C’est avec une certaine amitié pour le malheureux héros et son amante sacrifiés par un barbare, que je reposai L’Hôtel-monastère Santa Cristina[1], prétentieusement relié de moire et d’or. Tout en me défendant, cela va sans dire, de la moindre faiblesse envers son auteur, le sanguinaire Allan Maladetta. En revanche, rien en ce récit ne paraissait pouvoir me mettre sur la piste de mon coupable patenté, qui se contentait de me contraindre à lire ses maudits bouquins enrobés de soies et de cuirs précieux.
Quel idiot ! J’avais, pendant ma lecture, qui, semblable aux pavots du Léthé m’avait fait oublier toute autre préoccupation, manipulé un marque page qui ornait la mince plaquette, soigneusement lié au tranchefile de la reliure par un ruban de soie pourpre. Il exhibait, sur pur fond nacré, une inscription du même pourpre en lettres gothiques : « Le sang est politique ».
Me dressant sur le ressort de mes jambes, je supposai qu’il me fallait partir en quête d’une salle politique. De livre en livre, de rayonnage en rayonnage, de salle en salle, certainement, in fine, le bougre allait me mener à son repaire…
Avec précision, je rangeai L’Hôtel-monastère Santa Cristina en sa place au sein des monographies aragonaises, vérifiant que rien n’y parut qui puisse sembler un indice étrange, et quittai la « Salle Maladeta », tout en me jurant de l’explorer encore puisqu’elle portait, à une consonne près, le nom de mon minotaure.
Suivant scrupuleusement le plan griffonné dans mon carnet, qui s’étoffait à n’en plus finir, je retrouvai sans peine le dodécaèdre central. J’avais déjà repéré l’allée de l’Histoire, celle des Sciences physiques, celle de la Médecine, celle des Mythologies, celle de la Géographie d’où je venais. J’entrai dans celle des Sciences et Philosophies politiques. Son couloir molletonné d’ouvrages concernant l’Antiquité, débouchait sur une cellule aux fauteuils azurés, consacrée aux utopies, puis une autre aux fauteuils émeraude offerte à l’écologie politique… Comment, en ce capharnaüm conceptuel et livresque à vertige, allai-je trouver l’ouvrage suivant ?
Il me faut des fauteuils rouges-sang me dis-je. En effet, cette cellule, vaste comme la nuit, brillait de lueurs rougeâtres, celle de canapés de fer aux coussins pourpres. J’allumais d’un seul geste une douzaine de lampes judicieusement disposées. Sur un lutrin de fer, un cadre, également de fer, exhibait une plaque de fer gravée : « Salle des totalitarismes ». Je suppose que là m’attendais l’ouvrage suivant. Mais où l’avait donc déposé cette mauvaise tête de Maladetta ? Parmi des milliers de volumes d’un imperturbable sérieux, et souvent lourds comme des enclumes, où serait niché le récit espéré autant que redouté ? Je supposai que le faible format des productions de l’écrivain secret allait à la fois me faciliter la tâche en éliminant les mastodontes, et me la compliquer, coincé qu’il devait être, en un coin obscur et cependant concerté.
Il me suffisait, me dis-je, de chercher le signet rouge, qui laisserait deviner le marque-page convoité. Hélas, je dus très vite déchanter. Tous les livres consacrés aux zélateurs du communisme en avaient un, sans le marque-page cependant, du même pourpre sombre. J’en compulsais, parmi les plus minces, une bonne centaine, avant de poser un doigt toujours prudent sur une mince plaquette in quarto reliée en peau violine, dans laquelle était glissée le marque-page, cette fois ornée de la citation de Nietzsche : « L’Etat, le plus froid des monstres froids ». Sur le dos courait enfin le nom pourpre et convoité du Sieur Maladetta ! Dos affublé d’un titre burlesque : Le Club des tee-shirts politiques. Le texte, assez bref, était imprimé sur un papier vergé à grandes marges.
