page. En effet, le héros de ce roman, ou plus exactement anti-héros, Mizuno, est écrivain. C’est un solitaire, passablement médiocre et velléitaire, peinant à livrer ses textes au magazine qui l’emploie, impécunieux, payant des prostituées, courant après son fantasme de femmes vénales. Sa liaison avec une dactylo veuve d’un Allemand dont il prétend faire son « jouet » devient un rameau secondaire du récit : « je voudrais que tu inventes une intrigue pour moi », lui demande-t-il. Aussi se métamorphose-t-elle : « une femme, un fauve, une divinité ». Les affres et les images de l’érotisme rappellent La Confession impudique. La satire n’est pas sans un discret et cruel humour.

      Le romancier pousse le réalisme à sa dernière extrémité. Le crime que son personnage commet dans « Jusqu’au meurtre » doit être le double de celui qu’il réussit, sans autre mobile apparent : « un meurtre réel basé sur un roman qui décrivait un meurtre fictif ». Echo du Raskolnikov de Crime et châtiment de Dostoïevski, il se sent « capable d’accomplir n’importe quel crime en toute indifférence ». Hors ce qui pourrait permettre d’identifier le meurtrier, la victime doit ressembler à son modèle. Hélas l’écrivain, toujours en retard pour rendre ses manuscrits, laisse passer une coquille : le nom exact de la victime dans la vraie vie ! Une fois publié, « Jusqu’au meurtre » est bientôt suivi par la rédaction d’une suite : « Jusqu’à ce que l’auteur de « Jusqu’au meurtre » meure »…

      Le Kojima en question, qu’il compare à une « chaussure qui parle », à une « vieille godasse », est en effet tué. Notre écrivain, pris par les brumes de l’alcool et de la luxure, l’aurait-il caché à son lecteur ? N’est-ce qu’une désastreuse coïncidence ? L’alibi selon lequel il a passé la nuit du meurtre avec cette femme sans nom semble bien fragile, tant il est impossible de retrouver son logis, tant elle fut prudente, devant la littéraire préméditation. D’autant qu’il a tué un paquet de personnages dans ses romans : « D’ailleurs, si son épouse l’avait quitté, c’est bien parce qu’il en avait écrit trois ou quatre coup sur coup où le meurtrier assassinait sa propre femme »…

      La dimension policière est certes attrayante ici, mais outre l’analyse psychologique fouillée, il est question de l’engagement de l’écrivain : jusqu’où doit-il pousser le scrupule et l’exactitude, doit-il risquer sa liberté, sa vie, dans le souci de son œuvre ? L’inspecteur qui l’interroge est évidemment un de ses lecteurs perspicaces, qui n’a guère de doute sur l’implication de son interlocuteur. L’éditeur quant à lui « sautera de joie », car il publiera une œuvre célèbre : « le roman qui a coûté la vie à son auteur » !

Ce jeu de miroir est-il un autoportrait ironique de l’auteur lui-même ? Tanizaki est coutumier des personnages tourmentés qu’il tourmente à plaisir, en un kaléidoscope de fictions et de sensations, de délicieuse perversion. Son histoire est un chef d’œuvre machiavélique, au point que fiction et réalité finissent par se refermer sur l’écrivain-marionnette pour le broyer entre leurs serres. Que le lecteur soit rassuré, il ne lui arrivera rien, pas même une inculpation pour complicité. Nous l’avons échappé belle !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Selon la critique japonaise de Tanizaki, le « diabolisme » irrigue l’œuvre de toute une vie. En effet, dans Le Kilin[4] siège une terrifiante femme séductrice, dans Le Démon, une femme fascinante entraîne un personnage au crime ; elles sont l’écho de ces terribles femme-fantômes qui parcourent la tradition fantastique japonaise[5]. C’est dans la direction de la Terreur et de La Haine que vibrent les cordes narratives de ses récits, tendues vers Une Mort dorée. En ce dernier titre, le héros, qui fit de sa vie une œuvre d’art, se donne la mort en se couvrant d’or, de façon à servir le Beau jusqu’à son ultime expression. Un érotisme virulent, masochiste, dans Un Amour insensé pour une occidentale à la blanche peau, voire morbide, côtoie un fétichisme aigu dans Le Pied de Fumiko ou La Mèche. Pire, un personnage de La Mère du général Shigemoto va jusqu’à prendre possession de la boite qui doit contenir les excréments de sa belle… Avec La Clef (d’abord publié en France sous le titre de La Confession impudique), dans lequel les deux diaristes échangent leurs journaux intimes,  le scandale n’est pas loin. Car une épouse, plus manipulatrice que jamais, épuise la sexualité de son mari, dissimulant par là même une intention criminelle à l’égard de l’époux consentant. Au-delà des traditionnelles histoires de geishas et de prostituées, l’honorabilité du couple japonais en prend un coup. Il n’y a pas ici la moindre ombre pour feutrer la chose.

      Reflet des tensions personnelles d’un auteur que ses mariages affligent ou subliment, cet amoralisme se heurte à une société notoirement puritaine. Les masques du théâtre kabuki, puis du roman policier, comme dans Noir sur blanc, permettent de faire passer des pulsions à la croisée du crime et de l’esthétique. Comme celle, japonaise, du « hentai », qui associe perversion et métamorphose : pensons à la fameuse femme qu’enlace la pieuvre suceuse d’Hokusai. Le « hentai » trouvera d’ailleurs dans le manga contemporain des développements infinis.

      Les dernières œuvres de l’écrivain croiseront les ombres d’Hiroshima et de Nagasaki, les fantômes de ses amis morts, le spectre de sa prochaine disparition. Spectre qu’il tente de narguer, de dépasser, en usant d’un registre tragi-comique dans l’ultime Journal d’un vieux fou...

 

      Inoubliable auteur d’une esthétique paradoxale, qui associe un érotisme parfois cruel à l’ombreux « goût du zen », et qui cependant peut séduire un Occidental averti, Junichiro Tanizaki relate dans ses Années d’enfance un souvenir hautement symbolique. À l’occasion d’un tremblement de terre, il se réfugia contre sa mère : « je barbouillais de traits noirs les seins de ma mère », ce avec son « pinceau à calligraphier[6] ». Faut-il penser qu’il s’agit du point d’orgue inaugural de l’œuvre entière ?

 

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

La partie sur Noir sur blanc a été publiée dans Le Matricule des anges, juillet-août 2018

 

[1] Tanizaki Jun’ichirô : Eloge de l’ombre, Publications Orientalistes de France, 1977.

[2] Lucien : « Eloge de la mouche », Œuvres, t II, Hachette, 1874, p 267.

[3] Tanizaki Jun’ichirô : Œuvres, La Pléiade, 1998, t I, p XI.

[4] Toutes les œuvres ici citées sont publiées dans les deux volumes de la Pléiade.

[6] Tanizaki Jun’ichirô : Années d’enfance, « Haute enfance », Gallimard, 1993, p 100.

 

Lago di Fazzon, Trentino Alto-Adige.

Photo : T. Guinhut.

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5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 16:54

 

Bibliothèque sino-japonaise. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

 

Enfers et fantômes D’Asie, de Chine et du Japon.

 

Pu Songling : Contes étranges,

 

Lafcadio Hearn : Kwaidan.

 

 

 

 

 

Enfers et fantômes d’Asie,

sous la direction de Julien Rousseau et Stéphane du Mesnildot,

Musée du Quai Branly, Flammarion, 276 p, 45 €.

 

Pu Songling : Chroniques de l’étrange, traduit du chinois par André Lévy,

Philippe Picquier, 2010 p, deux volumes sous coffret, 59 €.

 

Lafcadio Hearn : Kwaidan. Histoires et études de sujets étranges,

traduit de l’anglais (Etats-Unis/Japon) par Jacques Finné, 256 p, José Corti, 21 €.

 

 

 

 

      Enfers et fantômes, levez-vous depuis l’Orient ! Vous n’êtes pas confinés au Tartare grec, aux fosses concentriques de Dante et aux nouvelles occidentales d’Henry James, dont Le Tour d’écrou sait si bien faire frémir. Répondant au séjour de Pluton et à l’Enfer chrétien[1], un atavisme anthropologique témoigne de l’universalité du mythe infernal et de leurs corollaires : les fantômes. Venus de Chine, de Thaïlande et du Japon, ils sont dans les vitrines d’une exposition ébouriffante, parfois à faire dresser les cheveux sur la tête, du Musée du Quai Branly, à Paris, mais aussi dans un catalogue aussi disert que généreusement illustré : Enfers et fantômes d’Asie. Reste à compléter cette visite grâce à deux œuvres littéraires : elles se répondent à plusieurs siècles de distance, de part et d’autre et au-delà de la Mer jaune : les Chroniques de l’étrange de Pu Songling et le Kwaidan de Lafcadio Hearn.

 

      Depuis la peinture bouddhique traditionnelle, l’on assiste à une torrentielle efflorescence de démons. Mais en se mêlant à la culture populaire, puis en investissant le manga, le cinéma, ils perdurent et se renouvellent, jusqu’aux plus récents avatars de la pop culture. Enfers et fantômes d’Asie regorge de visions sanglantes, de masques infernaux et de vampires. Car parmi les possibles réincarnations offertes par le bouddhisme, outre celles divines au paradis, humaines et animales sur terre, l’on oublie trop souvent la possibilité de vivre une vie seconde sous la forme de démons infernaux, de fantômes affamés et de damnés. Aux tréfonds du monde souterrain règnent les Dix Rois des enfers qui s’ingénient à exciter leurs séides et tourmenteurs d’une humanité déchue, ce pour l’éternité. De même, le taoïsme chinois et le shintoïsme japonais sont imprégnés de cette imagerie qui ordonne la distribution du bien et du mal post-mortem. La littérature bouddhique populaire raffole des récits de catabase (à la manière d’Orphée), comme celle du moine Mulian, qui descend dans les profondeurs à la recherche de ses parents défunts. Non sans rivaliser avec la Divine comédie de Dante[2], les feux et les tisons ardents ne sont pas loin de la « montagne aux couteaux » et de « l’étang glacé ».

      Quant aux défunts que l’on aurait omis d’honorer au cours d’un rituel funéraire adéquat et d’un scrupuleux culte des ancêtres, gare ! Ils sont capables de se changer en « revenants affamés », d’où la nécessité des femmes chamanes. Les pires sont peut-être les fantômes d’enfants qui n’ont pas pu vivre : leur « karma » inachevé leur empêchant toute réincarnation. De surcroit, la rancœur de celui qui eut la malchance de se voir assassiné le pousse à de complexes scénarios vengeurs. Les fantômes des rouleaux peints japonais abondent en coupables d’avarice et de diverses exactions, qui, la mort venue, sortent affamés des enfers, ancêtres de nos zombies et autres mort-vivants. Leur voracité exhibe la vigueur des crocs et leurs viscères apparents. C’est ainsi qu’ils sont les prédateurs suprêmes en Asie du Sud-Est, en particulier dans la culture thaïe, où règne le « phi », cette entité spirituelle omniprésente, au point que l’on confectionne avec le plus grand soin des masques de « Phi Ta Khon », pour incarner « la force incontrôlable de la nature, source de vie comme de mort », mais aussi des « amulettes de fœtus ».

      Les femmes surnaturelles sont légion : Oiwa est la « justicière des épouses assassinées ». Son visage bleuâtre aux commissures sanglantes fait froid dans le dos. Elle est évidemment devenue une héroïne cinématographique, aux côtés de la « vengeance féline » du Bakeneko et de « la femme des neiges ». L’on devine que les amours entre les humains et ces créatures d’un autre monde sont impératives et infiniment risquées… Esprit protecteur ou femme fatale, telles sont les dames qui passent les portes de l’impalpable pour caresser ou fustiger les vivants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Des peintures les plus anciennes, -jusqu’au X° siècle- aux œuvres de cinq artistes contemporains, ce livre-exposition parcourt à la fois le temps, et l’espace, de la Chine au Japon et du Cambodge à la Thaïlande. Le voyage culturel est également un voyage parmi les plus furieux fantasmes. On se cachera sous la couette tant le sang dégouline des plaies béantes, tant les squelettes brinquebalent, à moins de préférer en rire…

L’estampe, travaillée par Hokusaï montre un squelette griffu et bien vivant. D’autres sont habitées par « spectre-squelette » démesuré. Le cinéma japonais s’honore d’un film inclassable : Jigoku (L’Enfer) de Nobuo Nakagama, qui trimballe un étudiant en philosophie entre les « enfers glacés et bleus de la solitude » et les « enfers rougeoyants de la chair souffrante ». Plus subtilement inquiétante peut-être, la demi-jeune fille à la coulure de cheveux noirs et plumant un poulet par Fukuyo Matsui, intitulée « Nyctalopia » et peinte sur soie en 2005.

      Nourri d’entretiens avec des cinéastes de la « J-horror », de commentaires éclairants de divers spécialistes qui viennent aussi bien du musée parisien Guimet que du musée d’ethnologie d’Osaka, ce volume est un trésor, éclectique, tour à tour raffiné et vénéneux. Une iconographie incroyablement variée, somptueuse, habite cet ouvrage consacré aux proliférantes déclinaisons des Enfers et fantômes d’Asie. Les spectres du Japon sont inspirés par le théâtre kabuki, les jeunes filles en blancs prennent l’apparence des photos spirites et les visages canins aux crocs luisants surgissent parmi le graphisme explosif des mangas, où les têtes coupées rougissent les draps et les oreillers. On obtient ainsi le comble du mauvais goût : le « scum horreor », sans compter les figurines pour enfants et les spectres flageolants et criards des jeux video. En Chine, où l’on sculpte des « monstre-gardiens de tombes », les vampires hantent la nuit, et seul un rituel taoïste permettra de les neutraliser. Les « jardins des enfers » thaïlandais regorgent de sculptures de damnés faméliques et torturés : sciés, empalées, dégoulinants de sang, les films d’horreur thaïlandais usent et abusent d’une « tête volante d’où pendent son cœur (parfois illuminé) et ses intestins »… Ainsi les compositions les plus raffinées venues des arts picturaux anciens font bon ménage avec le gore le plus échevelé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      La Chine a ses fantômes, ses animaux ensorceleurs, ses génies et ses métamorphoses. C’est cependant sans peur, quoique avec la circonspection de la raison, qu’il faudra se plonger au plein bouillon des deux mille pages des Chroniques de l’étrange rédigées au XVII° siècle par Pu Songling. Ce sont cinq cent trois récits fantastiques, toujours variés, oscillant entre animalité, fantasme, terreur, monde de l’au-delà et tableaux de la société d’ici-bas. Car en la province du Shandong, l’on passe de la vie à la mort, et vice-versa, avec une facilité déconcertante, tant ces deux mondes sont poreux.

      Au cours d’un demi-siècle d’écriture, et en douze rouleaux, Pu Songling convoque le monde de l’esprit et les pouvoirs maléfiques. Il offre une compilation sans ordre, ni chronologique, ni thématique, mais qu’importe. En une langue classique chinoise, nuancée de propos populaires, traduite pour nous avec la plus grande efficacité narrative, les prodiges s’accumulent, rebondissent, se répondent. L’étrange (« yi ») est pour le moins merveilleux, souvent terrifiant, parfois violent. En fait l’étrangeté chinoise concerne tout ce qui est autre, alors que « le bizarre » (« guai ») nous rapproche du maléfique », souligne le préfacier et traducteur, André Lévy. Aussi l’on trouve quelque histoires policières, dans lesquelles le surnaturel n’intervient pas un instant : « Erreur judiciaire », « La piste du poème », ou encore « La perspicacité du censeur Yu », qui précèdent les ultérieures nouvelles d’Edgar Allan Poe et d’Arthur Conan Doyle. C’est d’ailleurs ce vivier qui inspirera le fameux juge Ti créé  par l’orientaliste néerlandais Robert Van Gulik…

      Mais, au chatoiement du surnaturel, on croise le dévouement d’une « demie-renarde », et bien d’autres renardes au complet, follement séductrices, qui sont femmes spectrales et animales trompeuses, dangereuses et « vengeresses ». Rôdent également des revenantes, à moins que les spectres ne consentent qu’à témoigner de « vies antérieures ». Or l’amour, voire cet érotisme que ne prisait guère la haute société chinoise, parsème ces récits : voici des émois devant deux petits pieds bandés, voici la substitution d’une tête féminine ravissante sur un corps parfait, qui jusque-là n’avait pas un visage à sa hauteur. Cependant les femmes querelleuses, reflets des belles-sœurs de l’auteur, caquètent à l’envi. Une « mégère repentie » pourrait faire écho à La Mégère apprivoisée de Shakespeare. La dimension morale est ainsi souvent patente.

      Un « poirier magique » pousse en quelques secondes, un « sermon aux spectres » permet de volatiliser les ombres de brigands exécutés et coupables de maléfices post mortem. Plus incroyable encore, une femme parait « accoucher d’un dragon », dont la tête apparait un moment, faisant mine de jaillir ; heureusement nait « une fille aux chairs translucides comme le cristal, au point qu’on pouvait détailler le nombre de ses viscères ». Et ce ne sont là que quelques-uns des prodiges de ces contes sans cesse palpitants et étonnants sous le pinceau toujours vif de Pu Songling.

      Un autre axe de lecture peut nous permettre de goûter ces Chroniques de l’étrange. L’on y découvre, diffractée en de nombreux tableautins, une société chinoise conservatrice, des classes sociales bien dessinées, des caractères typés. Sans oublier le talent de satiriste parfois mordant de l’auteur. On se moque avec amertume des concours, ces obligés de l’accession des lettrés aux places tant enviées de l’administration locale et impériale, comme dans « Poisse aux concours ». Accéder à la carrière mandarinale n’est pas de tout repos.

