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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 18:18

 

Forêt domaniale du Bois Henri IV, La-Couarde-sur-mer, Île de Ré.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Arno Schmidt, marcheur de l’immortalité :

 

On a marché sur la lande,

 

Tina ou de l'immortalité,

 

Goethe et un de ses admirateurs.

 

 

 

 

Arno Schmidt : On a marché sur la lande,

traduit de l’allemand par Claude Riehl, Tristram, 384 p, 25 €.

 

Arno Schmidt : Tina ou de l'immortalité,

traduit de l’allemand par Claude Riehl, Tristram, 128 p, 11,43 € ;

 

Arno Schmidt : Goethe et un de ses admirateurs,

traduit de l’allemand par Claude Riehl, Tristram, 64 p, 10 €.

 

 

 

 

      L’étrangeté d’Arno Schmidt (1914-1979) a encore frappé. Il est un de ces rares écrivains dont on peut dire qu’il marche littérairement sur la lune. Il lui suffit d’arpenter la lande, son paysage fétiche, son désert hors du monde, son poste d’observation caustique au-delà et dessus de nos sociétés. Aussi étrange qu’un sol lunaire, elle essaime l’œuvre entière. Il suffit de se rappeler les Scènes de la vie d’un faune,[1] pour y voir gambader l’auteur qui échappe à la vigilance nazie en reprenant la cabane oubliée d’un déserteur de l’armée napoléonienne. Une fois de plus, la lande est la métaphore d’un espace vide, abstrait, en retrait, d’où regarder l’humanité s’agiter en son désordre. Mais aussi lire Goethe et imaginer immortalité.

       « Fieffé satiriste », comme le qualifie sa compagne Herta, Karl, le narrateur d’On a marché sur la lande, associe à une chronique des années de rationnement parmi de frustres habitants, une intrusion fantasque chez les puissants de la Maison Blanche et du Kremlin rouge. Peu à peu, pour tromper l’amertume et l’ennui de celle qui l’a convié chez sa tante Heete, véritable phénomène dialectal, il échafaude, alternativement avec les paragraphes domestiques et leur rançon d’incompréhension, de dialogues maladroits, acerbes ou affectueux, de réconciliations, un autre étage du roman -comme on parle d’étage d’une fusée. C’est du haut d’une lune imaginaire que se déploie la vision d’une terre apocalyptique, atomisée au cours d’une guerre froide devenue brûlante. Et tout là-haut, en Sélénites nouveaux, Américains et Soviétiques, toute une société de savants et militaires dévoués aux cosmonautes, reprennent depuis leurs bases autour de « Mare Crisium » une nouvelle guerre froide grâce à leurs « scie=ences fusiques »…

      Sans cesse, en funambule littéraire aussi à l’aise qu’insensé, Arno Schmidt se joue du langage et du monde qui l’entoure en ironiste distingué, caustique et réjouissant. Grâce à ces paragraphes discontinus introduits par quelques mots en italiques, la narration se fait bondissante et détentrice d’une liberté folâtre, irrépressible. La langue parlée envahit le discours (« kekchose »), les onomatopées roulent, les néologismes jubilent (« un plaisir diésélique »), les mot-valises pullulent (« ça batracoassait ferme »)… On devine la performance du traducteur perpétuellement aux prises avec la languomanie de l’écrivain: « ptêtre suis=je expressément aménagé par mère=nature pour être 1 récipient pour les mots, dans lequel on essaie, mélange & com=bine en permanence. » Plus d’une allusion à Joyce se glisse par là…

      On a marché sur la lande, publié en 1960, est le dernier et le plus impressionnant  roman avant les tapuscrits géants. Si l’ambition, l’ampleur, la dimension tous azimuts y gagne, peut-être y a-t-on perdu au passage cette folle vivacité romanesque qui ajoutait au bonheur de Léviathan, de Tina ou de l’immortalité ou de La République des savants. Ce dernier roman, également science-fictionnel, évoquait lui aussi la rivalité soviéto-américaine, mais sur une île artificielle : celle d’une utopie où l’on réunissait dans une parodique rivalité savants et agents secrets des deux nations mégalomanes. Devenue folle, l’île se mettait à tourner sur elle-même. Dans On a marché sur la lande, l’utopie est lunaire : l’écrivain est « dans la lune » certes, mais il n’en sonde pas moins les folies, les mobiles et les possibles des hommes… Sans compter qu’une autre utopie, amoureuse celle-là, traverse le roman, avec l’aide d’une Tante Heete prodigue en attentions et conseils destinés à raviver leur entente sexuelle, pour que, peut-être également, Herta suive Karl et notre écrivain parmi les méandres et les fusées de son esprit créateur.

      Longtemps, l’œuvre d’Arno Schmidt, à été négligée en France. Fort heureusement les éditions Christian Bourgois, puis Tristram ont relevé le flambeau pour nous offrir les Miroirs noirs, Histoires, Cœur de pierre et autres Vaches en demi-deuil, afin de donner un goût de lande, de faune et de lune à nos bibliothèques qui, sans lui, ne pourraient maintenant que s’ennuyer un peu.

      Chimère ardemment poursuivie depuis l’antiquité, l’immortalité littéraire est cependant  le gage d’une bibliothèque réussie. Vaut-il mieux alors, pour y entrer, être un sérieux auteur abscons ou un facile histrion génial ? Proust ou San Antonio ? Quant à l’Allemand Arno Schmidt, réputé pour un écrivain difficile, le sort parait réglé. Pourtant lire Tina ou de l’immortalité permet d’entrer dans son univers avec une aisance insoupçonnée. C’est une nouvelle d’à peine cinquante pages, dont le défaut ne réside que dans brièveté, dans cette sensation de trop peu, de soif de lire encore, de poursuive le fol destin de ses immortels. Heureusement Goethe et un de ses admirateurs permet de prolonger avec brio le propos, en ressuscitant un autre immortel…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Si l’on en croit les pompeux commentateurs, les grands auteurs sont immortels. De Goethe au plus médiocre plumitif, tous visent cette éternité de l’esprit post mortem. Jusqu’à la vanité de l’académicien qui prétend, une fois élu, accéder au rang des « immortels ». Cet état est sans doute des plus délectables… Mais chez Arno Schmidt, bien entendu, la chose ne se passe pas avec une telle naïveté : rien de plus barbant que d’exister encore à travers la pérennité du nom.

      Grâce à la délicieuse Tina, le narrateur -alter ego implicite de l’auteur- est initié à cet enfer qui paraîtrait une sinécure si l’on n’y tenait une comptabilité pointilleuse. Une fois morts, les écrivains sont reçus par une administration zélée qui ne manque pas de repérer toute apparition d’un nom dans un journal, dans une thèse, dans un livre, sur une tombe, ou sur le moindre confetti perdu dans les archives ou dans un grenier : « Chacun est damné à vivre ici-bas aussi longtemps que son nom apparaîtra sur terre sous une forme acoustique ou optique ». Enfin bienheureux, l’un des condamnés à l’immortalité verra un incendie consumer la dernière mention de son nom. Mais pour l’essayiste, le poète, quelle déception si un critique avisé retrouve son œuvre, son pseudonyme alors qu’il était sur le point d’accéder à la disparition, à la paix de l’oubli. Etrange et paradoxale eschatologie…

      L’humour est parfois grinçant, bardés de discrètes allusions politiques, quand les hommes et femmes de lettres sont logés dans de « vastes baraquements », des « maisons des communautés rurales », des « camps ». Ou plus léger quand il s’agit de persifler contre les mœurs de l’édition et du lectorat : « rien que lors de la Foire de Francfort, il y a eu 12000 nouveautés », ou encore : « ma meilleure vente, le Léviathan paradait à 902 exemplaires ». Tina, quant à elle, soupire : « Enfin 90 pour cent de mes romans sont déjà passés au vieux papier – t’avise surtout pas d’en lire un ! – ». Ce n’est pas encore demain que ces deux-là passeront « les quelques marches qui mènent au néant »…

      La « foire aux vanités » est irrémédiablement moquée. Le burlesque donne un ton particulièrement savoureux à ce qui, mine de rien, est un conte philosophique pas si loin de Voltaire, avec son content d’au-delà merveilleux bafoué. A moins qu’il ne s’agisse de la trace romanesque d’une crise existentielle : Arno Schmidt douterait-il de son œuvre singulière, de son immortalité, au point de les récuser ? L’exercice d’ironie est d’autant plus méritoire que l’écrivain pratiqua sans  vergogne la biographie (sur l’auteur d’Ondine, La Motte Fouqué) et l’insémination autobiographique en ses récits, perpétuant ainsi d’autant plus les noms et les vies.

      Il s’agit évidemment d’une désillusion métaphysique. Les dieux, qui accordaient au travers des Muses l’inspiration et recueillaient les corps glorieux des poètes, ne sont plus. La grandiloquence de l’immortalité n’est plus qu’une prérogative, qu’une fiction humaine, donc faillible, peu à peu désagrégée dans les mémoires et la paperasserie, toutes deux corruptibles et éphémères.

      Une fois de plus, après la satire des artistes de tous poils et de toutes plumes dans La République des savants, la caste des faux écrivains courtisans a de quoi s’inquiéter, si même les plus solides ne rêvent que d’effacer leur trace de l’Histoire. De même, dans les trois récits de Léviathan, Arno Schmidt ne craint pas d’arracher aux idéologies totalitaires ce qu’il arrache aux prétendus immortels : les plumes de paon de leur vanité.

      En une sorte de contre miroir, le plus bref encore récit intitulé Goethe et un de ses admirateurs, ressort de la naphtaline le cadavre prestigieux, impressionnant du grand écrivain tutélaire de l’Allemagne : ne dit-on pas, par antonomase, la langue de Goethe ? En on ne sait quelle contrée science fictionnelle, on a trouvé comment ressusciter les morts. Mais une fois par siècle, pour une seule journée. Ainsi l’Académie des Arts et des Lettres » confie à un professionnel, Arno Schmidt en personne, l’honneur insigne de guider l’auteur du Faust parmi notre monde, neuf pour ce dernier. L’on peut alors compter sur l’humour de notre écrivain pour nous surprendre, en nous présentant un Goethe plus curieux des bonheurs de la dive bouteille et des plaisirs lascifs que de ceux de la pensée philosophique… « Le Grand Old Man avec des yeux cuités au Bordeaux » n’est pas vraiment politiquement correct. Il reste cependant inquiet de sa popularité, ce à quoi il lui est répondu : « Quelle idée : un poète « vivant dans le peuple ». Dieu sait si nous pouvons nous estimer heureux quand les intellectuels se souviennent encore de nous. »

      L'on apprend au passage, guère surpris, « combien d’Allemands, sur la seule foi d’une rumeur, s’étaient proposés pour servir de guide » à la « sortie d’Hitler » ; combien de guides, pourtant spécialistes, se sont trouvés incompétents et moqués par leur honorable revenant. Situation fort cocasse. Sans oublier la narration folâtre et facétieuse, la dispersion du récit en paragraphes discontinus, comme de caustiques points de suspension, qui contribuent à la désacralisation de la littérature, cependant efficace en la langue aux registres divers et inventifs du nouvelliste.

      Arno Schmidt souhaitait-il pour lui-même cette immortalité rompue, cette brève et secrète palpitation de gloire, coquetterie de ce solitaire un rien bougon, suivie par l’oubli réparateur ? Autodérision certes, légèreté salutaire sûrement, mais aussi peut-être un regret : que les auteurs les plus fabuleux, au premier chef desquels Goethe, soient momifiés par la postérité. Et pas lus comme s’ils jaillissaient tout jeunes de la cuisse jupitérienne de la littérature. Que le joyeux drille bourru de la lande de Lunebourg se rassure, c’est ainsi que nous le lirons…

Thierry Guinhut

Augmenté à partir d'un article paru dans Europe, novembre-décembre 2001

Une vie d'écriture et de photographie

 

 

 

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23 juin 2013 7 23 /06 /juin /2013 12:06

 

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Martin Amis,

 

chantre du délinquant Lionel Asbo

 

& Chien jaune satiriste en guerre contre le cliché.

 

 

Martin Amis : Lionel Asbo, l'état de l'Angleterre,

traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Bernard Turle,

Gallimard, 384 p, 21 €.

 

Martin Amis : Chien jaune, traduit de l'anglais

par Bernard Hoepffner et Catherine Goffaux, 498 pages, 22,50 € ;

 

Guerre au cliché, essais et critiques 1971-2000, traduit

par Frédéric Maurin, 512 pages, 27,50 €, Gallimard.

 

 

 

      « Money »… Non, ce n’est pas la célèbre chanson des Pink Floyd, mais un roman de Martin Amis, contempteur déjà légendaire des bassesses contemporaines. L’anti-héros de Money[1], trop bien nommé John Self, est un analphabète narcissique le plus souvent frappé de nullité. Comment s’en sortira-t-il ? Mais par la quête du Fric et du Sexe, ces grand dieux de l’humanité de tous les temps, et finalement par la dérision, cette revanche du pauvre en esprit. Il a également son avatar en Lionel Asbo, qui est l'allégorie de la délinquance, du fric facile et de l'état de l'Angleterre. Dans le droit fil de cette veine, avec Chien jaune, les mœurs de l'Angleterre contemporaine sont une fois de plus saccagées par l'impitoyable satiriste. Qui nous offre du même coup des perles de fiel avec un livre réunissant ses critiques, guerroyant contre le cliché.

Les contes de fées ne récompensent pas toujours les enfants sages. Pire, ils tombent sur la tête bénie des affreux. Tel Lionel Asbo, 24 ans de délinquance, de prison et de crimes parfois impunis, ce nouvel anti-héros déjà fameux du romancier Martin Amis. N’ayons pas peur des mots : le personnage est un plouc vulgaire, un « grand asocial », frimeur, inculte et fier de l’être, sauf « en droit criminel », aussi violent et machiste que ses pitbulls nourris au Tabasco. Pourtant, comble d’injustice du sort, parmi tant de quidam de la planète terre, c’est à lui qu’échoit le gros lot : « cent quarante millions de livres sterling » ! C'est ainsi qu'est lancé le roman du fric, de la voyoucratie et des destins croisés au fond du maelström de l'Angleterre délinquante...

Lionel est un père, voire une mère de substitution pour son neveu Desmond, abrégé en « Dès ». Mais le premier abhorre l’intelligence, quand le second a un « Arbre de la connaissance personnel ». Le roman offre alors une belle image contrariée de la filiation. Cependant, lorsque, comme cet « anti-père », on a le mal dans la peau, peut-on transmettre son contraire ? Si le parcours du roman d’éducation dans le roman qu’est l’histoire de Dès est proche du sans faute, il est pourtant entaché d’un péché originel : il devient, un temps, l’amant incestueux de sa jeune mamie. Ce dont un autre jeune homme sera soupçonné par le vindicatif Asbo, qui l’enlève et probablement le tue. La modeste part de complicité de Dès dans l’affaire n’est-elle que comptable au titre de l’irrésistible influence et autorité de Lionel ? Pourtant l’adolescent saura, lors d’années pas toujours sereines, alors qu’il doit continuer de veiller sur les chiens meurtriers de son mentor, évoluer vers le meilleur : des études réussies, un métier de journaliste, une fiancée charmante, puis une enfant qui autorise tous les espoirs. Quand Lionel et la sulfureuse poétesse Threnody (« la Jézabel du X et l’Idiot de Diston ») forment un couple modèle (« la covergirl courage et son pote patriote ») qui n’aboutira qu’à une fausse couche. Ainsi, reflets et contre-reflets, échos et antithèses balisent la construction en miroir inversé, pas si naïve, de ce récit étonnamment efficace…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La satire des mœurs, avilis par le délitement moral de la racaille, se double de celle de la presse à scandale, à l’affut des frasques de celui qui met le feu à son hôtel et boxe plus souvent qu’à son tour, presse accrochée aux basques de ce chéri de la fortune qu’elle épingle en « Taré du Tirage », en « Détraqué du Quarté » : c’est « l’affolement médiatique autour du Voyou du Loto ». Son nom est d’ailleurs un acronyme grinçant : Asbo signifiant « Anti-Social Behaviour Orders », allusion aux ordonnances gouvernementales contre les comportements délinquants. Pour le « crétin du Mégaflouze », « Les signes extérieurs de richesse ne sont qu’un rappel constant de sa nullité ». Il loge en un hôtel d’hyper luxe, « où la clientèle type était riche et célèbre ; aucun de ses membres n’était devenu l’un et l’autre grâce à son intelligence » ; coup de patte cinglant jeté aux nouveaux riches.

Voici une synthèse romanesque réussie de la misère sociale et de l’amoral égoïsme de l’Angleterre, certes abusive s’il s’agissait d’une allégorie du pays entier. Dans laquelle on appréciera les métaphores ludiques, clinquantes, dévastatrices de l’écrivain : « le soleil bien planté dans le ciel, comme une punaise dorée » ; un garçon ressemble à « une pizza à l’acné », l’autre a « le visage sous un manteau de sueur ». La plus sale pornographie, c’est « quand un zoo viole un aquarium »… Ainsi, ce roman est, conceptuellement, stylistiquement, l’un des meilleurs de Martin Amis ; au-delà de baisses de régime, comme la récente Veuve enceinte ou les nouvelles d’Eau lourde, dont le manque de conviction et de concision déçurent. Il retrouve l’excellence de L’Information et de Poupées crevées, mais aussi la dimension programmatique de son recueil d’essais : Guerre au cliché.

Satiriste patenté du fric, démiurge des villes désœuvrées, il veut, comme Dès, son jeune héros, « l’unique poème » et « le cosmos de l’universalité ». En faisant de ses deux personnages, sans manichéisme excessif, le parangon du mal, de la pulsion violente, et l’espérance du mérite, du bien, peut-être Martin Amis, romancier vigoureux entre roman picaresque et roman d'éducation, y a-t-il réussi…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Martin Amis fait-il alors profession de mauvaise humeur ? « Chien jaune » est en effet une expression anglaise qui signifie quelque chose comme « sale type ». Entre les êtres mous ou violents qui parsèment son dernier roman et les coups de pattes parfois sanglants qu'il adresse aux écrivains brocardés dans Guerre au cliché, le romancier, gentleman dérangeant des lettres, paraît se délecter dans la boue de l'humanité qui nous entoure. Il ne nous épargnait pas son dégoût jubilatoire dans ses romans précédents, de Poupées crevées à Réussir[2] ; mais il en remet une louche, torrentielle, pimentée.

      Un trio peu ragoûtant tient les rênes de cette fiction qui jaillit du sordide réel des rues, des journaux et des télévisions. Au détour d’une poignée d’histoires entrelacées, chacun est l'incarnation d'une pathologie sexuelle autant que mentale. Xan Meo, « l'artiste universel », affligé d'un « satyriasis post-traumatique » devient un impénitent de l'érection et de la copulation. Au point que sa femme Russia se dise : « Je n'ai donc obtenu deux diplômes et étudié l'histoire qu'à seule fin d'être violée dans une grotte ». Clint Smoker est un frimeur, un « crétin à fort QI », un pisse-copie d'un tabloïd à succès, bourré de scandales et de « meufs de lecteurs » dénudées, alors qu'il dissimule un pénis minuscule. Ce « merdique du gourdin » prétend aller enquêter « dans la métropole borgésienne de la pornographie ». Quant au roi Henri IX, fantoche sans envergure, il est réveillé de son apathie sentimentale et sexuelle par un chantage : une vidéo montre sa fille, la princesse Victoria nue, du haut de ses quatorze ans, dans sa baignoire. La voilà qui veut se convertir à l'Islam, ou abdiquer. L'intrigue permettra de croiser les personnages dans une conflagration de vulgarités.