Mal assis sur les coussins réprimés dans les sièges de fer, j’entamai derechef, la lecture de ce Club des tee-shirts politiques ; aussitôt outré que le drôle puisse, dès la quatrième ligne, subtiliser mon nom à l’usage de son narrateur ! Comment pouvait-il oser une telle entourloupe ! Est-il possible d’imprimer et relier en si peu de jours un volume ainsi conçu ? À moins qu’il m’eût prévu avant que mon enquête l’imagine, à moins que je ne sois qu’un pion balancé dans la partie d’échec qui nous opposait… Je repris, infiniment troublé, ma lecture :
Sur fond rouge, le faciès romantiquement hirsute de Che Guevara. L’image, mobile cependant, tendue par l’obscénité de la brioche grasse, eut brièvement le temps de se douloureusement imprimer dans ce cerveau que je prétends un poil perspicace : celui de Bertrand Comminges soi-même ; pour vous servir, chétif lecteur. Sans que je puisse y associer un visage, puisque ce dernier déjà s’engouffrait dans la porte à tambour de l’Hôtel Barcelo Champ de Mars avant que mon regard remonte à la recherche du phénomène capable d’une telle incongruité…
Voilà qui ne choque pourtant pas grand monde. Non seulement l’on peut se vêtir le plus sordidement pour être accueilli dans un palace cinq étoiles si l’on fait y résonner le tintement de la carte Gold Premier. Mieux, le culte des icônes, des idoles utopistes, des veaux de plomb meurtrier, passe pour une bluette progressiste. L’ironie du propos m’amusait et m’agaçait à la fois : s’engager dans un palais aux notes de frais rédigées à la feuille d’or et arborer le prétendu symbole des masses paupérisées opprimées par le capitalisme que l’on promet de libérer par la révolution, n’aurait pu être le fait, au choix, que d’un naïf inculte et sordidement romantique, que d’un plaisantin de mardi gras, ou d’un tyranneau parfaitement démagogue et cynique.
Cela n’était rien ; une anecdote, une amusette un peu putride. Pourtant mon nez de flic vieillissant y respirait une odeur de sueur pas catholique, comme un filet de sang aux commissures du suspect d’une morsure vénimeuse…
D’ailleurs, assis que j’étais à la terrasse d’un bar printanier, en observateur soudain affuté, je ne tardais pas à repérer un drôle de zig, cette fois maigre comme une asperge nocturne, dont le tee-shirt pendouillait de manière éhontée du blouson blanc. Lui ne se présentait pas à la porte-tambour, mais un peu plus à gauche, auprès d’une porte oblongue, de tôle grisâtre dans son anonymat, coincée entre deux immeubles fastueux, une porte qui ne semblait livrer passage qu’aux rares visiteurs désargentés d’une façade étroite, sans fenêtre, au point qu’elle ne semblait devoir abriter qu’un escalier, rien d’autre. Alors que l’olibrius tapait nerveusement sur un digicode d’acier, une rafale inopportune balaya un pan de son blouson, découvrant un instant - il le rabattit aussitôt - le faciès caractéristique de l’homme immémorial à la petite moustache carrée et à la mèche sur le front, entrelardé de la noire svastika. Il était fort de café, celui-là ! À n’en pas douter, il tombait sous le coup de la loi, arborant une effigie nazie, pour laquelle on avait moins d’indulgence que pour celle de son comparse bedonnant. Avant que j’aie eu la pensée d’intervenir, la porte, de toute évidence aussi pauvre d’apparence que solidement blindée, avait avalé le bravache…
J’attendis vainement quelques heures, avec force cafés astringents, que l’infâme miracle se reproduise. De façon à pouvoir être sûr qu’il ne s’agisse pas d’une coïncidence. Après tout, ces deux portes, quoique passablement adjacentes, ne communiquaient peut-être pas, et la faune parisienne pouvait être si étrange que deux hurluberlus de plus ou moins ne changeraient pas grand-chose à la face du monde…
Mais je m’étais juré de revenir. Et un peu plus tôt, soit à l’heure du digestif, quoique la mode fût plutôt au Perrier citron. En effet, le samedi suivant, après un marécage de temps occupé par une exigeante routine, pendant lequel le film de la procession m’obsédait, surgit un gogol au visage glabre, au crâne rond et brillant sous le soleil, dont le tee-shirt arborait impunément un Mao Zedong rayonnant sur fond rouge acidulé, sans même la pudeur d’un blouson. Il n’hésita pas, jongla sur le digicode et s’engouffra comme la tempête des steppes au travers de la porte métallique ; non sans que j’aie eu le temps de photographier le gugus. J’eus à peine le temps de souffler mon étonnement qu’un second acteur approchait de l’entrée de l’hôtel, dont les vitres brillaient comme un contre-jour, auréolant le post-ado replet dont le tee-shirt était maculé par la tête du bienheureux général Franco !
Ensuite, ce fut un véritable festival ! Tour à tour je contemplais et mitraillais avec ma discrète boite à image zoomeuse les tee-shirts à l’effigie de Karl Marx, Lénine, Trotski et Staline, alignés comme à la parade, respectant l’ordre chronologique et la gradation dans le totalitarisme ; mais aussi un Mussolini plus pâlot, un Kim il Sung bouffi et flanqué de ses sales gosses Kim Jong-il et Kim Jong-un, suivis par un Pol Pot agité d’un rictus perpétuel.