      Enfin, il n’y a pas que chez Charles Nodier[3] que l’on fait connaissance avec l’espèce étrange du « bibliomane ». Chez Pu Songling, il est « Le fou des livres ». Une délicieuse jeune fille nait d’une illustration parmi les pages, enivrant son lecteur. Cependant il lui faut rationner les lectures de l’impénitent bibliomane, de façon à ramener le drôle au travail. Elle lui fait perfectionner l’art des échecs, de la mélodie, de se faire des amis et de faire l’amour, avant de disparaitre… Mais, en quête du fautif, le sous-préfet vient se livrer à un autodafé de la bibliothèque : « Voyant que les livres emplissaient les bâtiments jusqu’aux plafonds, il ne se donna pas la peine de faire faire des recherches et fit tout brûler ». Autodafé qu’illustre avec une ardeur rubiconde un manuscrit peint probablement au XVIII° siècle et conservé à la Fondation Bodmer[4]. Le jeune homme réussira néanmoins ses examens grâce à la jeune fille : car « Dans les livres tu trouveras beauté de jade ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Presque aussi étrange que ses récits, Lafcadio Hearn, né Grec en 1850, fut d’abord un misérable Américain, chargé de boulots sordides pour survivre, trouvant par miracle la curiosité et l’énergie de la lecture, car il était à-demi aveugle, avant de se livrer au journalisme, puis d’émigrer au Japon, où il mourut citoyen japonais en 1904. Il s’appelait alors Yakumo Koizumi et laissait une épouse native de l’archipel du soleil levant. Il enseigna la littérature anglaise, et surtout Shakespeare, à l’Université de Tokyo. Outre ses traductions de Flaubert ou Nerval en anglais, il trouva le temps de faire l’ascension du Fuji et de publier une quinzaine de volumes traitant de son Extrême-Orient d’élection, roman et autres « esquisses » religieuses et ethnographiques…

      Lafcadio Hearn est un passeur hors pair de la culture et du merveilleux japonais. Kwaidan (que l’on peut traduire par récit de fantômes) nous propose une compilation toute originale. Car ces contes japonais sont narrés avec art, sensibilité et un fin pouvoir de suggestion. Non content de puiser dans le fonds littéraire et légendaire, il rédige l’histoire qui lui a conté un fermier, voire offre « le fruit d’une expérience personnelle ». Dix-huit récits incitent à la rêverie. Pour reprendre le sous-titre, « Histoires et études de sujets étranges », le fantastique, plus exactement le merveilleux, nous ravissent, comme l’indique l’inscription dans la collection « Merveilleux » de l’éditeur. Fantômes, goules, « monstres poilus », spectres sans tête, démons mangeurs d’hommes pullulent et sont l’objet d’une évidence, le monde des vivants et celui des morts coexistant, ce dont personne ne doute.

    Pourtant ces contes enlevés, qui font écho aux Contes étranges du Chinois Pu Songling, s’inscrivent dans une réelle historicité : religion bouddhiste, samouraïs et batailles entre les clans parmi les siècles du Japon ancien. Le surnaturel leur permet de s’achever par une chute, apaisante, facétieuse, ironique, ou terrible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Hoïchi, un récitant aveugle s’accompagnant de son biwa, doit, chaque nuit, briller en son art poétique et épique : il chante une bataille devant une assemblée choisie profondément émue. Hélas, ce sont des « feux-fantômes » dans un cimetière. Comment s’affranchir du sortilège ? L’aventure lui coûtera ses oreilles arrachées. L’amour est un thème récurrent, qu’il s’agisse d’un canard évoquant l’amant disparu, ou de la réincarnation consolatrice d’une jeune fiancé, nommée Otéi. Un vieux samouraï sait « transférer sa propre vie » à son cher cerisier. Pire, une tête coupée mord une pierre selon la promesse de son propriétaire ; elle causera bien du souci à son bourreau ; quoique... Une autre, fort agressive, orne la manche d’un samouraï devenu moine. Quant aux apparitions féminines, aussi pures que la neige, elles ne laissent pas de tuer ou d’épargner selon leur bon vouloir, qu’il faudra taire, sous peine de châtiment, y compris si ce sont de délicieuses séductrices. Un miroir de bronze perdu est « l’âme » d’une femme, aussi refuse-t-il de fondre ! Une fois morte, celle qui le possède promet que la cloche qui a incorporé le métal  « procurera de grands biens » en se brisant, aussi va-t-on s’échiner à la briser. Or, « certaines croyances anciennes parlent de l’efficacité magique d’une opération mentale appelée nazoraëru ». L’analyse est bien de la plume de Lafcadio Hearn. Ainsi, à la lisière de l’essai, de l’anthologie et de l’entomologie, les « Etudes sur des insectes » présentent une « jeune chinoise que les papillons confondaient avec une fleur ».

      Le lecteur occidental, tout autant que Lafcadio Hearn, est délicieusement fasciné par cet exotisme qui n’est pas de bazar. La sûreté de la narration, les nuances psychologiques, la discrétion de l’effroi, jamais clinquant (on devine le talent du traducteur) font merveille. D’autant que quelques poèmes, parfois à double sens, se glissent dans la narration intensément poétique : « L’âme d’un arbre est mon âme », avoue la belle mourante…

 

      Pourquoi tant d’étrangetés, d’enfers et autres fantômes ? Outre l’imagerie de nos terreurs morbides, l’inquiétude eschatologique nous pousse à imaginer de bien fictionnels au-delà, dont la dimension morale n’échappera à personne, punissant nos crimes, récompensant nos vertus. Visiter une telle exposition, lire de tels récits reviennent à des cérémonies d’exorcisme. Fut-il se munir du « couteau d’exorciste de la culture thaie » ? Ou garder son sang-froid le plus reposant devant l’avalanche des terreurs et des imageries infernales et spectrales… Entre divertissement et terreurs millénaristes, les spectres d’une individualité inquiète, d’une société malade, dont les écrivains, peintres et cinéastes aiment nous abreuver, sont probablement les expressions d’une catharsis nécessaire. Ainsi, grâce au détachement, saurons-nous libérer nos âmes.

 

Thierry Guinhut

Une vie- d'écriture et de photographie

La partie sur Lafcadio Hearn a été publiée dans Le Matricule des anges, avril 2018

 

[3] Voir : Bibliophilie et bibliomanie de Charles Nodier à Umberto Eco

[4] Pu Songling : Trois contes étranges, PUF, Sources, Fondation Martin Bodmer, 2009.

 

Lafcadio Hearn : Fantômes japonais, Piazza, 1930. Photo : T. Guinhut.

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29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 17:14

 

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

Femmes japonaises bafouées et rédimées

 

par Kiyoko Murata et Julie Otsuka.

 

 

 

 

Kiyoko Murata : Fille de joie, traduit du japonais par Sophie Refle,

Actes Sud, 272 p, 21,80 €.

 

Julie Otsuka : Certaines n’avaient jamais vu la mer,

traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Carine Chichereau,

Phébus, 2012, 144 p, 15 €.

 

 

      Un pittoresque exotisme, une rare délicatesse, semblent être les attributs de la geisha, dont l'âme a ses tiroirs secrets et raffinés. Pourtant, une romancière japonaise, Kiyoko Murata, ose nous dévoiler les faces obscures et parfois claires, de celle que l’on appelle, à la différence de la première, une « yüjo », ou pensionnaire des maisons closes : elles sont huit cents dans ce « quartier réservé » ! Décrivant ce lieu du « désir bestial », Fille de joie  est un roman historique situé au début du XX° siècle, en pleine ère Meiji, autant sociologique qu’intimiste. Mais une même préoccupation tant historique que féministe anime Julie Otsuka pour rendre un hommage à d’autres Japonaises bafouées dans Certaines n’avaient jamais vu la mer.

 

      Issue d’une île lointaine du sud et d’une famille de pécheurs vivant dans le dénuement, Ichi, quinze ans, se retrouve brusquement transplantée dans le monde flottant de Kyushu. Plus précisément au sein d’une maison de prostitution à qui son père l’a vendue, pour n’être que la malheureuse héroïne de Fille de joie. Heureusement pour elle, bien que fort fruste, mais aimant la calligraphie et la lecture, elle ne fera pas partie des filles du ruisseau « d’où l’on retirait parfois les corps des prostituées qui s’y étaient jetées ». Qui sait si elle sera une « oïran », parmi celles « de classe supérieure, capable de conduire leurs clients au septième ciel, grâce à leurs techniques secrètes, et de les charmer, hors du lit, par leurs talents dans tous les domaines, de la lecture à la cérémonie du thé en passant par la poésie et la danse »…

      Ichi, malgré ses indéniables capacités, est un peu rebelle. Un vieux et riche client, séduit, sort au bout de quelques nuits le visage tuméfié. « J’veux pas d’un vieux », rétorque-t-elle, aussitôt châtiée. Entre autres compétences sexuelles, elle doit apprendre à écrire. Au-delà du « genre épistolaire » à destination des clients, car « le mensonge est une vertu chez une courtisane », elle compose des sortes de poèmes à ses amis les « frémis » (entendez les fourmis). Ainsi elle tient une sorte de journal, rendant compte des évènements et des drames, dont son « dépucelage », mais également de son sens de l’observation et de ses émotions. Bien qu’un brin maladroite, l’écriture d’Ichi est dans la tradition poétique japonaise, depuis Le Dit du Genji de Dame Murasaki Shikibu[1], au XI° siècle, roman psychologique émaillé de vers. Hélas, cette dernière est considérée comme « une libertine » par Fukuzawa Yukichi, le grand penseur de Meiji, qui prétend par ailleurs que geishas et courtisanes « ne font pas partie du genre humain ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Le lecteur prend en douce pitié ces victimes d’une « geôle de débauche », exploitées sans pitié. C’est alors qu’une « grève » des femmes permettra peut-être d’améliorer leur ordinaire. « L’édit de libération du bétail de 1872 » (entendez les prostituées) va-t-il enfin, grâce au concours de la chrétienne Armée du Salut et de l’opinion publique, prendre réellement effet ?

      Le tableau de mœurs japonaises, mais aussi universelles, comme l’est la prostitution subie en ce bas monde, est impressionnant. Il vaut mieux ne pas tomber enceinte, ni attraper une « maladie du bas-ventre ». Pourtant, le retour de Mlle Shinonome, avec son bébé sera exceptionnel, car presque mythique est une « oïran avec enfant » ; à moins qu’elle préfère quitter le monde des courtisanes, puisqu’elle a remboursé sa dette. Parmi toutes ces anecdotes, ces drames, un kimono troué de sang dans une ruelle, un pubis impeccablement épilé, Mlle Shinonome, « belle comme un papillon de nuit blanc », un «  jour de soie rouge » (celui des règles) sont des images marquantes. Ainsi que le premier haïku d’Ichi : « Loin de mon pays / La première étoile / C’est ce bébé. »

      Tout un monde, ses rituels, ses kimonos, ses splendeurs et ses cruautés sordides, se déploie sous le perspicace pinceau de Kiyoko Murata. On ne s’étonnera pas que les lettrés de l’archipel lui accordent une sereine admiration : née en 1945, elle ne compte plus les récompenses, dont le fameux prix Akutagawa, pour Le Chaudron[2], adapté au cinéma par Akira Kurosawa sous le titre de Rhapsodie en août. Pour revenir à Fille de joie, c’est un beau livre, sensible et rude, fin et prenant. L’intérêt ethnographique est évident, quoique la dimension psychologique ne soit pas négligée. Une tendre empathie nait aux yeux du lecteur pour cette étonnante et attachante héroïne, Ichi, sans oublier une vraie reconnaissance pour son institutrice, Mlle Tetsuko. De toute évidence, chacune est un symbole, qui s’abstrait de ses chaines par l’éducation, puis la révolte, modestes icônes féministes japonaises de ce roman aussi militant que délicatement poétique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      C’est une strate tout à fait méconnue de l’histoire américaine que nous révèle Julie Otsuka. Un trou noir non dit, un effrayant sacrifice des femmes, un versant abject de la colonisation et de l'exploitation des femmes. Voici le chœur des Japonaises américaines bafouées par Julie Otsuka : Certaines n’avaient jamais vu la mer. Comment les Eats-Unis peuvent-ils redorer le blason de leur proverbiale liberté quand une part de leurs citoyennes fut opprimée de cette manière éhontée ?

      Au début du XXème siècle, un petit peuple de jeunes filles japonaises traverse l’océan dans des conditions désastreuses pour trouver un époux blanc, parmi les fermiers de l’Ouest en manque de compagnes. Loin d’être ravis par leur exotisme, les hommes n’ont guère pitié de ces créatures déculturées. Ils leur procurent des nuits de noces sacrificielles, le plus souvent dignes de brutes, rarement miraculeuses de tendresse, et pendant la plupart de leurs existences, le mépris, les durs travaux fermiers. Après que leurs enfants aient oublié le peu de leur culture native qu’elles ont pu leur enseigner, lors de la seconde guerre mondiale, ces innocentes sont soupçonnées de traîtrise, d’espionnage, puis déportées, abandonnant leurs biens… Parfois, aiguillonnées par des rêves d’ailleurs, dans leurs lettres envoyées au pays natal, elles mentent pour ne pas avouer qu’elles ne sont que des « bonnes ».

      Le roman, plein de sensibilité, devient alors une plaidoirie pour ces femmes aux rêves outragés, un réquisitoire à l’encontre de leurs bourreaux, si peu l’expression d’une satisfaction, au point que leurs voix entremêlées s’épanouissent intérieurement et collectivement à l’instar d’un chœur de tragédie grecque : « Nous avons accouché sans nos mères, qui auraient exactement quoi faire. (…) Nous avions attrapé une blennoragie dès la première nuit avec notre mari et nous avons eu des bébés aveugles. » On se demande : « Existe-t-il une tribu plus sauvage que celle des Américains ? »

 

      Julie Otsuka (née en 1962 en Californie d'une mère japonaise) s’est inspirée de sources historiques parfaitement documentées. On ne s'étonnera pas qu'elle ait reçu le Prix Fémina Etranger en 2012 pour ce récit effarant et cependant chargé de tendresse. En son court roman, à la lisière du poème en prose, ce qui aurait pu ne rester qu’une sorte de reportage historique de la condition féminine devient, grâce à une langue faite de cent langues individuelles, une vaste mélopée pathétique, une poignante épopée chantée. Avec Kiyoko Murata et sa Fille de joie, voici deux occasions réussies pour l’art du roman engagé en faveur de la justice et, au-delà du féminisme, de l’humanisme.     

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Murasaki Shikibu : Le Dit du Genji, Diane de Selliers, 2007.

[2] Kiyoko Murata : Le Chaudron, Actes Sud, 2008.

 

 

Plage des Prises. La Couarde-sur-Mer, Île de Ré.

Photo : T. Guinhut.

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28 décembre 2016 3 28 /12 /décembre /2016 09:01

 

Bois de l'Escalère, Gouaux-de-Larboust, Haute-Garonne. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

La destinée poétique de Sôseki,

 

entre kanshi et haïku.

 

 

 

Natsume Sôseki : Poèmes, traduit du chinois (Japon) par Alain-Louis Colas,

Le Bruit du temps, 400 p, 28 €.

 

Haïkus à rire et à sourire, illustré par Minami Shinbô,

traduit par Brigitte Allioux, Philippe Picquier, 88 p, 12,50 €.

 

Oreillers d’herbe ou le Voyage poétique, traduit par Elisabeth Suetsugu,

Philippe Picquier, 200 p, 23 €.

 

 

 

      De langue maternelle allemande, et au-delà de ses Duineser Elegien, Rilke écrivit des vers en français, dont ses Vergers[1]. Cela paraît une gageure que de concevoir de la poésie dans une langue qui ne soit pas d’abord la sienne. Quant au Japonais Natsume Sôseki, il traça les Poèmes de toute une vie en chinois. Que l’on se rassure, Sôseki écrit ses romans en japonais, mais aussi, genre oblige, ses Haïkus à rire et à sourire dans la langue de Bashô. Sans oublier que l’un de ses chefs d’œuvre, Oreiller d’herbes, ait pu, par ses soins mêmes, être qualifié de roman-haïku.

      Peut-on parler de poésie autobiographique ? Il s’agit en tout cas, chez Soseki, d’un parcours de vie, plus exactement intérieure, entre 1867 et 1916, depuis la période estudiantine, jusqu’à la période de Meian, aux visées plus philosophiques, en passant par celles de convalescence et picturale. Il sera resté fidèle au kanshi, ce type de poème chinois classique. Il s’agit parfois de quatrains, souvent de huitains, faits de quatre distiques, parmi lesquels le parallélisme est de règle. Il maîtrisait cet art, sans se confiner dans l’académisme, au point qu’il fut reconnu par les plus grands sinologues de son temps.  Deux grands thèmes innervent l’écriture de Sôseki en ses deux cent sept poèmes : la nature et la maladie, au profit, peu à peu, du détachement et de la faveur accordée à la première, dans le cadre d’une éthique taoïste, mais aussi bouddhiste zen.

      Au creux d’une intense émotion lyrique, les voyages dans les régions montagneuses sont dès la jeunesse du poète d’évidentes sources d’inspiration :

« Raidillons pour chevaux, coupés par les ruisseaux,

Chemins d’oiseaux se prolongeant parmi le ciel.

Pour mes yeux écarquillés, tournés vers l’ouest,

Le pur éclat d’un sommet neigeux qui rougeoie. »

      Hélas, plus douloureusement pathétique, un ulcère gastrique tenailla longtemps Sôseki. Comment y échapper, sinon par le vol de la poésie ?

« Dans ta maladie, le goût de l’art te garantit du monde ;

Dans ma sottise, l’inanité rend mon vol solitaire. »

      Plus qu’un passe-temps, qu’un jeu, qu’un pascalien divertissement, l’exercice de la poésie touche à l’essentiel :

« Pour chasser le tourment, point n’est besoin de vin ;

Pour occuper le temps, il n’est que les poèmes. »

      C’était en septembre 1890. Bien plus tard, le 21 août 1916, il précise son éthique littéraire :

« Ni littérateur, ni commentateur d’œuvres canoniques,

Je me démène, à l’est, à l’ouest, comme plante flottante. »

      Ainsi l’agir et le non agir, le moi et la nature, le yin et le yang, se complètent et se répondent, se fondent finalement… Jusqu’aux ultimes vers, « quintessence de l’œuvre », selon Sako, dix-neuf jours avant la disparition, à 49 ans, jaillis sous un dernier pinceau le soir du 20 novembre 1916 :

« La vue, l’ouïe, je les oublie, le corps aussi, je le laisse.