       Car « l'obscénification » est sans cesse au rendez-vous : « le genre dominant en ce moment, c’est incontestablement la Baisetruction ». Au point qu’ « à l’ouest était venu se poser un soleil couchant criard, et même carrément porno ». Ce pour figurer, stigmatiser et conspuer une civilisation ravagée par le retour de la violence et de l'inceste primitif. Où trouver l’innocence, si elle a jamais existé ? En un monde que l'écrivain doit au moins secrètement remercier pour le plaisir renouvelé de jouer d'une ironie polymorphe, avec un style bourré d'inventions...

 

Amis Money-copie-1

Martin Amis écrit en effet comme on dessine une bédé trash et ludique. Indubitablement il est à l'écoute des métamorphoses de la langue. Celles que lui fournissent les circonvolutions de son imagination dynamique, mais aussi celles empruntées à la rue, à l’argot, aux discours officiels et compassés de la royauté, aux grossièretés scatologiques des canards salaces dont le public est « le branleur au chômage », jusqu'aux SMS (« tous 2venus 5gl&s »)... Même si, comme un chewing-gum trop longuement mâché, le récit s'étire parfois mollement, ce « tas de dégueulis dans le caniveau » est jubilatoire et monstrueux. Que voilà un miroir jaune de crasse physique et morale jeté à la tête du lecteur ! Ce dans la tradition avouée (par notre journaleux qui signe « Chien jaune », et alter ego de l’auteur) des grandes plumes du XVIIIème anglais : Jonathan Swift et Henry Fielding, satiristes hors pair. Sans hésiter à interroger la mission de l’écrivain : « Tu veux dire que tu flattes bassement le lecteur. (…) Une sorte de pan-insignifiance. Et tu sembles souscrire à diverses fictions polies sur les hommes et les femmes. (…) Comme si toute hostilité avait disparu, et que nous buvions tous le lait de la tendresse humaine ».

Si le politiquement correct qui propose au moyen de «  fictions polies », une vision lénifiante et par là menteuse, dangereuse, de l'homme et du monde peut être considéré comme un cliché, alors Martin Amis ne commet dans ses romans pas le moindre cliché, ce péché mortel de l'écrivain auquel la postérité ne fera pas grâce. C'est ainsi que dans ses critiques, il balaie non sans pertinence et d'un perfide revers de phrase Norman Mailer, accusé d'écrire comme « un écrivain condamné à verser une pension alimentaire de 500 000 dollars par an ». Même s'il est très probablement injuste avec Philip Roth dont il pointe « la bêtise croissante » et « la migraine littéraire », nous n'aimons rien tant que de chercher les perles de fiel dans un pavé qui réunit trente ans de critique et se termine en feu d'artifice, lorsqu'il rend hommage à « Cinq grands livres » : ceux de Cervantès, Jane Austen, Joyce, Saul Bellow et Nabokov.

La bonne humeur littéraire, enfin au programme, devra-t-elle alors s'appliquer à Martin Amis lui-même ? Pourtant, la réjouissante flèche de l’ironie ne cache-t-elle pas un désabusement du monde contemporain, de la veulerie du temps et des mœurs désertés par le raffinement de la culture. Mieux vaut en rire. Il reste avec Chien jaune un immense romancier satiriste et picaresque, reconnaissant, par la voix de son Clint Smoker, sa dette envers Swift et Lolita, même s'il n'est peut-être pas ici à la hauteur de L'Information ou de La Flèche du temps, ses précédentes et plus grandes réussites...

Thierry Guinhut

A partir d'articles publiés dans Le Matricule des Anges, février 2007, juin 2013

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Martin Amis : Money, Money, Mazarine, 1987.

[2] Voir : Réussir Martin Amis

 

Photo : T. Guinhut.

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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 14:11

 

Val di Zoldo, Veneto. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

Les Métamorphoses de Vivant

Roman. V.

À paraître aux Editions Bozon2x.

 

Deuxième métamorphose :

Greenbomber, écoterroriste.

 

 

Mousse verte… Débris de tomate verte purulents, sur les murs, sur le sol, sur mes pantalons… Le crâne sanglé, la tête en cabane. A part ça, je suis couché à peu près tranquille. Enfin ! C’est une sécurité constamment inquiète dans le presque noir, mais ferme, avec un point fixe et sauvage dans le cerveau. Le jour se lève à travers les planches. C’est la toile verte de mes pantalons, de mes manches. Sales, terreux, herbeux ; une bonne saleté. Qu’est-ce que je fais avec cette cagoule déjà, crasseuse, collante sur la nuque ? Surtout ne pas l’ôter, la renfoncer. Des bouquins. Ouf ! Dans un piteux état, sur une étagère faite d’un tronc à peine équarri. C’est l’écorce neigeuse, argentée des bouleaux.

Ça va mieux. Je ne suis pas une créature qu’on dénoyaute nue. Je suis un homme ; c’est déjà ça. Je suis… Qu’est-ce que je fais dans ce corps bien trop dégingandé pour moi ? Maigre et dégueulasse, le fond de culotte à même un tas de graminées à peine sèches… Ça repose. Courbatures. Il faut que je me secoue. Elle doit être là dehors, sur la piste au bas du lever du jour. On y voit tout à fait clair maintenant dans la cabane, à travers la vitre de récupération. Même cette vitre, c’est une technologie en trop ! Il doit me rester de la soupe d’orties froide d’hier soir. Mais… Je suis un autre ! Je sens comme une tumeur maligne dans un cerveau malin qui me ronge. Le cervelas de cette viande sèche mal fringuée aux godillots de peau de bestiole. Quelle horreur ! Cohérent. Je dois être cohérent. Débarbouiller ma fumée. Je suis cohérent. Je m’assoie sur mon séant d’herbes naturelles, des « feuilles d’herbes » de mon cher Whitman…

Debout ! Chassons ce technorêve d’un autre, d’un individu complètement bouffé par la société industrielle et de consommation irraisonnée des ressources naturelles. La phase mondiale du plan est pour ce matin. Une chance pour elle qu’elle ait ce nom d’animal fier et sauvage, d’animal nettoyeur des pourrissures. Je suis tout à fait clair. Tout à fait net. Sûr.

Je pousse la porte. Dehors, le bois est calme, frais. Allons ! Une petite défécation purgative et fertilisante dans le coin du potager. Quel frémissement par vagues dans les feuilles agitées des bouleaux… Au-delà, après quelques dizaines de pas, la montagne élève sa lumière brune et pure. Voyons si plus bas… Oui. Il semble que l’abomination technologique d’un véhicule à moteur à explosion soit éteinte à l’angle de la piste défoncée par les pluies. C’est l’action, l’opération cagoule verte ! Visiblement elle est seule, comme convenu, avec sa grosse caméra sous le bras.

Quoi ! Je divague avec ces sensations de montagne sale, cette auto-mise en scène en homme des bois ! Suis-je, une fois de plus, prisonnier d’un corps, d’un comportement et d’un appareil mental qui ne sont pas les miens ? Changé en qui ? Et à l’intérieur desquels je conserve par éclats l’effroi de mes pensées qui ne sont pas celles de mes perceptions…

Mais tout ça, c’est des mauvaises bribes, des conneries, des tentations psychotiques précomportementalisées par la société d’en-dessous et d’en-deçà… Ça s’écrase comme une caméra jetée contre le granit quand on n’en a plus besoin. Il faut pourtant en passer par là, par cette quincaillerie technologique pour faire entendre raison naturelle à ces scienthumains qui squattent et empoisonnent notre planète mère. C’est comme ces puissantes jumelles militaires qui me permettent de l’épier, immobile, son joli cul en jean contre la tôle verte de sa caisse de luxe. Après l’élimination de tous ces technoprisonniers, plus besoin de ces faux yeux de surprédateur.

Elle attend mon signal. Il suffit que je sorte de ce bosquet de bouleaux. Que sur la pelouse à bruyère et myrtille, je brandisse et agite mon drapeau de toile verte. Tiens, il me reste une grosse pomme de terre froide d’hier soir. Je m’en mets plein la bouche, la peau avec entre les dents… Ça se mâche comme du pain. A la source d’abord. Elle peut faire piétiner son joli cul en jean et ceinture de croco en se demandant si je lui ai pas posé un lapin, si je me suis pas foutu de son minois à cosmétiques. Cette eau froide et pure entre deux touffes d’herbe. Toute la géologie, l’histoire de la création de la terre est là. Ah, la conne ! Elle se minaude dans son rétroviseur extérieur. La voilà qui filme un coup sa bagnole, la gadoue des ornières, la pente et le fouillis plongeant des hêtres ; et pour finir le nuage violet qui s’écrase sur les montagnes de l’est. Ah, tu peux le filmer : il a une gueule d’apocalypse…

Voilà, c’est lancé. Elle a enregistré mon signal. Elle commence à grimper dans le caillou et la bruyère. On voit qu’elle a pas l’habitude. Elle est sûrement plus forte en salle de gym avec vélo d’intérieur et tapis roulant de simulation de marche… Oh, la croquignolette ! Elle a de mignons brodequins de montagne en croute de cuir de poussin vert. Son jean est vert d’eau, sans ceinture, sa chemise de bucheron vert-sapin et son blouson matelassé vert-cyprès. La stupide opportuniste ! Charognarde et caméléon avec ça… Elle croit me prendre par les sentiments avec son écologisme vestimentaire de magazine de mode. Pour moi, elle n’est qu’un instrument. Oh, elle trébuche ! Elle est capable de péter sa caméra en dévirant sur les pierres… Non, elle tient le coup. Il lui faut bien encore dix minutes de montée.

Un dernier tour d’horizon : le ciel propre, ni hélicoptère, ni avion. Pas un mouvement suspect, pas un mouvement de lumière à travers les forêts et les vallées. Elle a bien fait de prendre ma menace au sérieux. A moins qu’ils soient parfaitement camouflés. Non, son éthique n’est pas celle de cette morale judéo-chrétienne qui fonda le capitalisme, mais celle de son business, uniquement. Je suis pour elle un contrat. Surtout ne pas le rater. Ça foutrait en l’air son suspense, sans compter son mythe, si elle me faisait coffrer par les flics, l’armée et tout le toutim… Il suffit que je m’asseye dans cette conque granitique pour me protéger de tous les regards possibles, sauf satellites, peut-être, et à l’abri du rayon de la caméra de l’Hawks…

Qu’est-ce que c’est que ce dingo que je suis ? Et je ne peux pas me défendre de dire de telles démantibulations du bulbe ? Je suis devenu trouffion de quelle secte ? Et pas moyen de se faire entendre de celui-là ! Il a la tête plus dure que son granit. Il a du faire du zen ou du yoga pour cesser de penser d’un coup comme ça. Si ça suffit pas d’être empaffé dans sa tête de bois d’arbre, je vais bientôt me retrouver en tôle et camisole en plus de ça ! Horreur, voilà que j’emploie son genre de vocabulaire. C’est un coriace qui va pas me lâcher au doigt et à l’œil, comme un cornichon dans son aigre bocal. J’ai ses mains de singe, ses dents cariés sous la langue, je peux même la bouger sous mon propre contrôle, trouver mes gencives croûteuses, mes incisives plâtrées de vieille boufffe salivée… Heurk… Et j’ai ses mots, ses phrases, je lui parle tout haut, tout seul, et ce sont mes lèvres que je sens s’ouvrir et se gercer dans le vent cisaillant de cette crête vide et pelée. Comment puis-je être un ténébreux pareil, avec ces mains couleur de thé usagé ? Qu’est-ce qu’il est parti pour me faire faire ? Avec son crâne dur de tortue malade et vénéneuse… Je suis changé en dément, et je ne peux pas m’en décoller de toutes mes fibres et de tous mes pores… Ah, l’horreur ; ça me passe partout quand nous parlons, comme la fuite d’un rat dans l’œsophage…

 

Photo : T. Guinhut.

 

 

- Arielle Hawks ?

-  Greenbomber ?

-Lui-même. En vert et en os. En vert et contre tous.

- Je doute que les plus élémentaires lois de l’hospitalité vous permettent de m’offrir un thé chaud…

- A moins que je laisse infuser mes mains dans l’eau de source glacée.

Je vis alors, à travers une pupille et un nerf optique qui n’étaient pas les miens et que je sentais pourtant s’animer d’influx comme étant partie intégrante de ma chair et de mes réactions, le visage d’Arielle Hawks cicatrisé par une moue de répugnance à la vue de mes ongles craquelés et jaunâtres, de leur quart de lune charbonneux, des plis nombreux et bruns de mes mains ensuifées, de mes manches cartonnées de crasse scintillante, sans compter la loque serrée de ma cagoule, dont la laine et le cuir sentaient la brebis chaude et le sanglier crouteux… Comment pouvais-je tenir ferme dans cet état immonde et devant l’Hawks, alors qu’un sixième sens venu d’on ne sait quel moi m’avertissait que le parfum de l’églantine, dans la vallée, l’avait frôlée ? Elle posa l’étui de cuir glacé de sa lourde caméra, s’accroupit et se mit à l’ouvrir. Puis elle braqua d’abord l’objectif vers le demi-cercle des montagnes bleues et voilées.

-Monsieur Greenbomber voit-il un inconvénient à ce que je prenne quelques plans du paysage ?

- Pas le moindre.

- Vous ne craignez pas qu’on reconnaisse les formes des sommets ? Le dessin des vallées ?

- Ils ne sont guère caractéristiques. Du moins pour qui ne sait pas les aimer.

- Et si on les identifiait ?

- Aucun problème, Mademoiselle Hawks. Cette cabane n’a aucune importance. Je n’ai pas le goût bourgeois de la propriété. Peut-être n’est-ce pas la bonne cabane. Et s’il faut effacer les traces, la brûler…

L’aisance de son coup d’épaule pour enfourcher la caméra me surprit. J’aurais voulu lui dire quelque chose alors que l’homme en quoi j’avais été changé prit ma place. Ou plutôt, une fois extériorisé, je devins, une fois de plus et sans cesse, lui.

- Greenbomber… Qui êtes-vous?

- Vous êtes une humoriste accomplie, Mademoiselle Hawks…

- Je ne vous demande pas d’ouvrir votre passeport. Ni votre sale cagoule.

- Quoi d’autre alors ?

- Vos motivations, votre stratégie. Votre sensibilité humaine, si vous en avez une.

- Je veux ça partout.

- Quoi ?

-Regardez. Tout ce qui s’étend sous le cercle de mes bras. Sous l’œil de votre satané bordel d’appareil qui s’obstine à rester braqué sur moi. Le bosquet de bouleaux. La source. La cabane de rondins. Ce serait mieux si elle avait été faite de pierres trouvées et de bois mort. Ciel et cirrus, montagnes, forêts et gorges rocheuses intouchées. Le vierge, le vivace, le bel aujourd’hui naturel. L’homme à l’orteil léger sur l’herbe aux mille espèces, du lichen à l’épicéa, de la bactérie au cerf, de la coccinelle à l’oiseau, des larves aux papillons. Le vent pur et libre.

- Résumons-nous, Greenbomber. Dix-huit attentats. Dont sept revendiqués. Onze légendairement attribués. Vous êtes un mythe pop. On vous consacre une cinquantaine de sites sur Internet. Une bibliographie dans la presse mondiale à faire couiner d’envie le Pape et le Dalaï-lama. Les philosophes Michel Foucault et Jean-François Revel vous ont chacun consacré un essai. Un éditeur de San-Francisco a imprimé vos libelles suivis d’une hagiographie avec du sang humain sur quatre-vingt feuilles d’érable reliées en écorce. Vos courriers sous papier recyclé ont tué à l’ouverture vingt-trois personnes, dont une fillette de trois ans, et blessé dix-sept autres aux Etats-Unis, Canada, Mexique, Suède, France, Allemagne, Royaume-Uni et Russie. Plus le Japon, Hong-Kong et l’Australie. L’une de vos victimes vit à Bilbao avec quatre membres artificiels et un convertisseur vocal sur le larynx. Avez-vous pitié ?

- Non.

- Quelques-unes de vos victimes sont innocentes de tout ce que vous reprochez à l’homme civilisé.

- Non. La fillette dont vous parliez, en tant que petite fille de l’industriel milanais de la chimie Gian Carlo Frescobaldi, n’avait aucune chance d’échapper au déterminisme éducationnel de son milieu.

- Et sa nourrice ?

- Idem. En tant que valet du capitalisme technologique, elle était sa prisonnière autant que sa complice et sa justification. Je l’ai délivrée.

-  Vous êtes abominable, Greenbomber ! Un monstre !

-Tout doux, l’Hawks… Allons, je vais vous consoler d’un scoop. Parmi les onze attentats au courrier piégés qui me sont attribués, huit sont de mon fait. Seulement trois ont été réalisés par des fans, des imitateurs quelconques.

- Lesquels ?

- Celui de Sydney. Bien que j’aurais pu m’en charger. Il est parfaitement en accord avec mes vues.

- Pourtant… Saül Dutchberger… Le directeur de l’Opéra ! On ne peut pas dire qu’il complotait contre la nature.

- Erreur, l’Hawks. Toute culture est une injure à la nature. Il régnait sur son architecture à coques de béton, contribuait à massacrer des arbres pour faire hurler Stradivarius et Amati, et, suprême trahison envers Gaïa sa mère, a fait jouer l’opéra de Constanz Walz : Technic voices, dont les voix ne sont restituées qu’après un passage par des filtres électro-acoustiques. Celui-là méritait également de crever d’un éclatement de l’estomac. Quant à ce Walz, il saura qu’il ne peut plus ouvrir la moindre lettre, le moindre colis, de sa courte vie.

- Et les deux autres ?

- Munich.

- Christa Hebbel. La Présidente du parti des Verts. Et son secrétaire. Je comprends.

- Vous ne comprenez rien ! Là encore celui qui a fait cela a mon entier soutien. On ne peut être vert sans être radical. Ses arrangements avec le pouvoir n’étaient qu’une stratégie de corrompute, de salope !

- Et sexiste avec ça !

- La forme de son cul ne change rien à l’affaire.

- Et le dernier ? L’approuvez-vous également ?

- Clermont-Ferrand ? Non.

- Là, j’avoue, je ne comprends pas… Le directeur de recherche du Centre de Transgénie Végétale. Cela doit être pour vous une évidence que de désapprouver les manipulations génétiques sur les plantes agricoles…

- Celui qui lui a arraché la tête avec le colis qu’il a déposé dans sa voiture électrique n’est qu’un amateur. A un second regard, cet apprenti-sorcier de Marc Olivenstein prépare la revanche de la nature. Ses plantes modifiées deviendront folles contre l’homme en obéissant à la raison inconnue de Mère Nature.