Il y eut un moment de vide qui me laissa éberlué. Quelle brochette à la sauce ketchup ! La blanchisserie de tee-shirts allait avoir du travail… Quand les deux espoirs des peuples de la veille, longiligne caporal nazi et barbudo cubain enfilèrent de front le portail hôtelier, tee-shirts agités par leur course, à peine masqués par les blousons blancs, comme des étendards prêts à s’envoler vers la libération des races supérieures et des masses populaires. Le défilé ne s’arrêta pas pour autant, avec un faciès dont la représentation était pourtant ardemment réprimée, le Prophète lui-même, barbu enturbanné, sur le ventre d’un homme également pileux et enturbanné. Comme attendu, Castro rejoignit son pote. Bientôt, deux personnages dont je ne compris pas tout suite les faciès, comme venus de gravures anciennes et de chinoiseries, furent complaisamment déglutis par la porte de fer, sans je puisse comprendre la logique de la distribution parmi les deux passages : il s’avéra, suite à mes recherches, qu’il s’agissait de Gengis Khan et Attila. Sur ces sommets de l’humanité, le défilé de la Victoire s’arrêta.
Comme je l’avais subodoré la veille, les deux entrées, apparemment si différentes, trouvaient leur communication, le fer étroit étant pour la porte de service du petit personnel, le verre vaste et brillant pour celle du prestige. Aucun crime ou délit n’ayant été commis, je ne pouvais diligenter la moindre enquête officielle, quoiqu’il m’en démangeât. Certes le masque hitlérien qui mangeait l’estomac d’un individu non identifié pouvait subir les foudres de la loi, mais cela me semblait d’autant plus mince et spécieux de l’alpaguer sur le fait, alors que ses compères, qui ne subissaient aucun interdit d’affichage, devaient être laissé tranquilles.
J’en étais là lorsque surgit un retardataire, affublé de la canine sanguinolente de Dracula ! Le grotesque allait-il sauver la tragédie ? Ensuite, il ne se passa rien, rien du tout, je ne pus attendre assez longtemps pour les voir ressortir…
Photo : T. Guinhut.
Le semaine suivante, je me fis la réflexion qu’obnubilé par les tee-shirts politiques je n’avais pas songé à remarquer qu’ils étaient tous habillés de blanc, intégralement, pantalon, chaussettes, basquets, parfois blousons, la couleur étant seule réservée à leur saint patron. Examinant mes photographies agrandies, je remarquai alors que loin de n’être composé que d’individus masculins, le groupe comptait près de la moitié de spécimens femelles, les cheveux courts, l’uniforme et tache aveuglante de leur figure tutélaire abusant l’observateur ; la parité sans doute. Les visages, légèrement flous, semblaient ne relever d’aucun fichier délinquant, ni même des Renseignements généraux.
Nous avons tous nos accointances n’est-ce pas ? A fortiori dans notre métier. Aussi j’appris auprès de l’hôtel qu’un salon blanc était effectivement réservé chaque samedi après-midi, entre 15 et 19 heures, et que l’on y buvait force champagne blanc de blancs, accompagné de desserts de blanc-manger. Dans tout ce blanc, mes commensaux espéraient-ils laver les péchés de leurs figures tutélaires ?
La curiosité, chers lecteurs, taraudait votre serviteur, bien évidemment votre Bertrand Comminges préféré, qui se démangeait les méninges pour imaginer sous quel prétexte entendre et voir les seize guignols politiques en réunion.
Le samedi suivant, en sus des fidèles, je pus surprendre l’entrée surnuméraire d’un Pinochet, d’un Ceausescu. Je reconnus un Caligula, un monstre de Frankenstein. N’étaient-ils que vingt ? Ou toute l’Histoire du monde, de ses crimes de masse et de ses peurs, allait-elle débouler pour engorger le salon des agapes en blanc et faire exploser le palace…
Un soir, j’allais au bar du dit palace pour boire une bière néozélandaise au prix effrayant, sachant que le maître des lieux, expert ès cocktails de couleur aimait parfois avoir l’oreille d’une police soigneusement élue, en toute confidentialité cela va sans dire. Bénéficiant d’un mot de passe, que je ne confierai pas au lecteur, je profitai d’un coin de silence pour entreprendre sa discrétion. Que faisaient mes protégés, de quoi parlaient-ils ?
Las, ils observaient une mutité exaspérante en bombant le torse de leurs tee-shirts lorsque le service apportait le champagne. De plus leurs visages étaient masqués de blanc. Seule information curieuse : ils buvaient leur champagne dans de petites fioles de couleurs, le plus souvent rouges, parfois bleuâtres, verdâtres ou noires. Rien de plus.
Selon toute apparence, j’en étais pour mes frais. Pas l’ombre d’un fait délictueux, hors l’exhibition du néonazi de pacotille, pas plus de brouillard criminel. Ce n’était probablement qu’un jeu de post-adolescents, de fils à papa-maman, gâtés et ennuyés, voire un jeu de rôles sophistiqué, plutôt qu’un complot dont le déclenchement ultérieur aurait à empuantir le monde de ses caillots étranglés.
Je préférais toutefois garder un œil, plus curieux que professionnel, sur l’affaire, tandis qu’avec Midora, mon experte scientifique, je travaillais languissament sur la pénible disparition de quelques Juifs. L’enquête piétinait laborieusement. Tout lecteur avisé devine aussitôt une accointance entre deux éléments cités lors d’une narration, mais je savais trop bien que corrélation n’est pas causalité.