J’ai tout le ciel pour chanter mon « Poème d’un blanc nuage ». »

      Ainsi va la libération intérieure de l’ermite, au gré des pas silencieux des mots, laissés au bon entendement de qui veut en écouter la pureté.

      Cette édition, comme souvent au Bruit du temps (qu’il s’agisse de la biographie d’Ossip Mandelstam[2] ou des Notes de ma cabane de moine de Kamo no Chômei[3]), est un bonheur : choix et discrétion de l’illustration de couverture, typographie élégante, pour un véritable tour de force : publier Sôseki de manière trilingue, en chinois (l’original), en traductions japonaise et française, avec le goût des alexandrins et des vers de quinze pieds, toutefois non rimés, par prudence. Avant-propos, introduction, notes et commentaires abondants et délicieusement érudits, bibliographie et chronologie, tout cela de la main du traducteur, ont supposé un soin, voire une ascèse, dont il faut mesurer le prix spirituel entre nos mains recueillies.

       Avec une agilité remarquable, Soseki pouvait passer du kanshi au haïku japonais, dans la plus pure tradition de Bashô[4]. C’est avec un humour -au choix délicat ou sans gêne- qu’il offre ses Haïkus à rire et à sourire. Du moins, parmi quelques 2600 haïkus, l’illustrateur Minami Shinbô en a-t-il choisi une petite brassée, de ces objets « pas tout à fait géniaux créés par des génies », dit-il. Nous ne lui en voudrons pas, au contraire ; surtout si, comme tout lecteur d’un goût élevé et doué d’un bas ventre en bon état de fonctionnement, nous aimons : « Dans le colza fleuri / Un caca du facteur / En plein jour ». Vingt-huit petits poèmes, bilingues, dans une agréable mise en page, sont environnés par des dessins très colorés, faussement naïfs. N’est-ce qu’un livre pour les enfants ? Lisant « La branche de prunier posée là / Interpelle les nuages / Oh la légende torée du Tao », l’on devine que la surprise poétique est déjà un émerveillement spirituel. Ou « Amaryllis des morts / Quelle importance ! Au bord des chemins ». Là, rien de moins négligeable en sa qualité d’aphorisme philosophique. Quel joli livre précieux et facétieux ! Et un dernier, cosmique et odorant, pour la route : « Son cavalier sur le dos / Le cheval lâche du crottin / Sur les asters étoilés ».

      Nous avions déjà traité d’Oreiller d’herbes dans sa dimension romanesque[5]. Si l’appellation roman-haïku, oxymorique en soi, mais assumée par Sôseki, est apparemment excessive, au vu de la longueur, il n’en reste pas moins que l’art de la suggestion y est poussé à sa plus pure acuité. De plus, l’on ne peut qu’y remarquer, outre la toute finesse de l’écriture et son attention permanente au détail, psychologique ou descriptif, l’abondance de ces légendaires poèmes de dix-sept syllabes.

      La retraite d’un jeune artiste parmi les montagnes ne lui permettra guère de parvenir à peindre le tableau dont il rêve. En revanche, les haïkus, par l’entremise d’une jeune fille fort fantasque, deviennent ses amis. « Pourquoi faudrait-il un verbe ? », demande-t-elle, lorsque le jeune homme tente de lui traduire une page d’un roman anglais. Il semble que cela puisse s’appliquer au haïku : « Ombre de fleur / Ombre de femme / Vision ou illusion ». L’éveil poétique, « l’oubli du monde », sont-ils les préludes de l’éveil pictural ?

      Mais au souvenir de Bashô, s’agrège la culture anglophone de Sôseki, en cela bien représentatif de l’ouverture à l’étranger de l’ère Meiji, car son jeune peintre cite les vers de Shelley ou Meredith.

      Cette nouvelle traduction d’Elisabeth Suetsugu s’accompagne à propos des illustrations venues de trois rouleaux peints en couleurs, où figure le texte entièrement calligraphié en 1926. Ce avec un étrange je ne sais quoi venu de l’impressionnisme occidental dans une esthétique paysagère et féminine bien japonaise… Une somptueuse délicatesse imprègne les pages : « Printemps étoilé / Dans la chevelure de la nuit / Passe une branche fleurie ».

      « Suivre la nature et quitter le moi », tel est le maître-mot de l’auteur du satirique Je suis un chat[6], aimable et désopilant narrateur pour qui « l’homme a toujours été un lourdaud ». Natsume Sôseki, au-delà de ses compétences d’angliciste (il enseigna la littérature anglaise à l’Université de Tokyo à la suite de Lafcadio Hearn), fut un romancier nombreux et couronné de succès, en particulier avec son personnage du Botchan,[7] ce petit maître enseignant qui devint au Japon un type, à l’égal de notre Cosette ou de notre Gavroche, mais aussi le diariste sensible et piquant des Petits contes de printemps[8]. Au plus profond, dans l’humanité de ses poèmes, il guide, parmi les herbes, les ronces et les montagnes de la vie, son lecteur, ce modeste impétrant, dans la voie du tao, et dans l’aspiration au souffle paisible du zen.

 

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Rainer Maria Rilke : Œuvres II, Seuil, 1972, p 313 et 467.

[6] Natsume Sôseki : Je suis un chat, traduit par Jean Cholley, Gallimard / Unesco, 1984.  

[7] Natsume Sôseki : Botchan, traduit par Hélène Morita, Le Serpent à plumes, 1993.

[8] Natsume Sôseki : Petits contes de printemps, traduit par Elisabeth Suetsugu, Philippe Picquier, 1999.

 

 

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22 mai 2016 7 22 /05 /mai /2016 13:01

 

Parador de Villanova, Cangas de Onis, Asturias.
Photo T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Au Musée du silence de Yoko Ogawa :

 

Le Petit joueur d’échecs ;

 

La Jeune fille à l’ouvrage.

 

 

Yoko Ogawa : Le Petit joueur d’échec,

traduit du japonais par Martin Vergne,

Actes Sud, 336 p, 22,80 €.

 

Yôko Ogawa : Jeune fille à l’ouvrage,

traduit du japonais par Rose-Marie Makino,

Actes Sud, 224 p, 20 €.

 

 

      Les échecs fascinent les écrivains. Pensons à Stefan Zweig[1] qui mit en 1942 ce prestigieux duel intellectuel face aux terribles contraintes du totalitarisme nazi. Pareillement, il serait vain de réduire le nouveau roman de la prolifique japonaise Yoko Ogawa (né en 1962) à une énième variation sur un jeu de société : une autre dimension le transcende, celle de la transmission et du legs, des miroirs des vies, des solitudes et de l’art… Dimensions que l’on retrouve, outre ce Petit joueur d’échecs, parmi ses nouvelles, dont un judicieux bouquet orne la Jeune fille à l’ouvrage.

 

      Bien que scrupuleusement attachée à un contexte réaliste, Yoko Ogawa en fait rapidement surgir l’étrangeté. Comme dans Amours en marge, où une enfant s’attachait à un hippopotame, c’est ici au tour d’un gamin de sept ans de rêver à l’éléphante Indira qui vécut, mourut sur la terrasse d’un grand magasin, là où ses grands-parents l’abandonnent pour faire leurs courses. C’est son amie imaginaire, comme la « Miira » qu’il s’invente ensuite. Ce garçon singulier, découvrant un noyé dans la piscine de l’école (pensons à la nouvelle La Piscine[2]), mène l’enquête et rencontre un obèse qui, dans l’autobus où il vit avec son chat « Pion », sera son initiateur aux échecs. Mais au-delà du combat au-dessus de l’échiquier, c’est la qualité musicale, comme celle des mathématiques et de la poésie, de la belle partie, qui prime, « miroir » du joueur. Le défi est autant stratégie qu’esthétique. Jusqu’à ce que l’homme meure, que le garçon choqué ne puisse jouer que sous la table où il caressait le félin, qu’il devienne « Little Alekhine », petit surdoué, professionnel des échecs qui ne grandit plus, enfermé dans le silence de la poupée mécanique qui manie reine, tour et fou avec brio.

      Cette relation maître et disciple était également au cœur de La Formule préférée du professeur[3], quant à lui mathématicien. Outre sa table et son sac de pièces, la philosophie de l’obèse, emporté par une grue après sa désincarcération de l’autobus, revit : l’on ressent « un bonheur suprême à partager cette lumière avec quelqu’un d’autre ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Le récit initiatique gagne en intensité, lors du déplacement des pièces personnifiées qui est « mélodie », quand le corps contorsionné disparait sous l’automate, quand Miira et sa colombe deviennent pion. Le jeu subtil des images, lorsque la piscine devient échiquier humain, lorsque les « transcriptions » des parties sont des œuvres d’art, tisse un lyrisme envoûtant : « Avec des pièces de bois, il peut tracer de beaux dessins comme ceux d’une toile d’araignée après la pluie. » Hélas la « perversité est en train de croître au sein du club du Fond des mers ». La mort du petit joueur est au bout du chemin, « lèvres soudées comme au moment de sa naissance ». Seule « la transcription » de sa plus belle partie parlera pour lui.

      Ogawa excelle en s’attachant à la magie de l’enfance et en balisant les territoires imprécis du fantastique. Il faut la lire on comme joue à la marelle, chercher et choyer les joyaux, comme sa description de l’autobus meublé de « pin noir islandais » et d’ « azulejos », du caddie du sénior rempli de souvenirs. Il faut décrypter ses personnages de solitaires, en leur enfermement, leur intériorité, qui s’ouvrent pour l’amour discret. Qui collectionnent les objets ou les parties d’échecs, comme elle les collectionne pour nous, ce dont son roman emblématique, Le Musée du silence[4], fut l’apothéose…

      Chez Ogawa, tout objet, y compris le plus banal, acquiert une qualité spéciale, tel le « chiffon » de la grand-mère, « son talisman, son livre sacré », ou le bois poli des pièces du jeu, mais aussi l’immanence sereine des animaux. Ou encore le sensible duvet sur la lèvre du héros qui naquit la bouche scellée. Car les objets peuvent pallier à l’impuissance des mots. L’attention scrupuleuse au monde et à ses détails, la musique secrète du conte souvent tragique, sont parmi les clés de la fragile puissance d’évocation, de l’empathie que la romancière sait dégager tout au long de son espace-temps romanesque. Ce qui permet au lecteur d’immédiatement s’attacher, s’identifier, entre effroi et tendresse, aux lisières de l’onirisme…

      Autre « chiffon » précieux et symbolique, celui que brode « La jeune fille à l’ouvrage ». Devant elle, la mère fragile et placée en soins palliatifs lui permet de se demander : « combien de rêves ferait-elle » avant sa mort ? La brodeuse est bénévole auprès des patients, et son travail semble être celui d’une Parque discrète. Quoique japonaise, on pense à celle de Vermeer, pour sa patience, son recueillement, mais aussi son sentiment de liberté. Elle ranime la mémoire de l’enfance du narrateur, de l’enterrement d’un chat, évidente métaphore de la raison de leur rencontre en ce lieu, car l’achèvement de la broderie coïncide avec la mort de la mère.

      Si une telle nouvelle reste encore réaliste, d’autres ressortissent au fantastique, voire à l’anti-utopie. Une dame a l’esprit « remplacé par celui d’une princesse inconnue d’un endroit inconnu ».  Pourquoi enlève-t-on la « glande ressort » à ceux qui arrivent au « centre d’hébergement » ? Pourquoi les brûle-t-on ? Que devient le temps de chacun ? Un narrateur arrivant dans un lieu familier, ou nouveau, il y a toujours une étrangeté qui l’accueille, le met à l’épreuve, le bouleverse…

      Des thématiques récurrentes dans l’œuvre de la romancière affleurent lorsque deux enfants conversent sur la mort d’un chien pendant un « concours de beauté », lorsqu’une jeune femme compare une girafe autopsiée avec les grues que fabrique une usine. Ou lorsqu’une étudiante doit débarrasser une accumulation de pacotille, anti-muséale, écho inversé d’un de ses plus beaux romans : Le Musée du silence.

 

      Ainsi les nouvelles d’Ogawa sont-elles de micro-univers, bien faits pour refléter ses plus vastes romans, mais aussi pour initier son lecteur à un monde fragile. Avec Yôko Ogawa, les silences sont parlants, l’émotion discrète et d’autant plus prégnante. L’art des images et de la suggestion séduit l’empathie et la poétique du lecteur conquis. Qu’il s’agisse d’un sac de pièces d’échecs, d’une broderie, comme d’un livre d’Ogawa malencontreusement -ou avec intention- oublié sur un banc, tous sont dignes d’être sauvés dans « le musée du silence » de la littérature universelle : « nous sommes des spécialistes du traitement des objets hérités. […] Ce ne sont pas des boites qui renferment le passé, mais peut-être des miroirs qui reflètent le futur[5] »…

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

Articles parus dans Le Matricule des Anges, avril 2013 et mars 2016


[1] Stefan Zweig : Le Joueur d’échecs, Stock, 2000.

[2] Yoko Ogawa : La Piscine, Actes Sud, 1995.

[3] Yoko Ogawa : La Formule préférée du professeur, Actes Sud, 2005.

[4] Yoko Ogawa : Le Musée du silence, Actes Sud, 2003.

[5] Yoko Ogawa : Le Musée du silence, ibidem, p 115.

 

Voir : Yoko Ogawa : Cristallisation secrète du totalitarisme

 

Jeu d'échecs aux figures grecques.

Photo T. Guinhut.

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28 janvier 2016 4 28 /01 /janvier /2016 19:32

 

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

Battle royale et Leçon du mal :

 

deux japonaises et cruelles téléréalités politiques.

 

Koushun Takami & Yûsuke Kishi.

 

 

 

 

Koushun Takami : Battle royale,

traduit du japonais par Patrick Honnoré et Tetsuya Yano,

Calmann-Lévy, 2006, 576 pages, 24 € ; Le Livre de Poche, 2008, 8,60 €.

 

Yûsuke Kishi : La Leçon du mal,

traduit du japonais par Diane Durocher, Belfond, 2022, 540 p, 24 €.

 

 

 

      Télé-réalité, jeu vidéo, ou littérature ? La frontière semble bien fragile entre scénario détaillé d'un jeu à suspense et fresque narrative sur les peurs et les pulsions qui animent nos sociétés modernes. Une île japonaise est le théâtre d'une opération militaire qui ressemble à s'y méprendre à celles de nos écrans. Le tout dans un roman trépidant et racoleur paru en 1999 au Japon : Battle royale. À moins d’imaginer de le lire au second degré, comme une satire de la pulsion de jeu, de guerre et de mort qui irrigue et pourrit notre anthropologie, notre contemporain et nos anti-utopies. Fantasme ludique ou cruelle réalité, l'on hésite à qualifier La Leçon du mal. Koushun Takami et Yûsuke Kishi nous disent-ils le filigrane d'horreur qui parcourt un Japon pourtant si policé ?

      Nous sommes dans un Japon non daté, cependant inféodé au XXème siècle, que gère un régime tyrannique mené par un « Reichsführer », ce qui est la marque d’un fantasme associé au fascisme nazi. De solides barrières protègent la culture nationale de l'influence délétère de l'Amérique du rock and roll et des libertés. Nous n'en savons guère plus. Seul importe ici un jeu, « Battle royale », à la disposition du lecteur autant que des dirigeants du pays. En témoignent le plan quadrillé de l'île et la liste des quarante-deux participants au début du volume. Ce qui permet, avec un brin de perversité de la part de l'auteur, de nous sentir de mèche avec les organisateurs venus des hautes sphères politiques qui hasardent des sommes colossales... Le principe est simple : chaque année, l'on isole cinquante classes de troisième pour forcer les élèves à s'entretuer. Le vainqueur gagnera le privilège de vivre aux frais de l'État pour le reste de son existence. Ce qui fait quarante et une victimes adolescentes à multiplier par autant de classes. C'est officiellement un programme de défense nationale, une «  Expérimentation militaire ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      En 80 chapitres, deux prologues et un épilogue, le lecteur suit de l'intérieur, au moyen de la focalisation omnisciente, le déroulement de l'opération. On gaze le bus scolaire afin d'embarquer tout le monde sur une île et on annonce la chose avec force menaces, puis un meurtre bien dissuasif. Et les participants de s'égailler dans la nature, munis chacun d'une arme, de la mitraillette lourde au couteau de poche en passant par l'arc ou la fourchette. Détails importants : on annonce régulièrement les secteurs interdits, faute de quoi votre collier piégé explose avec vous et le pire arrive pour tous si aucun élève n'est tué dans un certain délai. Les caïds foncent, quelques filles amicales se réfugient dans un phare jusqu'à ce que méprise et traîtrise les conduisent au carnage. Qui l'emportera ? La bête brute aux muscles assassins, ou le vainqueur d'une précédente session qui, hasard incroyable, ou manipulation, s'est trouvé dans cette nouvelle classe ? L'histoire gagne un soupçon d'intensité lorsque l'ultime combattant déjoue les plans du régime en sabotant la surveillance informatique et en entraînant dans sa fuite deux autres dissidents, révoltés contre le jeu et le régime. Voilà qui donne un léger parfum d'anti-utopie à ce roman d'action, comme on parle d'un film d'action. Ce qu’il devint d’ailleurs en 2000, sous la caméra de Kinji Fukasaku.

      On a deviné que ce livre, qui a enthousiasmé Stephen King, peut passer pour passablement médiocre. C'est un défilé de personnages sans grand relief ni individualité (inutile de donner leurs noms) de suspenses convenus, agrémentés de scènes gores carnassières, avec ce qu'il faut de surprises attendues. Le style est d’une platitude aisée, à la longue abrutissante. La narration, trépidante et sans pitié pour les nerfs du lecteur, est parfois pimentée de pathétique et de pitié pour les jeunes filles sacrifiées, avec un léger frisson d’érotisme, rendu plus sensible par le graphisme impeccablement esthétique des mangas qui ont suivi cette bombe romanesque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       Et pourtant... Force est d'avouer que l'on se laisse prendre malgré soi à cette lecture vulgaire efficacement construite et trépidante. N'est-ce pas là un révélateur de nos sociétés ? D'autant qu'un succès phénoménal et multimédia entoure cet opus au Japon et ailleurs : après le film, treize volumes de mangas à ce jour, ce qui n'est pas innocent. On pourra gloser avec gourmandise sur la dimension satirique. Le pays du Soleil Levant, où la criminalité est l’une des plus faibles du monde, n'est-il pas celui où, dès l'entrée dans le système éducatif, règne la compétition la plus effrénée ? En ce sens Battle royale est une métaphore des plus réussies. Mais se limiter à critiquer le Japon serait une erreur. Notre télé-poubelle n'est pas loin. Si civilisés que nous sommes, peu de chose suffirait à faire basculer une bonne partie de nos populations dans cette variante hollywoodienne des jeux de gladiateurs qui satisferait nos voyeurismes. « Panem et circenses » (Du pain et des jeux) était, selon Juvénal[1], la devise d'Auguste pour aimanter le peuple autour du cirque et dans les limites de son despotisme. Elle pourrait être la devise de modernes tyrans ou d'efficaces empires médiatiques. Cette réflexion s'affinant à l'occasion de Battle royale, nous n'aurons pas perdu notre temps avec cette lecture racoleuse.