(…)

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

Extrait d'un roman à venir : Les Métamorphoses de Vivant, roman : Synopsis et sommaire

 

Forêt domaniale du Bois Henri IV, La Couarde-sur-mer, Île de Ré, Charente-Maritime.

  Photo : T. Guinhut.              

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 10:51

 

Jo Zagula : Abécédaire en relief, éditions Lucos, Mulhouse, 1955.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

Euphémisme et cliché euphorisant,

novlangue politique :

 

Arendt, Orwell, Hayek.

 

 

 

Tout pouvoir politique sait agiter la baguette du langage, bruissante des phylactères de la pensée magique : aujourd’hui ce novlangue a nom euphémisme et cliché euphorisant, ces effaceurs de bibliothèque et de vérité. Tous les pratiquent et les entérinent, tous ces acteurs politiques que sont les médias, les administrations, jusqu’à l’éducation, en un panurgisme effarant. L’état de notre langage n’est-il pas le reflet de l’état de nos sociétés ? Plus il est loin du réel, plus le réel est désastreux. On remédie au langage, faute de remédier au réel, que ce soit dans le domaine social, de la justice ou civilisationnel, en annonçant un messie sociétal qui ne viendra pas, ange cachant un démon…

 

Une grève n’est plus une grève. Même plus un conflit social, ce serait trop brutal, mais un mouvement social. Sans vouloir un instant mettre en cause le droit de grève, cette liberté fondamentale, il est nécessaire de relever que la grève est trop souvent une défense d’un corporatisme professionnel et syndical au détriment de l’activité entrepreneuriale. La défense des salariés devient une prise d’otage, non seulement du public, des clients, des fournisseurs et des entrepreneurs, mais aussi des non-grévistes. Le mouvement social signifierait-il qu’en travaillant les salariés sont immobiles, et que c’est seulement en faisant grève qu’ils se bougent, exclusivement dans le sens de leur progrès social ? C’est alors qu’ils sont dans l’action, qu’ils se mobilisent, signifiant sûrement qu’hors ce moment festif du ressentiment, trop souvent anti-économique, ils sont en permanence démobilisés… L’euphémisme serait loufoque s’il n’était le masque d’une tyrannie.

Modèle social et service public sont des formules sacro-saintes, au point que nos voisins, plus heureux au moyen de réformes libérales (du Chili à la Suisse, en passant par l’Allemagne), les ont abandonnées ou ne les ont jamais empruntées. Qui voudrait de notre protection sociale exsangue, de notre système de retraite à bout de souffle, de notre sécurité sociale déficitaire, de notre coûteux assistanat profitant trop souvent à des immigrants inoccupés, que smic, charges et code éléphantesque du travail contribuent à écarter du marché du travail. Ce dernier n’ayant d’ailleurs plus guère du marché, sur-réglementé qu’il est, aimanté par Pôle Emploi, autre réjouissant euphémisme pour agence de congestion du chômage…

Le dogme du service public parait inattaquable. Mais pourquoi la SNCF par exemple ? Pourquoi pas la voiture, le pain du boulanger, bien plus nécessaires ? Alors qu’outre-Manche on a privatisé le chemin de fer avec un succès que l'Etat n'a cependant pas permis de pousser à sa meilleure efficacité, alors que le Japon est un modèle à cet égard. Le service public est alors un abus de langage, une confiscation du public et des deniers publics par une corporation syndiquée arcboutée sur des privilèges indus, comme les aiguilleurs du ciel qui travaillent trois jours par semaine pour un salaire fort confortable et sont par conséquent deux fois plus nombreux qu’au Royaume-Uni et en Allemagne pour le même service. Quand la pression fiscale qui les surpaie est un sévice public…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Admirons combien dans le domaine de la délinquance et de la criminalité le langage parait avoir désamorcé le danger. Dans les quartiers sensibles, ouverts au multiculturalisme, des personnes connues des services de la police se sont livrées à des incivilités qu’excuse leur exclusion. Admirable novlangue. Que chaque personne sensée traduira pourtant ainsi, n’en déplaisent aux oreilles chastes qui devront fermer les yeux sur les lignes suivantes : dans des poches de charia, des délinquants et criminels récidivistes, pour la plupart immigrés depuis l’aire arabe, ont saccagé, pillé, violé, tué. Alors que la république a déversé sur leurs quartiers la manne financière de la politique de la ville et les moyens de l’éducation républicaine ; hélas trop souvent en pure perte. Si la précédente phrase était peut-être excessive et caricaturale, c’est que l’on n’a pas su dire la vérité avec nuance et précision dans la première…

Le concept d’islamophobie (terme né en Iran sous Khomeiny) parait lui bien loin en apparence de l’euphémisme. Pourtant, par le biais de la stigmatisation et du déplacement du mal, ce dernier est affadi, effacé. Il est alors indécent, immonde, voire hérétique contre les valeurs du vivre ensemble, que d’avoir peur de l’Islam, de le révoquer. L’islam est euphémisé par la culpabilisation a priori de son rejet. Même s’il ne s’agit en rien de rejeter et de haïr a priori et par préjugé tous ceux qui pratiquent et professent en paix cette religion, mais de les protéger. Le juste islamophobe sait ce qu’il craint et désire écarter : ce qui dans le Coran participe de la misogynie active et criminelle (dans la sourate sur les femmes), du jihad conquérant, du mépris injurieux envers le judaïsme, le christianisme et l’athéisme, aux conséquences criminelles. On ne confondra donc pas l’islamophobie raisonnée ni avec le racisme ni avec l’antihumanisme.

Multiculturalisme, Vivre ensemble… Quelle ironie lorsqu’ils sont justement invalidés par des cultures (est-ce là encore euphémisme ?) qui ne veulent pas du multiculturalisme, qui ne veulent vivre qu’entre soi, pratiquant l’exclusion, la discrimination, l’intolérance, l’impérialisme théocratique… Il faudrait alors tendre la joue gauche quand le christianisme est plus désavoué, voire assailli de christianophobie, que cette religion de paix et d’amour (euphémisme) qui voile, excise, réduit en esclavage et lapide. En ce sens, déplacer la faute de l’islamophobie sur la victime et non sur le coupable est de l’ordre de l’euphémisation, espérant apaiser la violence inapaisable en une sorte de Munich laïque devant le totalitarisme du croissant.

C’est alors que l’envers du cliché euphorisant est le cliché stigmatisant. Comme lorsqu’ultralibéralisme et néolibéralisme, ces concepts parfaitement creux, paraissent signifier la violence capitaliste du renard libre dans le poulailler libre. Ils évitent de s’interroger sur le sens réel du mot libéralisme, pourtant à la portée de tout curieux de dictionnaire et de philosophie politique, quoique malgré la richesse séculaire de sa pensée il ne soit guère enseigné. Quand l'euphémisme fait son Tartuffe en couvrant de charme la plaie qu’on ne saurait voir, l’hyperbole infamante couvre de plaies imaginaires une plus douce réalité : celle de la liberté économique et des mœurs qui déplaisent tant aux professionnels du pouvoir, du clientélisme, quand la liberté de ceux qui ne seraient plus leurs gogos les rendraient inutiles. Il ne faudrait surtout pas voir qu’une grande partie du personnel politique et administratif est non seulement inutile mais nuisible. L’étatisme alors perdrait son prestige, une bonne part de ses hauts et bas fonctionnaires, ses élus empilés et cumulards…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hannah Arendt a pointé le rôle de l’euphémisme et du « cliché euphorisant » pour faire entrer l’absolu du mal dans la « banalité du mal ». Eichmann œuvre au service de « la solution finale », non d’un massacre, use d’un procédé prophylactique, dans le cadre d’une bureaucratie aux parfaits rouages au sein d’un idéal de mille ans en cours de réalisation. En ce sens l’abjection est accomplie en toute innocence du fonctionnaire zélé… « Les clichés, les phrases toutes faites, l’adhésion à des codes d’expression et de conduite conventionnels et standardisés ont socialement la fonction de nous protéger de la réalité, de cette exigence de pensée que les événements et les faits éveillent en vertu de leur existence. »[1] Eichmann s’est consolidé une douce armure de langage reçue en héritage idéologique : « pour chaque période de sa vie et pour chacune de ses activités, l’accusé disposait d’un cliché euphorisant[2] » Par exemple : « Mon honneur est ma loyauté » (…) ces formules  « Eichmann les qualifiait de « mots ailés », et les juges de « bavardages creux »[3] ». Le pouvoir totalitaire fait main basse sur le langage qu’il travestit en éloges pour soi et en euphémismes pour l’autre s’il doit disparaitre sans heurter les sensibilités : «  Des diverses « règles de langage » méticuleusement mises au point pour tromper et pour camoufler, nulle n’eut un effet plus décisif sur l’état d’esprit des tueurs que ce premier décret du temps de guerre émis par Hitler, dans lequel on avait remplacé le mot « meurtre » par l’expression « accorder une mort miséricordieuse »[4] ». Hélas, il n’y a là euphorie que pour les vainqueurs…

Au-delà de la fonction d’adoucissement du réel, l’euphémisme et le cliché euphorisant ont une autre fonction : par le biais du langage, un pouvoir intellectuel et politique s’arroge la toute-puissance. Au miel de son euphorie il attire ces mouches que sont le badaud, le peuple d’électeurs captifs, qui veulent croire, au sein chaud de leur servitude volontaire, en une utopie. Jusqu’à ce que mal lui en prenne. Ceux que frappe la ruine des euphémismes et des clichés, qui voient le roi nu et le réel dévasté derrière l’éventail enjoliveur des mots, se révoltent, votent ailleurs, voire là où il ne faudrait pas, attirés par d’autres mots magiques qui cachent leurs maux et enveniment ceux des électeurs trahis…

Comment reconnaître le cliché euphorisant ? Il est bien souvent ronflant : Ministre du redressement productif, qui sent son marteau conceptuel marxiste, qui ne redresse, ni ne produit rien, sauf des impôts dirigés dans une usine à air… Ou alors c’est une antiphrase, comme la République Démocratique Allemande qui était bien moins démocratique que la Fédérale, l’Allemagne de l’ouest.

Curieusement le verlan et les anglicismes peuvent jouer un rôle étrange. Un noir devient un black, un arabe un beur, dans le dernier chic du parler racaille. Ce qui sonne plus swag, plus rap. Ce qui côté Français de souche (s’il en est) parait infamant, identitaire, devient du côté black et beur du dernier chic identitaire…

L’euphémisation du monde s’accompagne alors de la surévaluation hyperbolique d’un autre monde, lorsqu’il n’a plus les barrières de la pudeur, du surmoi, du respect d’autrui pour s’affirmer. Le combat des mots, s’il ne sait pas rester ou devenir sage argumentation, peut précéder le combat des hommes. En conséquence, on peut lire l’euphémisation, mais aussi son double, la violence de l’hyperbole euphorisante, comme une élimination programmée des concepts moraux, le vrai, le bon, le bien ; comme une victoire du cynisme sur la vérité.

 

 

Dans 1984, Orwell prophétisait : « Il était entendu que lorsque le Novlangue serait une fois pour toutes adopté et que l’Ancilangue serait oublié, une idée hérétique -c’est-à dire une idée s’écartant des principes de l’Angsoc- serait littéralement impensable, du moins dans la mesure où la pensée dépend des mots.[5] » Orwell laissait entendre, à la suite d’Hayek, que le socialisme anglais deviendrait un Big Brother du langage. Quoique le Royaume-Uni ait choisi une voie plus libérale, cette ambition est devenue celle du socialisme français, mais seulement si nous voulons bien l’entendre de cette oreille. Au contact des vocables magiques de l’euphémisme et du cliché euphorisant les mots fondamentaux s’effritent. Si nous ne voulons pas succomber à la perte du langage, relisons Hayek : « La plus grande victime dans cet ordre d’idée est le mot : liberté. On l’emploie dans les Etats totalitaires aussi généreusement qu’ailleurs. (…) Nous avons vu plus haut le même abus des mots : justice, loi, droit et égalité. On pourrait allonger la liste et y aligner tous les termes courants de morale et de politique. (…) le langage devient totalement vicié, les mots sont comme des coquilles vides, dépourvus de toute signification[6] ». Heureusement, il n’y a plus grand monde pour écouter le novlangue de l’euphémisme et du cliché euphorisant. Ce qui fonctionne comme la méthode Coué, comme une suggestion hypnotique, dont nous ne sommes pas dupes, jusqu’à ce que la violence du réel déchire les paupières…

Il faut alors « prendre ses distances avec les épidémies d’opinion », selon la formule de Sloterdijk, qu'elles soient socialistes, fascistes, communistes, théocratiques ou écologistes... Déchiffrer « que sur les abstractions mortelles se dépose un voile de langage coloré qui fait croire à la viabilité et à la lisibilité de ce qui n’est ni viable, ni lisible[7] ». L’Etat, cet « ogre philanthropique[8] » socialiste (qu’il soit de droite ou de gauche, depuis trois décennies françaises), ses affidés et clients, ses maîtres chanteurs syndiqués et autres médias, non content de dévorer le vocabulaire avec des dents de rose, dévorent une prospérité économique en recul ainsi que l’espace de nos libertés. Ne faut-il pas dire de l’euphémisme, du cliché euphorisant, ces saintes huiles du novlangue contemporain, ce que disait du relativisme Karl Popper : « Le relativisme est un des nombreux crimes perpétrés par les intellectuels. Il est une trahison à l’endroit de la raison et de l’humanité[9] ».

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Hannah Arendt : Considérations morales, Rivages, 1996, p 26-27.

[2] Hannah Arendt : Eichmann à Jérusalem, Quarto Gallimard, 2010, p 1069. 

[3] Hannah Arendt : Ibidem, p 1119.

[4] Hannah Arendt : Ibidem, p 1123.

[5] George Orwell : 1984, Club des Libraires de France, 1956, p 320.

[6] Friedrich A. Hayek : La Route de la servitude, PUF, 2010, p 115-116.

[7] Peter Sloterdijk : Ni le soleil ni la mort, entretiens avec Hans-Jürgen Heinrichs, Pauvert, 2003, p 98 et 117.

[8] Octavio Paz : « L‘ogre philanthropique », Le Débat, Gallimard, janvier 1981.

[9] Karl Popper : A la Recherche d’un monde meilleur, Les Belles Lettres, 2011, p 24.

 

Jo Zagula : Abécédaire en relief, éditions Lucos, Mulhouse, 1955.

Photo : T. Guinhut.

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 08:17

 

Templo budista de Panillo, Huesca, Aragon.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Les Métamorphoses de Vivant.

 

roman. VI.

 

Cinquième métamorphose.

 

Lou-Hyde Motion, Jésus-Bouddha-Star.

 

 

 

 

Le flyer… Où est-il ? Où ai-je laissé flotter les sept reflets de son hologramme ? Dans la poche de mon pyjama ? Non, stupidos. Cette fente pectorale de pyjama est un sac à malices, une hotte de Père Noël, un inconscient post-freudien, un nid à fumier, une cave à chauve-souris, un tonneau des Danaïdes, un cul de basse-fosse, un Léviathan. Impossible, puisque je dors nu. Je ne porte même pas un string pour nuire à l’effet apaisant du talc Springyear sur mes testicules fatigués par la vénération de mes fans femelles. Qu’est-ce que je raconte ?

C’est quoi ces reflets dansants au plafond ? Ce chatoiement de golfes clairs et de bleus méditerranéens ? Ce jour n’est pas naturel. Une fois de plus je fantasme comme un personnage d’emprunt. J’y suis : le flyer de Magaly ! Pourquoi mes draps sont-ils soudain violets ? Pourquoi ma chambre est-elle pleine de micros sur pieds, de cédés jetés sur le sol, de synthétiseurs bleuâtres, de baffles immenses et noires comme des temples ? Me voilà encore embarqué dans la cabine de croisière d’un corps que je ne peux réveiller ni quitter à mon gré. La méduse de mon cerveau à l’ancre entre deux os pariétaux inconnus, sans pouvoir animer du moindre mouvement ces jambes en croix de Saint-André sur un lit dévasté de sueur…

Tiens… Il y a une fille métisse qui clignote des yeux inquiets au-dessus de la moquette de laine claire où elle a l’air d’avoir passé la nuit dans la mélancolie d’un drap violet déchiré. Une fille avec des cheveux tressés par centaines comme des tortellinis au henné et deux ananas de poumons qui roulent comme un paquet de soutien-gorge et de vêtements maladroitement tassés entre deux talons aiguilles dorés. Elle se lève, comme le bondissement du lynx, et s’éclipse, laissant derrière l’embrasure de la porte l’ombre Mururoa de son cul noir se dissoudre dans l’air vicié au musc et aux fumées refroidies de cannabis.

On dirait qu’une lumière sous-marine monte le long de ce socle de garnit soudain clair avec des serpents qui… Non ! Ils ont l’air… Ouf, sculptés dans le bronze et le vert-de-gris comme pour s’enlacer aux colonnes et aux drôles de chapiteaux corinthiens d’un temple dont le fronton en lévitation cache une statuaire incompréhensible. La luette éclatante de l’aube se lève peu à peu jusqu’au fond de la gorge oraculaire de cette chambre… Bientôt je pourrai lire dans l’étrange torsion de cette statue qui va dire où je suis et qui je suis. Paix, ce n’est qu’un Bouddha. Mais un Bouddha émacié, ravagé de barbe, aux yeux sirupeux… On dirait qu’il a six bras comme je ne sais quelle divinité hindouiste. Six bras pour l’amour et le crime. Avec un sacré cœur aux épines et croix catholique sur la poitrine. Qu’est-ce que c’est que ce dieu hybride ? Un Bouddha shivaïque et saint sulpicien ! Je suis tombé dans une secte. Il ne manquerait plus que ce corps où je suis fondu et dont je ne peux bouger le sommeil soit celui d’un gourou complètement à la masse…

Il frémit… une conscience glauque palpite entre les oreillers de ce corps décharné. Il fait complètement jour maintenant. A chaque queue de serpent pendent un soutien-gorge et une petite culotte saumon. Sûrement la mulâtresse troubalante dont la violente fragrance d’aisselle crépue hante encore la chambre comme une trace d’argent escargot nocturne sur la lourdeur de l’air. Ça sniffe la vieille fumée de marijuana et d’encens. S’il pouvait faire la grasse matinée, d’après beuverie, orgie et sauterie, ça m’arrangerait. C’est un rare moment de repos où je ne suis personne. Pas de moi à assumer, hors cet espèce de coup de tournevis qui me vrille le haut du lobe frontal droit à intervalles réguliers, comme le battement du sang, et qui s’enfle comme lors du sommeil paradoxal du corps qui m’abrite. Suis-je encore Vivant d’Iseye ? Est-ce mon karma ? Ma transmigration d’âmes de personnages en destinées pour achever de grimper l’échelle d’abomination de l’espèce humaine ? Des réincarnations successives en avance rapide ? Bizarre, c’est pas moi ce genre de théorie à la déboité du mental, cette acceptation ruminante et roucoulante.