Histoire de me distraire, je commandai une discrète filature du tee-shirt hitlérien, quoiqu’il le cachât sous le blouson blanc en entrant et dès la sortie. Le dégingandé gamin s’appelait Daniel Ratsberg, son père était un diplomate du Quai d’Orsay au-dessus de tout soupçon ; mais tout en fréquentant de manière intermittente une fac de sociologie, il prisait les boites de nuit glauques, les alcools de couleurs et les bottes de cuir noir.
Je m’avisai soudain, en compulsant une fois de plus mes piètres photographies des zigs aux tee-shirts politiques, d’un détail anodin qui m’avait jusque-là échappé : quelque chose sur le blanc de leur affublement semblait faire légère protubérance. En agrandissant le mieux que je pouvais les images, j’arrivai à une certitude ; chacun d’entre eux avait contre son flanc un mince sac blanc. Qu’était-ce ? Un simple accessoire en corrélation avec leur tenue, sorte de portefeuille, ou sachet rituel lié à leur cérémonie ?
Je me décidai à alpaguer, en vertu de l’article R645-1 du Code pénal selon lequel « porter ou exhiber en public un uniforme, un insigne ou un emblème rappelant les uniformes, les insignes ou les emblèmes qui ont été portés ou exhibés (...) par les membres d'une organisation déclarée criminelle est puni d'une amende de 1.500 euros », le contrevenant. C’est avec Mathias que je mis la main au collet du grand gamin, avant qu’il puisse franchir la porte fatidique. Et malgré de minces protestations faites d’une voix de fausset, je pus mettre la main sur le sachet qui m’intriguait tant. Certes il contenait un portefeuille avec la carte d’identité attendue, une carte de crédit et quelques menus billets. Mais surtout une étrange plaquette plastifiée, scellant un carré rosâtre ressemblant à un bout de sparadrap. Que je subtilisai, tout en feignant de photographier la carte.
Voilà qui allait surexciter Midora. En effet, quelques jours plus tard - elle avait pris quelque congé et les retards s’étaient accumulés face à la misérable concurrence d’un bout de sparadrap - la mine gourmande, elle vint me faire son rapport :
- Il s’agit, Monsieur Comminges, devinez quoi ? Je vous le donne en toute certitude. De peau humaine. D’un individu mâle d’environ la soixantaine…
Elle marqua un temps d’arrêt, comme une artiste consommée du suspense, devant mon attention stupéfaite :
- Et, vous allez être ravi, n’est-ce pas, l’ADN correspond à l’un de vos Juifs disparus, Milos Feschermann…
- Que faire ? Le triste Daniel Ratsberg a été laissé libre, mais si je lui saute sur le poil, le reste de la bande, dont je n’ai pas pu obtenir l’identité, tant mes photos étaient imparfaites, va se volatiliser…
- Attendre samedi et cueillir dans la nasse.
- S’il est assez malin, s’étant déjà aperçu que l’objet du délit avait été subtilisé, il a déjà prévenu ses compères, non ?
- Samedi n’est que demain.
- Il est probable qu’il n’y aura personne au rendez-vous.
- Essayez tout de même.
- Je n’y manquerai pas. À quinze heures trente, sans qu’auparavant nous soyons visibles dans la rue, la salle est bouclée, et, s’ils y sont, les chérubins pris dans la nasse.
Je serrai le poing comme pour les choper d’un coup, rêvant de contracter le temps au point que les vingt-quatre heures deviennent autant de minutes. Juste ce qu’il me fallait pour me projeter sur les lieux avec mes sbires…
Sans exception aucune, nos olibrius étaient allongés nus sur le sol, en cercle, leur bras tendus d’où avait coulé le sang de leurs suicides teignant en abondance le fouillis de leurs tee-shirts politiques. Sur une petite table ronde, outre autant de fioles de couleurs sanglantes et fiéleuses, une coupe d’argent, cernée de fourchettes à escargot comme à la parade - ceci sans préjuger de la rigueur historique des impétrants en art totalitaire - dans laquelle gisaient autant de pastilles de peaux juives.