      Si l’on ajoute que le jeu, bien qu’à peu de choses près tabou pour de nombreuses familles qui ne veulent ni le voir, ni en annoncer la menace potentielle à leurs enfants, bénéficie de flashs d’informations télévisées affriolants, sans oublier les paris des dignitaires de l’Etat, on saura combien nos téléréalités aux cruautés plus ou moins anodines ne sont que les préfigurations apéritives d’un tel possible inhérent à la nature humaine abonnée au mal et à la tyrannie du spectacle. Sans compter la propagande militaire d’un régime qui s’enorgueillit de ses héros adolescents déchiquetés ou rarement vainqueurs. Et qui laisse entendre que n’importe qui pouvant tuer n’importe qui, le seul rempart à la menace pérenne -ou à la paranoïa- est un Etat fort, à même d’ailleurs de juguler toute rébellion individuelle ou populaire. Le manuel de terreur politique étatiste est au service d’une des pires anti-utopies qui se puissent fantasmer. Quoique peut-être au-dessous des camps d’exterminations nazis, eux réalisés par notre Histoire. À quand une « Battle Auschwitz » ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Peut-être faut-il conseiller aux élèves et enseignants sensibles de s’abstenir de cette lecture. Ou de considérer ce roman de Yûsuke Kishi, né en 1959 à Osaka, comme une catharsis. Un pédagogue unanimement admiré administre une leçon bien sentie : celle du mal. Hasumi, professeur d’anglais, joue de son charisme pour séduire, y compris physiquement, ses élèves, manipuler ses collègues, obtenir de brouiller les portables pour empêcher les fraudes aux examens, faire chanter un collègue d’arts plastiques qui entretient une liaison avec un jeune garçon… Pourtant, les failles et les soupçons vont croissant. Or « dans beaucoup de cas, il s’avère que l’homicide représente la solution la plus simple à un problème donné ». Solution qui devra multiplier ses procédés, jusqu’à verrouiller le lycée, piéger ses disciples et les massacrer, malgré la résistance erratique : « Dans les coups des ados, il y avait de la terreur, mais aussi de la rancœur, toute la haine qu’ils avaient emmagasinée à l’encontre de ce prof qui les humiliait et les maltraitait au quotidien ». Ainsi Shibahara, qui tripote le jeune corps d’une élève « jusqu’à plus soif » sera pris un moment pour le coupable absolu, ce qui ne contribuera en rien à la fin du carnage.

Mené par la main de fer du romancier, le personnage central, dont nous découvrons en une redoutable montée des périls les pensées, les crimes enfouis, est scanné sous toutes les coutures, sans oublier la psychologie de tous les protagonistes, grâce au narrateur omniscient. Laissons le lecteur dévoré par le suspense découvrir s’il restera un survivant, si le monstre sera pris, et par quels stratagèmes. Et si la chose paraît trop gore, elle est révélatrice des tenailles de l’enseignement japonais et du mécanisme des meurtres de masse.

 

       Ecoles de guerre, écoles de terrorisme ? Romans-fleuves, mangas colorés de sang pour catharsis et purgation des passions, ou jeux vidéo pour apprentis snipers ainsi excités et confortés, le débat ne manque pas entre fervents du pur divertissement médiatique et littéraire innocent et ceux qui dénoncent la contagieuse virulence morale et physique d’un Battle royale aux multiples avatars. Les enfants d’il y a un demi-siècle jouaient aux cow-boys et aux Indiens dans les bois, ou lisaient La Guerre des boutons de Louis Pergaud. Aujourd’hui, l’on accuse les Battle royale sur consoles et autres Koh-lantas guerriers. Avant d’incriminer le couteau, lisons dans la main de celui qui l’utilise pour tuer un enfant, ou le sauver… Serait-cela une leçon du mal ?

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

La partie sur Battle royale fut publiée  dans Le Matricule des Anges, septembre 2006

 

[1] Juvénal : Œuvres, Satire X, vers 81, Garnier sans date, p 128.

 

Manga japonais, XIXème siècle. Photo : T. Guinhut.

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 17:07

 

Valle de Aguas Limpias, Sallent de Gallego, Alto Aragon, photo T. Guinhut.

 

 

 

 

Sôseki : Rafales d’automne

 

sur un Oreiller d’herbes japonaises.

 

 

Natsumé Sôseki : Rafales d’automne,

traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, Philippe Picquier, 224 p 18 €.

 

Natsumé Sôseki : Oreillers d’herbes, 224 p, 7,50 €.

Natsumé Sôseki : Clair-obscur,

traduits par René de Ceccatty et Ryôji Nakamura, Rivages poche, 496 p, 9 €.

 

 

 

      Que peut la délicatesse de la littérature et de l’art ? se demande sans cesse Natsumé Soseki. À la lisière de la tradition japonaise et du Japon de la modernité, puisque né en 1867 et mort en 1916, il est l’enfant de l’ère Meiji et de ses bouleversements. En effet, à partir de 1868, l’Empire du soleil levant s’ouvre à l’Occident. Natsumé Soséki alla donc étudier entre 1900 et 1903 en Angleterre, pour ensuite enseigner la littérature anglaise, succédant à Lafacdio Hearn, ce après avoir baigné dans les lettres classiques chinoises, dans l’esthétique du haïkaï. Ainsi, Nakano est à Tokyo stupéfait par un concert de musique occidentale (dont une sonate de Beethoven) dans le roman Rafales d’automne. Conjointement avec la réédition bienvenue d’Oreillers d’herbes, il permettra de rencontrer, à travers ses personnages, l’intimité de l’artiste des mots au fil du pinceau. Car autant Je suis un chat[1] est d’esprit presqu’occidental, dans la lignée satirique du voyage au pays des chevaux (les « Houyhnhnms ») de Swift et du Chat Murr d’Hoffmann, autant Rafales d’automne défend les valeurs éthiques d’une tradition balayée par la puissance financière d’une nouvelle hiérarchie nippone.

      Un trio d’apprenti-écrivains forme l’ossature de Rafales d’automne. Le grand écart de leurs conditions matérielles est constitutif du roman. Si l’amour de la littérature et l’ascèse de l’écriture unissent les trois personnages, l’argent, son abondance et son manque, les différencie, les écarte douloureusement. Takayanagi est un jeune homme pauvre, bientôt malade des poumons ;  il perd son précieux manuscrit destiné à un manuel de géographie, qui aurait dû lui rapporter quelques dizaines de yens. Il a bien du mal à envisager le précieux « détachement » qui lui permettrait de trouver son équilibre. Heureusement il est soutenu par son ami Nakano, également licencié ès lettres, mais fort riche, et qui peut trouver le loisir de composer un roman poétique. Ils croisent de plus Dôya, leur ancien et intègre professeur, moqué, démissionnaire, qui peine, à la sueur de ses écrits, à nourrir son épouse.

      Quel est le destin de l’homme de lettres, quelle doit-être sa fonction ? se demandent-ils tous les trois à leur manière. Misérable pour Takayanagi, qui « rongeait chaque soir l’os de la douleur du monde » ; léger et décoratif pour Nakano. Dôya, un peu plus âgé, duquel on lit de larges extraits de son texte sur le « détachement » dans la revue « Kôko » dont il est le rédacteur, a pour « vocation » de faire avancer la société « ne serait-ce que d’un pas dans une direction plus haute et plus noble ». C’est ainsi qu’au cours d’une conférence agitée, il va défendre son « idéal » aux dépens d’une idéologie de l’occidentalisation et de la réussite financière : « De même que l’homme riche, grâce au pouvoir de l’argent, fait prospérer la société, l’homme de culture, grâce à son savoir et à sa raison, apporte le bonheur à la société ».

      Entre réalisme et atmosphère poétique, des pages précieuses émaillent ces Rafales d’automne (dont le titre vient d’un mélancolique poème chanté par une femme aimée) : conversation sur l’amour (« le cosmos qui se reflète dans le cœur d’amoureux est plein d’une compassion profonde »), description d’un « anneau d’or », satire de la richesse lors du mariage de Nakano… Chaque écrivain, et c’est là on n’en peut douter une profession de foi de Sôseki lui-même, tente de vivre « tout comme le pinceau laisse une légère trace d’encre, pour éclairer le monde aveugle d’un point lumineux ».

      Il est évident que les romans de Sôseki (mais également ses nouvelles) ne sont pas des romans d’action. Conversations, situations, observation détachée du narrateur, analyses psychologiques, méditations intellectuelles abouties, notations des images de la nature, tout cela parsème une intrigue souvent ténue, et en fait toute la richesse, rendant ainsi justice à ce pathétique propos de Takayanagi : « Quel gâchis si je mourais sans avoir donné jour à ce moi qui n’appartient qu’à moi ! » Que fera ce dernier des cent yens offert par Nakano : aller soigner sa tuberculose ou aider son maître Dôya, dont l’ « Essai sur le caractère » promet d’être son grand-œuvre ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Qui sait si Oreiller d’herbes n’est pas le plus fabuleux récit de Sôseki. Celui qui est peut-être son alter ego est cette fois un peintre. Ce dernier sait établir avec la nature une relation privilégiée, profondément lyrique : une « fleur de camélia […] attire un homme de ses yeux noirs, sans qu’il s’en rende compte et elle instille dans ses veines un poison enchanté ». Aussi se retire-t-il parmi les montagnes, lors d’un « voyage en quête d’impassibilité », pour interroger le sens de son art, entre peinture japonaise et peinture occidentale. Or l’auberge qui le loge recèle un mystère : une femme fantomatique répond à ses haïkus. Est-ce cette fameuse Nami qui, suite à un mariage forcé, aurait perdu la raison ? Celle-ci, « sourcils levés qui cherchent à tout vaincre », s’avère être d’une exceptionnelle beauté, que le peintre pensera poursuive sous ses pinceaux. Ne s’agit-il que d’un idéal pictural, d’un amour insensé, d’une scène théâtrale, ou d’une allégorie qui serait le point de fuite parfait de ce « roman-haïku », selon le mot de son auteur…

      « Dès que vous avez compris qu’il est partout difficile de vivre, alors nait la poésie et advient la peinture ». Cette phrase inaugurale est le viatique d’un sage : Sôseki tel qu’en lui-même, nostalgique de la culture nippone traditionnelle, face à une modernité dont il se méfie (son personnage déteste le train). Car sans cesse Oreiller d’herbes est un récit d’une rare finesse poétique. Il sait tout transmuer en œuvre d’art : un entremet, « yokan bleu posé sur un plat vert céladon », un moinillon zen grotesque, l’apparition d’un « ample kimono de cérémonie », un « shamisen lointain », un nu féminin au travers de la vapeur du bain, un dialogue autour d’un thé et d’une « pierre à encre » ancienne… Car ce peintre, « dans la vie, ne reconnait d’autres valeurs que celles du rêve ».

      Entre le regard ironique, éminemment satirique, d’un narrateur qui commence par affirmer « Je suis un chat », et les récits autobiographiques de Botchan[2] et d’À l’équinoxe et au-delà[3], dures années d’études et du monde du travail, Oreiller d’herbes est le plus bel univers intimiste de Sôseki, quand Rafales d’automne est un texte majeur sur la condition de l’écrivain. Condition bientôt doublée par la souffrance des dernières années de son auteur, marquées par la maladie qui ne lui permit pas d’achever son dernier et plus vaste roman, Clair-Obscur d’un drame conjugal, à la mince intrigue, mais dont on aimera l’étoffe émotionnelle aux nuances inouïes…

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie


[1] Natsumé Sôseki : Je suis un chat, Gallimard / Unesco, 1986.

[2] Natsumé Sôseki : Botchan, Le Serpent à plumes, 1993.

[3] Natsumé Sôseki : À l’équinoxe et au-delà, Le Serpent à plumes, 1995.

 

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15 janvier 2015 4 15 /01 /janvier /2015 13:43

 

Puerto de Lesba, Potes, Picos de Europa, Cantabria.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

Yasunari Kawabata :

 

des Pissenlits aux Premières neiges

 

sur le Mont Fuji.

 

 

Yasunari Kawabata : Première neige sur le mont Fuji,

traduit du japonais par Cécile Sakai, Albin Michel, 2014, 176 p, 16 €.

 

Yasunari Kawabata : Les Pissenlits, traduit du japonais par Hélène Morita,

Albin Michel, 2012, 252 p, 18 €.

 

 

 

      Parmi l’exposition « Le Japon au fil des saisons », au Musée Cernushi, parmi paravents et kakemonos de feuillages, d’insectes, d’oiseaux et de fleurs, auprès d’un mont Fuji peint par Tani Bunchô, j’ai repensé à Kawabata. Nous croyions tout savoir de ce dernier, avec une dizaine de titres traduits en France, parmi lesquels les inoubliables Kyôto et Pays de neige. Ou ces Belles endormies qui fascinent l’éros subtil et la pulsion contemplative du lecteur, et dans lesquelles la quête du beau côtoie la conscience tragique de la finitude et de la mort. L’atmosphère de ses romans est toujours singulièrement raffinée, d’une grande finesse psychologique, d’une esthétique précieuse et menacée. Ce que l’on retrouve tout autant dans un recueil de nouvelles inédites à l’ombre du mont Fuji que parmi un roman inachevé au parfum de pissenlits.

      Pour qui aurait la malchance de ne pas connaître Kawabata, ce recueil de six nouvelles inédites, titré Première neige sur le mont Fuji, est une parfaite introduction à son univers. Car sa réputation de délicatesse n’est pas usurpée.

      Ce sont surtout les circonstances dramatiques de la vie qui, à demi-mots, sont moins dites que suggérées : un couple se retrouve après plusieurs années, une guerre, un autre mariage, lorsque nostalgie incurable et avenir en suspens frémissent à la vue de la « première neige », métaphore du temps qui passe. De même, dans « Une rangée d’arbres », les « ginkgos » se séparent entre arbres nus et feuillus, pour cristalliser, d’une manière presque proustienne, une symbolique temporelle et métaphysique. Ainsi, « La jeune fille et son odeur » prennent toute leur valeur devant la tombe des ancêtres…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      L'on soupçonne des présences fantomatiques, lors du retour en « Terre natale », à mi-chemin du souvenir et de l’oubli. Ou lorsque les « Gouttes de pluie » couvrent « la discussion que les parents menaient à voix feutrée ». Comme quoi la communication entre les êtres, entre les êtres et les lieux, est au cœur de ce recueil…

Ce qui compte chez Kawabata, à l’instar de Mozart ou les silences entre et après  les notes sont encore du Mozart, ce sont moins les dialogues que leurs silences, leurs sens devinés, à l’image de la lueur de la « Première neige sur le Fuji ». Plus tragique, dans « En silence », l’écrivain « Ômiya Akifusa ne prononce plus le moindre mot », ni n’écrit. Lors d’un entretien prodigue en questions, le narrateur doit se résigner : « Le silence était mon interlocuteur ». La paralysie du vieillard n’explique pas tout. Comme si demeurait une volonté d’aphasie littéraire alors que l’écriture a perdu « toute sa puissance ». Ce qui n’est en rien le cas pour ce bouquet parfumé de nouvelles, venue des années cinquante du maître japonais.

 

      Les mêmes qualités de discrètes intensités se retrouvent dans Les Pissenlits, cet inédit inachevé -faut-il dire hélas ?- conformément à une esthétique récurrente. Près de la mer, à Ikuta, la floraison des pissenlits et le son d’une cloche paraissent pouvoir guérir les hôtes de « l’asile de fous » ; là où Ineko souffre d’une mystérieuse « cécité sporadique devant le corps humain ». Lorsque la mère de la jeune fille et son fiancé Hisano la quittent, leurs interrogations s’échangent, leurs mondes intérieurs se déploient, par petites touches, réminiscences et confessions intimes. Le souvenir de la mort du père, ancien officier de la guerre du Pacifique tombé d’une falaise, fonde peut-être la scène primitive du handicap. Refuse-t-elle de voir une partie de sa vie quand disparait pendant l’acte amoure le corps de son amant ? Maladie psychologique ou irruption du surnaturel dans un réel fragile, qui sait, non loin du monde imaginé par Kôbô Abé… C’est avec une tendresse infinie que Kawabata peint ses personnages, dialoguant dans une auberge jusque tard dans la nuit. Nous sommes conviés en un univers tout de sensibilité : un arbre « pleure » pour les fous, le jeune insiste pour épouser son aimée et devenir son thérapeute. Mais aussi de « démons intérieurs » lorsque le psychiatre voit poindre des « temps démoniaques »…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      En ce huis-clos poignant où le dialogue est à la fois anecdotique, psychologique, onirique, voire métaphysique, si, parfois, l’échange paraît tourner en rond, c’est pour exprimer les plus infimes nuances des émotions. La connaissance de l’autre, jusqu’au mystère de sa disparition, est ici sondée, quoique avec le soupçon qu’une part en reste à jamais inconnaissable. Au-delà, les oiseaux, les fleurs sont de purs signes difficilement déchiffrables. Lorsqu’un arc-en-ciel apparait au moment de l’étreinte remémorée, l’étrange et beau roman s’éteint, à la frange du réalisme et du fantastique.