Ah, il bouge… Fausse alerte, j’espère. Rester dans cet état de semi pur esprit me siérait bien, à flotter sans douleur ni désir… Quoi ? Un trépied ? Sans caméra encore. Je sens que la mise en scène est prête pour que ça recommence. Elle ne me laissera jamais donc en paix, à me bousculer dans les fosses septiques de l’humanité, à me faire des démons dans le dos… Je sens qu’il n’y en a plus pour longtemps avant que les engrenages du trip infernal se mettent à entraîner la piste numérique d’un film à mes dépens. Aïe, j’ai envie d’uriner en même temps qu’une érection du diable ! C’est lui ou c’est moi… Où est-elle passée cette grognasse qui n’a pu changer ma bite en ange ? Elle a tout de même pas pu me larguer comme un gueux ! Il n’y a plus que sur scène et dans l’envie de pisser du réveil que je bande… Chiottes, ma tête ! J’ai un mixer à légumes dans le caillou. Et branché sur un pylône à haute tension.

Qu’est-ce que c’est que cette feuille de pécul de bout de rêve que j’ai eu ? J’étais un plouc inconnu, un zéro social, à peine vivant, un néant médiatique ! Enfer… J’ai réussi mon retour à la scène et au disque, non ? Dans trente minutes l’incontournable Arielle Hawks vient. Pour moi. Star ! A fond les chants grégoriens accélérés sans changer les hauteurs. Cette pulsation poussée sur les graves à 135 BPM. Les derviches tourneuses de ces boucles sopranos extatiques… Je suis l’inventeur de la technomystique !

Une douche patchouli rapide, j’enfile un pyjama de soie indienne en grignotant une aile de caille, en buvant le jus d’un pruneau sec. Hélas, mes doigts sont toujours aussi jaunes de nicotine et mes narines blanches de cocaïne. J’aurais pu les ramener transfigurés du royaume des ombres ; mais non. Le Triomphe du Temps et de la Vérité, n’est-ce pas… Le squelette puant de la vérité dans les chairs. Est-ce que cette Hawks est une baiseuse ? Difficile de se prononcer. Un tel cul wonderbra gorge de pigeon monté sur des mollets d’altitude… Les tendons de ses cuisses doivent lui monter jusqu’à la vibration du pubis… Ah, ce désir à fouetter jusqu’à la disparition ! Joli fantasme d’Aphrodite child des médias. A moins qu’elle soit aussi frigide que les pantalons en aluminium de couverture de survie du défilé de mannequin de Murakami Nosaka ? On laisse tomber la soie indienne pour le tee-shirt noir Bouddha et le futal aubergine molle… C’est elle ! Prêt. Canapé lamé or, ouverture automatique du volet terrasse méditerranée, ciel. Lumière. Son :

 

Catedral de Roda de Isabena, Huesca, Aragon.

Photo : T. Guinhut.

 

- Lou-Hyde Motion, vous étiez le Rimbaud du Rock and Rap, vous êtes maintenant le Bouddha du Techno Roll. Pourquoi ?

- J’ai décidé de lever aujourd’hui le mystère de mes trois mois de disparition.

- Où étiez-vous ?

- Une sorte de retraite. Qui préparait ma révolution musicale.

- On a dit que vous mouriez du sida.

- Il était question de mort, en effet. Ma mort, ma pulsion de mort, est la plus belle créatrice.

- Alors, ce sida ?

Négatif. Je ne donne pas ce plaisir à ceux qui m’ont insulté, inculpé, incriminé. Toutes ces rumeurs sur mon prétendu sida étaient le produit des envieux, des ringards... Il n’y a pas eu une aiguille pour me contaminer, pas un sexe pour me rendre séropositif, pas un dieu pour me jeter la première pierre. J’en prends vos showsectateurs à témoin, Arielle, vous pouvez sans risque goûter ma salive, mon sang et mon sperme.

- Non merci.

- Faut-il vous verser le tout dans un verre à cocktail ?

Ni vin de messe noire, ni vin de messe blanche, merci. Revenons à votre disparition. Vous avez pris le risque d’être oublié. Ou d’être encore plus idolâtré par les prestiges posthumes du regret. D’être vomi par votre public, si votre retour ne collait pas au fantasme caressé par les partisans d’une résurrection.

- J’ai réussi, non ?

- Votre nouvelle manière ne fait pas l’unanimité parmi le public.

- Des nostalgiques. Qui voulaient me clouer nu immobile au poteau d’une étape révolue de ma carrière. Ils ne comptent pas au regard des fans nouveaux qui m’ont rejoint.

- Un autre soupçon de mort a couru pendant votre absence…

- Lequel ?

- N’oubliez pas la réprobation qu’ont soulevée les paroles trop célèbres de quelques-unes de vos chansons : « Le jus homosexuel de la mort », « Suicide, mode de jouir », et autres « Sex, drugs and drums ». Sans compter la chanson « Pères, meurtres rituels », dont le refrain vengeur et le rythme survolté ont révolté les associations de défense de la famille.

- Vous pensez à la thèse de l’autosacrifice ?

- Elle a en effet été avancée. Il me semble cependant que pour votre producteur la nouvelle d’un suicide eût été un excellent investissement médiatique auprès de votre jeune public. Il ne reste plus…

-En effet.

- Que la drogue.

- Ce « dérèglement de tous les sens »…

- Dans quel outremonde étiez-vous, Lou-Hyde Motion ?

- J’ai étreint l’enfer des paradis artificiels. Benzédrines, amphétamines, héroïne, ecstasy, champignons hallucinogènes mexicains et vosgiens, LSD, opium chinois, cannabis de Floride à 33% de tétrahydrocannabinol, vodka finlandaise, Prozac, Tranxène, Viagra, colle, éther, cocaïne, mescaline, et la liste exponentielle des drogues de synthèse qui n’ont même pas de nom, tout juste des numéros, comme les étoiles lointaines. J’ai tout essayé. Méthodiquement. Un par un, graduant les doses, puis en grappes, en séries… Parois, je jouais à la roulette russe en tentant un cocktail de hasard. Je pénétrais dans les souterrains de mon corps, nouant le contact avec des veines et des flux que je ne me connaissais pas, avec des flashs de jouissance généralisés jusqu’à la vibration de toutes les terminaisons nerveuses et oculaires, avec des tendons et des douleurs que personne n’avait catalogués, avec des neurones resurfacés par des bonheurs indicibles à notre pauvre altitude. Mon cerveau et mon corps tout entiers étaient un phallus explosé par l’orgasme-univers. Chaque substance ou nouvelle molécule née de la conjonction explosive des produits était un pouvoir me permettant de passer dans de nouveaux mondes, d’affronter des monstres d’angoisse et les caresses de princesses des plaisirs, comme dans un jeu vidéo où j’étais à la fois l’acteur, l’écran, les manettes et les logiciels interchangeables. J’épuisais dans mes voyages un nombre de vies considérables. Dans l’intérieur smatché de mes yeux je trouvais des galaxies, des éclipses totales et des pluies de météores. Des tornades secouaient mes globes oculaires au creux de mes orbites, distordant le monde alentour come fumées de couleurs. Alors que ma moelle épinière était branchée sur haute-tension, des éclairs de chaleur trouaient mes tempes. Pour y dérouler les bandes d’un film incontournable de sables d’orient et de fontaines de sperme. Pour abreuver la soif affective des princesses de harem de trottoir…

- C’est ce que vous avez célébré dans votre chanson « Xanadu ».

- Oui :

« Jardins d’encens et de poudres Guerlain,

Femmes se masturbant pour le démon qu’elles aiment,

Fontaines haletant des moiteurs du rut,

Free jazz acide et liqueur des voix…

Oui, c’était miracle d’un rare dessein,

Ce palais au soleil sur l’abîme de la mort,

Car ils ont bu le lait de Vénus,

Car elles ont mâché le muscle d’Hercule,

Ceux dont le paradis est l’héroïne ! »

- Chanson qui vous a valu d’être interpellé par le FBI lors de votre concert de Saint-Louis.

- Puis d’être relaxé, chère Arielle, par le juge Hoover de cette inculpation de prosélyte de la drogue au nom de la liberté d’expression poétique.

- Lou-Hyde Motion, combien d’adolescents cette chanson a-t-elle livré aux tortures du manque ?

(...)

Extrait d'un roman à venir : Les Métamorphoses de Vivant, roman : Prologue et synopsis

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

Templo budista de Panillo, Huesca, Aragon.

Photo : T. Guinhut.

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 13:26

 

Piazza dei Signori, Vicenza, Veneto.

Photo : T Guinhut.          

 

 

 

 

 

Thierry Guinhut : Voyages en archipel.

 

ROMAN

 

Editions Sillages, Noël Blandin, 1988.

 

 

 

 

I

 

De par Marie à Bologne descendu.

 

 

 

La ville, parcourue dans l’état grisaillé de la quête, arrache et tire l’intérieur vers des inconnues de lieux et d’êtres. A Bologne se déplace Marie, parmi les ocres de San Giovanni in Monte, les roses de San Petronio et les rouges des murs et des arcades ; Marie, ses hanches presque fluettes de garçon, le torse ailé pour des respirations plus claires. A Santa Maria dei Servi, Guido Reni peignit en une nuit à la lueur des torches ses fresques ; Alessandro tiendrait à donner un tel geste pour Marie, touches rapides à petits coups de pinceau, celles d’ironie, moues, mimiques de Marie, visage étonnamment mobile…

La disposition emmêlée des rues de Bologne propose à l’interrogation l’appartement où habiterait Marie. Parcours forcené dans la direction supposée d’un hasard jugé fou, mais poursuivi jusqu’au coin légèrement plissé des lèvres des Madones de la Pinacothèque. Alessandro s’est installé dans la via Alessandrini où devrait, pense-t-il, habiter Marie. C’est lors d’un voyage vers l’Adriatique qu’il est pris en stop par l’amant de la sœur supposée de Marie, puis il le croise de nouveau dans la via delli Foglie. Il n’y tient plus, au risque d’être ridicule ou d’être découvert, mais d’un ton enjoué, il lui demande l’adresse de Marie : via Filippo Neri, elle vit avec un Filippo. Via Filippo Neri, intrigue indigne, incongrue théorie et pratique de l’amour extrème.

Train de nuit pour Bologne, compartiment odeur de tabac froid, pericolo sporghesi, Alessandro tente de mêler le sommeil à l’insomnie, allongé, le dos mal cambré sur la banquette, le rêve d’une excroissance de ses hanches, de ses côtes, Marie née toute armée de son corps, de sa tête.

Concert d’après-midi à San Francesco de Bologne, Evangile selon Saint-Marc de Telemann, église vide si le recitativo arioso ne suppléait au manque idéalement présent. D’un coup, Marie, adossée contre un pilier ; course, errance méthodique, apparition, disparition, intermittences de pile en pile, la répétition multipliée des arcades en Bologne… D’autant plus que la présence de Marie, Giardino della Montagnola, concerts d’après-midi, mensa della studente, déjoue toute prévision ; d’antant plus qu’Alessandro est périodiquement absent pour un cycle de cours à Milan. Bologne elle-même exilée de Marie, lors de trop rares séjours, deux mois sans la voir, des jours peu favorables il est vrai, il la croise enfin via Altabella, l’émotion telle que c’est elle qui le salue, voix insinuante, impondérablement  grave, veloutée jusqu’aux viscères, le ravissement, jusqu’à quel point, bouleverse les ordres de la personne d’Alessandro, un instant de se croiser seulement, Marie, via Altabella, que serait se joindre à Marie jusqu’à la giration ascensionnelle et enlacée de deux anges parfaitement sexués ? La ville, tout à coup, un instant, plus rose vif encore, mais s’efface, ocres bruns, gris sales…

Alessandro, la barre de lui-même inlassablement ramenée vers ce point, ce moment, il y a deux mois, mensa della studente, le don de l’acrostiche à Marie. A-t-il su éviter le ton médiocre de l’épanchement, et du moins dans le texte cette tombée des forces et de la personnalité que le trouble insinue devant elle jusqu’au sang, cet immatériel, imaginaire halo, noli me tangere, ivre, autre comme en rêve, Alessandro les tendons de l’esprit et du corps coupés… Quant à elle, Marie, saura-t-elle voir au blanc de cette coupure ? Intrigue indigne ; jeune homme éperdument insistant, tu confines au ridicule, à l’indiscrétion à la maladresse.

Impossible ainsi de pénétrer plus avant dans la connaissance de Marie… Ses regards sont des appels, le sait-elle, en direction d’Alessandro, depuis des mois, depuis surtout ce geste qui rompit le canal unique des regards : la petite enveloppe noire, mensa della studente, le don de l’acrostiche à Marie :

Maintien des rêves palladiens,

Ailes composant le visage,

Rare soin de l’harmonie,

Idylle déjà conçue dans nos yeux,

Elan retenu.

Une prétention vaine aux sphères de la littérature et de l’amour, d’ailleurs sphères déconnectées, déhanchées de constellations multiples, trajets anachroniques dans la ville rouge, slogans, cris entrécartelés, traces encore d’un rang d’épaules pressé contre les palissades, « fuoco nello P.C.I. ». Dans un espace laissé libre parmi les mots d’ordre, Alessandro dispose les cinq vers de l’acrostiche à Marie…

(…)

 

Carnet de voyage italien. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

Voyages en archipel, roman.

 

I      De par Marie à Bologne descendu

II     Béatrice à Florence

III    Pléiades parisiennes

IV    Wanderung en Abruzzes

V     Un personnage rétais

VI    Au flanc des Alpes de marbre

VII   Dans les Picos de Europa

VIII  Agrégat d’azulejos

IX    De New-York à Pacifica

X     Une vénitienne annonciation

XI    Groupe de corps dans les Monts de Lacaune

© 1988, Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

 

Photo : T. Guinhut.

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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 19:12

 

Montserrat, Catalunya. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Du mortel fait divers

 

et du paravent idéologique antifasciste.

 

 

 

 

Une fois de plus les guerres idéologiques sont plus têtues que les faits, y compris divers. Car il ne se passe guère de semaine sans que les journaux locaux mentionnent des rixes avinées ou excitées qui vont jusqu’aux blessures sanglantes, voire jusqu’à la mort, avec intention ou non de l’infliger. Ce sont des petits mâles bourrés à la testostérone, le couteau à la main, le poing américain à la gueule. Ils sont franchouillards, musulmans, corses, fan de rock métal ou de tango, marseillais, affiliés ou non à la plupart des partis politiques ambiants, quoique avec une légère préférence pour ceux imbibés de fanatisme, islamisme radical et anticapitalisme extrême, de droite ou de gauche… Pourtant il faut choisir le fait divers, victime et bourreau, qui va conforter les préjugés et permettre la stigmatisation commode, hissant le drapeau rouge et le paravent idéologique. Permettre enfin, par apparents bons sentiments, le plaisir de la guerre contre la guerre…

Il meurt, la face ensanglantée par un coup de poing… Nous tairons le nom de celui qui était trop jeune pour mourir, par pudeur, par respect pour ses parents. Un mort presque adolescent, fût-il étudiant en Sciences politiques, qui n’a pas eu le temps de s’amender, comme en d’autres temps on n’avait pu à temps se confesser, qui aurait pu se vider de l’illusion de sa colère politique et mûrir sa réflexion, peut-être jusqu’à aimer les libertés et la tolérance. On ne lui en aura pas laissé le temps. Nous ne pouvons que nous recueillir en instant de tristesse.

Tristesse également pour le bourreau, probablement jeune lui aussi, criminel probablement involontaire, pour lequel il faudra cependant ne pas abuser de l’indulgence. Il faudra aux juges, que l’on espère impartiaux, indépendants de toute coterie politique et idéologique -s’il en est-, une dose certaine d’objectivité, de force morale, de glaive et de clémence, selon qu’il sera judicieux de requérir la violence aggravée ou la légitime défense. Et surtout ne pas condamner à chaud, comme nous prenons le risque de le faire en écrivant sitôt après les faits.

 Mais un concert d’antifascisme et de « No pasaran » retentit dans nos rues, bave pestilente sur les lèvres avides des médias, des personnalités politiques, des agitateurs professionnels et des citoyens de bonne foi. Oyez, peuple brave et politiquement correct, combien le méchant fasciste est méchant, combien l’antifasciste est pur ! Hélas, il est à craindre qu’il faille renvoyer dos à dos les blousons bruns et les blousons rouges. Les uns veulent casser du facho, les autres casser du gaucho. Y compris en marge des manifs pour tous, opposées au mariage pour tous. Ainsi l’on débusquerait, par une chasse citoyenne, le fascisme larvé, la botte brune et la croix gammée sous les chemises BCBG ; on leur ferait porter le casque de la provocation…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Qu’il existe des brutes fascisantes et gauchisantes, personne ne le niera. Mais on aura bien du mal à ne pas voir une vérité que l’on ne veut pas voir. Extrême-gauche et extrême-droite ont en leurs groupuscules, qu’ils s’agissent des jeunesses nationalistes et frontistes où des trotskistes révolutionnaires, voire des syndicats SUD et CGT, des troublions ataviquement, voire génétiquement, abreuvés au petit lait humain trop humain de la violence. De plus, leurs positions idéologiques se révèlent voisines. Elles sont souvent conjointement anti-capitalistes, anti-mondialistes ou anti-mondialisation, antisémites et antisionistes, comme des sœurs ennemies. La mince pellicule qui les sépare (les uns nationalistes, les autres internationalistes) est parfois poreuse, au point que des individus passent de l’une à l’autre. L’on sait d’ailleurs que les discours de Goebbels et d’Hitler étaient truffés de préoccupations sociales, de professions de foi de gauche, qu’Hitler admirait Lénine, que le National-Socialisme ne porte pas ce nom pour rien.