Aux dernières nouvelles, le salon du palace s’était reconverti en adeptes du virus religiosus. Ils semblaient tout d’abord les pacifiques du monde : un Christ, un Bouddha sur fonds de tee-shirts blanc… La chose allait-elle se gâter avec un pape orné de sa tiare pontificale ? Ou avec un revenant du précédent club : le prophète barbu et enturbanné avait su ressusciter de son mortel virus politicus…
Etonnamment, il ne me fallut qu’une poignée d’instants pour découvrir un livre dont l’étrangeté, l’incongruité frappait dans la bibliothèque de notre meurtrier. Car au sein d’une salle que sa destinée consacrait aux volumes brochés de la science-fiction, ou reliés de manière sobre, grise, noire, menaçante certes, l’éclat de lumière renvoyé par une bande de plexiglass me jaillit aux yeux. Jamais je n’avais imaginé qu’un opuscule puisse être habillé de telle matière dure et glacée, blessante pour les yeux dès qu’un angle de luminosité le frappait. Tout juste s’il était désagréable au toucher, quoique parfaitement poli. Il s’ouvrit sur un titre : Le Clone du CouloirdelaVie.com. Je n’eus qu’à confier mon fessier et mon dos, avec la circonspection requise, à un fauteuil outrageusement moderne, acier courbe et cuir noir pour commencer une lecture déjà fébrile :
- Qui êtes-vous ?
- Je suis celui qui vient.
- Pourquoi ?
- Parce que je suis ton fantôme.
Ce dernier mot avait dans sa bouche absente une saveur de vieilles ailes de papillons de nuit écrasés, d’écorce de bouleau mangée de lichen...
La mécanique ridicule -et depuis des siècles usée- des cauchemars n’avait déjà plus de sens dans mon fantasme diurne. Ou dans mon rêve nocturne. Alors que le matin de la minuit écrasait les aiguilles désossées de la montre-bracelet qui étranglait mon poignet. Je m’extirpais comme une larve de mon fauteuil de cuir froissé. Les volumes du Tour d’écrou, de Frankenstein, de La Morte amoureuse m’étaient tombés sur les genoux, les chevilles, sur le tapis élimé.
- Je suis celui qui revient.
Cette fois, à moins qu’en me frottant les paupières j’avais rêvé que je me réveillai, il était bien là, en smoking crasseux, avec des doigts osseux, un sourire étroit laissant transparaitre des dents bien trop technologiques pour être naturelles.
- Je suis celui que tu seras et que tu étais.
- Pouvez-vous être plus clair ? lui demandai-je, tentant de faire front avec fermeté à sa voix éraillée, un brin nasillarde.
- Je suis le clone de toi auquel tu ne peux échapper. Car tu as souhaité, payé. Tu es mort et tu n’es pas mort.
Je crus m’en sortir avec aménité :
- Veuillez sortir, s’il vous plait.
- Mais je suis là parce que tu es là. Inséparable de toi. Quoique ta disparition n’enrayera en rien mon existence, mon éternité qui est la tienne, reproduit que tu es pour te succéder ad vitam eternam. À demain, même nuit, même nulle part et partout, cher Maxime…
J’allais m’ébrouer le visage dans la force de Coriolis de l’évier. La clarté paisible de la salle de bains aux frais carrelages bleutés, le duvet moussu et neigeux d’une serviette contre ma peau, voilà qui faisait de nouveau partie de mon réel préféré.
Même nuit en effet. À moins que ce fut la reproduction de la précédente. Il était là, miroir où je crus reconnaître mes pires défauts, dominant mon lit, mon oreiller, mon rêve :
- Te souviens-tu des locaux de la Fondation ? Du Couloir de la Vie ? Là où glissait ton corps-esprit ? Là où une lecture intégrale t’a cloné en moi-toi-même…
Je me souvenais, oui, avec la plus impeccable netteté, de la chose, de ce voyage horizontal dans la lumière. Après être entré dans le bâtiment de la Zone Technologique de Zurich, m’être miré dans la blancheur de ses parois, le cristal de sa porte double. Un personnel impeccablement silencieux aux traits anonymes. Linge de papier, gants d’ailes de libellules, masque d’air stérile. Scan intégral en sur et infra-luminescence en tunnel, code ADN et ARN, groupe sanguin, groupe tissulaire, groupe cellulaire, infographie de la moelle épinière, numérisation neuronale en surcode de Türing, fond d’œil, aura charnelle et intellectuelle, poétique épique et affective, toutes les données furent prises et enregistrées en moins d’un quart d’heure. Pour bien plus qu’un quart d’éternité…
- Tu oublies l’essentiel, reprit mon fantôme. Ensuite, imprimante par nuage d’Osborne en moins de neuf mois. Plus exactement en neuf heures, neuf minutes, neuf secondes. Puis neuf jours en cocon-sarcophage. Tout cela en dehors de tes yeux qu’il ne fallait pas blesser. Et me voilà ! Moi, ton semblable, ton jumeau, ton interchangeable, ta résurrection…
J’en restai bouche bée.
- Souviens-toi ! Le Couloir de la Vie est en fait double. Le premier où ton corps et ton esprit ont glissé pour être cartographié, enregistré, en cinq dimensions, la quatrième étant biochimique et la cinquième conceptuello-neuronale. Le second, où, par la vertu d’une imprimante cinq dimensions, c’est moi, Hortus Major, qui ait éclos, clone impeccable et définitif.