      Il est permis de rêver à la suite fabuleuse que ne désirait peut-être pas écrire le maître japonais lorsqu’il s’est donné la mort en 1972… Ou de la trouver peinte parmi les jaunes pétales et les aériennes ombelles des pissenlits peints sur un kimono. Comme lorsque dans Tristesse et beauté,[1] Otoko « avait représenté des fleurs estivales mais d’une manière si audacieusement abstraite qu’on ne pût croire que ce fut elle qui les eût dessinées. Cela ressemblait à des volubilis, mais c’étaient en fait des fleurs imaginaires qui se coloraient de nuances variées conformes au goût du jour. Le tout donnait une impression de jeunesse et de fraîcheur. Otoko avait dû dessiner ces fleurs à l’époque où Keiko et elle étaient inséparables ».

Thierry Guinhut

À partir d’articles parus dans Le Matricule des anges, mars 2012 et octobre 2014

Une vie-d'écriture et de photographie

 

[1] Yasunari Kawabata : Tristesse et beauté, traduit du japonais par Amina Okada, Albin Michel, 1981, p 123.

 

 

Serra de Padornelos, Portugal. Photo : T. Guinhut.

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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 19:16

 

Manga japonais XIX°. Photo T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

Kamo no Chômei, le vieux sage du Japon :

 

Notes d’une cabane de moine et de l’éveil poétique.

 

Suivi d'En longeant la mer de Kyôto à Kamakura.

 

 

Kamo no Chômei : Notes de ma cabane de moine,

traduit du japonais par le Révérend Père Sauveur Candau, 2010, 80 p, 11 € ;

Notes sans titre, traduit par le Groupe Koten, 2010, 224 p, 15 € ;

Récits de l’éveil du cœur, traduit par Jacqueline Pigeot, 2014, 464 p, 19 €,

 Les trois volumes sous coffret illustré, Le Bruit du temps, 42 €.

 

Anonyme : En longeant la mer de Kyôto à Kamakura,

traduit du japonais par le Groupe Koten, Le Bruit du temps, 168 p, 15 €.

 

 

 

 

            Le hôjô-ki, ou « Livre d’une hutte de dix pieds de côté », n’a même pas un pied de côté, à peine quarante pages, parmi la modestie du « Bruit du temps ». Pourtant, ce recueil d’impressions, ici titré Notes de ma cabane de moine, laisse une bien longue impression. Observateur autant que philosophe, Kamo no Chômei (1155-1216) fut à Kyoto secrétaire du « Bureau de la poésie », avant de se sentir le dégoût du monde et d’abandonner la vie publique pour la vie intérieure du bonze : il se contenta dès lors d’un ermitage dans les montagnes de Hino. L’idée était trop tentante pour Antoine Jaccottet, talentueux éditeur du Bruit du temps : il vient de réunir en un charmant coffret trois proses de Kamo no Chômei, adjoignant au premier des Notes sans titre et les Récits de l’éveil du cœur. Pour former le triptyque de la solitude montagneuse, de la poésie et de la spiritualité bouddhique, non sans humour. Qui sait si l'auteur anonyme d'En longeant la mer de Kyôto à Kamakura fut son contemporain ?

         Prose et chronique autobiographique dans une période politique troublée du Japon (des guerres de succession impériale), les Notes de ma cabane de moine sont d’abord une image de la vanité du monde et des gloires humaines, symbolisée par l’image de l’eau qui s’écoule. Ces « essais écrits au fil du pinceau », selon une expression consacrée, évoquent d’abord des « calamités extraordinaires », ouragan, famine, épidémie, tremblement de terre, incendie « en forme d’éventail déployé », contemporaines du changement de capitale : « N’ayant pas d’ailes, on ne pouvait s’enfuir vers le ciel ; n’étant pas dragon, on ne pouvait monter sur les nuages ». Devant les servitudes sociales, Kamo no Chômei cherche où goûter « le contentement du cœur ».

         C’est à cinquante-quatre ans que le poète se construisit un ermitage parmi les montagnes pour se consacrer à son salut personnel, renonçant au monde, sauf à la poésie et à la musique :

« Ce monde, à quoi le comparer ? Dans le petit jour,

blanc sillage d’une barque qui à la rame s’éloigne. »

        Nanti de quelques livres, un « koto » et un « biwa », un modeste jardin, un petit foyer, il jouit d’un « beau panorama qui rend facile la contemplation ». Près des coucous, il  fait « un pacte avec eux pour qu’ils [lui] servent de guide au suprême passage de la montagne de la mort ». Les voix animales l’émeuvent, la nature toute entière est sa confidente. En digne épicurien, il « estime que le bonheur consiste en l’absence des soucis ».

          Au-delà de l’exotisme temporel et géographique, les pages de celui qui « assimile [sa] vie à un nuage inconsistant » nous parlent, comme nous enchante la peinture zen (quoique postérieure). Une esthétique est cohérente avec l’éthique, sereinement individualiste et reliée au cosmos. Célèbres au Japon, ces Notes de ma cabane de moine ne sont pas tout à fait inconnues en France, puisqu’une anthologie crut bon de les publier in extenso, en 1910[1]. De même, la belle anthologie Mille ans de littérature japonaise[2] n’omit pas l’œuvre de Chômei. Il faut compter aujourd’hui les Notes sans titre et les Récits de l’éveil du cœur, comme l’indispensable complément, formant les trois volets de la spiritualité traditionnelle la plus raffinée au Japon, si l’on omet la peinture et la musique.

        Chômei fut un grand compositeur de poèmes, au point qu’il compila son propre recueil dès l’âge de vingt-six ans : ce sont 105 « waka », soit des quintains de 31 syllabes. Il peut alors se permettre ce parfait manuel du compositeur de poésie, ainsi que l’on pourrait moins modestement intituler les Notes sans titre, quoique le sous-titre soit « « Propos sur les poètes et la poésie ». Le genre très codifié du waka doit s’assortir de retenue et d’élégance, de « formulation limpide ; il est majestueux, éblouissant », selon son maître Shun.e. L’amour et les saisons se partagent le plus souvent les thématiques proposées lors des manifestations poétiques de la cour impériale. D’où se dégage une intemporalité absolue.

         Si l’on suit Chômei, le poème doit être chargé « d’un sentiment intense ». Qui ne le voudrait d’ailleurs suivre en cette matière ? Pour se faire, il s’agit de se préoccuper du « sens du sujet », du « bon et du mauvais enchaînement des mots ». Il cite alors de nombreux waka d’autres poètes, d’où l’on aimera détacher deux vers : « La brume printanière / Où donc s’élève-t-elle ? » Peut-être vient-elle :

« De la Semi-no-Ogawa

-La rivière caillouteuse-

Limpide sont les eaux

Et la lune vient loger

Dans le courant son clair reflet »

         Mais surtout, après cette lecture, ne croyez pas un instant pouvoir imiter en toute facilité le waka : il vaut mieux « ne pas se considérer comme un génie de la poésie », et n’en pas faire un métier. Il est également conseillé de veiller aux « retouches qui peuvent gâcher un poème ».

         C’était le temps « du raffinement des réunions poétiques », le temps ou une femme « vous adresse un poème dans un lieu public » et laisse « un chef d’œuvre » :

« Sur cette couche

Qu’il devait selon ses dires

Ne déserter qu’une nuit

La poussière inexorable

Est venue se déposer »

        C’est ainsi que « les poèmes se composent spontanément quand l’émotion déborde ». Et que ceux « d’une beauté supérieure font penser à un tissu broché : en émane une image ». Gageons que celui de Shunzei est d’une beauté supérieure :

« Prenant pour guide

L’image des fleurs

Comme une vision

J’en ai franchi tant et tant

Blanches nuées des sommets ! »

 

            Kamo no Chömei a-t-il atteint une dimension supérieure en se faisant moine ? Dans le cadre d’une expansion historique du bouddhisme voué à la recherche de la « Terre Pure », promise par Amida (incarnation de Bouddha), la réflexion morale et spirituelle l’emporte dans les Récits de l’éveil du cœur, mais sans le moindre didactisme pesant. Loin de tout guide de développement personnel passablement niais, il ne s’agit pas d’aller où le cœur nous mène : « ne prends jamais ton cœur pour maître ! »

        Ce sont des petites anecdotes, presque des nouvelles, alternant les scènes comiques, les historiettes amoureuses, la satire et la louange des moines… Car, parmi ces derniers l’un est « dévoré d’ambition », ou « cache ses vertus », ou encore voit sa tête irradier d’une lumière. D’autres parviennent à « l’éveil », à la porte du Nirvana, et accomplissent leur « Renaissance ». Pas mieux, pas pire, en somme, que les moines occidentaux… Parfois le fantastique pointe son museau, lorsqu’une « mère qui jalousait sa fille vit ses doigts se transformer en serpents » ; lorsqu’une morte revient voir son mari inconsolable et laisse un « cordon à cheveux » pour preuve de son éphémère retour. À moins de s’intéresser à l’ironie du sort d’une « vieille nonne qui se transforma, après sa mort, en vers attaquant un mandarinier » ; n’avait-elle pas souhaité rendre le mal pour le mal ? Ainsi l’apologue offre une morale bienvenue. Sans compter que l’on apprend souvent à bien mourir, en une philosophique préoccupation. Plus loin, les curieux un tantinet coquins sauront « comment une courtisane de l’escale de Muro noua un lien de salut avec un saint homme en chantant une chanson ». Non content de nous amuser, jusqu’au rire, comme lorsqu’un « Vénérable » fait « voler son bol » qu’il voit revenir vide, ce recueil unit les qualités poétiques et celles de l’édification bouddhique.

         « On pourra dire que j’ai saisi des nuages, que j’ai capturé du vent : à qui cet ouvrage sera-t-il utile ? » confie, non sans autodérision, Kamo no Chômei en son préambule des Récits de l’éveil du cœur. La modestie de cette profession de foi conviendrait à ses trois ouvrages ici réunis. Mais c’est bien à nous, lecteurs intemporels, que ces lectures seront utiles : peut-être nous permettent-elles, outre de saisir un passé lointain, de chercher un essentiel contemplatif, de frôler l’essence de la poésie, de savoir rire et s’émouvoir de personnages dont les travers et les vertus ne sont pas loin d’être, presque un millénaire plus tard, nos reflets. Un éveil des sens devant la nature, de la vivacité de l’esprit devant le monde… Plus tard, au XVIIIème siècle, un autre ermite, Bashô[3], offrit au Japon et au monde entier ses poèmes plus brefs encore que le waka : ses haïkus, parmi lesquels, avec humour, nous aimons citer :

« Dans la rosée matinale

un melon boueux –

Quelle fraîcheur ! »

 

 

      Montagnes et rivages sont les bornes du voyage, bornes exaltantes, surtout si le voyage se fait à pied et à cheval En longeant la mer de Kyôto à Kamakura. Comme celui d’un Japonais anonyme qui parcourut les sites du Tokaido dans les débuts du XIII° siècle. Tous ses efforts et tous ses moments contemplatifs visent à dépasser la cinquantaine qui vient et accéder à l’« Eveil » bouddhique : « des sandales de paille pour tout véhicule, j’emprunte la voie de l’érémitisme ».

      Le récit, ponctué de descriptions évocatrices, comme ces « rochers qui semblent des tigres », de légendes étranges, d’anecdotes curieuses, est également enrichi de courts poèmes, ou waka, de trente et une syllabes, qui touchent à la perfection : « Je ne m’attache pas / à cette existence, mais / pour avoir vécu jusqu’à ce jour / j’ai contemplé le Mont-Blanc / du pays de Kai / une raison de vivre ! » Cependant, il n’est pas sans nostalgie à l’égard de sa mère âgée. La traduction, élégante, se lit comme un bel et vaste poème en prose, aux accents lyriques et discrètement pathétiques, également métaphysiques. Ainsi l’on partage  les émotions mélancoliques et esthétiques de celui qui chemine, dort sous un pin, médite ses « divagations ».

      Quel plaisir que de découvrir, soigneusement édité, avec notes et postface éclairantes, ce classique du genre kikô ou « notes de voyage », qui oppose la paix des paysages et le souvenir des guerres civiles qui ont amené au pouvoir le gouvernement militaire des shôgun. Se ressourcer, pratiquer une ascèse, affiner sa vision et son expression, tels sont les buts de celui dont nous aimerions connaître le nom. Qu’importe ; il a vécu et marché pour atteindre le sommet de son art.

      Au XVIII° siècle, un peintre, Hiroshige, fit lui aussi le voyage du Petit Tokaido (Hazan, 2010) au moyen de ses estampes colorées, entre pluies et grand soleil, le peintre et le poète se répondant.

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Michel Revon : Anthologie de la littérature japonaise, Delagrave, 1910, p 245 à 266.

[2] Ryôji Nakamura et René de Ceccatty : Mille ans de littérature japonaise, Picquier, 2005.

[3] Voir : Bashô, Seigneur ermite : L’intégrale des haïkus

 

Frontenay-Rohan-Rohan, Deux-Sèvres. Photo T. Guinhut.

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Quand les chauve-souris chantent, les animaux ont-ils des droits ?

Jusqu'où faut-il respecter les animaux ? Animalisme et humanisme

L'incroyable bestiaire de l'émerveillement

Philosophie porcine du harcèlement

Philosophie animale, bestioles, musicanimales

Chats littéraires et philosophie féline

Apologues politiques, satiriques et familiers

Meshkov : Chien Lodok, l'humaine tyrannie

Le corbeau de Max Porter

 

 

 

 

 

 

Antiquité

Le sens de la mythologie et des Enfers

Métamorphoses d'Ovide et mythes grecs

Eloge des déesses grecques et de Vénus

Belles lettres grecques d'Homère à Lucien

Anthologies littéraires gréco-romaines

Imperator, Arma, Nuits antiques, Ex machina

Histoire auguste et historiens païens

Rome et l'effondrement de l'empire

Esthétique des ruines : Schnapp, Koudelka

De César à Fellini par la poésie latine

Les Amazones par Mayor et Testart

Le Pogge et Lucrèce par Greenblatt

Des romans grecs et latins

 

 

 

 

 

 

Antisémitisme

Histoire et rhétorique de l'antisémitisme

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Céline et les pamphlets antisémites

Wagner, Tristan und Isolde et antisémitisme

Kertesz : Sauvegarde

Eloge d'Israël

 

 

 

 

 

 

Appelfeld

Les Partisans, Histoire d'une vie

 

 

 

 

 

 

 

Arbres

Leur vie, leur plaidoirie : Wohlleben, Stone

Richard Powers : L'Arbre-monde

 

 

 

 

 

 

Arendt

Banalité du mal, banalité de la culture

Liberté d'être libre et Cahier de L'Herne

Conscience morale, littérature, Benjamin

Anders : Molussie et Obsolescence

 

 

 

 

 

 

 

Argent

Veau d'or ou sagesse de l'argent : Aristote, Simmel, Friedman, Bruckner

 

 

 

 

 

 

Aristote

Aristote, père de la philosophie

Rire de tout ? D’Aristote à San-Antonio

 

 

 

 

 

 

Art contemporain

Que restera-t-il de l’art contemporain ?

L'art contemporain est-il encore de l'art ?

Décadence ou effervescence de la peinture

L'image de l'artiste de l'Antiquité à l'art conceptuel

Faillite et universalité de la beauté

Michel Guérin : Le Temps de l'art

Théories du portrait depuis la Renaissance

L'art brut, exclusion et couronnement

Hans Belting : Faces

Piss Christ, icone chrétienne par Serrano

 

 

 

 

 

 

Attar

Le Cantique des oiseaux

 

 

 

 

 

 

Atwood

De la Servante écarlate à Consilience

Contes réalistes et gothiques d'Alphinland

Graine de sorcière, réécriture de La Tempête

 

 

 

 

 

 

Bachmann

Celan Bachmann : Lettres amoureuses

Toute personne qui tombe a des ailes, poèmes

 

 

 

 

 

 

 

Bakounine

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

L'anarchisme : tyrannie ou liberté ?

 

 

 

 

 

 

Ballard

Le romancier philosophe de Crash et Millenium people

Nouvelles : un artiste de la science-fiction

 

 

 

 

 

 

 

Bande dessinée, Manga

Roman graphique et bande-dessinée

Fantastique et science-fiction

Mangas horrifiques et dystopiques

 

 

 

 

 

 

 

Barcelo

Cahiers d'Himalaya, Nuit sur le mont chauve

 

 

 

 

 

 

 

Barrett Browning

E. Barrett Browning et autres sonnettistes

 

 

 

 

 

 

 

Bashô

Bashô : L'intégrale des haikus

 

 

 

 

 

 

Basile

Le conte des contes, merveilleux rabelaisien

 

 

 

 

 

 

Bastiat

Le libéralisme contre l'illusion de l'Etat

 

 

 

 

 

 

Baudelaire

Baudelaire, charogne ou esthète moderne ?