On qualifiera, avec la pince à linge sur le nez, le paragraphe précédent d’amalgame, au mépris des faits, de l’Histoire et de toute la philosophie politique. Qu’importe. Demandons-nous plutôt à qui profite le crime. Question toujours indispensable... Quelle merveille que le bourreau soit d’extrême-droite et la victime soit d’extrême-gauche ! Le saint rouge frappé par la peste brune ! Mais n’ont-ils pas tous cherché, provoqué, sucé la bagarre au goulot ? Alors advienne que pourra : le sang, la mort peut-être. La responsabilité est à tout agresseur, qu’il soit blanc ou noir. Y compris si elle ne va pas dans le sens du sacrosaint manichéisme. Et s’il s’avère que le rouge est à l’origine du harcèlement, de la chasse et des coups, quoiqu’il en soit la pire victime, il faudra bien déchanter. Hélas, l’imaginaire idéologique, lui, restera ancré dans les certitudes, y compris contre les faits. Car le fascisme n’a pas de couleur, sauf humaine, il se glisse sous les vestes et retourne les vestes de tous les fanatismes, y compris, quelle évidence, de gauche. N’est-ce pas vouloir faire croire à la puissance suffocante de quelques dizaines d’arriérés lourdingues au front bas, pour cacher la bien réelle déferlante délinquante des altermondialistes lors de leurs rituelles guérillas contre les sommets du G20 ? Pour ne pas voir et ne pas qualifier les émeutes urbaines des banlieues immigrées, qu’elles soient écartées de l’emploi et de l’entreprenariat ou gangrénées par l’islamisme…

Pour un peu, notre jeune homme, notre militant casse-facho, sacré martyr d’une cause aussi nauséabonde que celle qu’elle rêve d’exterminer, aurait droit aux funérailles nationales : « Au fascisme, le gauchisme reconnaissant. » A lui les honneurs douteux de la rue, et la virulence sûre d’elle-même de son cri de guerre sainte, alors qu’elle se bouche les yeux devant les menaces et les meurtres islamistes. Manœuvre qui, au passage, permet de tenter d’éclipser les précédentes occupations de rue par une droite traditionnelle et pacifique ; qu’il est permis de ne pas approuver. Mais quid de la grand-mère égorgée, du militant front-nationaliste tabassé, de l'élève ingénieur assassiné pour une clope, du blanc chrétien lapidé…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Ce qui n’est qu’une guerre de rues entre bandes idéologiques rivales, devient alors une guerre de société. Il faudrait « Interdire la haine », pour suivre l’aval d’un ministre de l’Intérieur en vue. Mais où ira-t-on la chercher, la débusquer, sinon aux dépens de la liberté d’expression ? En traquant les péchés de la conversation, de la culture et des mots par une inquisition digne de l’orwellien crime par la pensée ? Interdire les groupuscules d’extrême-droite, mais pas ceux d’extrême-gauche -l’on admirera le traitement discriminatoire indu-, au risque de les forcer à se cacher, à se radicaliser. C’est contre la violence en acte qu’il faut sévir, au moyen des bras justes de la police et de la justice, pas contre les pensées, si débiles et mortifères soient-elles, sinon par l’éducation et l’argumentation. Une fois de plus la grande figure de l’antifascisme, cette invention à succès de Staline, sert d’oripeaux à la conscience de gauche. Mais il est à craindre que les trous de la tunique masquent mal la mauvaise conscience. A l’heure où l’on peut parader avec un tee-shirt Che Guevara, ce criminel au service du totalitarisme, et passer la nuit en garde à vue pour un tee-shirt de la manif pour tous ornée d’une famille unie, certes trop idéalement, il s’avère que la démocratie républicaine est malade, que la démocratie socialiste autocratique a évincé, par la pression fiscale et mentale, par l’agitation de son drapeau idéologique, la démocratie libérale. Sans compter qu’une fois encore, ô diversion bienvenue, le paravent du fait divers cache, quoique bien mal, jusqu’à ce qu’il se déchire, la grave crise économique socialiste des trois dernières décennies qui nous enchaîne à la catastrophe sociale.

Benoitement, les coïncidences de la chronique nécrologique nous proposent un autre enfumage. De tous bords, l’on salue la mémoire d’un ancien premier ministre socialiste, Pierre Maurois, pour ne pas le nommer. « Un homme de conviction », entend-on en boucle et de droite à gauche. Certes on respectera toujours une vie qui rejoint l’éternité, fût-elle celle de l’oubli. Mais faut-il respecter ses convictions, ses mesures phares : les nationalisations, l’impôt sur la fortune, la retraite à soixante ans ? N’est-il pas de notoriété publique que nos voisins aux succès économiques et sociaux indubitables, la Suisse ou l’Allemagne entre autres, nous envient ces trois conquêtes sociales… Oups ! Cette sainte trinité de notre déconfiture…

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

Ayerbe, Huesca, Aragon.

Photo : T. Guinhut.

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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 14:59

 

Genève-La Rochelle. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

Voyages en archipel,

 

roman.

 

IX

 

De New York à Pacifica.

 

 

 

Sur les sphères, musicalités, ondes, corpuscules, on arrive, upway, freway, verre et alliages légers, aspirés au sortir de l’avion par la langue des couloirs mobiles, voix sucrée, vanillée de l’hôtesse, fly 3313 from Lisbonn, Alessandro et Isabella, fauteuils fuselés au-dessus du volume sensiblement sphérique de l’Atlantique, stéréotypes du voyage moderne… Est-ce parce qu’ils préfèrent aux glaces italiennes les vingt-huit parfums des glaces américaines ? Couloirs, air conditionné, musac, couloir plus étroits, passeports, Isabella, Alessandro, née à Santander, né à Albi, nationalités espagnole et française. Pénétrer la surface des lieux, couloirs de nouveau, mais vitrés en demie sphère, vue sur l’intrication de couloirs semblables, géométrie rayonniste, passagers immobiles, mannequins debout. Escaliers roulants, inoxydables et ronronnant. Les personnages enfin à l’air libre, ils se caractérisent, ils bougent, une ivresse légère les touche avec le soleil ; les deux pieds, par l’entremise des chaussures, sur le continent, bien qu’asphalté, américain.

Aussitôt, trajet dans le taxi loué par la tante d’Isabella, voyage en l’état second de la fiction, odeur d’hamburger-frites, déjà le souvenir typique à ramener en Europe. Babil, délire verbal de haute volée de la tante, panégyrique des U.S.A., pendant que le chauffeur pousse une harangue sur les escargots farcis du restaurant français de son frère sur la dix-neuvième avenue. Halètement intérieur, pression continuelle sur le diaphragme, Alessandro, la tempe collée contre la buée de la vitre, tente d’apercevoir derrière l’horizon, oui, légèrement brunes et bleues, plus haut encore que le regard les cherchait, la même sensation à la vision, au-dessus des nuages, du mont Viso, l’amas compact et gracile des tours de Manhattan.

Ils montent d’abord, très vite, sur la terrasse sommitale du World Trade Center, à quatre cent dix mètres, vent atlantique, giration, aluminium et verre, terre et parallélépipèdes agglomérés sur trois cent soixante degrés ou presque, hors la surface des eaux. Un homme debout lit, avec une lente attention dirait-on, un livre intitulé noir sur jaune, La Publicité directe. Il pourrait lire à cette altitude Jose Lezama Lima ou Robert Musil. Un fauteuil, un bon manteau, ce serait le miroitement intégral du lieu. Il ne s’agit pas seulement de voir, quelques vieux gratte-ciels romantiques dans le bas, air vivace au tympan et au souffle, épingle de Saint-Paul’s Chapel dans une crevasse, fil lumineux et arachnéen dans le soleil du Verrazano Bridge, bronze et marbre élancés de Mies Van Der Rohe, l’Hudson coulure bleue descendue de ses Adirondacks… On devine Rome, Syracuse, Bayonne, Saarinen, Brunelleschi, Paterson, New Rochelle… Quelques cargos dansent dans les détroits. Jubilation, la tête prête à éclater d’impressions et de langages, il faudrait, Sixième Avenue, en marchant, un petit magnétophone à la ceinture ou plus simplement quelque secrétaire roulant à son côté sur une chaise automotrice et tapant sans interruption cette pléthore langagière. Tante Laureen se saoule à tout leur montrer à la fois, le rouge à lèvre liquéfié tellement elle s’excite en parlant ; la ville on dirait sa création personnelle. Isabelle l’écoute, dérive pendant les rares silences accordés, et laisse enfin s’effilocher ses regards, ses pensées. Alessandro ne dit rien, il ne sait pas d’où vient ce qui se bouscule dans sa tête, il ne dit rien sur ce seul coin désert de la terrasse, il se récite une phrase lue dans un guide : « La tour de contrôle du Kennedy International Airport est protégée à son sommet par une carapace de doubles vitres vertes pour résister à des vents de cent quarante-cinq kilomètres heure ». Il y a une menace sur ce seul coin désert de la terrasse ; l’imagination fulgurante devrait se perdre dans le corps de l’ange atlantique qui soutiendrait de ses ailes translucides le plus long texte jamais écrit descendant le long de la paroi de verre du building et s’enlaçant aux blocs suivants, parcourant toutes les rues de la ville ; d’ailleurs c’est ce que fait le New York Times chaque matin…

(…)

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

Extrait du roman Voyages en archipel, 1988

Voyages en archipel, roman.

 

I      De par Marie à Bologne descendu

II     Béatrice à Florence

III    Pléiades parisiennes

IV    Wanderung en Abruzzes

V     Un personnage rétais

VI    Au flanc des Alpes de marbre

VII   Dans les Picos de Europa

VIII  Agrégat d’azulejos

IX    De New-York à Pacifica

X     Une vénitienne annonciation

XI    Groupe de corps dans les Monts de Lacaune

 

Photo : T. Guinhut.

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 07:49

 

Museo de Ciudad Rodrigo, Salamanca, Castilla y León.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Osman Lins : Avalovara,

 

carré magique et assomption amoureuse.

 

 

Osman Lins : Avalovara,

traduit du brésilien par Maryvonne Lapouge,

Les Lettres Nouvelles, Denoël, 360 p, 7,90 €.

 

 

Lecteur convenu qui entre ici et cherche les clichés, laisse toute espérance ! Je vais tenter de lutter contre le crâne de la mort, de ressusciter un roman qui eut peu de lecteurs, un volume peut-être encore disponible, mais cimenté dans l’oubli, en un article qui aura moins de lecteurs encore. Ce Brésilien portait un prénom impossible, un nom plus vif que le reflet d’un bijou sur le poignet d’une femme disparue. Il cisela un titre plus impossible encore, Avalovara, entre 1969 et 1972, un de ces rares romans de quête et d’amour, spiralé dans un carré magique, œuvre d’art totale et tombée du babil de la bibliothèque de Borges.

 

Une structure étonnante et librement contraignante, une dynamique narrative pourtant aisée, une empathie profonde du lecteur avec les personnages… Imaginez alors  le carré magique, lisible dans tous les sens, aux termes palindromes suivants :

S   A   T   O   R

A   R   E   P   O

T   E   N   E   T

O   P   E   R   A

R   O   T   A   S

Trouvé en 200 avant J. C. par Loreius, un esclave de Pompéi, au péril de sa liberté et de sa vie, il est le couronnement de sa quête intellectuelle et mystique : « la sentence est absolument limpide et son seul mystère consiste en un redoublement de sens. Il y est dit : Le laboureur maintient soigneusement la charrue dans le sillon. Qui s’entend également : Le laboureur maintient soigneusement le monde sur son orbite. » C’est ainsi qu’Osman Lins maintient soigneusement son roman sur son orbite spiralée. Car le carré est le « champ de cet ouvrage », quand « A chacune des huit lettres différentes correspond un thème, les huit thèmes réapparaissent périodiquement chaque fois que sur le carré la spirale, entraînée par son mouvement giratoire, fait retour sur celui des huit carrés auquel correspond le thème ».  Le récit, apparemment aléatoire et en archipel obéit donc à une rigoureuse organisation, tissant les vies du narrateur, Abel, et de la femme, représentée par un runique symbole qui, comme le nom de Dieu, ne peut se prononcer ; non pas de manière chronologique, mais en une avancée spiralée depuis leurs vies passées et diverses, jusqu’au moment présent et éternel dans le N central qui est celui de leur amour.

En cette architecture allégorique, la lecture du lecteur acteur construit alors le puzzle jusqu’à sa complétude, celle de la vie et du cosmos. C’est au travers de leurs chemins de vies contrariés que ce nouvel Adam rejoint sa nouvelle Eve, sur un édénique tapis où le mari violent, violeur et trompé vient jouer Caïn en les tuant. Mais sans corrompre l’épiphanie de leur extase érotique et lyrique en ce vaste poème en prose en forme de marelle spirale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Entre temps, Abel a vécu (lettre A) « Ross et les villes », une aventure géographique, poursuivant de ville en ville européennes l’inaccessible et sophistiquée Anneliese Ross. Une autre (lettre T) « Cécilia et les lions » est une jeune hermaphrodite de Recife : « Deux voix m’appellent dans sa bouche : simultanées ?  Deux voix, l’une grave, l’autre aigue, gémissent : Viens ! » La mort l’appellera sur une plage, avec des chevaux. Quand l’amour adultère, et charnel amour courtois, d’Abel et de son aimée se déroule à Sao Paulo, non sans que cette dernière prenne la parole pour devenir, avec la lettre O, narratrice de son destin et de son amour.

Quand « L’horloge de Julius Heckethorn » (lettre P) aussi complexe que le roman, est à la fois cosmos et logos : elle joue le temps et Scarlatti, sa sonate K 462, mais exécutée de manière aléatoire, comme une pièce de Stockhausen. Dans son ordre immuable, son créateur introduit « un principe de désordre ». Elle « atteint, grâce à cette imperfection, à la perfection ». Même si Julius est contraint de fuir le temps du nazisme… Cet épisode, apparemment détaché du reste du roman, est en fait la métaphore de son déroulement.

Ainsi, science ancienne et moderne, mythes et Histoire, autobiographie fictive et  introspection intellectuelle et sensuelle sont intégrés par le romancier en un melting-pot érudit et cependant aussi fluide que les contes des Mille et une nuits. Dans un roman somme, une œuvre d’art totale.

 L’érotisme, vibrant tout au long du parcours narratif, touche à l’apothéose lors de la conclusion mortelle, charnelle et spirituelle ouverte : « Et le paradis ». Non sans les ressources libres, émerveillées, l’envol d’une langue enthousiaste et presque non ponctuée : «  et nous resserrons notre étreinte, un nouvel éclair dans la pièce et l’aboiement furieux plein de dents furieuses nous emplit les oreilles et nous franchissons un seuil et nous intégrons le tapis sommes tissés dans le tapis berges moi et moi d’une claire rivière murmurante peuplée de poissons et de voix nous et les papillons nous et les tournesols, nous et l’oiseau bienveillant les aboiements des chiens de plus en plus distants s’instaure un nouveau et lumineux silence la paix s’instaure et plus rien ne nous atteint, plus rien, nous nous promenons, comblés, enlacés, en compagnie des animaux et des plantes du Jardin. »

 L’ascétisme clinique du Nouveau Roman, voire l’ambition joycienne, a trouvé ici une branche baroque bienvenue, dans laquelle les jeux formels de l’Oulipo ne sont pas loin. Comme les recherches ludiques de Julio Cortazar, dans 62, maquette à monter[1]. Mais avec une vaste dispersion de réalisme magique. De même, l’alliance de la structure  quadrillée, comme par l’espace de vie et de société qui nous est imparti, et du mouvement ascensionnel narratif et mystique de la spirale permettent au lecteur d’initier son propre cheminement, de lecture et d’initiation personnelle. Au sens du concept d’ « œuvre ouverte[2] », tel que théorisé par Umberto Eco. Chez Osman Lins, la structure précise et symbolique n’a rien de vain, elle est au service du sens romanesque ; mais aussi de l’explosion concerté du lyrisme et du tragique : où l’Avalovara est l’oiseau de paradis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Osman Lins (1924-1978) a réalisé là son chef d’œuvre, entre hardiesse formelle rare, distribution géographique, temporelle, et intensité érotique. Malgré les neuf nouvelles baroques et réalistes du Retable de sainte Joana Carolina[3], malgré le roman populiste, western brésilien et nouvelle Enéide, consacré au combat du bien contre le mal, Le Fléau et la pierre[4], et son roman-journal La reine des prisons de Grèce[5] dans lequel un écrivain tente de ressusciter la vie de Julia et son manuscrit. C’est dans ce dernier opus qu’il livra une sorte de credo esthétique : « Je veux voir dans les fous du roman (…) la face noire et crue de l’écriture ». La cruauté du Brésil qui lui était contemporain -hélas il ne vit pas le développement économique considérable qui suivit- lui permit tout de même d’en décrire les noirceurs, mais également, en son sein, les ors de l’écriture, les roseurs les plus fabuleuses de l’éros.

Les livres que nous lisons sont autant le miroir de ce que nous sommes que les livres que nous écrivons ; parce qu’auparavant ils manquaient à la bibliothèque universelle. Qu’Avalovara, ce roman d’une richesse et d’un charme inouïs, jamais, ne lui manque…

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Gallimard, Du Monde entier, 1968.

[2] Umberto Eco : L’œuvre ouverte, Seuil, 1965.

[3] Denoël, Les Lettres Nouvelles, 1971.

[4] Actes Sud, 1989.

[5] Gallimard, Du monde entier, 1980.

 

Nuestra Señora de Codés, Torralba del Río, Navarra.

Photo T. Guinhut

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 12:48

 

Úbeda, Jaén, Andalucia. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

Démona Virago, Cruella du postféministe.

Les Métamorphoses de Vivant, roman.

Sixième métamorphose.

 

 

L’aube est-elle proche ? Est- ce que je dors ? Si je me le demande, c’est que je ne dors pas. Parce que je serais moi ? Suis-je encore moi, Vivant d’Iseye, modeste écrivain de son état, dans cette couche nocturne, menacé, soumis et consentant aux trashentretiens de la grande prêtresse des médias, Arielle Hawks en personne, avant qu’à mon tour je sois radiographié sur le grill de sa tendresse prédatrice… Les draps sont durs. À moins que le cycle des réincarnations soit enfin achevé. Je serais sur le plongeoir du vide ? Je suis quelqu’un d’autre déjà ?

Un autre coup de dés ADN qui d’une seconde à l’autre va cesser de tournoyer chaotiquement pour se disposer en une figure imposée sur la tabula rasa de mon cerveau.... Et, aussitôt, la tumeur maligne d’une personnalité inconnue, prédatrice, se développera. Mais je débloque, je démone ! L’on dirait que je m’ennuie comme un raté traînant le vide de son moi qui n’a rien d’un moi, vivant pas grand-chose, un moine pointillé qui tire à la ligne blanche... Comme si, de tous les vœux secrets d’un moi translucide, j’appelais la défroque et la batterie rechargeable d’un autre, d’une autre pour m’exciter à vivre des fictions et des réalités abominables.

Je serais schizodépendant ? Possédé par l’addiction des masques délirants ? Non… pas cet électrochoc récurrent du traumatisme ! En tous cas, comme tous mes patients lecteurs de leur inconscient, je suis dans un lit. Dans un suaire où j’ai sué toutes les marques christiques de l’inconscient du sommeil. Non ! Je sens que je découche de mon corps, que suis tiré comme sur un toboggan de galets vers le bas, comme les règles rouges lentement dégoulinant entre les jambes, que la peau de mon enveloppe mentale crève et se vide, aspirée, non ! par j’elle ne sais quelle présence qui la remplit à son tour... La tâche que je remplis ne va pas sans résistances. Il me faut accoucher du nouvel ADN de l’humanité. Sexualité féminine : moteur ! Qui n’aurait pas vu dans ce sexe le bouton de départ du plaisir et l’enclencheur de l’indépendance serait vidé du tube vaginal, cathodique et d’éprouvette. Nous qui jetons le tampax de la nuit et nous masturbons pour l’ouverture de la rose du matin, pour la liquéfaction de ses pétales, sa jouvence, parmi les huit mille fibres nerveuses de ce clitoris, douce pine essentiellement féminine érigée... Brusquement, je ne serais plus moi ! Une fois de plus... Ad infinitum. Les mains dans la serpillère baveuse et vulnérable d’un exigent sexe de femme qui serait le mien. Quelle horreur ! Et je ne peux pas m’empêcher de me tripatouiller, de me suaver des doigts et de me peindre des filets de soie profonde dans la chair jusqu’à ce que ça m’irradie sans cesse et me secoue de frissons de neige électrique et d’Yquem... J’elle reviens à la conscience devant l’œil d’une caméra que je devine armée par la prédatrice des médias...