Dès le nuage de lait dans la noirceur du café, j’oubliai tout ce fatras, qui se détachait de mon enveloppe cervicale comme un vieux plâtre inutile. J’allais vaquer à mes raisonnables et légitimes occupations…
Le lendemain (quel lendemain ?), n’ignorant pas que les portes du cauchemar sont au sommeil de la raison, là où s’auto-engendrent les monstres, je le réentendis, assénant ses vitupérations :
- Sache que je suis tes pires terreurs : l’Inquisition et le fascisme, le communisme et le terrorisme, le fanatisme des lapidations. Et bien pire : le néant de l’oubli qui te condamnerait à la plus définitive des inexistences.
Cette fois-ci, il avait un pantalon fraise écrasée, une veste banane et une cravate petits pois. Un clown, un dingo ! Avec un miroir sur le visage, avant de s’évaporer dans la touffeur nocturne…
De guerre lasse, épuisé par ces nuits où ce qui restait de moi s’affalait devant la consistance assurée de celui qui se disait mon fantôme, mon double, ma reproduction, mon clone -il avait l’impudence de se dire mon ami, mon cœur, mon confident, mon amant secret !- je décidai de procéder aux indubitables vérifications du réel.
Je me rendis d’abord, après quelques heures de route, dans cette Zone Technologique de Zurich où j’avais signé le contrat, puis glissé, allongé comme un passager intergalactique, dans le Couloir de la Vie. Je reconnus en effet la bretelle d’autoroute, l’ « Aire des Technologies d’Avenir » et, parmi ses bâtiments rutilants d’inox et de verre, aux toits végétalisés et arbustifs, le hangar bleuté, se confondant presque avec le ciel à peine nuageux de l’après-midi, dont l’entrée s’acheminait par un labyrinthe de buis miniature. La porte était bien là, et, comme l’on gravait d’or au fronton des églises « Porta Coelis », la raison sociale de la Fondation gravée en argent sur verre : « CouloirdelaVie.com ».
Mais à l’encontre de mon souvenir, ou de ce que l’on m’avait persuadé de concevoir comme un souvenir, la baie de verre ne s’ouvrit pas à mon approche. Rien d’ailleurs ne permettait d’imaginer un bouton de porte, un audiophone, une présence humaine. Le nuage de la baie n’offrait à la vue que le reflet du ciel vide, qu’un ombreux reflet immature de ma personne, désemparé. Par les excroissances, les adjacences et les articulations du labyrinthe de buis, je fis le tour, en trente-cinq minutes, du bâtiment aux inusables parois d’acier poli. Sûrement, si j’avais dû dessiner le plan de ce dernier, j’aurais abouti à quelque chose qui aurait dû ressembler aux peintures abstraites et calligraphiques acérées du peintre Georges Mathieu.
De retour devant l’entrée, qui visiblement ne consentait pas à en être une, mon smartphone tenta d’appeler le secrétariat, voire la tête pensante du « Couloir de la Vie.com ». Seule une délicieuse voix féminine, plus sucrée qu’un gâteau bavarois à la crème et aux fruits confits, me répondait, ou plus exactement me répétait en boucle : « Le CouloirdelaVie.com est au regret d’être fermé pour vacances. Veuillez renouveler votre appel à une date ultérieure ». S’en suivait une alarmante répétition, en boucle, des premières mesures de l’Orfeo de Monteverdi.
Je rentrais à Genève. Pour le moins surpris, j’évitais de me laisser submerger par une quelconque inquiétude, pourtant sourde, évitant de savoir qu’une créature de la nuit se disant moi allait une fois de plus me rendre visite, réclamer d’autorité mon attention, me la sucer, me la vampiriser. Qui sait, jusqu’à la remplacer par l’autorité de sa présence, de ses impératifs physiques, intellectuels et moraux.
- Ecoute-moi bien, Hortus Minor. Je suis Hortus. Mais Hortus Major. J’ai le tiers de ton âge. La forme physique et spermatique de tes vingt ans. Mais la force intellectuelle de ta maturité. La somme de tes connaissances, de tes capacités argumentatives, y compris ce que, sans que tu t’en doutes peut-être, tu as perdu, est en moi. C’est-à-dire en plus. Je suis ton surhomme.
Le rêve - ou la réalité - se brouilla aussitôt, ne laissant qu’une persistante odeur de métal poli au-dessus de mon bureau…
Hacinas, Burgos, Castilla y Léon.
Photo : T. Guinhut.
Le lendemain, mon smartphone rappela les locaux zurichois du CouloirdelaVie.Com. En trois langues, allemand, français et italien, une voix cyclamen fit son chemin dans mon couloir auditif : « Le numéro que vous demandez est actuellement en dérangement. Veuillez renouveler ultérieurement votre appel ». Il n’y avait même plus de musique.
Cette fois il était jour, du moins me semblait-il.