"L'homme et la mer", romantisme noir

Vanité et génie du dandysme

Baudelaire de Walter Benjamin

Poésie en vers et poésie en prose

 

 

 

 

 

 

Beauté, laideur

Faillite et universalité de la beauté, de l'Antiquité à notre contemporain, essai, La Mouette de Minerve éditeur

Art et bauté, de Platon à l’art contemporain

Laideur et mocheté

Peintures et paysages sublimes

 

 

 

 

 

 

Beckett 

En attendant Godot : le dénouement

 

 

 

 

 

 

Benjamin

Baudelaire par Walter Benjamin

Conscience morale et littérature

Critique de la violence et vices politiques

Flâneurs et voyageurs

Walter Benjamin : les soixante-treize sonnets

Paris capitale des chiffonniers du XIX°siècle

 

 

 

 

 

 

Benni

Toutes les richesses, Grammaire de Dieu

 

 

 

 

 

 

Bernhard

Goethe se mheurt et autres vérités

 

 

 

 

 

 

 

Bibliothèques

Histoire de l'écriture & Histoire du livre

Bibliophilie : Nodier, Eco, Apollinaire

Eloges des librairies, libraires et lecteurs

Babel des routes de la traduction

Des jardins & des livres, Fondation Bodmer

De l'incendie des livres et des bibliothèques

Bibliothèques pillées sous l'Occupation

Bibliothèques vaticane et militaires

Masques et théâtre en éditions rares

De Saint-Jérôme au contemporain

Haine de la littérature et de la culture

Rabie : La Bibliothèque enchantée

Bibliothèques du monde, or des manuscrits

Du papyrus à Google-books : Darnton, Eco

Bibliothèques perdues et fictionnelles

Livres perdus : Straten,  Schlanger, Olender

Bibliophilie rare : Géants et nains

Manguel ; Uniques fondation Bodmer

 

 

 

 

 

 

 

Blake

Chesterton, Jordis : William Blake ou l’infini

Le Mariage du ciel et de l’enfer

 

 

 

 

 

 

 

Blasphème

Eloge du blasphème : Thomas-d'Aquin, Rushdie, Cabantous, Beccaria

 

 

 

 

 

 

Blog, critique

Du Blog comme œuvre d’art

Pour une éthique de la critique littéraire

Du temps des livres aux vérités du roman

 

 

 

 

 

 

 

Bloom

Amour, amitié et culture générale

 

 

 

 

 

 

 

Bloy

Le désespéré enlumineur de haines

 

 

 

 

 

 

 

Bolaño

L’artiste et le mal : 2666, Nocturne du Chili

Les parenthèses du chien romantique

Poète métaphysique et romancier politique

 

 

 

 

 

 

 

Bonnefoy

La poésie du legs : Ensemble encore

 

Borel

Pétrus Borel lycanthrope du romantisme noir

 

 

 

 

 

 

 

Borges

Un Borges idéal, équivalent de l'univers

Géographies des bibliothèques enchantées

Poèmes d’amour, une anthologie

 

 

 

 

 

 

 

Brague

Légitimité de l'humanisme et de l'Histoire

Eloge paradoxal du christianisme, sur l'islam

 

 

 

 

 

 

Brésil

Poésie, arts primitifs et populaires du Brésil

 

 

 

 

 

 

Bruckner

La Sagesse de l'argent

Pour l'annulation de la Cancel-culture

 

Brume et brouillard

Science, littérature et art du brouillard

 

 

 

 

 

 

Burgess

Folle semence de L'Orange mécanique

 

 

 

 

 

 

 

Burnside

De la maison muette à l'Eté des noyés

 

 

 

 

 

 

Butor

Butor poète et imagier du Temps qui court

Butor Barcelo : Une nuit sur le mont chauve

 

 

 

 

 

 

Cabré

Confiteor : devant le mystère du mal

 

 

 

 

 

 

 

Canetti

La Langue sauvée de l'autobiographie

 

 

 

 

 

 

Capek

La Guerre totalitaire des salamandres

 

 

 

 

 

 

 

Capitalisme

Eloge des péchés capitaux du capitalisme

De l'argument spécieux des inégalités

La sagesse de l'argent : Pascal Bruckner

Vers le paradis fiscal français ?

 

 

 

 

 

 

Carrion

Les orphelins du futur post-nucléaire

Eloges des librairies et des libraires

 

 

 

 

 

 

 

Cartarescu

La trilogie roumaine d'Orbitor, Solénoïde ; Manea : La Tanière

 

 

 

 

 

 

 

Cartographie, explorations

Atlas des mondes réels et imaginaires

Des côtes inconnues à l'Amazonie

 

 

 

 

 

 

 

Casanova

Icosameron et Histoire de ma vie

 

 

 

 

 

 

Catton

La Répétition, Les Luminaires

 

 

 

 

 

 

Cavazzoni

Les Géants imbéciles et autres Idiots

 

 

 

 

 

 

 

Celan

Paul Celan minotaure de la poésie

Celan et Bachmann : Lettres amoureuses

 

 

 

 

 

 

Céline

Voyage au bout des pamphlets antisémites

Guerre : l'expressionnisme vainqueur

Céline et Proust, la recherche du voyage

 

 

 

 

 

 

 

Censure et autodafé

Requiem pour la liberté d’expression : entre Milton et Darnton, Charlie et Zemmour

Livres censurés et colères morales

Incendie des livres et des bibliothèques : Polastron, Baez, Steiner, Canetti, Bradbury

Totalitarisme et Renseignement

Pour l'annulation de la cancel culture

 

 

 

 

 

 

Cervantès

Don Quichotte peint par Gérard Garouste

Don Quichotte par Pietro Citati et Avellaneda

 

 

 

 

 

 

Cheng

Francois Cheng, Longue route et poésie

 

 

 

 

 

 

Chesterton

William Blake ou l'infini

Le fantaisiste du roman policier catholique

 

Chevalier

La Dernière fugitive, À l'orée du verger

Le Nouveau, rééecriture d'Othello

Chevalier-la-derniere-fugitive

 

Chine

Chen Ming : Les Nuages noirs de Mao

Du Gène du garde rouge aux Confessions d'un traître à la patrie

Anthologie de la poésie chinoise en Pléiade

 

 

 

 

 

 

Civilisation

Petit précis de civilisations comparées

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

 

 

 

 

 

 

 

Climat

Histoire du climat et idéologie écologiste

Tyrannie écologiste et suicide économique

 

 

 

 

 

 

Coe

Peines politiques anglaises perdues

 

 

 

 

 

 

 

Colonialisme

De Bartolomé de Las Casas à Jules Verne

Métamorphoses du colonialisme

Mario Vargas Llosa : Le rêve du Celte

Histoire amérindienne

 

 

 

 

 

 

Communisme

"Hommage à la culture communiste"

Karl Marx théoricien du totalitarisme

Lénine et Staline exécuteurs du totalitarisme

 

 

 

 

 

 

Constant Benjamin

Libertés politiques et romantiques

 

 

 

 

 

 

Corbin

Fraicheur de l'herbe et de la pluie

Histoire du silence et des odeurs

Histoire du repos, lenteur, loisir, paresse

 

 

 

 

 

 

 

Cosmos

Cosmos de littérature, de science, d'art et de philosophie

 

 

 

 

 

 

Couleurs
Couleurs de l'Occident : Fischer, Alberti

Couleurs, cochenille, rayures : Pastoureau

Nuanciers de la rose et du rose

Profondeurs, lumières du noir et du blanc

Couleurs des monstres politiques

 

 

 

 

 


Crime et délinquance

Jonas T. Bengtsson et Jack Black

 

 

 

 

 

 

 

Cronenberg

Science-fiction biotechnologique : de Consumés à Existenz

 

 

 

 

 

 

 

Dandysme

Brummell, Barbey d'Aurevilly, Baudelaire

 

 

 

 

 

 

Danielewski

La Maison des feuilles, labyrinthe psychique

 

 

 

 

 

 

Dante

Traduire et vivre La Divine comédie

Enfer et Purgatoire de la traduction idéale

De la Vita nuova à la sagesse du Banquet

Manguel : la curiosité dantesque

 

 

 

 

 

 

Daoud

Meursault contre-enquête, Zabor

Le Peintre dévorant la femme

 

 

 

 

 

 

 

Darger

Les Fillettes-papillons de l'art brut

 

 

 

 

 

 

Darnton

Requiem pour la liberté d’expression

Destins du livre et des bibliothèques

Un Tour de France littéraire au XVIII°

 

 

 

 

 

 

 

Daumal

Mont analogue et esprit de l'alpinisme

 

 

 

 

 

 

Defoe

Robinson Crusoé et romans picaresques

 

 

 

 

 

 

 

De Luca

Impossible, La Nature exposée

 

 

 

 

 

 

 

Démocratie

Démocratie libérale versus constructivisme

De l'humiliation électorale

 

 

 

 

 

 

 

Derrida

Faut-il pardonner Derrida ?

Bestiaire de Derrida et Musicanimale

Déconstruire Derrida et les arts du visible

 

 

 

 

 

 

Descola

Anthropologie des mondes et du visible

 

 

 

 

 

 

Dick

Philip K. Dick : Nouvelles et science-fiction

Hitlérienne uchronie par Philip K. Dick

 

 

 

 

 

 

 

Dickinson

Devrais-je être amoureux d’Emily Dickinson ?

Emily Dickinson de Diane de Selliers à Charyn

 

 

 

 

 

 

 

Dillard

Eloge de la nature : Une enfance américaine, Pèlerinage à Tinker Creek

 

 

 

 

 

 

 

Diogène

Chien cynique et animaux philosophiques

 

 

 

 

 

 

 

Dostoïevski

Dostoïevski par le biographe Joseph Frank

 

 

 

 

 

 

Eco

Umberto Eco, surhomme des bibliothèques

Construire l’ennemi et autres embryons

Numéro zéro, pamphlet des médias

Société liquide et questions morales

Baudolino ou les merveilles du Moyen Âge

Eco, Darnton : Du livre à Google Books

 

 

 

 

 

 

 

Ecologie, Ecologismes

Greenbomber, écoterroriste

Archéologie de l’écologie politique

Monstrum oecologicum, éolien et nucléaire

Ravages de l'obscurantisme vert

Wohlleben, Stone : La Vie secrète des arbres, peuvent-il plaider ?

Naomi Klein : anticapitalisme et climat

Biophilia : Wilson, Bartram, Sjöberg

John Muir, Nam Shepherd, Bernd Heinrich

Emerson : Travaux ; Lane : Vie dans les bois

Révolutions vertes et libérales : Manier

Kervasdoué : Ils ont perdu la raison

Powers écoromancier de L'Arbre-monde

Ernest Callenbach : Ecotopia

 

 

 

 

 

 

Editeurs

Eloge de L'Atelier contemporain

Diane de Selliers : Dit du Genji, Shakespeare

Monsieur Toussaint Louverture

Mnémos ou la mémoire du futur

 

 

 

 

 

 

Education

Pour une éducation libérale

Allan Bloom : Déclin de la culture générale

Déséducation et rééducation idéologique

Haine de la littérature et de la culture

De l'avenir des Anciens

 

 

 

 

 

 

Eluard

« Courage », l'engagement en question

 

 

 

 

 

 

 

Emerson

Les Travaux et les jours de l'écologisme

 

 

 

 

 

 

 

Enfers

L'Enfer, mythologie des lieux

Enfers d'Asie, Pu Songling, Hearn

 

 

 

 

 

 

 

Erasme

Adages et Colloques

Eloge de vos folies contemporaines

 

 

 

 

 

 

 

Esclavage

Esclavage en Moyen âge, Islam, Amériques

 

 

 

 

 

 

Espagne

Histoire romanesque du franquisme

Benito Pérez Galdos, romancier espagnol

 

 

 

 

 

 

Etat

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Constructivisme versus démocratie libérale

Amendements libéraux à la Constitution

Couleurs des monstres politiques

Française tyrannie, actualité de Tocqueville

Socialisme et connaissance inutile

Patriotisme et patriotisme économique

La pandémie des postures idéologiques

Agonie scientifique et sophisme français

Impéritie de l'Etat, atteinte aux libertés

Retraite communiste ou raisonnée

 

 

 

 

 

 

Etats-Unis romans

Dérives post-américaines

Rana Dasgupta : Solo, destin américain

Bret Easton Ellis : Eclats, American psycho

Eugenides : Middlesex, Roman du mariage

Bernardine Evaristo : Fille, femme, autre

La Muse de Jonathan Galassi

Gardner : La Symphonie des spectres

Lauren Groff : Les Furies

Hallberg, Franzen : City on fire, Freedom

Jonathan Lethem : Chronic-city

Luiselli : Les Dents, Archives des enfants

Rick Moody : Démonologies

De la Pava, Marissa Pessl : les agents du mal

Penn Warren : Grande forêt, Hommes du roi

Shteyngart : Super triste histoire d'amour

Tartt : Chardonneret, Maître des illusions

Wright, Ellison, Baldwin, Scott-Heron

 

 

 

 

 

 

 

Europe

Du mythe européen aux Lettres européennes

 

 

 

 

 

 

Fables politiques

Le bouffon interdit, L'animal mariage, 2025 l'animale utopie, L'ânesse et la sangsue

Les chats menacés par la religion des rats, L'Etat-providence à l'assaut des lions, De l'alternance en Démocratie animale, Des porcs et de la dette

 

 

 

 

 

 

 

Fabre

Jean-Henri Fabre, prince de l'entomologie

 

 

 

 

 

 

 

Facebook

Facebook, IPhone : tyrannie ou libertés ?

 

 

 

 

 

 

Fallada

Seul dans Berlin : résistance antinazie

 

 

 

 

 

 

Fantastique

Dracula et autres vampires

Lectures du mythe de Frankenstein

Montgomery Bird : Sheppard Lee

Karlsson : La Pièce ; Jääskeläinen : Lumikko

Michal Ajvaz : de l'Autre île à l'Autre ville

Morselli Dissipatio, Longo L'Homme vertical

Présences & absences fantastiques : Karlsson, Pépin, Trias de Bes, Epsmark, Beydoun

 

 

 

 

 

 

Fascisme

Histoire du fascisme et de Mussolini

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Haushofer : Sonnets de Moabit

 

 

 

 

 

 

 

Femmes

Lettre à une jeune femme politique

Humanisme et civilisation devant le viol

Harcèlement et séduction

Les Amazones par Mayor et Testart

Christine de Pizan, féministe du Moyen Âge

Naomi Alderman : Le Pouvoir

Histoire des féminités littéraires

Rachilde et la revanche des autrices

La révolution du féminin

Jalons du féminisme : Bonnet, Fraisse, Gay

Camille Froidevaux-Metterie : Seins

Herland, Egalie : républiques des femmes

Bernardine Evaristo, Imbolo Mbue

 

 

 

 

 

 

Ferré

Providence du lecteur, Karnaval capitaliste ?

 

 

 

 

 

 

Ferry

Mythologie et philosophie

Transhumanisme, intelligence artificielle, robotique

De l’Amour ; philosophie pour le XXI° siècle

 

 

 

 

 

 

 

Finkielkraut

L'Après littérature

L’identité malheureuse

 

 

 

 

 

 

Flanagan

Livre de Gould et Histoire de la Tasmanie

 

 

 

 

 

 

 

Foster Wallace

L'Infinie comédie : esbroufe ou génie ?

 

 

 

 

 

 

 

Foucault

Pouvoirs et libertés de Foucault en Pléiade

Maîtres de vérité, Question anthropologique

Herculine Barbin : hermaphrodite et genre

Les Aveux de la chair

Destin des prisons et angélisme pénal

 

 

 

 

 

 

 

Fragoso

Le Tigre de la pédophilie

 

 

 

 

 

 

 

France

Identité française et immigration

Eloge, blâme : Histoire mondiale de la France

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

Antilibéralisme : Darien, Macron, Gauchet

La France de Sloterdijk et Tardif-Perroux

 

 

 

 

 

 

France Littérature contemporaine

Blas de Roblès de Nemo à l'ethnologie

Briet : Fixer le ciel au mur

Haddad : Le Peintre d’éventail

Haddad : Nouvelles du jour et de la nuit

Jourde : Festins Secrets

Littell : Les Bienveillantes

Louis-Combet : Bethsabée, Rembrandt

Nadaud : Des montagnes et des dieux

Le roman des cinéastes. Ohl : Redrum

Eric Poindron : Bal de fantômes

Reinhardt : Le Système Victoria

Sollers : Vie divine et Guerre du goût

Villemain : Ils marchent le regard fier

 

 

 

 

 

 

Fuentes

La Volonté et la fortune

Crescendo du temps et amour faustien : Anniversaire, L'Instinct d'Inez

Diane chasseresse et Bonheur des familles

Le Siège de l’aigle politique

 

 

 

 

 

 

 

Fumaroli

De la République des lettres et de Peiresc

 

 

 

 

 

 

Gaddis

William Gaddis, un géant sibyllin

 

 

 

 

 

 

Gamboa

Maison politique, un roman baroque

 

 

 

 

 

 

Garouste

Don Quichotte, Vraiment peindre

 

 

 

 

 

 

 

Gass

Au bout du tunnel : Sonate cartésienne

 

 

 

 

 

 

 

Gavelis

Vilnius poker, conscience balte

 

 

 

 

 

 

Genèse

Adam et Eve, mythe et historicité

La Genèse illustrée par l'abstraction

 

 

 

 

 

 

 

Gilgamesh
L'épopée originelle et sa photographie


 

 

 

 

 

 

Gibson

Neuromancien, Identification des schémas

 

 

 

 

 

 

Girard

René Girard, Conversion de l'art, violence

 

 

 

 

 

 

 

Goethe

Chemins de Goethe avec Pietro Citati

Goethe et la France, Fondation Bodmer

Thomas Bernhard : Goethe se mheurt

Arno Schmidt : Goethe et un admirateur

 

 

 

 

 

 

 

Gothiques

Frankenstein et autres romans gothiques

 

 

 

 

 

 

Golovkina

Les Vaincus de la terreur communiste

 

 

 

 

 

 

 

Goytisolo

Un dissident espagnol

 

 

 

 

 

 

Gracian

L’homme de cour, Traités politiques

 

 

 

 

 

 

 

Gracq

Les Terres du couchant, conte philosophique

 

 

 

 

 

 

Grandes

Le franquisme du Cœur glacé

 

 

 

 

 

 

 

Greenblatt

Shakespeare : Will le magnifique

Le Pogge et Lucrèce au Quattrocento

Adam et Eve, mythe et historicité

 

 

 

 

 

 

 

Guerre et violence

John Keegan : Histoire de la guerre

Storia della guerra di John Keegan

Guerre et paix à la Fondation Martin Bodmer

Violence, biblique, romaine et Terreur

Violence et vices politiques

Battle royale, cruelle téléréalité

Honni soit qui Syrie pense

Emeutes et violences urbaines

Mortel fait divers et paravent idéologique

Violences policières et antipolicières

Stefan Brijs : Courrier des tranchées

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

 

 

 

 

 

Guinhut Muses Academy

Muses Academy, roman : synopsis, Prologue

I L'ouverture des portes

II Récit de l'Architecte : Uranos ou l'Orgueil

Première soirée : dialogue et jury des Muses

V Récit de la danseuse Terpsichore

IX Récit du cinéaste : L’ecpyrose de l’Envie

XI Récit de la Musicienne : La Gourmandise

XIII Récit d'Erato : la peintresse assassine

XVII Polymnie ou la tyrannie politique

XIX Calliope jeuvidéaste : Civilisation et Barbarie

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Philosophie politique

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Faillite et universalité de la beauté, de l'Antiquité à notre contemporain, essai

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Au Coeur des Pyrénées

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Pyrénées entre Aneto et Canigou

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Haut-Languedoc

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Montagne Noire : Journal de marche