C’était une scène d’ouverture, Dame Démona Virago, comment dirais-je, alléchante. Pour nos showsectatrices, je suppose...

- Chère Mademoiselle Hawks, vos doigts n’auraient-ils pas aimé remplacer les miens dans ce crémeux et bienheureux séjour ? L’expertise de votre langue, chère Arielle, si habile à l’interview, n’aurait-elle pas aimé remplacer habilement ma main entre ces pétales rosés aux humidités complices ?

Puisque notre invitée, la tonitruante Doctoresse et biochimiste, n’a pas voulu nous recevoir dans le secret de sa Clinique Gynécéa, nous l’offrons ouverte à nos showsectatrices et showsectateurs sur le fond intime de notre boudoir-studio, crevés de soie rouge, canapé de fourrure châtain. Elle est habillée ce soir de velours noir, combinaison bustier pantalon d’une seule pièce, implants mammaires et labiaux, mèches frisées aux fer et teintes cuivrées, boucles d’oreilles serpentines de jade vert arsenic, chaussures à talon épées, l’ensemble réalisé par l’agence Des Femmes & Des Sens. Commençons.

- Avec volupté. Parlons de moi. Parlons de l’humanité.

- Qui était votre père, Démona Virago ?

- Question traditionnelle. Machiste abolue. Sachez que le référent paternel et masculin n’est en rien indispensable, superfétatoire en fait.

- Vous vous flattez d’appartenir au signe zodiacal de la Vierge, bien que vous soyez née un deux janvier. Pourquoi mentir ?

- Nous ne sommes pas ce que nous sommes. Nous sommes nos mythes et nos créations. Certainement mon père était une déesse. Une déesse du souffle dans l’oreille de ma mère qui eut avec moi le plus saillant nombril du monde sur le globe de sa grossesse.

- Et du point de vue purement factuel et scientifique qui devrait être le vôtre ?

- Nous admettrons que le spermatozoïde qui a vaincu ses concurrents dans la course à l’ovule était le seul élément virtuellement lesbien qui put rendre possible le développement du fœtus que je fus dans l’utérus de ma génitrice.

- Vous n’avez pas dit que votre père était chirurgien au Central Hospital de Philadelphie. Un expert du cancer du sein, a-t-on dit. Il est mort d’un cancer du scrotum dont il a refusé l’ablation. Un cancer foudroyant, alors que vous aviez quinze ans. Doit-on voir là une explication, en quelque sorte psychanalytique, à votre vocation ?

- Irrecevable. Seul l’alcoolisme l’a tué. Et à grand feu encore.

- Parlez-moi de votre mère. Qui sûrement ne manque pas le direct de notre massacrentretien.

- Une femme sage et patiente, trop patiente. C’est à dire une opprimée. Des millénaires de culture mâle pèsent sur le cliché de ses frêles épaules et de son teint blanc d’avant les suffragettes. Sur ses thés à la bergamote et son panier à broderie d’avant Le Deuxième sexe. No comment.

- Démona Virago, vous vous êtes rendue célèbre grâce à l’insémination artificielle d’une ovule étrangère sur une Romaine de soixante-cinq ans. Elle put devenir mère d’un beau bébé. La presse mondiale s’en est fait l’écho outragé. Scandale et émerveillement. Applaudissements et pouces tendus vers le sable de l’arène médiatique. Ironie et apitoiement. Que leur répondez-vous ?

- Hélas, c’était un garçon.

- Vous avez repoussé les limites de la maternité, en dépit de la nature.

- J’ai permis aux femmes du troisième âge, qui sont déjà les plus nombreuses, de passer outre leur infertilité.

- Parce qu’elles représentent un formidable marché potentiel ?

- Parce qu’être grand-mère est une frustration que mon expertise technique permet de franchir, de rédimer. Parce que les femmes prennent en main leur destin de post-femme active, leur descendance enfin, pour que la sélection genrée, en une seconde étape de ma démarche, permette l’essor de la gynécratie.

-  Mais pour quelle espérance de vie ? Quand cet enfant aura vingt ans, sa vieillarde de mère, si elle n’est pas déjà cadavérée, en aura peut-être fait un jeune vieillot à la mentalité défraichie. Ou un révolté d’un conflit de génération sans précédent. Un tueur de vieilles...

- Ce pourquoi je ne conçois plus que de concevoir des filles.

- Revenons à votre époustouflante carrière. Vous avez ensuite défrayé la chronique en cultivant des spermatides humaines destinés à mûrir dans des testicules de rats. Pourquoi ?

- Tout simplement, dans un premier temps, pour suppléer à une impuissance masculine.

- Bientôt les résultats furent si concluants que vous parveniez à reconstituer biochimiquement ces testicules animaux et réaliser ce mûrissement in vitro.

- La seconde étape destinée à pouvoir se passer de l’intrusion des hommes était en voie d’être définitivement franchie.

- Est-ce à dire que cette production artificielle des spermatozoïdes figure parmi les prémices de la disparation programmée de l’humanité masculine ?

- Oui, sans aucun doute. Sous peu, nous manipulerons les éléments suffisants de la vie, y compris l’ADN et les chromosomes, pour reproduire et modifier comme un légo la structure intime du spermatozoïde, strictement programmé pour n’engendrer que des fœtus féminins.

-  De telles conquêtes et autres déclarations vous ont valu les foudres du Pape. “Seul Dieu est maître du dessein de ses créatures”, soulignait l’encyclique de Bologne.

-  Voilà l’inquisition qui a pris son Viagra et relève la tête violette de son pénis épuisé... Les femmes ont toujours été des sorcières pour ce genre de religion monothéiste mâle. Ne me dites pas, Miss Arielle Hawks, que vous cautionnez ce genre d’archaïsme !

- On a vivement critiqué vos prélèvements ovariens, vos congélations d’ovocytes immatures bientôt fécondés afin d’obtenir une réserve d’embryons humains. Qui sont ces embryons ? Sont-ce déjà des personnes humaines ? Vous les avez peut-être fait naître. Les ferez-vous mourir aussitôt ? À quels trafics vous livrez-vous ?

- Aucun. Ils me permettent seulement, chez une femme aux ovulations paresseuses, d’obtenir une alternative à la stérilité. Il y a peu, avec une fécondation in vitro, l’on n’avait qu’une chance sur dix de voir naître un bébé. Bientôt les embryons obtenus n’auront plus qu’à être sélectionnés grâce aux biopuces à recherches ADN pour leurs performances sanitaires afin de les transplanter dans l’utérus de la future maman à chacun de ses cycles jusqu’au développement de l’heureux élu.

- Et ceux qui ne sont pas élus ?

- Ils n’existent de toute façon pas. Comme toute femme a droit à l’interruption de sa grossesse si elle n’a ni les moyens ni le désir de mettre bas, pour des raisons sentimentales ou techniques, ou si le fœtus est trisomique, la mère a droit de disparition sur les embryonclones non utilisés, comme sur ceux non souhaités pour des raisons génétiques et sanitaires.

- Peut-on vous faire confiance quant au nombre des embryons ? N’avez-vous pas une sorte de copyright, un droit d’expérimentation sur vos embryocréatures ? Qu’en ferez-vous ?

- C’est beaucoup trop de questions à la fois, Mistress Arielle... Vous allez embrouiller vos, comment dites-vous, “showsectateurs”...

- Répondez.

- Vous savez, si l’on transporte des cellules adultes de la patiente dans un ovocyte énucléé, cet embryon n’en est pas vraiment un. Seulement une virtualité aux fins d’étude. Pour, par exemple, imaginer de recréer des tissus aisément greffables sur le sujet elle-même. Comme des pièces de rechange que son propre corps aurait produit.

- Des clones à la merci de leurs propriétaires.

- N’abusons pas des mots, Mistress Arielle. Des cultures de laboratoire, voilà tout.

- En somme, une technologie médicale moralement anodine aux potentialités inouïes, n’est-ce pas...

- Merci de le reconnaître sans ironie.

- Sur laquelle vous conservez le copyright, les droits de reproduction, y compris dans les deux sens de ce dernier mot...

- Comme tout créateur. Comme vous-même sur vos entretiens qui sont vos créatures.

- Est-ce un droit faustien de reproduction de vos clonéatures ? Que dites-vous, Doctoressa Démona, de ce bocal à cornichons dûment étiqueté par les soins de votre établissement ?

- Qu’il ne s’agit que d’une culture organique... Comment avez-vous eu cela ? Qui vous a permis de violer nos locaux ? Dois-je porter plainte pour vol, Miss Charognarde ?

- Tout doux... Culture oui, mais dans cette apparence anodine d’eau salée, dans ce jus d’huitre au gorgonzola, ce sont ni plus ni moins que des embryons humanoïdes... Si nos experts le certifient, ils n’ont pu en dire plus sur l’opération étrange qui était là en cours... Cette éprouvette pot à moutarde aurait du mal à passer pour un vase zen. Prenez-le, Démona Virago, et dites nous qui sont les gentils garçons et filles aux ADN coupés collés qui s’ébattent dans ce placentaire liquide… Voire de gentils monstres femelles nantis de la force musculaire d’un mâle…

- Oh, pardonnez-moi !

- Vous aviez un bien beau bureau de marbre rose italien... J’espère que ces éclats de verre et la solution qu’ils contenaient n’ont aucun pouvoir corrosif...

- Dois-je supposer que par un faux-mouvement savamment conçu vous avez délibérément éclaté cette pièce à conviction ?

- Pour vous éviter d’être ridicule. Vos admirateurs achètent-ils vraiment de tels échantillons de l’eau de votre bain ? Poueurk...

- Chers showsectateurs, c’était notre séquence “Meurtre en direct. Vingt-huit féminhomoncules aquatiques balancés sur le sol aride du bureau des dépositions. Vingt-huit bébés innommables privés de toute possibilité de vie. Notre chère invitée est-elle coupable d’assassinat, d’avortement, de distraction de preuve tératologique ? Laissons s’égrener une minute de silence, sans même le ressac de la publicité, pour qu’en contemplant ce gros plan des marbrures du liquide sur fond de coquillages fossiles où agonisent nos embryons orphelins, nos showsectateurs puissent plonger dans les abysses de leur conscience et nous donner en temps réel leur verdict...

 

Oñati, Gipuzkoa.. Photo : T. Guinhut.

 

- J’elle est pire que je le pensais... Avoir jeté toutes mes créatures ! Le sperme de mon scrotum, le feu de mes reins, mes enfants romanesques, les personnages en gestation de mes livres... C’est comme si, éjaculant dans les draps froids de la solitude, j’imaginais que l’âme d’une femme, Ariellepeut-être, vienne féconder mes vies avant qu’elles se dessèchent. Les enfants que je n’ai pas eu, où seul ceux livresque dont mon état d’écrivain m’autorise. Où cette vieille bique de Virago est-elle allée pêcher ces graines de bébés condamnés ? Ne m’a-t-elle investi l’intérieur que pour me voler mes jus orgasmiques, me castrer ? Oh, je suis mal... Tous mes fantasmes me vomissent sur cette table de talk-show, table d’opération, table de jugement dernier... Dire que je suis bloqué dans les maxillaires ironiques de cette maîtresse femme immobile. Je sais, dès que la minute de silence sera achevée, j’elle...

- Notre chère invitée, Démona Virago ici présente, est-elle coupable d’assassinat ?

- Non, répondent à 51 % nos showsectateurs.

- 51 % de vos showsectateurs sont donc d’affreux rétrogrades.

 - Démona Virago ici présente, est-elle coupable de fomenter des naissances monstrueuses ? Oui, répondent à 89 % nos showsectateurs. Qui ne sont cependant pas des juristes.

- Auriez-vous demandé si j’étais innocente de la non évolution d’organismes pluricellaires d’origine humaine que vous auriez obtenu un chiffre nettement plus favorable.

- Eh bien ! essayons. Laissons à nos showsecteurs plus ou moins incultes et doués de raison quelques instants de réflexion pendant que défile sur votre écran cette publicité pour l’Abortion Clinic de Nice & Sans Remo montrant l’avant et l’après d’une jeune fille de quinze ans engrossée puis débarrassée... Voyez combien le rythme lourd du début de la séquence devient léger, allègre... Je suis certaine, Miss Virago, que vous adorez. Que vous appréciez l’esprit d’à-propos qui fait répondre au besoin d’enfant chez les couples stériles, ce désir d’éliminer un bébé non désiré, handicapant, voire venu d’un viol. Cherchez l’erreur. Ah, voilà votre réponse. Vous aviez raison : 51,5%. Comme l’opinion est versatile, n’est-ce pas ?

- À moins que mon succès ait été amoindri par la tournure partisane de votre première question…

- Oubliez-vous que la règle d’or du journalisme est de ne faire montre d’aucune opinion quand il ne s’agit que d’information ?

- Je n’ignore pas que choisir une information, sélectionner un adjectif et un talent rhétorique sont déjà des choix idéologiques et sexués.

 - Alors, chère Démona Virago, pourquoi vous ai-je choisie ?

- Pour que nous en tirions toutes les deux des retombées financières. Et une gloire, même et surtout digne de notre sorcellerie.

- Revenons à vos manipulations génétiques sur l’embryon.

- Pourquoi une femme devrait-elle se contenter de se reproduire en concevant  un individu dont elle ignore tout, dont elle ne peut maîtriser aucun paramètre ? Physique, sexuel, mental, prédispositions aux maladies, traçabilité de la réussite, de l’insertion sociale et de l’équilibre affectif, de l’idéologie enfin. Chaque mère joue aux dés avec sa généalogie, avec celle de son machiste instrument reproducteur, pour être livrée au tirage sous les traits d’un strict inconnu fort risqué. Sans aucun recours au grattage. Nous n’acceptons plus d’être les esclaves de nos gènes. Encore moins de jouer à la loterie en introduisant un spermatozoïde étranger, et qui plus est forcément masculin, totalement incontrôlé.

- Vous allez faire hurler ceux pour qui les desseins de Dieu sont impénétrables.

- Je suis de celles pour qui les desseins de ce dieu patriarcal, ou plus exactement de la seule nature, sont troués de caries.

- Notre ADN, notre biochimie, véhiculent donc des caries. Comment les reconnaîtrez-vous ?

- La cartographie totale du génome humain est un jeu d’enfant. Comparez deux, trois, cent, mille portraits ADN. Connaissez les profils sanitaires, psychologiques  et psychotiques de leurs propriétaires. Et vous isolez les gènes de l’obésité, de la maladie d’Alzheimer, de la myopathie, du crime, de la masculinité !... Il suffit de délivrer l’embryon des gènes nuisibles pour s’assurer un capital infante sain.

- Certains de ces gènes, si tant est qu’ils existent tous, ne sont-ils pas que des prédispositions, non des certitudes, des phénomènes multifactoriels, liés plus à des comportements sociaux et privés qu’à des déterminismes imparables ? Et que faites-vous des interactions complexes, chaotiques, non prédictibles ?

- Ce ne sont que les limites actuelles, provisoires et dépassables de notre science.

- Ne risquez-vous pas deviser des gènes fantasmatiques : gène du divorce, de la trahison, de la paresse, de l’agression, de la bêtise ? De confondre démarche scientifique et morale partisane, voire totalitaire ? Ferez-vous de celui dont vous avez dressé la carte d’identité ADN, un paria des Assurances, un exclue du marché du travail, un veuf de l’amour? On a dit qu’une grande société d’assurances, la Cosmos Destiny Trans Life dont vous voyez les images et récits hypocrites se dandiner sur notre fenêtre pub,  vous a proposé un vaste contrat d’exploitation ?

- Non... Puisqu’il aura déjà été sélectionné pour son zéro défaut avant d’avoir obtenu l’autorisation de se développer et de naître. Et de surcroit, pour moins de risque, sélectionné uniquement féminine.

(...)

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

Extrait d'un roman encours : Les Métamorphoses de Vivant, roman, prologue

 

Quinto, Zaragoza, Aragon. Photo : T. Guinhut.

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Bakounine

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

L'anarchisme : tyrannie ou liberté ?

 

 

 

 

 

 

Ballard

Le romancier philosophe de Crash et Millenium people

Nouvelles : un artiste de la science-fiction

 

 

 

 

 

 

 

Bande dessinée, Manga

Roman graphique et bande-dessinée

Mangas horrifiques et dystopiques

 

 

 

 

 

 

 

Barcelo

Cahiers d'Himalaya, Nuit sur le mont chauve

 

 

 

 

 

 

 

Barrett Browning

E. Barrett Browning et autres sonnettistes

 

 

 

 

 

 

 

Bashô

Bashô : L'intégrale des haikus

 

 

 

 

 

 

Basile

Le conte des contes, merveilleux rabelaisien

 

 

 

 

 

 

Bastiat

Le libéralisme contre l'illusion de l'Etat

 

 

 

 

 

 

Baudelaire

Baudelaire, charogne ou esthète moderne ?