- Ecoute-moi bien, Hortus Minor. Je suis ton Hortus préféré. D’ici quelques années, tes forces, physiques, affectives, intellectuelles, décroitront. Alors que je serai dans la force d’un âge insensible au temps. Pourquoi ne pas maintenant te dissoudre et te confier totalement à ce que tu es ; c’est-à-dire moi, le vrai toi ? Pourquoi résister à cette dernière et indispensable étape : l’acquiescement ? La disparition de ta conscience en voie de péremption ne signera que ta résurrection effective dans ta surconscience qui est en face de toi, qui est Hortus Major. Tu découvriras alors ton entièreté, ta solidité, ta force de vie éternelle. N’y a-t-il pas un contrat signé de ta main, de notre main ? Laisse-toi glisser, mieux qu’Alice, de l’autre côté du miroir…
Certainement j’avais trop lu Frankenstein bien avant dans les oreillers de ma nuit. Comme si entre deux chapitres s’étaient intercalées les séquences de mes rêves et cauchemars, les séquences de mes démarches administratives et scientifiques, comme si l’intrus et comédien, envoyé plus ou moins bien programmée du CouloirdelaVie.com, avait entrebâillé autant la porte de ma conscience que de ma chambre.
N’importe quoi ! Les seuls intestins du cauchemar, les flatulences de la spéculation nocturne… À moins que quelque chose de rationnel, un seul fait, se soit glissé sous ce délire. Cette fois le numéro de Couloir de la vie.com, quoique toujours trilingue, comme en Suisse il se doit, ne savait plus que répéter : « Le numéro que vous demandez n’est pas attribué ». Jusqu’à ce qu’une croissanterie, une nouvelle station de téléphérique, qui sait, réponde à son tour…
Le site internet lui-même, pourtant luxueux, n’affichait plus que « Désolé. La page demandée n’existe pas ».
Soudain, je me rassérénai : s’il y avait ne serait-ce qu’un embryon de réalité à toute cette affaire, il ne devait pas manquer d’exister une trace de paiement ! En effet, consultant mon compte bancaire genevois, quelques milliers de Francs avaient été réglés à la société Neurobiotech. Comment avais-je pu oublier cela ? Ma nuit était opaque, mon jour laiteux à ce point ! Je retrouvai aussitôt l’objet du délit : le code source de l’imagerie bioneurale réalisée à mon nom. Rien moins que deux centaines de pages, pour moi illisibles, mais dont nous avions joué à croire, avec la réceptionniste et le technicien, qu’elles permettraient, dans le cadre d’une technologie qui n’avait pas encore vu le jour, de réactiver le corps et la mémoire une fois remplacée, plus efficacement certes, la résurrection des corps peinte aux fresques des églises médiévales.
Décidément le goût du réveil, parmi mes pourtant meilleurs oreillers, était moite…
- Petit Hortus minor, entendons-nous bien. La pâle copie que tu es me fatigue. Cesse de compulser cette liasse de papier qui n’est qu’une trace sans vie, destinée au broyeur de documents confidentiels. Jette-là sans tarder dans la bouche bleue de l’appareil ! Bien. Maintenant, parlons tout net. Il est impossible que nous coexistions ; j’avoue d’ailleurs ne pas comprendre ce qui autorise cette coexistence. Impérativement l’un de nous deux, puisque nous ne sommes qu’un, le même, doit disparaître. Dois-je te faire un dessin ? Je suppose qu’au moment même où je corporifiais tu aurais dû t’évanouir du même souffle. Par conséquent la politesse voudrait que tu cèdes cette place que de longtemps déjà tu as occupée. Qu’attends-tu pour t’annihiler ? D’ailleurs, tu n’y perdras rien puisque je suis toi, puisque tu seras moi, puisqu’il est de toute nécessité de supposer et d’affirrmer preuves immédiates à l’appui que ta conscience misérablement individuelle à demi, se résorbera pour se réaliser en toute puissance dans la mienne. En ton immédiate et plus que parfaite résurrection.
Je crus m’éveiller en sursaut. Quoi, ce faciès en quoi je reconnaissais l’abjection du miroir était pour moi le mal radical ! Non que je sois la bonté originelle, bien sûr… En attendant ma chambre était vide, insonore, étouffante…
- Vous n’existez-pas ! lui criai-je, exaspéré. Pas même un fantôme. À peine l’ombre noire d’un fantasme.
J’eus la sensation ridicule de m’adresser à une urne de poussière, au vide où ne sont même pas les trous noirs de la cosmologie. Seul un rai oblique agitait, depuis l’interstice des rideaux estivaux, les fibrilles et les insectes translucides de la lumière.
Mais pourquoi restais-je à Genève par cette chaleur qui engendre des monstres ? J’aurais dû rejoindre la fraicheur de la raison, à l’hôtel Weishorn par exemple, à plus de deux mille mètres d’altitude, donc au bas mot dix degrés de moins, sans compter le vent des orages, l’onction des pluies.