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Triptyques

Le carnet des Triptyques géographiques

 

 

 

 

 

 

Guinhut Le Recours aux Monts du Cantal

Traversées. Le recours à la montagne

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Le Marais poitevin

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut La République des rêves

La République des rêves, roman

I Une route des vins de Blaye au Médoc

II La Conscience de Bordeaux

II Le Faust de Bordeaux

III Bironpolis. Incipit

III Bironpolis. Les nuages de Titien 

IV Eros à Sauvages : Les belles inconnues

IV Eros : Mélissa et les sciences politiques

VII Le Testament de Job

VIII De natura rerum. Incipit

VIII De natura rerum. Euro Urba

VIII De natura rerum. Montée vers l’Empyrée

VIII De natura rerum excipit

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Les Métamorphoses de Vivant

I Synopsis, sommaire et prologue

II Arielle Hawks prêtresse des médias

III La Princesse de Monthluc-Parme

IV Francastel, frontnationaliste

V Greenbomber, écoterroriste

VI Lou-Hyde Motion, Jésus-Bouddha-Star

VII Démona Virago, cruella du-postféminisme

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Voyages en archipel

I De par Marie à Bologne descendu

IX De New-York à Pacifica

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

Sonnets de l'Art poétique

Sonnets autobiographiques

Des peintres : Crivelli, Titien, Rothko, Tàpies, Twombly

Trois requiem : Selma, Mandelstam, Malala

 

 

 

 

 

 

Guinhut Trois vies dans la vie d'Heinz M

I Une année sabbatique

II Hölderlin à Tübingen

III Elégies à Liesel

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Le Passage des sierras

Un Etat libre en Pyrénées

Le Passage du Haut-Aragon

Vihuet, une disparition

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Ré, une île en paradis

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Photographie

 

 

 

 

 

 

Guinhut La Bibliothèque du meurtrier

Synospsis, sommaire et Prologue

I L'Artiste en-maigreur

II Enquête et pièges au labyrinthe

III L'Ecrivain voleur de vies

IV La Salle Maladeta

V Les Neiges du philosophe

VI Le Club des tee-shirts politiques

VIII Morphéor intelligence quantique amoureuse

XIII Le Clone du Couloirdelavie.com

XVIII Bibliothèque Hespérus et Petite porcelaine bleue

 

 

 

 

 

 

Haddad

La Sirène d'Isé

Le Peintre d’éventail, Les Haïkus

Corps désirable, Nouvelles de jour et nuit

 

 

 

 

 

 

 

Haine

Du procès contre la haine

 

 

 

 

 

 

 

Hamsun

Faim romantique et passion nazie

 

 

 

 

 

 

 

Haushofer

Albrecht Haushofer : Sonnets de Moabit

Marlen Haushofer : Mur invisible, Mansarde

 

 

 

 

 

 

 

Hayek

De l’humiliation électorale

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Tempérament et rationalisme politique

Front Socialiste National et antilibéralisme

 

 

 

 

 

 

 

Histoire

Histoire du monde en trois tours de Babel

Eloge, blâme : Histoire mondiale de la France

Statues de l'Histoire et mémoire

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Rome du libéralisme au socialisme

Destruction des Indes : Las Casas, Verne

Jean Claude Bologne historien de l'amour

Jean Claude Bologne : Histoire du scandale

Histoire du vin et culture alimentaire

Corbin, Vigarello : Histoire du corps

Berlin, du nazisme au communisme

De Mahomet au Coran, de la traite arabo-musulmane au mythe al-Andalus

L'Islam parmi le destin français

 

 

 

 

 

 

 

Hobbes

Emeutes urbaines : entre naïveté et guerre

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

 

 

 

 

 

 

 

Hoffmann

Le fantastique d'Hoffmann à Ewers

 

 

 

 

 

 

 

Hölderlin

Trois vies d'Heinz M. II Hölderlin à Tübingen

 

 

 

 

 

 

Homère

Dan Simmons : Ilium science-fictionnel

 

 

 

 

 

 

 

Homosexualité

Pasolini : Sonnets du manque amoureux

Libertés libérales : Homosexualité, drogues, prostitution, immigration

Garcia Lorca : homosexualité et création

 

 

 

 

 

 

Houellebecq

Extension du domaine de la soumission

 

 

 

 

 

 

 

Humanisme

Erasme : Ages & Colloques

Manuzio, Budé, Byzantinistes & Coménius

Etat et utopie de Thomas More

Le Pogge : Facéties et satires morales

Le Pogge et Lucrèce au Quattrocento

De la République des Lettres et de Peiresc

Eloge de Pétrarque humaniste et poète

Pic de la Mirandole : 900 conclusions

 

 

 

 

 

 

 

Hustvedt

Vivre, penser, regarder. Eté sans les hommes

Le Monde flamboyant d’une femme-artiste

 

 

 

 

 

 

 

Huxley

Du meilleur des mondes aux Temps futurs

 

 

 

 

 

 

 

Ilis 

Croisade des enfants, Vies parallèles, Livre des nombres

 

 

 

 

 

 

 

Impôt

Vers le paradis fiscal français ?

Sloterdijk : fiscocratie, repenser l’impôt

La dette grecque,  tonneau des Danaïdes

 

 

 

 

 

 

Inde

Coffret Inde, Bhagavad-gita, Nagarjuna

Les hijras d'Arundhati Roy et Anosh Irani

 

 

 

 

 

 

Inégalités

L'argument spécieux des inégalités : Rousseau, Marx, Piketty, Jouvenel, Hayek

 

 

 

 

 

 

Islam

Lettre à une jeune femme politique

Du fanatisme morbide islamiste

Dictatures arabes et ottomanes

Islam et Russie : choisir ses ennemis

Humanisme et civilisation devant le viol

Arbre du terrorisme, forêt d'Islam : dénis

Arbre du terrorisme, forêt d'Islam : défis

Sommes-nous islamophobes ?

Islamologie I Mahomet, Coran, al-Andalus

Islamologie II arabe et Islam en France

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Vérité d’islam et vérités libérales

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

Averroès et al-Ghazali

 

 

 

 

 

 

 

Israël

Une épine démocratique parmi l’Islam

Résistance biblique Appelfeld Les Partisans

Amos Oz : un Judas anti-fanatique

 

 

 

 

 

 

 

Jaccottet

Philippe Jaccottet : Madrigaux & Clarté

 

 

 

 

 

 

James

Voyages et nouvelles d'Henry James

 

 

 

 

 

 

 

Jankélévitch

Jankélévitch, conscience et pardon

L'enchantement musical


 

 

 

 

 

 

Japon

Bashô : L’intégrale des haïkus

Kamo no Chômei, cabane de moine et éveil

Kawabata : Pissenlits et Mont Fuji

Kiyoko Murata, Julie Otsuka : Fille de joie

Battle royale : téléréalité politique

Haruki Murakami : Le Commandeur, Kafka

Murakami Ryû : 1969, Les Bébés

Mieko Kawakami : Nuits, amants, Seins, œufs

Ôé Kenzaburô : Adieu mon livre !

Ogawa Yoko : Cristallisation secrète

Ogawa Yoko : Le Petit joueur d’échecs

À l'ombre de Tanizaki

101 poèmes du Japon d'aujourd'hui

Rires du Japon et bestiaire de Kyosai

 

 

 

 

 

 

Jünger

Carnets de guerre, tempêtes du siècle

 

 

 

 

 

 

 

Kafka

Justice au Procès : Kafka et Welles

L'intégrale des Journaux, Récits et Romans

 

 

 

 

 

 

Kant

Grandeurs et descendances des Lumières

Qu’est-ce que l’obscurantisme socialiste ?

 

 

 

 

 

 

 

Karinthy

Farémido, Epépé, ou les pays du langage

 

 

 

 

 

 

Kawabata

Pissenlits, Premières neiges sur le Mont Fuji

 

 

 

 

 

 

Kehlmann

Tyll Ulespiegle, Les Arpenteurs du monde

 

 

 

 

 

 

Kertész

Kertész : Sauvegarde contre l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

 

Kjaerstad

Le Séducteur, Le Conquérant, Aléa

 

 

 

 

 

 

Knausgaard

Autobiographies scandinaves

 

 

 

 

 

 

Kosztolanyi

Portraits, Kornél Esti

 

 

 

 

 

 

 

Krazsnahorkaï

La Venue d'Isaie ; Guerre & Guerre

Le retour de Seiobo et du baron Wenckheim

 

 

 

 

 

 

 

La Fontaine

Des Fables enfantines et politiques

Guinhut : Fables politiques

 

 

 

 

 

 

Lagerlöf

Le voyage de Nils Holgersson

 

 

 

 

 

 

 

Lainez

Lainez : Bomarzo ; Fresan : Melville

 

 

 

 

 

 

 

Lamartine

Le lac, élégie romantique

 

 

 

 

 

 

 

Lampedusa

Le Professeur et la sirène

 

 

 

 

 

 

Langage

Euphémisme et cliché euphorisant, novlangue politique

Langage politique et informatique

Langue de porc et langue inclusive

Vulgarité langagière et règne du langage

L'arabe dans la langue française

George Steiner, tragédie et réelles présences

Vocabulaire européen des philosophies

Ben Marcus : L'Alphabet de flammes

 

 

 

 

 

 

Larsen 

L’Extravagant voyage de T.S. Spivet

 

 

 

 

 

 

 

Legayet

Satire de la cause animale et botanique

 

 

 

 

 

 

Leopardi

Génie littéraire et Zibaldone par Citati

 

 

 

 

 

 

 

Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam

 

 

 

 

 

 

 

Libertés, Libéralisme

Pourquoi je suis libéral

Pour une éducation libérale

Du concept de liberté aux Penseurs libéraux

Lettre à une jeune femme politique

Le libre arbitre devant le bien et le mal

Requiem pour la liberté d’expression

Qui est John Galt ? Ayn Rand : La Grève

Ayn Rand : Atlas shrugged, la grève libérale

Mario Vargas Llosa, romancier des libertés

Homosexualité, drogues, prostitution

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Tempérament et rationalisme politique

Front Socialiste National et antilibéralisme

Rome du libéralisme au socialisme

 

 

 

 

 

 

Lins

Osman Lins : Avalovara, carré magique

 

 

 

 

 

 

 

Littell

Les Bienveillantes, mythe et histoire

 

 

 

 

 

 

 

Lorca

La Colombe de Federico Garcia Lorca

 

 

 

 

 

 

Lovecraft

Depuis l'abîme du temps : l'appel de Cthulhu

Lovecraft, Je suis Providence par S.T. joshi

 

 

 

 

 

 

Lugones

Fantastique, anticipation, Forces étranges

 

 

 

 

 

 

Lumières

Grandeurs et descendances des Lumières

D'Holbach : La Théologie portative

Tolérer Voltaire et non le fanatisme

 

 

 

 

 

Machiavel

Actualités de Machiavel : Le Prince

 

 

 

 

 

 

 

Magris

Secrets et Enquête sur une guerre classée

 

 

 

 

 

 

 

Makouchinski

Un bateau pour l'Argentine

 

 

 

 

 

 

Mal

Hannah Arendt : De la banalité du mal

De l’origine et de la rédemption du mal : théologie, neurologie et politique

Le libre arbitre devant le bien et le mal

Christianophobie et désir de barbarie

Cabré Confiteor, Menéndez Salmon Medusa

Roberto Bolano : 2666, Nocturne du Chili

 

 

 

 

 

 

 

Maladie, peste

Vanité de la mort : Vincent Wackenheim

Pandémies historiques et idéologiques

Pandémies littéraires : M Shelley, J London, G R. Stewart, C McCarthy

 

 

 

 

 

 

Mandelstam

Poésie à Voronej et Oeuvres complètes

Trois requiem, sonnets

 

 

 

 

 

 

 

Manguel

Le cheminement dantesque de la curiosité

Le Retour et Nouvel éloge de la folie

Voyage en utopies

Lectures du mythe de Frankenstein

Je remballe ma bibliothèque

Du mythe européen aux Lettres européennes

 

 

 

 

 

 

 

Mann Thomas

Thomas Mann magicien faustien du roman

 

 

 

 

 

 

 

Marcher

De L’Art de marcher

Flâneurs et voyageurs

Le Passage des sierras

Le Recours aux Monts du Cantal

Trois vies d’Heinz M. I Une année sabbatique

 

 

 

 

 

 

Marcus

L’Alphabet de flammes, conte philosophique

 

 

 

 

 

 

 

Mari

Les Folles espérances, fresque italienne

 

 

 

 

 

 

 

Marino

Adonis, un grand poème baroque

 

 

 

 

 

 

 

Marivaux

Le Jeu de l'amour et du hasard

 

 

 

 

 

 

Martin Georges R.R.

Le Trône de fer, La Fleur de verre : fantasy, morale et philosophie politique

 

 

 

 

 

 

Martin Jean-Clet

Philosopher la science-fiction et le cinéma

Enfer de la philosophie et Coup de dés

Déconstruire Derrida

 

 

 

 

 

 

 

Marx

Karl Marx, théoricien du totalitarisme

« Hommage à la culture communiste »

De l’argument spécieux des inégalités

 

 

 

 

 

 

Mattéi

Petit précis de civilisations comparées

 

 

 

 

 

 

 

McEwan

Satire et dystopie : Une Machine comme moi, Sweet Touch, Solaire

 

 

 

 

 

 

Méditerranée

Histoire et visages de la Méditerranée

 

 

 

 

 

 

Mélancolie

Mélancolie de Burton à Földenyi

 

 

 

 

 

 

 

Melville

Billy Budd, Olivier Rey, Chritophe Averlan

Roberto Abbiati : Moby graphick

 

 

 

 

 

 

Mille et une nuits

Les Mille et une nuits de Salman Rushdie

Schéhérazade, Burton, Hanan el-Cheikh

 

 

 

 

 

 

Mitchell

Des Ecrits fantômes aux Mille automnes

 

 

 

 

 

 

 

Mode

Histoire et philosophie de la mode

 

 

 

 

 

 

Montesquieu

Eloge des arts, du luxe : Lettres persanes

Lumière de L'Esprit des lois

 

 

 

 

 

 

 

Moore

La Voix du feu, Jérusalem, V for vendetta

 

 

 

 

 

 

 

Morale

Notre virale tyrannie morale

 

 

 

 

 

 

 

More

Etat, utopie, justice sociale : More, Ogien

 

 

 

 

 

 

Morrison

Délivrances : du racisme à la rédemption

L'amour-propre de l'artiste

 

 

 

 

 

 

 

Moyen Âge

Rythmes et poésies au Moyen Âge

Umberto Eco : Baudolino

Christine de Pizan, poète feministe

Troubadours et érotisme médiéval

Le Goff, Hildegarde de Bingen

 

 

 

 

 

 

Mulisch

Siegfried, idylle noire, filiation d’Hitler

 

 

 

 

 

 

 

Murakami Haruki

Le meurtre du commandeur, Kafka

Les licornes de La Fin des temps

La Cité aux murs incertains, L'Incolore Tsukuru

 

 

 

 

 

 

Muray

Philippe Muray et l'homo festivus

 

 

 

 

 

 

Musique

Musique savante contre musique populaire

Pour l'amour du piano et des compositrices

Les Amours de Brahms et Clara Schumann

Mizubayashi : Suite, Recondo : Grandfeu

Jankélévitch : L'Enchantement musical

Lady Gaga versus Mozart La Reine de la nuit

Lou Reed : chansons ou poésie ?

Schubert : Voyage d'hiver par Ian Bostridge

Grozni : Chopin contre le communisme

Wagner : Tristan und Isold et l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

Mythes

La Genèse illustrée par l'abstraction

Frankenstein par Manguel et Morvan

Frankenstein et autres romans gothiques

Dracula et autres vampires

Testart : L'Amazone et la cuisinière

Métamorphoses d'Ovide

Luc Ferry : Mythologie et philosophie

L’Enfer, mythologie des lieux, Hugo Lacroix

 

 

 

 

 

 

 

Nabokov

La Vénitienne et autres nouvelles

De l'identification romanesque

 

 

 

 

 

 

 

Nadas

Mémoire et Mélancolie des sirènes

La Bible, Almanach

 

 

 

 

 

 

Nadaud

Des montagnes et des dieux, deux fictions

 

 

 

 

 

 

Naipaul

Masque de l’Afrique, Semences magiques

 

 

 

 

 

 

Nietzsche

Bonheurs, trahisons : Dictionnaire Nietzsche

Romantisme et philosophie politique

Nietzsche poète et philosophe controversé

Les foudres de Nietzsche sont en Pléiade

Jean-Clet Martin : Enfer de la philosophie

Violences policières et antipolicières

 

 

 

 

 

 

Nooteboom

L’écrivain au parfum de la mort

 

 

 

 

 

 

Norddahl

SurVeillance, holocauste, hermaphrodisme

 

 

 

 

 

 

Oates

Le Sacrifice, Mysterieux Monsieur Kidder

 

 

 

 

 

 

 

Ôé Kenzaburo

Ôé, le Cassandre nucléaire du Japon

 

 

 

 

 

 

Ogawa 

Cristallisation secrète du totalitarisme

Au Musée du silence : Le Petit joueur d’échecs, La jeune fille à l'ouvrage

 

 

 

 

 

 

Onfray

Faut-il penser Michel Onfray ?

Censures et Autodafés

Cosmos

 

 

 

 

 

 

Oppen

Oppen, objectivisme et Format américain

Oppen

 

Orphée

Fonctions de la poésie, pouvoirs d'Orphée

 

 

 

 

 

 

Orwell

L'orwellisation sociétale

Cher Big Brother, Prism américain, français

Euphémisme, cliché euphorisant, novlangue

Contrôles financiers ou contrôles étatiques ?