"L'homme et la mer", romantisme noir

Vanité et génie du dandysme

Baudelaire de Walter Benjamin

Poésie en vers et poésie en prose

 

 

 

 

 

 

Beauté, laideur

Faillite et universalité de la beauté, de l'Antiquité à notre contemporain, essai, La Mouette de Minerve éditeur

Art et bauté, de Platon à l’art contemporain

Laideur et mocheté

Peintures et paysages sublimes

 

 

 

 

 

 

Beckett 

En attendant Godot : le dénouement

 

 

 

 

 

 

Benjamin

Baudelaire par Walter Benjamin

Conscience morale et littérature

Critique de la violence et vices politiques

Flâneurs et voyageurs

Walter Benjamin : les soixante-treize sonnets

Paris capitale des chiffonniers du XIX°siècle

 

 

 

 

 

 

Benni

Toutes les richesses, Grammaire de Dieu

 

 

 

 

 

 

Bernhard

Goethe se mheurt et autres vérités

 

 

 

 

 

 

 

Bibliothèques

Histoire de l'écriture & Histoire du livre

Bibliophilie : Nodier, Eco, Apollinaire

Eloges des librairies, libraires et lecteurs

Babel des routes de la traduction

Des jardins & des livres, Fondation Bodmer

De l'incendie des livres et des bibliothèques

Bibliothèques pillées sous l'Occupation

Bibliothèques vaticane et militaires

Masques et théâtre en éditions rares

De Saint-Jérôme au contemporain

Haine de la littérature et de la culture

Rabie : La Bibliothèque enchantée

Bibliothèques du monde, or des manuscrits

Du papyrus à Google-books : Darnton, Eco

Bibliothèques perdues et fictionnelles

Livres perdus : Straten,  Schlanger, Olender

Bibliophilie rare : Géants et nains

Manguel ; Uniques fondation Bodmer

 

 

 

 

 

 

 

Blake

Chesterton, Jordis : William Blake ou l’infini

Le Mariage du ciel et de l’enfer

 

 

 

 

 

 

 

Blasphème

Eloge du blasphème : Thomas-d'Aquin, Rushdie, Cabantous, Beccaria

 

 

 

 

 

 

Blog, critique

Du Blog comme œuvre d’art

Pour une éthique de la critique littéraire

Du temps des livres aux vérités du roman

 

 

 

 

 

 

 

Bloom

Amour, amitié et culture générale

 

 

 

 

 

 

 

Bloy

Le désespéré enlumineur de haines

 

 

 

 

 

 

 

Bolaño

L’artiste et le mal : 2666, Nocturne du Chili

Les parenthèses du chien romantique

Poète métaphysique et romancier politique

 

 

 

 

 

 

 

Bonnefoy

La poésie du legs : Ensemble encore

 

Borel

Pétrus Borel lycanthrope du romantisme noir

 

 

 

 

 

 

 

Borges

Un Borges idéal, équivalent de l'univers

Géographies des bibliothèques enchantées

Poèmes d’amour, une anthologie

 

 

 

 

 

 

 

Brague

Légitimité de l'humanisme et de l'Histoire

Eloge paradoxal du christianisme, sur l'islam

 

 

 

 

 

 

Brésil

Poésie, arts primitifs et populaires du Brésil

 

 

 

 

 

 

Bruckner

La Sagesse de l'argent

Pour l'annulation de la Cancel-culture

 

Brume et brouillard

Science, littérature et art du brouillard

 

 

 

 

 

 

Burgess

Folle semence de L'Orange mécanique

 

 

 

 

 

 

 

Burnside

De la maison muette à l'Eté des noyés

 

 

 

 

 

 

Butor

Butor poète et imagier du Temps qui court

Butor Barcelo : Une nuit sur le mont chauve

 

 

 

 

 

 

Cabré

Confiteor : devant le mystère du mal

 

 

 

 

 

 

 

Canetti

La Langue sauvée de l'autobiographie

 

 

 

 

 

 

Capek

La Guerre totalitaire des salamandres

 

 

 

 

 

 

 

Capitalisme

Eloge des péchés capitaux du capitalisme

De l'argument spécieux des inégalités

La sagesse de l'argent : Pascal Bruckner

Vers le paradis fiscal français ?

 

 

 

 

 

 

Carrion

Les orphelins du futur post-nucléaire

Eloges des librairies et des libraires

 

 

 

 

 

 

 

Cartarescu

La trilogie roumaine d'Orbitor, Solénoïde ; Manea : La Tanière

 

 

 

 

 

 

 

Cartographie

Atlas des mondes réels et imaginaires

 

 

 

 

 

 

 

Casanova

Icosameron et Histoire de ma vie

 

 

 

 

 

 

Catton

La Répétition, Les Luminaires

 

 

 

 

 

 

Cavazzoni

Les Géants imbéciles et autres Idiots

 

 

 

 

 

 

 

Celan

Paul Celan minotaure de la poésie

Celan et Bachmann : Lettres amoureuses

 

 

 

 

 

 

Céline

Voyage au bout des pamphlets antisémites

Guerre : l'expressionnisme vainqueur

Céline et Proust, la recherche du voyage

 

 

 

 

 

 

 

Censure et autodafé

Requiem pour la liberté d’expression : entre Milton et Darnton, Charlie et Zemmour

Livres censurés et colères morales

Incendie des livres et des bibliothèques : Polastron, Baez, Steiner, Canetti, Bradbury

Totalitarisme et Renseignement

Pour l'annulation de la cancel culture

 

 

 

 

 

 

Cervantès

Don Quichotte peint par Gérard Garouste

Don Quichotte par Pietro Citati et Avellaneda

 

 

 

 

 

 

Cheng

Francois Cheng, Longue route et poésie

 

 

 

 

 

 

Chesterton

William Blake ou l'infini

Le fantaisiste du roman policier catholique

 

Chevalier

La Dernière fugitive, À l'orée du verger

Le Nouveau, rééecriture d'Othello

Chevalier-la-derniere-fugitive

 

Chine

Chen Ming : Les Nuages noirs de Mao

Du Gène du garde rouge aux Confessions d'un traître à la patrie

Anthologie de la poésie chinoise en Pléiade

 

 

 

 

 

 

Civilisation

Petit précis de civilisations comparées

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

 

 

 

 

 

 

 

Climat

Histoire du climat et idéologie écologiste

Tyrannie écologiste et suicide économique

 

 

 

 

 

 

Coe

Peines politiques anglaises perdues

 

 

 

 

 

 

 

Colonialisme

De Bartolomé de Las Casas à Jules Verne

Métamorphoses du colonialisme

Mario Vargas Llosa : Le rêve du Celte

Histoire amérindienne

 

 

 

 

 

 

Communisme

"Hommage à la culture communiste"

Karl Marx théoricien du totalitarisme

Lénine et Staline exécuteurs du totalitarisme

 

 

 

 

 

 

Constant Benjamin

Libertés politiques et romantiques

 

 

 

 

 

 

Corbin

Fraicheur de l'herbe et de la pluie

Histoire du silence et des odeurs

Histoire du repos, lenteur, loisir, paresse

 

 

 

 

 

 

 

Cosmos

Cosmos de littérature, de science, d'art et de philosophie

 

 

 

 

 

 

Couleurs
Couleurs de l'Occident : Fischer, Alberti

Couleurs, cochenille, rayures : Pastoureau

Nuanciers de la rose et du rose

Profondeurs, lumières du noir et du blanc

Couleurs des monstres politiques

 

 

 

 

 


Crime et délinquance

Jonas T. Bengtsson et Jack Black

 

 

 

 

 

 

 

Cronenberg

Science-fiction biotechnologique : de Consumés à Existenz

 

 

 

 

 

 

 

Dandysme

Brummell, Barbey d'Aurevilly, Baudelaire

 

 

 

 

 

 

Danielewski

La Maison des feuilles, labyrinthe psychique

 

 

 

 

 

 

Dante

Traduire et vivre La Divine comédie

Enfer et Purgatoire de la traduction idéale

De la Vita nuova à la sagesse du Banquet

Manguel : la curiosité dantesque

 

 

 

 

 

 

Daoud

Meursault contre-enquête, Zabor

Le Peintre dévorant la femme

 

 

 

 

 

 

 

Darger

Les Fillettes-papillons de l'art brut

 

 

 

 

 

 

Darnton

Requiem pour la liberté d’expression

Destins du livre et des bibliothèques

Un Tour de France littéraire au XVIII°

 

 

 

 

 

 

 

Daumal

Mont analogue et esprit de l'alpinisme

 

 

 

 

 

 

Defoe

Robinson Crusoé et romans picaresques

 

 

 

 

 

 

 

De Luca

Impossible, La Nature exposée

 

 

 

 

 

 

 

Démocratie

Démocratie libérale versus constructivisme

De l'humiliation électorale

 

 

 

 

 

 

 

Derrida

Faut-il pardonner Derrida ?

Bestiaire de Derrida et Musicanimale

Déconstruire Derrida et les arts du visible

 

 

 

 

 

 

Descola

Anthropologie des mondes et du visible

 

 

 

 

 

 

Dick

Philip K. Dick : Nouvelles et science-fiction

Hitlérienne uchronie par Philip K. Dick

 

 

 

 

 

 

 

Dickinson

Devrais-je être amoureux d’Emily Dickinson ?

Emily Dickinson de Diane de Selliers à Charyn

 

 

 

 

 

 

 

Dillard

Eloge de la nature : Une enfance américaine, Pèlerinage à Tinker Creek

 

 

 

 

 

 

 

Diogène

Chien cynique et animaux philosophiques

 

 

 

 

 

 

 

Dostoïevski

Dostoïevski par le biographe Joseph Frank

 

 

 

 

 

 

Eco

Umberto Eco, surhomme des bibliothèques

Construire l’ennemi et autres embryons

Numéro zéro, pamphlet des médias

Société liquide et questions morales

Baudolino ou les merveilles du Moyen Âge

Eco, Darnton : Du livre à Google Books

 

 

 

 

 

 

 

Ecologie, Ecologismes

Greenbomber, écoterroriste

Archéologie de l’écologie politique

Monstrum oecologicum, éolien et nucléaire

Ravages de l'obscurantisme vert

Wohlleben, Stone : La Vie secrète des arbres, peuvent-il plaider ?

Naomi Klein : anticapitalisme et climat

Biophilia : Wilson, Bartram, Sjöberg

John Muir, Nam Shepherd, Bernd Heinrich

Emerson : Travaux ; Lane : Vie dans les bois

Révolutions vertes et libérales : Manier

Kervasdoué : Ils ont perdu la raison

Powers écoromancier de L'Arbre-monde

Ernest Callenbach : Ecotopia

 

 

 

 

 

 

Editeurs

Eloge de L'Atelier contemporain

Diane de Selliers : Dit du Genji, Shakespeare

Monsieur Toussaint Louverture

Mnémos ou la mémoire du futur

 

 

 

 

 

 

Education

Pour une éducation libérale

Allan Bloom : Déclin de la culture générale

Déséducation et rééducation idéologique

Haine de la littérature et de la culture

De l'avenir des Anciens

 

 

 

 

 

 

Eluard

« Courage », l'engagement en question

 

 

 

 

 

 

 

Emerson

Les Travaux et les jours de l'écologisme

 

 

 

 

 

 

 

Enfers

L'Enfer, mythologie des lieux

Enfers d'Asie, Pu Songling, Hearn

 

 

 

 

 

 

 

Erasme

Erasme, Manuzio : Adages et humanisme

Eloge de vos folies contemporaines

 

 

 

 

 

 

 

Esclavage

Esclavage en Moyen âge, Islam, Amériques

 

 

 

 

 

 

Espagne

Histoire romanesque du franquisme

Benito Pérez Galdos, romancier espagnol

 

 

 

 

 

 

Etat

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Constructivisme versus démocratie libérale

Amendements libéraux à la Constitution

Couleurs des monstres politiques

Française tyrannie, actualité de Tocqueville

Socialisme et connaissance inutile

Patriotisme et patriotisme économique

La pandémie des postures idéologiques

Agonie scientifique et sophisme français

Impéritie de l'Etat, atteinte aux libertés

Retraite communiste ou raisonnée

 

 

 

 

 

 

 

Etats-Unis romans

Dérives post-américaines

Rana Dasgupta : Solo, destin américain

Bret Easton Ellis : Eclats, American psycho

Eugenides : Middlesex, Roman du mariage

Bernardine Evaristo : Fille, femme, autre

La Muse de Jonathan Galassi

Gardner : La Symphonie des spectres

Lauren Groff : Les Furies

Hallberg, Franzen : City on fire, Freedom

Jonathan Lethem : Chronic-city

Luiselli : Les Dents, Archives des enfants

Rick Moody : Démonologies

De la Pava, Marissa Pessl : les agents du mal

Penn Warren : Grande forêt, Hommes du roi

Shteyngart : Super triste histoire d'amour

Tartt : Chardonneret, Maître des illusions

Wright, Ellison, Baldwin, Scott-Heron

 

 

 

 

 

 

 

Europe

Du mythe européen aux Lettres européennes

 

 

 

 

 

 

Fables politiques

Le bouffon interdit, L'animal mariage, 2025 l'animale utopie, L'ânesse et la sangsue

Les chats menacés par la religion des rats, L'Etat-providence à l'assaut des lions, De l'alternance en Démocratie animale, Des porcs et de la dette

 

 

 

 

 

 

 

Fabre

Jean-Henri Fabre, prince de l'entomologie

 

 

 

 

 

 

 

Facebook

Facebook, IPhone : tyrannie ou libertés ?

 

 

 

 

 

 

Fallada

Seul dans Berlin : résistance antinazie

 

 

 

 

 

 

Fantastique

Dracula et autres vampires

Lectures du mythe de Frankenstein

Montgomery Bird : Sheppard Lee

Karlsson : La Pièce ; Jääskeläinen : Lumikko

Michal Ajvaz : de l'Autre île à l'Autre ville

Morselli Dissipatio, Longo L'Homme vertical

Présences & absences fantastiques : Karlsson, Pépin, Trias de Bes, Epsmark, Beydoun

 

 

 

 

 

 

Fascisme

Histoire du fascisme et de Mussolini

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Haushofer : Sonnets de Moabit

 

 

 

 

 

 

 

Femmes

Lettre à une jeune femme politique

Humanisme et civilisation devant le viol

Harcèlement et séduction

Les Amazones par Mayor et Testart

Christine de Pizan, féministe du Moyen Âge

Naomi Alderman : Le Pouvoir

Histoire des féminités littéraires

Rachilde et la revanche des autrices

La révolution du féminin

Jalons du féminisme : Bonnet, Fraisse, Gay

Camille Froidevaux-Metterie : Seins

Herland, Egalie : républiques des femmes

Bernardine Evaristo, Imbolo Mbue

 

 

 

 

 

 

Ferré

Providence du lecteur, Karnaval capitaliste ?

 

 

 

 

 

 

Ferry

Mythologie et philosophie

Transhumanisme, intelligence artificielle, robotique

De l’Amour ; philosophie pour le XXI° siècle

 

 

 

 

 

 

 

Finkielkraut

L'Après littérature

L’identité malheureuse

 

 

 

 

 

 

Flanagan

Livre de Gould et Histoire de la Tasmanie

 

 

 

 

 

 

 

Foster Wallace

L'Infinie comédie : esbroufe ou génie ?

 

 

 

 

 

 

 

Foucault

Pouvoirs et libertés de Foucault en Pléiade

Maîtres de vérité, Question anthropologique

Herculine Barbin : hermaphrodite et genre

Les Aveux de la chair

Destin des prisons et angélisme pénal

 

 

 

 

 

 

 

Fragoso

Le Tigre de la pédophilie

 

 

 

 

 

 

 

France

Identité française et immigration

Eloge, blâme : Histoire mondiale de la France

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

Antilibéralisme : Darien, Macron, Gauchet

La France de Sloterdijk et Tardif-Perroux

 

 

 

 

 

 

France Littérature contemporaine

Blas de Roblès de Nemo à l'ethnologie

Briet : Fixer le ciel au mur

Haddad : Le Peintre d’éventail

Haddad : Nouvelles du jour et de la nuit

Jourde : Festins Secrets

Littell : Les Bienveillantes

Louis-Combet : Bethsabée, Rembrandt

Nadaud : Des montagnes et des dieux

Le roman des cinéastes. Ohl : Redrum

Eric Poindron : Bal de fantômes

Reinhardt : Le Système Victoria

Sollers : Vie divine et Guerre du goût

Villemain : Ils marchent le regard fier

 

 

 

 

 

 

Fuentes

La Volonté et la fortune

Crescendo du temps et amour faustien : Anniversaire, L'Instinct d'Inez

Diane chasseresse et Bonheur des familles

Le Siège de l’aigle politique

 

 

 

 

 

 

 

Fumaroli

De la République des lettres et de Peiresc

 

 

 

 

 

 

Gaddis

William Gaddis, un géant sibyllin

 

 

 

 

 

 

Gamboa

Maison politique, un roman baroque

 

 

 

 

 

 

Garouste

Don Quichotte, Vraiment peindre

 

 

 

 

 

 

 

Gass

Au bout du tunnel : Sonate cartésienne

 

 

 

 

 

 

 

Gavelis

Vilnius poker, conscience balte

 

 

 

 

 

 

Genèse

Adam et Eve, mythe et historicité

La Genèse illustrée par l'abstraction

 

 

 

 

 

 

 

Gilgamesh
L'épopée originelle et sa photographie


 

 

 

 

 

 

Gibson

Neuromancien, Identification des schémas

 

 

 

 

 

 

Girard

René Girard, Conversion de l'art, violence

 

 

 

 

 

 

 

Goethe

Chemins de Goethe avec Pietro Citati

Goethe et la France, Fondation Bodmer

Thomas Bernhard : Goethe se mheurt

Arno Schmidt : Goethe et un admirateur

 

 

 

 

 

 

 

Gothiques

Frankenstein et autres romans gothiques

 

 

 

 

 

 

Golovkina

Les Vaincus de la terreur communiste

 

 

 

 

 

 

 

Goytisolo

Un dissident espagnol

 

 

 

 

 

 

Gracian

L’homme de cour, Traités politiques

 

 

 

 

 

 

 

Gracq

Les Terres du couchant, conte philosophique

 

 

 

 

 

 

Grandes

Le franquisme du Cœur glacé

 

 

 

 

 

 

 

Greenblatt

Shakespeare : Will le magnifique

Le Pogge et Lucrèce au Quattrocento

Adam et Eve, mythe et historicité

 

 

 

 

 

 

 

Guerre et violence

John Keegan : Histoire de la guerre

Storia della guerra di John Keegan

Guerre et paix à la Fondation Martin Bodmer

Violence, biblique, romaine et Terreur

Violence et vices politiques

Battle royale, cruelle téléréalité

Honni soit qui Syrie pense

Emeutes et violences urbaines

Mortel fait divers et paravent idéologique

Violences policières et antipolicières

Stefan Brijs : Courrier des tranchées

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

 

 

 

 

 

Guinhut Muses Academy

Muses Academy, roman : synopsis, Prologue

I L'ouverture des portes

II Récit de l'Architecte : Uranos ou l'Orgueil

Première soirée : dialogue et jury des Muses

V Récit de la danseuse Terpsichore

IX Récit du cinéaste : L’ecpyrose de l’Envie

XI Récit de la Musicienne : La Gourmandise

XIII Récit d'Erato : la peintresse assassine

XVII Polymnie ou la tyrannie politique

XIX Calliope jeuvidéaste : Civilisation et Barbarie

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Philosophie politique

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Faillite et universalité de la beauté, de l'Antiquité à notre contemporain, essai

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Au Coeur des Pyrénées

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Pyrénées entre Aneto et Canigou

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Haut-Languedoc

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Montagne Noire : Journal de marche

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Triptyques

Le carnet des Triptyques géographiques

 

 

 

 

 

 

Guinhut Le Recours aux Monts du Cantal

Traversées. Le recours à la montagne

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Le Marais poitevin

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut La République des rêves

La République des rêves, roman

I Une route des vins de Blaye au Médoc

II La Conscience de Bordeaux

II Le Faust de Bordeaux

III Bironpolis. Incipit

III Bironpolis. Les nuages de Titien 

IV Eros à Sauvages : Les belles inconnues

IV Eros : Mélissa et les sciences politiques

VII Le Testament de Job

VIII De natura rerum. Incipit

VIII De natura rerum. Euro Urba

VIII De natura rerum. Montée vers l’Empyrée

VIII De natura rerum excipit

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Les Métamorphoses de Vivant

I Synopsis, sommaire et prologue

II Arielle Hawks prêtresse des médias

III La Princesse de Monthluc-Parme

IV Francastel, frontnationaliste

V Greenbomber, écoterroriste

VI Lou-Hyde Motion, Jésus-Bouddha-Star

VII Démona Virago, cruella du-postféminisme

 

 

 

 

 

 

Guinhut Voyages en archipel

I De par Marie à Bologne descendu

IX De New-York à Pacifica

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

Sonnets des paysages

Sonnets de l'Art poétique

Sonnets autobiographiques

Des peintres : Crivelli, Titien, Rothko, Tàpies, Twombly

Trois requiem : Selma, Mandelstam, Malala

 

 

 

 

 

 

Guinhut Trois vies dans la vie d'Heinz M

I Une année sabbatique

II Hölderlin à Tübingen

III Elégies à Liesel

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Le Passage des sierras

Un Etat libre en Pyrénées

Le Passage du Haut-Aragon

Vihuet, une disparition

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Ré, une île en paradis

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Photographie

 

 

 

 

 

 

Guinhut La Bibliothèque du meurtrier

Synospsis, sommaire et Prologue

I L'Artiste en-maigreur

II Enquête et pièges au labyrinthe

III L'Ecrivain voleur de vies

IV La Salle Maladeta

V Les Neiges du philosophe

VI Le Club des tee-shirts politiques

XIII Le Clone du Couloirdelavie.com.