- C’est toi, petit animalcule, reprit mon trop cher fantôme, impavide et narquois, qui va dans un instant ne plus exister ! Il va suffire que je te touche pour que n’existe plus de toi que le vide entre tes électrons…
Malgré moi je reculai. Son index, mollement tendu comme celui du Dieu de Michel-Ange, s’approchait inexorablement de mon visage, de ma peau, de la peur de mes pores…
Il y eut une muette déflagration. Je crus un instant que la commotion m’était fatale. Mais l’infime contact de son empreinte digitale sur ma joue avait soudainement résorbé son corps, son entité, son aura, en une infinie chute de particules cendreuses, le plus souvent dorées. Elles dansèrent en groupe un bref moment, comme dessinant la vapeur d’un corps sous la douche, puis s’égaillèrent sur la blondeur fauve du parquet. Ce n’étaient plus que quelques cendres comme de papier journal après la crémation, quelques écailles infimes comme venues de la desquamation d’un tableau pré-Renaissance à fond d’or, là où l’on représentait les saints et leurs auréoles généreuses. Un souffle d’une fraîcheur relative venu du changement de temps annoncé passa par les fentes des persiennes et balaya ce qui n’était plus qu’une absence…
Bon débarras ! Quoiqu’il ne restât pas même l’âcreté d’une poussière pour authentifier l’événement, pas même un champ de particules pour imaginer identifier l’ADN de la Créature rendue ad patres, je jubilai ! Certes, il faut aimer son ennemi, conseillait le Christ, mais en toute cette dramatique je ne m’étais guère senti la patience du martyr. Je me passais même du trophée, peau d’écorché, momie cartonnée, saint-suaire turinois (était-il nu, vêtu ?), qui aurait pu signaler au monde ma victoire, même si je n’avais absolument rien su faire pour elle.
Depuis combien de temps durait cette histoire ? Un mois ? Une semaine ? Quelques interstices du cauchemar nocturne, du fantasme gourmand et du rêve éveillé peut-être. À moins qu’il s’agisse des éclats de la création d’un savant fou qui m’aurait manipulé, d’un artiste qui m’aurait écrit…
Toute cette histoire n’était évidemment que celle d’une poignée de nuits caniculaires dans des draps en sueur. Ou d’une seule. Entrecoupées de réveils, de bribes de cauchemar, de verres d’eau glacée… Le matin était bien là, déjà torride. Cependant, à mon plus grand soulagement, une ribambelle de cirrus voluptueux s’étalait au travers du bleu du ciel, présageant pour la soirée l’arrivée d’un front froid, de pluies fraiches et d’automne précoce.
Je me jetai sous la douche, sur un thé à la menthe, des confitures de litchi et des pains aux noisettes, heureux de vivre, d’être unique et singulier.
Devais-je alors tirer, le plus rationnellement du monde, une morale de cette déflagration d’images et de sons ? Il me semblait qu’une fois de plus, les avancées scientifiques les plus audacieuses, les plus spéculatives, si elles promettaient de frôler le sol des réalités, engendraient à mon intellect défendant, moins l’enthousiasme, même circonspect, que les craintes, y compris les plus irrationnelles. Comme si l’escalier de la peur allait devoir s’effondrer parmi les couloirs de la prométhéenne catastrophe, du châtiment opposé à celui qui avait eu l’indécence coupable de forcer les lois de la nature, voire d’un Dieu, de dépasser les limites de la vie et de la mort… Une sorte d’éthique conservatrice grotesque imposait le respect obligé des contraintes dont la nature nous borne aux frontières inéluctables de la mort. Transgresser les limites de la vie serait, alors, comme auprès d’un bûcher médiéval, le péché capital, punissable du pire enfer…
Balivernes que tout cela. L’imagination scientifique et biotechnologique devait avoir droit de cité, hors de toute irrationnelle déflagration du cauchemar aussi bien diurne que nocturne.
Quand, sur le côté gauche, de mon bureau une liasse inconnue attira mon attention : quelques centaines de pages, des séries de chiffres, absolument illisibles, comme des agrégats de code-barres. Visiblement de ma plume, j’avais biffé ainsi le cartonnage jaunâtre qui servait de malhabile couverture : « Hortus ou Le Fantôme du CouloirdelaVie.com ».
Je levai les yeux de mon fauteuil d’acier et de cuir. M’extirpant de cette lecture improbable. Je m’apercevais que cette salle, au contraire des autres, n’était constituée que d’étagères d’acier brossé. Que les lampes étaient d’acier poli, que le plafond, une coupole en fait, figurait un ciel nocturne et bleuté, piqueté de constellations d’or et d’argent, dont la disposition paraîtrait pour le moins incongrue à tout astronome digne de ce nom…
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Des livres publiés aux critiques littéraires, en passant par des inédits : essais, sonnets, extraits de romans à venir... Le monde des littératures et d'une pensée politique et esthétique par l'écrivain et photographe Thierry Guinhut.