Orwell 1984

 

Ovide

Métamorphoses et mythes grecs

 

 

 

 

 

 

 

Palahniuk

Le réalisme sale : Peste, L'Estomac, Orgasme

 

 

 

 

 

 

Palol

Le Jardin des Sept Crépuscules, Le Testament d'Alceste

 

 

 

 

 

 

 

Pamuk

Autobiographe d'Istanbul

Le musée de l’innocence, amour, mémoire

 

 

 

 

 

 

 

Panayotopoulos

Le Gène du doute, ou l'artiste génétique

Panayotopoulos

 

Panofsky

Iconologie de la Renaissance

 

 

 

 

 

 

Paris

Les Chiffonniers de Paris au XIX°siècle

 

 

 

 

 

 

 

Pasolini

Sonnets des tourments amoureux

 

 

 

 

 

 

Pavic

Dictionnaire khazar, Boite à écriture

 

 

 

 

 

 

 

Peinture

Traverser la peinture : Arasse, Poindron

Le tableau comme relique, cri, toucher

Peintures et paysages sublimes

Sonnets des peintres : Crivelli, Titien, Rohtko, Tapiès, Twombly

 

 

 

 

 

 

Perec

Les Lieux de Georges Perec

 

 

 

 

 

 

 

Perrault

Des Contes pour les enfants ?

Perrault Doré Chat

 

Pétrarque

Eloge de Pétrarque humaniste et poète

Du Canzoniere aux Triomphes

 

 

 

 

 

 

 

Petrosyan

La Maison dans laquelle

 

 

 

 

 

 

Philosophie

Mondialisations, féminisations philosophiques

 

 

 

 

 

 

Photographie

Photographie réaliste et platonicienne : Depardon, Meyerowitz, Adams

La photographie, biographème ou oeuvre d'art ? Benjamin, Barthes, Sontag

Ben Loulou des Sanguinaires à Jérusalem

Ewing : Le Corps, Love and desire

 

 

 

 

 

 

Picaresque

Smollett, Weerth : Vaurien et Chenapan

 

 

 

 

 

 

 

Pic de la Mirandole

Humanisme philosophique : 900 conclusions

 

 

 

 

 

 

Pierres

Musée de minéralogie, sexe des pierres

 

 

 

 

 

 

Pisan

Cent ballades, La Cité des dames

 

 

 

 

 

 

Platon

Faillite et universalité de la beauté

 

 

 

 

 

 

Poe

Edgar Allan Poe, ange du bizarre

 

 

 

 

 

 

 

Poésie

Anthologie de la poésie chinoise

À une jeune Aphrodite de marbre

Brésil, Anthologie XVI°- XX°

Chanter et enchanter en poésie 

Emaz, Sacré : anti-lyrisme et maladresse

Fonctions de la poésie, pouvoirs d'Orphée

Histoire de la poésie du XX° siècle

Japon poétique d'aujourd'hui

Lyrisme : Riera, Voica, Viallebesset, Rateau

Marteau : Ecritures, sonnets

Oppen, Padgett, Objectivisme et lyrisme

Pizarnik, poèmes de sang et de silence

Poésie en vers, poésie en prose

Poésies verticales et résistances poétiques

Du romantisme à la Shoah

Anthologies et poésies féminines

Trois vies d'Heinz M, vers libres

Schlechter : Le Murmure du monde

 

 

 

 

 

 

Pogge

Facéties, satires morales et humanistes

 

 

 

 

 

 

 

Policier

Chesterton, prince de la nouvelle policière

Terry Hayes : Je suis Pilgrim ou le fanatisme

Les crimes de l'artiste : Pobi, Kellerman

Bjorn Larsson : Les Poètes morts

Chesterton father-brown

 

Populisme

Populisme, complotisme et doxa

 

 

 

 

 

 

 

Porter
La Douleur porte un masque de plumes

 

 

 

 

 

 

 

Portugal

Pessoa et la poésie lyrique portugaise

Tavares : un voyage en Inde et en vers

 

 

 

 

 

 

Pound

Ezra Pound, poète politique controversé par Mary de Rachewiltz et Pierre Rival

 

 

 

 

 

 

 

Powers

Générosité, Chambre aux échos, Sidérations

Orfeo, le Bach du bioterrorisme

L'éco-romancier de L'Arbre-monde

 

 

 

 

 

 

 

Pressburger

L’Obscur royaume, ou l’enfer du XX° siècle

Pressburger

 

Proust

Le baiser à Albertine : À l'ombre des jeunes filles en fleurs

Illustrations, lectures et biographies

Le Mystérieux correspondant, 75 feuillets

Céline et Proust, la recherche du voyage

 

 

 

 

 

 

Pynchon

Contre-jour, une quête de lumière

Fonds perdus du web profond & Vice caché

Vineland, une utopie postmoderne

 

 

 

 

 

 

 

Racisme

Racisme et antiracisme

Pour l'annulation de la Cancel culture

Ecrivains noirs : Wright, Ellison, Baldwin, Scott Heron, Anthologie noire

 

 

 

 

 

 

Rand

Qui est John Galt ? La Source vive, La Grève

Atlas shrugged et La grève libérale

 

 

 

 

 

 

Raspail

Sommes-nous islamophobes ?

Camp-des-Saints

 

Reed Lou

Chansons ou poésie ? L’intégrale

 

 

 

 

 

 

 

Religions et Christianisme

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Catholicisme versus polythéisme

Eloge du blasphème

De Jésus aux chrétiennes uchronies

Le Livre noir de la condition des Chrétiens

D'Holbach : Théologie portative et humour

De l'origine des dieux ou faire parler le ciel

Eloge paradoxal du christianisme

 

 

 

 

 

 

Renaissance

Renaissance historique et humaniste

 

 

 

 

 

 

 

Revel

Socialisme et connaissance inutile

 

 

 

 

 

 

 

Richter Jean-Paul

Le Titan du romantisme allemand

 

 

 

 

 

 

 

Rios

Nouveaux chapeaux pour Alice, Chez Ulysse

 

 

 

 

 

 

Rilke

Sonnets à Orphée, Poésies d'amour

 

 

 

 

 

 

 

Roman 

Adam Thirlwell : Le Livre multiple

Miscellanées littéraires : Cloux, Morrow...

L'identification romanesque : Nabokov, Mann, Flaubert, Orwell...

Nabokov Loilita folio

 

Rome

Causes et leçons de la chute de Rome

Rome de César à Fellini

Romans grecs et latins

 

 

 

 

 

 

 

Ronsard

Pléiade & Sonnet pour Hélène LXVIII

 

 

 

 

 

 

 

Rostand

Cyrano de Bergerac : amours au balcon

 

 

 

 

 

 

Roth Philip

Hitlérienne uchronie contre l'Amérique

Les Contrevies de la Bête qui meurt

 

 

 

 

 

 

Rousseau

Archéologie de l’écologie politique

De l'argument spécieux des inégalités

 

 

 

 

 

 

 

Rushdie

Joseph Anton, plaidoyer pour les libertés

Quichotte, Langages de vérité

Entre Averroès et Ghazali : Deux ans huit mois et vingt-huit nuits

Rushdie 6

 

Russell

De la fumisterie intellectuelle

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Russell F

 

Russie

Islam, Russie, choisir ses ennemis

Golovkina : Les Vaincus ; Annenkov : Journal

Les dystopies de Zamiatine et Platonov

Isaac Babel ou l'écriture rouge

Ludmila Oulitskaia ou l'âme de l'Histoire

Bounine : Coup de soleil, nouvelles

 

 

 

 

 

 

 

Sade

Sade, ou l’athéisme de la sexualité

 

 

 

 

 

 

 

San-Antonio

Rire de tout ? D’Aristote à San-Antonio

 

 

 

 

 

 

 

Sansal

2084, conte orwellien de la théocratie

Le Train d'Erlingen, métaphore des tyrannies

 

Schlink

Filiations allemandes : Le Liseur, Olga

 

 

 

 

 

 

Schmidt Arno

Un faune pour notre temps politique

Le marcheur de l’immortalité

Arno Schmidt Scènes

 

Sciences

Les obsolètes face à l'intelligence artificielle

Agonie scientifique et sophisme français

Transhumanisme, intelligence artificielle, robotique

Tyrannie écologique et suicide économique

Wohlleben : La Vie secrète des arbres

Factualité, catastrophisme et post-vérité

Cosmos de science, d'art et de philosophie

Science et guerre : Volpi, Labatut

L'Eglise est-elle contre la science ?

Inventer la nature : aux origines du monde

Minéralogie et esthétique des pierres

 

 

 

 

 

 

Science-fiction

Philosopher la science fiction

Ballard : un artiste de la science fiction

Carrion : les orphelins du futur

Dyschroniques et écofictions

Gibson : Neuromancien, Identification

Le Guin : La Main gauche de la nuit

Magnason : LoveStar, Kling : Quality Land

Miller : L’Univers de carton, Philip K. Dick

Mnémos ou la mémoire du futur

Silverberg : Roma, Shadrak, stochastique

Simmons : Ilium et Flashback géopolitiques

Sorokine : Le Lard bleu, La Glace, Telluria

Stalker, entre nucléaire et métaphysique

Théorie du tout : Ourednik, McCarthy

 

 

 

 

 

 

 

Self 

Will Self ou la théorie de l'inversion

Parapluie ; No Smoking

 

 

 

 

 

 

 

Sender

Le Fugitif ou l’art du huis-clos

 

 

 

 

 

 

 

Seth

Golden Gate. Un roman en sonnets

Seth Golden gate

 

Shakespeare

Will le magnifique ou John Florio ?

Shakespeare et la traduction des Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

La Tempête, Othello : Atwood, Chevalier

 

 

 

 

 

 

 

Shelley Mary et Percy Bysshe

Le mythe de Frankenstein

Frankenstein et autres romans gothiques

Le Dernier homme, une peste littéraire

La Révolte de l'Islam

Frankenstein Shelley

 

Shoah

Ecrits des camps, Philosophie de la shoah

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Paul Celan minotaure de la poésie

 

 

 

 

 

 

Silverberg

Uchronies et perspectives politiques : Roma aeterna, Shadrak, L'Homme-stochastique

 

 

 

 

 

 

 

Simmons

Ilium et Flashback géopolitiques

 

 

 

 

 

 

Sloterdijk

Les sphères de Peter Sloterdijk : esthétique, éthique politique de la philosophie

Gris politique et Projet Schelling

Contre la « fiscocratie » ou repenser l’impôt

Les Lignes et les jours. Notes 2008-2011

Elégie des grandeurs de la France

Faire parler le ciel. De la théopoésie

Archéologie de l’écologie politique

 

 

 

 

 

 

Smith Adam

Pourquoi je suis libéral

Tempérament et rationalisme politique

 

 

 

 

 

 

 

Smith Patti

De Babel au Livre de jours

 

 

 

 

 

 

Sofsky

Violence et vices politiques

Surveillances étatiques et entrepreneuriales

 

 

 

 

 

 

 

Sollers

Vie divine de Sollers et guerre du goût

Dictionnaire amoureux de Venise

Sollersd-vers-le-paradis-dante

 

Somoza

Daphné disparue et les Muses dangereuses

Les monstres de Croatoan et de Dieu mort

 

 

 

 

 

 

Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

Barrett Browning et autres sonnettistes 

Marteau : Ecritures  

Pasolini : Sonnets du tourment amoureux

Phénix, Anthologie de sonnets

Seth : Golden Gate, roman en vers

Shakespeare : Six Sonnets traduits

Haushofer : Sonnets de Moabit

Métamorphoses du sonnet contemporain

 

 

 

 

 

 

 

 

Sorcières

Sorcières diaboliques et féministes

 

 

 

 

 

 

Sorokine

Le Lard bleu, La Glace, Telluria

 

 

 

 

 

 

 

Sorrentino

Ils ont tous raison, déboires d'un chanteur

 

 

 

 

 

 

 

Sôseki

Rafales d'automne sur un Oreiller d'herbes

Poèmes : du kanshi au haïku

 

 

 

 

 

 

 

Spengler

Déclin de l'Occident de Spengler à nos jours

 

 

 

 

 

 

 

Sport

Vulgarité sportive, de Pline à 0rwell

 

 

 

 

 

 

 

Staël

Libertés politiques et romantiques

 

 

 

 

 

 

Starobinski

De la Mélancolie, Rousseau, Diderot

Starobinski 1

 

Steiner

Oeuvres : tragédie et réelles présences

De l'incendie des livres et des bibliothèques

 

 

 

 

 

 

 

Stendhal

Julien lecteur bafoué, Le Rouge et le noir

L'échelle de l'amour entre Julien et Mathilde

Les spectaculaires funérailles de Julien

 

 

 

 

 

 

 

Stevenson

La Malle en cuir ou la société idéale

Stevenson

 

Stifter

L'Arrière-saison des paysages romantiques

 

 

 

 

 

 

Strauss Leo

Pour une éducation libérale

 

 

 

 

 

 

Strougatski

Stalker, nucléaire et métaphysique

 

 

 

 

 

 

 

Szentkuthy

Le Bréviaire de Saint Orphée, Europa minor

 

 

 

 

 

 

Tabucchi

Anges nocturnes, oiseaux, rêves

 

 

 

 

 

 

 

Temps, horloges

Landes : L'Heure qu'il est ; Ransmayr : Cox

Temps de Chronos et politique des oracles

 

 

 

 

 

 

 

Tesich

Price et Karoo, revanche des anti-héros

Karoo

 

Texier

Le démiurge de L’Alchimie du désir

 

 

 

 

 

 

 

Théâtre et masques

Masques & théâtre, Fondation Bodmer

 

 

 

 

 

 

Thoreau

Journal, Walden et Désobéissance civile

 

 

 

 

 

 

 

Tocqueville

Française tyrannie, actualité de Tocqueville

Au désert des Indiens d’Amérique

 

 

 

 

 

 

Tolstoï

Sonate familiale chez Sofia & Léon Tolstoi, chantre de la désobéissance politique

 

 

 

 

 

 

 

Totalitarismes

Ampuero : la faillite du communisme cubain

Arendt : banalité du mal et de la culture

« Hommage à la culture communiste »

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Karl Marx, théoricien du totalitarisme

Lénine et Staline exécuteurs du totalitarisme

Mussolini et le fascisme

Pour l'annulation de la Cancel culture

Muses Academy : Polymnie ou la tyrannie

Tempérament et rationalisme politique 

Hayes : Je suis Pilgrim ; Tejpal

Meerbraum, Mandelstam, Yousafzai

 

 

 

 

 

 

 

Trollope

L’Ange d’Ayala, satire de l’amour

Trollope ange

 

Trump

Entre tyrannie et rhinocérite, éloge et blâme

À la recherche des années Trump : G Millière

 

 

 

 

 

 

 

Tsvetaeva

Poèmes, Carnets, Chroniques d’un goulag

Tsvetaeva Clémence Hiver

 

Ursin

Jean Ursin : La prosopopée des animaux

 

 

 

 

 

 

Utopie, dystopie, uchronie

Etat et utopie de Thomas More

Zamiatine, Nous et l'Etat unitaire

Huxley : Meilleur des mondes, Temps futurs

Orwell, un novlangue politique

Margaret Atwood : La Servante écarlate

Hitlérienne uchronie : Lewis, Burdekin, K.Dick, Roth, Scheers, Walton

Utopies politiques radieuses ou totalitaires : More, Mangel, Paquot, Caron

Dyschroniques, dystopies

Ernest Callenbach : Ecotopia

Herland parfaite république des femmes

A. Waberi : Aux Etats-unis d'Afrique

Alan Moore : V for vendetta, Jérusalem

L'hydre de l'Etat : Karlsson, Sinisalo

 

 

 

 

 

 

Valeurs, relativisme

De Nathalie Heinich à Raymond Boudon

 

 

 

 

 

 

 

Vargas Llosa

Vargas Llosa, romancier des libertés

Aux cinq rues Lima, coffret Pléiade

Littérature et civilisation du spectacle

Rêve du Celte et Temps sauvages

Journal de guerre, Tour du monde

Arguedas ou l’utopie archaïque

Vargas-Llosa-alfaguara

 

Venise

Strates vénitiennes et autres canaux d'encre

 

 

 

 

 

 

 

Vérité

Maîtres de vérité et Vérité nue

 

 

 

 

 

 

Verne

Colonialisme : de Las Casas à Jules Verne

 

 

 

 

 

 

Vesaas

Le Palais de glace

 

 

 

 

 

 

Vigolo

La Virgilia, un amour musical et apollinien

Vigolo Virgilia 1

 

Vila-Matas

Vila-Matas écrivain-funambule

 

 

 

 

 

 

Vin et culture alimentaire

Histoire du vin et de la bonne chère de la Bible à nos jours

 

 

 

 

 

 

Visage

Hans Belting : Faces, histoire du visage

 

 

 

 

 

 

 

Vollmann

Le Livre des violences

Central Europe, La Famille royale

Vollmann famille royale

 

Volpi

Volpi : Klingsor. Labatut : Lumières aveugles

Des cendres du XX°aux cendres du père

Volpi Busca 3

 

Voltaire

Tolérer Voltaire et non le fanatisme

Espmark : Le Voyage de Voltaire

 

 

 

 

 

 

 

Vote

De l’humiliation électorale

Front Socialiste National et antilibéralisme

 

 

 

 

 

 

 

Voyage, villes

Villes imaginaires : Calvino, Anderson

Flâneurs, voyageurs : Benjamin, Woolf

 

 

 

 

 

 

 

Wagner

Tristan und Isolde et l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

 

Walcott

Royaume du fruit-étoile, Heureux voyageur

Walcott poems

 

Walton

Morwenna, Mes vrais enfants

 

 

 

 

 

 

Wells

Wells aventurier du temps et socialiste déçu

 

 

 

 

 

 

 

Welsh

Drogues et sexualités : Trainspotting, La Vie sexuelle des soeurs siamoises

 

 

 

 

 

 

 

Whitman

Nouvelles et Feuilles d'herbes

 

 

 

 

 

 

 

Wideman

Trilogie de Homewood, Projet Fanon

Le péché de couleur : Mémoires d'Amérique

Wideman Belin

 

Williams

Stoner, drame d’un professeur de littérature

Williams Stoner939

 

 

Wolfe

Le Règne du langage

 

 

 

 

 

 

Wordsworth

Poésie en vers et poésie en prose

 

 

 

 

 

 

 

Yeats

Derniers poèmes, Nôs irlandais, Lettres

 

 

 

 

 

 

 

Zamiatine

Nous : le bonheur terrible de l'Etat unitaire

 

 

 

 

 

 

Zao Wou-Ki

Le peintre passeur de poètes

 

 

 

 

 

 

 

Zimler

Lazare, Le ghetto de Varsovie

 

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