 

 

 

 

 

 

Haddad

La Sirène d'Isé

Le Peintre d’éventail, Les Haïkus

Corps désirable, Nouvelles de jour et nuit

 

 

 

 

 

 

 

Haine

Du procès contre la haine

 

 

 

 

 

 

 

Hamsun

Faim romantique et passion nazie

 

 

 

 

 

 

 

Haushofer

Albrecht Haushofer : Sonnets de Moabit

Marlen Haushofer : Mur invisible, Mansarde

 

 

 

 

 

 

 

Hayek

De l’humiliation électorale

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Tempérament et rationalisme politique

Front Socialiste National et antilibéralisme

 

 

 

 

 

 

 

Histoire

Histoire du monde en trois tours de Babel

Eloge, blâme : Histoire mondiale de la France

Statues de l'Histoire et mémoire

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Rome du libéralisme au socialisme

Destruction des Indes : Las Casas, Verne

Jean Claude Bologne historien de l'amour

Jean Claude Bologne : Histoire du scandale

Histoire du vin et culture alimentaire

Corbin, Vigarello : Histoire du corps

Berlin, du nazisme au communisme

De Mahomet au Coran, de la traite arabo-musulmane au mythe al-Andalus

L'Islam parmi le destin français

 

 

 

 

 

 

 

Hobbes

Emeutes urbaines : entre naïveté et guerre

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

 

 

 

 

 

 

 

Hoffmann

Le fantastique d'Hoffmann à Ewers

 

 

 

 

 

 

 

Hölderlin

Trois vies d'Heinz M. II Hölderlin à Tübingen

 

 

 

 

 

 

Homère

Dan Simmons : Ilium science-fictionnel

 

 

 

 

 

 

 

Homosexualité

Pasolini : Sonnets du manque amoureux

Libertés libérales : Homosexualité, drogues, prostitution, immigration

Garcia Lorca : homosexualité et création

 

 

 

 

 

 

Houellebecq

Extension du domaine de la soumission

 

 

 

 

 

 

 

Humanisme

Erasme et Aldo Manuzio

Etat et utopie de Thomas More

Le Pogge : Facéties et satires morales

Le Pogge et Lucrèce au Quattrocento

De la République des Lettres et de Peiresc

Eloge de Pétrarque humaniste et poète

Pic de la Mirandole : 900 conclusions

 

 

 

 

 

 

 

Hustvedt

Vivre, penser, regarder. Eté sans les hommes

Le Monde flamboyant d’une femme-artiste

 

 

 

 

 

 

 

Huxley

Du meilleur des mondes aux Temps futurs

 

 

 

 

 

 

 

Ilis 

Croisade des enfants, Vies parallèles, Livre des nombres

 

 

 

 

 

 

 

Impôt

Vers le paradis fiscal français ?

Sloterdijk : fiscocratie, repenser l’impôt

La dette grecque,  tonneau des Danaïdes

 

 

 

 

 

 

Inde

Coffret Inde, Bhagavad-gita, Nagarjuna

Les hijras d'Arundhati Roy et Anosh Irani

 

 

 

 

 

 

Inégalités

L'argument spécieux des inégalités : Rousseau, Marx, Piketty, Jouvenel, Hayek

 

 

 

 

 

 

Islam

Lettre à une jeune femme politique

Du fanatisme morbide islamiste

Dictatures arabes et ottomanes

Islam et Russie : choisir ses ennemis

Humanisme et civilisation devant le viol

Arbre du terrorisme, forêt d'Islam : dénis

Arbre du terrorisme, forêt d'Islam : défis

Sommes-nous islamophobes ?

Islamologie I Mahomet, Coran, al-Andalus

Islamologie II arabe et Islam en France

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Vérité d’islam et vérités libérales

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

Averroès et al-Ghazali

 

 

 

 

 

 

 

Israël

Une épine démocratique parmi l’Islam

Résistance biblique Appelfeld Les Partisans

Amos Oz : un Judas anti-fanatique

 

 

 

 

 

 

 

Jaccottet

Philippe Jaccottet : Madrigaux & Clarté

 

 

 

 

 

 

James

Voyages et nouvelles d'Henry James

 

 

 

 

 

 

 

Jankélévitch

Jankélévitch, conscience et pardon

L'enchantement musical


 

 

 

 

 

 

Japon

Bashô : L’intégrale des haïkus

Kamo no Chômei, cabane de moine et éveil

Kawabata : Pissenlits et Mont Fuji

Kiyoko Murata, Julie Otsuka : Fille de joie

Battle royale : téléréalité politique

Haruki Murakami : Le Commandeur, Kafka

Murakami Ryû : 1969, Les Bébés

Mieko Kawakami : Nuits, amants, Seins, œufs

Ôé Kenzaburô : Adieu mon livre !

Ogawa Yoko : Cristallisation secrète

Ogawa Yoko : Le Petit joueur d’échecs

À l'ombre de Tanizaki

101 poèmes du Japon d'aujourd'hui

Rires du Japon et bestiaire de Kyosai

 

 

 

 

 

 

Jünger

Carnets de guerre, tempêtes du siècle

 

 

 

 

 

 

 

Kafka

Justice au Procès : Kafka et Welles

L'intégrale des Journaux, Récits et Romans

 

 

 

 

 

 

Kant

Grandeurs et descendances des Lumières

Qu’est-ce que l’obscurantisme socialiste ?

 

 

 

 

 

 

 

Karinthy

Farémido, Epépé, ou les pays du langage

 

 

 

 

 

 

Kawabata

Pissenlits, Premières neiges sur le Mont Fuji

 

 

 

 

 

 

Kehlmann

Tyll Ulespiegle, Les Arpenteurs du monde

 

 

 

 

 

 

Kertész

Kertész : Sauvegarde contre l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

 

Kjaerstad

Le Séducteur, Le Conquérant, Aléa

 

 

 

 

 

 

Knausgaard

Autobiographies scandinaves

 

 

 

 

 

 

Kosztolanyi

Portraits, Kornél Esti

 

 

 

 

 

 

 

Krazsnahorkaï

La Venue d'Isaie ; Guerre & Guerre

Le retour de Seiobo et du baron Wenckheim

 

 

 

 

 

 

 

La Fontaine

Des Fables enfantines et politiques

Guinhut : Fables politiques

 

 

 

 

 

 

Lagerlöf

Le voyage de Nils Holgersson

 

 

 

 

 

 

 

Lainez

Lainez : Bomarzo ; Fresan : Melville

 

 

 

 

 

 

 

Lamartine

Le lac, élégie romantique

 

 

 

 

 

 

 

Lampedusa

Le Professeur et la sirène

 

 

 

 

 

 

Langage

Euphémisme et cliché euphorisant, novlangue politique

Langage politique et informatique

Langue de porc et langue inclusive

Vulgarité langagière et règne du langage

L'arabe dans la langue française

George Steiner, tragédie et réelles présences

Vocabulaire européen des philosophies

Ben Marcus : L'Alphabet de flammes

 

 

 

 

 

 

Larsen 

L’Extravagant voyage de T.S. Spivet

 

 

 

 

 

 

 

Legayet

Satire de la cause animale et botanique

 

 

 

 

 

 

Leopardi

Génie littéraire et Zibaldone par Citati

 

 

 

 

 

 

 

Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam

 

 

 

 

 

 

 

Libertés, Libéralisme

Pourquoi je suis libéral

Pour une éducation libérale

Du concept de liberté aux Penseurs libéraux

Lettre à une jeune femme politique

Le libre arbitre devant le bien et le mal

Requiem pour la liberté d’expression

Qui est John Galt ? Ayn Rand : La Grève

Ayn Rand : Atlas shrugged, la grève libérale

Mario Vargas Llosa, romancier des libertés

Homosexualité, drogues, prostitution

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Tempérament et rationalisme politique

Front Socialiste National et antilibéralisme

Rome du libéralisme au socialisme

 

 

 

 

 

 

Lins

Osman Lins : Avalovara, carré magique

 

 

 

 

 

 

 

Littell

Les Bienveillantes, mythe et histoire

 

 

 

 

 

 

 

Lorca

La Colombe de Federico Garcia Lorca

 

 

 

 

 

 

Lovecraft

Depuis l'abîme du temps : l'appel de Cthulhu

Lovecraft, Je suis Providence par S.T. joshi

 

 

 

 

 

 

Lugones

Fantastique, anticipation, Forces étranges

 

 

 

 

 

 

Lumières

Grandeurs et descendances des Lumières

D'Holbach : La Théologie portative

Tolérer Voltaire et non le fanatisme

 

 

 

 

 

Machiavel

Actualités de Machiavel : Le Prince

 

 

 

 

 

 

 

Magris

Secrets et Enquête sur une guerre classée

 

 

 

 

 

 

 

Makouchinski

Un bateau pour l'Argentine

 

 

 

 

 

 

Mal

Hannah Arendt : De la banalité du mal

De l’origine et de la rédemption du mal : théologie, neurologie et politique

Le libre arbitre devant le bien et le mal

Christianophobie et désir de barbarie

Cabré Confiteor, Menéndez Salmon Medusa

Roberto Bolano : 2666, Nocturne du Chili

 

 

 

 

 

 

 

Maladie, peste

Maladie et métaphore : Wagner, Maï, Zorn

Pandémies historiques et idéologiques

Pandémies littéraires : M Shelley, J London, G R. Stewart, C McCarthy

 

 

 

 

 

 

 

Mandelstam

Poésie à Voronej et Oeuvres complètes

Trois requiem, sonnets

 

 

 

 

 

 

 

Manguel

Le cheminement dantesque de la curiosité

Le Retour et Nouvel éloge de la folie

Voyage en utopies

Lectures du mythe de Frankenstein

Je remballe ma bibliothèque

Du mythe européen aux Lettres européennes

 

 

 

 

 

 

 

Mann Thomas

Thomas Mann magicien faustien du roman

 

 

 

 

 

 

 

Marcher

De L’Art de marcher

Flâneurs et voyageurs

Le Passage des sierras

Le Recours aux Monts du Cantal

Trois vies d’Heinz M. I Une année sabbatique

 

 

 

 

 

 

Marcus

L’Alphabet de flammes, conte philosophique

 

 

 

 

 

 

 

Mari

Les Folles espérances, fresque italienne

 

 

 

 

 

 

 

Marino

Adonis, un grand poème baroque

 

 

 

 

 

 

 

Marivaux

Le Jeu de l'amour et du hasard

 

 

 

 

 

 

Martin Georges R.R.

Le Trône de fer, La Fleur de verre : fantasy, morale et philosophie politique

 

 

 

 

 

 

Martin Jean-Clet

Philosopher la science-fiction et le cinéma

Enfer de la philosophie et Coup de dés

Déconstruire Derrida

 

 

 

 

 

 

 

Marx

Karl Marx, théoricien du totalitarisme

« Hommage à la culture communiste »

De l’argument spécieux des inégalités

 

 

 

 

 

 

Mattéi

Petit précis de civilisations comparées

 

 

 

 

 

 

 

McEwan

Satire et dystopie : Une Machine comme moi, Sweet Touch, Solaire

 

 

 

 

 

 

Méditerranée

Histoire et visages de la Méditerranée

 

 

 

 

 

 

Mélancolie

Mélancolie de Burton à Földenyi

 

 

 

 

 

 

 

Melville

Billy Budd, Olivier Rey, Chritophe Averlan

Roberto Abbiati : Moby graphick

 

 

 

 

 

 

Mille et une nuits

Les Mille et une nuits de Salman Rushdie

Schéhérazade, Burton, Hanan el-Cheikh

 

 

 

 

 

 

Mitchell

Des Ecrits fantômes aux Mille automnes

 

 

 

 

 

 

 

Mode

Histoire et philosophie de la mode

 

 

 

 

 

 

Montesquieu

Eloge des arts, du luxe : Lettres persanes

Lumière de L'Esprit des lois

 

 

 

 

 

 

 

Moore

La Voix du feu, Jérusalem, V for vendetta

 

 

 

 

 

 

 

Morale

Notre virale tyrannie morale

 

 

 

 

 

 

 

More

Etat, utopie, justice sociale : More, Ogien

 

 

 

 

 

 

Morrison

Délivrances : du racisme à la rédemption

L'amour-propre de l'artiste

 

 

 

 

 

 

 

Moyen Âge

Rythmes et poésies au Moyen Âge

Umberto Eco : Baudolino

Christine de Pizan, poète feministe

Troubadours et érotisme médiéval

Le Goff, Hildegarde de Bingen

 

 

 

 

 

 

Mulisch

Siegfried, idylle noire, filiation d’Hitler

 

 

 

 

 

 

 

Murakami Haruki

Le meurtre du commandeur, Kafka

Les licornes de La Fin des temps

 

 

 

 

 

 

Muray

Philippe Muray et l'homo festivus

 

 

 

 

 

 

Musique

Musique savante contre musique populaire

Pour l'amour du piano et des compositrices

Les Amours de Brahms et Clara Schumann

Mizubayashi : Suite, Recondo : Grandfeu

Jankélévitch : L'Enchantement musical

Lady Gaga versus Mozart La Reine de la nuit

Lou Reed : chansons ou poésie ?

Schubert : Voyage d'hiver par Ian Bostridge

Grozni : Chopin contre le communisme

Wagner : Tristan und Isold et l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

Mythes

La Genèse illustrée par l'abstraction

Frankenstein par Manguel et Morvan

Frankenstein et autres romans gothiques

Dracula et autres vampires

Testart : L'Amazone et la cuisinière

Métamorphoses d'Ovide

Luc Ferry : Mythologie et philosophie

L’Enfer, mythologie des lieux, Hugo Lacroix

 

 

 

 

 

 

 

Nabokov

La Vénitienne et autres nouvelles

De l'identification romanesque

 

 

 

 

 

 

 

Nadas

Mémoire et Mélancolie des sirènes

La Bible, Almanach

 

 

 

 

 

 

Nadaud

Des montagnes et des dieux, deux fictions

 

 

 

 

 

 

Naipaul

Masque de l’Afrique, Semences magiques

 

 

 

 

 

 

Nietzsche

Bonheurs, trahisons : Dictionnaire Nietzsche

Romantisme et philosophie politique

Nietzsche poète et philosophe controversé

Les foudres de Nietzsche sont en Pléiade

Jean-Clet Martin : Enfer de la philosophie

Violences policières et antipolicières

 

 

 

 

 

 

Nooteboom

L’écrivain au parfum de la mort

 

 

 

 

 

 

Norddahl

SurVeillance, holocauste, hermaphrodisme

 

 

 

 

 

 

Oates

Le Sacrifice, Mysterieux Monsieur Kidder

 

 

 

 

 

 

 

Ôé Kenzaburo

Ôé, le Cassandre nucléaire du Japon

 

 

 

 

 

 

Ogawa 

Cristallisation secrète du totalitarisme

Au Musée du silence : Le Petit joueur d’échecs, La jeune fille à l'ouvrage

 

 

 

 

 

 

Onfray

Faut-il penser Michel Onfray ?

Censures et Autodafés

Cosmos

 

 

 

 

 

 

Oppen

Oppen, objectivisme et Format américain

Oppen

 

Orphée

Fonctions de la poésie, pouvoirs d'Orphée

 

 

 

 

 

 

Orwell

L'orwellisation sociétale

Cher Big Brother, Prism américain, français

Euphémisme, cliché euphorisant, novlangue

Contrôles financiers ou contrôles étatiques ?

Orwell 1984

 

Ovide

Métamorphoses et mythes grecs

 

 

 

 

 

 

 

Palahniuk

Le réalisme sale : Peste, L'Estomac, Orgasme

 

 

 

 

 

 

Palol

Le Jardin des Sept Crépuscules, Le Testament d'Alceste

 

 

 

 

 

 

 

Pamuk

Autobiographe d'Istanbul

Le musée de l’innocence, amour, mémoire

 

 

 

 

 

 

 

Panayotopoulos

Le Gène du doute, ou l'artiste génétique

Panayotopoulos

 

Panofsky

Iconologie de la Renaissance

 

 

 

 

 

 

Paris

Les Chiffonniers de Paris au XIX°siècle

 

 

 

 

 

 

 

Pasolini

Sonnets des tourments amoureux

 

 

 

 

 

 

Pavic

Dictionnaire khazar, Boite à écriture

 

 

 

 

 

 

 

Peinture

Traverser la peinture : Arasse, Poindron

Le tableau comme relique, cri, toucher

Peintures et paysages sublimes

Sonnets des peintres : Crivelli, Titien, Rohtko, Tapiès, Twombly

 

 

 

 

 

 

Perec

Les Lieux de Georges Perec

 

 

 

 

 

 

 

Perrault

Des Contes pour les enfants ?

Perrault Doré Chat

 

Pétrarque

Eloge de Pétrarque humaniste et poète

Du Canzoniere aux Triomphes

 

 

 

 

 

 

 

Petrosyan

La Maison dans laquelle

 

 

 

 

 

 

Philosophie

Mondialisations, féminisations philosophiques

 

 

 

 

 

 

Photographie

Photographie réaliste et platonicienne : Depardon, Meyerowitz, Adams

La photographie, biographème ou oeuvre d'art ? Benjamin, Barthes, Sontag

Ben Loulou des Sanguinaires à Jérusalem

Ewing : Le Corps, Love and desire

 

 

 

 

 

 

Picaresque

Smollett, Weerth : Vaurien et Chenapan

 

 

 

 

 

 

 

Pic de la Mirandole

Humanisme philosophique : 900 conclusions

 

 

 

 

 

 

Pierres

Musée de minéralogie, sexe des pierres

 

 

 

 

 

 

Pisan

Cent ballades, La Cité des dames

 

 

 

 

 

 

Platon

Faillite et universalité de la beauté

 

 

 

 

 

 

Poe

Edgar Allan Poe, ange du bizarre

 

 

 

 

 

 

 

Poésie

Anthologie de la poésie chinoise

À une jeune Aphrodite de marbre

Brésil, Anthologie XVI°- XX°

Chanter et enchanter en poésie 

Emaz, Sacré : anti-lyrisme et maladresse

Fonctions de la poésie, pouvoirs d'Orphée

Histoire de la poésie du XX° siècle

Japon poétique d'aujourd'hui